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LE DOYENNÉ DE PLOUHA

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Le canton de Plouha, composé des communes de Plouha, Lanleff, Lanloup, Pléhédel et Pludual, n’a pas toujours existé ainsi. Après le décret qui établissait les cantons, Pléhédel et Pludual firent partie du canton de Lanvollon, tandis que Plouha, Plouézec, Lanleff et Lanloup firent partie d’un canton dont les assemblées se tenaient à Lanmor, nom révolutionnaire de Lanloup.

Avant la Révolution, sous le rapport religieux, Plouha, Pléhédel et Pludual faisaient partie du diocèse de Saint-Brieuc et de l’archidiaconé de Goëllo ; Lanloup avec Lanleff, sa trève, appartenaient à Dol.

En fondant l’abbaye de Beauport pour les Prémontrés (1202), Alain d’Avaugour, juveigneur de Bretagne et comte de Goëllo, donna à ladite abbaye les six grandes paroisses du Goëllo : Pordic, Etables, Plouvara, Plélo, Plouézec et Plouha. De sorte que Plouha était administré par un religieux de l'abbaye qui portait le titre de prieur-recteur. Les autres paroisses étaient desservies par des prêtres séculiers.

Pour l’intelligence de ce qui va suivre, je crois devoir donner quelques éclaircissements sur l’état du clergé avant la Révolution, l’émigration et les serments demandés aux prêtres.

A la tête de chaque paroisse ou trêve, il y avait un prêtre séculier ou régulier portant le titre de recteur dans la paroisse et de curé dans la trêve. Suivant l’importance de la paroisse, il y avait en celle-ci un vicaire ou curé en titre. Les autres prêtres, et ils étaient nombreux, étaient des prêtres habitués ordonnés ad titulum patrimonii et ad titulum beneficii. Ces prêtres vivaient chez eux assez maigrement et desservaient quelque chapelle voisine de leur domicile. Ils faisaient l’école et s’adonnaient aussi à l’agriculture. Le recteur occupait seul le presbytère. Souvent, dans nos paroisses, on voit dans les bourgs ou dans les villages une maison portant un calice sculpté au linteau de la porte, c’est une preuve certaine qu’un prêtre a vécu là. D’autres fois, c’est le nom de la maison, du village, qui donne cette certitude. Le vicaire ou curé vivait à part. Le dimanche, tous les prêtres de la paroisse se réunissaient au bourg pour les offices. Comme, pour arriver aux ordres, on n’exigeait pas une science poussée bien loin, beaucoup de ces prêtres étaient plus riches en vertus qu’en littérature et en théologie, et c’est, à mon avis, ce qui explique bien des serments à la Constitution civile du clergé. Le canton est riche sur ce point.

En revanche, il est pauvre en fait d’émigrés. Il y eut trois courants d’émigration vers l'Angleterre et les îles anglaises. Mgr. de la Marche, dernier évêque de Saint-Pol-de-Léon, et Mgr. Le Mintier, dernier évêque de Tréguier, furent la providence de ces nobles exilés qui, par leur conduite, leurs vertus, arrachèrent l’admiration de l'Angleterre protestante et celle de leurs persécuteurs. Qui ne connaît cette parole de Mirabeau : « Nous avons leur argent, ils gardent leur honneur ». L’Angleterre leur donna une large et généreuse hospitalité que Dieu récompense de plus en plus en faisant espérer au monde catholique qu’elle redeviendra l'Ile des Saints.

La persécution, dont le souvenir n’est pas encore perdu dans nos campagnes bretonnes, dura avec intensité depuis le milieu de l’année 1792 jusqu’au milieu de l’année 1799, mais elle était commencée depuis 1789. Ces explications données, je passe à ce que j’ai pu recueillir sur l’histoire du canton de Plouha.

Dans le canton de Plouha, il n’y eut aucun prêtre martyr, soit sur les pontons de l'île d'Aix, soit en Guyane, soit sur la guillotine. Le canton de Paimpol en compte un, parent d’une famille bien connue par sa générosité dans le pays, digne représentant dans le clergé d’un illustre évêque de Tréguier : je veux parler de M. Jean-Maurice Rolland de Kerhéloury, chanoine de Tréguier, saisi à Quiberon au moment où il préparait à la mort un jeune officier du régiment du Dresnay, M. de la Houssaye, et fusillé à Auray.

C’est une gloire pour la famille Rolland du Roscoat.

Je passe à l’histoire des communes.

 

PLOUHA.

Comme paroisse, Plouha compte déjà un certain nombre de siècles d’existence. Certains historiens disent que l’insulaire Fracan venant dans la Bretagne armoricaine, débarqua dans la baie de Bréhec, gentille baie de la côte de Plouha. D’autres disent que, dans la baie d'Yffiniac, il y a un petit ruisseau appelé Bréhaye, et que c’est là qu’il faut placer le débarquement de saint Fracan. Quoiqu’il en soit de cette discussion, il est certain qu’à l’époque de la Révolution, plusieurs chouans et émigrés ont débarqué à Bréhec, à Portzmoguer et au Palud. Comme je l’ai déjà dit, Plouha fut donné en 1202 à l’abbaye de Beauport et fut toujours administré par un moine de cette abbaye, portant le titre de prieur-recteur. Le premier dont j’ai trouvé mention est Yves, qui signe en 1233 chapelain de Plouha, à l’occasion d’une donation de terre à Beauport.

Le premier et le dernier cahier concernant la période révolutionnaire étant perdus, je n’ai que des renseignements incomplets. J’ignore les noms des prêtres vivant à Plouha, à l’exception de trois ou quatre.

En 1780, Charles-Magdeleine Le Dû du Meznel succède à Frère Jean Tréménec, décédé recteur de Plouha. En 1790, il est encore recteur, puisqu’il préside comme doyen d’âge, le 17 mai, l’élection du comité qui doit se rendre à Saint-Brieuc pour la formation des cantons. Le 25 octobre 1790, la séance de nomination du juge de paix est ouverte par M. Antoine Auffret, procureur de la commune. Que devint M. Auffret ? Je ne trouve plus son nom avant l'an VIII de la République. En cette année, an VIII de la République (1800), le citoyen Antoine Auffret, de cette commune, prêtre catholique (suit son signalement), lequel pour se conformer aux dispositions du sauf-conduit à lui délivré par le citoyen Boullé, préfet du département, en date du 21 courant, nous a déclaré faire sa résidence en sa maison ordinaire de la section de Trédarzec, de cette commune de Plouha, et entendre exercer ses fonctions dans la chapelle de Saint-Samson. Il déclare qu’il se comportera en citoyen paisible et ami de son pays. Procès-verbal est rédigé de sa déclaration, le 28 ventôse (19 mars).

Le 27 décembre 1790, Guillaume Le Cornec, curé, prêtre, est élu président de la municipalité. Le 20 février 1791, ce M. Le Cornec prêta serment après M. Le Dû du Meznel. Il cessa ses fonctions d’officier municipal le 28 août de la même année, devint recteur intrus de Pommerit-le-Vicomte ; après le concordat de 1802, il fut nommé curé de Paimpol ; il y est mort après avoir été frappé de cécité sur la fin de sa vie.

Le 20 février 1791, M. Charles-Magdeleine Le Dû du Meznel comparaît devant la municipalité aux termes de l’arrêt publié le dimanche 13 au prône de la grand'messe, relativement au serment à prêter par les ecclésiastiques fonctionnaires publics à la Constitution civile du clergé. On donne lecture du décret de l'Assemblée en date du 27 novembre 1790, et M. Le Dû du Meznel, ci-devant recteur, dit à haute et intelligible voix, à l’issue de la grand'messe, devant le conseil général et les fidèles : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’a été confiée, d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi ». Le 15 janvier 1792, Jacques Poullouin, second vicaire, prêta le serment. Gildas-Célestin Courson, autre vicaire, l’avait déjà prêté à Tréméven, où il était prêtre habitué. Il quitta Tréméven pour devenir vicaire intrus à Plouha. Le 14 octobre 1792, imitant en cela son recteur et son confrère, Gildas-Célestin Courson jura d’ « être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant ». L’an V de la République française, une et indivisible, le 3ème jour complémentaire, à 10 heures du matin (19 septembre 1797), nouveau serment prêté par les citoyens Charles-Magdeleine Le Dû du Meznel, Gildas-Célestin Courson et Yves-Jean Robert, vicaires. Ces citoyens jurèrent successivement et individuellement « haine à la royauté, à l’anarchie, attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III ». Robert avait remplacé Poullouin, dont je ne trouve plus traces. Quant à Gildas Courson, je ne trouve plus traces de lui ; se maria-t-il ? émigra-t-il ? je l’ignore ; mourut-il avant le Concordat ? je ne le sais.

Charles-Magdeleine Le Dû du Meznel est qualifié le 14 juillet 1793 de premier notable, et le 2 floréal, an II (21 avril 1794), il est remplacé comme fabrique par François Martin, du bourg. Nommé d’abord après le Concordat, il ne tarda pas à être remplacé comme curé par Pierre Le Clec'h. Ce dernier administra Pordic comme intrus pendant le schisme de 1791. Le 1er octobre 1792, Pierre-François Le Clec'h est nommé officier public de Pordic ; il en exerça les fonctions jusqu’en 1794.

Le 1er floréal, an XI (21 avril 1803), dans une convocation, le citoyen Robert est qualifié de prêtre principal de Plouha, et il jure de se comporter avec justice, impartialité et humanité dans les fonctions à lui attribuées par la loi du 4 ventôse an IX (25 février 1801).

Tout n’était pas rose pour les intrus à Plouha ; comme ailleurs, il y avait des chrétiens qui les méprisaient. En voici une preuve. Le procureur de la commune demande le 17 juin 1792 des poursuites contre Renée Houat, épouse de Yves-Jean Guézou, greffier de paix dans le canton, parce que le curé se plaint de ce qu’on ne lui a pas présenté à baptiser un enfant né dans ce ménage. Un pareil exemple, dit le procureur, de la part d’un officier public salarié par la nation, doit être poursuivi comme contraire à la loi. Le sieur Guézou fut condamné à représenter son enfant à la mère-église pour y être baptisé, faute de quoi il en supporterait les peines ; en outre, il était condamné à s’abstenir de sa charge publique de greffier de paix. Le fait fut dénoncé au district. L’honorable greffier préféra une condamnation à une soumission contraire à sa conscience. Ce fait m’autorise à accepter la tradition affirmant que des prêtres fidèles se cachaient sur le territoire de Plouha, à Lizandré, à Saint-Georges, etc.

Plouha compte aussi des prêtres émigrés. Dans la liste des ecclésiastiques émigrés à Jersey, nous trouvons les noms de M. Hérisson, prêtre habitué de Plouha, et de M. Pierre de Courson, prêtre habitué comme le précédent. Lorsque la persécution religieuse commença à prendre fin, un prêtre catholique réfugié à Jersey, nommé Pierre de Courson, vint de Saint-Alban chercher un asile à Plouha où il était né. Muni d’un passeport délivré le 18 ventôse an IX (9 mars 1801), il déclara le 9 floréal (29 avril) vouloir exercer ses fonctions à Saint-Samson et se comporter en citoyen paisible et ami de son pays et de l’union. Au rétablissement du culte, Pierre de Courson fut nommé recteur à Plouézec. Transféré plus tard à Pludual, il y fut enterré dans le cimetière (26 avril 1815).

 

PLUDUAL.

Les registres de la municipalité de Pludual ayant été perdus ainsi que le cahier de paroisse, je n’ai pu recueillir que très peu de choses sur cette paroisse.

Pierre le Roy, né en 1721, ordonné prêtre en 1752, devint recteur de Pludual en 1764. Le 13 décembre 1790, Pierre le Roy signe prêtre de Pludual. Le 30 octobre de la même année, Pierre Carro signe curé ; en 1782, il signait recteur de Pludual. Ces deux Messieurs prêtèrent le serment. En effet, dans un acte de mariage du 22 février 1791 on lit le nom de Carro, vicaire de Pludual, et Pierre le Roy signe, le 22 novembre 1791, un autre acte dans lequel il est fait mention d’une dispense de bans accordée par l’évêque du département des Côtes-du-Nord, J.-M. Jacob. L’an V, Pierre le Roy est agent municipal. Un vieillard m’a dit que Pierre le Roy fut obligé d’émigrer en Angleterre. Il fut quelque temps caché à Pont-Hor, en Lanloup, avec deux prêtres d’Yvias, MM. Derrien et Le Calvez.

 

PLÉHÉDEL.

Comme Plouha et Pludual, Pléhédel a toujours appartenu au diocèse de Saint-Brieuc et à l’ancien archidiaconé de Goëllo. D’après une note des archives de Beauport, les actes relatifs à Pléhédel auraient disparu dès avant 1790. Sous le rapport féodal et militaire, Pléhédel, voisin des vieilles forteresses de Coatmen, en Tréméven, et de Langarzean, en Pludual, était siège d’une vicomté qui a joué un certain rôle dans l’histoire locale.

En 1790, Pléhédel avait comme recteur M. Jean-Baptiste Connan, originaire de la paroisse (M. Jean-Baptiste Connan né en 1726, prêtre en 1755, recteur en 1772), et comme vicaire M. Pierre-Charles Hervé qui exerçait en même temps la charge de procureur de la commune.

Le 6 février 1791, les deux prêtres sont convoqués pour prêter le serment, en présence des officiers municipaux. M. Connan déclare que sa conscience ne lui permet pas de prêter le serment. Aussitôt le vicaire monte en chaire et dit qu’il ne voit rien qui l’empêche de prêter le serment, et il le prête en effet. Ce vicaire ne resta pas longtemps à Pléhédel ; il devint recteur intrus de Ploubazlanec. M. Connan fut remplacé par l’intrus Charles Le Guern qui, à l’époque du Concordat, devint curé de Plestin.

Le 10 juillet 1791, Charles Le Guern, recteur, fut nommé procureur de la commune de Pléhédel, en remplacement de M. Pierre-Charles Hervé, nommé à Ploubazlanec.

Un diacre de Pléhédel émigra à Jersey, où il fut ordonné prêtre (M. Conan). Il revint au pays, où, de concert avec son frère, le recteur fidèle, il exerça le saint ministère. Au témoignage de vieillards, témoignage recueilli à temps, les deux frères exerçaient à la chapelle de Saint-Michel. Obligés de se cacher, ils se tenaient en des lieux sûrs, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Le Boisgelin, le Roscoat, la Noë-Verte étaient des lieux bien favorables. Ces deux prêtres firent aussi du ministère sur la commune de Lanloup. Voici une pièce curieuse extraite d’un registre de Pléhédel, je crois devoir la citer en entier.

« Nous, maire, officiers municipaux, agent national, composant le conseil général de la commune de Pléhédel, extraordinairement assemblés, aux fins d’adresse à nous parvenue de la part du Directoire du district de Pontrieux, sous date du 3 floréal, présent mois, la dite adresse, comme devant nous parvenue, sans notifications, quoique prescrite par l’arrêté, et puis délibérant sur le même arrêté, déclarons : 1° que par la rumeur publique, nous avons été informés qu’il s’est assemblé quelques personnes, dont nous ne connaissons ni ne pouvons indiquer les noms, attendu que le fait en soi-même est un fait de nuit, attendu encore que par l’arrêté dudit Directoire, il est appris que de pareilles assemblées ont dû avoir lieu sur plusieurs communes, notamment sur la commune de Lanmor (Lanloup), que si quelques personnes ont dû se réunir dans la commune de Pléhédel pour cause de religion, sans peut-être pour aucun motif de révolte connu, mais peut-être par une indiscrétion ou un excès de piété que nous n’approuvons nullement et que nous avons toujours défendu autant que la loi proscrit et a pu proscrire les rassemblements. La municipalité déclare que jamais les moyens de contre-révolution n’ont entré ni entreront dans l’esprit des habitants de Pléhédel ; elle décrète d’envoyer sur le champ un individu de Pléhédel au district de Pontrieux pour attester que la commune de Pléhédel aime la Révolution et les lois qui la basent, pour attester qu’on a hautement protesté contre toute procession et rassemblement le jour tridi de la seconde décade de floréal l’an II de la République démocratique une et indivisible (2 mai 1794) ».

Cette pièce curieuse prouve trois choses à mon avis : que Pléhédel avait une municipalité de peureux ; qu’il y avait des prêtres fidèles cachés à Pléhédel et à Lanloup, et qu’enfin Pléhédel et Lanloup imitaient les autres paroisses et ne sympathisaient guère avec les intrus. J’en fournirai d’autres preuves.

Le 20 mai 1794, on vole les objets précieux de l’église de Pléhédel pour les envoyer au district de Pontrieux : 1° un calice d’argent, avec sa patène ; 2° un soleil d’argent doré ; 3° un ciboire d’argent ; 4° une custode d’argent. Les municipaux voulaient-ils donner une nouvelle marque de leur peur et de leur lâcheté.

Le 12 thermidor an II (30 juillet 1794), les municipaux se réunissent sur l’ordre du Directoire du district de Pontrieux, pour demander prestation de serment à Anne Auffret ci-devant soeur. — Anne Auffret se présente et refuse le serment ; la municipalité juge, suivant les ordres reçus, de la faire conduire en la maison d’arrêt de Guingamp.

Il paraît qu’à Pléhédel on n’observait guère les décades. En effet, le 8 brumaire an III (29 octobre 1794), le directeur du district de Pontrieux ordonne de nommer dans chaque commune des commissaires pour surveiller l’exécution des lois et l’observation des décades. Le commissaire nommé pour Pléhédel fut le citoyen Vincent Nicol, de Paimpol. On donna lecture de l’ordonnance afin que personne ne pût prétexter de son ignorance. MM. Connan, ces dignes et saints prêtres, devinrent, après le Concordat, l’un recteur et l’autre vicaire de Pléhédel. Tous les deux sont morts recteurs de la paroisse.

 

LANLOUP.

Lanloup, avec sa trêve Lanleff, appartenait au diocèse de Dol et faisait partie du décanat de Lanvollon. Le premier pasteur de Lanloup dont il soit fait mention dans les chartes est Eudes, qui signe chapelain de Lanloup comme témoin au relevé d’une excommunication lancée contre certains habitants du Questel, en Plouézec, pour avoir frayé avec des excommuniés en 1237. Il me serait facile de prouver que Lanloup a été plus étendu qu’il ne l’est, mais il ne s’agit pas de cela ici. Les évêques qui avaient des enclaves de Dol dans leurs diocèses, les voyaient de mauvais œil et faisaient tout leur possible pour en diminuer l’importance. Nous en avons une preuve dans le bref d'Adrien IV, adressé en 1156 aux évêques de Saint-Brieuc et de Tréguier. Le recteur de Lanloup, ou plutôt de Saint-Loup, pour parler le vrai langage et donner à la paroisse son véritable titre, signait recteur de Saint-Loup et doyen de Lanleff.

En 1790, la paroisse avait à sa tête comme pasteur, Guillaume-René Sallou, né à Lanvollon, et comme vicaire Yves Le Roux.

Les registres de Lanloup sont très curieux et très intéressants. Les délibérations du conseil général et de la municipalité sont rédigées avec soin et bonne orthographe. Je me contenterai d’y puiser ce qui se rattache à mon travail.

Le sieur recteur avait des difficultés avec ses paroissiens ; le registre en fait mention. Tantôt, c’est avec le comte de Lanloup à propos de bois qui gênent le passage du dit comte, tantôt c’est avec la municipalité, à laquelle il va jusqu'à remettre sa boîte aux Saintes Huiles, refusant de la reprendre ; tantôt c’est avec son sacristain qui refuse de répondre la messe quand il n’y a pas d’argent à gagner et ne veut pas livrer le moule à pain à chant. Je crois que tout cela ne prouve guère en faveur de l’aménité du caractère de Sallou. Comme on le voit, Nil novum, sub sole, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il y a des tempêtes en des verres d’eau. Mais passons à des choses plus sérieuses.

Le 3 février 1791, la municipalité reçoit déclaration de l'intention qu’ont M. Guillaume Sallou (ou Sallout), recteur, et Yves-Marie Le Roux, de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Le dimanche suivant 6 février, la municipalité se réunit à l’issue de la grand'messe, et devant le maire, le recteur et son vicaire, déclarent de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui leur est confiée, d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution décrétée par l’assemblée nationale, et acceptée par le roi, pourvu qu’elle ne touche point la religion catholique, apostolique et romaine. Tel fut leur premier serment, mais il ne valait rien, paraît-il, car le dimanche suivant, 13 février 1791, ils furent requis d’en prêter un second. Cette fois, ils prêtèrent serment sans restriction, le recteur du haut de la chaire et le vicaire sur le marchepied de l’autel.

A partir de ce jour, je ne trouve plus trace de Le Roux. Il y en a qui affirment qu’il se maria, mais comme d'autres disent le contraire, je ne veux rien croire.

Le 8 décembre 1791, jour de la Conception de la Vierge, la municipalité se réunit pour entendre le serment civique de Toussaint Michel Loysel prêtre, ex-carme de Quintin, natif de Saint-Brieuc. Loysel chante la grand'messse, prête le serment dans les termes ordinaires, et à l’issue de la grand'messe, la municipalité l’accepte comme prêtre et enfant de la paroisse. Le 22 janvier 1792, Loysel déclare qu’il a pris un prie-Dieu, une table, un buffet, appartenant à la fabrique et qu’il s’oblige à les laisser en même état à la municipalité, lorsqu’elle les réclamera. On l’autorise à garder ces meubles. Le dimanche 7 octobre 1792, an IV de la liberté, Sallou et Loisel prêtent serment d’être fidèles à la nation, de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant. Sallou signe curé et électeur de Lanloup et Lanleff. Le 26 août 1792, en effet, il avait été nommé électeur par ces deux communes pour se rendre à Lamballe élire des députés à la Convention nationale. Le 17 février 1791, il signe curé-maire de Lanloup.

Le 24 février 1793, le curé-maire envoie au district de Pontrieux, les objets qu’il voit n’être pas d’absolue nécessité à l’église et les dons patriotiques, deux paires de souliers, deux chemises neuves, les cloches et les vieux chandeliers de cuivre.

Le 24 mars 1793, Guillaume Sallou, présidant comme curé-maire et commissaire de Plouha, Lanloup et Lanleff, au recrutement de 10 volontaires, eut une discussion avec Marguerite Le Dû, épouse de Claude Le Cornec. Le curé-maire fut obligé, pour éviter des voies de fait, de se sauver à la sacristie. Malgré toutes les convocations, les jeunes gens faisaient la mauvaise tête et refusaient de partir.

Le 27 janvier 1794, an XI, Guillaume Sallou réitère serment de fidélité à la république, serment émis le 7 octobre précédent, et il est élu officier public. Marguerite Le Dû survint encore à la séance. Elle refuse de livrer la clef des archives jusqu’à ce que son mari ait perçu le reliquat des sommes dues à la fabrique. Elle va, dit le procès-verbal, jusqu’à châtier les citoyens présents et les forcer pour aller boire. Elle insulte les notables présents qui tiennent bon et appelle le maire du nom de frère Toul-Louz et le traite, ainsi que tous les municipaux, de toutes sortes de choses dont un honnête homme rougirait.

A partir de ce jour, il n’est plus fait mention de Sallou dans les registres de Lanloup. Il se retira à Lanvollon, sa paroisse natale, où il se maria et eut deux filles qui sont mortes. On raconte que sur la fin de sa vie, il cultivait un jardin et que les gens sur son passage ne manquaient pas de lui témoigner du mépris à cause de son inconduite. On dit que lorsque sa femme frappait à la porte de sa chambre, il demandait : « Qui est là ? — Madame Sallou. — Je ne connais pas Madame Sallou ». Un vénérable prêtre, natif de Lanvollon, m’a dit qu’à la suite d’une retraite faite à Tréguier, Mgr. Caffarelli voulut le réintégrer dans le clergé diocésain, Rome refusa parce qu’il avait été marié. Sallou mourut à Lanvollon, après avoir reçu les derniers sacrements, mais, malgré toutes les instances de la famille, les prêtres ne voulurent pas lui rendre les grands honneurs.

Quant à Loysel, il surpassa son recteur, car il étala sa honte à Lanloup même. Après les divers serments dont j’ai parlé, il jugea à propos de se marier le 28 floréal an II (17 mai 1794) à une nommée Gabrielle Corbin, cultivatrice, âgée de 24 ans, fille de Claude et de Jeanne Richard, originaire et domiciliée de Lanmor (Lanloup). Loysel est dit âgé de 32 ans, ex-prêtre, fils de Julien et de Michelle Le Roux, originaire de Port-Brieuc. Il était né le 24 décembre 1764, à Saint-Brieuc, sur la paroisse de Saint-Michel.

Le 10 messidor an VI (28 juin 1798), déclaration de naissance d’une fille issue de Toussaint-Michel Loysel, copiste, et de Gabrielle Corbin. On appela l’enfant Eugénie-Jeanne. Ce ne fut pas le seul enfant de Loysel, il eut encore un garçon, dont le souvenir n’est pas encore perdu à Saint-Brieuc, où on l’appelait le carme. Il essaya en vain d’entrer dans les ordres à Saint-Brieuc ; à cause de son père, il y trouva une résistance inébranlable.

Quant au père, il mourut vers 1833 ou 1834 dans sa maison, rue Fardel, à Saint-Brieuc, après avoir donné de grands signes de repentir.

 

LANLEFF.

Lanleff, célèbre par sa vieille église ronde du IXème siècle, était trêve de Lanloup et desservie par un vicaire qui portait le titre de curé. En 1789, Christophe Le Huidoux était curé de Lanleff. Il avait succédé en 1786 à M. Piriou.

Je ne connais que deux faits de la période révolutionnaire dont le souvenir se soit conservé, et l’un d’eux appartient à l’histoire profane. Le premier, c’est la dévastation de l’église de Lanloup, crime commis par des ouvriers de Paimpol et par ordre de la municipalité commandée par Claude Le Cornec, maire. En lisant le procès-verbal de ce vandalisme, on se prend à regretter et à dire qu’il y a cent ans la gentille église de Lanloup était un bijou.

Le second fait se produisit le 19 pluviôse an VIII (8 février 1800). Des chouans débarqués sur les côtes de Plouha, pillèrent plusieurs maisons de citoyens attachés à la Révolution et par leurs opinions et par des acquisitions de propriétés nationales. Ils assassinèrent cinq ou six citoyens, parmi lesquels on compte : Claude Le Foll, père de quatre enfants ; Guillaume Le Cornec, de Kermenff ; René Guillaume ; Claude Guillou de Kersalic et un ou deux autres étrangers qu’ils avaient amenés. D’après la tradition, un de ces étrangers était Claude Le Cornec, de Lanloup, qui fut enterré vif.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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