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La Châtellenie de Conc-Fouesnant-Rosporden.

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Quelle que fût la population de Conc, il suffisait de son hâvre, de son port, de ses murailles, pour en faire le lieu le plus important des trois seigneuries ducales contigües de Conc, Fouesnant et Rosporden ; et Conc devint le chef-lieu de ce domaine. Les trois noms de Gonc ou Conq, Fouesnant et Rosporden, sont très souvent accolés dans les vieux actes. Ils expriment trois seigneuries ducales, puis royales, groupées en une juridiction unique dont le siège était à Conc ; et Conc, en devenant le chef-lieu judiciaire, fut en même temps, comme nous dirions aujourd'hui, le chef-lieu administratif du domaine ducal.

La juridiction était circonscrite par une ligne partant de l'embouchure de l'Odet, et suivant la limite Ouest des cantons actuels de Fouesnant et de Rosporden, jusqu'à la hauteur de Coray, de là montant plus au Nord, enserrant la commune de Scaër, puis redescendant à l'embouchure de l'Aven, enveloppant Kernevel, Melgven, Nevez et Nizon. Cette délimitation comprend les cantons actuels de Concarneau, Fouesnant, Rosporden, la plus grande partie de celui de Scaër, une partie de celui de Banalec, et plus de la moitié de celui de Pont-Aven ; soit autrefois vingt-trois paroisses ou trèves et aujourd'hui vingt-et-une communes [Note : Je trace cette limite d'après la carte de la Bretagne féodale de La Borderie (1889), reproduite au t. III de l'Histoire de Bretagne ; voir p. 56 et suivantes].

Cette limite fut, jusqu'à la Révolution, la limite du ressort de la sénéchaussée, ou, comme on disait, de la cour royale de Concarneau.

On peut se demander quelle était la valeur de chacune des trois seigneuries. Nous pouvons répondre à cette question, d'abord en ce qui concerne Fouesnant et Rosporden. Après, nous parlerons de Conc.

Les deux premières seigneuries ont été plus d'une fois distraites du domaine ducal ; le duc retenant seulement la justice, comme c'était l'usage, en preuve de souveraineté. Quelques-uns de ces actes donnent le revenu de chacune d'elles.

Par un premier acte, daté de 1381, Jean IV obtient de Jeanne de Chabot, la baronnie de Retz ; et donne en échange les seigneuries de Fouesnant et Rosporden, plus Châteaulin sur Trieux, au diocèse de Tréguier [Note : Lobineau, Hist., p. 445. Le château, chef-lieu de la seigneurie, était commune actuelle de Plouec, qui touche Pontrieux, arr. de Guingamp]. Mais, Jeanne, dite la Sage, et qui aurait mieux mérité le surnom de Folle, a bien vite reconnu que le duc l'a jouée.

En acceptant cet échange, elle a subi bien plus que la lésion d'outre moitié, cause d'annulation des contrats. Elle proteste, le duc, redoutant le scandale d'un procès perdu d'avance, consent à reprendre ses seigneuries [Note : Cette renonciation se fit avant octobre 1395. Ainsi seulement peut s'expliquer que, à ce moment, Jean IV put rendre au Comte de Penthièvre Châteaulin sur Trieux, en exécution des conventions dites mal à propos, depuis cinq siècles, traité d'Aucfer. — V. Croix et traité d'Aucfer, par J. Trévédy] ; et Jeanne rentre en possession de sa belle baronnie, avec ses six châteaux, ses forêts et tous ses droits utiles et honorifiques [Note : Mais elle n'en jouit pas longtemps. Voici un bref résumé de cette affaire : Châteaulin sur Trieux est donné par Jean IV et accepté en 1395 (traité d'Aucfer) pour 1.300 livres de rente (71.500 fr.) au denier 20, valeur vénale 1.420.000 fr., ajoutons la valeur vénale de Fouesnant et Rosporden, dite plus loin : 577.000 = 1.997.000. — Remise en possession, la baronne désespérée donne mandat de vendre les trois seigneuries pour 1.100.000. Des conseils la ramènent à la raison, et le duc, comme je l'ai dit, rendit la baronnie. Mais, vers 1390, il s'empare, à main armée, de la baronnie, et il la gardera six ans, jusqu'à l'arrêt du 4 mars 1596, par lequel le Parlement de France le condamne : 1° à la restitution ; 2° à des dommages-intérêts de 5.940.000 fr. ; 3° aux frais très lourds de l'instance. Les dommages se décomposent ainsi  1° 60.000 livres, 3.300.000 fr., pour les meubles enlevés des châteaux de la baronnie ; 2° 48 000 livres, à raison de 8.000 par année pour indue jouissance, 2.640.000 fr. Le revenu évalué à 8.000 livres ou 440.000 fr., donne, au denier 20, une valeur de 8.800.000 fr., en échange la baronne avait reçu une valeur de 1.997.000 : différence 6.803.000 fr. Jeanne de Chabot était une collectionneuse, elle réclamait 60.000 livres, 3.300.000 fr., pour les meubles du château de Princé, sa résidence ordinaire. V. mon mémoire : Le duc Jean IV, baron de Retz et Jeanne de Chabot, baronne de Retz].

Ce premier acte ne donne pas le revenu de Fouesnant et Rosporden ; mais nous trouvons ce renseignement ailleurs, et nous en déduirons la valeur vénale des deux seigneuries [Note : Nous allons avoir à établir le rapport de monnaies anciennes à la monnaie actuelle. Nous suivrons les évaluations de Leber, établies vers 1845, et par là un peu faibles après soixante ans passés. Pour ramener la livre (ou franc) des XIVème et XVème siècles au franc actuel, Leber prend pour multiplicateurs les chiffres suivants : XIVème siècle 2ème moitié 55. — XVème 1ère moitié 41.25. — XVème 2ème moitié 30. La Borderie remplace le chiffre 30 par 35 au moins].

En 1431, Jean IV évalue Fouesnant et Rosporden 700 livres de rente, environ 29.000 francs de nos jours [Note : Cet acte et celui qui suit sont consentis à Pierre de Rieux, maréchal de France, dit maréchal de Rochefort. Le premier est un don. Arch. Loire-Inf., E. 152. Le second une garantie. Lobineau, Hist., p. 588. — A cette époque, l'écu d'or était évalué 23 sous, la livre étant, comme toujours, à 20 sous]. A cette époque, les ventes se font souvent au denier 20. Ce revenu permet de fixer la valeur approximative des deux seigneuries à 577.000 francs.

Vers le même temps, Jean V engage les deux seigneuries, avec Conc, en garantie de 15.000 écus d'or (17.250 livres) soit 611 661 francs, monnaie actuelle, somme qui se rapproche sensiblement de la valeur calculée sur le chiffre résultant du revenu.

Attribuons l'écart (34.000 fr.) à Concarneau, qui, nous le verrons plus loin, ne compte pour presque rien ; et acceptons le chiffre de environ 577.000 francs, comme représentant la valeur des deux seigneuries.

En 1438, Jean V assigne Fouesnant et Rosporden, pour seulement 460 livres de revenu, dans le partage de Pierre, qui sera Pierre II [Note : Morice, Pr., II, 1319. La réduction du revenu de 700 livres à 460, est un avantage que Jean V fait à son fils. Il faut s'en tenir au chiffre 700 comme valeur réelle. Par le même acte, Pierre reçut Guingamp dont il va prendre le titre, pour une rente de 600 livres (24.000 fr.), quelques autres domaines, et enfin une rente de 1.250 livres (plus de 51.000 fr.), sur les sécheries de Cornouaille].

En 1457, la rente de 6.000 livres (200.000 francs), que le duc Pierre II assigne en douaire à sa veuve. Françoise d'Amboise, est assise en partie sur Conc, Fouesnant et Rosporden [Note : Lobineau, Hist., p. 664. — Constitution de douaire (14 avril 1453). Testament (5 septembre 1457). François II porte le douaire de 6 à 7.000 livres, soit 30 ou 40.000 fr. de plus, et la châtellenie de Conc y resta soumise. — Voir Douaire des duchesses de Bretagne, par J. Trévédy (1907)].

Enfin, en 1594, Henri IV offrait les trois seigneuries au due de Mercoeur avec le gouvernement de la Bretagne, pour le déterminer à faire la paix.

Telle est la châtellenie dont Concarneau fut le chef-lieu judiciaire et, comme nous l'avons dit, administratif. En effet, anciennement et pendant longtemps, le sénéchal, premier ou même unique juge du siège, eut la justice et l'administration; et, jusqu'à la fin de l'ancien régime, il garda quelques attributions administratives, comme nous le verrons.

Nous reviendrons plus loin, avec quelques détails, sur le siège judiciaire de Concarneau ; mais il nous faut parler d'abord de la seigneurie particulière.

(Julien Trévédy).

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