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L'ÉVÊQUE CONNEN DE SAINT-LUC

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MONSEIGNEUR CONNEN DE SAINT-LUC (1724-1790), évêque de Quimper.

Le siège épiscopal de Quimper était occupé de 1773 à 1790 par un prélat de sainte et vénérée mémoire, Monseigneur Toussaint-François-Joseph Connen de Saint-Luc, qui, durant les dix-sept années que dura son épiscopat, donna l'exemple de toutes les vertus.

Né à Rennes, le 17 juillet 1724, il appartenait à une illustre et ancienne maison. Suivant l'usage de ce temps, où les familles nobles destinaient par avance un ou plusieurs de leurs cadets à l'état ecclésiastique, Toussaint reçut la tonsure, dès l'âge de sept ans, et fut mis au collège de Saint-Thomas, tenu à Rennes par les Jésuites. La régularité de sa conduite, sa piété et ses vertus en firent bientôt le modèle de ses condisciples. Il fut ensuite envoyé au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, pour y terminer ses études, mais bientôt sa santé s'altéra notablement et, sur l'avis des médecins, il dut regagner le pays natal.

Il n'était alors que bachelier en théologie et ne prit que plus tard ses autres grades, après être devenu prêtre.

A l'âge de vingt-huit ans, il fut pourvu d'un canonicat, dans l'église cathédrale de Rennes, et l'occupa pendant quinze ans, dans l'exercice parfait des devoirs de son état, prêchant, catéchisant, visitant les malades des hôpitaux et assistant les malheureux de tout son pouvoir.

Nommé, en 1767, abbé commendataire de Langonnet, Toussaint de Saint-Luc, animé du véritable esprit ecclésiastique, s'empressa de se démettre de son canonicat, malgré les instances que l'on fit pour le décider à le conserver. Monseigneur Desnos, alors évêque de Rennes, lui accorda, en échange, le titre de chanoine honoraire de sa cathédrale, et le jeune abbé continua, comme par le passé, à se livrer aux travaux du saint ministère.

Ce fut à cette époque qu'il devint l'hôte assez fréquent de Trégarantec, ce château étant très proche voisin de l'abbaye de Langonnet qu'il visitait souvent.

Le 1er mai 1773, l'abbé de Saint-Luc fut appelé à occuper le siège épiscopal de Quimper, en remplacement de Monseigneur de Flamarens, transféré à Périgueux. Il fallut toutes les instances de ses supérieurs ecclésiastiques pour décider Toussaint à accepter ce poste élevé qui répugnait à son humilité.

« En effet, raconte son secrétaire, l'abbé Boissière [Note : L'abbé Dominique- Henri-Alexandre Boissière, né à Rennes, en 1715, décédé chanoine titulaire de Quimper, le 21 février 1805. Il a laissé un manuscrit relatant les principaux faits de la vie de Mgr. Connen de Saint-Luc], dès la première visite qu'il fit à Son Eminence le Cardinal de la Roche-Aymond (ministre de la feuille des bénéfices) il le supplia de faire agréer au Roi ses excuses et son refus. Le Cardinal, sans lui donner le temps de s'expliquer, lui répondit, avec un ton et un air qui manifestaient clairement combien il s'applaudissait de son choix, qu'il fallait obéir et que tel était l’ordre de Dieu, comme celui du Roi. « Au moins, répliqua M. l'abbé de Saint-Luc, Votre Eminence voudra bien accepter ma démission de l'abbaye de Langonnet ».

« Pas davantage, reprit Son Eminence ; j'ai été trompé sur la valeur du Siège de Quimper, qui est grevé d'une pension de mille écus quitte. Si vous n'aviez une abbaye, le Roi vous en donnerait une ».

Monseigneur de Saint-Luc dut s'incliner, malgré son désintéressement et le respect qu'il professait pour les intentions de la sainte Eglise qui, à différentes reprises, avait protesté contre l'attribution abusive et arbitraire dès titres et bénéfices ecclésiastiques.

En effet, malgré cette désapprobation et le blâme formel du Concile de Trente, les rois, abusant de leurs concordats, donnaient à leur gré, à des clercs en faveur à la Cour, le quart, le tiers, et quelquefois la moitié des revenus d'un monastère, en leur confiant un titre d'abbé dont ils n'exerçaient pas les fonctions. Les canonicats étaient attribués, d'une façon aussi fantaisiste, à des clercs qui, parfois, se contentant de la simple cléricature, n'entraient jamais dans les ordres.

Les titulaires de ces bénéfices de faveur étaient généralement des cadets de noblesse, n'ayant d'ecclésiastique que l'habit. Ces abbés de cour, qui ont parfois scandalisé les fidèles et affligé l'Eglise, peuvent être considérés comme une des causes des maux dont le clergé français fut accablé pendant la Révolution, bien que, dans son ensemble, il fût généralement très régulier.

Parfois aussi, les commendes, bénéfices avec revenus, exempts de l'obligation de résidence, servaient de traitement à des fonctions ecclésiastiques ; par exemple à des prélats ayant un service à la Cour, ou encore étaient attribuées, en supplément de ressources, à des évêques pauvres, chargés d'un petit diocèse.

Tel était, précisément, le cas de Monseigneur de Saint-Luc lors de son avènement au siège épiscopal de Quimper. Les charges de cet évêché étaient si lourdes, et les ressources si réduites, que le nouveau prélat, malgré son désintéressement, dut solliciter la réunion à sa mense épiscopale de la mense abbatiale de Landévennec, près de Landerneau. Il l'obtint, en 1781, du ministère de M. de Marboeuf, ainsi qu'un secours pour reconstruire une partie du palais épiscopal de Quimper et pourvoir aux besoins les plus urgents de son diocèse.

Fidèle observateur de la loi de résidence, il s'appliqua constamment à vivre au milieu des âmes dont le soin lui était confié, à étudier leurs besoins et à y remédier de tout son pouvoir. Il faisait, chaque année, la visite de son diocèse et lorsque, en 1789, la maladie l'empêcha de remplir par lui-même ce devoir pastoral, il se fit remplacer par un vicaire général.

Très généreux pour les différentes oeuvres de son diocèse, Monseigneur de Saint-Luc prenait un soin particulier du recrutement et de la formation du clergé, ayant à coeur, comme il le disait de « perpétuer la race sacerdotale » et entretenait à ses frais, dans les collèges et séminaires, les enfants qui annonçaient de bonnes dispositions pour l'étude et des germes de vocation ecclésiastique jugés dignes d'être cultivés.

Il agissait de même pour favoriser les vocations religieuses et facilitait l'entrée des monastères aux jeunes filles qui en étaient écartées par suite de leur pauvreté.

Connen de Saint-Luc, large et généreux envers tous, avait écarté de lui-même tout ce qui sentait le luxe et l'opulence. Ses meubles, son habillement et le train de sa maison étaient de la plus grande simplicité, il n'avait, ni carrosse, ni chevaux et se servait pour ses visites d'une litière et de chevaux de louage.

Mais cette économie et cette mortification toutes personnelles n'empêchaient pas l'évêque de Quimper, dans les occasions où les devoirs de sa position l'exigeaient, de se montrer hôte magnifique et distingué et de recevoir dignement les personnages de marque qui passaient par Quimper. « Il disait qu'un évêque doit donner l'hospitalité et se régler en la donnant, sur le rang de ceux auxquels il l'offre. Quimper se trouvant sur la route de Lorient à Brest, les plus grands seigneurs de la cour et des provinces avaient l'occasion d'y passer fort souvent. Monseigneur le Comte d'Artois témoigna la plus grande satisfaction de la réception que lui fit Monseigneur l'Evêque. Les commandants, les intendants de la province, les inspecteurs généraux des troupes etc. tous lui ont constamment rendu le même témoignage » (Manuscrit de M l'abbé Boissière).

La franc-maçonnerie exerçait déjà à cette époque une influence désastreuse dans certaines classes de la société et les principaux chefs de cette secte occupaient à Quimper des postes importants. Monseigneur de Saint-Luc, dans une mission donnée en cette ville en 1776 par environ quarante ecclésiastiques du diocèse, choisis parmi les plus distingués, monta un jour en chaire et, dans un discours véhément, n'hésita pas à attaquer lui-même en face cette secte dangereuse dans ses principes et dans ses conséquences.

Ce sermon, qui fit sensation, valut à son auteur d'être traduit devant le Présidial de Quimper, où il présenta lui-même sa défense avec beaucoup de succès. Les magistrats de Quimper, particulièrement le lieutenant criminel et le procureur du roi, mandés à Paris, furent blâmés et suspendus pendant plusieurs mois, par ordre du ministre de la justice pour leur manière d'agir à l'égard de leur évêque.

On proposa alors à celui-ci d'être transféré de l'évêché de Quimper à celui de Saint-Flour. Mais, malgré tous les avantages qui pouvaient résulter pour lui de cette translation, Connen de Saint-Luc refusa de quitter l'église qu'on lui avait d'abord confiée et qu'il considérait, disait-il, comme « sa première épouse ». Le roi agréant son refus décida de reporter sur l'évêché de Saint Flour les 3.000 livres de pension dont était grevé le siège de Quimper.

Monseigneur Toussaint de Saint-Luc ne quittait son diocèse que pour assister, tous les deux ans, aux Etats de la province et, au cours de ces voyages, en allant ou en revenant, il s'arrêtait à la Chartreuse d'Auray, où il passait quelques jours dans la retraite et le recueillement, uniquement occupé de son salut, au milieu des saints religieux qu'il édifiait par sa piété et ses vertus sacerdotales.

Au moment où éclata la Révolution, Monseigneur de Saint-Luc fut l'un des premiers à en prévoir les conséquences désastreuses pour la monarchie et pour la Religion en France ; aussi se montra-t-il tout de suite opposé à toutes les innovations qui en furent le prélude. Lors des assemblées primaires, au mois de mars 1789, les ecclésiastiques et bénéficiers séculiers et réguliers du diocèse, réunis pour former les cahiers des représentations et nommer des électeurs, envoyèrent à l'évêque de Quimper une députation afin de l'inviter à venir présider l'assemblée. Il répondit très nettement qu'il ne pouvait ni ne voulait s'y rendre et refusa de même toute participation aux cérémonies et manifestations politiques du moment, prestation du serment civique, bénédiction de bannière etc .. Le chapitre de Quimper suivit en tous points l'exemple de son évêque.

Le 23 septembre 1790, Toussaint Connen de Saint-Luc tomba gravement malade, au moment même où le département du Finistère lui faisait signifier les décrets de la Constitution Civile du Clergé. Le saint prélat, malgré la fièvre qui le minait, eut le courage de composer et de dicter à son secrétaire l'écrit intitulé :

« Déclaration adressée à Monsieur le Procureur-général-syndic du département du Finistère, par Monseigneur l'Evêque de Quimper, en lui accusant la réception des décrets de la Constitution civile du Clergé ». Cette déclaration était une énergique protestation contre la nouvelle organisation votée par l'Assemblée et l'exemple du prélat mourant fut bientôt suivi par la majorité des évêques de France.

Celui de Quimper mourut cinq jours après et le clergé de son diocèse, assemblé presqu'en entier, le 5 octobre 1790 à l'occasion des obsèques de Monseigneur Connen de Saint-Luc, jura, sur le cercueil de son pasteur, de rester fidèle à ses enseignements, serment qui fut dignement tenu par la suite.

Monseigneur Toussaint Connen de Saint-Luc fut inhumé dans son église cathédrale, à l'entrée de la porte principale, avec cette épitaphe qu'il s'était lui-même composée :

« Hic jacet Tussanus-Franciscus-Josephus, peccator, natus die 17 Julii 1724, consecratus die 29 Augusti 1773, obiit die 30 Septembris 1790 » (« Ci-git Toussaint-François-Joseph, pêcheur, né le 17 juillet 1721, sacré le 29 août 1773 ; mort le 30 septembre 1790 »).

Le Chapitre de Quimper ajouta à cette inscription, qui témoignait de la sainte humilité de son évêque, d'autres paroles marquant la vénération et l'admiration de tous pour ce prélat que son grand mérite et ses vertus faisaient qualifier de saint même de son vivant : « Justus prior est accusator sui » (« Le juste est le premier à s'accuser lui-même » (J. Baudry).

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