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Les écoles du Croisic au XVIIIème siècle

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Dans le pays nantais, les petites écoles paraissent avoir été plus nombreuses que dans le reste de la Bretagne ; mais, si fréquentes qu'aient pu être les créations d'établissements scolaires au XVIIème et XVIIIème siècles, il est certain qu'à la veille de la Révolution bien des localités rurales sont encore dépourvues de tout enseignement régulier. Sans doute, comme l'affirme M. Léon Maître, l'Eglise, dès le XVIIème siècle, a fait effort pour développer l'enseignement primaire, et, au XVIIIème siècle surtout, beaucoup de fondations de personnes généreuses tendent au même but. Mais l'enseignement, qui dépend presque uniquement de la charité privée, est forcément précaire : il est des écoles qui restent fermées pendant plusieurs années. Ici aussi, l'enseignement est le plus souvent donné par les recteurs, et il ne faut se faire d'illusion sur sa qualité : il ne consiste guère que dans la lecture, l'écriture, le catéchisme (H. Sée).

En 1690 et en 1700, la ville du Croisic avait un prêtre pour régenter son école. Le conseil des bourgeois exprimait dans ses délibérations de 1732 le voeu que les pauvres fussent instruits gratuitement, mais il votait des ressources qui ne permettaient pas d'étendre ce bienfait à un grand nombre d'enfants. Le maître laïque, qui faisait la classe élémentaire à cette dernière date, prenait 10 sous par mois pour les leçons de lecture et 50 sous pour les leçons d'écriture. Il n'y avait alors personne au Croisic qui fût capable de former les jeunes gens aux cours supérieurs et de répondre aux désirs des familles qui voulaient pousser leurs enfants vers les carrières du commerce ou de la navigation.

A l'instigation de l'intendant de Bretagne, M. de Pontcarré de Viarmes, son subdélégué au Croisic, M. David de Dresigné fit des ouvertures à l'institut de Saint-Yon, et en 1737 il eut la bonne fortune d'attirer au Croisic deux frères. La ville accorda d'abord à chacun d'eux une allocation annuelle de 100 livres qu'elle augmenta de 50 livres en 1754, sans vouloir dépasser ce chiffre, et pourtant il était de notoriété publique qu'ils rendaient les plus grands services à la jeunesse. Ces maîtres dirigeaient leur classe avec tant d'habileté que leurs élèves pouvaient, en sortant de leurs bancs, suivre immédiatement les cours d'hydrographie. Pendant 22 ans ils attendirent en vain que leurs efforts fussent récompensés par une rétribution convenable. La détresse seule les força de quitter la ville en 1758, et quand ils furent partis, on se lamenta plus d'une fois sur la difficulté de les remplacer. « Nous regretterons toujours, dit le subdélégué, les deux frères de l'école chrétienne que j'amenai ici, il y a 30 ans, par ordre de M. de Pontcarré de Viarmes, et qui ont reçu plus de 20 ans et formé de grands sujets pour la mer et le commerce. En sortant de leur école, qui était de 8 heures par jour, ils entraient en celle des MM. Bouguer si recommandables par leur talent » (Lettre de 1775. Le Croisic. – Archives départementales, C).

Le sieur de La Place, qui vint ensuite enseigner au Croisic, demeura près de 15 ans aux gages de 150 livres par an ; quand il se retira, il laissa la ville dans le plus grand embarras. Il y avait alors une telle pénurie de sujets capables de remplir les fonctions d'instituteur qu'on fut obligé d'écrire jusqu'à Saint-Malo pour rencontrer celui qu'on installa en 1773. Amable Petit, ancien sergent-major au régiment de Bourbon et maître d'école, fut appelé de cette ville par la lettre suivante : « Je vous donne avis que la communauté du Croisic vous a nommé pour maître d'école de cette ville aux appointements de 150 livres et tant que vous lui serez agréable. Vous aurez en outre 10 sous par écolier, par mois, pour apprendre à lire, et une livre pour apprendre à écrire et l'arithmétique. Vous serez tenus d'enseigner douze pauvres gratis. Voilà les charges et les conditions  de votre prédécesseur. J'ai envoyé la délibération à M. l'Intendant. Sitôt qu'il l'aura approuvée, je vous en informerai » (Lettre du maire du Croisic de 1773. – Archives départementales, C).

En 1775, ce régent se plaint de n'avoir pas d'écoliers, par la raison qu'il y a deux maîtres qui tiennent école ; que d'autres enseignent en ville, et enfin, que plusieurs femmes montrent à lire et font le tout au-dessous du prix accordé au suppliant. Cependant ses concurrents ne sont pas munis des autorisations et brevets nécessaires. Il demande à l'Intendant qu'on lui donne les moyens d'élever sa famille, en l'instituant seul maître de la paroisse du Croisic.

En transmettant la lettre, le délégué Benoît donne les explications suivantes : « Le sieur Petit n'est pas propre à cette place : il tombe du mal caduc, il est d'un caractère trop vif, ne donne qu'environ deux heures de classe le matin et deux heures le soir ; il a plusieurs élèves en ville. Il est commis chez un négociant ; ses élèves faisant peu de progrès, les parents préfèrent les autres maîtres. Petit serait bien en état d'enseigner, mais il ne veut pas s'en donner la peine ». Le maire David de Drésigné, de son côté, commente la requête en disant : « si l'école de Petit est déserte, il ne doit s'en prendre qu'à lui-même. La ville n'a jamais eu l'intention de lui accorder un privilège exclusif, ce qui ne serait même pas en son pouvoir. Ce serait, en effet, un grand abus, on pourrait même dire une tyrannie, de vouloir obliger les pères et mères d'envoyer leurs enfants à l'école chez un maître qui ne leur serait peut-être pas agréable par différents motifs. Plus d'exactitude et de douceur lui procureraient des écoliers, mais les pauvres mêmes qu'il enseignait gratis l'ont quitté ». Le même concluait en souhaitant qu'on le remplaçât [Note : Liasse du Croisic. Le voeu de l'évêque et des habitants, en 1775, était d'avoir un maître ès-arts pour élever quelques enfants aux humanités. La ville n'eut jamais cette bonne fortune]. 

Dans sa réponse, l'Intendant pense qu'il est à propos de laisser la place vacante, vu la situation des ressources de la ville, et d'aviser le sieur Petit qu'on cesse de lui servir des appointements. En conséquence, à partir de 1776, les gages du maître d'école sont rayés de l'état de prévision des dépenses municipales du Croisic (L. Maître).

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