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LE DOYENNÉ DE PLOUBALAY

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Le doyenné de Ploubalay se compose de huit paroisses : Ploubalay, Lancieux, Langrolay, Pleslin, Saint-Jacut-de-la-Mer, Trégon, Tréméreuc et Trigavou, paroisses qui toutes faisaient partie avant 1790 de l'ancien évêché de Saint-Malo, excepté toutefois Saint-Jacut qui était de celui de Dol.

Reprenons maintenant toutes ces paroisses et disons sur chacune d'elle et son clergé, pendant la Révolution française, ce qu'il nous a été possible de recueillir à leur sujet dans les différents registres que nous avons pu consulter, qui pour la plupart ne sont pas des plus riches.

 

PLOUBALAY.

Au moment même de la Révolution, Ploubalay avait pour recteur M. Alexandre Le Borgne, dont les vicaires étaient MM. Jean de la Villegirouard et Pierre 0llivier. On trouve encore souvent cité aux archives le nom de certains autres prêtres exerçant à titres divers le saint ministère dans cette paroisse, ce qui ne peut étonner quand l'on sait qu'il s'y trouvait à cette époque treize chapelles où se célébraient les divins mystères.

M. Alexandre Le Borgne, prêtre originaire de Pleurtuit (archidiocèse de Rennes), fut d'abord vicaire, curé d'office et enfin recteur de Ploubalay après le décès de M. l'abbé Le Forestier, de Médréac, le 28 avril 1789.

L'année suivante la révolution éclate, ce qui n'empêche ni M. Le Borgne ni ses fidèles vicaires de remplir leur ministère avec une ardeur vraiment apostolique ; mais bientôt cependant, devant la fureur et la rage toujours grandissantes des persécuteurs, ils sont obligés de céder.

Le premier, M. l'abbé Pierre Ollivier disparaît le 21 mai 1792, pour aller, sans doute, chercher un asile sur une terre étrangère d'où il ne reviendra plus. Malgré tout, M. Le Borgne et M. de la Villegirouard habitèrent encore le presbytère jusqu'au 7 juin suivant ; le 8 même, au matin, le zélé pasteur qui ne pouvait se résoudre à abandonner son troupeau, comme on était encore dans l'octave de la Fête-Dieu, se rendit encore à l'église pour donner la bénédiction du Très Saint-Sacrement ; mais, on peut le dire, ce fut aussi le dernier acte public de ministère qu'il put exercer à Ploubalay. Ayant refusé d'assister ecclésiastiquement à la sépulture d'une femme confessée et administrée par un prêtre ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé, il se vit poursuivi avec plus d'acharnement que jamais, et force lui fut, pour ne pas aller au-devant d'une mort certaine, de se bien cacher. L'exercice du culte ne cessa pas encore néanmoins, à ce moment, grâce à un M. Briand, prêtre de Saint-Jacut-de-la-Mer, qui put encore exercer jusqu'au 5 octobre suivant.

Mais, à partir de ce moment, plus ne fut possible à un prêtre catholique de paraître en public. Ce fut alors, le 8 octobre, que le citoyen Jean Paytra, prêtre assermenté, vicaire de l'intrus Tudeau, de Saint-Malo de Dinan, fut nommé recteur de Ploubalay. MM. Le Borgne et de la Villegirouard n'en continuèrent pas moins, en secret, leur saint et pénible ministère, bravant la misère et les dangers de toutes sortes qui les menaçaient à chaque instant. Non contents de prodiguer leurs soins aux simples fidèles, ils visitaient leurs confrères voisins pour les aider et les réconforter dans leurs peines et dans leurs luttes. Aussi les voit-on aller au secours de M. Pierre-Louis Lesage, qui, seul des prêtres exerçant le saint ministère à Corseul, ne sacrifia pas sa conscience, et parfois ne pouvait suffire aux besoins religieux d'une aussi grande population. Aussi M. Le Borgne mérita-t-il de tomber au champ d'honneur.

Exténué par les fatigues, les privations et les chagrins, le zélé pasteur tomba malade dans un grenier de la ferme de la Barre, en Ploubalay, où il était caché, et y mourut, le 25 Pluviôse an V (vendredi 14 février 1797), à l'âge de 44 ans.

Son corps fut transporté durant la nuit au village de Bieuret, dans une maison où M. Fouace, recteur de Tréméreuc, son futur successeur, célébra secrètement la messe récita l'office des morts et prononça son éloge funèbre. Puis, malgré les dangers qu'ils couraient, les habitants du quartier, portant des cierges et des flambeaux, conduisirent solennellement au cimetière les précieux restes de ce confesseur de la Foi, qui ne les avait point abandonnés au jour de la détresse et leur était resté fidèle jusqu'à la mort. Personne, dit la tradition, n'osa s'opposer à la manifestation des habitants de Ploubalay, en cette circonstance. Les révolutionnaires eux-mêmes et les soldats postés dans le bourg, par leur tenue et leur silence, rendirent hommage à cet homme de Dieu, appelé par ses mérites à jouir du repos éternel.

Plus heureux que son vénéré pasteur, M. de la Villegirouard vit la fin de la tourmente révolutionnaire et pu reprendre ses fonctions de vicaire de Ploubalay, dont il devint curé après la mort de M. Fouace, en 1824.

En 1836, Mgr Le Groing de la Romagère le nomma chanoine honoraire de sa cathédrale, en témoignage d'estime et comme récompense bien méritée des épreuves qu'il avait subies pour la défense de la Foi, pendant sa longue et laborieuse carrière.

Au mois d'octobre 1837, obligé par l'âge et les infirmités de quitter son poste, M. de la Villegirouard se retira dans une maison de la paroisse, dite le Chaffaut, où, dans les sentiments de la plus grande piété, il s'endormit dans le Seigneur, le 7 mars 1839, à l'âge de 84 ans.

Il avait exercé, pendant cinquante-deux ans, le saint ministère dans la paroisse de Ploubalay.

Au moment de la Révolution, la paroisse de Lancieux avait pour recteur M. Fosnic qui avait succédé, en 1779, à M. Ranou, mort en prêchant l'amour de Dieu, au moment même où il prononçait ces paroles : « Nous le verrons, nous le verrons ». M. Fosnic occupa la cure de Lancieux jusqu'à la Terreur, époque à laquelle il fut, pendant la nuit, saisi dans son presbytère par les républicains et emmené par eux à Ploubalay, d'où il parvint à s'échapper après avoir invoqué saint Cieux, patron de sa paroisse.

Pour échapper à la hache révolutionnaire, il passa en Angleterre d'où il ne revint qu'après la fin de la persécution. Quelques années plus tard, en 1803, il fut nommé curé de Merdrignac.

M. Fosnic avait pour vicaire M. Lebret qui lui aussi fut pris pendant la Révolution et emprisonné à Saint-Brieuc. Profitant de l'accalmie qui suivit la mort de Robespierre, un certain nombre des habitants de Lancieux s'empressèrent de l'aller délivrer. Il fut nommé peu après recteur de la paroisse de Saint-Briac. (Extrait du registre de la paroisse de Lancieux).

 

LANGROLAY.

Au commencement de l'année 1790, de néfaste mémoire, la paroisse de Langrolay avait pour recteur un septuagénaire, M. Laurent-Jean Martin, prêtre originaire de Père (paroisse de l'archidiocèse de Rennes), depuis le 25 mai 1755. Exténué par les ans et les premières horreurs de la persécution, M. Martin mourut le 11 juillet de cette mène année et fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse dont il avait été le pasteur pendant 35 ans.

M. Persevaux, prêtre de Langrolay même, lui succéda comme curé d'office dont il remplit les fonctions jusqu'au 7 octobre 1790. Ce fut à cette époque que la paroisse de Langrolay devint la proie de l'intrus Billard, prêtre assermenté, qui y resta seulement deux ans (7 octobre 1792) et fut nommé, en récompense sans doute de ses vertus et de ses mérites, à l'importante cure de Plouër.

Depuis 1792 jusqu'à la fin de la Révolution, les habitants de Langrolay n'eurent pour leur administrer les secours de la religion que leur compatriote, M. Persevaux, qui resta tout le temps de la persécution caché dans sa paroisse natale dont il devint encore le curé d'office en 1801.

 

SAINT-JACUT-DE-LA-MER.

En 1788, M. Charles Bêtaux, vicaire à Ploubalay, sa paroisse natale, fut nommé recteur de Saint-Jacut et y exerça les fonctions du saint ministère jusqu'en 1792. Il avait pour vicaire M. François Sollier. Que devinrent ces deux prêtres pendant les dernières années de la révolution ? On l'ignore ; tout ce que l'on sait, c'est qu'en 1804, M. Bêtaux, après avoir probablement repris possession de son bénéfice, fut transféré de Saint-Jacut à la succursale de Languenan.

 

TRÉGON.

Trégon avait, depuis douze ans déjà, pour pasteur M. Michel Frère, prêtre originaire de Languenan, ancien vicaire de Pleudihen, neveu de Messire Etienne Frère, son prédécesseur, quand éclata la terrible révolution qui mit toute la France à feu et à sang. Le dernier acte de ministère qu'il exerça fut une inhumation, le 6 octobre 1792. A partir de ce moment il disparaît pour ne revenir qu'après la persécution reprendre ses fonctions curiales à Trégon où il mourut en 1801.

 

TRIGAVOU.

Tous les fruits de nos recherches sur Trigavou et son clergé au moment de la Révolution sont contenus dans l'extrait suivant tiré en entier du registre même de cette paroisse :

« M. Joachim Chartier devint recteur de Trigavou à la mort de M. Jacob, qui arriva le 31 mars 1783, à Saint-Malo même, et exerça le saint ministère jusqu'en 1791, époque de son émigration.

A cette funeste et terrible époque, Trigavou ne vit aucun trouble. Les habitants n'eurent à souffrir que de la part des colonnes mobiles et de quelques mauvais sujets de Dinan. Ils n'avaient embrassé aucun parti.

Après le départ de M. Chartier pour l'Angleterre, l'église fut fermée et le district de Dinan s'empara des cloches, de la lampe et de la croix de procession. Seuls les vases sacrés, le buste en argent de sainte Brigide et les ornements furent sauvés par Mme Forot de Villeneuve qui les tint précieusement cachés dans sa maison de la Rougerais.

Le premier enterrement qui fut fait sans prêtre à Trigavou, fut celui de Mme la comtesse de Kermene, née Leroux de Coettando, morte au Bois-de-la-Motte en 1792. Charles Hervé, chantre de la paroisse, récita les prières des morts. Elle fut inhumée dans le cimetière derrière le maître-autel.

Dès que les émigrés purent rentrer, M. l'abbé Chartier revint prendre possession de sa paroisse où il demeura, jusqu'à sa mort, 1803 ».

M. l'abbé Robichon, prêtre de Trigavou, mort vicaire à Saint-Servan, passa toute la Révolution caché à la Rougerais d'où il ne sortait que la nuit pour aller porter les secours de son ministère aux malades. Il offrait la sainte Messe dans une chambre du dit lieu et y confessait.

Plusieurs autres prêtres encore se cachèrent à Trigavou pendant ce même temps et y donnèrent les secours de la religion ; mais aucun d'eux ne peut passer pour avoir desservi la paroisse. Ces prêtres étaient : MM. Le Sage, mort recteur de Corseul ; Giquel de la Ménardière, village de Pleslin où il devint vicaire après la tourmente révolutionnaire, et MM. Capralle et Avril dont nous parlerons plus longuement à l'article Pleslin, dont il était originaire.

 

TRÉMÉREUC.

M. l'abbé Joseph-Louis Fouace, qui devint plus tard curé de Ploubalay, était recteur de Tréméreuc depuis onze ans quand éclata la Révolution. M. Fouace était né à Plouër, au village de la Pommerais, le 11 février 1749, de noble homme Germain Fouace et de dame Hélène Hiemphry. Il fit ses études au collège de la Victoire, à Dinan ; il en devint professeur pendant quelques années, puis fut nommé vicaire dans sa paroisse natale. En 1779, M. le comte de Plouër, seigneur de Tréméreuc et présentateur à ce bénéfice, l'en fit nommer recteur.

M. Fouace demeura dans sa paroisse jusqu'au 8 octobre 1791 ; ce jour même, vers dix heures du soir, il bénit encore le mariage de Jean Bertin et de Françoise Sénéchal, mais ce fut aussi le dernier acte public de son ministère paroissial. Ayant refusé le serment à la Constitution civile du clergé, il fut obligé de se cacher, ce qui ne l'empêcha pas de donner à ses ouailles tous les soins spirituels, comme on peut le voir au registre des baptêmes de cette paroisse où nous lisons : « Mathurin Le Mercier, fils de Mathurin et de Marie Lucas, âgé de 30 ans, confessé et extrémonctionné par moi recteur, le jour de la Toussaint 1791, pendant les vêpres, décédé le jeudi suivant, 3 novembre, au bourg, d'une maladie de poitrine, fut inhumé le lendemain soir par M. Barret, prêtre intrus et son domestique ». Ce fut en effet ce M. Barret, d'origine irlandaise, prêtre apostat, qui administra la paroisse de Tréméreuc jusqu'à la fin de la Révolution.

Mais enfin, voyant la persécution devenir de plus en plus violente, le bon pasteur fut obligé d'abandonner son troupeau et d'aller, le 14 juillet 1792, chercher ailleurs un asile. Il se cacha avec son frère, l'abbé de la Pommerais, chez Mme Dangean, à Saint-Jouan-des-Guérets, puis chez M. Gondron, son beau-frère, notaire à Plouër.

Aussitôt que le calme fut un peu rétabli, M. Fouace reparut en public, s'établit dans une petite maison du bourg de Tréméreuc et y célébra la messe dans une armoire placée dans sa chambre, en attendant que l'église fût rendue à l'exercice du culte ; de sorte que son absence ne fut que de deux ans et huit mois, comme on peut le voir relaté par lui-même au registre de paroisse où nous lisons : « Ayant repris un relevé exact, à ma rentrée dans la paroisse, le 13 avril 1795, le lendemain de la Quasimodo, de tous les baptêmes, mariages et sépultures faits de nos paroissiens, non seulement depuis notre fuite, 14 juillet 1792, mais encore depuis la cessation de nos fonctions publique interdites par arrêté du département du 29 septembre 1791, qui me fut signalé le jeudi suivant, 6 octobre, et en vertu duquel je les finis le samedi 8 octobre, à dix heures du soir, par le mariage de Jean Bertin et de Françoise Le Sénéchal, pour les céder à Dominique Barret, prêtre irlandais, constitutionnel, assermenté, qui fut intrus et installé dans la paroisse le lendemain, dimanche 9 octobre, par Dom Chapel Hamart, bénédictin, curé intrus de Pleurtuit, marié depuis à une demoiselle Heyare, du bourg de Pleurtuit, lesquels intrus accompagnés du moine Jamiot, vicaire intrus de Pleurtuit, célébrèrent les vêpres, ne s'étant point trouvés de municipaux pour les recevoir le matin, à l'heure de la grand'messe, où ils se présentèrent... J'ai repris l'index ou liste de tous les susdits baptêmes, mariages et sépultures, depuis les derniers baptêmes, mariages et sépultures faits pendant notre interdiction, répétant même le peu que j'en ai enregistrés dans les feuilles précédentes à mesure qu'ils sont venus à ma connaissance dans mon exil et durant mon absence et la persécution, et tous ces actes se trouveront dans un seul et même registre que j'ai formé à ma rentrée, du reste de l'année 1791, des années 1792, 1793, 1794 et de la courante 1795. Je prie tous ceux qui liront ces feuilles de demander à Dieu, après ma mort le repos de mon âme, et pendant ma vie le pardon de mes fautes, et la grâce de faire un saint usage de la persécution qui se relâcha pour nous un moment l'an passé depuis Pâques 1795 jusqu'à peu près au 25 septembre que nous avons cessé les offices à l'Eglise ».

Une fois rentré dans sa paroisse, le zèle de M. Fouace ne se borna pas aux soins que réclamaient les fidèles de Tréméreuc. Voyant l'extrême besoin qu'avait l'Eglise de ministres sacrés, par suite des vides nombreux que la Révolution avait faits dans les rangs du clergé, cet apôtre accueillit avec empressement les jeunes gens qui désiraient entrer dans l'état ecclésiastique. Quand il fut nommé à la cure de Ploubalay, le 18 avril 1803, il avait vingt élèves qui l'y suivirent.

 

PLESLIN.

Enfin nous terminerons par la paroisse de Pleslin qui était en 1790 administrée par M. Eballard, depuis 1773, et par M. Margely, son vicaire.

A partir du 12 septembre 1792, il n'est plus question de M. Eballard qui mourut l'année suivante. M. Margely, son vicaire, dut lui aussi prendre le chemin de l'exil d'où il revint vers le milieu de l'année 1795. Du 12 juillet 1795 jusqu'en 1801, époque où M. François Lemoine devient recteur de Pleslin, M. Margely signe tous les actes du ministère paroissial comme curé, ce qui porte à croire que cette paroisse resta sans recteur de 1793 à 1801.

M. Pierre-Louis Lesage, vicaire à Corseul au moment de la Révolution, prêtre originaire de Pleslin, ainsi que M. Pierre Giquel et M. Jean-Philippe Avril, passèrent une grande partie de ce temps dans leur paroisse natale et donnèrent à leurs compatriotes fort souvent les secours de la religion, comme on peut le voir au registre des baptêmes et des mariages. Tout porte à croire même que M. Giquel dut y rester constamment caché chez son frère, au village de la Ménardière. A diverses reprises sa tête fut mise à prix, mais il fut assez heureux pour échapper à la hache révolutionnaire. Les nombreux actes de ministère qu'il fit à Pleslin après la persécution, sont signés jusqu'en 1804 par M. Giquel, prêtre, et à partir de ce moment jusqu'en 1807, année de sa mort, par Giquel, vicaire. Avant de terminer, parlons de M. Jean-Philippe Avril, martyr de cette sanglante époque.

M. Jean-Philippe Avril, né le 28 novembre 1754 au village de la Poissonnais, en Pleslin, fut ordonné prêtre par Mgr. des Laurents, évêque de Saint-Malo, le 20 mai 1780, comme nous l'attestent ses feuilles d'ordination que nous avons entre les mains. Il fut nommé chapelain au Bois-de-la-Motte, château de Trigavou, voisin du lieu de sa naissance, et fut guillotiné à Saint-Brieuc en 1794. Voici comment M. l'abbé Carron, dans le troisième volume d'un ouvrage intitulé : Les Confesseurs de la Foi, nous raconte son arrestation et sa mort :

« Jean-Philippe était fils de Philippe Avril et de Perrine Conseil, pauvres cultivateurs auxquels la Providence avait accordé un petit bien, insuffisant à leur subsistance. Il naquit à Pleslin, le 28 novembre 1754, et dut, sans doute, à ses bons parents des goûts innocents et simples. Appelé du Ciel au ministère des autels, il suivit fidèlement l'inspiration de la grâce, fit ses études à Dinan, et, promu au sacerdoce, vit arriver avec une foi vive et les sentiments d'un zèle apostolique, cette révolution cruelle qui couvrit le sol français de tant de nobles victimes d'un dévouement sans bornes à l'autel et au trône. Aussitôt que l'horizon annonça la tempête, et que le sanctuaire fut attaqué, M. Avril se retira dans les environs de Dinan, pour y répandre et pour y multiplier les actes de son zèle en différentes paroisses ; il rendit secrètement de très grands services à un nombre considérable de fidèles qui se trouvaient dans un dénuement absolu de secours spirituels. Nourri comme les plus indigents habitants des campagnes, ne demandant rien de plus, et se réjouissant même de n'avoir pour se soutenir, au retour de fatigues continuelles, qu'une petite portion d'aliments grossiers, il recommençait de nouveaux travaux avec un nouveau zèle. Quelques risques qu'il eût à courir dans ces jours affreux, et pour sa propre vie, jamais il ne manquait de voler auprès de tout malade qui réclamait les secours spirituels. Animé d'une charité sans bornes, il conservait une paix inaltérable au milieu des plus grands dangers, connaissant le prix d'une âme qui n'a rien moins coûté que le sang d'un Dieu. Qui croirait que, dans son humble situation, il put encore soulager l'infortune ? Jamais le pauvre ne l'implora sans succès. Quelque discrétion qu'il mit dans l'exercice de ces bonnes oeuvres, son dénuement le décelait, et il en vint à un tel degré, que ses frères déclaraient qu'il n'avait plus absolument de linge. Il avait tout donné.

Le saint homme évangélisa les lieux voisins de sa chétive demeure, répandit de tous côtés la bonne odeur de Jésus-Christ, répéta ses visites dans les mêmes endroits, pour y laisser de nouveau la semence de la divine parole et les grâces abondantes des sacrements ; il venait de retourner chez sa mère, à Pleslin, pour y changer de linge, lorsque la chaumière de cette mère de douleur fut cernée par une colonne de patriotes sortis de Dinan. Ils entrent précipitamment et cherchent avec fureur la victime ; d'abord elle leur échappe, et ils s'éloignent ; mais ensuite, un de ces forcenés rentre, aperçoit les souliers de M. Avril qui s'était caché derrière une porte, s'écrie avec d'affreux jurements qu'il le voit, le saisit aussitôt ; tous les bandits reviennent, assaillent des plus horribles injures, des plus affreux traitements, le confesseur de Jésus-Christ ; ce qui lui rend le supplice plus accablant, c'est que les misérables le font partager à sa vénérable mère. Après avoir comme assouvi leur rage, ils enferment l'homme de Dieu dans une maison pour qu'il y passe la nuit, mais sans y recevoir aucune nourriture. Les défenses ont été si rigoureuses et les mesures du crime si bien prises, que des personnes charitables essaient en vain de lui prêter quelque assistance. Sourds aux premiers sentiments de la nature, ils reprochent à l'infortunée mère d'avoir donné retraite à son fils : " Eh ! comment voulez-vous, leur répond-elle, avec l'accent de la désolation maternelle, que je refuse de cacher mon enfant, qui ne sait où se réfugier ? ". Pour réponse, la bande démoniaque entraîne et le fils et la mère dans les prisons de Dinan le 30 ou le 31 janvier 1794.

Le lendemain, le prisonnier fut conduit au tribunal de sang à Saint-Brieuc. Combien ses chaînes supportées par sa foi avec tant de courage, furent-elles pesantes à son coeur ! Le bon fils voyait marcher à ses côtés, et l'accompagnant jusqu'au théâtre de ses dernières souffrances, celle qui lui donna le jour. Renfermé dans les réduits du crime, il comparut devant les autorités constituées, et entendit, sans rien perdre de la paix qui régnait dans son âme, et dont sa physionomie calme et sereine portait l'heureuse empreinte, l'arrêt de sa condamnation : On l'avait séparé déjà de sa mère. Il demanda la faveur de la revoir et de l'entretenir un moment. " Adieu, ma mère, lui dit-il, jusqu'au revoir ! — Mais où vas-tu donc, mon fils ? répondit avec anxiété la mère, accablée par tout ce que son fils avait souffert, et dans sa simplicité n'imaginant pas que la mort pût être la récompense de l'innocence. Ma mère, répartit avec une grande paix le confesseur, je vais rejoindre mes confrères : soyez tranquille, je serai toujours bien, n'ayez point d'inquiétude ". Il pria qu'on remît à celle qu'il avait tant aimée, le peu d'effets qu'il laissait. Hélas ! ces tristes restes ne pouvaient charmer sa douleur. Pour l'adoucir, le tendre fils ne crut pouvoir mieux se disposer à sa dernière heure, qu'en composant pour l'instruire du sort qu'il éprouvait, une complainte sur les paroles mêmes de la sentence homicide. L'air en était : Vierge sainte, du haut des cieux, Daignez sur nous jeter les yeux.

Il serait, trop dur ici d'exiger et les règles et le mode de la versification. Sacrifions l'art ; et donnons tout au sentiment. Dans sa terrible agonie, l'homme de Dieu se chante lui-même, comme s'élançant des prisons à la gloire, comme l'agneau conduit au sacrifice avec pompe ; il relit son arrêt, et c'est avec délices ; il salue la guillotine comme l'instrument de son bonheur ; il bénit ses bourreaux et les presse de frapper.

Vile poussière à ses yeux, il tressaille de marcher sur les traces de Jésus à ce nouveau calvaire ; enfin, s'adressant à son âme, il la convie de voler dans les cieux pour y chanter à jamais les louanges du rémunérateur suprême.

L'homme de Dieu ne démentit point ce langage des beaux jours de l'Église. Il monta sur le théâtre de la mort, comme s'il fût entré dans la salle du festin [Note : Cette complainte ou ce cantique composé et chanté par M. Avril avant de monter sur l'échafaud, a été conservé par l'un des membres de sa famille jusqu'en 1886].

Non esurient, neque sitient amplius ; nec cadet super illos sol, neque ullus oestus. (Apoc. VII).

Avant de finir, nous nous permettrons de relever une erreur relative à la date de la mort de M. Avril, commise par M. François Tresvaux du Fraval dans son Histoire de la Persécution Révolutionnaire en Bretagne, tome 1er,  page 540, où il dit :

« Cette bonne mère (mère de M. Avril), ayant été mise en liberté avant que son fils sortit pour aller à l'échafaud, s'en retourna chez elle avec l'espoir qu'il irait la rejoindre ; mais lorsqu'elle y arriva, il avait déjà perdu la vie pour la cause de la Foi. Il périt le même jour de son jugement, le 10 février 1794 ».

Il y a dans ce passage nécessairement une erreur, si la mère est mise en liberté avant l'exécution de son fils, celle-ci n'a pu avoir lieu le 10 février 1794 puisque la mère est encore détenue à la maison d'arrêt à Saint-Brieuc le 23 novembre 1794, d'où elle écrit ce jour même la lettre suivante à un citoyen Gouiar de Dinan, son neveu :

« A la maison de justice, le 23 novembre 1794. Mon cher neveu, Il parait que je né ni parans ni amis, car depuis il y a longtemps, je ne reçois de nouvelle d'aucun de ma famille je suis abandonnée de tous je vous assure de mes respect egallement que votre épouse et vos enfans mes compliment à Henry Lecuier et à toute sa famille à mon neveu Jean pluet et à toute sa famille à périne avril, jeanne Guinar et à mes petite fille à philippe avril et à Julien avril, anne Gaudu ma fille et à ma petite pelagie que j'embrace tout de tout mon coeur à mon comperre Jean Henri et à son épouse et à tout mes voisin et voisine que j'embrace de tout mon coeur et à tout mes parens et amis j'entant du representant du peuple quelque soulagement. Je suis mon cher neveu Votre affectionnée Périne CONSEIL. Faite moi savoir des nouvelles de chez nous et comme cela va » (copie de l'original que nous avons en notre possession).

Donc l'exécution de M. l'abbé Avril est postérieure au 23 novembre 1794, ou bien elle est antérieure à la mise en liberté de sa mère. Ce qui ne paraît pas probable, à en juger par l'écrit de la pauvre mère qui non seulement n'en dit rien, mais ne paraît même pas soupçonner que pareil malheur puisse lui arriver. Or si sa mort avait eu lieu le 10 février, comme on le prétend, comment Perrine Conseil, sa bien-aimée mère, eût-elle pu complètement l'ignorer ? Comment, si depuis un aussi long espace de temps elle n'avait pas eu de nouvelles de son fils, eût-elle pu écrire sans laisser paraître une ombre d'inquiétude sur son sort ? Non elle ne put avoir lieu avant le 23 novembre 1794, et qui plus est, si la mise en liberté de la mère est antérieure à la mort du fils, je dirai même que celle-ci n'a pu avoir lieu avant les derniers jours du mois suivant, époque à laquelle Perrine Conseil était encore détenue à la maison de justice de Saint-Brieuc, comme on peut le voir en lisant la pièce suivante que nous avons sous les yeux :

« République Française, département des Côtes-du-Nord, district de Dinan, Municipalité de Dinan. Laissez passer le citoyen Philippe Avril, laboureur français, domicilié à Pleslin, âgé de 38 ans, lequel nous a déclaré vouloir aller à Port-Brieuc département des Côtes-du-Nord, et prêtez-lui secours et assistance en cas de besoin. Donné à la maison commune de Dinan le 3 nivose l'an IIIème de la République française une et indivisible. BERTHELOT, aîné, maire. POSTEL, fils, secrétaire greffier ».

Pourquoi ce citoyen Philippe Avril de Pleslin, homme de 38 ans, qui ne peut être que le frère puîné de M. l'abbé Avril alors âgé de 40 ans, entreprend-il, muni d'un laissez-passer, le 3 nivose an III de la République, ou le 23 décembre 1794, le voyage de Saint-Brieuc, si sa mère était déjà revenue à la maison paternelle et si M. l'abbé Avril, son frère, avait depuis longtemps subi la peine capitale ? Le voyage de Philippe Avril à Saint-Brieuc n'est autre qu'une réponse à la lettre de son infortunée mère à qui il vient apporter le témoignage de sa piété filiale et lui dire combien tous les siens prennent part à ses souffrances et à celles de son frère bien-aimé, qui ne tarda pas à verser son sang pour l'amour de Jésus-Christ et de la sainte Eglise. Ce fut sans doute à cette époque qu'eut lieu la mise en liberté de la mère, et quelques jours après le martyre du fils. 

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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