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L'ABBE DE BOISBILLY

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L’abbé de Boisbilly (Jean-Jacques-Archibald Le Provost de la Boexière) [Note : Les Boisbilly portaient : « De gueules à neuf étoiles d'or » (Galeries du Musée de Versailles : Geoffroy, de Boisbilly, cinquième croisade (1248). Alias : « Surmonté d’un lambel à cinq pendants de même » (Sceau 1217) Alain, sénéchal de Rennes en 1277. Devise : « Adversis major et secundis »].

L'abbé de Boisbilly (1736-1786), frère de la comtesse de Blois, mérite que nous nous y arrêtions un instant. Son nom est un de ceux que l'on peut, victorieusement, opposer à l'accusation d'obscurantisme portée, comme nous le disions plus haut, contre le clergé de cette époque. Il fait partie de ce groupe d'hommes remarquables qui honorèrent la Bretagne à la fin du dix-huitième siècle. 

Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière de Boisbilly naquit à Morlaix en 1736. Après avoir fait de brillantes études, il obtint le diplôme de docteur en Sorbonne. Chanoine de Quimper, il fut député par le chapitre aux Etats de Nantes, en 1767, et devint, en 1776, abbé de Notre-Dame du Tronchet (« Abbatiae Beatae Mariae de Troncheto »), au diocèse de Dol, abbaye de l'ordre de saint Benoît, alors devenue presque déserte, faute de moines. Cette circonstance avait motivé, en 1767, un arrêt du Conseil décrétant la suppression de ce monastère, arrêt qui, du reste, ne fut pas exécuté. 

L'abbé de Boisbilly succédait, comme abbé du Tronchet, à Monsieur Collin de la Biochaye (1753-1776) [Note : Jean-Hyacinthe Collin de la Biochaye, prêtre, docteur en Sorbonne, abbé commendataire du Tronchet, grand chantre et chanoine de l'église cathédrale de Dol. de 1758 à 1778, vicaire général et official de ce diocèse en 1758, titulaire de la chaellenie de Sainte-Catherine, dernier abbé de Bon-Repos, mort à Jersey, pendant l'émigration, le 18 septembre 1796] et jouit jusqu'à sa mort (1786) de ce bénéfice dont le revenu était alors de 2.200 francs.

L'abbé de Notre-Dame du Tronchet avait, en outre, depuis 1478, le droit déporter la crosse, la mitre, l'anneau, comme les évêques, ce qui en faisait un personnage de marque parmi le haut clergé du pays.

L'abbé de Boisbilly était député du chapitre de Quimper aux Etats tenus à Nantes en 1767. Une lettre, fort maladroite, concernant cette assemblée, adressée par Monsieur le contrôleur général de Laverdy à Monsieur le duc d'Aiguillon, commandant de la province, avait été lue au sein de l'ordre de la noblesse. Dès le lendemain, cette même lettre, traduite en chanson, excitait le rire dans toute la province. Cette chanson fut attribuée à l'abbé de Boisbilly. Sans autre preuve, le ministre piqué, le fit mettre à la Bastille où il passa six mois. Il fut ensuite exilé à Clermont, en Auvergne, jusqu'en 1769 (Levot, Biographie Bretonne).

Délégué ordinaire de son chapitre aux Etats de la province, il en était l'un des membres les plus éminents, et pour la facilité et l'élégance de son élocution. et pour la connaissance qu'il s'était acquise des intérêts du pays. Ces qualités l'avaient fait nommer membre de la commission intermédiaire centrale dont le siège était à Rennes [Note : Elle s'occupait de l'administration de la province dans l'intervalle des tenues d'Etats].

L'abbé de Boisbilly, orateur et écrivain distingué, était aussi très versé dans la science des antiquités, soit historiques, soit généalogiques, du pays breton. C'était un chercheur infatigable et il avait réuni chez lui une foule de précieux documents. Nous lui devons, par exemple, la conservation du texte de l'épitaphe de Jean de Montfort, dont le tombeau existait jadis dans l'ancienne abbaye des Dominicains de Quimperlé et disparut totalement pendant la Révolution de 1793.

C'est, en effet, d'après une copie de la main de l'abbé de Boisbilly que Monsieur de Blois, son neveu [Ogée, Dictionnaire de Bretagne (notes de la 2ème édition)], l'un des érudits annotateurs du savant Dictionnaire d'Ogée, a reproduit, dans la deuxième édition de cet ouvrage, l'inscription tumulaire de Jean de Montfort ; inscription d'autant plus intéressante pour les archéologues et historiens bretons, qu’il ne subsiste désormais aucune trace de la sépulture du vaillant duc de Bretagne. 

Comme écrivain, Monsieur de Boisbilly nous a laissé, entre autres oeuvres, un in-octavo intitulé Preuves de la pleine souveraineté du Roi sur la province de Bretagne (Paris, 1765), et un petit in-12 sur l'Histoire des Onze Mille Vierges, qu'il explique par cette interprétation originale qu'elles n'étaient que deux dont l'une se nommait Undecimille .. « Ursula et Undecimille Virgines Martyres » [Ogée, Dictionnaire de Bretagne (notes de la 2ème édition)].

Outre ces savants ouvrages l'abbé de Boisbilly est l'auteur de nombreuses poésies fugitives, élégantes et faciles qui, bien que manquant parfois de correction, furent très appréciées des châteaux, et des salons de son époque.

L'abbé de Boisbilly était un orateur remarquable. Il se signala particulièrement, en ce genre, dans la brillante Oraison funèbre des Bretons morts pendant la Guerre d'Amérique, qu'il prononça, avec un retentissant succès, devant l'Assemblée des Etats de Bretagne en 1781. Ce discours lui valut un prieuré que lui donna Louis XVI en témoignage de sa satisfaction.

Nous retrouvons aussi l'abbé de Boisbilly siégeant aux Etats de 1785, que le marquis de la Fayette illustra de sa présence, tout auréolé de la gloire qu'il s'était acquise dans la Guerre d'Amérique. Consultons, à ce sujet, le procès verbal des Etats : « Monsieur le Marquis de la Fayette est entré dans l'Assemblée : la présence de ce héros, dont la renommée s'est plu à faire retentir les exploits, d'un bout du monde à l'autre, a répandu la joie la plus vive dans l'Assemblée qui l'a témoignée par les plus grands applaudissements. Monsieur le marquis de la Fayette a été invité à se placer sur le banc des barons, auprès de Monsieur le président de la Noblesse. Monsieur de Boisbilly a repris son rapport : il a parlé de l'utilité dont seraient les canaux pendant la guerre et du fruit qu'on en retirerait en temps de paix ; à ce dernier mot, M. l'abbé de Boisbilly, regardant M. le Marquis de la Fayette, a ajouté : « Combien n'est-il pas flatteur d'avoir, en ce moment, sous les yeux un des principaux guerriers qui aient contribué à nous la procurer ! ». « M. le Marquis de la Fayette s'est retiré quelque peu de temps après, en renouvelant aux Etats les témoignages de sa sensibilité à la réception flatteuse dont ils l'avaient honoré, ajoutant qu'il espérait devenir bientôt un membre de leur assemblée et qu'il conservait toujours un coeur Breton ». Bien que natif d'Auvergne, le marquis de la Fayette tenait à la Bretagne par l'origine de sa mère qui lui avait laissé des biens importants dans notre province. C'est à ce titre qu'il pouvait siéger aux Etats. Lorsque Marie-Antoinette reprochait au vainqueur d'Amérique d'avoir trempé, sans être Breton, dans l'opposition bretonne : « Madame, lui répondit-il avec à-propos, j'appartiens à la Bretagne comme Votre Majesté appartient à la Maison d'Autriche » (Pitre-Chevalier, Bretagne et Vendée).

Après avoir été vicaire général de Rennes, puis de Quimper, l'abbé de Boisbilly mourut en cette ville, en 1786. Les réflexions suggérées par cet événement nous le montrent aussi cher à ses parents et amis qu'il était estimé et honoré de ses contemporains. Messieurs de Blois, ses neveux, qui furent aussi ses héritiers, ont, jusqu'à nos jours, perpétué le nom de leur illustre maison (J. Baudry).

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