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Les églises et chapelles de Concarneau.

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Nul doute que Beuzec n'existât comme paroisse avant la fondation du prieuré de Saint-Guénolé. Mais, après l'établissement des religieux de Landévenec sur l'îlot de Conc, la chapelle du prieuré s'ouvrit, comme en beaucoup d'autres lieux, aux fidèles du voisinage. Avec le temps, l'îlot et les campagnes les plus proches devinrent une circonscription ecclésiastique rattachée à la paroisse de Beuzec comme fillette, selon l'expression ancienne, ou trêve.

De ce fait et de l'expression Beuzec-Conc est née cette confusion que nous avons signalée, reportant à Beuzec, le château, la justice royale, tous les attributs de Conc, trève de Beuzec.

La chapelle du prieuré, sous le vocable de Saint Guénolé, devint l'église tréviale. Après la fondation d'un hospice, une autre chapelle s'éleva sous le vocable de la Trinité.

En 1636, Dubuisson-Aubenay signale ces deux chapelles et même une troisième, il écrit : « Dans la ville, il y a trois églises : la grande chapelle de Saint-Guénolé, bien jolie... Notre-Dame du Portail et l'hôpital de la Trinité » (P. 108).

Saint-Guénolé, chapelle du prieuré, et la chapelle de l'hôpital, La Trinité, étaient très voisines l'une de l'autre, dans la partie à l'Est que nous avons signalée comme la plus large de l'îlot. C'est ce que permet de voir un plan de 1755, qui en cet endroit écrit : les Eglises, bien qu'il n'en marque qu'une, sans doute Saint-Guénolé.

« L'église de Saint-Guénolé fut reconstruite au XIIIème siècle. C'est du moins le caractère d'architecture que lui attribuent la vue de Concarneau gravée au XVIIème siècle, et les souvenirs des personnes qui en avaient vu les ruines, avant 1830 ». Par ailleurs, j'ai signalé la tour carrée sans cloches, à la façade, et la nef très élevée ; il faut ajouter que cette nef était « coupée par un transept, portant à l'intersection un clocher en aiguille ». On a gardé le souvenir de très beaux vitraux au choeur [Note : Bull. Comm. Diocésaine, VIème année, 1906, p. 113, Notice sur Concarneau. — Sur les ruines de cette belle église a été construite, en 1828, l'église actuelle qui ne la remplace pas au point de vue de l'art].

La chapelle Notre-Dame était vers l'Ouest, en arrière de la porte principale et du pont-levis ; au XVIIIème siècle, elle était dite du Rosaire, et servait aux assemblées de la communauté.

Le dessin du XVIIème siècle mentionné plus haut, complète les indications du plan (2).

Le prieuré de Saint-Guénolé a subsisté, au moins en droit, jusqu'à la Révolution ; en fait, les religieux avaient, en 1727, abandonné leurs biens de Concarneau à l'hôpital de la Trinité : moyennant une rente de un sol par an [Note : « Les religieux de Landevenec, considérant l'extrême pauvreté de l'hôpital, sujet à de grandes dépenses, surtout lorsqu'il y a de grandes maladies, ou que, des bâtiments relâchant au port il se trouve plusieurs matelots malades, — consentent à l'extinction et suppression perpétuelle du titre du prieuré de Saint-Guénolé et à l'union irrévocable de ses biens à l'hôpital de Concarneau, qui paiera un sol par an à l'abbaye ». Extrait du registre des Actes capitulaires de Landevenec, 1675 à 1771. Archives du Finistère].

En 1681 [Note : Arch. Loire-inf., B. 1238, n° 43. En ville 168 livres, au faubourg 17 livres, plus quelques sous et deniers], une déclaration du « recteur de Beuzec-Conq et de l'église priorale de Saint-Guenolay desservie en la ville de Concquerneau », énumère les immeubles débiteurs de rentes à la fabrique. Ces immeubles sont situés en Trégunc, Lanriec, Nevez, Beuzec et Conc. A Conc, les rentes sont payées surtout par les maisons de l'île, et pour une mince partie par Péneroff. Le chiffre total est de 185 livres, ou 620 francs environ de notre monnaie en 1908.

L'église de Saint-Guénolé subsistait en 1788 ; elle avait besoin de réparations qui ne furent pas faites. En 1804, quand le culte fut rétabli, l'église admirée en 1636 par Dubuisson était en ruines ; et le culte se célébra dans la chapelle de l'hôpital, très insuffisante. Enfin, vingt-quatre ans après, en 1828, Saint-Guénolé fut reconstruit à la même place.

Depuis le concordat, Beuzec-Conc était doyenné. Le 24 août 1831, une ordonnance transféra la cure de Beuzec à Concarneau, et la succursale de Concarneau fut transférée à Beuzec (Bull. Comm. diocésaine de Quimper, 3e année (1903), p. 161. Notice sur Beuzec-Conc).

Je n'ai pas voulu interrompre les renseignements que j'avais à donner sur ces églises ; mais il me faut revenir en arrière sur quelques points de l'histoire ecclésiastique de Concarneau.

Aux premières années du XVIIème siècle, les habitants avaient bien peu profité des instructions de leur clergé. Autrement, comment comprendre ce que nous apprend le premier biographe de l'abbé Michel Le Nobletz ?

En 1615, ce saint homme étant venu à Conc, « prêcha avec sa ferveur ordinaire » sur des points élémentaires de la doctrine chrétienne. Pour ses auditeurs, sa prédication fut une nouveauté, et fit scandale. Ils crurent avoir entendu « un prêtre insensé ». Le pieux missionnaire, ajoute son biographe, « passa à Pont-l'Abbé voir si la pêche serait meilleure que dans sa dernière pêcherie »  [Note : Vie manuscrite de D. Michel Le Nobletz (1664) qui a servi à l'édition de 1666].

Un demi-siècle plus tard, en 1667, c'est le P. Julien Maunoir qui vient donner une mission à Concarneau [Note : Il en donna une autre à Beuzec-Conc, en 1670]. Mais il arrivait dans des conditions plus favorables que son maître et prédécesseur. Depuis quinze ans, il évangélisait la Basse-Bretagne, et sa mission de Concarneau eut son succès habituel.

Il faut saluer en passant la sainte et grande figure du P. Maunoir. Pendant la révolte du papier timbré, il avait empêché le soulèvement de plusieurs paroisses ; et, si on l'eût laissé faire seul, il était capable de pacifier le pays et de prévenir, en la rendant inutile, l'affreuse répression qui allait déshonorer le duc de Chaulnes.

A soixante-dix-sept ans, après quarante-deux ans de travaux évangéliques, et plus de 400 missions, le P. Maunoir s'arrêta pour mourir (29 janvier 1683) au cours d'une mission [Note : Le P. Maunoir mourut à Plévin, contant de Maël-Carhaix, arr. de Guingamp. L'église de Plévin garde son tombeau toujours en vénération].

Le grand apôtre ne mourait pas tout entier. Le P. Vincent Martin, son compagnon depuis quinze années, allait le continuer ; mais trois ans plus tard, il tombait, au cours d'une mission (à Plouisy, près de Guingamp), le 9 novembre 1686. Le P. Guillaume Le Roux, âgé de 33 ans, prit sa place, qu'il allait occuper quarante ans, jusqu'à sa mort, presque en chaire (Lothey, arr. de Châteaulin), le 17 juillet 1725. Tels étaient ces missionnaires Bretons mourant tous comme des soldats sur la brèche. Après quinze années, le P. Le Roux allait avoir pour successeur à la tête des missions de Bretagne, son neveu à la mode de Bretagne, le P. Thomas Corret.

C'est à Concarneau, en 1741, que celui-ci commença un laborieux et fécond apostolat, qu'allait interrompre après vingt années l'arrêt prononçant l'expulsion des Jésuites. Pour le sauver de l'exil, l'archevêque de Paris réclama le P. Corret comme aumônier de la maison royale de l'Enfant-Jésus. Il y vécut jusqu'en 1782.

Cet éminent et saint religieux était le frère cadet d'Olivier-Louis, père de La Tour d'Auvergne-Corret. Celui-ci, privé de son père à cinq ans, trouva dans son oncle un second père, et lui rendit jusqu'à la fin les devoirs de la piété filiale.

Le P. Corret est ce « vieil oncle, ce bonhomme pauvre, » que le futur Premier Grenadier visitait et essayait de secourir chaque fois qu'il passait à Paris. Tous les biographes ont parlé de ce vieil oncle, pas un n'a cherché qui il était ; il a fallu que je révèle son nom plus de cent ans après la mort de son illustre neveu [Note : V. Deux Jésuites oncles de La Tour d'Auvergne (1902). Le P. Le Roux était son grand oncle à la mode de Bretagne, cousin de sa grand-mère maternelle, Barbe Le Scaffunec] !

Je mentionnais plus haut la procession de la Fête-Dieu à Concarneau. La procession traversait la grève ; et voici un fait rapporté par un auteur dont je traduis mot à mot le latin [Note : « In episcopatu corisopitensi ad vicum Concarneum in die festo Augustissimi Sacramenti habetur supplicatio semper circa horam decimam. Illa per aestuarium traducitur, eique cedit aestus maris. Si tum intumuerit, sensim detumescit, viamque Christi corpus sequentibus facit ; neque unquam dilata supplicatio, licet cùm primum ex basilica egrederetur mare intumesceret. — Acta publica Episcopi jussu confecta »].

« Dans le diocèse de Quimper, en la ville de Concarneau, à la fête du Saint-Sacrement, la procession se fait toujours vers dix heures du matin. La procession traverse la grève et le flot lui cède la place ; si, à ce moment, la mer monte, elle baisse sensiblement, laissant la voie libre aux fidèles qui suivent le corps du Christ ; et jamais la procession n'a été retardée, même quand, à la sortie de l'église, la mer montait. — Actes publics, (c'est-à-dire procès-verbaux authentiques) dressés sur l'ordre de l'évêque » [Note : C'est Cambry (Voyage, p. 358), qui m'a fourni ce fait. Il n'avait pas vu l'auteur qu'il cite : il dit : La Géographie de Philippe Le Briel. Or, le livre est intitulé : Parallela Geographiae veteris et novae. Auctore Philippo Briet, à Societate Jesu. Parisiis, 1648. — V. Livre VI, De Gallia antiqua cum tabulis geographicis. — Liv. VII de la 2ème partie, § 3, n° 2, p. 405. Conquarnellum seu Conquerneum, Concarneau, urbs cum arce ad mare. Aliter Conq. — Chap. XII de la 2ème partie. De mirabilibus Galliae locis. In Armorica, p. 468].

D'après l'auteur, il y aurait eu plusieurs procès-verbaux. Cambry n'en rappelle qu'un seul. — La vérité est qu'il n'existe aucune trace à Quimper des procès-verbaux, ni même d'un procès-verbal unique.

Voici une explication du fait, proposée par les rédacteurs du bulletin de la Commission diocésaine de Quimper [Note : 6ème année (1906), p. 185-186, Notice sur Concarneau. — Je ferai remarquer que le mot fossé, qu'on va trouver deux fois, semble employé au sens de chaussée. Il signifie la chaussée qui, conduisant du faubourg au pont-levis, donne accès à pied sec à l'îlot] :

« Au XVème siècle, la procession de la Fête-Dieu était établie en France, et l'on peut croire que c'est en ce siècle qu'avait lieu à Concarneau le prodige dit plus haut, qui cessa, croyons-nous, à la fin du siècle, lors du remaniement des fortifications par la duchesse Anne. Pour expliquer le prodige, nous supposons qu'avant cette époque les murailles se terminaient au côté ouest par l'enceinte qui, actuellement, est la seconde, après le passage du pont-levis ; et c'est pour cette raison que la chapelle voisine s'appelait Notre-Dame du Portail. A cette époque, il n'y avait ni fossé, ni pont-levis, autrement, pas plus qu'aujourd'hui, il n'y aurait eu lieu à miracle pour passer à pied sec. Mais alors une sorte de sillon couvert à marée haute, joignait la ville à la terre ferme. On conçoit dès lors qu'arrivant de Beuzec, la mère-église, toujours à la même heure, la procession eût dû, quelquefois du moins, être naturellement retardée de 15 à 30 minutes dans son passage ; et c'est pour n'avoir jamais été retardée que l'on parle de prodige, prodige qui cessa d'être constaté et tomba peu à peu dans l'oubli, depuis l'établissement d'un fossé et d'un pont-levis permettant l'entrée de la ville à toute heure de marée, transformation que nous avons attribuée par hypothèse à la duchesse Anne ; mais qui fut certainement exécutée dans le courant du XVIème siècle ».

(Julien Trévédy).

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