Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA COLLÉGIALE DE SAINTE-MAGDELEINE DE CHAMPEAUX

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Champeaux 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

[Note : On appelle collégiale une église qui sans être cathédrale est cependant desservie par un collège de chanoines].

Au mois de février 1413, Jean V, duc de Bretagne, permit à Simon d'Espinay de reédifier « une vieille et ancienne chapelle de la Magdeleine » dépendant du château d'Espinay et située dans le cimetière de l'église paroissiale de Champeaux (Bibl. Nat. ms. Blcs-Mx, n° 22, 325, p. 378).

Simon d'Espinay fut père de Robert Ier Sgr d'Espinay, qui mourut en 1438 ; c'est à ces deux personnages et non pas à Robert II, leur successeur, qu'il semble convenable d'attribuer la fondation du chapitre dont nous parlons. L'église paroissiale de Saint-Pierre de Champeaux était, en effet, « ruineuse, caduque et pauvre, » et à la prière de Robert d'Espinay, l'évêque de Rennes, Guillaume Brillet, transféra « les droits de paroisse » de cette ancienne église à la nouvelle chapelle de Sainte-Magdeleine qu'il érigea en église paroissiale. Le pape Eugène IV confirma cette ordonnance épiscopale le 24 avril 1437 ; et, comme le Sgr d'Espinay avait dessein d'établir six chapelains pour desservir la nouvelle église, le Souverain Pontife éleva la Magdeleine de Champeaux au rang d'église collégiale en même temps que paroissiale, et nomma recteur de Champeaux le doyen du nouveau chapitre (Archives départ. d'Ille-et-Vilaine, 8 G. 35).

Cette fondation ne se fit pas sans opposition toutefois ; Armel de Champeaux, dernier représentant d'une famille qui avait dû dans l'origine posséder la seigneurie de Champeaux, réclama contre la translation de l'église paroissiale dont il se disait seigneur fondateur ; mais ce fut en vain, et le 17 mai 1448, le pape Nicolas V confirma l'érection faite par son prédécesseur.

Sur ces entrefaites, Robert Ier Sgr d'Espinay était mort et avait été inhumé au milieu du chœur de la collégiale qu'il avait fondée, sous une tombe « enlevée de terre portant sa figure » et accompagnée de cette inscription : Cy gist haut et puissant Messire Robert d'Espinay, chevalier, en son temps sire d'Espinay, d'Escures, de la Rivière, de Saudecourt et de la Marche, grand-maistre de Bretagne et premier chambellan du Duc nostre souverain seigneur, qui décéda le XIXe jour de mars, l'an de grâce MCCCCXXXVIII. Cette tombe n'existe plus (Archives départ., 8 G. 35. — du Paz, Hist. généal. de Bretagne). Robert II, son petit-fils, lui succéda dans la seigneurie d'Espinay et continua l'œuvre de ses ancêtres. Jugeant insuffisante la dotation des chanoines de Champeaux, il eut recours au Saint-Siège et pria le pape d'unir quelques églises aux prébendes de la Magdeleine. Nicolas V voulut bien accueillir cette prière, et, par une bulle du 29 avril 1448, il unit aux cinq canonicats de Champeaux les rectoreries de Mont-Dol, Saint-M'Hervé, Vergeal, Guipel et Montreuil-sur-Pérouse, la rectorerie de Champeaux demeurant unie au doyenné ; il assigna, en même temps, des revenus à la fabrique de la collégiale. Plus tard, en 1474, la cure de Mont-Dol fut retirée et remplacée par celle de Saint-Jean-sur-Vilaine. Celle de Saint-M'Hervé, retirée aussi et remplacée par la cure de Domagné, fut définitivement réunie de nouveau, en 1485, par le pape Innocent VIII, sur le désir et jusqu'en 1777, les chanoines de Champeaux furent, en même temps, recteurs de Saint-Jean-sur-Vilaine, Saint-M'Hervé, Vergeal, Guipel et Montreuil-sur-Pérouse (Archives départ., 8 G. 35).

Le 25 juillet 1477, une assemblée de nobles personnages se réunit au château d'Espinay pour y rédiger les statuts de la collégiale fondée par les seigneurs du lieu : en tête, se trouvait Jacques d'Espinay, évêque de Rennes, accompagné de Pierre Méhaud son official, de Robert d'Espinay, grand-chantre, et de Jean d'Espinay scolastique de Rennes ; à côté de ces dignitaires ecclésiastiques se tenaient les principaux membres de la famille d'Espinay avec leurs alliés et amis : Guy et André Sgrs d'Espinay, Henry d'Espinay Sgr de Serigné, François de Montbourcher Sgr du Bordage, Jean de Châteaubriant Sgr du Guesclin, Robert Busson Sgr de Garon, Jean Le Séneschal Sgr du Val et Pierre de Boisbaudry Sgr de Trans. Les statuts du chapitre de Champeaux rédigés en cette circonstance, avec le concours du doyen et de ses chanoines, furent approuvés d'abord par l'évêque de Rennes, puis en 1484, par le pape Sixte IV (Archives départ., 8 G. 35).

Les statuts ne manquaient pas de sévérité : le fondateur de la collégiale Robert d'Espinay « fist bastir et édifier des maisons, dit du Paz, et les fist enclore et cerner de bonnes et fortes murailles, pour loger cinq chapelains et un doyen, qui priassent Dieu en icelle église (de Sainte-Magdeleine), y célébrant journellement le divin office, comme grandes messes et heures canoniales, à la façon des églises cathédrales et collégiales » (Hist. généal. de Bretagne). Dans ce cloître devaient demeurer les chanoines, car, en 1448, le pape Nicolas V les avait autorisés à tenir toutes sortes de bénéfices et à en toucher les revenus, sans être astreints à y résider, pourvu qu'ils résidassent à Champeaux (Archives départ., 8 G. 35). Chacun d'eux avait dans le cloître sa maison avec sa cour et son jardin ; leur chef habitait le doyenné situé également dans le cloître, et au milieu de celui-ci se trouvait un puits commun.

Dix chapellenies furent ensuite ajoutées à la fondation première [Note : C'était : 1° le Saint-Esprit unie à la Sacristie, 2° Saint-Julien, avec Sauldecourt et Estian ses annexes, unie à la Psalette, 3° le Diaconat. 4° le Sous-Diaconat ou Pont-Esperon, 5° la Grande-Angelerie ou Sainte-Catherine, 6° la Petite-Angelerie, 7° la Hurie ou les Quatre-Evangélistes. 8° Saint-Nicolas de la Guerpinaye, 9° la Chevalerie, 10° Saint-André]. Comme les chanoines, les chapelains, tous les employés du chœur et les enfants de la psalette eux-mêmes furent obligés de résider dans le cloître. « Aucun du chapitre de Champeaux, disent les statuts, doyen, chanoines, chapelains et autres choristes ou servant au chœur, ne pourra coucher ou prendre sa nourriture ordinaire hors des maisons du cloître. Aucun d'eux ne pourra s'absenter du service sans demander congé au chapitre... Personne du chapitre, soit doyen, chanoine, chapelain ou autre ne pourra avoir aucune femme pour servante, voire même leurs parentes, et même ne pourra coucher aucune femme dedans ledit collège. Les portes du cloître seront fermées tous les jours, à jour tombant, tant en été qu'en hiver [Note : En 1666 les portes du cloître s'ouvraient le matin à 4 heures en été et 5 heures en hiver ; elles fermaient le soir à 10 heures, de Pâques à la Toussaint, et à 9 heures, de la Toussaint à Pâques], et tous ceux du cloître qui ont des portes, qui s'ouvrent sur des rues hors l'enclos de leurs jardins, les feront fermer et murer. Ceux qui ont la charge des enfants de chœur ne les pourront envoyer ni leur donner congé d'aller en aucun lieu hors du cloître, sans la permission du chapitre. Enfin, pour les longues absences, comme d'un mois, outre le congé du chapitre seront tenus les chanoines et chapelains prendre congé de Mgr l'Evêque de Rennes et de Mgr le Patron et fondateur (Sgr d'Espinay), et auront des prêtres ou choristes pour les remplacer au chœur » (Statuts de 1624 (Archives départ., 8 G. 35)).

Le 8 juin 1542, Claude Dodieu, évêque de Rennes, autorisa le doyen et les chanoines de Champeaux à porter l'aumusse et la chape à l'instar des chanoines de sa cathédrale (Archives départ., 8 G. 35).

Lorsqu'un chanoine était reçu à la Magdeleine, il promettait solennellement d'observer les statuts du chapitre, — de résider dans le cloître, — d'assister journellement à l'office canonial et d'y aider à faire le service divin, — d'entretenir un prêtre pour lui aider à ce service et pour le remplacer lorsqu'il se rendait dans la paroisse dont il était recteur, — de garder le secret des chapitres, — de payer à la fabrique 60 liv. pour droit de chape, à son entrée, et 60 s., chaque année, pour l'entretien de la lampe du chœur (Archives départ., 8 G. 36).

La grande difficulté à Champeaux était l'obligation pour les chanoines de résider au cloître, tout en administrant les paroisses dont ils étaient recteurs. En 1669, Mgr de la Vieuville, évêque de Rennes, leur enjoignit l'ordre de résider dans leurs paroisses ; mais nous avons vu que les statuts de la collégiale s'opposaient formellement à l'accomplissement de cet ordre, et, en 1681, M. Bourniche, chanoine et recteur de S.-Jean, fut privé de son gros [Note : On appelle gros, le revenu fixe d'un canonicat par opposition au casuel], parce qu'il ne résidait point à Champeaux. Mgr de Beaumanoir, successeur de Mgr de la Vieuville, pour obvier à cet inconvénient, voulut obliger les chanoines de Champeaux à choisir entre leurs canonicats et leurs cures ; il ne leur accorda de lettres de collation qu'à la condition expresse que dans les trois mois ils choisiraient l'un de ces bénéfices et résigneraient l'autre ; mais le chapitre de la Magdeleine protesta et le Sgr d'Espinay refusa d'accepter les démissions qu'offrirent quelques chanoines. De ces tiraillements résulta un fâcheux état de choses ; les chanoines se divisèrent : les uns obéirent à l'évêque en se rendant dans leurs paroisses, les autres crurent être tenus d'obéir aux statuts du chapitre qu'ils avaient juré d'observer ; l'office canonial en souffrit et les paroisses ne s'en trouvèrent guères mieux. En 1769, lorsque René Beziel fut installé doyen et recteur de Champeaux, il n'y avait plus au cloître qu'un seul chanoine résidant, c'était M. Pannetier, recteur de Montreuil, qui « s'assembla capitulairement » tout seul pour recevoir le nouveau doyen du chapitre.

L'évêque, Mgr de Girac, et le Sgr d'Espinay, M. Le Prestre de Châteaugiron ; mirent heureusement fin à cet état de chose. Le 27 novembre 1777, une ordonnance épiscopale désunit les canonicats et les cinq cures possédées par les chanoines de Champeaux, laissant seulement Champeaux au doyen, — éteignit les titres des dix chapellenies dont les revenus furent réunis au gros du chapitre, — réduisit le nombre des membres du chapitre alors de 22 (6 chanoines, 6 prêtres choristes pour les remplacer au chœur et 10 chapelains) à 8, savoir : 6 chanoines et 2 officiers de chœur ; — établit deux menses [Note : La mense d'un chapitre est l'ensemble de ses revenus], l'une, dite fabricale, jouissant du tiers de tous les revenus (gros du chapitre, fonds des chapellenies et des fondations) évalués à 2.200 liv., l'autre, dite mense capitulaire, ayant les deux autres tiers des revenus évalués à 4,400 liv. ; à la charge, pour cette dernière mense, de payer : 1° un préciput de 300 liv. au doyen, 2° un traiter ment de 300 liv. à chacun des deux officiers du chœur, 3° d'acquitter les fondations qu'il fallut réduire considérablement, 4° enfin. de payer les assistances des six chanoines à l'office canonial (Archives départ., 8 G. 35).

Le Sgr d'Espinay approuva volontiers cet arrangement, parce que l'évêque lui laissa la présentation, non-seulement du doyen-recteur de Champeaux et des chanoines, mais encore celle des recteurs de S.-Jean, Vergeal, Montreuil, Guipel et S.-M'Hervé. Des lettres patentes du roi, datées de décembre 1777 et enregistrées au Parlement de Bretagne le 31 janvier 1778, consacrèrent définitivement cette transformation du chapitre de Champeaux, et les chanoines de la Magdeleine demeurèrent paisiblement dans leur cloître jusqu'à ce que la Révolution vînt les en chasser.

Cette notice se prolongerait trop si nous entreprenions la description, même abrégée, de l'église collégiale et paroissiale de Champeaux ; c'est un des plus curieux monuments du diocèse de Rennes, et nous serions heureux d'y revenir un jour, puisqu'elle est le dernier et intéressant débris du chapitre dont nous venons de résumer l'histoire.

(abbé Guillotin de Corson).

© Copyright - Tous droits réservés.