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La seigneurie de KÉRIDIERN
** EN CLÉDEN-CAP-SIZUN **

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[Note : Etymologiquement Kéridiern (on prononce Kerdiern) veut dire « la demeure du Tiern, du chef ». Ce fut peut-être la résidence d'un chef de Plou au IXème siècle].

La seigneurie de Kéridiern était l'une des plus petites du Cap-Sizun. L'ancien manoir qui était situé non loin de la chapelle de Langroaz, à gauche de la route conduisant au bourg de Cléden, a été démoli vers 1805 ou 1806. Il n'en reste plus que la porte d'entrée de la cour au tympan écussonné. Aucun aveu ne nous a permis de déterminer les limites de cette terre, mais nos recherches sur les autres seigneuries du Cap-Sizun, nous, ont montré que son enclave se composait seulement de deux ou trois villages groupés autour de son chef-lieu, et de quelques tenues disséminées dans les paroisses voisines [Note : En 1678, Vincent de Kéridiern, demeurant en son manoir de Kerdoutous, avouait comme biens roturiers appartenant au Roy, 4 journaux de terres chaudes et 2 journaux de terres froides situées aux issues des villages de Kerninon et de Kerbesquérien en Cléden-cap-Sizun. (Arch. Finistère. A. 42)].

Les seigneurs de Kéridiern étaient vassaux du marquis de Kerharo et lui rendaient aveu comme l'établit la pièce ci- dessous

« Ce jour vingt et un de septembre, après midy mil six cent trente six, devant nous, notaires de la cour royalle de Chateaulin et juridiction du Prieuré de Saint-René du Boys (Locronan), Guenguat et Lezarcoet, ont comparu : messire Nicolas de Ploeuc, seigneur de Kerharo, Guilguiffin, Quilliou et autres lieux ; deneurant en son manoir du Guilguiffin, parroisse de Landudec, d'une part, et noble homme René de Kéridiern sieur dudit lieu, Kerdoutous, demeurant en son manoir de Kerdoutous, paroisse de Plonévez-Porzay, d'autre partye, lesquelles partyes connaissent et confessent savoir : Ledit sieur de Kéridiern tient à foy et hommage, devoirs de rachapt, le manoir de Kéridiern, le moulin, ses issues, appartenances et dépendances, colombier, en la parroisse de Cléden-Cap-Sizun pour en payer par an de cheffrente audit seigneur de Kerharo, le jour et fête de Monsieur Saint Mathieu, au mois de janvier, une paire de sonettes milan » [Note : E. 446. Vieux souvenir de la chasse au vol. (TRÉVÉDY)].

Le manoir de Kerdoutous ou selon d'autres de Keroutous a été, bien qu'on ne s'en douterait plus aujourd'hui, un ancien et beau manoir. On y voit encore une porte cochère en plein cintre dans un mur fort élevé. Le propriétaire actuel de la terre, qu'il a acquise des Moêllien, a substitué en 1841, une très jolie maison manable à la hutte qu'on y voyait précédemment. A 300 mètres E. S.E. de cette habitation, à quelque distance de la route de Quimper à Lanvéoc, on voyait, il y a quelques années, les restes des patibulaires où l'on exécutait les criminels. Ce lieu se nomme Parc-ar-Justiou et le sentier qui y conduit tient ar Justiçou [Note : Abbé Pouchous, Monographie de Plonévez-Porzay. (Bull. 1894].

Un acte de 1562 mentionne Jean de Saint-Guézel (ou plutôt de Saint-Juhel) seigneur de Kerdoutous et y habitait. En 1794, Kerdoutous qui ne comprenait qu'une maison couverte de paille, deux crêches, un hangar, un moulin, un four et un puits, fut vendu nationalement par suite de l'émigration de Guy-Marie-Joseph-René de Moêlien ; major des vaisseaux du Roi, possesseur du fief à cette époque [Note : Arch. Finistère. L. 436].

La famille de Kéridiern devint propriétaire de la terre de Kerdoutous par suite du mariage de René de Kéridiern, fils de Jean et de Jeanne de Kerferegun, avec Françoise de Saint-Juhel, héritière dudit manoir en 1589. Elle l'habita jusqu'aux environs de 1695, époque où le dernier des Kéridiern, Vincent, fils de Jean et de Marie de Kératry, dût venir habiter au berceau de ses ancêtres, lesquels nous voyons représentés aux montres de 1481 et de 1562, comme nobles de Cléden.

Lui-même parut à la revue du Ban et Arrière-Ban de l'Evêché de Cornouailles, passée par Vauban, le 7 juin 1694, en qualité de cavalier dans la compagnie du colonel marquis de Névet [Note : FREMINVILLE : Antiquités du Finistère, 2ème partie].

Enfin la maison de Kéridiern fut déclarée noble et d'ancienne extraction à la Réformation de 1670, comme justifiant de sept générations (Pôl de Courcy) [Note : Pôl de Courcy cite comme appartenant à cette famille, Hervé de Keraudiern mentionné par Dom Morice (Preuves. 1.) à l'Ost du Duc Jean II en 1294. Il a dû pourtant exister une famille de Keraudiern (ou Kérodiern) et le manoir de ce nom se trouvait en Esquibien (déjà en ruines en 1565), Le Cartulaire de l'Eglise de Quimper (Bull. C. D. 1906-1908), signale Hervé de Kérodiern en 1350 (Testament de Jean de Trohéir), et Guillaume de Kéraudiern, chanoine en 1406. Le vingt-deuxième Abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, Alain de Kaerudierne, était peut-être de cette famille. Dom Placide Le Duc, dans son Histoire, nous apprend en effet que cet Abbé « eût un frère nommé Guillaume, à qui l'on donne la qualité de maistre (peut estre qu'il avoit pris des degrés) et un autre nommé Hervé » (Histoire de l'Abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, par Dom Placide Le Duc, Edition Le Men)].

Le onze février 1646, une société aussi nombreuse que choisie, était réunie au manoir de Trévien en Beuzec-Cap-Sizun, demeure des Rospiec pour assister au mariage de noble homme Charles de Kéridiern, seigneur de Kerdoutous, fils unique héritier principal et noble de Mre René de Kéridiern et de Dame Marye de Keryvon sa compagne, et de Dame Constance Du Disquay, Dame de Kervent, fille puînée de Messire Claude Du Disquay, seigneur de Botilio, Kervent, Le Plessix, La Villeneuve, conseiller du Roi et son premier président au siège présidial de Quimper, et de deffunte Dame Françoise de Lezandevez, sa compagne. Cités parmi les assistants :

Claude Du Disquay, Charles de Keryvon, Marie de Keryvon, Guy Autret, S. Ravauli, Isabeau Du Disquay, Guillaume de Keryvon, Alexandre Du Kergouet, Gabrielle de Gouandour, Du Marc'halla, Bonaventure de Moëlien, Marie de Ploeuc, Jane de Kergariou, Jane de Coetmen, Louise de Kerpaen, Marguerite Raison, Anne Visdelou, Gabrielle Le Flô, Marguerite Du Menez, Jane Du Pont, G. Croissant, pbre, Yves Du Menez, Jan de Rospiec, etc... (Arch. du Finistère. — E. 126)

Constance Du Disquay épousa en secondes noces, Vincent de Kerguern, sieur de Clécunan (Arch. du Finistère. — Inventaire Tréanna).

Le Rentier de l'Aumônerie de Quimper de 1580, publié par M. Faty (Bull. 1880-81) mentionne « la Dame de Kéridiern, Jehanne de Kerferegun [Note : Epouse de Jean de Kéridiern, lequel était fils de René et de Peronnelle Autret. (Rel. 1670. Mss. Bibl. de Quimper)], garde de son fils, comme devant 40 S. de rente à la dite aumônerie ».

La Seigneurie de Kerferegun ou de Kervéréguin était située en Loctudy ; la famille du même nom s'est, fondue en 1660 dans Penfentenyô.

Un acte de fondation de trois messes par semaine en l'église parroissiale de Cléden-Cap-Sizun, faite par Michel de Saludem et Hélène Le Vestle sa femme, seigneur et Dame de Kerazan, en 1600, porte comme étant passé devant Me de Kéridiern, notaire royal [Note : (Arch. mairie de Cléden). cette époque était Recteur de Cléden, M. Alain Collet qui fut témoin, lors de l'information de 1599, à propos des désordres de la Ligue en Cornouaille. (A. DE BARTHÉLÉMY, Documents inédits sur la Ligue en Bretagne)].

En 1636, Jacques de Saludem, seigneur de Kerazan, reprochait au seigneur de Kéridiern d'avoir « fait ôter clandestinement par des siens malveillants, plusieurs écussons en la maîtresse vitre de l'église parroissiale de Cléden-Cap-Sizun. Vraie imposture, dit M. de Kerazan, forgée par ledit sieur de Kéridiern et qui se peut vérif!er par la descente de certains vitrages de diverses couleurs, rouge, noir et jaune, sous prétexte de donner de la clarté au maître-autel de ladite église ».

De plus, M. de Kéridiern « aurait fait ôter par un vitrier et ses domestiques, environ la fin du mois de novembre 1635, les vitres étant en deux petits soufflets en la même fenêtre, pour y mettre écussons de ses armes ; lesquelles vitres furent emportées par Me Alain Marec, de Lanuguen [Note : Sans doute Lanuguentel. Une famille Marec existait dans ce village] en Esquibien, qui les garda environ deux mois et les plomba à la dévotion de M. de Kéridiern, ce qui comporta grand dommage aux cierges et luminaires de la dite église de Cléden, aux fêtes de Noël et autres fêtes solennelles ».

Cette affaire de prééminences fut portée devant le présidial de Quimper, au rapport de Hervé Le Corre, conseiller, les 4, 5, 6 et 7 septembre 1639. Mais nous ne connaissons pas la sanction, les archives du présidial n'existant pas pour cette époque. Toujours est-il que le marquis de Kerharo s'en mêlat comme premier prééminencier en l'église de Cléden et prit fait et cause pour M. de Kerazan (E. 115. Arch. du Finistère).

Nous avons dit que Vincent de Kéridiern, dernier du nom, dût venir habiter son manoir de Cléden vers 1695 ; du moins c'est à partir de cette date que nous avons relevé sa signature sur les registres d'état civil. Pendant l'espace de seize années (1695-1710) nous le voyons assister à treize baptêmes, dont six comme parrain, et à onze mariages. La tradition qui en a gardé un peu le souvenir, lui prête des moeurs assez légères et J.-B. de Tréanna de Kérazan, se souvint de lui lorsqu'il conçut le projet de faire bâtir une maison de retraite à Quimper oû l'on inviterait les gentilshommes libertins et adonnés à leur plaisir, de venir passer quelque temps sans leur rien demander pour tâcher obtenir leur conversion et changement de vie... M. de Kéridiern [Note : M. PEYRON : Le château de Kerazan et les seigneurs de Trèanna, Trémaria. (Bull. Société d'Emulation Côtes-du-Nord, 1908)].

Vincent de Kéridiern était capitaine de la compagnie de Cléden des milices garde-côtes. Le 2 mai 1699, il comparut à la revue faite à Carhaix, du Ban et Arrière-Ban en qualité de capitaine.

La compagnie garde-côte de Cléden, comprenait 50 hommes se décomposant comme suit : 6 hommes de Goulien, 10 de Primelin, 16 de Cléden, 4 de Plogoff et 14 de Poullan. Elle se réunissait au bourg de Cléden pour les exercices. Elle faisait partie de la capitainerie de Pont-Croix dont .le commandant était Messire Ollivier Vincent Du Menez de Lezurec.

Cette capitainerie comprenait dix compagnies détachées, embrassant à peu près les quatres cantons actuels de Pont-l'Abbé, Plogastel-Saint-Germain; Pont-Croix et Douarnenez. L'effectif de la capipinérie s'assemblait, pour les revues générales, à la montagne de Pont-Croix et en 1703 deux revues furent passées à cet endroit, les deux et sept-mai.

Les officiers de la compagnie de Cléden pour l'année 1703 étaient : Le sieur de Kéridiern, capitaine, Jean Le Priser, Lieutenant, Henry Goudédranche, enseigne, Simon, clerc du guet [Note : E. 130. C. 47 (Arch. Finistère). Une maison du guet, fut construite à Cléden en 1668. Nous ne pouvons pas dire où elle se trouvait. La fabrique de la chapelle de Saint-They contribua pour 151. à sa construction. (Comptes fab. 1668). A la mort de Vincent de Keridiern, le sieur Du Menez-Rozmeur fut nommé capitaine de la compagnie de Cléden, avec, comme officiers : Couillaudren archer lieutenant et Goudédranche, enseigne. La compagnie comprenant 3 sergents, 1 porte-drapeau, 1 tambour, 39 picquiers, 6 jeunes gens, et N... fusiliers, imrut à la revue générale passée aux landes de Kermaduic, près Pont-Croix, le 10 mai 1728, par Messire Guillaume Billoart, sieur de Pennarun, lieutenant particulier de l'Amirauté de Cornouaille. A cette revue parut également le sieur de Kératry-Kerbiquet, à la tête de la compagnie de Mahalou. (Arch. Finistère B. 4279)].

Vincent de Kéridiern mourut sans hoirs en 1711, et voiçi son acte de décès :

« Ce jour onziesme de septembre mil sept cent onze a esté inhumé le corps de Messire Vincent de Kéridiern, escuyer, seigneur chef de nom et d'armes de Kéridiern, capitaine de cette paroisse, après avoir reçu ses sacrements âgé d'environ cinquante et cinq ans et son corps mis en son enfeu à sa chapelle prohibitive en présence de M. de Trémaria, Clette Bontonnoux, Jean Le Touller fab.., Jean Le Priser, Symon Michellet et plusieurs autres, l'enterrement fait par M. le Recteur de Plogoff. » (Reg. Etat Civil de Cléden C. S.).

L'héritage de Vincent de Kéridiern échût à Jacques de Keratry, fils de François et de Dame Renée Toulguengat, né à Plouaré le 10 février 1676, baptisé au manoir de Treffy par V. et D. Mie Pierre Piederrière, curé de Quéménéven M. Il épousa Marie-Anne de Kerguélen. En 1731, l'un des fils, Michel de Kératry, âgé d'environ huit ans, mourut le 20 août au presbytère de Cléden et fut inhumé dans l'enfeu de Kéridiern, dans l'église paroissiale de Cléden, le 21 du même mois par Messire François Jounier, recteur de Plogoff.

Assistèrent à son convoi : Mre Guillaume Favé, recteur de Goulien, Mre Michel Le Gall, le P. Michel de Douarnenez, capucin d'Audierne, oncle du défunt, Frère Philippe de Quimperlé, etc... La seigneurerie de Keratry était située en Ploaré. Il n'en restait plus en 1880, qu'un moulin qui avait conservé le nom de Keratry et qui en rappelait le souvenir [Note : L'aumônerie de Quimper de 1580, par M. FATY (Bull. Soc. Arch. Finis. 1880-81)].

En 1793, les bâtiments du manoir comprenaient une maison manable à trois pignons, couverte de paille, des granges, des écuries et autres logements de service. La porte d'entrée de la cour était surmontée d'un pavillon auquel donnait accès un escalier en pierre. Deux jardins et trois vergers, en partie cernés de mur, entouraient ces diverses constructions, toutes en assez mauvais état. Une large allée, plantée de quatre-vingt-dix-sept arbres, conduisait au manoir (L. 438).

Le 19 octobre 1751, Jean François, comte de Kératry, né à Plouaré entre 1715 et 1720, épousait à Saint-Germain de Rennes, Catherine-Marie-Guillemette du Hamel de la Bothelière, née en Saint-Jean-de-Béré près de Châteaubriand, vers 1730.

Le comte de Kératry n'a pas dû être un des membres les moins ardents de l'Ordre de la noblesse dans la lutte contre le duc d'Aiguillon ; il était célèbre en Bretagne par son affaire avec le marquis de Sabran qu'il avait tué en duel à une réunion des Etats (en 1730, à Saint-Brieuc), où ce dernier accompagnait la duchesse d'Estrées.

Il a été président de la noblesse à la tenue de 1776, à Rennes (élu le 4 novembre), en l'absence du marquis de Sérent.

M. de Kératry était chef de nom et d'armes de sa maison, lorsqu'il est décédé en St-Mathieu de Quimper, le 7 février 1779. Sa femme lui a survécu trente-six ans ; elle est morte à Rennes, le 1er mars 1815. De leur mariage sont nés plusieurs enfants :

1° Jean-François-Marie, comte de Kératry qui prit une part active aux troubles de Bretagne, en 1788, et périt sur l'échafaud pendant la Révolution [Note : Cf. PITRE-CHEVALIER : Bretagne moderne. B. POQUET : La Chalotais et le duc d'Aiguillon. Id. Origines de la Révolution en Bretagne, etc..].

2° Auguste-Hilarion, chevalier, puis comte de Keratry, député sous la Restauration, puis pair de France en 1839, qui s'était fait un nom dans l'opposition libérale, père ducommandant du Camp de Conlie en 1870.

3° Anne-Louise-Aimée, chanoinesse du chapitre de l'Argentière en 1778, puis mariée et mère de famille, morte en 1848 [Note : HENRI CARRÉ : La Chalotais et le duc d'Aiguillon. (Bull. de la Société des Antiquaires de l'Ouest, Tome XV, 1892].

A la mort de Keratry aîné, ci-devant officier des chevaux-légers, en 1793, ses biens furent vendus nationalement et acquis en partie par son frère, Auguste-Hilarion, qui demeurait dans le canton rural de Quimper.

Ce dernier fut arrêté le 16 octobre 1793 par ordre du Comité révolutionnaire de Quimper, relaché le 3 novembre de la même année, puis rappelé en prison trois jours après [Note : TRÉVÉDY : Histoire du Comité Révolutionnaire de Quimper].

Pendant et après la Restauration, il joua un rôle politiqué assez considérable ; il est aussi connu comme auteur de divers écrits philosophiques et du roman historique : « Les derniers des Beaumanoirs ou la Tour d'Elven ». Il est mort en novembre 1859.

(Daniel BERNARD).

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