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L'EGLISE DE DOULON

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L'ÉGLISE-MÈRE

La paroisse de Doulon-la-romaine compte assurément parmi les lieux de culte les plus anciens dans les terres qui entourent la ville de Nantes. M. Léon Maître, au début du XXème siècle, ayant prospecté minutieusement l'église actuelle et ses alentours, y a reconnu l'art carolingien que l'on constate au baptistère de Poitiers, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, à Germigny et ailleurs [Note : Cf. Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, 1904, p. 234 et sq. — Cf. ibidem les pages 226 et sq. pour la fondation de l'abbaye de Saint-Médard].

Le culte de saint Médard

Le même auteur nous explique logiquement l'origine de ce lieu de culte : pour affermir l'influence de l'Ile-de-France sur les provinces conquises par lui, Charlemagne, en la fin du VIIIème siècle, multipliait les monastères bénédictins dépendant de la puissante abbaye de Saint-Médard de Soissons. Parmi ces filiales, on comptait « l'abbaye des saints martyrs Donatien et Rogatien », gardienne du tombeau des deux « Enfants-Nantais » [Note : Cf. charte du roi Eudes, de l'an 893]. Dans le principe, le futur empereur avait prévu, pour le pays nantais, une abbaye de soixante-dix moines. Mais, dès l'an 824, le pape Eugène II ramena ce nombre à trente seulement.

Le même pape déclare que la fondation nantaise a été faite « en l'honneur de saint Médard ». Pourquoi ? Parce que les Religieux, venus de Soissons, s'efforçaient d'implanter à Saint-Donatien le culte de leur fondateur, saint Médard, quitte à faire disparaître celui des deux martyrs nantais. Ne réussissant pas dans leur projet, ils essaimèrent « sur le territoire voisin portant le nom de Doulon » ; ce nouveau monastère fut voué à saint Médard, « vocable que Doulon n'a jamais cessé de porter », nous dit Léon Maître [Note : Sur ce déplacement des moines de Soissons, voir l'ouvrage de M. Russon: « La Passion des Enfants-Nantais », page 30 et suiv.].

La première abbaye Voici donc Doulon, dès le IXème siècle, pourvu d'un monastère bénédictin. Celui-ci allait enrichir encore cette agglomération gallo-romaine ; qui se paraît, à cette époque, de ses villas, de ses bains, de ses portiques, de ses tombeaux aussi : on y a découvert en 1903, les vestiges de murailles romaines, empâtées de ciment rouge posé au fer, recouvertes de moellons de granit avec rangées de briques plates, et posées sur des fondations à retraits successifs, comme ceux qui soutenaient l'enceinte gallo-romaine dans la rue Garde-Dieu à Nantes. Pendant leur longue occupation de la Gaule, les Romains avaient établi là une station de séjour, comme ils en avaient posé à Mauves, à Oudon, à Montrelais, et ailleurs.

L'église carolingienne

Les bâtiments claustraux furent construits, naturellement, à la manière de ceux que les moines avaient sous les yeux, donc à la romaine, comme ceux de la chapelle Saint-Etienne, dans le cimetière de Saint-Donatien. Une église aussi fut construite, laquelle, par chance inouïe, est demeurée jusqu'à nos jours : c'est l'église paroissiale actuelle. On a très heureusement décapé le mur du chevet de sa gaine de crépi ; on y peut voir de beaux arcs de plein cintre où les claveaux de pierre blanche alternent avec des briques rouges, comme dans l'abbatiale carolingienne de Saint-Philbert de Grand-Lieu. Les moellons carrés de granit y sont stabilisés par les rangées horizontales de briques rouges, comme dans la vieille muraille d'enceinte qui avoisine la cathédrale de Nantes. Des triangles, en briques aussi, décorent le mur, comme à Saint-Généroux en Poitou... Si l'on décapait les murs latéraux, qui sait si l'appareil gallo-romain, employé jusqu'au Xème siècle, n'apparaîtrait pas aussi ?

Le monument forme un rectangle de vingt mètres sur douze ; il est à chevet plat : au temps de l'art roman, on n'eût pas manqué de tracer là une abside semi-circulaire, comme on l'a fait à Saint-Jacques de Nantes. Nous avons donc là un édifice plus que millénaire : il compte actuellement onze siècles.

La silhouette extérieure de l'église n'indique plus, depuis le XVème siècle, sa vénérable antiquité : la toiture de tuiles à rebord, de couleur chaude, fut alors remplacée par le toit aigu, couvert d'ardoises, que l'on voit encore ; les murs latéraux furent diminués de hauteur et étayés de lourds contreforts. Et surtout, au XIXème siècle, sous le pastorat de M. Héry, l'on s'avisa de masquer la façade par un épais clocher coiffé d'une flèche à quatre rampants : c'était défigurer le monument carolingien.

Les Normands

Le monastère de Saint-Médard de Doulon semble avoir échappé aux déprédations des Normands, de l'an 843, où périt l'évêque saint Gohard, jusqu'au premier tiers du Xème siècle, Mais, à partir de l'an 919, les barbares sont installés dans l'île de Bièce : la ville de Nantes et tous ses environs sont pillés, brûlés, à demi détruits ; l'évêque Adalbert doit s'enfuir avec son Chapitre ; les moines emportent leurs reliques jusqu'en Bourgogne. Il est probable que les Bénédictins de Doulon durent se retirer aussi, car le valeureux Alain Barbe-Torte, après ses victoires, trouva Doulon vide de ses habitants.

Alain Barbe-Torte

On sait que le duc Alain délivra la ville de Nantes en l'an 936. Trois ans plus tard, sur les rives du Couësnon, il remporta sur les Normands une victoire décisive qui libéra la Bretagne des pillards du nord. Mais il restait à réparer les dévastations commises depuis près d'un siècle. La Chronique de Nantes, document des environs de 1050, nous dit ceci de la cathédrale : quand le duc et ses guerriers voulurent y pénétrer, ils durent se frayer un chemin, à l'aide de leurs épées, à travers les ronces et les herbes folles qui encombraient le cimetière. Et quand ils virent le délabrement, à l'intérieur, se souvenant des richesses dont saint Félix avait orné sa cathédrale, ils ne purent s'empêcher de pleurer.

On se mit à l'oeuvre pourtant. Et, entre autres choses, Alain résolut de repeupler les monastères. Or, au cours de ses années de batailles, il avait reçu de l'aide spécialement du fameux Abbé Jean de Landévennec, réfugié, avec ses moines, à Montreuil, en Artois. Il lui demanda de faire revivre la maison de Saint-Guénolé de Batz en 945, et celle de Saint-Médard de Doulon avant 952. Le cartulaire de Landévennec précise qu'à cette époque le monastère de Doulon étendait son influence sur un territoire de quatre mille en longueur, de deux mille en largeur : ce furent les dimensions de la paroisse jusqu'en 1873.

La seconde abbaye

Cette seconde famille bénédictine allait maintenir le culte à Doulon pendant un siècle et demi. Mais, au début du XIIème siècle, vers l'an 1101, ils furent remplacés par des chanoines de Saint-Augustin. Un manuscrit de l'Abbaye de Marmoutier nous en donne la raison [Note : La charte de Marmoutier, de l'an 1105, se trouve dans les « Preuves » de dom Morice, tome I, col. 509].

Aux Xème et XIème siècles, — deux siècles de fer, — des familles se passaient, par héritage, les biens ecclésiastiques ; un de leurs membres entrait dans la cléricature pour les gérer ; on en vint même à ce que des laïcs en furent les possesseurs, quitte pour eux à faire faire les fonctions du culte par un « vicaire » de leur choix.

Les Augustins

Ce fut le cas pour Doulon où un certain Harscouet de Saint-Pierre [Note : Léon Maître pense que cet Harscouet était de Port-Saint-Père, et qu'il appartenait à la famille des sires de Retz] possédait l'église, le cimetière, et percevait le tiers des dîmes. Cette intrusion laïque avait dû obliger les Religieux à se retirer. Cependant, l'usurpateur, pris de repentir, remit le tout à l'évêque de Nantes, Benoît de Cornouailles, en le priant d'établir à Doulon des chanoines réguliers de Saint-Augustin. L'évêque acquiesça bien volontiers. En l'an 1106, il voulut même reconnaître solennellement cet établissement lors d'une réunion de nombreux évêques en l'église Saint-Laurent, près de sa cathédrale, et il accorda « la rémission de la septième partie de leurs pénitences à ceux qui, s'étant confessés, visiteraient l'église Saint-Médard au jour anniversaire de sa dédicace », c'est-à-dire le jeudi de Pâques.

Le pèlerinage annuel

Cet octroi d'indulgences allait provoquer le pèlerinage annuel du Chapitre, du clergé et de la population nantaise à Saint-Médard de Doulon. Une duchesse de Bretagne, Constance II, fit don d'une rente pour subvenir aux frais du déplacement, vers la fin du XIIème siècle.

Plus tard, la date du pèlerinage fut changée : on la transporta au mardi de la Pentecôte, jour ordinairement assez proche de la fête de saint Médard.

Disparition des Augustins

Quelque solennelle que fût l'installation des chanoines de Saint-Augustin, leur fondation ne tint pas. L'évêque Benoît, voyant ces Religieux se relâcher dans l'observance canonicale, leur retira l'église de Doulon pour la donner de nouveau aux Bénédictins. Il s'adressa, dans ce but, à l'abbaye de Marmoutier de Tours.

Peut-être au fond du cœur, l'évêque, ancien moine bénédictin de Landévennec, Abbé de Sainte-Croix, de Quimperlé, était-il secrètement heureux de voir revenir à son Ordre une église fondée par les siens.

Par délicatesse, cependant, il permit aux Augustins de demeurer à Saint-Médard, à condition de n'y pas faire de recrues ; ainsi s'éteindraient-ils peu à peu et sans bruit.

La troisième abbaye

L'installation des moines de Marmoutier à Saint-Médard de Doulon fut confirmée par une charte de l'évêque Brice, successeur de Benoit. Le 20 mars de l'an 1115, sous le règne du roi Louis VI le Gros, tandis que la Bretagne avait pour ducs Alain Fergent et son fils Conan III, à la demande de Guillaume, Abbé de Marmoutier, il confirma les donations faites par ses prédécesseurs ; dans la liste, il nomme Saint-Médard de Doulon.

Bientôt, ce fut le roi en personne, Louis VI le Gros qui intervint dans le même sens, à la prière de Brice, lequel, malgré son grand âge, était allé le trouver. De son château de Lorris, dans l'Orléanais, il écrivit, en 1123, une charte précieuse où il prenait sous sa protection les biens de l'église de Nantes, ceux-ci étant alors trop souvent pillés, vendus, anéantis par les seigneurs du pays. Parmi ces biens ecclésiastiques, il nomme Doulon qu'il appelle, en latin, Dolonella.

Le clergé séculier

L'Abbaye de Marmoutier semble avoir tenu l'église Saint-Médard jusqu'au XVIIème siècle. On donne habituellement l'an 1612 comme date de la prise de possession de cette église par le clergé séculier. Ce qui est certain, c'est que, si l'on excepte un François Papin qui y fut curé ou prieur de 1592 à 1597, la liste des curés connus commence en l'an 1611, où fut recteur André Raimbaud. La liste est régulière, ensuite, jusqu'à nos jours.

Il y eut cependant l'interruption causée par la Révolution : Jean-Baptiste Laisné, nommé curé en 1789, s'y maintint tout d'abord, bien qu'insermenté. La paroisse étant légalement supprimée, on n'y vit aucun intrus. Mais M. Laisné fut pourtant déporté en Espagne en septembre 1792. Il en revint vers 1800, puisqu'il fut arrêté, au Pin, le 29 janvier 1801. Il fut maintenu curé de Doulon en 1803 et y mourut en 1814.

La paroisse, supprimée et rattachée à Sainte-Luce en 1814, fut ressuscitée dès 1817. Elle n'a fait que grandir depuis cette date. (J.-B. RUSSON).

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