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LE CHAPITRE DE DOL : trésorerie, droits et prérogatives, suppression.

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TRÉSORERIE DU CHAPITRE. - CLOITRE DE LA CATHÉDRALE.

Dans toute la longueur du collége actuel (ancien palais épiscopal), il existe une rue transversale, naguère plantée de deux rangées d'arbres, mais dont le sol a été sensiblement abaissé, il y a quatre ans (février 1854). Ce passage peu ancien s'appelle habituellement la Trésorerie. Cette dénomination, qui doit être maintenue ; rappelle l'existence du trésorier du chapitre de la Cathédrale, titre auquel était attachée la jouissance de la maison prébendale, qui fait l'angle de la Trésorerie et de la rue Ceinte ou du Cloître, laquelle maison, vendue nationalement, en 1791, à un avocat, Lemonnier de Pontbaudry, est depuis passée par plusieurs mains qu'il n'importe à désigner.

Du côté du Midi, la Trésorerie se prolonge jusque dans la Grand'Rue, par le moyen de l'ancienne petite rue de la Licorne, qui forme un coude très prononcé. — A propos, que veut dire ici ce nom de Licorne ? — Je n'en sais vraiment rien, à moins de supposer cependant qu'il existe quelque rapport de parenté entre ce mot et le terme injurieux dont les gens mal élevés se servent pour désigner les maris malheureux. Du reste : Philologi certant et adhuc sub judice lis est.

Du côté du Nord, la Trésorerie aboutit-au grand porche de la Cathédrale, construction remarquable, dont nous avons parlé ci-dessus.

De la Trésorerie, on descend à gauche sur la place Saint-Samson ou de la Cathédrale, que le chapitre fit planter en 1786. Pendant la république de 1793 ; elle porta le nom de place Brutus. A l'Est, cette place est limitée par les deux maîtresses tours de l'église Saint-Samson, dont il a déjà été question.

Faisant le tour de la basilique, nous rencontrons, ou plutôt nous nous imaginons rencontrer un vallon solitaire qui jadis servait aux sépultures de la paroisse du Crucifix, desservie dans la Cathédrale et au bas du chœur de cette église. Il a été comblé en 1854. Continuant notre religieuse pérégrination, nous contournons l'abside, et nous arrivons bientôt à l'entrée de la rue Ceinte, dont l'existence paraît remonter avant le neuvième siècle. Son nom vient de ce qu'elle était fermée (cincta) de portes à ses deux extrémités, ainsi qu'on en peut juger encore aujourd'hui par des restes de rainures qui sont à l'entrée de la rue, auprès de la maison actuelle du sacristain.

Il y a quinze ans, on voyait encore, auprès du jardin de l'ancienne Psalette, deux colonnes de granit, regardées comme romaines (une de chaque côté de la rue), et qui autrefois avaient, vraisemblablement, servi à tenir les portes à cette extrémité [Note : A la page 251 du nouveau Dictionnaire de Bretagne (1843), dans les annotations sur l'article Dol, on lit : « Près de la Cathédrale, à remplacement d'une des anciennes portes de ville, on voit incrustées dans un mur deux colonnes de granit que M. de Caumont a regardées comme appartenant à l'époque romaine ». Les colonnes prétenduement romaines ont disparu. Quant à remplacement dont parle M. Martcville, éditeur du nouveau Dictionnaire de Bretagne, ce n'était point celui d'une porte de la ville ; car la rue Ceinte était au centre même de la ville. Mais M. Marteville, de même que M. de Caumont, ignoraient parfaitement quelle avait été l'ancienne destination de la rue Ceinte, et le défaut de connaissance de l'histoire locale leur a fait commettre la méprise que nous rectifions ici]. L'auteur du Panorama d’un Beau Pays, M. Bertrand Robidou, en parlait en 1853, comme si elles avaient encore existé. Mais c'est une erreur, car elles ont été enlevées par les propriétaires. C'est ainsi que toutes choses disparaissent, et il ne reste plus qu'à dire : Evanuerunt, elles ont existé.

Le concile de Tours de l'an 812 avait ordonné aux évêques, par son canon vingt-troisième, de renfermer dans des lieux cloîtrés les chanoines et les clercs de leurs églises cathédrales : tous devaient coucher dans un même dortoir, prendre leurs repas dans un même réfectoire.

On ne peut douter que ce règlement n'ait été mis à exécution en Bretagne et n'ait donné naissance, à Dol, en particulier, à l'usage de fermer de portes la rue où demeurait le clergé de la Cathédrale. C'était un moyen de prévenir les écarts et le relâchement.

Dans un règlement rédigé en 1265, par Etienne, évêque de Dol, il y a un article où il est question du Cloître, dénomination qui ne peut s'appliquer qu'à la rue Ceinte. Du reste, voici ce curieux passage, qui est resté, jusqu'ici, inédit : « ..... Prætereà statuimus ut quilibet FIMUM de domo suâ ejectum et positum IN CLAUSTRO NOSTRO, infrà octo dies post ejectionem in CLAUSTRO non dimittat, sed extrà CLAUSTRUM tum vel citiùs faciat exportari, ne per moram FIMORUM CLAUSTRUM nostrum dehonestari contingeret ».

Comme il est facile de s'en convaincre, par la lecture de l'extrait ci-dessus, il y a bien des siècles que l'enlèvement des boues est réglémenté à Dol, car le règlement relatif à la rue Ceinte s'étendait, sans doute, aux autres rues de la ville.

Plus tard, au dix-septième siècle, le répurgateur ordinaire de la communauté était chargé d'enlever les boues de la rue Ceinte, qui est spécialement désignée dans les baux d'adjudication. Cette circonstance fait bien voir que cette charge n'avait pas toujours incombé au répurgateur de la communauté, et aussi qu'au dix-septième siècle, et peut-être bien avant, il n'existait plus de portes intérieures à la rue Ceinte.

C'est donc faute d'avoir connu ces détails, que, dans une note sur l'abbé Deric, on a dit que, de son temps, c'est-à-dire à la fin du dix-huitième siècle, la rue Ceinte était fermée « par une porte à chacune de ses extrémités » (Deric, Histoire Ecclésiastique de Bretagne, 1847, t. premier, introduction, page ..). D'ailleurs, pour se convaincre que je ne parle pas ici inconsidérément et sans logique, il suffira d'ouvrir l'Histoire Ecclésiastique de Bretagne, où l'auteur écrivait en 1788, page 624 : « La rue des chanoines de cette Eglise (c'est-à-dire de l'Eglise de Dol) retient le nom de rue Ceinte, parce que ses deux extrémités ont été fermées par des portes » (Ibidem, t. 2, p. 624).

Ainsi que le fait observer l'abbé Deric, la rue Ceinte était la rue des chanoines de la Cathédrale ; néanmoins, au dernier siècle, quelques familles bourgeoises ou d'extraction noble y avaient fait élection de domicile, comme le prouvent, du reste, les registres de la paroisse du Crucifix. Ainsi, en 1774 et années précédentes, nous y voyons séjourner notre grand-oncle, maître Jean-Laurent Bidan, procureur de la juridiction du vénérable chapitre et miseur de la communauté de ville.

On appelait rue de la Poissonnerie [Note : Pendant la république de 1793, cette rue portait le nom de rue des Sans-Culottes, dénomination la plus bêtement stupide qu'il soit possible d'inventer] la rue qui descend depuis la maison du grand Chantre jusqu'à celle de la Grabotays ou du Porche-au-Pain [Note : Sous le porche de cette maison, on vendait de petits pains de Saint-Petreux el autres menus comestibles]. C'était à l'emport de cette maison, du côté de la Grand'-Rue, que s'étendait la Cohue au Poisson, jusqu'à un puits qui existe encore aujourd'hui, vis-à-vis la maison du Mortier-d'Or.

C'était dans la rue Ceinte, à la troisième maison qui fait suite à la Psalette [Note : La Psalette, du latin psallere, chanter, était un établissement à la charge du chapitre de la Cathédrale, et où les enfants de chœur étaient nourris et élevés. Cette maison ecclésiastique, située au haut de la rue Ceinte, au Midi, fut acquise nationalement, en 1791, par Gilles-Jean Macé, secrétaire du district de Dol, pour la somme de 2.400 livres. Elle appartient à cette heure à la veuve et aux enfants d'Alcide-Aurèle Macé, son fils, décédé maire de Dol en décembre 1852], que demeurait le savant abbé Gilles Deric, vicaire général du diocèse de Dol, chanoine de la Cathédrale, principal du collége de cette ville, auteur enfin de l'Histoire Ecclésiastique de Bretagne.

Au moment de la révolution, le grand chantre de la Cathédrale habitait la maison prébendale qui fait le rond-point, au haut de la rue Ceinte, vis-à-vis le jardin de la Psalette [Note : Très-anciennement, une rue dite de Malestroit commençait auprès et au-dessous de la maison du grand Chantre et allait, obliquement à la Grand'-Rue, rejoindre la rue qui, aujourd'hui encore, conserve le nom de rue Etroite. Alors cette dernière rue ne communiquait pas directement avec la Grand'-Rue. Pour arriver au bourg de Notre-Dame, il fallait aller retrouver la rue de Malestroit, ou passer par les petites ruelles qui communiquaient de la Grand'-Rue à la rue des Vieilles-Halles ou des Bas-Celliers, et dont quelques-unes existent encore aujourd'hui]. Cette maison appartient en 1858 à M. L’abbé Alexandre Hamelin, qui l'a recueillie de la succession de son père François-Pierre-Jean Hamelin, lequel l'avait lui-même acquise du citoyen Jean-Charles Tallon, ancien président du comité révolutionnaire de Dol, acquéreur national.

Si l’espace nous le permettait, que de faits nouveaux nous aurions à produire sur cette rue Ceinte, que de révélations sur ses habitants d'autrefois ! Mais le temps presse : la feuille est remplie ; terminons !

 

DROITS ET PRÉROGATIVES DU CHAPITRE.

Le chapitre épiscopal de Dol était fort riche, et même le plus riche de Bretagne, après ceux de Nantes et de Saint-Malo. Seule, la manse capitulaire se montait à près de 40.000 livres. Chaque prébende avait en outre ses revenus particuliers. Fondateur et patron de la paroisse de Saints, il (le chapitre) nommait le desservant et y faisait « la Visitation, » sans que la « dicte parroisse et église de Sainct relève et tienne en rien du seigneur évêque de Dol ». Il y avait, sur le bord des étangs, « droit de gibet et justice patibulaire à irois post », et au bourg dudit Saints, comme dans la rue Ceinte, à Dol, « prisons, cep et collier » pour l'exercice de sa juridiction. Dans la paroisse Notre-Dame de Dol, dont il nommait le recteur, ainsi qu'à Baguer-Morvan et ailleurs, il possédait deux bailliages, « l'un d'iceux nommé le Bailliage de la Lavandrie, et l'autre le Bailliage de Pont-Limier ». Dans le marais, il était propriétaire de plusieurs importantes métairies, dont les revenus, combinés avec ceux plus haut mentionnés, formaient, pour Dol, un avantage immense, avantage qu'il ne possède plus aujourd'hui, que les plus riches fermes de nos marais sont entre les mains d'étrangers qui vivent loin de notre pays.

Outre les droits dont déjà il a été question, le chapitre avait les droits de Chape, du Loo et du Dousillage. Par ce dernier droit, chaque cabaretier de Dol devait au chapitre, le jour de la foire Saint-Samson, quatre deniers, monnaie du temps. Au premier abord, la redevance paraît fort minime, mais le tout réuni devait former une Somme assez rondelette. En effet, on apprend par le Livre Rouge du chapitre, qu'au quinzième siècle, sur une population de 2.000 âmes peut-être, il y avait à Dol (qui l'eût cru ?) cinquante cabarets ! Eh ! qu'en concluez-vous ? me dit quelque ami de ces lieux de rafraîchissement. Mais, une chose toute simple. C'est que, de tout temps, on a bu à Dol d'une manière vraiment intrépide, et que les Dolois du quinzième siècle n'étaient pas plus ennemis des cabarets que ne le sont ceux du dix-neuvième. — Après tout, jadis on disait les buveurs d'Auxerre, pourquoi ne dirait-on pas les buveurs de Dol ? Cette dénomination me semblerait d'autant moins irrationnelle que, magistrats et sujets, administrateurs et administrés, tout le monde se grisait. Je retrouve, en effet, une lettre de M. Léon de Treverret, sénéchal de Rennes, adressée à l'intendant de Bretagne, pour une contestation relative à la communauté de Dol, et dans laquelle il se lit que le maire, Jean-Gervais Lepoitevin, a pour habitude de « s'enivrer aux Etats », que « c'est un yvrogne dont les cabateurs disposent à leur gré ».

Peut-être, sous l'influence de cette opulente richesse, le chapitre de Dol avait perdu de l'austérité des anciens, jours. Du moins, de vagues traditions contemporaines nous le représentent comme fort répandu dans le monde et mêlé aux plaisirs et aux dissipations du siècle, auquel il avait dû dire un adieu éternel ..... Faisons observer, toutefois, que l'historien sérieux doit se défier beaucoup de tous ces bavardages de localité, le plus souvent calomnieux, et qu'il ne doit les accueillir qu'avec une extrême réserve, lors même qu'ils ont pris corps dans un livre. Du reste, voici quelle fut la fin du chapitre de Dol.

 

SUPPRESSION DU CHAPITRE DE DOL.

Comme toutes les autres corporations ecclésiastiques, le chapitre épiscopal de Dol fut supprimé par le décret de l'Assemblée constituante du 12 juillet 1790. Le directoire du district fut chargé d'exécuter cette mesure, dont nous avons eu le procès-verbal original entre les mains. Il débute en ces termes :

Du 19 novembre 1790.

« Nous THOMAS-JACQUES CORBINAIS, Jean-Joseph Hebert et Mathurin-Julien Garnier, administrateurs composant le directoire du district de Dol, déférant au réquisitoire de François-Louis Gaultier, procureur-syndic, du matin de ce jour, sur l'exécution de l'art. 20 du décret du 12 juillet 1790, publié en cette ville le 17 octobre dernier, certifions nous être, ce jour dix-neuf novembre mil sept cent quatre-vingt-dix, transporté du lieu de nos séances, en compagnie dudit procureur-syndic et de notre secrétaire-greffier, jusqu'à l'ancienne cathédrale de cette ville, à l'effet d'y rapporter état et inventaire des choses, titres et objets à l'usage des ci-devant chanoines et leurs officiers, même d'apposer partout où besoin sera le sceau de ce district, et finalement, de donner au procureur-syndic tels apurements qu'il requerera et qui conviendront, où étant arrivés aux trois heures de relevée, néanmoins à l'issue de l'office, et entrés dans le chœur, l'un de nous a fait connaître aux chanoines et autres y réunis le motif du présent, avec prière de nous suivre dans la sacristie, pour y être présents à nos opérations ; à quoi déférant, ils nous y ont introduits, et tous entrés, le procureur-syndic a requis qu'il fût donné en tant que besoin lecture de l'art. 20 du décret du 12 juillet dernier ; ce qui a été fait par notre secrétaire, ainsi que de ce que devant ... ».

Par la suite du procès-verbal, on apprend qu'étant tous entrés à la sacristie, le procureur-syndic ordonna au secrétaire de donner lecture aux chanoines du décret de l'Assemblée nationale constituante, qui ordonnait leur suppression. Cette lecture était à peine terminée, que Gilles Deric requit le procureur-syndic de faire insérer dans son procès-verbal une délibération, prise par le chapitre le matin de ce jour, et dans laquelle il protestait contre sa suppression.

Le procureur-syndic se refusa d'abord à cette insertion, pour des raisons déduites dans le procès-verbal ; mais, sur les pressantes instances de Deric (qui, semble-t-il, avait rédigé cette délibération), les administrateurs, ayant conféré ensemble, finirent par autoriser l'insertion de la délibération, que nous ne pouvons insérer ici à cause de son trop d'étendue, mais que nous n'avons pu lire sans une véritable émotion. Deric et tous les autres chanoines présents signèrent de nouveau la délibération, sauf deux qui s'y refusèrent, savoir : Jean-Ambroise Soulgé, théologal, et Noël-François Gallerye, qui plus tard se maria.

La nuit étant promptement survenue, les administrateurs renvoyèrent au lendemain, 20, la continuation de leurs opérations. Lorsque tout fut terminé, les portes furent fermées, et tout office y fut interdit. Ainsi finit le chapitre de Dol, après une existence de plus de mille ans.

 

CONCLUSION.

Au moment où le chapitre et le siège épiscopal de Dol disparurent pour jamais dans une ruine commune, cette disparition fut moins sensible, parce que la révolution, en enlevant à Dol ses anciens établissements, lui accordait comme par échange un chef-lieu de district et une juridiction royale. Mais lorsqu'en l'an V, ces derniers moyens de puissance lui furent arrachés, c'est alors que le pays put comprendre toute l'étendue de ses pertes, qui sont longuement énumérées dans une lettre suppliante, adressée au ministre de l'intérieur, à la date du 13 germinal an XIII (mai 1806). La parole est laissée au maire.

« Monseigneur,
Nous avons l'honneur de mettre sous vos yeux l'état des pertes que la ville de Dol a essuyées depuis la révolution. S'il est beaucoup de villes en France qui aient été maltraitées par cet événement, il en est peu qui l'aient été autant qu'elle, proportion gardée, et qui doivent fixer plus les regards paternels du gouvernement.

Cette cité ancienne, quoique devenue petite par les guerres, comme frontière de l'ex-Normandie, et les différentes révolutions des siècles, possédait tout ce qui convenait à cette ville, sinon du premier ordre, mais du second, et sous tous les rapports, ce qui était nécessaire pour rendre ses habitants heureux : Evêché, chapitre assez riche, maisons religieuses d'hommes et de femmes, où étaient établis des pensionnats, collége pour les humanités, fontaine publique, maison de Sœurs de Sagesse, qui instruisaient les enfants de leur sexe et portaient des secours gratuits à domicile, marmite des pauvres. Enfin, elle était dernièrement chef-lieu de district ou arrondissement, tribunal de première instance, où soixante mille personnes des environs trouvaient l'expédition de leurs affaires à six, huit ou dix kilomètres de leur domicile, au lieu que maintenant ils se ruinent en voyages, pour aller la chercher à vingt, trente, quarante kilomètres loin de chez eux. De tous ces avantages précieux, il n'existe plus rien, si ce n'est le souvenir du bonheur passé ..... ».

Rien à ajouter à ce tableau saisissant, sinon qu'il est d'une exactitude avérée, et que l'état de choses qui est constaté n'a pas changé d'un iota depuis de nombreuses années.

Plusieurs fois, l'administration municipale de Dol a fait de louables efforts auprès de l'autorité supérieure pour obtenir un chef-lieu d'arrondissement ; vainement elle a intéressé à ses justes réclamations des hommes que leurs fonctions rendaient puissants ; jamais ses démarches, dictées par le patriotisme, n'ont été entendues, brisées qu'elles ont été par la jalousie d'une ville voisine qui, comme autrefois Carthage, veut tout monopoliser vers elle.

L'avenir de Dol réside donc dans le commerce, dans l'industrie. Mais, pour faire prospérer le commerce, il faut bien s'entendre entre concitoyens, il faut de l'union, du patriotisme qui ne soit pas rétréci, cette concorde enfin que le héros de Virgile demandait pour ses descendants et que nous souhaitons de tout notre cœur aux habitants de Dol.

(Toussaint Gautier, 1858).

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