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LES ARCHIVES COMMUNALES DE CHATEAUNEUF

(aujourd'hui Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine)

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Les archives communales de Châteauneuf, antérieures à la Révolution, ne comprennent que les anciens registres paroissiaux. L'enregistrement des décès part de 1540, celui des mariages de 1571, celui des baptêmes de 1597.

Les registres des délibérations du Conseil municipal commencent en 1820. Le premier registre contient l'état des revenus paroissiaux (cure, fondations, obiterie.) En 1829, le budget de Châteauneuf est de 270 fr. 97 tant en recettes qu'en dépenses c'est dire combien à cette époque la ville de Châteauneuf se trouvait déchue de son ancienne splendeur.

Le mot « splendeur » est exagéré ici. La ville de Châteauneuf, comme son nom l'indique, dut surtout son importance à sa seigneurie, érigée en marquisat en 1704, au profit des de Beringhen.

Au pied des murs de son « château de Bure » qui existait en 1117 nous assure Bertrand Robidou [Note : Histoire et panorama d'un beau pays, t. II. p. 195] — et dont malheureusement on trouve peu de renseignements dans les dépôts d'archives — vint mourir Baudouin de Flandre [Note : Abbé Manet, De l'état ancien de la baie du Mont St-Michel, p. 75] et combattre Duguesclin [Note : Bertrand d'Argentré, Histoire de Bretagne, p. 442].

La première mention certaine de Châteauneuf Castellum de Noes se trouve en 1181 dans l'enquête des domaines temporels de l'Eglise de Dol. [Note : Abbé Guillotin de Corson, Les Seigneurs et le Marquisat de Châteauneuf].

Les vicaires du pays d'Aleth institués par les comtes de Rennes furent sans doute les premiers seigneurs de Châteauneuf ; c'est l'avis de M. de la Borderie.

M. l'abbé Guillotin de Corson croît que le premier vicarius de Poëlet possédait le château de Noë. Ce vicaire était Guegonus Herbadi filius, dont on sait les démélés avec la cathédrale d'Aleth.

A la fin du XIème siècle remontrait donc l'existence du grand bailliage de Châteauneuf et les prééminences des seigneurs castelnoviens dans la paroisse de Saint-Servan, ainsi que l'exécration vouée par les servannais aux titulaires de cette seigneurie [Note : Voir notre Histoire de Saint-Servan, p. 175]

Le premier seigneur de Châteauneuf connu, Thébaud de Rochefort, apparaît vers 1250. Jean de Rieux devient seigneur de Châteauneuf en 1374 par son mariage avec Jeanne de Rochefort et jusqu'en 1681, l'illustre famille des de Rieux jette un lustre puissant sur la terre de Châteauneuf, en tenant une belle page de l'histoire.

Dans les anciens registres paroissiaux, leur nom revient souvent entre toutes familles nobles. Nous n'en donnerons pas la généalogie, on la trouve dans les registres paroissiaux de M. l'abbé Paris-Jallobert, lequel nous apprend que les bâtards des de Rieux prenaient le titre « de Châteauneuf ».

Ainsi Renée de Châteauneuf signe au baptême de René Jacottard, tenu sur les « fondz », le 22 Juin 1654, par René-François de Rieux et Jeanne Pélagie de Rieux, marquise d'Assérac.

Dans le registre GG 1. page 10, on voit ce curieux fait d'un double mariage dans la famille de Rieux : « Le dimanche penultiene jour dougst mil cinq cent quatre vingt sept fut administré le sacrement de mariaige par Messire d'Espinay évesque de Dol, à haultz et puissantz Guy de Scepeaux et Marye de Rieux et Pierre de Boiséon et Janne de Rieux ».

Au verso de la page 11 se trouve inscrit « le 24me du dit mois et an [Décembre 1563] décéda Jean de Rieux. âgé de 60 ans ou environ ». Cet acte, non cité par M. Paris-Jallobert se trouve être, dans les registres paroissiaux, le plus ancien concernant cette illustre famille.

A la page 64 du même registre, on lit la déclaration suivante « Le 9me jour de Janvier 1630, fust inhumé en l'église de Châteauneuf, le corps de Raoul Besnard lequel avoit esté tué d'un coup d'arquebuse proche du Tertre-Guy, retournant du Tronchet à Châteauneuf. ».

Dans ce même registre, coté des mariages à la page 53, on voit que « ce 6me de Novembre, jour et feste St-Nicolas, patron de l'église du dit Châteauneuf, an 1660, illustrissime et revendissime Messire François de Villemontée, évesque de Saint-Malo, dit la messe en la dite église de Chasteauneuf, qui fut la 2me qu'il célèbra en son diocèse, en la grande joie du peuple et bénédictions qu'ils reçoivent ». Rappelons que Mgr de la Villemontée avait été sacré évêque le 29 Juin 1660.

Dans le registre GG 2, un acte de baptême nous donne les nombreux titres des seigneurs de Châteauneuf ; « Le 24 septembre 1620, l'évêque de Saint-Malo baptise en l'église de Châteauneuf, François de Rieux, fils de Guy de Rieux, Seigneur et Comte de Châteauneuf, Vicomte de Donges, Baron de la Roche, de Savenay, le Plessix-Bertrand, Cancale, le Matz, Seigneur du Mesnil et Conseiller du Roy en son conseil d'estat, et premier capitaine de cent hommes d'armes des Ordonnances de Sa Majesté, etc. ». A cet acte, signe Guillaume, évêque de Saint-Malo qui préside la cérémonie en présence d'un seigneur de Chateaubriand.

A la date du 21 Décembre 1630 « Naissance de Jane de Rieux, fille de Guy de Rieux parrain : Tanneguy de Rosmadec, baron de la Hunaudays, seigneur de Plancoët, commandant pour le roy en sa ville et chasteau de Dinan ; marraine : très haulte et très puissante Dame Renée de Querhoent.

Au registre GG 4. (baptêmes, mariages, sépultures, 1677 à 1687, pages 27-28-29 et 32, se trouvent les curieux actes d'abjuration de Jacques Ailleré, sieur du Fresche, et d'Amaury Humphrey, en présence du seigneur de Rieux et du duc d'Aiguillon. Le premier de ces actes est assez curieux. C'est, comme le dit Bertrand Robidou, une paraphrase du Credo.

Relevons encore au registre GG 57, an 1758, une promesse de mariage qui nous donne l'adresse à Paris de « Messire Etienne-Auguste Baude, chevalier marquis de la Vieuville et de Châteauneuf, colonel d'infanterie et capitaine aux Gardes françoises de Sa Majesté, demeurant alternativement à son hôtel rue Saint-Pierre, paroisse de Saint-Eustache ».

Parmi les Recteurs de la paroisse de Châteauneuf, il en est un dont la curieuse physionomie a déjà été évoquée : Julien Rosselin a trouvé le poétique moyen de passer à la postérité, en inscrivant des vers en tête des registres paroissiaux dont il avait la charge.

C'est ainsi que M. Mathurin Dupuy, de Saint-Benoit-des-Ondes, juge de paix à Cancale, traduisit pour Bertrand Robidou, deux poésies en vers latins inscrites au commencement et à la fin du registre GG 4. (années 1677 à 1687). Nous transcrivons ici ces traductions :

1. — « Heureux enfants regénérés dans la fontaine sacrée, et purifiés de la tache du premier père, qui entrez dans cette vie nouvelle, venez tout d'abord rendre maintenant d'éternelles actions de grâce à Dieu, pour un si grand bienfait ; que vos âmes ne perdent jamais cette grâce et, menant toujours une vie chaste, tendez aux dons célestes du suprême repos ; fuyez le vice : attachez-vous de toutes vos forces à la vertu bienfaisante que notre mère la sainte Eglise nous enseigne. Maintenant, je vous en supplie, ayant en horreur les embûches du démon infernal, préférez la mort aux fautes honteuses. Certainement, le temps viendra où les siècles prendront fin et où chacun recevra, suivant ses mérites, la récompense ou le châtiment de la bouche du Juge impartial. Que le prêtre, quoique indigne, votre Recteur Julien, qui vous baptise et vous enregistre en ce livre, puisse gagner avec vous la vie éternelle ! ».

2. — « Que le pasteur qui a inscrit les noms dans ce registre puisse inscrire le sien dans la voûte céleste. Plaise à Dieu que les baptisés, les mariés et ceux qui ont reçu les funérailles, s'abreuvent également de toutes joies dans les Cieux ! Après de si grands périls pour leur unique salut, que tous ensemble jouissent de la paix avec leur pasteur ! C'est ainsi que le pasteur Julien désirait qu'il leur fut accordé à tous un bienheureux repos. En ce jour, 13 Janvier de l'an du Seigneur 1688, Julien Rosselin, prêtre indigne ».

Depuis cette découverte de M. Dupuy, M. Paris-Jallobert a relevé sur le registre GG 3, folio 1, les français suivants : [Note : Histoire et Panorama d'un beau pays, T. II, p. 202].

« Aux enfants baptisez et inscrits en ce livre, souhaits de Messire Julien Rosselin, leur recteur.

Enfans qui recevez en entrant en ce monde,
Du baptême sacré une grâce féconde,
Ne vous oubliez pas d'un bienfait si aimable,
En rendant au Seigneur un devoir raisonnable,
Pratiquez la vertu et abhorrez le vice,
Et vous recognoitrez que d'une vie propice
La fin est glorieuse, exempte de malheur,
Conduissante à la gloire et on trouve bonheur,
Celuy qui vous baptise et escrit en ce livre
Avec vous à jamais puisse en la gloire vivre,
Son nom comme il écrit, étoit Julien Rosselin,
A Concoret
[Note : Nous avons cru lire Camaret] nasqnit, à Châteaunenf pris fin
Recteur, qui luy succède, soubvient toy de son sort
Crois, qu'aussi bien que luy, bientôt tu seras mort ».

A la fin de ce même registre, Messire Rosselin raconte comment il gagna son procès contre le recteur de St-Suliat, au sujet de la chapelle de Dolet. Ces pages ont été publiées par M. Paris-Jallobert, à la fin de son fascicule de Châteauneuf-de-la-Noüe.

Nous citerons maintenant un document très intéressant dont nous sommes redevables à ce brave recteur Rosselin : il s'agit d'un registre de baptêmes d'enfants illégitimes (1658 à 1666). Il débute par cette inscription :

Enfans qui êtes néz, sans père légitime,
Ne vous déconfortez en croignant cette estime,
Ce péché n'est pas vostre, il est de vos parents,
Prenez garde vous-mêmes de pareils accidents.
Reparez le plutost par vos propres vertus,
Et demeurez plus sages que ceux dont êtes issus.
S'il y a du destin avant votre naissance
Ce baptême sacré lui ôte sa puissance.
Il ne peut vous fermer la porte de la gloire,
Ny vous ravir le fruict d'une vie méritoire.
Le père des Eluz ne si trompe jamais,
Il couronne le juste et chastit le mauvais.
Ce 18e Juillet 1663.

Ce cahier, tenu pendant huit ans contient onze actes de baptême. La teneur de ces actes est curieuse à plus d'un titre.

Nous voyons dans le premier acte, daté du 2 Août 1658, qu'on apportait l'enfant devant la grande porte de l'église et que le Recteur était « requis de luy conférer le st-sacrement de baptesme ». La personne qui présentait l'enfant certifiait le nom de la mère et si le père était connu, « la matrone ordinaire de la ville » déclarait que le nouveau-né était « du fait et opération » de tel individu.

Ce même mois d'Août. Messire Rosselin baptisa une petite fille dont le père était son pâtre ; un ecclésiastique fut le parrain.

Remarquons que parrains et marraines étaient presque toujours gens de noblesse. Si les bâtards des manants ne jouissaient pas de la considération qui s'attachait à ceux de haute lignée, cela portait chance, pensait-on, de tenir ces enfants sur les fonts baptismaux.

Et ne croyons pas que la déclaration de paternité ne s’imposait seulement que pour les gens de basse extraction ; le 28 Mai 1661, la sage-femme qui vient présenter au Recteur deux jumeaux, déclare qu’ils sont enfants du Greffier de la Juridiction.

Quelquefois aussi, à défaut de tour dans la paroisse, on venait pendant la nuit abandonner l’enfant aux alentours de l'église : C'est ainsi que « ce jour septiesme de decembre mil six cents soixante six a esté trouvé sur le reliquaire de la ville et paroisse de Châteauneuf proche la grande porte de l’Eglise environ les six heures du matin un enfant masle y expozé dans un panier… ».

De nombreuses pages blanches terminent ce cahier, unique dans les archives communales de Châteaunef ; d’autres registres de ce genre ont-ils existé ? nous l’ignorons.

Ajoutons que la recherche de la paternité était toujours très en honneur à Châteauneuf à l’époque de la Révolution. Le 4 prairial an II nous trouvons une déclaration de naissance pour laquelle l’officier municipal se rend au domicile de l’accouchée, une veuve, dont il requiert le nom du père de l’enfant, qui se trouve être un sergent-fourrier du second bataillon de la Seine-Inférieure.

L’acte de sépulture de Julien Rosselin, donne une dernière touche au portrait de ce poétique recteur ; le voice :

« Messiere Julien Rosselin, ancien Recteur de cette ville et paroisse de Châteauneuf, oncle du sieur Desbois, son resignataire et bienfaiteur, deceda le jour Sainte Anne 26e Juillet 1698 et fut enterré le lendemain proche le pepitre lieu ou il se metoit touriours pour chanter et lequel il avoit desiré pandant le temps de son Rectorat qui a été de 48 ans. Requiescat in pace ».

Il y a dans le registre des naissances de 1784 (GG. 108) à la date du 29 Octobre, un acte peu ordinaire ; c’est celui d’un enfant baptisé après une opération césarienne pratiquée par le chirurgien Silvaire Julien.

La mére mourut avant que l’opération ne fut terminée, et le chirurgien requis le Recteur de baptiser l’enfant dans l'état. Messire Rosselin fut forcé de ne baptiser l'enfant que sur la tête, « sous cette condition exprimée Si tu es vivan ; mais un instant après, ayant donné des signes de vie, elle fut derechef baptisée sous cette condition exprimée : — Si non es baptisa. — ».

Deux actes sont à remarquer dans le registre des décès de 1793. Le premier est le procès-verbal de « l'ouverture » du cadavre du citoyen Gruel, sergent-major de la compagnie de Vienne du premier bataillon de la 18me demie brigade, tué le 24 Nivose an II, dans le parc du sieur Baude, auprès de l'abreuvoir. « le dit Gruel décédé d'une mort violente et tué par une arme tranchante, » sans que l'on sache par qui.

Le second est à la date du 29 pluviose an II : « Le citoyen Charles Roger, officier de la garde nationale de Châteauneuf, y demeurant, étant pour ses affaires au village des Fraîches en la commune de Guinou, reçut un coup de fusil au corps de la part d'un volontaire, duquel coup il est décédé la nuit dernière, environ minuit ».

A la fin du registre des décès de l'an V on trouve un feuillet in-4° double qui est le procès-verbal d'autopsie du citoyen Couturier, lequel se tua, ainsi que l'inventaire de ses effets. Cette pièce présente un certain intérêt :

Elle nous apprend d'abord que le cadavre a reçu huit grains de plomb, dont quatre de chaque côté du sternum.

Ensuite que les effets du défunt se composent d'une lévite bleue, redingote noire, gilet et culotte de pluche blanche, pantalon et gilet de gros drap blanc, etc…

De plus, François A***, juge de paix et officier de police du canton de Châteauneuf qui présidait à ces formalités, dut tomber en pâmoison en reconnaissant des couverts d'argent et du linge lui appartenant, plus encore en découvrant une correspondance volumineuse échangée entre sa femme, Jeanne A*** et le citoyen Couturier « qui constate positivement — c'est consigné en toutes lettres au procès-verbal — l'engagement qu'ils avaient formé ensemble de s'épouser aussitôt qu'ils seroient parvenus à se débarrasser du citoyen A*** ». L'idée de crime qui pouvait surgir à l'esprit des assistants, fut écartée, le citoyen L'arquemin ayant reconnu près du cadavre, un fusil qu'il avait prêté la veille à Couturier.

Pour la période postérieure à la révolution, nous avons dit plus haut qu'il n'y avait que les registres du Conseil municipal depuis 1820.

Notons encore une liasse de renseignements (lettres, projets, délibérations) au sujet du passage de l'Empereur Napoléon III en 1858, ainsi qu'un plan cadastral de 1809 sur lequel on peut relever les vieux noms des rues de Châteauneuf : Rues de la Riaudais, de la Filandrie, de la Bécasse, (sans doute de Bégasse, noble homme du lieu), de Licastel (longeant les anciennes limites du château, le castel), de la Palestine ; le pavé St-Charles, le cas rouge et la carrée, (souvenir des droits de haute justice du seigneur de Châteauneuf).

Ainsi se résument les pages intéressantes des archives de Châteauneuf.

(Jules Haize).

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