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CAHIER DE DOLÉANCES DE CROZON EN 1789

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COMTÉ DE CROZON ET ANNEXES.
Cette juridiction (voir la note qui suit) dont le siège était à Crozon s'étendait sur quatre paroisses : Crozon, Camaret, Roscanvel et Telgruc. Ce territoire de 14.000 hectares, peuplé d'environ 9.000 habitants, dépendait de la subdélégation du Faou.

Note : Le comté de Crozon avait passé, par mariage, en 1746, de la maison de Château-Renault à Jean-Batiste-Charles, comte d’Estaing, le héros de nos guerres maritimes de la fin du XVIIIème siècle. Le comté était aux mains d’un fermier général, ce qui explique sans doute, en partie, les vexations dont se plaignaient les vassaux.

La péninsule, « enfoncée comme un trident au cœur de l'Atlantique », portait partout la forte empreinte de la mer. Entre des promontoires rocheux et des falaises abruptes, au fond des anses, s'abritaient cinq petits havres : Morgat, Camaret, Roscanvel, Le Fret et Lanvéoc. Alors, comme de nos jours, le « Crozonnais » était souvent laboureur, en hiver et pêcheur en été, Les croupes dénudées de l'intérieur, couronnées d'innombrables moulins à vent, n'offraient que de médiocres ressources agricoles. Le mode de tenure généralement pratiqué n'était pas le domaine congéable comme dans le reste de la Cornouaille, mais la métairie à féage roturier, avec les charges ordinaires du régime féodal, aggravées de quelques particularités tenant à l'ancienne usance de motte qui avait longtemps subsisté dans la seigneurie de Crozon, L'absence ou la rareté des congéments avaient favorisé, dans la presqu'île, le morcellement de la propriété.

Au port de Lanvéoc, sur la rade de Brest, aboutimait la grande route directe de Quimper à Brest, par Locronan et la « Lieue de grève ».

Groupement des cahiers de doléances. — Les cahiers des paroisses de Roscanvel, Camaret, Crozon et Telgruc offrent un caractère commun : tous se plaignent amèrement de la fiscalité seigneuriale (voir la note qui suit). Le cahier de Roscanvel est original ; les trois autres présentent de très grandes analogies. La paroisse de Telgruc, dès le 1er avril, formula des doléances ; elle les jugea, plus tard, incomplètes et, en présence du sénéchal de la juridiction, fit établir un cahier supplémentaire presque entièrement emprunté à Camaret et à Crozon.

Note : Les juges de la juridiction de Crozon percevaient indûment les « grands droits », qui n’étaient dus qu’aux juges des sénéchausées royales ; ces droits étaient supérieurs d’un tiers aux droits attribués aux juges seigneuriaux.

 

CROZON.

Subdélégation du Faou. — District de Châteaulin, arrondissement de Châteaulin, chef-lieu de canton.
POPULATION. — Environ 1.200 feux (Procès-verbal) ; — 6.500 habitants en 1790 ; 1.160 feux et 6.093 habitants en 1794.
CAPITATION. — 1.212 cotes (3 l. et au-dessous : 234, au-dessus ; 978). Total : 6.910 l. 14 s. (capitation, 4.715 l., 21 deniers p. l. 412 l. ; milice, 629 l. ; casernement, l. 153 l.).
CAPITATION NOBLES EN 1788. — Mme de Kerhoantenant, 6 l. ; M. de Trédern-Kerbiriou, 180 l. ; Mlle de Trédern de Lézérec, 3. l. ; le chevalier de Trédern, 12 l. ; Mme veuve Le Gentil de Quelern 3 l. ; Mme Le Gentil à Landerneau, 3 l. ; de Quélern fils, avocat à Crozon, 3 l. ; le chevalier de Quélern, 3 l. ; Mme de Quélern (mémoire) ; M. du Clesmeur, 60 l. ; du Clesmeur fils aîné, capitaine de vaisseau, 60 l. ; le chevalier du Clesmeur, 15 l. ; Mme du Clesmeur, 3 l. ; M. Le Yar du Clesmeur, lieutenant de vaisseau, 15 l.
VINGTIÈMES. — 6.126 l. 7 s. — Vingtièmes d'industrie (Crozon et ressort de la juridiction, Camaret hors) : 52 l. 19 s.
FOUAGES. — 44 feux 1/2. — Total : 1.492 l. dont. 859 l. 11 s 10 d. pour f. ext.
CORVÉE. — Route Quimper-Lanvéoc-Brest, 7,600 toises. Dist. 10 kilom. Cap. 4.411 l. Syndic François Le Ferrec. — Gros bourg ; le comte d'Estaing en est le seigneur. On y tient un marché les lundi et samedi de chaque semaine., La cure est à l'alternative et passe pour une des plus riches du diocèse ; elle vaut ordinairement 15.000 l. de rente. (OGÉE).
RECTEUR. — Heussaf d'Oixant, 5.000 l. — Décimes : R. 511 l. F. 79 l. — Entre toutes les paroisses, Crozon constituait le premier bénéfice de la Cornouaille.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 13 avril, au lieu ordinaire des délibérations, sous la présidence de Dumoulin, sénéchal du Comté de Crozon et annexes. — Comparants : Tanniou, sieur de Kernavalen, Le Sénéchal, négociant ; Le Cornic de Keramprovost, Jean Palud, Kerjean du bourg, Allain Stéphan du bourg, Jean Rolland de Lesorez, Yves Le Mons de Kerail, Henri Corps de Kersimon, Pierre Corre, Jean Kerjean de Kerigou, Francois Ely du Pratmeur, Yves Preset de Kerelot, Mathieu Tephany de Kerloch, Alexis Kerjean du Pratmeur, Yves Le Garrec de Kerviguen, Jean 0llivier de Saint-Dréal, et Pierre Le Mignon de Ranvédan. — Députés : Michel Kerjean du Bourg, Jean Cornic de Keramprovost, Pierre Le Mignon de Renvédan, Jean Ollivier de Saint-Dréal, Pierre Corre de Poraon, Jean Kerjean du Kerigou et François Ely de Pratmeur.

 

Plaintes et doléances que le général de la paroisse de Crozon a l'honneur de présenter au roi, en exécution de ses ordonnances, pour remplir les vues bienfaisantes de Sa Majesté.

[1] Art. 1 de Camaret, avec substitution de « la majeure partie de la paroisse », à « tous les paroissiens », — supression du mot « négociants » et du passage « et dérobent par là à la connaissance publique le prix de leurs achats ».

[2] Art. 2 de Camaret, avec addition du passage suivant après « malgré l’imposition aux fouages » : on se pourvoit à l’intendance ; on y obtient décharge. Le traitant se pourvoit au Conseil. Il surprend arrêt sur défaut qui casse l’ordonnance de l'intendance, sur le prétexte que l'aveu du seigneur au roi porte que toutes les terres relèvent de son fief, à foi et hommage. On va taxer le bourg de Crozon parce que le seigneur dans son aveu au roi l'a qualifié de bourg noble, malgré que les aveux des vassaux hors d'impunissement portent qu'ils relèvent roturièrement. Le général attend de la bonté paternelle du roi qu'il plaira à Sa Majesté ordonner le rapport des sommes payées sur les rotures.

[3] Art. 3 de Camaret. Substitution des deux phrases suivantes aux deux dernières phrases de l'article de Camaret : Le procureur fiscal ne peut pas être dans toutes les paroisses. Le général est fort gêné.

[4] La paroisse de Crozon est d'une grande étendue. Elle a seize fillettes. Il faudrait seize prêtres pour la desservir, afin d'avoir une messe matinale dans chaque succursale, La disette de prêtres prive plusieurs trèves de messes matinales. Cette disette provient de la pauvreté des paroissiens et du peu de rétribution qu'ils perçoivent de l'église paroissiale. Ils sont réduits à quêter pour vivre, ce qui est à charge au public. Le bénéfice est cependant considérable. Il produit annuellement 10.000 livres. Le bénéficier ne paie qu'un vicaire seul, qui ne peut pas voir tous les malades. Le bénéficier n'y va pas. Les prêtres sont jour et nuit sur pied et n'ont pas de quoi vivre (voir la note qui suit).

Note : Il y avait dans la paroisse de Crozon 20 chapelles dont quelques unes étaient déjà en ruines en 1789 (Cf. Chanoine PEYRON, Église et chapelles du Finistère, dans le Bulletin archéol. du Finistère, t. XXXVII, p. 170).
Dès 1745, les paroissiens de Crozon déplorent l'indigence de quelque-uns de leurs prêtres, qui « n'ont d'autre salaire que les quêtes que chacun fait dans l'arrondissement de sa chapelle » (Arch. du Finistère, H 83). — Le recteur, seul bénéficier, soutint divers procès contre ses paroissiens, au sujet des dîmes. En 1764, Du Beaudiez, recteur, se plaint de ce que ses paroissiens « ne veulent lui payer de dîmes que sur les blés blancs et lui refusent celles des blés noirs, pois, fèves et autres denrées » (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 1215).

[5] L'imposition aux fouages, la corvée des grands chemins et la capitation accablent la paroisse.

[6] La corvée féodale la tyrannise. On force aux charrois... (La fin comme l'art. 5 de Camaret).

[7] Art. 6 de Camaret avec addition du mot « rachat » après « paiement », — et substitution des mots « malgré qu'on vienne satisfaire » à « malgré que l'on vienne payer ».

[8] Art. 7 de Camaret.

[9) Il a un sergent affidé à qui il remet sept à huit exploits pour notifier en même temps. Les sergents négligent de porter fidèlement les copies.

[10] Art. 9 de Camaret.

[11] Art. 10 de Camaret.

[12] Art. 11 de Camaret avec suppression de la dernière phrase et addition du passage suivant après « leurs vacations » : Le roi soulagerait son peuple, s'il plaisait à Sa Majesté défendre à tous procureurs et notaires de rien exiger des parties que d'après un mémoire taxé par le juge ou un avocat en son absence, à l'exclusion du procureur fiscal et des procureurs pour éviter la collusion.

Tanniou de Kernavalen, Stéphan, Louis Postic, Alexis Kerjean, Jean Kerjean, Mathieu Théphany, Yves Le Mons, Yves Preset, Allain Stéphan, Jean Ollivier, François Ely, Pierre Le Mignon (voir la note qui suit), Thépany, régisseur (voir la note qui suit) ; Dumoulin, sénéchal.

Note : Pierre Le Mignon et Pierre Téphany, notaires furent électeurs du canton de Crozon aux assemblées du département et du district de Châteaulin, le premier en 1792 et le second en 1791 et 1792.

(H. E. Sée).

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