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LE DOYENNÉ DE BELLE-ISLE

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BELLE-ISLE. (aujourd'hui Belle-Isle-en-Terre).

La paroisse de Belle-Isle avait pour curé au moment de la Révolution M. François Lavanant, qui eut la faiblesse de prêter serment à la constitution. Il resta dans sa paroisse, exerçant le métier de couvreur en genêts, est-il dit dans un recensement de l'an VI de la République. Cependant, pendant ces mauvais jours, Belle-Isle eut un curé constitutionnel du nom de Sulpice Le Coz.

Après la Révolution, M. Nicolas Jégou, de la Roche-Derrien, fut nommé curé de Belle-Isle. M. Nayrod, de Prat, lui succéda, et de là fut transféré à Plestin ; et, en 1811, M. Le Roux devint curé de Belle-Isle : voici quelques détails au sujet de cet excellent prêtre.

M. Le Roux était né à Trégrom : le village de Keranscott, en Trégrom, possède le chêne dans lequel il s'était caché pendant la Révolution : il avait fait du creux de l'arbre son cabinet de travail et souvent sa chambre à coucher. Il avait refusé le serment, puis émigré. Rentré secrètement, il se cacha avec de grandes précautions. Personne dans Trégrom ne trahit sa retraite, et il passa ce temps d'épreuve sans avoir aucune catastrophe.

M. Le Roux était un bon orateur breton, excellent surtout dans l'explication des tableaux. On mettait dans les églises une suite de tableaux représentant les sept péchés capitaux, les quatre fins dernières, les états de l'âme, etc : un paon figurait l'orgueil, un cochon la gourmandise, Catherine la damnée (Katel collet) le type des mondains.

Monté sur une longue table, une baguette blanche à la main, le curé Le Roux allait et venait, expliquant ses tableaux. Il imitait Katel collet entrant au bal et faisant mille minauderies pour plaire : tout le monde riait aux éclats, mais bientôt survenait le diable qui saisissait sa proie, Katel se débattait en vain, elle tombait en enfer avec des cris de désespoir poussés par l'abbé Le Roux avec tant de force, que les auditeurs étaient glacés d'effroi.

Le Roux s'était fait commissaire de police dans sa paroisse. Lorsqu'une dispute s'élevait dans un ménage, il accourait avec un long bâton et frappait sur l'homme et sur la femme, jusqu'à ce que tous les deux se fussent réconciliés.

Si la danse était trop bruyante, ou si elle se prolongeait trop avant dans la nuit, on voyait apparaître le redoutable vieillard, apostrophant les danseuses auxquelles il avait toujours quelques traits humiliants à lancer, car il connaissait toutes les familles de père en fils. Il appelait cela distribuer des bouquets ; or les bouquets de l'abbé Le Roux inspiraient une telle frayeur, que la seule menace de cette distribution suffisait presque toujours pour faire fuir tout le monde.

La paroisse, on le sait, s'étend au loin du côté de Coat-an-Noz. M. Le Roux, sous le règne de Louis Philippe, réclamait depuis longtemps un vicaire : il avait écrit à cette occasion au Roi ; mais sa lettre était restée sans réponse. Les choses étant en cet état, il apprend un jour que le prince de Joinville, venant de Brest, est à Belle-Isle, et qu'il déjeûne à l'hôtel. Aussitôt il accourt, entre sans se faire annoncer et va frapper sur l'épaule du prince qui tourne le dos à la porte, en lui disant : « Bonjour, mon fils, comment vas-tu ? ». Le marin se retourne et se lève en voyant ce vieux pasteur qu'il salue avec respect. — « Bien, bien, mon ami, répond le curé. Je savais déjà que tu es un bon enfant et je viens te charger d'une commission pour Monsieur ton père. Nous avons été dans le malheur tous les deux : lui aussi a mangé le pain de la douleur, il n'a pas dû l'oublier ; cependant je lui ai écrit et il ne m'a pas répondu ; il n'a pas toujours été sur le trône... qu'il prenne garde à lui... ». Puis, se redressant tout à coup comme un prophète, le vieillard ajouta : « Tiens, mon cher enfant, je ne veux pas en dire davantage, il est ton père, et je ne te ferai pas de peine, mais tu lui diras que je suis accablé de fatigues, et que s'il ne m'accorde pas le traitement d'un vicaire, je lui enverrai un... bouquet ».

Le curé sortit, le prince de Joinville demanda ce que signifiait le bouquet dont on avait menacé son père, et il rit beaucoup en entendant raconter l'histoire des fleurs que distribuait à tous le caustique abbé. En arrivant à Paris, l'illustre marin égaya la cour du récit de son aventure de Belle-Isle, et, dès le lendemain, le ministre signait l'ordonnance de création d'un vicariat pour cette ville.

La paroisse de Belle-Isle, depuis l'année 1666 jusqu'à nos jours, a donné naissance à plusieurs prêtres, parmi lesquels on remarque M. Jean-Marie Quéméner, qui a reçu le jour le 10 février 1802. Il est l'auteur de l'ouvrage breton intitulé : Instruction evit an oll, in-8°, publié à Morlaix.

Outre ce livre, des instructions pour tout le monde, M. Quéméner a également écrit une histoire ecclésiastique, en plusieurs volumes in-8°, qui n'a pas encore paru, un recueil de cantiques bretons et enfin une traduction bretonne, encore inédite, des prônes de Chevassu.

 

GURUNHUEL.

M. Maurice Le Collen, natif de Pleubian, se trouvait recteur de Gurunhuel, au moment où éclata la Révolution : il vint dans cette paroisse au commencement d'avril 1782 et y resta jusqu'à la fin de 1792. Gêné et tourmenté, il fit le serment avec restriction. Conduit à l'arrestation, il n'en sortit que pour aller mourir à Kergadalen, en Pleubian, lieu appartenant à sa famille. Il s'était rétracté plusieurs fois et n'exerça aucune fonction ecclésiastique une fois sorti de Gurunhuel.

Ses vicaires furent, depuis le mois d'octobre 1783, époque de la mort de M. Piérès (de qui l'on dit que c'était un saint), M. Louis Geoffroy, pour trois ans, M. Stéphany, pour un an, enfin pour le reste du temps, M. Guillaume Saunier, qui ravissait tout le monde par son chant et la manière dont il faisait l'office, et finalement le trop célèbre M. David. Ce Monsieur prêta le serment sans aucune difficulté, devint acquéreur de biens nationaux, et a pendant plusieurs années vécu en laïque, à Plégat-Guérande, en y exerçant les fonctions de médecin. Mais il avait beau, à l'exemple du grand Augustin, s'éloigner de son Dieu, son Dieu s'approchait toujours de lui, et à la fin la grâce victorieuse triompha de ce coeur de bronze. Docile à la voix de Dieu, il quitta tout à l'instant et se rendit en habit de pénitent chez M. Le Gac de Lansalut, recteur de Garlan. Après plusieurs mois de pénitence, son savant directeur jugea à propos d'en instruire l'Evêque de Quimper, qui, après avoir rempli toutes les exigences de la discipline de l'Eglise, rétablit M. David dans son premier état, dans lequel il vécut encore plusieurs années, faisant des bonnes oeuvres et répandant d'abondantes aumônes.

L'intrus de Gurunhuel, pendant la Révolution, fut M. Guillaume Jeffroy. Il y était tellement abhorré, qu'à la fin on finit par l'en chasser. M. Le Borgne fut son compagnon.

Sous le règne de M. Le Collen, M. François Le Diuzet avait passé plusieurs années à Gurunhuel, comme prêtre habitué. Il fut le seul de MM. les ecclésiastiques de Gurunhuel à refuser de prêter le serment ; il prenait sa pension à Kerhenri, comme quelques-uns de ses prédécesseurs. Les chapelains logeaient et mangeaient aussi chez François Cotty, du Paou, quand ils étaient uniquement chargés de la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, ou le Merzer.

Le premier recteur de Gurunhuel, au sortir de la Révolution, fut M. Yves Robin, né à Plougonver le 2l mars 1755. Il fut ordonné prêtre par Mgr. Le Mintier, évêque de Tréguier, le 5 avril 1783, et nommé à la desserte de cette paroisse le 24 avril 1801. Il ne quitta jamais le pays et se cacha tantôt à Plougonver, tantôt à Gurunhuel, toujours disposé au péril de sa vie à rendre service à qui le lui demandait. Deux fois, en particulier, il fut sur le point de tomber entre les mains de ses ennemis, et deux fois, comme par miracle, il leur échappa. La Providence divine aimait à protéger d'une manière toute spéciale les prêtres qui lui étaient restés fidèles. M. Robin porta le titre de curé catholique jusqu'à ce que le gouvernement lui imposât celui de desservant. Il gouverna Gurunhuel avec talent et mérite ; son zèle fut couronné de succès. Avec Gurunhuel, il eut longtemps à sa charge la paroisse de Pont-Melvez. Il mourut le 1er janvier 1824, âgé de 69 ans, et fut enterré dans le cimetière de la même paroisse, en présence de la plupart de ses paroissiens, qui tous fondaient en larmes.

 

LOCQUENVEL. (aujourd'hui Loc-Envel).

On ne connaît presque rien de la paroisse de Locquenvel avant la Révolution. Cette paroisse dépendait de Belle-Isle, par conséquent son histoire est intimement liée à celle de Belle-Isle.

Voici le seul fait que les vieillards racontent, car la paroisse n'a aucun document écrit avant 1875.

« Sous le régime de la terreur, existait un prêtre à Locquenvel, on n'en sait pas le nom. Ce prêtre, caché pendant quelque temps dans un endroit appelé Landes de Locquenvel, exerçait les fonctions du ministère sacerdotal. Il passa ainsi quelques mois, lorsqu'il partit pour l'Angleterre, où il resta quatorze ans, faisant des chapeaux de paille pour pouvoir gagner sa vie ».

M. Richard Le Roux a exercé le ministère sacerdotal à Locquenvel de 1775 à 1789, seulement il n'en était pas le recteur, car l'érection de Locquenvel en succursale n'eut lieu, par ordonnance du roi, que le 22 mars 1820. C'est alors que M. Roscoet, Denis-François, vicaire à Belle-Isle, résidant à Locquenvel, fut nommé recteur de cette paroisse.

J'ai vu pourtant quelque part qu'après la révolution, en 1804, M. François Berthou fut nommé à Locquenvel pour y exercer le saint ministère.

 

LOUARGAT et SAINT-ÉLOI.

Quand survint la Révolution, la paroisse de Louargat avait pour recteur M. Lachever de Kergoc. Il y remplit le ministère de 1784 jusqu'au mois de juin 1791. Il eut pour vicaires MM. Cotty, Le Roux et Raoul.

Je me suis demandé si ce M. Raoul était le même que M. Jean Raoul, de Pléguien, qui fut embarqué sur les Deux Associés et détenu à Rochefort et sur les vaisseaux de la rade de l'île d'Aix. Il y mourut à l'âge de 49 ans, le 6 août 1794, et fut inhumé à l'île d'Aix.

Le 13 juin 1791, le dimanche de la Pentecôte, nous voyons pour la première fois paraître le nom de M. Joseph Gouriou, comme recteur de Louargat. Sans doute, ce Monsieur dut prêter serment, à la Constitution, car nous ne voyons pas qu'il ait quitté cette paroisse pendant l'époque de la Révolution. Plus tard, M. Gouriou devint curé de Bourbriac, où il est mort : l'on voit sa tombe dans la crypte de l'église de cette paroisse. Après lui arrive M. L'Hermite, qui a été quelque temps seul dans cette immense paroisse.

Prêtres natifs de Louargat :

1° M. Louis-Gabriel Dulargez, né à Louargat et recteur de Pleumeur-Bodou, refusa le serment à la Constitution, et fut guillotiné avec les deux filles Le Blanc, de Plestin.

2° M. Marc Brignonen, était natif de Louargat et vicaire à Pédernec de 1780 à 1789 ; à l'époque de la Révolution, il se retira dans sa famille, à Guerroudou, en Louargat : c'est là qu'il est mort jeune encore. M. Pastol, recteur de Saint-Eloi, possède encore les burettes qui lui servaient pour la messe : il les a trouvées chez un membre de sa famille, à Saint-Eloi.

3° Dom Yves Le Goff, prêtre, habitait une maison située à quelques pas de la chapelle de Saint-Eloi. M. Pastol, recteur de Saint-Eloi, l'a achetée de Jean Pastol, de Plounevez, et l'a fait disparaître. Le terrain fait actuellement partie du cimetière. M. Le Goff eut le malheur de prêter serment et de contracter une union sacrilège : il a laissé après lui une fille qui est morte dans la pauvreté, en l'ancienne paroisse de Botlézan.

 

PLOUGONVER et la CHAPELLE-NEUVE.

L'abbé du Garspern a été recteur de Plougonver de 1737 à 1792. Empêché par les infirmités de la vieillesse de remplir les fonctions de son saint ministère, il avait chargé M. Diouron, prêtre habitué, de le remplacer pour la prédication et les autres devoirs de la charge pastorale. En 1792, l'abbé du Garspern quitta Plougonver et se retira chez son neveu, près de Guingamp, où il termina sa longue carrière environ deux ans après son départ de cette paroisse. Rien ne porte à croire qu'il fit le serment.

Après M. du Garspern, M. Le Béchec, de Lanrivain, administra la paroisse de Plougonver, comme recteur constitutionnel. Voici, au sujet de ce Monsieur, quelques détails retirés de la mairie de Plougonver :

« M. Le Béhec, vicaire des trêves de Saint-Fiacre et de Saint-Péver, trêve de Plésidy, a présenté sa nomination comme recteur de Plougonver, datée du 5 juin 1791 et signée Jacob, évêque du département des Côtes-du-Nord, en remplacement de M. Charles-Olivier du Garspern qui refuse de prêter le serment prescrit.

Il a été installé le dimanche 11 juin 1791 par les officiers municipaux et les notables de la paroisse, et le même jour a prêté le serment entre leurs mains ; ensuite les officiers municipaux et notables ont enjoint aux fidèles de le reconnaître pour leur seul et vrai pasteur.

Le 13 juin 1791, le même Joseph Le Béchec a choisi pour son premier vicaire, avec l'agrément des officiers municipaux et notables, M. Philippe Le Jeune, l'un des prêtres fonctionnaires de la paroisse. Installé immédiatement par le maire Yves Le Bon, les officiers municipaux et les notables, il a prêté le serment, et ordre a été donné à tout fidèle de le reconnaître pour vrai et premier vicaire de la paroisse.

Le 14 juillet 1791 a été célébrée solennellement, dans l'église paroissiale, la fête de la fédération : d'abord, la messe a été dite par M. Le Béchec, assisté de MM. Thomas et le Jeune, prêtres, puis M. le maire Yves Le Bon interpellant ces trois prêtres, leur a demandé s'ils continuaient d'être fidèles à ce qu'ils avaient déjà promis ; ceux-ci ayant répondu affirmativement, il leur a demandé de nouveau le serment, ils ont de nouveau juré en portant la main ad pectus (sic), le maire, les officiers municipaux, les gardes nationaux, et toutes les personnes présentes à la cérémonie, ont répété le serment en prononçant ces mots : Oui, je le jure ; enfin le tout s'est terminé par le chant du Te Deum.

Le 14 juillet, un prêtre nommé Christophe Le Lannou s'est présenté au greffe de la municipalité, accompagné de M. le Maire, pour promettre que le dimanche suivant il irait à l'église paroissiale prêter le serment sur la nouvelle constitution du Clergé. En effet, le 17 juillet, après le prône de la grand'messe, il prêta ce serment devant M. le Maire, les officiers municipaux, les notables et le peuple : il a signé la délibération Christophe Le Lannou, vicaire de Plougonver.

Le 4 septembre 1791, sur un ordre venu du directoire du district de Guingamp, signé Vistorte, vice-président, le Grantec, Labat et Ansquer, l'assemblée se réunit pour prendre une délibération en vertu de laquelle tout prêtre réfractaire devra prêter le serment, sans quoi il y a obligation de le dénoncer au pouvoir administratif et aux gardes nationales de la paroisse, pour être conduit où de droit : cette délibération porte ces mots : pour raisons de fait à nous connues et que nous faisons offre de constater à qui appartiendra. Elle devra être notifiée privativement à chacun des ecclésiastiques.

Le 8 septembre, copie de cette délibération fut notifiée à M. Jean Olivier, curé de Plougonver, depuis 1769, par Louis le Rolland, secrétaire greffier, parlant à sa personne trouvée chez ses parents (à cette époque le mot curé signifiait vicaire). Il paraît que cette notification n'eut pas de résultat, car il n'est fait aucune mention du serment de M. Olivier.

Le 26 septembre 1791, un feu de joie a été dressé par la municipalité en l'honneur de la nation française et de l'assemblée nationale. Après la grand'messe, MM. les ecclésiastiques sont allés l'allumer en procession et sont retournés à l'église en chantant le Te Deum.

Le 12 novembre 1791, les citoyens actifs de Plougonver se sont assemblés dans la chapelle de Saint-Germain, en vertu d'une convocation de huitaine faite au prône de la grand'messe, pour renouveler les municipalités. M. Le Béchec a été nommé président par 63 voix sur 70 suffrages, M. Jean Colin, maire, par 78 voix sur 86 votants.

M. Le Béchec, recteur, a été élu procureur de la commune par 31 voix sur 36 votants. La délibération dont il est ici question est écrite de la main de M. Le Béchec lui-même.

Le 1er janvier 1792, M. Le Béchec, procureur, s'est adressé en ces termes à l'assemblée qu'il avait convoqué, à la grand'messe le dimanche précédent :

Messieurs,

Ce n'est pas pour nous seuls que la voix publique nous a placés dans les différents degrés du corps municipal, c'est sans doute pour remplir les fonctions qui nous sont confiées, pour faire régner une justice exacte dans tout ce qui se trouve de notre ressort et faire jouir notre communauté d'une bonne police. Tout ce qui se trouverait contraire à ces deux points de vue, nous accuserait, et en particulier Messieurs les Juges, de négligence et de bassesse. Je partage nos devoirs en deux classes, les premiers regardent nos églises et les seconds l'intérêt de la commune.

Continuant, il fait voir que les chapelles de saint Tugdual et de saint Julien sont en mauvais état par la faute des administrateurs : c'est pourquoi il demande que les comptes soient bien tenus, qu'il y ait égalité entre les fabriques des diverses sections, qu'ils portent la croix à l'alternatif, soit de huit jours en huit jours, ou l'un mois après l'autre. Immédiatement les municipaux, tout tremblants devant la remontrance de leur curé-procureur, prennent une délibération dans ce sens, afin que les fabriques soient égo (sic).

Le 20 mars 1792, une délibération est prise pour nommer des commissaires qui devront rechercher quels sont les biens des émigrés.

Le 10 juillet 1792, une délibération pour nommer un expert qui serait chargé de dresser un devis estimatif du presbytère, afin de forcer M. Charles-Olivier du Garspern ci-devant recteur, de le mettre en état de réparation : Guillaume Guilloux fut nommé expert. Notification de la dite délibération a été faite le 14 juillet à M. du Garspern, par le ministère de Louis Rolland, secrétaire greffier, parlant à une domestique de M. du Garspern, à la charge de lui donner avis ».

Le recteur constitutionnel de Plougonver, M. Le Béchec, s'avilit au point de contracter un mariage civil avec Isabeau Le Frout, et de ce contrat sacrilège et de nulle valeur, naquirent deux filles, dont la première était née avant le mariage.

La Justice divine ne tarda pas à frapper ce mauvais prêtre. Un jour quelques chouans, connus sous le nom de la bande Taupin, le surprirent dans un mauvais chemin appelé hent ar poull fank, auprès du bourg, et le fusillèrent sur le champ. A la même époque, peut-être le même jour, les mêmes chouans firent justice d'un autre malfaiteur redouté de tous et connu sous le nom de Flouriot Vras. Celui-ci, domicilié au bourg même, après s'être enrichi de biens nationaux, se faisait un plaisir de rechercher et de dénoncer les bons prêtres qui étaient restés au pays. La tradition dit même qu'il avait dressé ses chiens pour cette fin.

M. Diouron, entre autres, qui, au commencement de la période révolutionnaire, exerçait en cachette les saintes fonctions, n'avait pas d'ennemi plus redoutable que Flouriot Vras et sa meute. Dans la principale maison du village appelé Kergaër, on montre encore aujourd'hui une cachette derrière la boiserie de la chambre, où ce saint et courageux prêtre se reposait pendant le jour, et aussi l'emplacement de l'autel qui lui servait pour le saint Sacrifice. Heureusement la paroisse ne tarda pas à être délivrée de ce dénonciateur. Les soldats de Taupin arrivèrent à l'improviste et cernèrent la maison de Flouriot Vras. Celui-ci se voyant perdu, supplia, demanda grâce, promettant qu'il changerait de conduite ; pour toute réponse, on lui dit qu'il avait cinq minutes pour se préparer à la mort ; et ce temps expiré, il tomba sans vie sous les coups des chouans. La famille de ce triste et odieux personnage ne jouit pas longtemps des biens si injustement acquis. Comme il est arrivé à tous ceux qui ont profité des biens des émigrés et qui ont persécuté les ministres de l'église, ils tombèrent dans l'oubli et le mépris, et la malédiction de Dieu reposa sur leur tête et sembla les poursuivre partout.

M. Le Diouron fut nommé recteur de Plougonver après la Révolution, en 1804 ; il ne prêta pas serment et se retira à Jersey pendant quelque temps : nous avons tous vu sa tombe dans l'église de Plougonver.

Je ne veux pas finir l'histoire de Plougonver sans parler de M. Charles-M. Fercoq, né dans cette paroisse, et recteur de Plufur. Il refusa le serment et fut déporté, en vertu de la loi du 26 août 1792. Il fut embarqué sur les Deux Associés et détenu à Rochefort. Il mourut le 6 septembre 1794, à l'âge de 39 ans, et fut inhumé à l'île Madame.

 

TRÉGLAMUS.

Au commencement de la Révolution, M. Jean Loyer se trouvait recteur de Tréglamus, et M. François Le Guillerm en était le vicaire.

M. Yves Godest dut remplacer M. Jean Loyer. M. Godest prêta le serment demandé par les révolutionnaires et dut la vie à M. Pierre Taupin, intendant de Mgr. Le Mintier, évêque de Tréguier. M. Taupin venait de remporter un brillant avantage à Tréglamus et assistait paisiblement à la messe, lorsqu'un enfant vint l'avertir que l'ennemi approchait, c'était le 10 février 1799. M. Taupin voit les soldats s'apprêtant à fusiller un prêtre assermenté, qu'ils accusaient de les avoir trahis. Taupin reconnaît que c'est M. Godest, son ancien condisciple de classe ; immédiatement il le sauve de leurs mains, puis grimpe sur un mur pour observer l'ennemi. Au moment où sa tête dépassait la crête du mur, il reçoit une balle et meurt. La tradition a conservé le nom du meurtrier : il s'appelait Nicolas Le Guen.

M. Taupin fut enterré dans le cimetière de Tréglamus au bout de l'aile nord de l'église. Jusqu'en 1830, le recteur qu'il avait sauvé conduisit chaque année la procession du jour des Morts à la tombe de Taupin. M. Godest s'était retiré à Landebaëron, où il est mort.

J'aurais tort de passer sous silence le nom de M. Jean-Marie Jeannic, recteur de Saint-Vincent. M. Jeannic, au moment de la Révolution, s'était bâti une maison d'argile dans le village de la Boëssière, en Tréglamus, et c'est là qu'il est décédé. M. Jeannic était un oncle du père de M. Pastol, qui en a hérité.

Après la Révolution, M. Louis Guenveur, natif de Lanvellec, diocèse de Dol, fut nommé desservant de la paroisse de Tréglamus ; il y mourut le 5 juin 1805, et fut enterré le lendemain en présence de M. Robin, recteur de Gurunhuel, et de M. F.-M. Derrien, vicaire de Louargat.

M. Guenveur ne dut pas sans doute prêter serment, car nous voyons que le 30 mai 1799 il fut déporté et détenu dans la citadelle de Saint-Martin de Ré. M. Louis Guenveur eut pour successeur M. Corvez qui, pendant plusieurs années, fut recteur de Tréglamus, de Moustéru et de Coadout.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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