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CHAPITRE PROVINCIAL DES CARMES

à Pont-L'Abbé, en 1618.

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[Note : Un précédent Chapitre provincial s'était tenu à Pont-l'Abbé, en 1581].

Outre leurs congrégations annuelles et leurs assemblées générales réunies tous les six ans, les Carmes avaient coutume de tenir, de trois en trois ans, en l'un ou l'autre de leurs couvents, de solennelles assises dont les sessions s'ouvraient d'ordinaire un peu après Pâques. Convoqués dès le début de l'année, par lettres du P. Provincial, les religieux à voix active étaient tenus de s'y rendre nonobstant toute difficulté. Aux prieurs devait s'adjoindre un compagnon.

C'est ainsi qu'en 1618, nous trouvons réuni à Pont-l'Abbé un Chapitre provincial que nous avons tenu à relater de préférence cette année, en raison du tricentenaire. On y voit représentés tous les couvents de la province de Touraine dont faisait partie la Bretagne. Le président fut le P. Maillard, prieur de Saint-Paul, provincial de Touraine, délégué par le P. Général, Sébastien Fanton.

Tout d'abord, sans faire l'histoire du dit couvent, rappelons-en brièvement les origines, d'après le travail anonyme d'un prieur de Dol, Histoire des Carmes en Bretagne.

Le 4 Mai 1383, sous le règne du duc Jean IV, et l'épiscopat de Gatien, évêque de Cornouaille, Hervé, seigneur du Pont-l'Abbé, donna aux Carmes une maison et courtil et appartenances, à Keranguen, entre la mer et le marché aux blés, près du courtil du Kerlo. Par quoi les dits frères Carmes eurent à célébrer une messe quotidienne à l'heure de primes pour les âmes du dit Hervé et de sa compagne Perronelle de Rochefort, avec une recommandation solennelle à chaque dimanche.

Le lieu était une péninsule enceinte d'un trait de mer large de 1.000 pas ou plus, qui baignait les murailles du couvent en grande partie, et qui, dans les fortes marées, entrait jusque dans les jardins, et portait des vaisseaux de moyenne grandeur jusqu'au dessus du couvent, près les douves du château, où il y avait une grande chaussée avec des écluses pour retenir l'eau au reflux et faire moudre deux moulins à grain.

L'enclos et les terres adjacentes représentaient 6 ou 7 arpents. Entre le Levant et le Midi, bois de haute futaie sur une petite colline qui fournit des matériaux à bâtir. Au-dessous, les vergers, et, d'un côté et d'autre, les jardins.

Les religieux ayant inconsidérément construit une salle surmontée d'un dortoir joignant la place publique, en éprouvèrent des incommodités, principalement les jours de marché. Alors, par acte du 10 Janvier 1538, Jean, baron du Pont-l'Abbé, leur céda une bande de 12 pieds de large sur cette place tout le long de leur logis. Ils y bâtirent une muraille.

L'église (terminée en 1411), était spacieuse, 125 pieds sur 43. Du côté de l'Evangile, la chapelle de Notre-Dame, égalant l'autel du choeur, était fort claire, avec deux pignons élaborés de très belle pierre de grain en forme de rose, et de même le vitrail du bas de l'église. L'oeuvre était construite avec de grosses pierres de taille, et appuyée de forts piliers surtout du côté de la mer qui, sans cela, aurait pu y causer des ruines aux grandes marées.

Le couvent était en la paroisse de Loctudy, car il n'y avait d'église paroissiale, ni dans la ville ni ès faubourgs. Le recteur Hervé Lochom (?) (Leurhan, dit le Chanoine Thomas) se croyant frustré de tout ce que les religieux percevaient d'offrandes dans la chapelle provisoire de Saint-Laurent, en attendant la construction de leur église, leur fit un procès qu'un accord termina le 12 Octobre 1411. Les religieux devaient, chaque année, à la Saint-Laurent, bailler 5 sous 2 d. au dit recteur, lequel toutefois n'avait pas permission de prendre de ses propres mains ladite somme sur l'autel.

Au-dessus de cette chapelle de Saint-Laurent, un petit cimetière à l'usage des religieux et des personnes dévotes, joignant la muraille de l'ancienne chapelle de Sainte-Barbe, devenue de Sainte-Thérèse. A côté, un petit reliquaire pour les ossements des défunts. Tout auprès, un peu au-dessus, la fontaine de Saint-Laurent, où se faisaient plusieurs miracles et cures, spécialement de maux caducs, en signe de quoi se voyaient en ladite chapelle une cheminée et des lits pour les malades venus y faire leurs neuvaines.

Au-dessous de la fontaine, un beau bocage entrant jusque dans la mer et dont les arbres excédaient la hauteur de l'église.

Auprès, en retournant, un jardin où est une des trois maisons où logeaient les religieux durant l'édification du couvent et qui leur venaient de leur bon fondateur, Henri du Pont [Note : Ajoutons que le dit seigneur, neuf ans après (en 1392), fit fondation de six chapelains en une église du nom de Saint-Tudi, bâtie en son château du Pont, avec le logement nécessaire, plus quelques rentes censives et, près du château, un petit moulin valant la moitié de la fondation, à charge aux chapelains de dire l'office canonial. Mercœur ayant pris le château, vers 1590, le confia aux Espagnols, qui achevèrent de tout ruiner, église et logement, hormis la grosse tour du château. Après quoi, les chapelains disparurent et les offices cessèrent. Mais en 1597, durant la minorité d'Hélène de Beaumanoir, son tuteur, Sébastien de Rosmadec, donna aux Carmes les revenus dudit collège, à condition de chanter deux messes par semaine, l'une de Notre-Dame, le dimanche ; l'autre du Saint-Esprit, le mardi. Ces arrangements furent ratifiés, le 10 Septembre 1622, par Charles de Cossé, marquis d'Assigné, et sa femme Hélène de Beaumanoir].

Tel était te monastère où, le 11 Mai 1618, avant veille du quatrième dimanche après Pâques, se réunissaient les principaux religieux Carmes de la province de Touraine (Archives Départementales, H. 223 et 226).

Voici, pour ainsi dire heure par heure, les actes de l'assemblée.

Vendredi 11 Mai. — Ce matin, de très bonne heure, messe du Saint-Esprit, célébrée par le P. Guillaume Champcheurieux, prieur d'Orléans ; diacre : Philippe Thibault, prieur de Redon [Note : Sur ce Père, voir Tresvaux, les Saints de Bretagne, t. IV] ; sous-diacre, François Ringouet. Acolythes Jean Coué ... ; versiculaires : Vincent Thébault et Alain Tourc. Chantres : Julien Duroc [Note : Est à Saint-Paul, en 1608] et Goulven Dencuff [Note : Fait profession à Saint-Paul, le 12 Mars 1599] ; sous-chantres : Maurice Martin [Note : Fait profession à Saint-Paul, le 2 Février 1604] et Blaise Cassard [Note : Est à Saint-Paul, en 1631-1632].

Sermon latin par Pierre Buissonneau [Note : En religion, Pierre de Sainte-Marie, prieur de Saint-Paul, en 1627]. L'office fini, a lieu l'appel des couvents ; répondent :

Pour La Rochelle : Pierre Chalumeau, prieur de Poitiers ;

Pour Angers : Mathurin Aubron, prieur, ayant pour compagnon, Mathieu Pinault ;

Pour Tours : David Berthault, prieur ; Réginald Le Gendre, compagnon ;

Pour Ploërmel : François de la Croix, prieur ; Gilles de Saint-Joseph, compagnon ;

Pour Nantes : Christophe Le Roy, prieur ; Jean le Mercier, compagnon ;

Pour Orléans : Guillaume Champcheurieux, prieur ;

Pour Loudun : Pierre Deniart, prieur [Note : Est à Saint-Paul, en 1632] ; Simon Aubry, compagnon ;

Pour Saint-Pol : Jean Le Merdy, vicaire [Note : On le trouve à Saint-Paul, 1602-1619] ; Goulven Dencuff, compagnon ;

Pour Poitiers : Pierre Chalumeau, prieur ; Louis Charpentier, compagnon ;

Pour Aulray : Louis Charpentier ;

Pour Pont-l'Abbé : Olivier Gandaire, prieur [Note : Prieur de Saint-Paul, 1607-1611] ; François Ringouet, compagnon ;

Pour Hennebont : André Cavelier, vicaire ; Julien Duroc, compagnon ;

Pour Dol : Augustin du Saint-Sacrement, prieur ; Gabriel de l'Annonciation, compagnon ;

Pour le Bon-Don : Jean–le Rousseau, prieur ; Henry Fresnel, compagnon ;

Pour Redon : Philippe Thibault, prieur ; Antoine de Saint-Martin, compagnon ;

Pour le couvent de Saint-Joseph : François Odian, procureur ; Denys de la Résurrection, compagnon ;

Assista, en outre : le R. P. Pierre Behourt [Note : Licencié en théologie. Prieur de Saint-Paul en 1598, et ensuite de Ploërmel, où le 28 Mai 1601, à la pose des premières pierres, il posa la cinquième. Le 2 Mars 1618, premier vendredi de Carême, il revint à Ploërmel comme compagnon du provincial, Pierre Maillard, pour installer des religieux de l'observance, venus de Rennes].

Cet appel terminé, les Prieurs font en langue vulgaire, la recommandation en général des bienfaiteurs défunts. Chant du De profundis et des oraisons.

Le R. P. Maillard présente à ce moment les lettres par lesquelles le Supérieur général lui confie la présidence du Chapitre. Il exhorte les Pères à prier pour l'Eglise, le pape Paul V, le cardinal protecteur de l'Ordre, le roi très chrétien Louis XIII, et pour tout l'ordre, principalement dans les actes les plus solennels du Chapitre, les messes, les processions, etc.

Ce discours fini, présentation des lettres des compagnons. Au sujet d'Henry Fresnel, le président du Chapitre fait lecture de la sentence portée contre ledit compagnon, sentence qui le prive du droit de suffrage et le condamne à l'emprisonnement, ce qui est exécuté sur-le-champ.

Puis, les Prieurs sont appelés à tour de rôle, pour la coulpe. Suit une procession générale aux chapelles de Saint-Yves, Sainte-Marie Madeleine et Saint-Jean. Au retour, messe chantée par Pierre Chalumeau, assisté à l'autel de Mathurin Aubron et Mathieu Pinault.

Après l'Offertoire, Pierre Deniart prêche très dévotement au peuple.

Dans l'après-midi, soutenances de thèses, par Jean André [Note : Sous-prieur à Saint-Paul, en 1628], sous la présidence du Père maître Pierre Behourt.

Samedi 12 Mai. — De grand matin, réunion dans la salle, de tous les capitulants, au nombre de vingt-huit. Fervente exhortation du P. Maillard à procéder en toute conscience à l'élection du nouveau Provincial. Mais à ce moment, le prieur de Nantes, Christophe Le Roy, pour des raisons qu'il se réserve, dit-il, de faire connaître au Supérieur général, se retire de l'assemblée. Trois monitions lui ayant été faites sans résultat, les vingt-sept capitulants restants, tant français que bretons, acceptent à l'unanimité de conserver la coutume de nommer pour définiteurs deux Français et deux Bretons. Sont ainsi élus : Réginald Le Gendre, français (23 voix), premier définiteur ; Jean Le Rousseau,  breton : (22 voix), deuxième définiteur.

Les PP. Thibault, français, et Pinault, breton, sont élus avec 17 voix chacun. Au bénéfice de l'âge, Philippe Thibault passe comme troisième définiteur.

Cette élection achevée, le P. Maillard, bien que n'étant pas, comme président du Chapitre, tenu à la coulpe, veut cependant, en tant que provincial, se soumettre humblement à la correction régulière ; en présence des définiteurs.

Sur quoi, tous les capitulants lui adressent de vifs remerciements, pour avoir prudemment et si pacifiquement gouverné la province, notamment d'avoir adroitement évité deux affaires très imminentes [Note : L'une de ces affaira concerne, sans doute, les Carmélites de Couetz, prés de Nantes, que Pierre Maillard, par lettres du 30 Avril 1618, avait reçu mission de visiter et de réduire à l'obéissance] qui eussent été un scandale pour l'Ordre et un grand détriment pour l'Eglise, ainsi que d'avoir si bien réussi à opérer la réforme de la vie régulière par toute la province [Note : Six couvents de la province sont réformés dès 1618 : Rennes, Angers, Dol, Ploërmel, Loudun, Saint-Joseph de Chalain].

Ensuite, ouverture des lettres scellées du R. P. Général adressées à toute la province et nommant tous les maîtres profès et novices.

Ici, se place la grosse affaire de l'élection du nouveau Provincial. « L'assemblée, prévenue par une lettre où le Père Général recommande avec une grande distinction le P. Thibault, pour être élu Provincial, va conformer son choix à ce désir, avec une union et une tranquillité qu'on n'eût osé se promettre » (Tresvaux). Dès le premier tour, le dit P. Thibault obtient 17 voix et est sur-le-champ canoniquement déclaré élu. A sa place, comme 3ème définiteur, 18 voix choisissent le P. François de la Croix. Les élections terminées, tous se rendent à l'église en action de grâces, au chant du Te Deum.

Après dîner, réunion des définiteurs. On examine les lettres d'élection de tous les Prieurs.

Pour la Rochelle, on constitue le R. P. Provincial, ainsi que le demandait le Supérieur Général, par lettres du 30 Octobre 1617 ; pour Angers, on confirme Mathieu Pinault ; pour Tours, David Berthault ; pour Nantes, le définitoire usant de son droit, y confirme le P. Le Roy, enfin venu à résipiscence ; pour Orléans, Guillaume Champcheurieux ; pour Loudun, François Odian ; pour Saint-Pol, Pierre Maillard ; pour Poitiers, Pierre Chalumeau ; pour Aubray, François de la Croix ; pour Pont-l'Abbé, Olivier Gandaire ; mais André Cavelier, nommé pour Hennebont, demande à être relevé en raison de son âge et de sa santé ; le P. Pierre Sergent lui succédera [Note : L'année suivante, ce fut le P. Cyrille Le Pennec qui fut placé par le P. Provincial à la tête du couvent d'Hennebont. Il avait répété ses voeux dans l'observance].

Au couvent de Bernon, procureur, René Bernard ; à Dol, Prosper de Saint-Louis ; au Bon-Don, Jean le Rousseau ; à Redon, Philippe Thibault ; à Saint-Joseph, Augustin du Saint-Sacrement.

Dimanche 13 Mai. — Procession générale à la chapelle de la Bienheureuse Marie de Lambourg, de Saint-Sauveur et de Saint-Laurent. Au retour, messe chantée par Olivier Gandaire, avec André Cavelier et Pierre Buissonneau comme ministres. Le P. Jean André prêche en breton au peuple.

Après dîner, soutenances de thèses par Jean Le Mercier, sous les auspices du P. Christophe Le Roy.

A 4 heures, vêpres. Sermon français au peuple, par le P. Champcheurieux.

Lundi 14 Mai. Messe solennelle, célébrée par Louis Charpentier, assisté des PP. Augustin du Saint-Sacrement et Gilles de Saint-Joseph.

Les Peres de la Province expriment le regret d'être obligés de rédiger une protestation près du Supérieur Général, se plaignant qu'il ait donné trop facilement satisfaction à l'Evêque de Saint-Malo, et à quelques citoyens de Ploërmel, qui avaient réclamé le déplacement de certains religieux, quoique ces derniers n'eussent en rien donné prise sur leur conduite.

Puis comparaissent au définitoire, deux députés de la ville de Quintin, Sébastien Le Coniac, sieur des Nos, et Pierre Le Rossignol, son beau-frère, demandant la fondation chez eux, d'un couvent de religieux Carmes, et disant avoir en mains, pour cela, quinze mille francs de réserve de leurs deniers communs. Proposition favorablement accueillie par le Chapitre, sous réserve du bon plaisir du Supérieur Général, ainsi qu'avait été précédemment reçue semblable demande du seigneur de la Floscelière (?), au diocèse de Luçon. Pour procureur dudit couvent de Quintin est nommé Pierre Deniart.

Après sont présentées lettres de M. de la Floscelière, offrant de construire le nouveau couvent dans sa propriété et près de son château.

Mardi 15 Mai. — Les condamnations. — De grand matin, avant la grand'messe, réunion des définiteurs. On examine le cas criminel du P. Charles Berthier, et on approuve la mise à exécution de la sentence portée contre ledit Père, par le P. Général. De même pour le P. Guy Déniel.

Par sentence du P. Provincial, le P. Charles Berthier est condamné à la prison perpétuelle avec chaînes de fer, au couvent de Redon. De plus, il est déclaré infâme, privé de voix et place, sans aucun espoir de les recouvrer.

A chaque lundi, mercredi et vendredi, il recevra la discipline pendant un Miserere et jeûnera, ces jours-là, au pain et à l'eau, à cause des très grands crimes et forfaits qui ont été exposés au définitoire, crimes et forfaits commis particulièrement au couvent d'Hennebont.

Le P. Général a confirmé cette sentence, qu'il estime toutefois trop peu sévère, car le coupable aurait plutôt mérité les galères perpétuelles ; et, vu qu'il persévère dans sa méchanceté, il ne mérite aucun adoucissement.

Si par la grâce de Dieu, il vient à résipiscence, on pourra relâcher quelque chose de la sévérité des jeûnes et des disciplines, mais non le délivrer de ses liens.

Le P. Guy Déniel est condamné à la prison perpétuelle, au pain et à l'eau, avec chaînes de fer, au couvent de Dol, pour l'homicide qu'il y a commis en 1617. En cas de résipiscence, on pourra mitiger les peines, sauf en ce qui concerne la prison et les liens.

Le P. François Kermaïdic, à cause de son incorrigibilité, est condamné par contumace à la prison perpétuelle, si on peut le saisir [Note : François Kermaïdic avait fait profession à Saint-Paul, le 2 Janvier 1604].

Injonction est aussi faite à tous les Prieurs de se saisir du frère lay Vincent Richard, déclaré apostat, et passible de six mois de prison.

Confirmation de sentences portées en des Chapitres précédents contre Ménald Hardan, et Pierre Cazin [Note : On le trouve à Saint-Paul, en 1605, 1611], Jacques Bazot, Louis Hersant.

Robert Ruault, du couvent de Ploërmel, déclaré apostat, est condamné à un an de prison, si on peut le saisir.

De même Prigent Lemen [Note : Originaire de Plonéour-les-Trez. A son entrée au couvent de Saint-Paul, le 14 Mai 1609, son père, Jean Le Men, promettait de payer par an, pour l'entretien de son fils, clerc tonsuré, 60 livres par an], convaincu d'apostasie, à moins qu'il ne réintègre son couvent avant un mois.

Sont aussi déclarés apostats Jean Le Gouret et Pierré Le Normand.

Pour tous les apostats et rebelles scandaleux, le Chapitre demande la condamnation aux galères.

On révoque de l'administration de la paroisse de Pers, au diocèse, de Poitiers, le P. Philibert Durand, dont les services ont cessé de plaire à l'Evêque.

Pour Pierre Trévéguin (?), apostat et rebelle, un an de prison.

Olivier Gandaire est commis pour se rendre, dans le délai d'un mois, à Hennebont, aux fins d'enquête concernant les défauts et crimes de quelques religieux de l'endroit.

A cause de l'insuffisance de ses progrès à Paris, on rappelle l'étudiant Toussaint Foulchet, qui devra parfaire ses études dans une des trois facultés de la province.

A 9 heures, grand'messe chantée, pour les frères et bienfaiteurs défunts, par Réginald Le Gendre, assisté des Pères Augustin du Saint-Sacrement et Gabriel de l'Annonciation.

A l'Offertoire, le P. Antoine de Saint-Martin prêche en français, en action de grâces. La messe est suivie de la recommandation des bienfaiteurs vivants et des prières faites à leur intention.

Promotions. — Pour études à faire, à Paris ou ailleurs, sont promus : de Nantes, pour la forme majeure, Pierre Buissonneau et Jean Le Mercier, qui, en ce Chapitre, ont, par les actes de leur thèse, fourni des preuves de leur suffisance, et pour la forme simple, Denys Claveau et Jacques le Gentilhomme ;

De Tours, pour la forme simple : Pierre Poetart, Etienne Chaillou, Jacques Lucquet, Gratien Mauduit, Florent Brouart ;

De Poitiers, pour la forme simple : Thomas Pallet, Jean Aquilon ;

Du Bon-Don, pour la forme simple : Pierre Roussel ;

De Saint-Paul, pour la forme simple, à la fête de Saint-Rémi : Michel Le Roux et Alain Abhervé [Note : Son acte de baptême, présenté lors de sa profession, le 12 Août 1612, est signé « Simon, vicaire ». Cet acte porte qu'Alain Abhervé est né le 7 Octobre 1595, fils d'Hervé et de Jeanne an Stum ; parrain : Alain Bodennec, et marraine : Marguerite Guivarc'h].

De plus, il est accordé au P. Provincial qu'il puisse, avec l'avis des prieurs de Redon et d'Angers, envoyer aux études pour l'une et l'autre forme, des sujets de ces deux couvents.

Règlements. — Sur la demande du R. P. Provincial élu, il est ordonné aux prieurs : 

1° de pourvoir avec toute la diligence possible aux nécessités de leurs religieux. Pour cela, qu'ils délèguent des officiers auxquels chacun pourra recourir pour en recevoir ce qui est nécessaire pour la nourriture et le vêtement ;

2° De ne rien modifier aux prescriptions portées par le P. Provincial en ses visites ;

3° De veiller à ce que, selon la Bulle de Clément VIII et les statuts du P. Henri Silvius, précédemment général de l'Ordre, les religieux ne se permettent de rien donner, pas même de minuscules présents, fût-ce par dévotion ;

4° Le Provincial, en ses visites, examinera les prédicateurs et confesseurs excepté les gradués et ceux qui par ailleurs ont été jugés aptes à ces fonctions ;

5° Les étudiants à Paris ou ailleurs, ne seront promus aux ordres que sur la demande de la communauté où ils auront fait profession, et moyennant le consentement du P. Provincial ;

6° Les étudiants bacheliers ou simplement promus aux études à Paris ou ailleurs, n'auront voix et place dans les couvents de la province, que sur une désignation spéciale du Provincial.

Le P. Louis Périn, après dispense obtenue du Souverain Pontife, est autorisé à résider au couvent de Poitiers.

(Ce fut ce Père qui, trois ans après, en 1621, avertit le Supérieur général des incidents violents et scandaleux qui marquèrent le passage et la visite en ce couvent du P. Thibault. Le prieur de Poitiers, Pierre Chalumeau, ancien provincial lui-même, avait réussi à se faire maintenir à la tête de cette communauté depuis plus de vingt ans. Obstinément opposé à la réforme, il craignait principalement à cause de cela, d'être dépossédé par le P. Thibault. C'est pourquoi il excita, contre son provincial, une espèce de sédition populaire qui mit en péril les jours de ce dernier. Le P. Thibault refusant par vertu de porter plainte, le P. Louis Périn s'en chargea. (Tresvaux).

Désignations. — Sont assignés aux couvents de Redon, Ploërmel, Loudun, Dol et Saint-Joseph, tous les religieux qui s'y trouvent.

Le P. Général a adressé au P. Antoine Dupuis des lettres d'affiliation à la province de Touraine.

Ou demande aussi cette affiliation pour le P. Michel Hardy, profès du couvent de Paris, résidant depuis huit ans en cette province, et actuellement à Redon. Le Chapitre réclame, de plus, les lettres d'obédience du P. Victor de Beer, de la province de Belgique, pour qu'il puisse résider en la province de Touraine, tant que sa vie sera sans reproche.

Sont assignés à Saint-Paul : les Pères Maniou, Le Merdy, Le Blouch, Goulven, Le May, Martin, Tirel, Le Jeune [Note : Profession, le 18 Août 1608, à Saint-Paul. La formule des vœux est suivie de la signature mi-latine mi-bretonne Johannes Yaouanc], Le Men s'il retourne, et le frère Jean Houssec ;

A Tours : Reginald Le Gendre, Caillaut, Dupuis, Bruneau, Potier, Yves, Jean de Saint-Albert, Remerdy, Glaitrays (?), Desroches, Pommereau, Couanon [Note : Est à Saint-Paul, en 1632] ;

A Hennebont : André Cavelier, Duroc, Casin, Morvan, Cram, Boussay, Taillard, Le Goff [Note : Est à Saint-Paul, en 1612], Gouriou ;

A Pont-l'Abbé : Cossec, Guéguen, Ringouet, 0llé, Vaillant, Collardeau, Conan, Joly, Jérôme Kermaïdic, Coué ;

A Nantes : Pierre de la Marre, Belanger, de la Noue, Chesnart, Vivant, Jandelle, L'Anne, Huet, Le Mercier, Buissonneau, Audio, Besnard ;

A Orléans : Chasteau, Marguays, Jérôme, Saunier, Melan, Rousseau, Touraille, Cassart ;

A Poitiers : Charpentier, François de la Croix, Stéphan, Somer, Marays, Dupuis, Boulard, Bonnandeau, Thomas Martin ;

Au Bon-Don : Pierre Fresnel, Quenart [Note : Est à Saint-Paul, en 1611], Ruault, Guisart, Avenant, Briant.

Mercredi 16 Mai. — Après la messe, tous les capitulants s'étant réunis à l'église, pour finir le Chapitre, procèdent à l'élection du compagnon du P. Provincial au Chapitre général, s'il s'en réunit [Note : Eut lieu en 1620, à la Pentecôte]. Est élu le P. Maillard. Comme définiteur à ce Chapitre général est élu le provincial, Philippe Thibault. Comme gardien de la province durant la tenue de ce Chapitre général, est élu David Berthault, prieur de Tours.

Puis lecture est faite des actes du présent Chapitre provincial ; appel des prieurs élus et confirmation de leur élection. Le P. François de la Croix demande à être libéré de la charge du couvent d'Auray. Les définiteurs remettent au provincial d'y nommer un supérieur.

Reddition des comptes du couvent de la Rochelle. Le P. Chalumeau accuse 1.800 livres de recettes et 1.893 livres de dépenses. Il demande à retenir 719 livres pour l'entretien des étudiants ; le Chapitre ramène cette somme à 600 livres, parce que, parmi ces étudiants, les uns donnent par an, pour leur pension, dix à douze écus.

Puis, suivant les lettres du P. Général du 30 Octobre 1617, la charge du couvent de la Rochelle incombera désormais au P. Provincial.

Pour le prochain Chapitre provincial, on fait choix, au moins par une désignation provisoire, du couvent de Ploërmel.

Enfin, par lettres de Rome, le 28 Juin 1618, le R. P. Général approuve les actes du Chapitre de Pont-l'Abbé et l'élection comme provincial du P. Thibault. 

(G. Pondaven).

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