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LA CHAPELLE DE SAINT-YVES EN BUBRY

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Dès l'entrée dans le village, l'attention se concentre sur l'église dont l'imposante et massive silhouette n'exclut ni la finesse ni l'harmonieux agencement des détails.

La chapelle ou l'église de Saint-Yves en Bubry (Bretagne).

S'il n'est pas rare de découvrir, un peu partout en Bretagne, des monuments d'indiscutable valeur tant archéologique qu'historique, on ne s'étonne pas moins de rencontrer ici ce joyau inattendu.

Il serait intéressant de connaître ses véritables origines mais, sur ce point, les Archives sont muettes ou inexistantes. Nous ne pouvons qu'étayer des suppositions sur quelques documents retrouvés ça et là et sur les réalisations artistiques et architecturales de l'ouvrage.

Il ne semble pas, comme certains l'ont prétendu, que l'église de St-Yves ait été construite sur les ruines d'une ancienne chapelle romane dont les traces subsistent encore aujourd'hui. Le premier édifice, effectivement de style roman, a tout simplement subi des modifications et agrandissements. C'était une chapelle ordinaire et sans prétentions, telle qu'on en rencontre un peu partout ; un temple rectangulaire, rigide, sans transepts, terminé, d'une part, par un sanctuaire sans apparat et, d'autre part, par un clocheton aux proportions plutôt mesquines.

A quelle date remonte cette première construction ? « Une tradition locale, dit Cayot-Deslandres, attribue la fondation de la chapelle de St-Yves, à une famille qui comptait St-Yves parmi ses auteurs ». Un autre historien, écrit d'autre part : « En 1400, les Seigneurs du château de Kernivinen avaient toutes les prééminences honorifiques de cette chapelle ». Si l'on tient compte de la date de la canonisation de St-Yves en 1347, le rapprochement de ces deux textes nous révèle une date approximative qui se situerait dans la seconde moitié du 14ème siècle.

Cette antique chapelle existe toujours et forme la majeure partie de la nef actuelle. On peut relever ses dimensions premières entre la fenêtre nord et l'angle extérieur du transept. A la distance d'environ 1 mètre de cette ouverture apparaissent nettement, dans l'appareil de pierre, le raccord de maçonnerie ainsi que les différences de façon dans le prolongement de la corniche qui limite la toiture et du banc de granit qui court au bas-flanc.

Plus tard, le bâtiment, qui s'était avéré trop exigu, fut prolongé à l'est et à l'ouest. Il devait acquérir ainsi ce qui fait aujourd'hui sa splendeur, les transepts, l'abside et la tour.

Un certain nombre d'armoiries, incrustées en maints endroits de l'édifice, donnent à penser que des châtelains notables présidèrent à ce travail. « Des dates et les armes des Rosmar-Cancoët ainsi que des ornements, empruntés au style de la Renaissance, prouvent que ces constructions appartiennent à la fin du 16ème siècle ». De  fait, sur le tympan extérieur de la porte (aujourd'hui murée) du transept sud, se lit, en relief sur la pierre, la date de 1589. La décoration de ces parties nouvelles, est surtout Renaissance avec quelques souvenirs de décoration flamboyantes ; accolades à crochets, choux, contreforts à pinacles » (Eglises de France).

L'abside qui orne le chevet de l'église est construite à pans coupés dont chacun est surmonté d'un pignon aigu, élégant et fleuronné. Aux angles se dressent de jolis contreforts à pinacles et gargouilles malheureusement inachevés. Sur la face du pignon est, ainsi qu'au-dessus du transept sud sont sculptés de beaux motifs renaissance encadrant des armoiries.

A l'autre extrêmité de l'édifice, au-dessus du porche, s'élève une grande tour quadrangulaire, à baies renaissance, flanquée d'une élégante tourelle d'escalier, que termine un clocheton et surmontée d'une flèche polygonale et fleuronnée dont les proportions sont peut-être un peu trop réduites. A la base de cette flèche, dont le sommet atteint 33 mètres, court une galerie ogivale à jour, entourant la terrasse et marquée aux angles par quatre pinacles presque tous encore dépourvus de leur couronnement.

A la suite d'un affaissement, la tour dut être étayée au sud par un soutien d'angle inesthétique dont l'inélégance est encore mise en relief par la silhouette délicate et finement travaillée du contrefort qui, de l'autre côté, épaule le coin de l'édifice. Pour la même raison, les archivoltes, qui dessinent l'entrée du porche et la porte sous clocher, ont été renforcés par des arcs supplémentaires, disgracieux et mal rapportés.

Sous le porche, des naissances d'ogives appellent une voûte à étage, mais les formerets et le départ des arcs diagonaux, reposant sur des corbelets d'angle, ont seuls été exécutés. Enfin
« au premier étage du clocher est aménagée une curieuse chapelle haute, décorée d'ogives de fausse architecture et ouvrant sur la nef. Des départs d'ogives y attendent une voûte qui ne fut jamais construite » (Églises de France).

Une des particularités du clocher est de se présenter sous des aspects très différents suivant l'angle sous lequel il est considéré. D'après l'orientation et sous l'effet de la perspective adoptée, un changement des formes et un décalage des proportions en font apparaître une image toute autre ce qui donne l'impression d'avoir chaque fois devant les yeux une construction nouvelle.

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Aucune indication ne permet d'établir si la première chapelle de St-Yves possédait des cloches. On sait seulement qu'en 1803 une cloche fut attribuée au sanctuaire. L'acte authentique de sa bénédiction a été retrouvée ; en voici la copie :

« L'an de grâce mil huit cent trois, le douze mai, vieux stile, correspondant au vingt-deux floréal, an onze de la République française, a été bénite une cloche pour le service du culte de la succursale de St-Yves, vulgo de Bubry, à laquelle on a donné le nom de Thomas.

Les parrain et marraine, Thomas, Jean, Marie du Coédic et Jeanne, Prudence La Pierre La Forêt ont été suppléés par Joseph Le Dily et Perrine Le Guyader, les deux de la dite succursale, qui ont déclaré ne savoir signer, de ce interpellés.

La bénédiction de la dite cloche a été faite par Messire Hyacinthe Le Ridant, desservant de la succursale de Bubry, assisté par Messire Pierre Giquello, desservant de la succursale de St-Yves, lesquels ont signé.

P. Giquello, desservant de la succursale de St-Yves. Hya. Le Ridant, dt de Bubry ».

Cette cloche, prénommée Thomas, a rempli sa fonction jusqu'en 1877, époque où elle fut remplacée par la sonnerie actuelle. Fêlée, elle fut alors remise au Général Fraboulet de Kerléadec en retour du don qu'il fit pour une cloche nouvelle dont son fils assura le parrainage. Elle fut refondue par ses soins comme l'atteste l'inscription gravée sur son flanc : « Le Général de Kerléadec m'a fondue » et utilisée au château de Keranscoet où, aujourd'hui encore, elle continue ses bons offices.

Elle céda la place, dans le beffroi, à deux cloches beaucoup plus imposantes qui proviennent des ateliers Havard de Villedieu (Manche) . A défaut d'autres caractéristiques, on lit :

sur la plus grosse :
Nommée Jeanne, Marie, Louise par M. Yves, Marie, Joseph, Eugène Fraboulet de Kerléadec résidant à Keranscoet et Mlle Marie, Louise Keraly résidant à Kerniniven 1877.

sur la plus petite :
Nommée Julienne, Marie par Julien, Marie Le Bourhis, résidant à St-Yves et Marie Péresse, résidant à St-Eliau 1877.

Sur toutes les deux, ces quelques mots au verso : « A la gloire de Dieu — MM. Botlan, recteur de St-Yves — Duault, maire — Jean Le Pen, vicaire ».

Le clergé et les magistrats de Bubry qui, à certaine époque, prirent ombrage de l'importance grandissante de ce quartier, n'avaient pas précisément hérité de l'humble condescendance de leurs prédécesseurs qui, eux, ne dédaignaient pas de s'intituler... de St-Yves.

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L'intérieur de l'église est la réplique de l'extérieur. A part la couronne de sablières à la base de la voûte en bois, la nef est, en effet, sans caractère, disproportionnée quant à sa longueur et retient peu l'attention. Par contre, celle-ci est attirée par le transept et l'abside.

Les deux bras des transepts sont recouverts d'une charpente à entraits, à têtes de crocodiles et sablières, portant la date de 1598. Les arcs, au-dessus de la croisée médiane, sont supportés par quatre grosses colonnes engagées dont deux reçoivent, par pénétration, des naissances d'arcades. Il n'est pas téméraire de penser que ces amorces étaient destinées primitivement à supporter un jubé. Qu'il y en eût un n'est qu'une hypothèse, à l'appui de laquelle cependant on peut encore mentionner l'existence, dans le mur sud, à 1 mètre environ de l'angle du transept, d'une petite niche à ogive, destinée à desservir l'autel dressé au pied de cette tribune, ainsi que, derrière le confessionnal, les traces des marches de l'escalier qui permettait d'accéder à la galerie.

L'abside, de forme polygonale, est éclairée par trois grandes baies ogivales. La baie centrale fut, à une certaine époque, condamnée et murée pour permettre sans doute l'installation de la sacristie qui se trouvait alors derrière le maître-autel.

On doit à M. l'abbé Le Cunff, qui desservait la chapelle au début de ce siècle, d'avoir remis les choses en état, en dégageant cette fenêtre dont il refit les meneaux. On lui doit également la pose de trois vitraux qui, pour être modernes et critiquables au point de vue artistique, ne sont cependant ni trop déplaisants, ni trop criards. Il n'existe aucune preuve de l'existence de verrières antérieures, à l'exception d'un seul petit vitrail que l'on voit toujours aujourd'hui dans le transept nord où il fut placé par l'abbé Poetvin en 1865. Il est signé L. Nicole et y figure une « Mater Dei » sur un fond bleu très remarqué.

En 1900, dans la baie centrale réouverte, la Maison Hirsch de Paris plaçait le vitrail du crucifiement, don de la famille Fraboulet comme en témoignent les armoiries jumelées figurant à sa base. L'année suivante étaient posés le vitrail Nord-Est représentant St Yves défenseur des pauvres et des humbles, cadeau de la famille Keraly dont le blason y est également apposé, et le vitrail Sud-Est, offert par l'abbé Le Cunff lui-même à la gloire de St Yves, patron du clergé breton. Ces deux derniers sont l'oeuvre de M. l'Aumônier de Vannes.

Toutes les initiatives du desservant ne furent pas aussi heureuses. C'est ainsi qu'au début de 1901, il eut la malencontrueuse idée de remplacer la voûte en bois par une voûte en briques. Animé d'un zèle évident, mais mal éclairé en la circonstance, il s'entêta à l'exécution d'une modification malheureuse, qui fut une grosse faute, pour laquelle il assécha sa bourse personnelle et que les intempéries, plus encore que les architectes, sanctionnèrent sévèrement. Il ne put, par bonheur, réaliser le plan, prévu pour l'ensemble, qu'au-dessus du choeur et de la croisée des transepts, cette première dépense, qui s'était élevée au prix qui, aujourd'hui, nous fait rêver, de 3.107 fr., ayant épuisé ses ressources disponibles.

Mais, dans l'intention de poursuivre son projet, il avait fait scier les entraits ou poutres transversales de la nef, à l'exception de deux au voisinage de la tribune. Cette regrettable disparition devait compromettre bientôt la solidité de l'édifice. Sous la poussée de la charpente libérée de ses liens, un inquiétant déversement des murs se produisit et il fallut remédier à ce désordre en suppléant aux belles poutres amputées d'inesthétiques tendeurs de fer.

34 ans suffirent pour anéantir une partie de l'oeuvre de M. Le Cunff. En 1935, la voûte en briques, au-dessus du choeur, s'effondrait complètement. L'accident, qui se produisit fort heureusement dans la nuit, n'eût d'autres fâcheuses conséquences que de briser une statue de la Ste Vierge. A cette occasion, l'Architecte des Monuments Historiques fournit un rapport qui se termine par cette phrase : « Je donne l'avis de supprimer, purement et simplement, cette voûte en briques qui ne répond nullement au caractère artistique des édifices de cette catégorie du 16ème siècle, et de rendre à cette chapelle bretonne sa voûte en bois ». Cet avis fut suivi et, pour la somme de 7.429 fr. 35, fut entreprise immédiatement la réfection en bois de la voûte actuelle.

A la décharge de M. l'abbé Le Cunff il convient de souligner la supposition faite par l'Architecte, dans ce même rapport : « Je suppose, écrit-il, que ces voûtes en briques ont été faites à l'instigation d'un entrepreneur nantais qui trouva le moyen de vendre l'autel en tuffeau en même temps qu'il fournissait quatre corbelets, faisant cul-de-lampe, et rapportait des pilastres à hauteur de la table de communion ». Une seconde erreur, en effet, avait été commise : le remplacement, en 1903, du vieil autel en bois par l'autel actuel en tuffeau.

A sa décharge encore, rappelons que l'entretien d'un édifice de cette valeur pesait d'un poids trop lourd sur les épaules d'un simple vicaire qui, sans conseiller, sans encouragement, sans ressources et sans possibilités d'initiatives ne pouvait atteler de front avec son zèle que sa bonne volonté, ses excellentes intentions et, pour finir, l'unique apport de son revenu personnel.

Par ordonnance du 16 septembre 1923, Mgr Gouraud, évêque de Vannes, érigea la frairie de St-Yves en paroisse distincte. Ce fut le point de départ d'une nouvelle et heureuse restauration dont on apprécie actuellement tout le bienfait.

L'élévation du sanctuaire au titre paroissial et avec toutes les prérogatives que comporte cette dignité, son utilisation à l'avenir plus fréquente, l'autonomie enfin du prêtre desservant qui n'aurait plus, comme ses prédécesseurs, les mains liées par une autorité paroissiale résidant à Bubry dont ils n'étaient que les vicaires délégués, devaient rendre indispensable et possible cette entreprise.

M. l'abbé Ruban fut désigné comme premier titulaire de ce jeune rectorat. Entreprenant et plein d'ambition pour sa paroisse naissante, il se mit à l'oeuvre promptement. Il s'appliqua, tout d'abord, à réparer ce qui pouvait être utilisable et à consolider ce qui menaçait ruine. C'est ainsi qu'il refit le dallage de pierre sur toute la surface de l'église, qu'il remplaça entièrement la toiture sur la nef et la voûte en bois à l'intérieur. Il plaça près du choeur la chaire à prêcher, simple et sans caractère, dégageant ainsi le transept dont elle masquait jusque là la perspective. Il construisit une tribune solide et spacieuse. Enfin il meubla la nef de bancs simples mais confortables.

Il fut aidé dans cette tâche par la population et judicieusement guidé par les Beaux-Arts qui, en mai 1925, venaient d'inscrire l'église de St-Yves à l'Inventaire des Monuments Historiques.

Parmi les richesses de l'église de St-Yves, il convient d'énumérer ici certains biens meubles de valeur certaine et qui en constituent comme le trésor.

LES STATUES.
L'église possède, entre autres, cinq belles statues en bois dont le temps n'a altéré ni le fond, ni les vives couleurs. Quatre, représentant respectivement la Sainte-Trinité, la Vierge portant l'Enfant Jésus, St-Joseph et Ste Marguerite, sont montées sur corbelets aux angles extrêmes des transepts et de leur croisée. De grandeur uniforme, 1 m. 35, elles semblent avoir été faites pour aller de pair, mais leur origine et donc leur antiquité demeurent inconnues.

La cinquième est exposée sous la table du maître-autel. C'est une figurine de St Yves en costume de choeur, tenant, dans une main, son traditionnel gousset aux cordons toujours prêts à se délier pour secourir les misères, et, dans l'autre, un parchemin sur lequel on lit «  Eutru Sant Iouann er Huirioné, pedet aveit hou pretoned » — St Yves-la-Vérité, priez pour vos Bretons. On ne peut qu'admirer l'ingéniosité du sculpteur qui la tira du coeur de chêne, à une époque ancienne certainement, et qui sut allier un défaut évident de proportions à l'apparence tout à la fois plaisante et artistique qui en fait un petit chef-d'oeuvre. Le défaut qui sacrifie, notablement, les assises au buste, comme aussi la petite taille de l'effigie, ont pu être commandés par la nécessité d'alléger la statue destinée à être portée en procession. Chaque année, le jour du Grand Pardon de St Yves, on se dispute encore l'honneur de la promener à travers les rues du village.

LE GRAND LUSTRE.
Suspendu à la clef de voûte de l'inter-transept, un grand lustre attire de suite les regards et force l'admiration, même des moins connaisseurs. C'est, en effet, une oeuvre d'art de qualité, en bronze massif, comportant deux étages avec chacun six porte-cierges. Le fût est entièrement ciselé au poinçon, ainsi que les branches des porte cierges qui y sont incrustés en éventail. On y relève l'inscription suivante dont une partie est malheureusement indéchiffrable : « MESSIRE IAN ELIOT LORS... illisible... St Yves 1616 ».

LE RELIQUAIRE.
Il existe également un magnifique bras reliquaire contenant des restes de St Yves dont le certificat d'authenticité a cependant disparu au cours du temps. Présenté sous la forme d'un avant-bras que termine une main, largement ouverte dans le geste du serment de dire la « Vérité », cet objet ne résume-t-il pas à la fois tout l'enseignement du Saint Avocat et tous les motifs de la dévotion populaire qu'il suscite ? C'est, en outre, une pièce de 0 m. 42 de longueur, entièrement en argent et travaillée à la main. Sur sa face, quatre médaillons, reliés par une torsade et encadrés de fleurs, sont disposés en forme de croix au centre de laquelle est ouvert le sépulcre contenant, sous globe de verre, les reliques vénérées. Enfin, sous le bras est gravée l'inscription : « CEB DARGAN ET A MS YVES LORS EG DOM IAN ELIOT 1615 ». Ce bras d'argent est à Monsieur Yves, offert par M. Jean Eliot en 1615. A remarquer qu'à un an d'intervalle le généreux donateur, dont l'histoire par ailleurs ne dit rien, enrichissait la chapelle de deux remarquables sujets.

L'OSTENSOIR.
A signaler enfin un ostensoir, avec sa lunule, en argent massif, de la taille modeste de 0 m. 38. On relève sur chacune des faces du pied quadrangulaire, des épis de blé, des fleurs, le triangle mystique symbolisant la Ste Trinité, la cocarde royale. Par ailleurs, ni date, ni inscription. Cet ostensoir était utilisé à l'église jusqu'à ces dernières années.

Ces trois pièces ont leur histoire. Quand éclata la Révolution, les chapelains de St Yves les dissimulèrent afin de les protéger du vol et du sacrilège. C'est ainsi que le lustre fut retrouvé dans un grenier à foin des dépendances du presbytère, il n'y a pas si longtemps. L'ostensoir et
le reliquaire furent cachés dans la cavité d'une marche de l'escalier qui grimpait à l'emplacement actuel du confessionnal. C'est là qu'ils furent découverts après la tourmente.

L'Histoire étant un perpétuel recommencement, durant l'occupation dernière, ces objets durent être mis de nouveau en lieu sûr pour échapper aux convoitises de nos vainqueurs provisoires. Espérons que de nouveaux orages ne viendront plus compromettre le respect dû à ces antiques travaux d'art, respect que doit inspirer leur destination plus encore que leur valeur réelle et historique.

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Autour de l'église, gravitent ses traditionnels satellites. En Bretagne on ne connaît guère de chapelles qui n'aient, comme complément, une fontaine. A cent mètres du sanctuaire, sur la route d'Hennebont, se trouve un carré d'environ 6 mètres de côté et limité par un muret en maçonnerie. Au centre de ce carré s'ouvre une piscine qu'abrite un petit monument de belle apparence, reproduction exacte d'un pignon de l'église avec ses fleurons et son ogive infléchie. A l'intérieur est aménagé une niche où trône, sous le dais d'une coquille de pélerin, une statuette en pierre de St Yves, réplique de la statue en bois dont il a été parlé. Le sol, autour du monument, est entièrement recouvert de dalles de pierres pour assurer la propreté des abords et dans l'angle de l'ogive se lit la date de 1601.

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A deux pas du temple ces vivants s'étend la cité des morts. C'était, jadis, la coutume de disposer le cimetière autour du lieu saint. Nos aieux, pénétrés, beaucoup plus que nous, de l'esprit et de la doctrine de l'Église, tenaient à cette tradition qui, comme tant d'autres, n'était que le témoignage extérieur de leur vie profondément chrétienne et toute imprégnée des enseignements de la Foi.

Non seulement, en effet, ils croyaient, mais ils vivaient leur credo, et les sanctuaires, entourés de leur nécropole, comme les innombrables calvaires, édifiés au carrefour des chemins ou sur les landes, n'étaient-ils pas la rayonnante expression de leur adhésion sans réserve et de leur attachement sans défaillance à tous ses articles ? Depuis l'acte de foi en Dieu jusqu'aux dogmes de la Communion des Saints et de la Vie éternelle, en passant par les grandes Vérités de la Rédemption et de l'Eglise, c'était toute la charte des croyances extérieurement et continuellement exposée sous leurs yeux.

Cependant, contrairement à cet usage, le cimetière, à St-Yves, n'entoura jamais le sanctuaire. Il y avait à cela une raison majeure : le passage de deux routes à proximité de l'édifice quand, en l'année 1802, furent autorisées ici les sépultures.

On y remarque un très antique calvaire composé d'une croix à double face et rayonnements au sommet d'un fût de belle longueur, le tout supporté par un socle important sur lequel figurent les statuts de la Vierge et de St Jean, et, aux angles, des têtes d'angelots. L'ensemble est de pur granit et semble bien antérieur à la fondation du cimetière dans lequel il fut, peut-être, rapporté, à moins qu'il n'existât déjà en cet endroit.

A noter que, dans le quartier de la Lande, au sortir du bourg, est érigé un calvaire identique qui ne possède cependant pas les 2 statuettes de la plate-forme.

On ne saurait pénétrer dans le cimetière de St-Yves sans remarquer le tombeau du général Fraboulet de Kerléadec. C'est un monumental. sarcophage, juché sur trois gradins de granit et entièrement drapé dans les plis du drapeau sur lequel reposent, en relief, les insignes de général de division, de commandeur de la Légion d'honneur et de l'Ordre de Pie IX. Le général avait choisi le lieu de sa sépulture, près de la grille d'entrée où comme autrefois sur le front de ses troupes, il demeure en tête de l'armée des morts, fidèle au poste de commandement dont il n'a pas voulu se démettre, même par-delà le trépas.

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Enfin, voisin du champ du repos, voici le presbytère, une bien vielle construction, d'aspect massif et imposant. Aucune date ne peut y être relevée mais on sait qu'il fut édifié au début du 17ème siècle, quand furent achevés les travaux d'agrandissement de l'église. Sa façade Est n'offre d'autres particularités que les deux fenêtres du toit, couronnées d'un fronton frappé d'armoiries, et une fleur de Lys plaquée au-dessus du cintre de la porte d'entrée. Elle est d'ailleurs recouverte d'un mauvais crépissage, au surplus mal raccommodé.

La partie Ouest ne manque pas de cachet avec son appareil de pierres entièrement dégagé et en excellent état. La tourelle, dont elle est flanquée et à l'intérieur de laquelle tirebouchonne l'escalier d'accès à l'étage, finit de donner à l'édifice son aspect de véritable gentilhommière. Qu'on en juge par la définition que donne de cette dernière R. du Cleuziou : « Au fond d'une petite cour close se trouve la maison, dominée par une tourelle où monte l'escalier en spirale ; au rez-de-chaussée, deux pièces ; deux pièces au-dessus ; à droite et à gauche, bâtiments de service ».

Qu'on ne se méprenne donc pas sur la destination première de cet appendice d'apparence belliqueuse pour conclure, comme certains l'ont fait, à l'existence, en ce lieu, d'un fortin de combat ou de résistance. Cette demeure ne fut construite que pour abriter, et, en fait, elle n'abrita jamais que des chevaliers à la mission essentiellement pacifique.

Destinée, tout d'abord, au logement des chapelains attachés au service de la chapelle, elle devint après la Révolution, la résidence des vicaires de Bubry, délégués dans la succursale, et demeure aujourd'hui, à la disposition du chef de paroisse.

Son caractère, ancien et artistique, a, plus d'une fois, retenu l'attention et la curiosité des Beaux-Arts qui, il y a quelques temps, proposaient de la classer parmi les Monuments Historiques. Combien il est regrettable que les propriétaires, illégitimement légaux, portent, quant à l'art et à la beauté, d'irréductibles oeillères et, par négligence coupable ou impardonnable ignorance... au choix... vouent à l'abandon, bientôt à la ruine, un joyau de cette valeur que devrait s'enorgueillir de posséder une commune quelque peu fière et respectueuse d'un riche passé.

(Louis Le Brazidec).

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