Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE TOUTES-AIDES DE DOULON

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Doulon   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La sainte chapelle de Toutes-Aides ne paraît dans aucun document avant l'année 1610. Mais, cette année-là, elle est reconstruite : c'est donc qu'elle était vieille déjà, car les anciens construisaient solidement. Et sa réfection est faite aux frais de la municipalité de Nantes, alors qu'elle se trouve sise sur la commune de Doulon : c'est donc qu'elle est fréquentée depuis longtemps par les Nantais et que ceux-ci y tiennent résolument. Enfin, le chemin qui conduit de Nantes vers Doulon porte le nom de chemin de Toutes-Aides dès cette époque : la vénérée chapelle imposait ce vocable de la route.

La légende

Tout ceci nous permet, en l'absence de parchemins, d'accepter ce que la légende nous a gardé, à savoir la fondation d'une chapelle en l'honneur de la Sainte-Vierge dès la fin du XIème siècle.

On sait qu'en 1087 notre duc Alain Fergent avait épousé, en première noce, la princesse Constance de Normandie, fille de Guillaume le Conquérant. Cette duchesse mourut prématurément dès l'an 1090. C'est à elle que les anciens attribuent la construction de la chapelle de Toutes-Aides, à la suite d'un vœu. Dans ces temps de demie barbarie, pillages, enlèvements, meurtres étaient fréquents, les forces policières étant absentes. Or donc, la princesse Constance, demeurée seule en son château voisin de Nantes, se vit un jour en grand danger ; elle implora la très sainte Vierge et promit de lui faire construire une chapelle, près de son logis, pour prix de sa délivrance. Elle fut exaucée ; elle accomplit son voeu, et c'est ainsi qu'une modeste chapelle s'éleva non loin du Petit-Blottereau.

La station

Dans les mêmes années, on l'a vu, une indulgence était accordée aux visiteurs de l'église de Doulon, le jeudi de Pâques, jour de la dédicace de cette église. Et, cent ans plus tard, une seconde duchesse Constance fondait une rente pour subvenir aux frais de la procession qui allait, en cette occasion, de Nantes à Doulon [Note : La seconde duchesse Constance, qui régna de 1171 à 1201, s'était mariée, en premières noces, avec Geoffroi, fils d'Henri II, roi d'Angleterre. De ce fait, ce Geoffroi fut duc de Bretagne depuis son mariage, en 1181, à sa mort, en 1186, Constance fut la mère de cet Arthur Ier de Bretagne, qui fut assassiné par ses oncles d'Angleterre en 1203, Richard Coeur-de-Lion et Jean-sans-Terre. Quelques-uns affirment que cette seconde Constance fit rebâtir la chapelle ruinée par les guerres. C'est possible, mais rien ne le prouve]. A mi-chemin, les pèlerins passaient près de la chapelle de la Vierge ; tout naturellement, ils s'y arrêtaient un instant. Le processionnal nantais de 1748 contient les hymnes et oraisons que l'on devait chanter lors de cette procession : en allant vers Doulon, les chantres faisaient entendre de multiples « répons ». En arrivant à la chapelle de Toutes-Aides, on interrompait cette série de « répons », pour y chanter le Regina coeli avec verset et oraison. Les « répons » étaient ensuite continués. Avant d'entrer dans le bourg de Doulon, une croix de pierre marquait l'endroit où l'on commençait les hymnes auxquels la foule pouvait prendre part. Dans le bourg même, c'était l'hymne « Iste confessor ». Et dans l'église, après une antienne à saint Médard, on célébrait la messe du jour ; en 1748, c'était la messe du mardi de la Pentecôte. Au retour, sans arrêt à la chapelle, on chantait une interminable litanie des saints, la foule des pèlerins répondant à chaque invocation, sans omettre la litanie du saint Nom de Jésus et celle de la Très Sainte Vierge. Si le mauvais temps empêchait de se rendre à Saint-Médard de Doulon, la procession allait simplement de la cathédrale à l'église des Minimes, les chants étant alors très raccourcis [Note : Le processionnal de 1748 fut imprimé, par ordre du Chapitre, chez Antoine Marie, Grande-Rue, Nantes].

Le nom de Notre-Dame de Toutes-Aides

La pieuse chapelle de Nantes-Doulon n'a pas porté son beau nom de « Toutes-Aides » dès le début. Jusqu'au XIIème siècle, en effet, de tels monuments étaient simplement appelés chapelle de la bonne Vierge, ou encore, si l'édifice était de grande importance, église de Notre-Dame.

Pour les distinguer les uns des autres, on ajouta bientôt à leur nom commun la désignation du lieu ; on eut alors la chapelle du bois, du mont, des champs, etc.

Plus tard, on spécifia le caractère spécial de la statue, ou le genre de grâces obtenues : on parla de Notre-Dame de Toutes-Grâces, de Bon-Secours, de Grand-Pouvoir...

Au début du XIIème siècle, saint Bernard mettait en relief le rôle de Médiatrice universelle qu'exerce Celle qui nous a donné le Sauveur ; elle est l'aqueduc, disait-il, par lequel nous vient tout bienfait du ciel, tout secours demandé. Aussi les chrétiens l'appellent-ils volontiers à leur aide en tous leurs besoins : « Virge Marie, aide nos ! » lit-on sur le socle d'une statue (XVIème siècle) de l'abbaye de Notre-Dame des Pierres, dans le diocèse de Bourges [Note : Cf. « Le culte de la Vierge en Berry », par Mgr Villepelet, p. 116 : la vénérable statue porte le titre de « Nostre-Dame des Aydes »]. On conçoit qu'on ait créé, dès lors, le titre de « Notre-Dame des Aydes », comme à Blois, ou, mieux encore, celui de « Notre-Dame de Toutes-Aides », comme à Nantes.

Doulon, d'ailleurs, ne fut pas seul à donner ce titre à la Vierge dans le diocèse de Nantes : l'hôpital Saint-Jean, à Nantes, une chapelle de frairie à Sévérac, la Chapelle-des-Marais en son début, portaient ce vocable. A Saint-Nazaire, près d'un cimetière, une chapelle de Toutes-Aides existe depuis 1659, qui a été restaurée en 1911.

Que la chapelle de Nantes-Doulon ait reçu son titre de Toutes-Aides assez tard, — probablement après les Croisades, — nous en avons la preuve dans le choix du jour de la fête patronale : c'est encore maintenant le 25 mars qu'est célébrée cette fête ; l'Annonciation était primitivement la grande fête de la Vierge, et tout sanctuaire qui lui était dédié fêtait ce jour-là sa céleste « Patronne ».

La réfection de 1610

On a signalé plus haut la réfection de la chapelle, qui fut faite en 1610. Etait maire de Nantes, alors, l'écuyer René Charette, sieur de la Bretonnière. A plusieurs reprises, des habitants de la ville de Nantes, spécialement ceux des faubourgs de Saint-Clément et de Richebourg, avaient signalé qu'il était « nécessaire de pourvoir à la réparation de la chapelle qui est à Toutes-Aides ». Dans sa séance du 12 août, le conseil municipal décida d'envoyer deux échevins et un architecte pour constater l'état du bâtiment.

Le 26 août suivant, les échevins, nommés Gauvain et des Champneufs Bourriais, font leur rapport, et le conseil ordonne « que la dite réfection se fera ». Réfection : ce sera donc plus qu'une réparation ; on approchera d'une reconstruction. A cet effet, on passe marché avec deux maçons, Philippe et François Le Porchets.

La nouvelle chapelle

De ce qu'était cette chapelle rénovée, nous pouvons avoir quelque idée : elle mesurait vingt-sept mètres de longueur, sept mètres de largeur, et six mètres de hauteur sous le lambris qui formait voûte en berceau continu. Trois autels la meublaient ; l'un, au fond, était celui de la Vierge, dont la statue occupait la niche creusée dans le mur ; les deux autres, très modestes, se faisaient face à l'entrée du sanctuaire.

A l'extérieur, la façade, surmontée d'un clocheton d'ardoises, offrait quelque prétention au style grec : la porte, nous dit l'abbé Rémaud en sa brochure, « formait un arc surbaissé avec pilastre et fronton en pierres de tuffeaux..., avec ressaut de chaque assise qu'encadrait une moulure en creux ». — (Cf. « Le pèlerinage de Notre-Dame de Toutes-Aides », brochure parue en 1896, page 43). Une porte latérale est demeurée jusqu'à nos jours ; son style corrobore ce qui a été dit de la grande porte.

La statue miraculeuse

Selon le goût des anciens, la petite chapelle était ornée de multiples statues dont les débris furent renfermés dans le tombeau de l'autel, en 1830. On les y découvrit en 1873 et l'on put reconnaître, parmi elles, celles des saints Donatien et Roga­tien, des évêques Félix et Similien, des martyrs Etienne et Marguerite.

Mais toutes ces images pâlissaient devant la statue en bois, de Notre-Dame de Toutes-Aides. Haute d'un mètre-vingt, couverte d'une polychromie moderne, cette statue n'est pas très ancienne : elle est du XVIIème siècle, de l'époque où l'on venait de rebâtir la chapelle, du temps aussi où Louis XIII consacrait son royaume à la Sainte Vierge (1638) et provoquait un renouveau de piété mariale. Droite, presque raide, elle s'appuie sur sa jambe gauche, le genou droit saillant sous la robe. Elle tient son Enfant, complètement dénudé, sur son bras gauche, sans marquer le déhanchement habituel au XVème siècle. L'Enfant, âgé de quelque dix mois, a les membres potelés et une chevelure frisée. La Mère, elle, est amplement vêtue d'une longue robe dorée, damassée de croisettes, qui retombe, en plis parallèles, jusque sur ses pieds. Elle est enveloppée dans un manteau bleu, orné de ramages, qui descend du cou jusqu'aux pieds, et dont un pan est relevé et retenu par la main droite. Lui aussi est plissé savamment et agréablement.

Mais c'est surtout la figure que le pèlerin regarde attentivement. Présentée de face, la figure de Notre-Dame est ici régulière et attrayante, le nez droit, la bouche petite et sérieuse, le regard plein de bonté maternelle. La tête fine est étoffée d'une abondante chevelure qui retombe sur chacune des épaules, en ondulations naturelles, laissant dégagé le cou un peu fort. Les bras, serrés dans leurs manches, s'occupent à soutenir l'Enfant et le manteau ; la seule main visible est délicate et s'appuie sur le pied gauche de l'Enfant. Celui-ci repose sa main gauche sur le bras maternel ; de son bras droit, il fait un geste incertain, et l'on aura quelque peine à y poser le sceptre au XIXème siècle.

Bien qu'elle ait été retouchée en 1874, cette vierge demeure d'une majesté vraiment royale : c'est la Reine-Mère, puissante et bonne à la fois.

Sauvée pendant la Révolution

On sait comment cette vénérable statue échappa aux iconoclastes révolutionnaires. Un témoin oculaire du fait l'a raconté au chanoine Cahour qui a mis son récit par écrit.

C'était en 1795, un dimanche soir, des soldats armés de haches et de fusils se présentèrent chez le sacristain nommé Neveu... Avec menaces, ils exigèrent qu'on leur donnât les clefs de la chapelle. Il fallut bien leur obéir. Ils entrèrent, dit le témoin qui était alors une petite fille, par la porte qui faisait presque face à notre demeure. Bientôt nous entendîmes des coups et un vacarme épouvantable venant de la chapelle. Mon père me dit (car le témoin était la fille du sacristain) : « Va donc voir, ma fille, car si j'y vais moi-même, ils me feront un mauvais parti. Mais ils ne se défieront pas de toi, et ne feront pas de mal à une enfant ».

J'obéis ; mais avant d'ouvrir la porte, je regardai par le trou de la serrure ; je revins, toute effrayée, dire à mon père que les Bleus avaient déjà brisé les deux petits autels, qu'ils s'attaquaient maintenant à la balustrade. « Mon Dieu, s'écria mon père, sauvez la chapelle et la statue ! ». Et il continua : « Ma fille, retourne à la grande porte pour voir ce qui se passe... ». J'obéis encore, et je vis qu'ils mettaient en pièces le grand autel et le tabernacle. Et quand ils eurent fini, ils regardèrent la statue et la menacèrent de leurs haches, blasphémant parce qu'ils ne pouvaient plus l'atteindre. ... L'un d'eux sortit alors, alla chercher une échelle, et quand il fut rentré, il l'appliqua le long du mur et y monta, en portant sa hache sur l'épaule... Mais à peine fut-il aux deux tiers des barreaux de l'échelle que celui, sur lequel il avait posé le pied, se brisa. Le Bleu tomba à la renverse avec sa hache et poussa un cri affreux... Ses camarades le transportèrent en notre maison et le mirent sur le lit de mon père. Le Bleu avait à la tête une forte blessure et ruisselait de sang...

L'ayant lavé et bandé, ils le transportèrent au bateau où ils montaient la garde (sur la Loire)... Quelques jours après, des voisins, revenant de la ville, rapportèrent que le blessé avait été conduit à l'hôpital et qu'il y était mort... On n'a plus revu ni Bleu, ni autre venir tenter d'achever cette besogne impie.

Le desservant

Comment fut desservie la chapelle de Toutes-Aides ? Les documents nous apprennent qu'elle eut son « chapelain » : M. Rémaud, dans son opuscule, écrit ceci : « Une vieille maison du XVème siècle, située sur la route de Doulon, un peu au-delà de la chapelle et du même côté, vis-à-vis le jardin du pensionnat des Frères (actuellement hôpital Broussais), porte encore le nom de Maison du Chapelain ?».Toutefois, rien ne nous fait connaître quand commença cette fonction de chapelain.

La confrérie

En 1639, donc l'année qui suivit la consécration de son royaume à la Très Sainte Vierge par le roi Louis XIII, une confrérie fut établie à Notre-Dame de Toutes-Aides. Or, au XVIIIème siècle, au temps où Louis de Saint-Florentin était ministre de Louis XV, le Chapelain de Toutes-Aides, ainsi que le prévôt et les membres de cette confrérie, demandaient à ce ministre des lettres patentes qui confirmeraient leur fondation. Le Chapelain était donc encore en exercice à cette époque (Cf. Archives d'Ille-et-Vilaine, I. G., 34).

La petite porte qui permet de passer de l'autel à la sacristie, est marquée du double sigle : J.H.S. — MA. D'aucuns y ont vu la marque spécifique des Minimes. Ces sigles, cependant, sont utilisés communément. Il est vrai que les Minimes, étant propriétaires de La Roche en Doulon, pouvaient venir à la chapelle et y dire la messe ; en reconnaissance, ils purent donner cette porte à Notre-Dame de Toutes-Aides [Note : Les Minimes, fondés par saint François de Paule, au XVème siècle, reçurent la chapelle de Richebourg, verbalement, du duc François II en 1488, et par une charte du roi Charles VIII en 1491. En attendant de s'y établir, ils avaient obtenu de la reine Anne de Bretagne, en 1498, un terrain sur la Fosse. Le duc de Mercœur leur y fit bâtir un couvent où ils entrèrent en 1604 : il en fut félicité publiquement, lors de ses funérailles, en 1602, par saint François de Sales en personne].

Au temps de la Révolution, des prêtres insermentés purent célébrer la messe en, cachette dans la chapelle de Toutes-Aides. Entre autres, on a conservé le nom de M. Julien Mitrecey, curé de Là Grolle en Vendée, et qui était caché chez M. Guesdon en Doulon ; il disait aussi la messe au Petit-Blottereau, à la Papotière, à la Bottière... C'est peut-être pour lui que les habitants du quartier osèrent demander, le 16 septembre 1798, ouverture de la chapelle et restitution des ornements sacerdotaux ; leur demande fut d'ailleurs repoussée.

Les Irlandais

Au début de ces mauvais jours, le service régulier de la chapelle avait pu être assuré par les prêtres irlandais, établis à Nantes depuis la fin du XVIème siècle. Ceux-ci, en effet, en leur qualité d'étrangers, n'étaient pas soumis à la loi du serment du 27 novembre 1790, serment schismatique qu'avaient dû refuser en conscience les prêtres fidèles, ce qui avait fait d'eux des hors-la-loi. Mais en janvier 1793, ces Irlandais durent déclarer, devant les Autorités, qu'ils formaient, au manoir de La Touche, une communauté de dix-sept prêtres ; illégalement, ils furent transférés, le 27 février, au monastère des Carmélites, près du château de Nantes, monastère où étaient entassés les prêtres réfractaires du diocèse de Nantes. Ils furent mis bientôt en demeure de regagner l'Irlande [Note : Au XVIème siècle, au temps de la persécution violente suscitée par la reine Elisabeth Ière, beaucoup de prêtres irlandais trouvèrent refuge à Nantes ; l'évêque leur offrit sa maison de campagne de La Touche, près du musée actuel de M. Dobrée ; ils y vécurent en communauté ; ils y organisèrent même un séminaire en 1678, séminaire que le roi Louis XV reconnut, par lettres patentes, en 1765 ; en cette année, on y comptait une cinquantaine de séminaristes. La chapelle du manoir, du XVème siècle, avait été dédiée par eux à saint Patrice ; la porte de cette chapelle, démolie en fin du XIXème siècle, a été adossée au manoir Jean V par les soins de M. l'architecte Féronnière].

L'utilisation paroissiale

La chapelle de Toutes-Aides, cependant, ne cessa jamais d'être une trève de la paroisse de Doulon. Le curé de Saint-Médard y disait souvent les messes demandées par ses paroissiens ; il y bénissait parfois des mariages. C'est ainsi que le 26 janvier 1745 y fut contracté le mariage de Michel Thibaudeau et de Marie Heurtin.

Il convient de citer, entre tous, le mariage de Paul Berthelot et de Prudence Bazillais, qui seraient les parents de cette Angélique Berthelot, Ursuline morte sur l'échaffaud, place du Bouffay, à Nantes, le 2 mars 1794. Voici le texte (partiel) de cet acte de mariage :

« Le 11 d'août 1744, ont été admis à la bénédiction nuptiale, dans la chapelle de Toutes-Aides, paroisse de Saint-Médard de Doulon, près Nantes,... par moy... messire Julien Baudry, recteur..., noble homme Paul Berthelot, fils majeur de feu noble homme Guillaume Berthelot et de feue demoiselle Elisabet Moisan … et demoiselle Prudence Bazillays du Grand-Clos, fille majeure de feu noble homme Joseph Bazillays, sieur du Grand-Clos, et de demoiselle Angélique Giqueaux, domicilière de la paroisse de Basse-Goulaine … Ont été présents et témoins ... Messire René Berthelot, prestre, chefcier de Notre-Dame de Nantes, demoiselles Marie et Jeanne Berthelot, soeurs de l'époux, et demoiselle Angélique Giqueau, mère de l'épousée, dames Prudence Giqueau, Françoise Giqueau, ses tantes, écuyer Joseph Julien Proust, conseiller du roy, maistre ordinaire dans la Chambre des Comptes de Bretagne ... » [Note : Angélique Berthelot, née en 1745, aînée de cinq enfants vivants, sera arrêtée le 18 janvier 1794, et condamnée comme insermentée — elle était Religieuse enseignante, — et pour avoir continué à porter son habit de Religieuse. Amenée à la prison du Bouffay le 1er mars, elle sera guillotinée le lendemain. La cause de sa béatification a été déposée en Cour de Rome].

Le rachat en 1797

Après l'orage révolutionnaire, un peu de calme se fit en France au début du Directoire : les lois de mort sont suspendues ; en juillet 1796, de vagues tractations existent, par l'intermédiaire de Cacault, entre Bonaparte et le pape Pie VI. En septembre, on dispense officiellement les prêtres de l'Ouest de la déclaration de fidélité aux lois de la République.

Les paroissiens de Doulon profitent de cette paix transitoire pour récupérer leur chapelle de Toutes-Aides. En 1797, le propriétaire légal du petit sanctuaire était M. Guillaume de Seigne, seigneur du Blottereau, soit qu'il l'eût acheté, soit plutôt qu'il eût fait valoir ses droits sur cette chapelle où il avait son banc seigneurial [Note : Le Blottereau avait été créé par les Sagne, directeurs des forges de Moisdon-la-Rivière, devenus plus tard les de Seigne. En 1762, ils firent reconstruire leur château par Ceineray ; Louis de Seigne y reçut le comte d'Artois, futur Charles X, en 1777. En 1823, le Blottereau fut vendu à M. Lauriston, petit-neveu de Law, et frère du maréchal de France, qui vécut à Nantes de 1813 à 1830. Le même avait pour maison de ville l'immeuble du Crédit-Nantais actuel, dans la rue Voltaire. — En 1835, M. Dobrée acheta le Blottereau, qui appartient aujourd'hui à la Ville de Nantes]. Le 24 juillet 1797, pour la somme de 400 livres, il céda la chapelle à cinq paroissiens : les trois frères Peignon, qui habitaient les Portes, la Gélinière et l'Epine ; un M. Audrain dont la famille s'unira aux Cottineau, et un autre qui n'a pas signé l'acte notarié [Note : Une demoiselle Cottineau donnera un jour le terrain nécessaire pour aménager une place devant l'église paroissiale].

Une nouvelle ère de persécution religieuse sévit en fin de 1797, après le coup d'Etat du 18 fructidor (4 septembre), qui dura jusqu'au 18 brumaire de l'an VIII (9 novembre 1799) où l'on eut le Consulat. Mais alors, la paix étant revenue, les fervents de Notre-Dame de Toutes-Aides laissèrent éclater leur joie. Ce fut l'incroyable fête de Noël 1799.

Noël 1799

L'idée fut émise de faire célébrer une messe, le 25 décembre, dans la chapelle relativement isolée de Toutes-Aides ; l'idée fit son chemin en quelques jours, tant on avait soif des anciennes splendeurs religieuses.

La fille du sacristain Neveu voulut bien, étant devenue vieille, faire le récit de cette fête improvisée : « Il y avait tant de monde, dit-elle, qu'il remplissait non seulement ... la chapelle, mais encore tout le terrain qui l'environnait, ainsi que les chemins avoisinants et le village tout entier … Tous suivaient les mouvements .... qui marquaient les différentes parties de la messe. Un silence ... profond régnait dans l'assemblée. Il n'y avait point de chants, mais les larmes ..., les voix qui murmuraient les prières ».

A partir de ce moment, la messe fut dite régulièrement dans la chapelle. Le pieux pèlerinage fut repris. On pouvait tout espérer, la paix concordataire ayant été conclue en 1802.

Hélas ! de mesquines rivalités locales se firent bientôt jour : les concurrences commerciales intervinrent ; il y eut des troubles ; la Préfecture, dès 1803, fit fermer la chapelle. Celle-ci fut louée à des industriels qui en firent un dépôt d'objets de toute nature : Notre-Dame, en pleine paix, voyait l'abomination dans son sanctuaire.

Réouverture

L'Empire passa ; la Restauration elle-même s'écoula sans que le culte de la Vierge reparut à Toutes-Aides. Noblement pourtant, les curés successifs de Doulon faisaient effort pour reprendre l'usage de la pauvre chapelle. L'un d'eux, M. Cormerais, après cinq années de lutte, parvint enfin au but : la Préfecture, en 1830, autorisa l'ouverture du vénéré sanctuaire, et Mgr de Guérines, évêque de Nantes, y fit faire les aménagements indispensables pour la reprise du culte.

Le 21 mars 1830, Mgr de Guérines dépêcha trois membres éminents de sa curie épiscopale pour bénir le sanctuaire avant la fête patronale du 25 mars : c'était M. René Réveillé de Beauregard, vicaire général, M. Pierre Delamarre, doyen du Chapitre, et M. Charles Gély, maître des cérémonies depuis 1813.

Durant ces jours d'affliction, la chapelle avait été démunie de son mobilier, sauf de sa chère statue. Il fallut se contenter d'abord de meubles provisoires. Mais dès l'an 1837, un nouveau curé, M. Lelasseur, fit sculpter et placer un nouvel autel de marbre blanc, celui que l'on voit encore : un peu froid, selon les goûts classiques du temps, il forme le tombeau traditionnel et est orné du monogramme de l'Ave Maria au tracé très romantique. Le tabernacle, enrichi de mosaïques, a été renouvelé en 1908, à l'occasion du 25ème anniversaire du couronnement de la Vierge.

La chapelle

Un dessin de Félix Benoist nous a conservé l'aspect intérieur de la chapelle, tel qu'on le voyait vers 1850 : le vaisseau rectangulaire est pavé de larges pierres ; les murs, couverts d'un crépi, simulent les pierres de taille ; la voûte en berceau est faite de lattes de bois ; une chaire très haute, huchée sur une colonne et coiffée d'un dais à ailerons s'appuie au mur du sud. Quelques fenêtres éclairent la nef, au nord et au sud ; des tableaux du chemin de la croix ornent la nudité des murailles.

En avant du choeur, un arc triomphal s'élève sur des piliers classiques ; il est orné de caissons ; une grille forme appui pour la communion. Et au fond, c'est l'autel, d'allure classique aussi ; un rétable en bois remplit le vide entre l'autel et la niche de la Vierge et offre à celle-ci un léger soubassement. La niche même est entourée d'un cadre de bois aux lignes géométriques, dans le style Louis-Philippe. Banderoles et guirlandes, enfin, surmontent le tout, selon le goût du temps.

Les interventions

Les grâces obtenues par l'intercession de Notre-Dame de Toutes-Aides ne se comptent plus depuis longtemps ; les ex-voto qui tapissent les murs de la chapelle en sont les meilleurs témoins.

Au surplus, M. Rémaud, dans son opuscule sur Toutes-Aides, rappellent quelques interventions plus marquées de la Vierge. Un prêtre nantais, entré aux Missions Etrangères en 1843, échappa, au Tong-King, au danger d'un affreux martyre, grâce au courage d'une vaillante chrétienne, et après avoir imploré Notre-Dame de Toutes-Aides. Un tableau envoyé par lui témoignait de sa délivrance.

Un enfant de Doulon, Louis Belteau, devenu prêtre en 1851, échappa à la noyade, à Pornic où il était vicaire, en invoquant Notre-Dame : il vint en porter témoignage avant de partir aux missions maristes d'Océanie, en 1860.

Le plus illustre des bienfaits accordés par la Bonne Mère semble bien être le sauvetage de sept marins de Rezé. En 1832, un capitaine de la Haute-Ile, en Trentemoult, voyant, au cours d'une tempête, son navire « La Rusée » qui allait se briser sur un récif, propose à ses hommes de se recommander à Notre-Dame de Toutes-Aides ; c'est aussitôt chose faite : tous iront en silence, pieds nus, en simple caleçon et un cierge à la main, entendre une messe d'action de grâce à Toutes-Aides, s'ils échappent au naufrage. « A peine ce vœu est-il formé que le navire, emporté subitement dans une autre direction, se trouve hors de tout péril ... ». Ils accomplirent leur voeu, et suspendirent à la voûte un petit navire, en souvenir et en témoignage du miracle opéré en leur faveur.

Une vieille femme de la rue des Capucins, près de la Fosse à Nantes, avait l'habitude de venir à Toutes-Aides, chaque année, le 25 mars. Une année, elle se vit toute percluse, ne marchant plus qu'avec des béquilles. Elle voulut néanmoins faire son pèlerinage. Partie dès six heures du matin, elle n'arriva au but qu'à quatre heures du soir. « A la porte de la chapelle, ... elle s'écrie : Bonne Mère..., venez-moi en aide ! Et au même instant ses jambes reprennent une vigueur qu'elle ne connaissaient plus depuis longtemps. Reconnaissante, … elle dépose elle-même ses béquilles le long du mur du sanctuaire ... Puis elle revient lestement chez elle ».

En 1874, une dame Belliard avait son enfant atteint de méningite ; il semblait n'y avoir plus aucun espoir. La mère apporte son enfant à la chapelle et s'y adresse à la Sainte Vierge, puis s'en retourne, toute soumise à la volonté de Dieu. « Deux jours après, l'enfant était complètement guéri ... L'enfant succomba dix-huit mois plus tard, mais de la variole ». (J.-B. RUSSON).

 © Copyright - Tous droits réservés.