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Le Canton de Corlay

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Corlay, petite ville et chef-lieu de canton des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), s'étend au carrefour des routes de Quintin à Rostrenen et de Guingamp à Pontivy. Ce pays est surtout connu par ses courses de chevaux et la qualité de son élevage.

La ville est un gros bourg à maisons peu élevées entourant la place de son église jadis encombrée de constructions qui en masquaient le clocher, avec quelques rues latérales entre son Château féodal et la chapelle Sainte-Anne qui la limitent au nord et au sud. Son église, dédiée au Saint Sauveur, comprend un clocher extérieur, une nef avec bas-côtés de sept travées et un choeur. Construite comme chapelle en 1575, elle dut être agrandie au XVIIème siècle pour remplacer l'ancienne église paroissiale, située sur la route de Pontivy, près du cimetière actuel, et détruite pendant la Ligue. Son clocher, frappé par la foudre en 1785, dut être abattu en partie en 1791 et restauré en 1806. La chapelle au sud du choeur et la longère méridionale furent reconstruites en 1812 mais ce travail, mal exécuté, nécessita une réfection dès 1845.

Les parties anciennes de l'édifice présentent, à l'intérieur, des piliers polygonaux, des sablières sculptées et un escalier remarquable montant à la tour. A l'extérieur, la tour, datée de 1575, offre des statues, des choux frisés et des pilastres Renaissance.

Dans une rue non loin de l'église existe encore l'auditoire de l'ancienne juridiction seigneuriale. A l'extrémité sud, près du champ de foire, nous avons connu les anciennes halles, bâties en pierres et bois et recouvertes d'ardoises, remplacées maintenant par le monument aux morts de la guerre de 1914-1918.

La chapelle Sainte-Anne, très vénérée des Corlaysiens, est mentionnée dès 1428, mais fut reconstruite au XVIème siècle et restaurée de nos jours. Elle renferme un autel et des boiseries du XVIIème siècle, une statue de Sainte Anne en albâtre, avec traces de peintures, et d'autres statues anciennes. Son plat de quête, en cuivre repoussé, de la fin du XVème siècle, représente la tentation d'Adam et Eve.

A l'arrivée de la ville, sur la route de Quintin, une fontaine monumentale, transformée en lavoir, est ornée des bustes anciens en pierre de Saint Alain et de Saint Jean, de bonne facture.

Un aveu du 28 juin 1681 mentionne ainsi l'importance du fief de Corlay : un château fort fermé de hauts et puissants murs à machicoulis et canonnières et de six grosses tours, avec étang, douves, droit de guet, capitainerie, haute justice exercée par sénéchal, alloué, procureur fiscal, procureurs, notaires et sergents, patibulaires à six piliers (maximum de pots des justices seigneuriales), prééminences, litres et lisières en nombreuses églises, droit de sépulture dans l'abbaye de Bon-Repos, en Saint-Gelven, droits de four et moulin, foires et marchés, poids et mesures et autres droits seigneuriaux.

Le château, bâti de temps immémorial et ruiné au cours des guerres de Cent Ans, fut rebâti, de 1473 à 1493, par Jean Vicomte de Rohan. Il était en assez mauvais état pendant la Ligue, puisque le plancher d'une de ses salles s'effondra pendant une réception donnée par le chef ligueur Guy Eder de la Fontenelle. Pris et repris cependant par les ligueurs et les royaux, il conserva ensuite le titre de capitainerie mais ne tint plus garnison, fut démantelé au XVIIème siècle et tomba en ruines. Au XVIIIème siècle la tour du midi avait été rasée pour construire l'habitation du receveur de la chastellenie et des magasins pour la collecte des recettes en nature. Mais le droit de guet, transformé en redevance, et le titre de capitaine, devenu purement honorifique, furent maintenus. Les ruines servirent de carrière pour les réparations de l'église, en 1806. Maintenant son enceinte quadrangulaire conserve encore trois de ses tours et sa porte ronde avec portillon. Elle renferme les bâtiments de la gendarmerie et de la station du Haras. Les douves du côté de l'esplanade sont comblées, le vaste étang se dessèche peu à peu et devient une rosière. Le moulin seigneurial, touchant la route de Rostrenen, entre le château et le carrefour de la route de Guingamp, porte à son pignon nord les armes de Rohan-Guémené : écartelé de France-Navarre, de Rohan et de Bretagne, chargé en abîme de Visconti.

A 500 mètres de la ville, près de la route de Plussulien, un village porte encore le nom de la Madeleine, ancienne maladrerie du moyen âge. Le Champ de Courses est en Haut-Corlay, au carrefour des routes de Guingamp et de Canihuel.

Près de la route de Saint-Martin-des-Prés, à la côte 243, se voient encore les assises en pierre d'une justice seigneuriale à six pôts dont les colonnes semblent avoir été utilisées pour une galerie du manoir de Penroz.

Corlay, actuellement chef-lieu d'un canton et doyenné comprenant les paroisses de Corlay, Haut-Corlay, Plussulien, Saint-Martin-des-Prés et Saint-Mayeux, fut en effet le chef-lieu d'une chastellenie encore plus considérable, avec juridiction en Caurel, Corlay, Laniscat, Merléac, Plussulien, Le Quillio, Rosquelfen, Saint-Gelven, Saint-Gilles-du-Vieux-Marché, Saint-Martin-des-Prés, Saint-Mayeux et Saint-Ygeaux, relevant en appel du domaine royal de Ploërmel.

C'est à travers ces territoires du canton actuel et de l'ancienne chastellenie de Corlay que nous allons faire une excursion historique, touristique et archéologique.

Haut-Corlay, maintenant du canton de Corlay, ne faisait pas partie de l'ancienne chastellenie, du moins à partir du XVème siècle, mais relevait de Quintin. Son territoire renferme le plus ancien monument de l'histoire armoricaine, le Tertre-aux-Coulombs, point de jonction des frontières des tribus gauloises Curiosolites, Osismiennes et Vénètes, à proximité des sources de l'Oust et du Gouët. Deux voies antiques le traversent ou le limitent, celle du Sépulcre, en Plérin, à Lanouédic, près de Guémené-sur-Scorff, avec embranchement sur Quintin, à la côte 260, et la voie de Carhaix à Quintin traversant tout le Haut-Corlay de l'ouest à l'est, de la côte 207 à la route de Corlay à Quintin.

L'église de Haut-Corlay domine la hauteur qui surplombe au nord l'étang de Corlay. Remontant au moins au XVIème siècle dans les parties anciennes, elle a la forme d'une Croix de Lorraine et fut restaurée en 1764 à la suite d'un incendie. On y remarque de nombreux blasons sculptés ou peints sur les murailles et dans les vitres, et des enfeux dont le plus remarquable est aux armes des Guergorlay, seigneurs de Bocozel au XVIème siècle. D'autres sont aux blasons des la Rivière, des Quelen, des Boisberthelot, et un portant en champ d'azur un chevron d'or accompagné de 3 têtes de lévriers d'argent, que nous n'avons pu identifier. Sous le porche un écu écartelé porte les armes de Rostrenen, Guergorlay, Rohan et la Rivière, pour les prééminences des seigneurs de la Rivière. Les boiseries de l'église remontent au XVIIIème siècle et on y remarque encore quelques statues anciennes.

Des chapelles ont existé à La Croix, Kerdanio, Kergolio et Kervers. Celle de La Croix, toujours entretenue, est dédiée à saint Maudez. On y voit une pierre tombale aux armes de Guergorlay et, dans une boiserie, le blason des Gouicquet qui leur succédèrent à Bocozel. Une fort jolie croix ancienne avoisine cette chapelle. Celle de Kergolio, dédiée à sainte Marguerite fut rebâtie en 1782 par les seigneurs du Boisberthelot, en Canihuel, et a été restaurée en 1937 par la famille du Bouilly du Fretay. La chapelle Saint-Jacques de Kervers remontait au XVème siècle et tomba en ruines. On y voyait encore, au XIXème siècle, deux écussons transférés au château de Lanrigan en Ille-et-Vilaine, l'un portant un semis de billettes, qui est Dolo, au franc canton portant un porc, qui est Le Lart ancien, l'autre mi-parti de ces armes et d'un champ d'hermines à 3 chevrons, qui est de Ploeuc.

La chapelle Notre-Dame des Anges de Kerdanio a été détruite. Le nom du village de Saint-Daman semble indiquer qu'il s'y est aussi trouvé une chapelle.

Les fiefs nobles et manoirs étaient nombreux en Haut-Corlay : Bellevue, Bocozel, le Boissy, Kerdanio, Kerniquet, Kernonain, Kerroignant, Kervers, Portz-Jacques, la Rivière et la Ville-Jouan.

Son ancienne trêve de Saint-Bihy renferme encore les intéressants manoirs du Bas-Cleden, construit en 1548 par les Le Moenne, et de Grandisle, bâti vers le même temps par les de Poulmic.

Bellevue, en Haut-Corlay, est une demeure du XVIIIème siècle, possédée à cette époque par la famille des Cognetz de Correc et habitée de nos jours par la famille du Bouilly du Fretay qui vient de s'éteindre.

Bocozel est le manoir le plus remarquable de la paroisse. Construit au XVIème siècle par les de Guergorlay, il est passé, par alliance, aux Gouicquet, de Méliant et d'Aviau de Ternay. Son porche flanqué de tourelles, sa belle demeure et son site, à proximité d'un étang, forment un ensemble pittoresque. Ses seigneurs jouissaient de prééminences et enfeux dans l'église de Haut-Corlay et, à titre de fondateurs, dans la chapelle de La Croix.

Guillaume de Guergorlay, seigneur de Bocozel, servait comme archer en brigandine en 1481. Son fils puîné, Michel, était châtelain-fermier de la terre et chastellenie de Corlay en 1530. Son fils aîné, Guillaume, seigneur de Bocozel en 1513 et 1540, était noble de Haut-Corlay en 1535. Jean de Kergorlay, seigneur de Bocozel, épousa Catherine de Kerguezangor et eut pour héritière Catherine, dame de Bocozel, mariée en 1598 à Abel Gouyquet, sieur du Vaupatry en Plémy, près de Moncontour, l'un des plus renommés capitaines royaux du temps de la Ligue en Bretagne. Né en 1568, capitaine de cent arquebusiers à pied sous le prince de Dombes en 1592, sénéchal de Corlay en 1597 pour le prince de Guémené, il reprit, en 1598, le château de Corlay sur le trop célèbre ligueur Guy Eder dit « la Fontenelle ». Capitaine des ville et château de Corlay en 1599, il reprit de nouveau cette place, surprise le 8 janvier 1616, après sept jours de siège, avec l'aide des habitants, et fut promu, le 20 juillet 1617, dans l'ordre de Saint-Michel. Il en reçut le collier, des mains du duc de Montbazon, le 12 septembre de la même année. Gentilhomme de la Chambre du Roi le 29 juillet 1617, il mourut le 30 janvier 1624. A partir de cette époque Bocozel ne semble pas avoir été habité par ses seigneurs mais s'est transmis héréditairement des Gouic­quet par les de Méliant jusqu'à ses possesseurs en 1945, les d'Aviau de Ternay. Assez loin de la grande route, il est peu connu des touristes mais mérite encore la peine d'être visité.

Le Boissy offre une porte ronde, un oeil de boeuf et un aspect de maison d'habitation à étage. Il fut possédé par les Dagorne qui ont donné un sénéchal de Corlay.

Kerdaniou était un manoir sans principe de fief, avec dépendances en Corlay, Haut-Corlay, Plounévez-Quintin et Saint-Mayeux, relevant des seigneuries de Corlay, Quintin et Rostrenen. Il a été possédé par les familles Daniou et Botherel, au XVIème siècle, du Boisgelin, de la Villeneuve, du Boisgelin, de la Lande de Calan et Le Bigot au XVIIème, Raison de la Villebasse, de la Lande de Calan et de Roquefeuil au XVIIIème, et depuis par les familles Coroller et Chassin du Guerny.

Kernonen, donné en juveigneurie, en 1415, à un puîné de la Rivière, n'est plus qu'une importante métairie.

Kervers a perdu sa chapelle, tombée en ruines, et est aussi devenu ferme. Guillaume Le Lart, seigneur de Kervers, épousa vers l'an 1400 Olive de Dollo, dame du Roz, en Le Quillio, trêve de la paroisse de Merléac. Ses descendants adoptèrent depuis le seul blason de cette dame. Kervers passa ensuite aux Blohio, et par alliance, depuis 1687, aux Hamon de Kervers qui viennent de tomber en quenouille au château de Lanrigan, près de Combour.

La Rivière portait pour blason primitif : de gueules à la croix d'or frettée d'azur, ce serait le plus ancien fief connu de Haut-Corlay, étant mentionné dès l'an 1047 comme juveigneurie de Corlay. Louise, héritière de cette seigneurie, la porta, vers 1290, à Christophe, puîné de la maison de Mûr, qui en prit le nom tout en conservant ses armes paternelles : d'azur à la croix engreslée d'or, blason plusieurs fois reproduit dans l'église de Haut-Corlay, seul ou avec des armes d'alliances. Thibaut sire de la Rivière se distingua, sous du Guesclin, à la bataille de Cocherel, en 1364. Il avait épousé Marie de Kergorlay. Geoffroy, son petit-fils, fut chambellan du duc de Bretagne en 1437. Sa postérité tomba en quenouilles et la Rivière passa dans les Maisons de Porcon, de Rosmar, de Coëtrieux, du Liscoët, etc...

De la seigneurie de la Rivière dépendaient primitivement les terres voisines de Kernonen, l'Orfillée et la Villeneuve. Placé au bord d'un étang, touchant la voie antique de Carhaix à Quintin, le château de la Rivière a disparu. Portz-Jacques appartenait, au XVIIIème siècle aux des Cognets de Correc. La Ville-Jouän, proche du Tertre-aux-Coulombs, fut saccagée pendant la Ligue.

Nous n'avons rien trouvé d'intéressant sur les autres anciens fiefs de Haut-Corlay.

Quittant cette commune du canton relevant féodalement, dans le passé, de Quintin, nous allons revenir à la Chastellenie de Corlay.

Corlay aurait donné son nom à une maison féodale connue authentiquement dès 1195 et dont l'héritière, Marguerite, porta, vers 1198, ce fief, par mariage, au vicomte Alain III de Rohan. D'après la généalogie de la Rivière elle remonterait à Roricon, seigneur de Brenouan, en Saint-Connec, près de Mûr, dont le descendant Gestin construisit, à Mûr même, le Castel-Gestin et eut pour successeur Garcis, sire de Mûr et de Corlay, l'un des bannerets bretons assemblés à Nantes en 1057. Les seigneurs de Mûr portaient d'azur à la croix engreslée d'or. Des sceaux de la famille de Corlay, postérieurs à l'alliance de Rohan, portent : de gueules au lion d'or, la tête contournée, regardant une étoile d'argent à senestre, en 1293, ou : une croix pattée cantonnée au 1er d'un croissant, aux 2 et 3 d'une molette, au 4ème de 3 besants, en 1301. On attribue aussi à cette famille ou à la ville de Corlay : de gueules à 3 mâcles d'or, ce qui rappelle le blason de Rohan. La maison primitive de Corlay semble éteinte au XIVème siècle.

Au XVème siècle existait en Corlay une chapelle dédiée à saint Corentin dont il ne reste plus trace, et, au XVIIIème siècle, une au village de Tréguestin, également disparue.

Une maison ancienne, près de l'église, portait encore au XIXème siècle, sur une cheminée, le blason des Danyel de Beaupré : d'azur au sautoir d'or accompagné de 2 besants de même, un en chef et un en pointe.

Le village de Kerémar est le berceau d'une famille noble connue de 1481 au XIXème siècle, dont le blason : d'argent à 3 chouettes de sable, becquées et membrées de gueules, se voit encore à la Garenne, en Le Bodéo, et à Kerphilippe en Lanrivain.

Le manoir de Penroz, démoli depuis 1920, portait encore, à cette époque, la date de 1625 et possédait un portail. Il fut possédé par les familles Le Pontho, Danyel, de Kerautem, Le Beschu de Champsavin, Bouvier de la Motte de Cepoy et de Mauduit du Plessix. Les colonnes de sa galerie semblent être les pots de pierre de l'ancienne justice de Corlay.

Le Cosquer fut un manoir des familles de Launay puis Georgelin.

Au village de Kermaux se trouve une maison à tourelle ronde qui a pu être aussi une gentilhommière, mais dont nous ignorons l'histoire.

Plussulien limite Corlay au sud-ouest.

Son église, dédiée à saint Julien, évêque du Mans, a été reconstruite de 1873 à 1875. Elle a remplacé un édifice plusieurs fois rebâti, aux XIVème et XVIème siècles ; seule la maîtresse vitre du XVIème siècle a été réemployée dans l'édifice actuel. Près de l'église se voit une cloche portant un blason au dragon ailé, armes des Guiller du Guernic. Une pieta en pierre peinte gisait encore en 1926 dans le cimetière.

Le manoir du Guernic, à 3.000 m. au sud du bourg, fut construit en 1631 par la famille Le Galloudec. Les armoiries de cette famille, portant 3 coquilles posées 2 et 1, sont sculptées sur une cheminée de cette demeure. Elles sont reproduites sur la croix et la chapelle voisine de Seleden, seules ou accolées en alliances.

La chapelle Sainte-Marie de Seleden, de fondation fort ancienne, fut détruite pendant les guerres de succession de Bretagne et reconstruite en 1392 et 1640, incendiée et restaurée en 1783, vendue et rachetée en 1806 par les époux Menguy-Keranterf et donnée à la fabrique de Plussulien en 1807. L'édifice actuel, en forme de croix latine, comprend un clocher-mur avec arc de décharge bandé entre de puissants contreforts. On y remarque une porte du XVème siècle et des fenestrages des XIVème, XVème et XVIème siècles. Les boiseries remontent au XVIIème siècle et de nombreuses statues anciennes peuplent encore l'intérieur.

La croix du placitre, datée de 1631, porte 3 écussons aux armes des Galloudec, l'un d'eux mi-parti d'un fretté à senestre. Sur la chapelle se voient 5 écus aux mêmes armes, dont l'un parti à dextre d'un croissant qui se retrouve seul sur un 6ème écusson, un 8ème, tenu par un ange, porte 7 mâcles, qui peut être du Quellenec ou de Rohan.

Les Le Galloudec, anoblis en 1423, durent s'éteindre peu après 1640, car ils ne figurent pas à la réformation de la Noblesse de Bretagne de 1669. Le Guernic appartenait, à cette époque, à Jacques Guiller, maintenu noble en 1671.

A 2.500 mètres à l'est-sud-est de Plussulien se trouve, sur le bord du Doulas, l'humble manoir de Kerveno avec sa chapelle ruinée. Berceau d'une famille noble, connue dès 1412, il passa, dès 1577, à celle de Keranterff puis à la famille Guiller. Ses seigneurs jouissaient de prééminences dans leur église paroissiale.

Saint-Ygeau, trève de Laniscat, s'étend, à l'ouest de Plussulien, jusqu'au cours du Sullon qui le sépare de Saint-Nicolas-du-Pélem et de Sainte-Tréphine.

Près du bourg, sur la route de Sainte-Tréphine, se remarque une maison avec tour ronde et curieuse galerie, portes rondes et ogivales, qui a pu être un manoir.

Le pignon nord de l'église porte le blason des seigneurs de Correc : écartelé de 4 mâcles accolées, posées 2 et 2, et de 3 fasces, et mi-parti de ces armes et d'un écartelé de 3 chevrons et de 3 fasces. L'édifice est du XVIème siècle, avec clocher de 1667, restauré au XIXème siècle. Les boiseries remontent au XVIIème siècle. On remarque, entre autres statues anciennes, une Vierge assise couronnée par des anges..

A l'extrémité nord de la paroisse est située la chapelle de Fichan, dédiée à Notre-Dame des Vertus. Sa fenêtre de chevet, à remplage fleurdelysé, date du début du XVIème siècle, l'édifice fut cédé à la fabrique en 1816 et restauré au XIXème siècle. Il renferme des statues anciennes. Non loin, sur le bord du Sullon, est le fief de Kerveller, jadis possédée par la famille Uzille.

De Fichan se dirige vers le sud, traversant en ligne droite les territoires de Saint-Igeau et de Laniscat, la voie antique du Sépulcre à Lanouédic dont nous avons parlé plus haut.

Laniscat a réuni à sa paroisse le territoire de Rosquelfen, l'une de ses trèves, alors que celles de Saint-Igeau et Saint-Gelven devenaient communes. Vers le sud la voie antique venant de Carhaix suit les hauteurs dominant la rive gauche du Blavet pour se bifurquer, en Saint-Gelven, à la côte 263, vers Uzel et Loudéac. A son croisement avec celle du Sépulcre à Lanouédic se remarquent trois allées couvertes voisines du village de Canac-Léron.

L'église paroissiale de Laniscat, dédiée à saint Gildas, fut construite du XVIème au XVIIIème siècle, on y voit les dates de 1667 et 1691, et la tour fut bâtie de 1725 à 1751. Une tribune et des sablières ornées de sculptures remontent au XVIème siècle, les autels latéraux et la chaire au XVIIème, le maître-autel, en tuffeau et marbre, est daté de 1668. Une série de panneaux peints en 1711, rappelant la vie de saint Gildas et la résurrection de sainte Tréphine, a malheureusement disparu. Cette église possède une roue à carillon et de nombreuses statues anciennes.

L'église tréviale de Rosquelfen, à 3.200 mètres ouest-sud-ouest de Laniscat, au bord de la voie de Carhaix, est aussi du XVIème siècle,  avec clocher de 1668 et parties reconstruites depuis 1829. Elle renferme des sablières, une crédence et des statues anciennes.

La chapelle de Saint-Gildas, à 800 mètres au nord-est du bourg, remontait au XVIIIème siècle. Vendue nationalement, elle fut donnée à la fabrique en 1819.

A. 2.500 mètres au nord-est de Laniscat existe une autre chapelle, près du manoir de Keriolet. De plan rectangulaire avec chevet à pans coupés, elle porte sur sa façade le blason sculpté des du Fresne qui ont possédé Keriolet au XVIème siècle. Le manoir, à tourelle et cour close, fut transmis vers cette époque aux Gourdel, puis, au XVIIIème siècle, aux de Bizien du Lézard. Acquis par la famille Le Falher, il passa aux Le Mercier et fut revendu vers 1840 aux Laurent. Vers 1850 on y voyait deux écus ovales timbrés d'une couronne de vicomte, portant à dextre de gueules à 7 macles posées : 3. 3. 1. qui doit être du Quellenec, et à senestre d'azur à 3 mains d'argent, posées 2 et 1, les doigts en haut, chargé d'une bande d'argent avec l'inscription NAMERI, qui peut être de la famille de la Touche-Porman.

Près de Keriolet, au Faveno, se voit une maison ancienne possédée au XVIIIème siècle par la famille Le Flohic.

Les autres principales terres de la paroisse étaient Goasilio, Kerault, Kerbihan, Liscuit, Pohon et Le Porzo. Près de ce dernier village se voit la chapelle Saint-Mathurin de Transullon, datée de 1783, près du pont de la route conduisant à Sainte-Tréphine.

Kerault, sur la rive gauche du Sullon, a conservé une tourelle ronde.

Kerbihan, avec juridiction en Laniscat, Saint-Tréphine. Saint-Gelven et Saint-Igeau, relevant de Quintin pour ses terres en Sainte-Tréphine, appartint au XVème siècle aux Le Bourtin, au XVIème aux de Kerguézangor et de Boisboissel, au XVIIème aux d'Avaugour et de Keroignant, et passa aux de Kergariou au XVIIIème siècle.

Le Liscuit, avec cour close et pavillon, se dresse à flanc de l'eau, dans un site sauvage, dominant le cours du Blavet, à l'extrême sud de Laniscat. Relevant de Corlay pour ses dépendances en Laniscat, Rosquelfen et Saint-Gelven, de Quintin pour celles en Bothoa et Sainte-Tréphine, et de Rostrenen en Plounevez-Quintin, ce fief avait haute, moyenne et basse justice, fourches à 3 pots et prééminences dans les églises de Laniscat, Rosquelfen et Saint-Gelven.

Possédé au XVème siècle par les Guernapin et du Juch, passé, au XVIème siècle, aux de Lézongar et du Mesgonez, il échut, au XVIIème, aux de Lopriac qui l'avaient encore au XVIIIème siècle.

Descendant de ces hauteurs abruptes nous trouvons, au confluent du Blavet et du Doulas, l'abbaye de Bon-Repos.

Fondée en 1184 par Alain III Vicomte de Rohan, elle fut dédiée à la Vierge et confiée aux cisterciens pour servir de sépulture à la famille de son fondateur. La dédicace de son abbatiale eut lieu entre 1205 et 1213. Jean vicomte de Rohan la fit lambrisser en 1395. Reconstruite après 1730, elle fut vendue nationalement en 1791 et dépecée pour la restauration de plusieurs églises du pays. La tour de son abbatiale fut transférée en 1806 à Saint-Mayeux, et ses boiseries au Quillio.

Nous avons connu, en 1896, les monuments monastiques encore pourvus de toitures en ruines, il n'en reste plus vers 1945, que les murs, envahis par une végétation arborescente.

Le site est un des plus beaux de la région, le monastère tapi sur la rive gauche du Blavet, entre la gorge sauvage du Doulas et les hauteurs boisées de Quénécan, forêt admirable par ses futaies, ses vallons, ses rivières murmurant sous la feuillée, la variété de ses aspects. Les premiers vicomte des Rohan y avaient leur château des Salles, au bord de l'étang, aux mâcles qui figurent dans leur blason. Cette antique demeure, située sur le territoire morbihannais de Sainte-Brigitte, existe encore entre la forêt, l'étang et les landes, à une altitude de 204 mètres, entourée de plus hauts sommets. C'est près de cette résidence, si favorable aux chasses, distraction favorite des féodaux, non loin des Forges qui étaient un des éléments de leurs richesses, qu'Alain III voulut fixer son tombeau.

A Bon-Repos commence le lac moderne formé par le barrage de Guerlédan, haut de 43 mètres, submergeant sur plus de 8 kilomètres la vallée profonde et sinueuse du Blavet. Ce miroir d'eau où se reflètent les collines boisées de Quénécan, au sud, celles arides et couvertes de landes de Saint-Gelven et Caurel, au nord, ajoute un grand charme au pittoresque paysage.

Sur ses bords se trouve Caurel, centre de sculpture bretonne où se conserve la tradition de nos vieux tailleurs d'images, entre les deux voies antiques d'Uzel et de Loudéac.

A mi-route entre Bonrepos et Caurel se trouve leur bifurcation, entre les chapelles de Saint-Goulven, en Caurel, et de Notre-Dame-des-Champs en Saint-Gelven.

L'église Notre-Dame de Caurel est mentionnée dès 1245. Endommagée par les guerres de Succession de Bretagne, elle fut restaurée après 1393 ; sauf le porche, qui date du XVème siècle, elle fut presqu'entièrement reconstruite en 1748 et restaurée en 1907 et 1934. Elle conserve quelques statues anciennes.

La chapelle Saint-Goulven est datée de 1680, mais renferme des statues plus anciennes et une chaire de 1624. Sur la limite de Caurel et de Saint-Mayeux un village s'appelle Saint-Léon-du-Bois. Les landes de Caurel conservent quelques mégalithes.

Notre-Dame-des-Champs, en Saint-Gelven, ne date que de 1893, les autres chapelles de la paroisse, maintenant détruites, étaient dédiées à saint Pierre, saint Maudez et saint Delon. L'église Saint-Juvénal, de Saint-Gelven a été reconstruite, de 1901 à 1904, dans le style du XVème siècle, sur les plans de M. Morvan, l'un des anciens présidents de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord.

A la rencontre de la rivière de Doulas et de la voie antique de Carhaix se trouve le manoir moderne de Longeau, possédé vers le milieu du XXème siècle par les familles Le Noan et de Trolong du Rumain.

Plus au nord, sur la même rivière, se rencontre la maison noble de Correc, l'un des fiefs les plus importants de la chastellenie de Corlay. Sis en la trève de Saint-Gelven de la paroisse de Laniscat, il comprenait manoir, métairie, porte, jardins, vergers, maisons, chaussées, étangs, moulins à eau et à vent, prés, terres chaudes et froides, futaies, rentes, tenues, dîmes, prééminences, tant ès vitres que sur bois et pierres, dans les églises de Saint-Igeau, Laniscat et Saint-Gelven, tombes et enfeux en celle de Saint-Gelven, cour et juridiction haute, basse et moyenne, et patibulaire à deux posts en la lande de Kerpiquet, juridiction exercée de 8 jours en 8 jours tant en l'auditoire de la cour de Corlay, après les expéditions de la cour de Guémené, qu'aux bourgs de Laniscat, Saint-Igeau, Saint-Gelven et ailleurs. Ladite seigneurie de Correc relevant du prince de Guémené, à cause de sa chastellenie de Corlay, au devoit d'une livre de poivre rendue en une poche de cuir au tablier de la cour de Corlay.

Nous avons déjà vu, à Saint-Igeau, le blason des anciens seigneurs de Correc dont l'écusson aux mâcles pourrait bien indiquer une juveigneurie de Rohan, mais on ne sait rien de cette première maison que sa fusion, vers 1550, dans la famille de Suasse. Les Suasse, issus d'un capitaine espagnol envoyé par ses souverains au secours de la duchesse Anne de Bretagne, en 1488, s'étaient fixés au pays de Quintin. Leurs armes, bien caractéristiques de leur origine ibérique, se voient encore sur la Croix du Rhun et sur des tombes de l'église, en Vieux bourg de Quintin.

René-François de Suasse, petit fils de l'espagnol, épousa Catherine dame de Correc. Leurs descendants continuèrent à s'allier aux meilleurs familles du pays, l'un d'eux fut sénéchal de Quintin en 1591.

Marie-Renée de Suasse, héritière de Correc, épousa, en 1654, Jean des Cognets, seigneur de la Ronxière, près de Matignon, et de la Noë, en Pordic. C'était un homme fort pratique, comme le prouve son testament, fait au manoir de la Noë le 15 avril 1697, où il recommande à ses héritiers de ne faire aucune pompe à ses funérailles, mais de consacrer une somme considérable aux pauvres nécessiteux et aux orphelins de Pordic, aux Capucins et au Couvent de Sainte-Claire, prescrit de nombreuses messes mais recommande de payer ceux qui les diront le moins cher possible, et leur demande de régler sans retard les procès et dettes de leurs prédécesseurs.

Son fils Toussaint, lieutenant, des Maréchaux de France au département de Carhaix, était sans doute non moins pratique, mais, s'étant remarié, vécut en assez mauvaise intelli­gence avec ses enfants. Son fils aîné, mousquetaire de la Garde du Roi, eut une jeunesse orageuse et finit par se marier, malgré la volonté de son père, en 1719, avec la fille d'un procureur du Roi à Carhaix. Son père le fit interner à Belle-Isle-en-Mer où il demeura jusqu'en 1725, date de la mort de celui-ci.

Héritier en survivance de la charge de son père, le nouveau lieutenant de Nosseigneurs les Maréchaux recouvra sa liberté mais trouva son castel en bien mauvais état. Le minu qu'il en fournit, le 6 septembre 1725, au prince de Guémené, donne une idée de l'importance de Correc : corps de logis, cour close entourée de bâtiments et flanqué de quatre tours dans les coins, un petit jardin derrière et au devant de la porte principale, hors la cour, un grand jardin bordé d'un bois de haute futaie, et plus haut un verger et un pré ; les métairies de la Porte et du Bois, les moulins à eau et à vent de Correc, les vasselages du bourg de Saint-Gelven et des villages de Kervegan, Kerpiquet, Goasmario, Kerselaun, Kerdrebuil, Kerbonleguy, Kerbocheret, Saint-Delon et Kerdahel en Saint-Gelven, Goasilio, Pohon et Keryvallan en Laniscat, Kerflec'h en Saint-Igeau, Béjenan, en Caurel, Saint-Mayeux, Kerhaut et le Clos, en Saint-Mayeux, etc... De Correc hérita leur fille Gillette-Mauricette, mariée, en 1760, à messire Jean-François-Marie Geslin, seigneur de Bourgogne en Lantic. Leur fils cadet eut Correc en partage. Capitaine au régiment du Maine-infanterie, émigré, chef de chouans, chevalier de Saint-Louis, il résidait de préférence à Ruveret, propriété de son épouse, à Châtelaudren, et devint maire de cette commune, puis de celle de Saint-Brieuc, de 1818 à 1830. Son fils aîné reçut en dot Correc, mais ne s'y intéressa pas. Il le vendit à ses cousins de Tréveneuc, lesquels le revendirent à la famille Mottin de la Balme.

En 1905, Correc avait conservé sa fière allure, sa cour close, ses tours à coupoles à peu près en bon état. Son corps de logis arrondi aux extrémités, se terminait à l'ouest par un haut donjon à trois étages. La porte principale, ornée de feuillages et d'écussons, une fenêtre à meneaux, indiquent le XVIème siècle, un escalier en pierre, à pilastres, monte aux étages supérieurs.

Depuis plusieurs années Correc a perdu son donjon, par mesure d'économie une toiture uniforme recouvre la tour rasée, au grand détriment du pittoresque. Les coupoles des tours d'angles sont tombées ou menacent ruine, les chaussées de l'étang sont coupées, ce qui reste indique encore quelque chose d'important, mais a néanmoins souffert de la négligence et de l'utilitarisme modernes.

De Correc, par Saint-Delon, une route suivant les crêtes bornant au sud Plussulien, a une altitude variant de 260 à 284 mètres, conduit à Saint-Mayeux avec vue étendue vers le nord et vers le sud. Le territoire de cette commune renferme plusieurs monuments mégalithiques.

Saint-Mayeux a une église moderne, l'ancienne s'étant écroulée en 1806. Elle fut rebâtie de 1806 à 1835. C'est pour la reconstruire que l'on utilisa les matériaux de l'abbatiale de Bonrepos dont la tour y fut réédifiée pierre par pierre. La belle croix du cimetière de Saint-Mayeux pourrait bien avoir la même provenance. Les autels et la chaire, provenant de l'ancienne église, sont du XVIIIème siècle. Les fonts, avec baldaquin, sont de la même époque.

Saint-Mayeux possède deux chapelles : Saint-Maurice, à 2.800 mètres au nord du bourg, servit provisoirement d'église paroissiale après 1806. Sauf deux fenêtres anciennes, des XIVème et XVIème siècles, elle date, en majeure partie, du XVIIème siècle.

La chapelle de la Trinité ou de Saint-Lubin, à 3.000 mètres au sud, sur la limite de Caurel, s'élève près du lieu dit Saint-Léon-du-Bois, en Caurel, au bord de la voie antique de Carhaix à Uzel.

Ces chapelles, comme l'église paroissiale, possèdent des statues anciennes.

Le vieux logis de Kervegan, près de la route de Corlay, semble être un ancien manoir. Celui de Crampoisic, au sud de la route de Laniscat, est sans caractère artistique.

Au sud de Saint-Mayeux s'ouvre une profonde vallée renfermant une succession d'étangs, c'est la vallée de Poulancre, qui, après le manoir et les forges de ce nom, se rétrécit en défilé au-dessous du bois du Quellenec pour aboutir à l'étang de la Roche-Guézennec, en Mûr. C'est un des sites les plus sauvages et pittoresques des monts de Bretagne.

En côtoyant cette vallée on aboutit à Saint-Gilles-du-Vieux-Marché, ancienne trève de Saint-Mayeux. L'église en fut reconstruite de 1894 à 1896 ; elle renferme quelques statues anciennes. On offrait jadis au chapelain des coqs au pardon de Saint-Gilles.

La chapelle Saint-Yves, à 2.900 mètres au nord-est du bourg, est plus intéressante. Elle conserve un ancien portail et des fenestrages des XVème et XVIème siècle mais fut presqu'entièrement reconstruite au XVIIIème siècle. Elle renferme un retable important de cette dernière époque et des statues anciennes.

Les principaux fiefs de ce territoire sont le Baher, le Cosquer, Kerjacob, Poulancre et le Quelennec.

Le Baher, à l'extrême nord de la paroisse, a conservé des restes du XVIème siècle. Peut-être fut-il le berceau de la famille noble des Bahezre qui compte encore de nos jours des représentants. Les archives des Côtes-du-Nord nous apprennent qu'il appartint aux familles de Mur, Testou, Garjan et Le Deist de Botidoux.

Kerjacob avait une moyenne et basse justice unie à la juridiction du Quelennec, exercée au bourg de Saint-Guen, avec prééminences dans les églises de Mûr, Saint-Guen, Saint-Mayeux et Saint-Gilles-du-Vieux-Marché. Possédé primitivement par la famille du Quélennec, Kerjacob passa, au XVIème siècle, aux de Coëtquen, puis aux Le Moënne de Cléden, en 1640, et de Bizien, au XVIIIème siècle.

Poulancre est un manoir du XVIIème siècle avec litres armoriées mutilées, construit vraisemblablement par les Doisseau qui en possédaient alors les forges. Il passa héréditairement aux familles Hay de Couëllan, de Derval de Broondineuf (XVIIème siècle), de Saint-Pern (XVIIIème) de la Lande de Calan (XIXème), de Foucaud de Launay (XIXème), et de Kersaint-Gilly de la Ville-Colvé (XXème). Il a été, depuis, vendu.

Le Quelennec, sur la croupe d'un coteau boisé entouré de vallées profondes, est devenu, au XIXème siècle, une des plus importantes demeures du pays. Berceau d'une famille noble connue dès le XVème siècle et qui se perpétue obscurement de nos jours, il jouissait des mêmes juridictions et prééminences que le fief de Kerjacob qui en fut, plus tard, détaché. Comme lui, il passa au XVIème siècle dans l'illustre maison de Coëtquen, fut acquis, en 1640, par les Le Moënne de Cléden, et transmis, au XVIIIème siècle, aux familles de Bizien, Le Métayer de Coëtdiquel et de Keranflec'h-Kernezne ; cette dernière famille, sur le point de s'éteindre du fait de la guerre de 1914, l'habite encore vers le milieu du XXème siècle.

A l'est de Kerjacob et du Quelennec, en la commune du Quillio, ancienne trève de Merléac, se trouvent les manoirs du Roz. L'un, le plus ancien, avec tour, pavillon et chapelle, appartenait, au XVème siècle, aux Dolo. Olive Dolo ou de Dollo le porta par mariage, au même siècle, à Guillaume Le Lart, seigneur de Kervers, en Haut-Corlay, dont les descendants semblent avoir abandonné les armes parlantes de leur père pour celles de cette héritière. L'un d'eux fut sénéchal de Corlay au XVIIème siècle, son fils sénéchal de Pontivy. Sylvie-Charlotte de Rosmar, fille de Jacquette-Renée Le Lart, hérita du Roz après la mort de sa mère, décédée en 1742, el le porta, par mariage, en 1753, dans la famille de Saisy de Kerampuil. Cette famille vendit le Roz, dans le cours du XIXème siècle, à la famille Ropert qui le possède encore en 1945. Près de ce vieux manoir, la famille du Verger de Guy, alliée aux Guillo-Lohan, du Quillio, avait construit une nouvelle demeure aussi appelée Le Roz. Elle la transmit, par alliance, aux de Cacqueray de Saint-Quentin qui l'ont vendue, vers le milieu du XXème siècle, à la famille Auffray de l'Estang.

La chapelle Saint-Nicodème du Roz remonte au XVIIIème siècle.

Le Roz est dominé par une étroite colline où s'élève, à l'altitude de 298 mètres, depuis 1854, la chapelle Notre-Dame de Lorette, dans l'enceinte d'un ancien cromlec'h. On y jouit d'un panorama splendide sur les bassins du Blavet et de l'Oust.

A l'orient de cette haute crête sont situés les anciens manoirs de Lohan et du Cosquer, et le bourg du Quillio. Plus loin, au bord de « la rigole » qui alimente le canal de Nantes au Blavet, Quénécunan a en partie disparu.

Lohan a donné son nom à la famille Guillo (de) Lohan, bien connue à Saint-Brieuc. Elle l'habitait déjà au XVIème siècle et l'a transmis, par alliance, à la fin du XIXème siècle, aux de la Berrurière de Saint-Laon. Ce manoir relevait, à titre congéable, de la chastellenie de Corlay.

Le Cosquer a donné son nom additionnel à la famille du Couëdic du Cosquer.

Quénécunan n'a plus que son jardin clos de murs. Ses seigneurs avaient des prééminences dans l'église tréviale du Quillio. Passé des du Gourvinec aux de Coëtlogon, en 1584, puis, par alliance, aux de Trogoff, en 1679, il fut acquis, en 1777, par la famille Le Deist de Botidoux. On prétend que des pierres armoriées ont été employées comme moëllons dans les constructions actuelles, le fait n'était pas rare au début du XIXème siècle, on les retrouvera peut-être un jour si les constructions qui les renferment tombent en ruines.

Le petit bourg du Quillio semble formé de manoirs, ayant été habité aux derniers siècles par de riches négociants de toiles de Bretagne. Certains d'entre eux furent les demeures des Guillo-Lohan, Le Gris-Duval et 0llitrault de Kerivallan. Son église, en partie du XVème siècle, remaniée aux XVIème et XVIIIème, renferme des sablières sculptées. Elle acquit, vers 1806, l'autel avec crosse abbatiale, les boiseries du choeur, le lutrin et trois confessionnaux de l'abbaye de Bonrepos. On y remarque une statue en pierre, du XIVème siècle, de Notre-Dame de Délivrance, et d'autres statues anciennes. La croix du cimetière est remarquable et sa grille en fer fut forgée, en 1773, par un maître-maréchal de Grâce-Uzel.

A 1.800 mètres au nord-est du bourg, la chapelle Saint-Maurice conserve des sablières du XVème siècle, un balustre du XVIIIème et des statues anciennes.

Nous entrons en Merléac, près du manoir de Bizoin, situé à bord de route, entre « la Rigole » et l'Oust. Possédé par les Priat, il passa au XVIIIème siècle aux Glais, et au XIXème aux 0llitrault-Dureste. Ce fut la propriété du parlementaire Alexandre Glais-Bizoin (1800-1877) dont le rôle politique fut important de 1830 à 1871. Une place de Saint-Brieuc porte son nom.

Au nord-ouest, sur le bord de la « Rigole » et près du ruisseau de Saint-Léon, le manoir du Houlle rappelle une vieille race féodale peut-être issue en ramage de la puissante maison de Mur dont les armes sont identiques. Gilbert du Houlle était alloué de Rohan en 1322, Jean sénéchal de Vannes et conseiller au parlement ducal en 1558. Catherine du Houlle porta ce fief, au XVIème siècle, dans la famille de Baud, d'où il passa aux Loaisel, de Marbeuf, en 1720, et du Bouëxic de Pinieux. Ce manoir est, actuellement, assez modeste. Sa juridiction était exercée au bourg de Merléac et le blason de ses seigneurs figure dans la maîtresse vitre de la chapelle de Saint-Léon.

Cette chapelle, construite au bord de la voie antique de Carhaix à Uzel, remonte à 1317 et ne fut terminée qu'à la fin du XIVème siècle. Sa maîtresse vitre, datée de 1402, renferme les armoiries des seigneurs du Houlle, seules et mi-parties d'un burelé, et un autre blason portant une fasce. Les murs de la chapelle sont décorés de mâcles d'or sur fond de gueules, en souvenir des Rohan. Une chaire du XVIème siècle et de curieuses statues décorent ce vaste édifice. Saint-Léon aurait été favorisé des bienfaits de Jean Valdire, dit de Saint-Léon, natif de ce village, dominicain du Couvent de Morlaix, puis confesseur du duc de Bretagne Jean V. Ce prince le fit nommer évêque de Léon en 1428. Transféré à Vannes, le 28 novembre 1433, il en répara la cathédrale. Il bénit, en 1442, le mariage du duc François Ier avec la princesse Isabelle d'Ecosse. Il mourut en 1444 et fut inhumé dans la chapelle Notre-Dame de sa cathédrale où se voit encore son tombeau.

L'église Saint-Pierre et Saint-Paul de Merléac est une reconstruction de 1673 avec tour de 1857. On y remarque des autels latéraux du XVIIème siècle, une mise au tombeau à grands personnages et plusieurs autres statues anciennes. Près de l'église, une maison ancienne a une tour et un portail.

A 1.200 mètres, sur la route d'Uzel, la chapelle Saint-Jean, fondée par les seigneurs du Houlle, remonte au XVIIème siècle. Vendue nationalement en 1810, rachetée en 1816 par une famille Le Gal, de Saint-Léon, elle fut donnée à la fabrique de Merléac en 1824.

La chapelle Saint-Gouéno, à 4.500 mètres au sud-ouest du bourg, au village dit Le Moine, près de la voie antique de Carhaix à Saint-Léon, ne date que du XVIIIème siècle et subit aussi, en 1812, les enchères nationales.

D'autres chapelles, maintenant détruites, dédiées à saint Honoré, saint Maudez, saint Nicolas, saint Julien et saint Luc, existaient aussi autrefois en Merléac.

Au nord-est de Merléac, sur la route d'Allineuc, le manoir de Quistinguy ou Kerstainguy conserve une tourelle ronde et les traces d'un portail. Il appartenait en 1688 aux de Keremar, puis passa aux Urvoy de Kerstainguy, Boscher (de la) Belleissue et Fraval.

Mais le plus déconcertant des monuments de Merléac est, sans contredit, le manoir du Vaugaillard, étant donné ses auteurs.

Petite et basse construction aux poutres énormes et si basses qu'on les touche de la main, recouvert à l'intérieur d'une suie noire due à l'excès de fumée, il renferme cependant un document historique, les armes de Rohan alliées à celles de France-Navarre, ce qui le ferait remonter vers 1377. Ce logis ne pouvait être qu'un refuge ou rendez-vous de chasse, mais ce plaisir favori des Rohan n'était pas pour eux sans importance si l'on en juge par leurs sceaux où le cheval et la forêt voisinent. Aussi le Vaugaillard avait rang de haute, moyenne et basse justice. Les Rohan durent s'en défaire de bonne heure au profit des de Ploësquellec, d'où il passa aux de Launay, dits de Ploësquellec, du Pont-Labbé, du Houlle, dès le XVIème siècle, de Keremar, de la Fruglaye, du Bouëxie de Guichen, Boschat d'Uzel, etc...

Bientôt notre périple s'achève par le terroir de Saint-Martin-des-Prés.

Son église, primitivement dédiée à saint Germain, fut reconstruite après 1731, sa flèche fut restaurée au XIXème et sa toiture refaite au XXème siècle. Elle renferme un tabernacle du XVIIIème siècle provenant des Carmes de Quintin.

Avant de reconstruire l'édifice, une enquête fut faite, le 30 décembre, sur les prééminences de cette église, par maître Barthélemy-François Danyel de Penroz, procureur fiscal de Corlay.

Les armes des Rohan-Guémené s'y voyaient dans la vitre principale et dans la chapelle du Rosaire comme seigneurs fondateurs.

Un blason d'azur à la croix dentelée d'or, au premier quartier de gueules à 4 mâcles d'or, figurait au 3ème soufflet de la principale vitre et sur une tombe sous le maître-autel, pour les prééminences de Kerver-Vaugaillard, fief relevant de Corlay avec gibet au bourg de Saint-Martin-des-Prés, et droit de soule, le jour des Rois, à l'issue de la messe dominicale, laquelle soule doit être fournie sur le banc dudit seigneur joignant le balustre du sanctuaire du côté de l'Evangile.

L'abbé de Bonrepos nia ses prééminences et refusa donc toute contribution aux réparations demandées.

Les propriétaires de Cléhunault déclarèrent avoir chapelle prohibitive faisant aile du côté de l'Evangile avec armes en vitre et en bosse, banc clos et tombe élevée prohibitifs, aux armes : d'argent au lion de sable armé, lampassé et couronné d'or, parti à droite de 3 bandes d'argent et de gueules, armes aussi reproduites sur des tombes et au milieu de la grande vitre.

M. du Boisgelin de Kersa y possédait, à cause de son manoir du Bot, un accoudoir, du côté de l'épître, armoyé à ses armes.

Les propriétaires de Guernemot, de Kermarquer, Kerguellin, et autres y avaient des tombes ou escabeaux qui furent mentionnés sans indication d'armoiries.

Les propriétaires de Cléhunault insistèrent particulièrement sur la description de leur chapelle prohibitive, mesurée en pieds et pouces, sans omettre aucun détail. Leur manoir est passé aux familles de Rosnyvinen de Guitté, d'Espinay, Guymarho, Le Franc des Fontaines, Thomé de Keridec et Brignon de Léhen.

La chapelle Saint-David, à 1.100 mètres ouest - nord - ouest du bourg, construite au XVIème siècle, restaurée en 1720, porte, à son chevet, les armes des Tanguy de la Congraye, famille qui a donné deux abbés de Landévennec au XVIIème siècle. Sur l'autre bord de la route de Corlay se voit la Ville-ès-Coquens, avec portail et portillon, portant l'inscription F : P : IAN COLIN DOIS COLIN 1722, surmontée d'un calice.

A 2.100 mètres au sud-est de Saint-Martin, la chapelle de Sainte-Barbe de la Porte-aux-Moines, datée de 1769 et 1775, porte les armes des du Houlle, anciens seigneurs du Vaugaillard et de Kerver.

La chapelle Saint-Roch de la Ville-Morvan, à 1.000 mètres au nord du bourg, remontant au XVIème siècle, a des tirants engueulés et porte les armes de Cléhunault seules et mi-parties de Coëtquen.

La chapelle Saint-Michel, sur la hauteur qui domine à l'est la Porte-aux-Moines, démolie sous la Révolution, dépendait de Bonrepos.

Celle de Saint-Benoît de Kernabat, à 1.300 mètres sud-sud-est du bourg, reconstruite en 1702, a disparu depuis 1900.

La chapelle domestique de Cléhunault, à 2.000 mètres au nord de sa paroisse, renferme un retable du XVIIIème siècle.

Celle de la Congraie, à 2.500 mètres nord-ouest, est convertie en cellier. Sur une cheminée du manoir sont peintes les armes des Tanguy, timbrées d'un casque et tenues par deux anges. La Congraye appartient vers le milieu du XXème siècle à la famille de la Moussaye.

Les chapelles de Kerdano et de Saint-Yviec sont actuellement disparues.

Le manoir du Bot, tout près du bourg, conserve une curieuse galerie, formant porche, avec colonnes de pierre et portail. Il appartenait aux de Boisgelin de Kersa au XVIIIème siècle et a été acquis par les propriétaires du château de Quintin.

Kerver eut la même destinée après avoir appartenu aux du Houlle et de la Fruglaye. Une de ses cheminées porte les armes de Durfort et sa façade celles des Choiseul-Praslin, ancêtres des de Nédonchel, de Calonne de Courtebourne, de Polignac et Frotier de Bagneux, qui se sont successivement transmis cette terre.

Nous terminerons cette promenade par le curieux manoir de la Ville-Ruault, avec cour close, porche armorié, galerie sur colonnes, escalier en saillie, gerbières à frontons et fenêtres grillées, synthèse de l'habitation rurale construite à une époque où il était bon d'être à l'abri d'un coup de main. Ce manoir type, construit au XVIIème siècle par la famille Le Bégnec, a été transmis par héritage aux familles du Faure de Prouilhac, Le Borgne de la Tour, de Cavelier de Cuverville et de Gréaulme. 

(le vicomte Frotier de la Messelière) 

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