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LE DOYENNÉ DE ROSTRENEN

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ROSTRENEN.

Quand la Révolution éclata, M. Jean-Paul-François Collet était doyen du chapitre de Rostrenen et recteur privilégié de Kergrist-Moëllou. M. Collet était originaire de Rennes. Il fut nommé chapelain de Leu-Morian, paroisse de Brecé le 3 décembre 1775, avant d'être sous-diacre, car il ne reçut cet ordre que le 21 décembre 1776. Il fut ordonné prêtre à Nantes, le 30 décembre 1777, par Mgr. Jean-Augustin de Frétat de Sarra, avec dispense d'âge. Il était licencié en droit canon et en droit civil.

Nous possédons les thèses qu'il a soutenues pour le baccalauréat le 27 juillet 1779 : De bigamis non ordinandis. Pour le droit civil : ad municipalem et de incolis. L'année suivante, le 27 juillet 1780, il passa sa licence, il avait pour thèses : De praescriptionibus, de usucapionibus et longi temporis praescriptionibus. — De potestate ecclesiastica.

En vertu de son droit de présentation pour le chapitre de Rostrenen, le prince Louis-Marie de Rohan et de Guéméné, proposa M. Collet pour les bénéfices du doyenné et de la cure de Rostrenen et Kergrist-Moëllou, le 3 août 1779. Le roi accorda à M. Collet une dispense d'âge pour posséder une cure, le 9 juillet 1779. M. Collet n'avait alors que 24 ans et demi, et était prêtre-diacre d'office de la paroisse de Saint-Aubin de Rennes. Il succédait à Rostrenen à M. Philippe-Pierre de Billaze.

M. Collet demeura fidèle à la sainte Eglise, avec ses confrères les chanoines Etienne Le Garrec, Brélivet et Boutier. M. Collet resta à son poste jusqu'à l'installation de Boulin, premier curé constitutionnel. Il se tint ensuite caché pendant quelque temps ; puis il émigra en Angleterre, d'où il revint en 1801, avant que Keranterf, curé constitutionnel, fût sorti de Rostrenen. A son arrivée au pays, sa cure était occupée par M. Le Rigoleur, ancien directeur au petit séminaire de Plouguernével. M. Collet fut nommé recteur du Quillio. A la mort de M. Le Rigoleur, il redevint curé de Rostrenen le 24 septembre 1810. Il mourut en 1817.

M. Etienne Le Garrec, chanoine de la collégiale de Rostrenen, fut vicaire dans cette paroisse depuis 1803 jusqu'en 1810, époque de son transfert à Locarn, comme desservant. Il est mort curé de Châteaulin.

M. Brélivet, chanoine de la collégiale et grand chantre, était originaire de Rostrenen. Il avait 50 ans, quand il fut déporté en vertu de la loi du 26 août 1792. Détenu à Rochefort, il fut embarqué sur le vaisseau les Deux Associés. Il mourut le 13 août 1794 et fut inhumé dans le sable de l'île d'Aix, après avoir supporté saintement le cruel martyre de ses compagnons de captivité.

Un autre prêtre originaire de Rostrenen, M. Jacques-Marie Boncors, vicaire à Trébrivan, fut aussi victime de la Révolution. Il avait 38 ans quand il fut déporté, le 3 août 1798. Il fut détenu quelque temps dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré, puis embarqué pour être transporté à Cayenne. Les Anglais saisirent le bâtiment sur lequel il était et il devint leur prisonnier. Il rentra plus tard à Rostrenen où il est mort en 1830. C'était un original. Il n'avait la permission de dire la messe que le dimanche.

Rostrenen a eu pendant la Révolution deux curés assermentés : MM. Boulin et Keranterf. Boulin, vicaire de Saint-Yjo, en Plouguer, fut nommé titulaire de l'église de Rostrenen et y fut installé le dimanche de la Trinité 1791. Il y resta quelque temps comme curé en titre, puis il se sécularisa et se maria à une fille Le Pape, de Kergrist-Moëllou. Il fut assassiné sur la route de Callac, à peu de distance de Saint-Nicodème, en se rendant à Guingamp pour un versement des recettes de sa perception.

Il fut remplacé par Keranterf, qui était d'abord venu comme vicaire à Rostrenen, et qui devint curé en titre, lors du mariage de Boulin. Il exerça le ministère à Rostrenen jusqu'à l'époque où le culte devint libre ; il y resta même quelque temps depuis que les prêtres demeurés fidèles eurent commencé à reparaître publiquement à Rostrenen. Il officiait à l'église collégiale, et les prêtres fidèles à la chapelle de Sainte-Barbe.

D'autres prêtres assermentés parurent à Rostrenen pendant la Révolution, à savoir : Gallois, moine défroqué de Carhaix, Bellôme et Milin qui ne firent que passer. Tous les prêtres assermentés furent fort mal considérés dans cette paroisse, ainsi que partout ailleurs dans le pays, et ils ne comptèrent qu'un très petit nombre de partisans.

Des prêtres fidèles se tinrent constamment cachés pendant la Révolution, à Rostrenen ou dans les environs, et, au besoin, on recourait à eux. Parmi ces bons prêtres, nous devons citer M. François Le Garrec, frère de M. Etienne Le Garrec. Il passa la Révolution caché dans le village de Lustruyen et aux environs. Il fut recteur de Kergrist-Moëllou et est mort curé de Rostrenen.

J'ai trouvé dans les cahiers de l'église l'extrait mortuaire de M. Louis Quéméner, décédé en Westphalie. Je suppose que ce prêtre devait être de Rostrenen ou des environs. Voici le texte de cet acte de décès : « Anno Domini millesimo septuagesimo nono, hic in ara Dwingelo 19a martii pie obiit, et 21a ejusdem mensis sepultus est in ecclesia parochiali Haselaiinensi dioecesis Monefleviensis, reverendus Dominus Ludovicus Quéméner, olim praesbyter in dioecesi Quimper in Gallia, sacris moribundorum sacramentis antea ritè munitus, qui ob mandatum regiminis nationalis è sua patria fuerit expulsus, quod sub manu pizalogy propriis ex registro mortuorum contestor. G. H. TAPPAHOM, pastor. Datum Haselaiin, 4 junii 1799. Pastorem Tappahom hoc attestatum scripsisse rite attestatur. Haseluno in Binigsatu Monofleriensi in Wesphalia, die 4a junii 1799. Franciscus Theodorus RITTIUS judex Haselunensis ».

 

PLOUGUERNÉVEL.

Cinq prêtres dirigeaient alors le petit séminaire de Plouguernével. Le supérieur était en même temps recteur de la paroisse. Ces Messieurs furent persécutés à outrance. Le supérieur, M. Le Coq, est mort en Espagne, où il avait émigré avec trois de ses confrères : MM. Pennec, Louédec et Touller ; le quatrième, M. Le Rigoleur, s'était enfui à Jersey. A son retour de l'exil, il devint curé de Rostrenen où il est mort en 1810.

On ne saurait trop louer et admirer la fermeté de ces dignes directeurs de la jeunesse cléricale, leur zèle à défendre les intérêts de la sainte Eglise, au milieu de la tourmente révolutionnaire qui menaçait de détruire la foi des populations. Comme autant d'apôtres, ils parcouraient les diverses paroisses environnantes, fortifiant par leur parole et leur exemple, le peuple dans son attachement traditionnel à la religion. Mais la force qu'ils communiquaient aux simples fidèles, ils avaient soin de l'entretenir dans l'âme des prêtres, qui, ayant les yeux fixés sur eux, demeurèrent inébranlables, malgré tous les assauts qu'ils eurent à subir. La fermeté du clergé de cette vaste partie du diocèse de Quimper, appelée la Haute-Cornouaille, fut si grande et si unanime, qu'à l'exception d'un ou deux de ses membres, il rejeta avec horreur toute espèce de serment.

Les directeurs du séminaire de Plouguernével furent chassés de leur maison de la façon la plus barbare, après diverses vexations et avanies dont nous avons le regret de ne pas connaître le détail. Placés et maintenus dans ce poste, par l'autorité de leurs supérieurs ecclésiastiques, ces vaillants soldats, sommés de l'abandonner, ne cédèrent qu'à la force et à la violence.

Un des anciens directeurs du séminaire de Plouguernével, M. Dumoulin, avait quitté cette maison un an avant la Révolution, pour devenir recteur d'Ergué-Gabéric. Prêtre très distingué, il était président des conférences théologiques du diocèse. A cause de son refus de serment, il fut obligé de quitter sa paroisse et de s'expatrier. Emigré à Prague, en Bohême, ce prêtre, aussi savant que pieux, honora son exil par des écrits qui méritèrent d'être couronnés par la célèbre université de cette ville. Son poème qui obtint le premier prix était intitulé : Eloge de la Bohême. M. Dumoulin était oncle de Mgr. Graveran qui fit graver sur sa tombe cette inscription : Exilium scriptis et coronis honestavit.

 

GLOMEL, TRÉGORNAN ET SAINT-MICHEL.

Quand éclata la Révolution, M. François Donniou était recteur de Glomel ; il demeura fidèle à son devoir. Il n'abandonna pas sa paroisse ; mais il se retira dans une petite maison qu'il possédait dans le bourg et il y mourut. Un nommé Ruppe fut recteur constitutionnel pendant dix-huit mois.

Deux curés ou vicaires, MM. Julien et Prigent, devinrent victimes de la persécution. M. Jean Julien, né à Sainte-Tréphine, fut déporté. Il mourut à Saintes au retour de la déportation, le 19 février 1795, à l'âge de 53 ans. C'était un prêtre savant et charitable. A Glomel, il était connu sous le nom de curé bras.

M. Jean-Guillaume Prigent, né à Plouguernével et vicaire à Glomel, avait d'abord émigré en Espagne, où il avait probablement accompagné M. Le Coq, supérieur et recteur de Plouguernével. Rentré dans sa patrie, il fut fait prisonnier et envoyé en détention dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré le 30 mai 1799. Il avait alors 48 ans. Il fut déporté à Cayenne sur le vaisseau la Décade, malgré la demande qu'il avait faite de retourner en Espagne. Il eu le bonheur de rentrer dans sa patrie, grâce à l'arrêté des consuls du 8 frimaire an VIII. Du 16 décembre 1799, jusqu'au 20 avril 1800, six cent vingt-six prêtres furent libérés, M. Prigent se trouva du nombre. Rentré à Plouguernével, sa paroisse natale, il y a exercé les fonctions de vicaire.

M. Vincent Guéguen, prêtre, s'est tenu caché à Glomel pendant toute la Révolution et y a rendu de grands services aux fidèles. Après le Concordat il devint recteur de Glomel où il est mort en 1818. C'était un prêtre fidèle qui refusa le serment.

M. Claude Tulubin exerçait les fonctions de curé ou vicaire à Trégornan dès le 30 janvier 1785. Il a vécu un an avec M. Picol, qui était aussi vicaire de cette trève. M. Tulubin est toujours en grande vénération à Trégornan et à Glomel où il a passé toute sa vie sacerdotale. Il exerça publiquement les fonctions du saint ministère à Trégornan jusqu'au 21 novembre 1792. M. Tulubin passa toute la Révolution caché dans cette paroisse. Les habitants auxquels il avait rendu de si bons et de si longs services, s'entendaient parfaitement entre eux pour le soustraire aux poursuites de la colonne mobile. Son gîte habituel pendant le jour était dans un tas de tourbe dont l'entrée était imperceptible. Il disait la sainte messe dans le hangar de Restanffret. C'était aussi le lieu où il faisait les baptêmes et les noces. Il a habité longtemps Kerbellec-Bian (Porz-ar-Poussin).

Il fut sur le point d'être pris deux fois par les révolutionnaires. Un jour, pendant qu'il administrait les derniers sacrements à deux parents de l'abbé Mignon, les gendarmes entrèrent dans la maison. La belle-soeur de M. Mignon, qui avait beaucoup de présence d'esprit, éteignit la bougie qu'elle jeta sous le lit avec le rituel et posa son tablier sur le dos de M. Tulubin qui s'assit tout tremblant au coin du feu. Les gendarmes le prirent pour un domestique qui tremblait la fièvre. Ils arrêtèrent seulement M. Mignon qui n'était encore que diacre. Il fut déporté à Rochefort. Ce confesseur de la foi fut ordonné prêtre par Mgr. Caffarelli, il est mort vicaire à Maël-Carhaix le 22 avril 1807.

A Saint-Michel-Glomel, M. Le Bris, né dans cette trêve, avait succédé à son oncle, M. Philippe, en mars 1787, lorsque celui-ci fut nommé recteur de Saint-Gilles-Pligeaux. En 1792, ces deux bons prêtres émigrèrent en Angleterre, où ils moururent avant la fin de la persécution. M. Philippe est l'auteur d'une complainte très touchante : les adieux et les conseils d'un pasteur à ses ouailles. Un vénérable octogénaire, M. Pérennez, aimait à chanter cette complainte qui faisait toujours pleurer les assistants.

 

KERGRIST-MOELLOU.

Comme cette paroisse se trouvait avoir pour recteur le doyen de Rostrenen, elle était administrée par un simple curé ou vicaire. En 1791 et 1792, c'était un M. Collin qui signait les registres avec le titre de curé. Il a dû émigrer ou se tenir caché ; car nous trouvons les registres signés de Le Coënt, vicaire, 1792-1793.

 

PLOUNÉVEZ-QUINTIN.

M. Noël Baudremont, né à Corlay en 1720, était recteur de Plounévez-Quintin depuis 1769. Il resta dans cette paroisse jusqu'en 1791. A cette époque il a dû émigrer ou se tenir caché, laissant sa paroisse à l'intrus Le Bourhis, curé constitutionnel, qui est resté à Plounévez jusqu'au Concordat. Il ne paraît pas que ce citoyen fût très lettré, si on en juge d'après les registres ou cahiers de Trémargat.

M. Maurice Quéré, né à Plounévez-Quintin, avait 40 ans quand il fut déporté et détenu dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré, le 28 février 1799. Il fut libéré le 1er mars 1800 et il se retira à Neuilliac-Pontivy où il est mort vers 1837.

 

TRÉMARGAT.

M. Alain Le Denmat, né à Plussulien au village du Manérous en février 1763, fut aussitôt après son ordination, 1786, envoyé curé à Trémargat. C'était paraît-il un vicaire modèle. Son recteur, est-il écrit dans les registres de l'évêché de Quimper, en était très content. Il est décédé à Plussulien en 1789. Il s'était retiré dans sa famille pour cause de maladie.

M. Pierre Caërou a été curé de Trémargat de 1782 à 1792 ; sa dernière signature aux registres est du 3 septembre 1792. A partir de ce moment, M. Caërou se cacha dans le pays, et exerça en cachette les fonctions du saint ministère. Pour dérouter ceux qui le poursuivaient, il changeait d'asile tous les soirs. Les initiés savaient où il passerait la nuit. Ils s'y rendaient pour entendre la messe, faire bénir leurs mariages, baptiser leurs enfants ou se confesser. Un jour que M Caërou se croyait en sûreté au village de Boisjolly, il sortit pour dire son bréviaire. Louis Lavelot travaillait dans un champ peu éloigné, lorsqu'il vit arriver une escouade de bleus. Il accourut en toute hâte pour l'avertir, mais sa précipitation fut nuisible au curé. Les bleus en effet surprirent M. Caërou avant qu'il eût pu rentrer dans sa cachette. Saisi, enchaîné et traîné à la suite de la colonne mobile jusqu'à la forêt de Lorges, il y fut fusillé.

On dit que sa nièce qui demeurait dans Plounévez, le rechercha et fut assez heureuse pour le retrouver dix ans plus tard. Elle put le reconnaître, grâce à quelques objets de piété qu'il portait. Elle fit déposer ses restes dans le cimetière de Plounévez. Cette tombe est encore, au début du XXème siècle, en grande vénération dans la paroisse qui le vit naître et qu'il évangélisa avec tant de zèle.

 

BONEN.

M. Le Gloannec était recteur de Bonen, lorsque la Révolution éclata. Il quitta sa paroisse, sans doute pour prendre le chemin de l'exil, et devint plus tard recteur de Plourac'h, où il est mort.

Après le départ de M. Le Gloannec, les paroissiens de Bonen eurent le bonheur de conserver au milieu d'eux plusieurs prêtres qui refusèrent le serment : M. Le Flohic qui devint recteur de Plévin après le Concordat, M. Le Joncour et M. Jacques Le Coz du diocèse de Vannes, M. Mahé de Plouguernével, M. Le Milin, curé de Plouguernével. Je crois que ce dernier avait dû prêter serment, car je trouve dans le cahier de paroisse de Rostrenen un M. Milin parmi les prêtres jureurs.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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