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LE CHATEAU DE CHATEAUNEUF.

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LE CHATEAU DE CHATEAUNEUF : l'ancienne forteresse et son histoire. — Etat actuel.

Château de Châteauneuf en la ville de Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine (Bretagne).

On trouve malheureusement dans les archives du lieu peu de chose sur le château de Châteauneuf, que la Déclaration de 1687 désigne simplement par ces mots : « le chasteau et forteresse dudict Chasteauneuf anciennement appelé la Noë, et le petit chasteau basti depuis les soixante ans derniers, avec ses remparts, boulevards, jardins, etc. ». Toutefois le plan que Devilleneuve a annexé au Terrier Ms. de Châteauneuf, et l'état actuel des lieux font voir que ce château se composait de trois parties distinctes.

Tout d'abord c'était un donjon carré, flanqué de contreforts plats, indiquant sa haute antiquité, ayant trois étages ajourés de fenêtres à embrasures voûtées en ogive ; il constituait le château primitif, démantelé en 1592 et complètement rasé depuis. Ce donjon occupait le centre d'un grand parallélogramme, allongé, flanqué de tours vraisemblablement au nombre de six, et dont une seule demeure aujourd'hui debout.

Entre cette dernière tour et le donjon, sur le rempart même, s'élève le logis seigneurial, belle construction dans le style de la Renaissance, où l'on retrouve en maints endroits les écussons des sires de Rieux qui l'ont élevée au XVIème siècle. Cette partie du château est également ruinée, mais offre encore un imposant aspect : lorsqu'on gravit le vaste escalier de granit qui conduisait aux grands appartements et que surmontait un dôme monumental, l'on arrive à une plate-forme méritant d'être visitée. De ce point le plus élevé de la contrée, l'on jouit d'un admirable coup d'oeil sur toute la côte maritime, depuis la Rance jusqu'au Mont Saint-Michel, et sur l'immense marais entourant Dol et Montdol.

De larges et profondes douves cernent toute cette enceinte fortifiée, en laquelle on ne pénétrait jadis que par une porte ouverte à l'Est, précédée d'un pont-levis et d'une importante barbacane.

En dehors de ces fortifications et entre le château et l'église paroissiale, les seigneurs de Châteauneuf avaient construit dans la première moitié du XVIIème siècle une maison d'habitation assez insignifiante, appelée pompeusement « le petit château ». Cette maison existe encore et conserve la même destination et le même nom.

Cette explication donnée, veut-on savoir en quel état se trouvait le château de Châteauneuf quand Henri de Béringhen en devint maître ? Qu'on lise le procès-verbal de la prise de possession du nouveau seigneur.

Nous avons dit que la vente judiciaire du château et de la seigneurie de Châteauneuf avait été faite par les créanciers de la marquise d'Assérac malgré l'opposition de cette dame. Aussi les représentants de l'acquéreur, François Le Lièvre, seigneur de la Boscherais, sénéchal de Dinan, et Pierre Bréal, seigneur des Chapelles, procureur du roi à Dinan, se firent-ils escorter, le 22 septembre 1681, par la force armée pour prendre possession de Châteauneuf ; ils arrivèrent accompagnés de François de Pingard, seigneur de Joinville, commissaire général des troupes de Bretagne, d'un greffier, d'un sergent royal et de six gardes envoyés par le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne. Ils rencontrèrent à la première porte un jeune homme, Louis de Fontlebon, qui leur dit-être « capitaine du château pour Madame d'Assérac » et qui par suite refusa de les laisser entrer, leur montrant la protestation de cette dame contre la vente de son domaine.

Néanmoins voyant les gens de M. de Béringhen prendre acte de cet appel en justice formé par Madame d'Assérac, M. de Fontlebon consentit à leur ouvrir la porte et leur permit de parcourir le château. Ici nous citons textuellement le procès-verbal dressé par les visiteurs (Archives de Châteauneuf) :

« Premièrement entrés dans l'avant-cour dudit chasteau situé sur une éminence, avons vu à l'entrée à main droite un bastiment appelé le Petit-Chasteau, contenant de longueur 48 pieds et de laize 28 pieds, consistant en trois pavillons, un gros dans le milieu et deux moyens aux deux bouts en croisée, le tout à trois étages dont le troisième est un ravalement ; au 1er étage, une salle, cuisine, office, etc. ; au 2ème étage, une salle, une petite chapelle ou oratoire au-dessus de la cuisine, etc. ; au 3ème étage, chambres et cabinets.

Ensuite entrés dans le vieux chasteau environné de fossés secs et négligés, remplis de ronces et d'espines, fermé d'anciennes murailles à machicoulis aux environs desquelles il y a trois tours anciennes aussy à machicoulis et un grand portail de pierre de taille couvert d'ardoises en forme de dosme ; auxquelles murailles et tours fort anciennes il ne paraît aucunes dégradations ni démolitions par dehors.

Au joignant de ce portail se trouvait le corps de garde, et entre ces fortifications et le Petit-Château s'étendait la basse-cour renfermant les écuries et remises à carosses.

Passant de ladite basse-cour dans la cour principale du donjon par le portail cy-dessus avons remarqué que le grand pont est de vieux bois et néanmoins en estat de servir.

Entrés dans ladite cour principale, avons vu la maison principale bastie de pierre de maçonnail les chefs-d'oeuvre de pierre de taille, contenant de face 42 pieds, oultre 50 pieds de muraille commencée et eslevée à hauteur d'un étage percée de trois croisées en même alignement. Ladite maison principale composée d'un dosme à quatre étages dans lequel est un escalier de pierre de taille à quatre volées, d'un pavillon en forme de croupe rabattue à trois étages et d'une des tours mentionnée ci-dessus jointe audit pavillon avec pareil nombre d'étages ; ladite muraille et costalle encommencée joignant par un bout audit dosme et de l'autre bout à un donjon qui est à demy ruisné.

Entrés dans la maison principale par un perron en dehors avons. vu qu'à la dite entrée il n'y a aucune porte de bois et que presque toutes les fenestres sont sans vitrages ».

Comme l'on voit, l'état du logis seigneurial de Châteauneuf a peu changé depuis 1681 ; quoique Henry de Béringhen y ait fait sculpter, au-dessus de la porte principale, ses armoiries : d'argent à trois pals de gueules, au chef d'azur chargé de deux quintefeuilles d'argent, il est peu probable qu'il ait restauré et habité ce château ; d'ailleurs ses fonctions de grand écuyer du roi le retenaient à Versailles, et il dut rarement visiter Châteauneuf.

Le successeur des Béringhen, M. Baude de la Vieuville, semble aussi s'être contenté, comme les Rieux d'Assérac, du Petit-Château, mais c'est lui qui créa le vaste et magnifique parc de Châteauneuf.

A cette occasion il rasa complètement le vieux donjon et toute l'enceinte fortifiée formant l'ancien château ; il n'épargna que la tour accolée au grand logis et sacrifia même l'imposant portail que flanquaient aussi deux tours. L'ancienne basse-cour fut également détruite et transférée de l'autre côté du château ; au donjon fut substituée l'habitation actuelle du régisseur. Tous ces bâtiments, anciens comme nouveaux, se trouvèrent dès lors au milieu des vertes pelouses d'un parc dessiné avec goût et planté de beaux arbres.

Depuis lors rien n'a été changé dans la disposition du château de Châteauneuf, et l'on aime toujours à se promener sous les beaux ombrages de son parc, l'une des curiosités de la contrée. Quant à l'histoire du château de Châteauneuf, un auteur de talent la résume en peu de mots : « situé sur une éminence dominant le pays et la bourgade qui s'était formée sous la protection de ses tours, ce château avait remplacé la vieille forteresse de Bure [Note : D. Lobineau et D. Morice parlent bien de ce « château de Bure, près Châteauneuf », occupé en 1117 par Henri Ier, mais s'agit-il bien là de Châteauneuf de la Noë ?] dont Henri Ier, roi d'Angleterre, releva, en 1117, les murailles souvent assaillies pendant les guerres du XIIème siècle. Sur ses ruines fut construit Châteauneuf : lui-même fut pris et repris, démoli et rebâti plusieurs fois pendant la guerre de la Succession au XIVème siècle, puis à l'époque de la Ligue » (Paul de la Bigne Villeneuve. Bretagne contemporaine, Ille-et-Vilaine, 53).

Au mois de mars 1592, le château de Châteauneuf se trouvait entre les mains des Ligueurs ; mais son capitaine nommé Toullot laissa les Royaux prendre la place ; il y fut fait prisonnier et conduit à Rennes le 24 de ce mois. Le prince de Dombes s'empressa d'y établir une garnison royaliste le 1er avril, et la plaça sous le commandement du capitaine la Touraille.

Néanmoins le duc de Mercœur parvint quelques mois plus tard à reprendre Châteauneuf ; il ordonna, le 22 octobre 1592, d'en abattre le donjon, et fit conduire à Saint-Malo les canons qui étaient aux armes de Rieux.

Enfin, en 1594, on continua de démolir cette forteresse, et les habitants de Saint-Malo s'opposèrent plus tard à sa réédification [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3669. — Archiv. municip. de Saint-Malo. — D. Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, III, 1727. — Ogée, Dictionnaire de Bretagne].

Au siècle dernier, le gouvernement du roi voulant protéger le pays contre les descentes des Anglais, construisit un important fort, d'après les dessins de Vauban, au sommet d'une colline voisine de Châteauneuf ; « la première pierre de cette citadelle fut posée en 1777 par Mme la marquise de la Vieuville ». Etienne-Auguste-Baude de la Vieuville, alors seigneur de Châteauneuf, en fut nommé gouverneur (Registre de l'état civil de Châteauneuf. Archiv. nation. Q. 305). « Cette forteresse moderne est casematée et peut contenir de six à sept cents hommes de garnison; le magasin à poudre est voûté et à l'épreuve de la bomba. Cette vaste construction de forme hexagone pourrait aussi recevoir en cas d'invasion un grand nombre d'habitants et leur donner asile. Elle est l'une des deux clefs du Clos-Poulet et domine le cours de la Rance. Charles X, alors comte d'Artois, et Joseph II, empereur d'Allemagne vinrent visiter ses commencements, le premier au mois de niai 1777, lors de son passage à Saint-Malo, l'autre au mois de juin de la même année, pendant son voyage en France, sous l'incognito philosophique de comte de Falkenstein » (Ogée, Dictionnaire de Bretagne, éd. Marteville, I, 174. — Ducrest de Villeneuve, Album breton, Ille-et-Vilaine, 58).

Le 22 janvier 1791 une troupe de cinq cents hommes environ envahit le château de Châteauneuf, qu'elle livra au pillage ; elle y brûla, en autres choses « deux barriques pleines de titres » (Bulletin de Rennes, IX, 104),  provenant du château de Coëtquen. Trois ans plus tard, le dernier marquis de Châteauneuf mourait, comme nous l'avons dit, sur l'échafaud révolutionnaire.

Les terres du marquisat de Châteauneuf, confisquées par la République, furent par suite vendues nationalement et achetées en partie, le 26 fructidor an IV (12 septembre 1796), par Mme la marquise de Talhouët, née Elisabeth Baude de la Vieuville, qui n'avait pas émigré et qui les rétrocéda, le 4 floréal an X (24 avril 1802) à son frère Auguste Baude, marquis de la Vieuville (Archives d'Ille-et-Vilaine, 9p, 33).

De nos jours le château et la terre de Châteauneuf ont été vendus par la famille Baude de la Vieuville à M. Latimier du Clésieux, dont la fille a épousé M. Rioust de l'Argentaye, et la petite-fille M. le marquis d'Audiffret-Pasquier, propriétaire actuel (fin XIXème siècle).

Château de Châteauneuf en la ville de Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine (Bretagne).

Présentement, il ne reste de l'ancienne habitation féodale des sires de Châteauneuf qu'une belle ruine, bien posée au sommet d'une colline rocheuse dominant la petite ville, entourée d'un vaste parc planté d'arbres rares, et conservant malgré les révolutions, un cachet de grandiose distinction qu’on ne retrouve pas souvent ailleurs.

(abbé GUILLOTIN DE CORSON).

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