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 Description de la Chapelle Sainte-Anne de Daoulas 

UN PREMIER REGARD ...

Outre l'église romane, il est à Daoulas un autre édifice qui, tant par son implantation au sommet d'une rue en pente, que par la grâce de ses pignons, clochetons et clocher, donne à la place un charme particulier. La chapelle Sainte Anne est construite en pierres du pays dont le veinage fait penser à des tranches de bois. Un chevet triple, aux gâbles (note 1) enrichis de crochets (note 2) hérités du gothique, aux contreforts coiffés de lanternons (note 3) allège la construction. Une porte ronde dans le pignon ouest, des marches pour accéder au clocher, un oeil-de-boeuf, une porte monumentale encadrée de colonnes corinthiennes, et surmontée d'une grande niche elle-même encadrée, retiennent le regard. L'édifice est composé de volumes qui jouent les uns sur les autres, d'une façon très heureuse. C'est une impression d'harmonie qui se dégage de la chapelle, lorsque, vue du petit placître de Saint Roch elle semble monter de la petite cité dont elle a pris la pierre et les ornements. 

UN PEU D'HISTOIRE 

Sainte Anne fut d'abord un "hospice". Là se rassemblaient, au Moyen-Age, les pèlerins de la région qui voulaient partir en groupe vers Rocamadour (dans le Lot ) ou vers Saint Jacques de Compostelle. La carte des pèlerinages antiques affichée dans la salle d'hôtes, à Rocamadour, porte Daoulas comme tête de ligne pour les voyageurs venant de Bretagne ou de la Cornouaille anglaise. La construction était d'ailleurs plus vaste que la chapelle actuelle : au mur sud de la chapelle, on trouve encore les traces des murs d'une grande salle construite en équerre avec la chapelle et détruite au siècle dernier. De cet hospice dédié à Sainte Anne, on a fait une chapelle sous le même vocable, en 1667. Le chevet fut achevé à cette époque selon le style dit "Beaumanoir", avec ses 3 pignons à fenêtres flamboyantes et ses contreforts d'angles à pinacles Renaissance. Fut ajoutée aussi la monumentale porte d'entrée, en style Renaissance. 

LA FACADE 

4 colonnes corinthiennes et leurs chapiteaux encadrent la porte d'entrée. 

De l'entablement (note 4) qui limite le rez-de-chaussée part un premier fronton triangulaire massif interrompu rapidement. 

Un deuxième fronton triangulaire repose sur les colonnes ioniques de l'étage. Cette fois encore, le triangle est interrompu pour former un mouvement d'ensemble harmonieux avec le fronton inférieur. 

Les rampants (note 5) du pignon triangulaire sont ornés de crochets Renaissance très saillants, et aboutissent à un pinacle (note 6) renaissance dont le dôme est très aplati. 

3 statues complètent ce portail : A l'étage, dans une grande niche, la patronne du lieu, Sainte Anne fait lire la Vierge debout près d'elle. 

De part et d'autre de la porte, Saint Joseph, l'époux de Marie, tenant en main son insigne, le lys fleuri, et saint Joachim, l'époux de Sainte Anne, reconnaissable à sa coiffure orientale. 

Un clocher harmonieux dans la simplicité de ses lignes très pures, complète le décor extérieur. Il est formé de 3 étages dissemblables : le premier est un rectangle à entablement horizontal, divisé en deux chambres pour les cloches ; le deuxième, un carré à 4 ouvertures en plein cintre, où se trouve le timbre de l'horloge municipale ; le troisième, un lanternon Renaissance où 4 colonnes trapues supportent un octogone sur lequel est posée la coupole terminée par une longue pointe cannelée. Cette composition variée garde une admirable unité dans la diversité.

L'INTERIEUR DE LA CHAPELLE ... 

Dans le choeur ... La chapelle Sainte Anne a été dotée au XVIIème siècle d'un retable (note 7) aux boiseries dorées. Le groupe central, au-dessus du maître-autel, rassemble un groupe peu commun de personnages. On a voulu exprimer ici l'environnement familial et humain de Jésus : 

- à droite: sa grand'mère, Sainte Anne.

- à gauche : sa mère la Vierge Marie.

Elles sont assises de part et d'autre de Jésus-Enfant, debout sur le tabernacle, et tenant dans ses mains la boule de l'univers.

Autour de ce groupe, 

- à droite de l'autel : Saint Zacharie, le père de Jean-Baptiste, le cousin de Jésus. 

- à gauche : Saint Etienne, le premier martyr, portant dans sa main gauche le livre des Evangiles qui rappelle sa fonction de diacre, et dans sa main droite, une pierre, en souvenir de son martyre par lapidation. 

Tous ces personnages sont encadrés de boiseries sculptées ou polychromes dans le style employé vers la fin du XVIIème siècle (beaucoup d'or, des verts, des rouges) qui rappelle les réalisations de Saint Thégonnec, Lampaul-Guimiliau.

Le décor des boiseries est inspiré par l'art classique grec, avec ses colonnes torses à rinceaux (note 8) de vignes, ses colonnes cannelées, surmontées de chapiteaux corinthiens. 

Dans l'entablement qui couvre le groupe central, la frise est ornée de motifs géométriques en bas-relief, tandis que la corniche (note 9)  est chargée de modillons (note 10) très ouvragés. 

Ce décor se poursuit jusqu'aux baldaquins semi-circulaires au-dessus des statues de Saint Zacharie et de Saint Etienne. 

2 arcs terminés par des volutes ouvragées enclosent la partie supérieure du retable. 

L'horizontale de la base du retable se prolonge en 2 bahuts latéraux, aux verts antiques, portant les monogrammes Anna et Joseph d'une part, et IHS (Jesus Hominem Salvator, Jésus sauveur des hommes) et Marie d'autre part. 

Dans le choeur, de chaque côté, 2 évêques ; l'un d'entre eux est peut-être Saint Augustin . Fixés à la table de communion , 2 chandeliers en bois du XVIIème siècle . 

Le mur latéral sud porte une statue du Christ aux outrages, de style populaire grave et majestueux, ainsi qu'une Vierge du XIVème siècle. 

A la poutre de gloire est fixée une Crucifixion : le Christ en croix est entouré de Marie, sa mère, et de l'apôtre Jean. 

Au fond de la chapelle : 

- une cloche fondue en 1568. 

- une Piéta polychrome remarquable : La Vierge portant sur les genoux le cadavre de son Fils descendu de la croix. Cette Piéta vient d'un artiste inconnu qui possédait un sens aigu de la composition. Le drapé du costume de Marie dessinant un M très accusé, entre en parallèle avec le bras pendant du Christ, et par un mouvement dégradé sur la droite, rejoint l'oblique de la jambe. L'harmonie des lignes donne à ce groupe une valeur particulière. Vraiment, un chef-d'oeuvre ! 

QUELQUES TERMES D'ARCHITECTURE ... 

(note 1) GABLE : surface décorative pyramidale à rampants moulurés qui couronnent certains arcs (portails gothiques).

(note 2) CROCHETS : ornement en forme de crosse végétale (tige enroulée), se terminant en volute, à l'angle des chapiteaux. 

(note 3) LANTERNONS : petite lanterne placée au sommet d'un dôme et pouvant servir à y faire pénétrer le jour. 

(note 4) ENTABLEMENT : partie supérieure d'un ordre d'architecture, superposant en général architrave (linteau), frise et corniche. 

(note 5) RAMPANTS : chacun des côtés obliques du triangle formé par un pignon, un fronton, un gâble. 

(note 6) PINACLE : amortissement élancé se terminant en forme de cône ou de pyramide effilée qui se place notamment au sommet d'une culée. 

(note 7) RETABLE : dans les églises, construction verticale peinte ou sculptée, placée à l'arrière d'une table d'autel. 

(note 8) RINCEAUX : ornement fait d'éléments végétaux disposés en enroulements successifs. 

(note 9) CORNICHE : ensemble de moulures en surplomb les unes sur les autres qui constituent le couronnement d'un entablement. 

(note 10) MODILLON : ornement saillant répété de proche en proche sur une corniche, comme s'il la soutenait.