Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE DUC D'AIGUILLON ET LA CHALOTAIS

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Nantes   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

En 1753, le duc d'Aiguillon fut nommé gouverneur de Bretagne. C’était un bon administrateur ; de nombreux progrès lui sont dus, notamment la construction de la majeure partie du réseau routier qui a ouvert la Bretagne. Il fit beaucoup pour l’embellissement et l’assainissement des villes, et c’est justice si la plupart des cités bretonnes ont encore une place ou une rue d’Aiguillon.

Malheureusement d'Aiguillon était coléreux et rancunier, et il était arrivé en Bretagne tout pénétré de l’idée qu’il y ferait prédominer l’autorité royale en séparant et en mettant aux prises le Parlement et les Etats de la province. Ce fut la réalisation de cette politique qui provoqua la guerre.

La situation financière de la France était alors fort précaire. Il fallait établir de nouveaux impôts, l’opposition à ces projets fut générale. Tous les Parlements refusèrent d’enregistrer les édits ; en Bretagne. la résistance prit un caractère d’extrême acuité.

Les Etats de Bretagne étaient réunis à Nantes quand d'Aiguillon leur demanda de voter les nouvelles taxes. La noblesse refusa énergiquement : « Messieurs, s’écrit l’un de ses membres, à la manière dont vous y allez, bientôt vous demanderez nos têtes ». Mais le Tiers et le Clergé se laissèrent convaincre par d'Aiguillon ; les Etats acceptèrent les propositions du gouverneur.

C’est alors que le Parlement de Bretagne entra en scène, sous l’impulsion de son procureur général, la Chalotais. Celui-ci était un esprit cultivé, un orateur mordant et passionné ; c’était aussi un homme très ambitieux qui, au moyen d’envois du fameux beurre de la Prévalaye, s’était assuré de solides appuis à Paris. La Chalotais en voulait d’ailleurs à d'Aiguillon qui s’efforçait de l’empêcher de laisser à son fils la survivance de sa charge.

La lutte dura près de 15 ans, de 1756 à 1771. D’abord relativement douce, elle s’envenima lorsque surgit la question de la suppression de l’ordre des Jésuites. D'Aiguillon soutint ces derniers, la Chalotais les attaqua avec violence dans des brochures qui obtinrent un succès sans précédent ; il s’en vendit plus de 12.000 exemplaires en moins d’un mois. Voltaire écrivit à la Chalotais pour le féliciter. Le Parlement de Bretagne adopta les conclusions de son procureur, et s’y tint fermement malgré l’intervention du roi.

La grande rupture fut occasionnée par une levée d’impôts nouveaux nécessitée par la désastreuse guerre de Sept ans. Les Parlements de Rouen, de Grenoble, de Toulouse ayant protesté contre ces impôts, quelques-uns de leurs membres furent arrêtés. Le Parlement de Bretagne s’éleva vivement contre ces mesures arbitraires, et attaqua le despotisme des gouverneurs de province. Louis XV prit parti pour d'Aiguillon ; ayant mandé à Versailles une députation du Parlement de Bretagne, il la sermonna et menaça la Chalotais : « Conduisez-vous avec plus de modération, c’est moi qui vous le dis, ou vous vous en repentirez ».

L’année suivante, le Parlement adressa au roi de nouvelles remontrances, qui lui valurent une sévère réprimande. Cette fois, le Parlement donna sa démission avec éclat, à l’exception de 12 membres, et toute la Bretagne applaudit. Les procureurs décidèrent de ne plus travailler pour les 12 dissidents et les porteurs de chaises allèrent jusqu’à promettre 50 coups de bricole à ceux d’entre eux qui consentiraient à leur prêter service (1765).

Ainsi bravé, Louis XV riposta par l’arrestation de la Chalotais et de son fils. Le Parlement fut suspendu et remplacé par une Commission extraordinaire. Traduits en jugement, la Chalotais et son fils furent exilés à Saintes, et les autres opposants à Autun, au Mans, à Angers, à Quimper. Mais l’opinion se déchaîna contre d'Aiguillon : « J’aimerais mieux brider des ours que des Bretons » écrivait-il. Le gouverneur renonça à la lutte et donna sa démission (1768). Le Parlement de Bretagne fut rappelé ; ce fut dans toute la péninsule une explosion de joie triomphante. La Chalotais ne fut mis en liberté qu’au début du règne de Louis XVI (1774), mais son retour fut aussi triomphal.

Au fond, les deux partis étaient vaincus. L’autorité royale sortait discréditée de cette longue lutte, et les nobles dans leur entêtement à travailler contre elle avaient donné à l’ancien régime un de ces coups qui l’avaient déjà à demi ruiné avant l’ébranlement de 1789 (d'après Gallouédec).

 © Copyright - Tous droits réservés.