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L'hôpital de Concarneau.

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Nous avons vu que, dès avant 1636, Concarneau avait un hôpital [Note : L'hôpital devait remonter au moins au XVème siècle, comme l'indique le style de la chapelle subsistant encore]. Cet hôpital n'était pas riche, et, en 1727, l'abbaye de Landevenec lui abandonna, comme nous l'avons dit, les biens de son prieuré de Saint-Guénolé. L'hôpital avait des charges assez lourdes, car il recevait non seulement les malades pauvres de la ville, mais les malades des navires, quelquefois nombreux, stationnant dans le port. Il était desservi par ces admirables Filles de Saint-Thomas de Villeneuve qui, nées en Bretagne et au bord de notre mer, semblent vouées aux soins des marins [Note : Cette communauté a pris naissance à Lamballe, en 1661].

En 1772-1773, l'hôpital fut encombré. Concarneau fut ravagé par une terrible épidémie [Note : C'est à l'occasion de cette épidémie que la ville contracta généreusement l'emprunt que nous avons mentionné par ailleurs], et les Filles de Saint-Thomas ne s'y étaient pas épargnées.

Or, vingt ans plus tard, aux premiers jours de novembre 1793, les pauvres et les marins soignés par elles les virent partir sous escorte pour les prisons de Quimper [Note : Sur ce qui suit voir l'Histoire du Comité révolutionnaire de Quimper, par J. Trévédy].

Un décret du 18 août 1792 avait supprimé leur communauté [Note : Décret du 18 août 1792. — Duvergier, IV, p. 383. Titre Ier, art. 1. — Sont supprimées toutes les corporations religieuses, même celles uniquement vouées au service des hôpitaux et au soulagement des malades. Titre II, art. 1er. — Les biens... dépendants de toutes associations de piété ou de charité dénommées ou non dans l'article ci-dessus seront vendus.... comme les autres domaines nationaux]. Toutefois, elles continuaient à titre personnel leurs services aux malades pauvres. Mais le comité de surveillance de Quimper ayant chassé les religieuses des hôpitaux, le comité de Concarneau l'imita. Il montra même plus de civisme. A Quimper, on avait commencé par interner les religieuses chez des parents ou des amis, et on leur avait laissé leurs vêtements. A Concarneau, elles furent refusées à leurs familles ; le jour de leur arrestation, leurs linges et leurs vêtements furent mis sous séquestre, et quatre mois plus tard, le comité de Quimper les réclamait en vain pour elles.

Or, de ces religieuses, l'une avait 73 ans, l'autre 71, une troisième était aveugle. Mais l'infirmité ni la vieillesse ne devait sauver ces « pestes publiques » de l'incarcération [Note : Le comité de Quimper les nommait « réfractaires, fanatisées, calotinocrates — à Nantes, on disait calotinocratinettes, — pestes publiques ». Ce dernier mot revient en usage, mais que ceux qui l'emploient ne se flattent pas d'avoir le mérite, l'honneur de l'invention ! Le mot est une vieillerie].

La loi attribuait une pension aux religieuses chassées de leur couvent, l'incarcération suspend le paiement de la pension : c'est une économie. L'administration n'assure pas leur subsistance : autre économie. Le comité de Quimper supplie le directoire du district de leur assurer une nourriture suffisante : il n'obtient rien et les détenues souffrent de la faim [Note : Le comité (29 novembre 1793) menace de se plaindre au comité de salut public : « Nous ne pouvons tenir en arrestation des femmes pour les faire mourir de faim, et quelles femmes encore ! Des femmes qui, suivant les lois, ont toutes des pensions de 1.000, 700, 500, et les moindres de 333 livres. En leur donnant 20 sous par jour à chacune, c'est encore un grand profit pour la République » Pour avoir la valeur exacte en francs en 1908, il faut doubler les chiffres. Le comité n'obtint rien. Le 18 février 1794 (3 mois après) il renouvelle ses instances, en reproduisant cet abominable argument. — V. Hist. du Comité, p 40, 41 et 95 : « La nation en incarcérant les religieuses gagne infiniment, puisque leurs incarcérations les privent des pensions que la nation leur avait assignées »].

La loi avait déclaré « l'assistance du pauvre dette nationale » [Note : Duvergier, V, p. 255 et 329. Décret du 19 mars. Nouvelle organisation des secours publics. Art. 5. — Au moyen de ce que l'assistance du pauvre est une dette nationale, les biens des hôpitaux, fondations et dotations en faveur des pauvres seront vendus ; néanmoins la vente n'aura lieu qu'après l'organisation complète, définitive et en pleine activité des secours publics. Décret du 1er mai 1793. Art. 1er renouvelle le délai imposé à la vente, mais l'art. 4 reconnaît qu' « en exécution du décret du 18 août 1792, les biens de quelques uns des établissements de charité ont été vendus » apparemment avant le décret du 19 mars ou en violation de ce décret], et elle avait suspendu la vente des biens d'hospices jusqu'après « la mise en activité de l'assistance publique ». Mais c'était remettre la vente à un terme indéfini. Des patriotes désintéressés se montraient impatients d'acquérir à prix vil et payable par annuité des biens considérables. Pour leur donner satisfaction et par une violation formelle de la loi, des biens d'hospices furent vendus ; voilà comment tant d'hospices ont disparu ; et voilà pourquoi, après un siècle passé, Concarneau n'a pas d'hospice, quand il a une population de 8.000 habitants !

(Julien Trévédy).

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