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LE COMTE AYMARD-JOSEPH-EMMANUEL DE BLOIS

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LE COMTE AYMARD-JOSEPH-EMMANUEL DE BLOIS

(9 Novembre 1760 – 7 Septembre 1852).

Parmi les membres de la noble maison de Blois, dont les descendants semblent prédestinés, à travers les âges, à faire la gloire de leur pays et l'honneur de leur race, nous mentionnerons ici un homme que sa longue carrière a rendu, à la fois, contemporain de l'ancien et du nouveau régime et qui était, au milieu du dix-neuvième siècle, le « doyen de la marine française et de l'archéologie bretonne ». A ces appellations, qu'aimaient à lui prodiguer ses contemporains, on eût pu, avec justice, croyons-nous, ajouter celle de patriarche modèle des temps modernes. En effet, ce titre ne convenait-il pas à merveille à ce beau vieillard de quatre-vingt-onze ans, exempt d'infirmités, s'éteignant doucement au milieu de la vénération de tous, entouré de six des onze enfants auxquels il avait donné le jour et de la compagne de soixante-cinq années de sa vie d'honnête homme et de bon chrétien ?.

Aymard-Joseph-Emmanuel-Raphaël, comte de Blois de la Calande, naquit à Morlaix le 9 novembre 1760, du comte de Blois et de la comtesse, née le Provost de Boisbilly, décédée en 1783. Il fut dès lors le conseil et l'appui de son frère et de sa jeune soeur, surtout lorsque la mort enleva aux trois orphelins l'affectueux soutien, qu'ils avaient encore ici-bas, leur oncle maternel, l'abbé le Provost de la Boixière de Boisbilly, dont nous avons retracé la vie.

Après avoir fait son cours d'études au collège royal de la Flèche et à l'école militaire de Paris, Aymard de Blois fut admis dans la marine, le 6 mai 1776, c'est-à-dire à temps pour se disposer à prendre part à la guerre navale la plus brillante et la plus glorieuse, peut-être, qu'aient jamais enregistrée nos annales maritimes. Il prit une part active à tous les événements considérables de cette mémorable lutte, sous les ordres de l'un des plus habiles et intrépides marins de la flotte française, le comte de Soulanges, commandant le vaisseau le Sphinx, qui appartint, tour-à-tour, aux escadres dirigées par le comte d'Orvilliers, le comte d'Estaing et le comte de Guichen.

Note : Le comte Paris de Soulanges (Claude-René), chef d'escadre en 1786, émigra pendant la Révolution, commanda, comme lieutenant-colonel, à l'armée des Princes, et fit, en cette qualité, partie de l'expédition de Quiberon. Fait prisonnier de guerre, ainsi que ses malheureux compagnons d'armes, à la suite de la capitulation, il fut transféré avec les autres officiers dans les prisons d'Auray, en attendant la comparution devant les commissions militaires chargées de les juger, ou plutôt de les condamner. M. Alfred Nettement nous a retracé les derniers moments de ces infortunées victimes de leurs convictions politiques. « Quand la porte s'ouvrît, les prisonniers étaient agenouillés devant la balustrade du choeur (dans la chapelle de la Congrégation des hommes à Auray), le vieux comte de Soulanges, blessé et malade, remplissait le rôle que devait remplir le lendemain le comte de Kergariou-Locmaria. Appuyé sur l'autel, il récitait les prières des agonisants. A cet aspect, les soldats, frappés de respect, demeuraient immobiles, les femmes pleuraient : " Mesdames, leur dit M. de Soulanges, votre charité nous suivra donc jusqu'à la mort ! " » (A. Nettement, Quiberon). Les Paris de Soulanges portaient : « D'argent à la croix de gueules cantonnée de quatre lionceaux affrontés de même » (Nobiliaire et Armorial de Bretagne, P. de Courcy). Le fils de Madame le Forestier de Kerosven, comtesse de Bois-Eon, épousa, en 1790, sa cousine, l'aînée des filles du comte de Soulanges, dont le nom est éteint aujourd'hui.

M. de Blois assista, sur ce vaisseau, au combat d'Ouessant, en 1778, à la prise de Saint-Vincent et de la Grenade, à l'expédition de la Georgine, etc.. et fut blessé devant Sainte-Lucie. Sa santé altérée exigeant un repos relatif, il fut alors attaché aux constructions navales de la ville de Brest, service au courant duquel il se mit très rapidement. Lieutenant de vaisseau, en 1786, il reprit la mer et fut, l'année suivante, sur la désignation de son ancien chef, nommé major de l'escadre aux ordres du comte de Soulanges qui devait suivre, le long des côtes de Hollande, l'expédition des troupes prussiennes dans ce pays, expédition qui fut contremandée.

En 1789 il devînt, comme associé à l'Académie Royale de la marine, le collègue des hommes les plus éminents dont s'honorât alors notre armée navale. Enfin en 1790, il quitta Saint-Domingue porteur de dépêches annonçant l'état alarmant de cette colonie. C'était le contre-coup d'une révolution qui devait briser sa carrière, comme celle de tant d'autres de ses camarades, et désorganiser le glorieux corps de l'ancienne marine française et royale. Triste récompense de ses récents exploits !.

Parmi les nombreux officiers qui quittèrent alors la France, se trouvait le jeune frère du comte de Blois, qui servait aussi dans la marine. Retenu par la maladie, Aymard ne put les accompagner à l'étranger. Une fois remis, il fut appelé à Paris par les ordres du Roi qui, voyant le vide se faire autour de lui, cherchait, au moment du danger, à s'entourer de ses plus fidèles officiers.

Quand la terrible journée du 10 août fut venue anéantir tout espoir de salut pour la royauté, devant la triste issue de la campagne des Princes, et, enfin, voyant les périls, chaque jour plus grands, qu'il courait à Paris, Aymard de Blois prit le parti de se retirer aux environs de Tours, dans une maison de campagne habitée par des parents de sa femme, née Péan de Livaudière, qu'il avait épousée en 1787.

Quand le calme fut rétabli il revint en Bretagne, avec sa famille, dans son habitation près de Morlaix, où il partagea désormais son temps entre les oeuvres de bienfaisance, l'agriculture à laquelle il fit faire dans ce pays de sérieux progrès et ses études favorites d'histoire et d'archéologie bretonne.

Ces travaux eurent, comme résultat, des trésors de notes et de documents qui eussent formé de volumineux ouvrages si la modestie de leur auteur ne l'eût empêché de les publier. Mais ils furent, du moins, généreusement mis à la disposition des érudits et des chercheurs, qui en firent profiter le public, dans des livres des plus intéressants, notamment dans la deuxième édition du Dictionnaire d'Ogée, qui est redevable à M. de Blois d'une grande partie de ses précieuses annotations. Il les avait d'abord écrites, lui-même, en marge de l'exemplaire qu'il possédait de cet ouvrage, si justement apprécié.

Dès son retour à Morlaix, le comte de Blois avait été nommé, en 1800, adjoint de sa commune ; puis, en 1806, il fut appelé au conseil général du Finistère. Nommé capitaine de vaisseau et chevalier de saint Louis, en 1814, il fut rappelé au service actif, en 1816, et attaché au port de Brest jusqu'à la mesure générale qui l'admit à la retraite, avec tous les autres officiers de l'ancienne marine. Il reçut, en 1825, la croix de la Légion d'Honneur et reprit, à Morlaix, sa vie utile et laborieuse.

En 1832, pendant que le choléra sévissait avec intensité à Morlaix, il présidait lui-même la distribution des secours, dans les quartiers les plus contaminés. Il fut l'un des membres les plus distingués de l'Académie celtique, à qui il communiqua d'intéressants mémoires ; de la Société d'Agriculture de Morlaix, dont il était l'un des fondateurs ; et enfin, de l'Association Bretonne où, jusqu'à ses derniers jours, il fut l'objet de la vénération et de l'admiration de ses collègues, à cause de la sûreté de son jugement, de la pénétration de son esprit, dont la lucidité demeura intacte malgré son extrême vieillesse. Il sut aussi gagner tous les coeurs et se concilier le respect et l'amitié de tous par l'urbanité de ses manières, la délicatesse de ses procédés et le charme de son entretien.

Enfin, le 3 septembre 1852, une légère indisposition vint troubler sa santé, jusqu'alors inébranlable, et, après quelques heures de souffrances, le vénérable aïeul s'éteignit, le 7 septembre, dans le calme qui, généralement accompagne les derniers instants d'une vie remplie uniquement par l'accomplissement du devoir.

Il laissait à ses contemporains le souvenir d'un savant et d'un homme de bien, et à ses enfants l'exemple des vertus qui font le chrétien et le vrai citoyen (J. Baudry).

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