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LE CLERGE DE CAULNES

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CLERGÉ DE CAULNES. — LOUIS CLOTTEAUX, recteur, était originaire de Saint-Senoux, où il naquit le 2 juin 1722 de Louis et de Perrine Huet. Il étudia au collège de Rennes et reçut la prêtrise le 30 mars 1748, après d'assez bons examens. Il chantait un peu, paraît-il alors, mais il avait peu de voix. A la mort de M. Jacques de Villiers, décédé à l'âge de 52 ans, le 9 septembre 1754, M. Clotteaux obtint le rectorat de Caulnes au concours le 26 novembre suivant.

Cet ecclésiastique, fut avec l'abbé Mégret, son vicaire, un des signataires de l'Exposition des Principes sur la Constitution Civile du Clergé, mais quand l'ordre spirituel n'était pas en jeu, il ne se montrait pas hostile au nouvel état de choses. Le 22 mai 1791, la municipalité de Caulne rendait compte en effet « que ni le recteur, ni le vicaire n'avaient prêté le serment » et qu'ils avaient déclaré « ne pouvoir le prêter », mais que quoique cela « ils ne se refusent à rien et se montrent bons patriote » (Archives C.-du-N., Lm 5, 13).

Le 21 août 1792, Guy-Pierre Duval, receveur du district de Broons, refusa néanmoins de payer 1056 l. de traitement dû à M. Clotteaux, s'appuyant sur un arrêté du Conseil Général des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) portant en effet qu'aucun fonctionnaire public ne toucherait son traitement que du jour de sa prestation de serment civique.

Bien qu'insermenté, M. Clotteaux, vu son grand âge et son mauvais état de santé, aurait bien voulu ne pas être interné à Saint-Brieuc lors de l'application de la loi du 26 août 1792. Il put même continuer à résider à Caulnes « grâce à un certificat de chirurgie » (Archives C.-du-N., Lm 5, 34) et le 18 décembre de cette année il faisait encore un baptême dans sa paroisse. (Diocèse de Saint-Brieuc, op. cit., II, p. 387). Quelques jours après, malgré ses forces défaillantes, on obligeait l'abbé Clotteaux à se rendre à la maison de réunion des. Filles-de-la-Croix de Saint-Brieuc.

Il n'y fit que passer. Le 25 décembre on devait le faire entrer à l'hospice de Saint-Brieuc. C'est là qu'il mourut le 3 janvier 1793, âgé de 70 ans, dit son acte de décès.

Ses deux fidèles servantes : Reine Tachot et Claudine Hédé, auxquelles le recteur de Caulnes avait laissé son presbytère en garde à son départ pour Saint-Brieuc, refusèrent d'obéir aux injonctions des révolutionnaires qui auraient voulu les voir s'en aller. Elles déclarèrent qu'elles ne sortiraient pas avant l'arrivée des parents de M. Clotteaux et il fallut bien en passer par là. (Archives C.-du-N., Lm 5, 35).

Louis MEGRET, vicaire, était né à Trémeur, le 19 janvier 1761, du mariage de Guillaume et de Gillette Perriniaux. Il étudia au collège des Laurents et mérita la note « très bien » à tous ses examens théologiques. Il reçut la prêtrise le 10 juin 1786. Après avoir été vicaire à Sévignac où il demeura jusqu'en 1790, on le transféra à Caulnes dans les mêmes conditions. Il y remplaçait l'abbé Jean-Marie Picouays, dont nous avons fait la biographie par ailleurs. A la suite de la loi du 26 août 1792, M. Megret cessa d'exercer publiquement le culte le 9 septembre et prit trois jours après à Caulnes un passeport pour s'exiler à Jersey (Archives C.-du-N., L 290, f° 155), mais il ne quitta point le pays pour cela et passa caché à Caulnes, à Médréac, à Trémeur et dans les paroisses voisines, les mauvais jours de la Révolution Française. L'on peut consulter le Diocèse de Saint-Brieuc, op. cit., II, p. 388 et sq. sur le rôle héroïque que joua cet ecclésiastique durant ces années terribles, car nous ne répéterons pas ici les détails que donnent ses auteurs.

« Dénoncé comme chef des chouans au ministre de la Police après les lois de Fructidor an V, ce prêtre fut condamné à la déportation le 12 novembre 1797 par le Directoire Exécutif. Mais faute de pouvoir saisir M. Megret, cet arrêté demeura sans effet et l'abbé continua d'exercer en secret son périlleux ministère, non sans soulever autour de lui de violentes animosités dont la lettre ci-jointe, adressée le 14 février 1798, par J.-B. de la Hardouinaie, commissaire du Directoire Exécutif près le canton de Caulnes, nous donnera une idée :

Louis Megret, ex-curé et chouan pendant que la chouannerie étoit en cours, étoit la majeure partie du temps absent ; néanmoins, il rentroit de temps à autre, faisait les fonctions de son ancien métier et engageait, autant qu'il étoit en lui, les personnes à prendre le party royaliste. Après la tranquillité que la reddition des armes a procurée, il a rentré dans cette commune, et a continué de remplir, tantôt dans une maison et tantôt dans une autre, ses fonctions, et, d'après la loi qui les eut exclues sans restriction, à peine de déportation, sans avoir prêté serment de haine. Il a trouvé jusqu'ici moyen de rester dans cette commune et autres voisines, où non seulement, il exerce son métier, mais encore tâche de se faire un parti pour les élections prochaines en fanatisant tous ceux qu'il peut approcher et je ne pense en mon particulier autre chose que s'il n'est arrêté, il n'existera d'ici longtemps dans le canton et les alentours, nulle tranquillité permanente ».

Suit ensuite le signalement de M. Megret : « taille 5 pieds 4 pouces, visage plein, sourcils et cheveux noirs et plats, ayant deux dents de moins dans le devant de la bouche, souvent vêtu d'une veste de chasse couleur cendre ; réside habituellement chez Barbé au village du Grand-Busson en Caulnes, ou chez Sirot au village de Lecoublière ou bien encore chez Margat au Chatelet ». (Archives C.-du-N., Lm 5, 115).

L'abbé Megret fut à la fin arrêté non pas chez le meunier Mathurin Rabicher le 18 mars 1799 où on l'avait annoncé tout d'abord aux administrateurs des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) mais chez Marie Lamy, veuve Daniel, demeurant au bourg de Caulnes, le 18 mars 1799. (Cf. Archives C.-du-N., reg. L 190, f° 138 et 139). On ouvrit immédiatement contre sa receleuse une information judiciaire et le 12 juin de cette année, elle était incarcérée à Dinan ainsi que Mathurin Rabicher, sous l'inculpation d'avoir tous les deux donné asile à des prêtres réfractaires.

Quant à l'abbé Megret, l'administration centrale des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) rendit contre lui un nouveau décret de déportation, le 2 mai 1799. Manseau mentionne l'arrivée de ce prêtre à l'île de Ré le 30 mai 1799, mais il ne parle pas de la date de sa libération. Malgré les mauvaises notes de Boullé au point de vue politique et l'opposition de ce personnage à la désignation de M. Megret comme recteur de Caulnes, Mgr Caffarelli le nomma cependant à la tête de cette paroisse à la réorganisation du culte le 16 janvier 1804. Transféré à la cure de Jugon le 11 avril 1821, l'abbé Megret y mourut en fonctions le 21 octobre 1837. (Cf. Arch. Nat., F 7, 7582, 1833).

Etait originaire de Caulnes en 1790 CÉSAR-JOSEPH DUFRESNE DE VIREL, né le 16 août 1718 du mariage d'écuyer Joseph et de dame Jeanne Testou, lequel fit son séminaire gratis à Saint-Servan, puis après d'assez bons examens, reçut la prêtrise le 23 septembre 1744. Il était le frère de Vincent, recteur de Guenroc (cf. à cet article), puis du Crouais, où il décéda le 11 mai 1763.

M. César de Virel était vicaire de Trémorel, lorsqu'il fut pourvu de cette paroisse le 26 avril 1756. Il y refusa le serment pur et simple le 9 mars 1791 (Archives C.-du-N., Lm 5, 11), mais il demeura quand même à son poste jusqu'à l'application de la loi du 26 août 1792. Ses ouailles désiraient du reste vivement le conserver ainsi que ses vicaires.

Le 3 février 1792, elles présentaient une pétition dans ce but à l'Assemblée électorale réunie à Broons et demandaient en vertu de la liberté de cultes à exercer leur culte « bien qu'il fût considéré maintenant comme dissident ». (Arch. C.-du-N., Lm 5, 26). Le 28 du même mois, le Conseil général de la commune renouvela à l'unanimité le même vœu. Enfin le 2 mars suivant, les municipaux de Trémorel, sous la présidence du maire Blanchard, insistaient à nouveau et décidaient qu'ils exerceraient désormais leur culte « à frais communs » dans leur église, « sous le bon plaisir de l'Assemblée Nationale ».

Rien n'y fit sous le régime de la liberté restaurée et M. de Virel signe pour la dernière fois les registres de catholicité de sa paroisse le 18 septembre le 1792. Il trépassa à Rennes, rue Saint-Louis, âgé de 77 ans, le 1er juillet 1793 chez le « citoyen » Guerrif, qui lui donnait asile.

Etait aussi natif de Caulnes, VINCENT LE ROUX, ex-récollet de Tours, fils de René et de Jeanne Ledrain.

Ce religieux que la fermeture de son couvent avait rendu à la vie privée et qui ne se sentait aucune aptitude pour subir la persécution, revint de Tours peu après le 18 mars 1791 et accepta de s'en aller à Sévignac au mois de septembre de cette année, remplacer le recteur légitime que l'on avait contraint comme insermenté d'abandonner son poste. Il y plut aux révolutionnaires qui, par l'organe des citoyens Allot, Leclerc, F. Perrin, Colombel, Jean David, Mathurin Douais, J. Guitton, Rouvray, M. Derouillac, Nicolas Bedel, Laurent Henry, Jean Guérin, François Rebour, Gilles Lohier, Pierre Lesage, Julien Clément, N. Lémazier, etc., etc., de concert avec le maire Petibon, demandaient qu'on leur accordât pour curé définitif, Vincent Le Roux, leur curé d'office « qui possède d'excellentes qualités et toutes celles propres à son état, qui remplit dignement ses fonctions et possède une conduite et des mœurs dignes d'un bon pasteur ».

Le vœu de ces bons « patriotes » ne fut cependant pas comblé et l'ex-père Le Roux, élu curé de Dolo, s'y fit installer le 1er avril 1792. Tous ces prétendus mérites ne l'empêchèrent cependant, écrit le district de Broons le 8 août 1794, de remettre ses lettres de prêtrise et de renoncer à ses fonctions de culte constitutionnel, sitôt qu'il eut connaissance de l'arrêté du représentant Le Carpentier du 4 mars précédent. Il dut à cet acte de lâcheté de n'être point emprisonné et vivait retiré à Caulnes après son abdication. Le directoire de Broons à la date précitée plus haut, lui donnait alors 54 ans et le qualifiait « d'homme sans prétention, bon patriote, point fanatique, ni turbulent ». C'est aussi notre avis.

L'ex-père Le Roux décéda dans son domicile au bourg de Caulnes le 7 nivôse an III (27 décembre 1794).

Etait séminariste de Caulnes en 1790, Julien-Constant Daniel, fils de Joseph et de Marie Lamy, qui reçut les ordres mineurs le 18 septembre de cette année. Nous ne savons ce qu'il advint de lui. (Archives I.-et-V G 91).

Sur l'abbé JACQUES FERTÉ, prêtre assermenté, qui remplit les fonctions de curé d'office, puis de curé constitutionnel de Caulnes du 4 mars 1793 au mois de mars 1794, date de son abdication, cf. sa biographie à l'article Yvignac.

Caulnes fut la seule paroisse de ce canton qui fut gratifiée d'un curé constitutionnel en titre au cours de la Révolution. Il faut croire que ses habitants ne lui firent pas trop mauvais accueil en général, si l'on s'en rapporte à la relation suivante que M. l'abbé Julien Hervé a prise :

« Dans la paroisse de Caulnes, à trois lieues de Montauban [Champion], le curé [assermenté] de cette localité, qui a pensé être massacré par les brigands, avait été invité de prêcher la première communion des enfants. Une foule immense des heureux habitants de Caulnes assistait à la prédication et des larmes de joie coulaient de leurs yeux, tandis que le ministre évangélique leur peignait les charmes de cette concorde chrétienne qui ne faisait d'eux qu'un cœur et qu'une âme ». « Au sortir de l'église, écrit le curé de Montauban, les bonnes gens ne savaient quelle chère me faire. La municipalité est venue en corps me témoigner sa reconnaissance en m'offrant le secours des habitants de Caulnes en cas que Montauban fût de nouveau menacé. Un mot de votre part, m'ont dit ces bonnes gens et mille hommes voleront aussitôt à votre défense ».

(A. Lemasson).

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