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COMPLAINTE DES PRÊTRES DÉTENUS AU CHÂTEAU DE BREST DURANT LA RÉVOLUTION

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Nous avons traduit en français, pour les personnes qui ignorent la langue bretonne, la complainte des prêtres détenus au château de Brest :
1.
Du fond de la prison où nous sommes détenus, nous crions aujourd'hui vers vous, bon peuple de tout quartier, afin que vous priiez Dieu de nous soutenir par sa grâce toute puissante, au milieu des peines qui nous accablent.
2.
Traînés et bafoués de tous côtés par des gens égarés, poursuivis sans relâche et arrêtés par les gendarmes comme des malfaiteurs, nous sommes prisonniers à Brest, depuis six mois.
3.
Avant d'entrer au château, comme le Sauveur du monde, conduit chez Pilate, renvoyé à Hérode, nous n'entendions dans les rues que des insultes à notre endroit, chacun pensant qu'il avait raison de nous maltraiter.
4.
Gardés par des soldats, entassés dans une salle, privés de notre liberté, nous ne pouvons pas sortir ; le froid, le chaud, l'air vicié, le chagrin et la mauvaise nourriture nous rendent bientôt tous malades.
5.
La mère qui nous a donné le jour, notre père, nos amis, malgré leurs prières et leurs sanglots, la douleur dans le cœur, se sont vus obligés, arrivés devant les barreaux de notre prison, de se retirer sans nous voir.
6.
Une troupe de gens, trompés par un club enragé, demande ou notre mort ou notre envoi en exil. Sur la demande d'une danseuse, saint Jean fut tué : nous sommes exposés aussi, chaque jour, à être massacrés.
7.
On dirait vraiment, bon peuple du canton, que nous sommes d'une façon ou d'une autre dignes de punition, car, comme des bêtes sauvages, nous sommes journellement poursuivis, puis incarcérés comme des criminels.
8.
De quelle manière cependant, dites-le nous, nous vous prions, avons-nous mérité d'être aussi maltraités ? Sommes-nous allés dans vos maisons prendre vos biens ? Qui avons-nous offensé ? Où sont nos crimes ?
9.
Avons-nous dit au peuple qu'il était permis de s'armer contre les supérieurs ? Avons-nous jamais blessé, frappé ou tué ceux que l'on envoyait nuit et jour à notre poursuite ?
10.
Ce n'est pas nous qui sommes changés ; c'est vous, en abandonnant notre mère l'Église romaine et sa doctrine sainte; nous n'avons, aujourd'hui encore, que la même foi qui nous a été prêchée en Bretagne pendant quatorze cents ans.
11.
Quand un homme est prisonnier, on l'interroge ; il choisit un avocat qui plaide pour lui ; voilà sept mois que nous sommes prisonniers, et nous n'avons pas été interrogés ; on ne nous laisse même pas choisir d'avocats.
12.
C'est sur le rapport des témoins que chaque prisonnier doit être ou condamné ou bientôt délivré ; pour nous, il n'y a contre nous ni plainte, ni témoin : pourquoi donc, nous garde-t-on ici depuis si longtemps ?
13.
Les membres du département n'étaient pas autorisés soit à nous conduire dans les prisons, soit à nous exiler : il faut cependant rester toujours en prison, par ordre du Département, ou quitter notre pays.
14.
Il y a des juges dans le royaume de France, et c'est sur leur verdict que l'on prononce la sentence : où est le juge qui a ordonné que nous serions, pendant un si longtemps, ainsi incarcérés ?
15.
Maintenant, chacun peut à sa guise et à sa façon, suivant la loi de l'Etat, changer sa religion. Nous avons choisi la vôtre, divin Jésus : est-ce donc un crime d'adorer celui qui nous a créés ?
16.
Aucun des décrets portés par l'Assemblée n'ordonne de mettre en prison celui qui refuse le serment : pourquoi donc cependant, pourquoi nous tourmenter ? En France, chacun est libre, excepté nous.
17.
Pour nous, bien que nous soyons prêtres catholiques, ne sommes nous pas nés en France, comme les personnes laïques ? Pourquoi alors deux lois, puisque nous sommes tous Français ? Avoir deux poids et deux mesures est une chose défendue par la Sainte Ecriture.
18.
On dit, chaque jour, que nous sommes des rebelles, des hypocrites, des hommes trompés par nos évêques : mais Dieu est témoin que notre cœur ne désire voir fleurir dans notre pays que la paix et la religion.
19.
Nous écoutons, il est vrai, le Pape, notre Saint-Père, et les évêques dispersés dans le monde entier ; Jésus a promis de les assister toujours; si nous avons été trompés, c'est Jésus qui nous a trompés.
20.
En France, les schismatiques ont des églises; les Juifs et les païens, en France, ont des temples : il n'y a que les chrétiens catholiques-romains, qui n'ont ni temple, ni église parmi les Français.
21.
Comme le peuple d'Israël captif à Babylone, chassés de nos églises, nous ne pouvons en notre prison que pleurer, gémir et prier Dieu, tous les jours, de jeter un regard de compassion sur le royaume.
22
Comme les âmes retenues dans les flammes du purgatoire sont tourmentées par un feu dévorant, chaque jour aussi, nous sommes tourmentés, chaque jour nous sommes dans l'angoisse ; seule l'espérance en Dieu nous console et nous soutient.
23.
O vous, pères affligés, ô vous mères désolées, vous, parents et amis, frères et sœurs, séchez, séchez vos larmes : si nous sommes persécutés, c'est pour Jésus que nous souffrons : il ne nous abandonnera pas.
24.
Levez-vous, levez-vous, o mon Dieu, et n'épargnez pas les hommes superbes et impies qui se sont dressés contre vous ; détruisez-les, détruisez toute leur race dans ce pays ; que leur nom soit en horreur dans chaque canton.
25.
Mais que disons-nous ? Nous nous sommes certainement trompés ; venez plutôt leur pardonner, mon Sauveur béni, pardonnez à nos bourreaux et à nos adversaires ; c'est du fond de notre cœur que nous vous prions de frapper sur nous seulement.
26.
O père plein d'amour, pardon pour les Français ! Il est vrai, nous marchons dans le chemin des pécheurs ; mais vous nous avez créés et rachetés aussi : pardonnez donc, mon Dieu, pardonnez à vos enfants.
27
Voilà, Français, nos sentiments à nous. Ou c'est vous, ou c est nous qui sommes dans l'erreur ; maintenant soyez juges entre les Français : ou c'est nous ou les jureurs qui suivons la vraie loi.

(abbé Joseph-Marie Téphany).

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