Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

REMÈDES DE BONNE FEMME PROPREMENT DIT

  Retour page d'accueil      Retour page "Vieux remèdes bretons"      Retour page "Histoire de Bretagne"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Introduction.

La maladie, pour l'homme de nos campagnes bretonnes a quelque chose de fuyant et de mystérieux. Tout comme la Religion, elle est pour lui insaisissable. Religion et Médecine : deux groupes d'idées sur lesquelles leurs esprits bornés viennent se heurter. Mais comme Religion et Médecine ne sont pas deux choses à la portée de tous, dans le développement dont elles sont susceptibles, le besoin qu'a l'homme d'avoir son idée arrêtée en des choses qui le regardent de si près, et la presque impossibilité dans laquelle il se trouve d'y arriver par voie naturelle, ont fait qu'en Médecine, tout comme en Religion, l'homme de nos campagnes, ou plus exactement le paysan breton s'est contenté d'idées et de pratiques fantasques dont l'abracadabra loin de le choquer, l'attire par l'enveloppe de mystère dont il a su les recouvrir.

Et naturellement, comme la Médecine et la Religion étaient également pour lui des choses transcendantes à son intelligence, ce caractère tout à fait extérieur des deux concepts les a rapprochés dans son esprit. Il en a fait dès lors un tout bien simple, auquel il a donné sa créance avec la dernière énergie. Et c'est ainsi « qu'Hommes de l'Art », comme théologiens ont été amenés à parler de cette chose unique, que ceux–ci appellent, avec un froncement de sourcil : superstition, et ceux-là, avec un sourire ironique : remèdes de bonne femme.

Maladies de la tête.

LUETTE.
Le Dr Dujardin, de Saint-Renan, raconte ce qui suit sur la maladie de la luette : « Une cliente est venue me demander si je savais relever la luette, parce qu'il lui avait été dit que les médecins ne s'y connaissaient pas. La description de la maladie est d'une fantaisie déconcertante : La malade a l'impression que sa luette lui descend jusque dans l'estomac et qu'elle va étouffer ; elle constate en même temps une dépression au sommet du crâne. Le spécialiste du traitement, qui est un chiffonnier, traite la malade en attachant à une ficelle des cheveux pris au sommet de la tête ; puis il tire dessus, comme s'il voulait soulever la malade, jusqu'à ce qu'on entende un « crac » caractéristique : la luette est remontée. Une de mes clientes m'affirme qu'elle a été ainsi traitée et que tous les assistants et elle-même ont très nettement entendu le bruit caractéristique, qui proviendrait du larynx » [Dr Dujardin - Chronique médicale, juillet 1933].

MAUX DE DENTS.
Remède très efficace contre les maux de dents. On applique sur la joue un cataplasme de figues, de lait et de mie de pain [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

On arrive au même résultat en mettant sur le cou du malade un cataplasme de farine d'orge bouillie, et du lard rôti dans les oreilles.

On peut encore prendre les tiges de maillettes d'eau, écrasées ou pilées, en remplir une coque de noix et appliquer le tout sur la joue, un pouce au-dessous de l'endroit douloureux. Il faut garder le pansement douze heures, il se forme une pustule « qui distille l'humeur ».

Pour faire tomber les dents carriées, mettez ce que vous voudrez de vers de terre sur une pelle ou sur une tuile rouge, pour les réduire en cendres ; puis introduisez de cette cendre dans le creux de la dent malade et bouchez-le avec de la cire. Prenez garde toutefois de toucher les gencives. Faites cela le soir avant de vous coucher et recommencez autant de fois que ce sera nécessaire ; la dent tombera d'elle-même [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

MAUX D'OREILLES.
Les enfants atteints d'un écoulement d'oreille sont soignés avec du lait de femme, une nourrice le fait couler directement dans les oreilles malades. Le même moyen est également employé dans les ophtalmies des nouveau-nés [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

Pour la surdité, préparez la potion suivante : mélangez en quantités égales, du jus d'oignon blanc, du jus d'œufs de fourmis, et de l'eau do fontaine. Il vous faudra mettre, au matin, III gouttes de cette liqueur dans une oreille et le lendemain matin III gouttes dans l'autre ; continuez ainsi pendant quinze jours, s'il le faut, et dans les deux oreilles à la fois [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

MENINGITE.
Le traitement des méningites consiste à ouvrir un pigeon en deux moitiés et à l'appliquer bien chaud sur la tête du malade [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

MAL DE TÊTE.
Vous souffrez du mal de tête ? Eh bien ! faites rougir une tuile dans le feu ; arrosez-la de bon vinaigre ; mettez le visage sur la fumée ; respirez le plus fort que vous pourrez : le mal se dissipera [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

PARALYSIE FACIALE.
Pour guérir la paralysie faciale et l'embarras de la parole qui en résulte, il n'y a pas de meilleur remède que de mettre une pincée de gros sel sur la langue [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

RHUME DE CERVEAU.
Se frotter le front, avec un morceau de plomb, deux fois par jour, deux minutes chaque fois [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

MALADIES DES YEUX.
Les maux d'yeux sont guéris par l'application d'un œuf fraîchement pondu et encore chaud.

Quant au traitement des taies, il se confie en général à une femme. Elle confectionne un emplâtre d'ail, de renoncule, de beurre et de gros sel. Cet emplâtre est appliqué sur le bras opposé à l'œil atteint (par exemple sur le bras gauche pour l'œil droit) et il est maintenu à l'aide d'une toile n'ayant jamais été passée à l'eau. Pour que cet emplâtre garde toute son efficacité, il doit être fait avec du beurre de la semaine de la Trinité.

Des concurrentes se contentent d'une application de boullie de froment qu'elles accompagnent de prières et de formules spéciales [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

La taie sur l'oeil se guérit encore de la manière suivante : on prend neuf grains de froment, parfaitement secs, provenant de la dernière récolte. On les met en croix deux par deux devant l'oeil malade en marmottant des oraisons inintelligibles, puis on les jette dans un vase à moitié rempli d'eau fraîche. En les jetant dans l'eau, successivement, on compte jusqu'à neuf, puis on décompte jusqu'à un. La même opération est répétée pour les neuf grains de blé [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

On guérit enfin les taies des yeux par le procédé que voici : prenez un œuf frais, du jour même, videz-le, otez le germe, emplissez-le avec de l'eau de fontaine, en ayant soin d'y ajouter quelques grains de sel de cuisine. Faites bouillir le tout dans la coque et écumez-le bien pour vous en servir [Kowalski - Ancien manuscrit breton].
A Primelin, une vieille femme, pour faire disparaître une taie fait, avec une pièce d'argent qu'elle garde, une croix sur l’œil malade et souffle trois fois dessus [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Pour guérir les maux d'yeux et plus particulièrement les orgelets, on fait cuire un œuf à l'eau bouillante. Quand l'œuf est encore chaud, on le coupe en deux, on enlève le jaune et l'on applique les deux parties creuses de l'œuf sur les yeux malades qu'on bande pour la nuit. Au matin, le malade est guéri. Cette opération se fait encore à Locronan (Finistère) [Danielou Charles - Finis terroe].

Beaucoup de vieilles paysannes bretonnes fument la pipe pour guérir les maux d'yeux et pour s'en préserver.

Les marins eux, en grand nombre, portent des boucles d'oreilles en forme d'anneaux, pour se préserver de ces maladies d'yeux [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

Autre remède également en usage : on se frotte les yeux avec de l'herbe de la Saint-Jean (Sedum telephinum, crassulacée) passée à la flamme du feu de la Saint-Jean.

Le jour de la Saint-Pierre, la plante utilisée est l'Artemisia abrotanum (corymbifère) [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

Chaque maison, dans nos campagnes bretonnes, possède un cierge béni le jour de la Chandeleur. C'est avec ce cierge qu'on soignera encore les maux d'yeux. Il faut l'allumer et le passer devant l'oeil malade en dessinant un signe de croix, tandis que l'on projette dans l'œil (en soufflant sur la flamme) un peu de fumée. L'opération est renouvelée trois fois de suite. Une prière en augmente l'efficacité [Dr Dujardin - Chronique médicale, juillet 1933].

Maladie des voies respiratoires.

ANGINE.
Un remède tout indiqué contre l'angine, c'est un cataplasme fait avec du blanc de baleine et de la bouse de vache [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

MAUX DE GORGE.
Si vous souffrez du mal de gorge, entourez votre cou d'un bas de laine, dans lequel vous aurez mis de la cendre de bois (pas d'autre cendre) et gardez-le toute une nuit. Le lendemain votre mal aura disparu.

COQUELUCHE.
Le lait de jument est très recommandé contre la coqueluche. En donner très souvent à boire au coquelucheux qui verra ainsi son affection disparaître rapidement.

Le lait de vache est aussi indiqué contre la coqueluche. Pour cela, on trait du lait dans un plat de terre ; on en fait avaler une partie à un furet et on oblige l'enfant malade à boire le reste [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Le traitement que voici est encore en faveur dans nos campagnes :

On met le petit malade sur la trémie d'un moulin, cette boîte losangique qui reçoit le blé à moudre. On fait ensuite tourner le moulin en répétant : « Malomp an drev, ken a grevo », c'est-à-dire : « Moulons la coqueluche jusqu'à ce qu'elle crève » [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1934].

Mettez du suif de mouton et de la graisse sur du papier gris, faites chauffer ce papier et placez-le ensuite sur l'estomac de l'enfant ; répétez l'opération si la première ne réussit pas [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

PHTISIE.
Si vous voulez combattre la phtisie, prenez une chopine d'eau-de-vie et une chopine d'eau d'hysope que vous mêlez ensemble, puis du mastic en poudre. Commencez un matin à prendre un peu de cette poudre dans « la moelle d'une pomme de reinette ». Le lendemain matin, vous prendrez le tiers du liquide ; continuez ainsi, alternativement, le matin deux heures avant le repas, et gardez la chambre pendant ces jours [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

PLEURÉSIE.
Pour guérir la pleurésie, prenez plein la main de fiente de mulet ou de cheval, si le malade est un homme, de fiente d'ânesse ou de jument, si c'est une femme. Après vingt-quatre heures d'infusion dans une chopine de vin blanc, passez le tout, doucement, au travers d'un linge, et faites boire au malade, à jeun, cette liqueur [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

RHUMES.
Prenez un oignon, trouez-le à sa partie supérieure et remplissez le trou avec de la graisse de mouton. Mettez un petit morceau de la peau de cet oignon sur le trou ; faites-le cuire ensuite sous les cendres : quand il sera bien cuit, ôtez toutes les peaux cendreuses, mettez le reste sur une assiette et servez-vous en comme du beurre pour enduire les pieds, le creux de l'estomac le plus chaudement possible [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

Maladies de l'appareil circulatoire.

ANÉMIE OU COULEUR PALES.
On emploie de gros limaçons ; cassez leurs coquilles, mettez-les sur la plante des pieds en cataplasme, aussi épais que vous pourrez, et enveloppez-les avec du linge ; laissez cela pendant vingt-quatre heures. Si la personne n'est pas guérie, mettez-en une seconde fois et vous serez sûre du succès. On ne peut appliquer le remède qu'au mois de mai [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

CIRCULATION.
Pour faire sortir une aiguille ou une épingle profondément entrée sous la peau de votre main, ou même dans la circulation (comme il arrive quelquefois chez les couturières) entourez votre main d'une peau de couleuvre : l'aiguille sortira d'elle-même.

Plusieurs personnes nous ont dit avoir expérimenté cette recette avec succès.

CŒUR.
En Bretagne, on peut rebouter le cœur comme un os vulgaire ; car dit-on, le coeur est monté sur un brochet, sorte de petit muscle en forme d'hameçon (d'où le nom d'accroche-coeur donné aux cheveux en virgule). Par conséquent, si à la suite d'une émotion violente ou d'une chute, le cœur s'est décroché, il s'agit de remettre le brochet en suspension, afin que le gros viscère puisse de nouveau battre dans la poitrine ; car enfin, s'il balance comme un battant d'horloge, c'est qu'il est bien suspendu. Tel était l'avis du rebouteux de Saint-Goulay chargé d'examiner un vieillard qui, à la suite d'un coup de pied de cheval, manquait « de cœur à l'ouvrage ». Le rebouteux cala soigneusement le client et à grandes tapes dans le dos fit sauter le cœur. Le brochet retrouva au vol son équilibre et le malade affirma que ça battait mieux en « sa demeurance » [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

HÉMORRAGIES.
Les saignements ou les légères hémorragies qui proviennent d'une blessure s'arrêtent facilement : il suffit d'appliquer sur la plaie une toile d'araignée. Cette toile d'araignée, à notre avis, aurait sans doute, une action mécanique et agirait ainsi, tout comme l'amadou.

Le tabac à priser appliqué directement sur les plaies provoquées par des instruments tranchants peut arrêter les hémorragies graves [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

Un autre remède très simple ; pour arrêter les hémorragies consiste à porter un anneau de fer au doigt. La personne qui me l'indique me cite le trait suivant : une bonne femme à qui l'on venait d'arracher une dent, eut, à la suite de cette intervention une violente hémorragie ; mais l'hémorragie s'arrêta instantanément quand elle se passa au doigt un anneau de fer. Or, elle alla au lavoir et, comme son anneau la gênait pour laver, elle l'enleva, l'hémorragie qui avait cessé recommença de plus belle, et ne s'arrêta que lorsqu'elle remit son anneau.

Remarque à utiliser : le beurre roussi au feu sert à arrêter les hémorragies et empêche les suppurations [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Les hémorragies du nez s'arrêtent au moyen d'un papier blanc. Trempez-le dans l'eau fraîche et passez-le dans la concavité de la bouche, le sang s'arrêtera sur-le-champ [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

SANG MEURTRI.
Pour que le sang meurtri se résorbe facilement, faites un cataplasme avec du son de froment et de l'urine de la personne blessée [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

Maladies des voies gastro-intestinales.

CARREAU.
Le Dr Paul Aubry cite un curieux procédé en usage, pour le traitement du carreau : « On mène l'enfant à l'abattoir, on le déshabille complètement et on lui pose en travers du corps, directement sur la peau, la rate d'un animal que l'on vient de tuer.

On lui remet ses vêtements par-dessus ce topique qu'il conservera pendant vingt-quatre heures [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903] .

DYSENTERIE.
Un jaune d'œuf, une cuillerée de vin rouge, d'eau-de-vie et de sucre, bien mêlés ensemble consiste un remède éprouvé contre la dysenterie.

Autre remède : faites avec de la farine et du jus de sureau un petit pain cuit au four ; en prendre à jeun une certaine quantité pulvérisé et mêlé dans un gobelet de vin et se tenir au lit [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

Voici un troisième remède : bien mêler ensemble de l'eau-de-vie de vin, de l'huile d'olive, du vin rouge, du sucre en poudre ; prendre cela dès le commencement du mal, à jeun, et rester deux heures avant de manger.

Ou encore : prenez un oeuf frais du jour, auquel vous ôterez le germe ; ajoutez de l'eau bouillie sur du plantin, du vin rouge, du sucre en poudre, de l'huile de table, une cuillerée de chaque ; délayez bien le tout ensemble et donnez de ce mélange au malade cinq ou six fois par jour, et dès le commencement de la maladie. Enfin, une autre recette : il consiste à faire de la bouillie et à y mettre un morceau de papier coupé bien menu ; il est nécessaire de répéter cette préparation pendant trois ou quatre jours [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

HYDROPISIE.
Contre l'hydropisie absorber de la poudre de crapaud dans une infusion de tilleul [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

Ou encore écrasez bien avec leurs coques de gros limaçons en quantité suffisante pour faire deux cataplasmes ; mettez ces cataplasmes aux deux pieds. Il faut répéter ces remèdes plusieurs fois de suite [Kowalski - Ancien manuscrit breton] .

LA LÈCHE.
La lèche est un organe mystérieux situé quelque part entre la hanche et le bassin. Au vrai, lorsqu'un paysan dit qu'il a mal à la lèche ou la lèche chète (de choir, tomber) ou encore la lèche blette, il faut entendre qu'il éprouve un malaise dû à ses digestions. Il y a quelques années, raconte le Dr Lejeune, une vieille femme venue me consulter me dit qu'elle avait « grand ma au pertus de la lèche ». Je finis par comprendre qu'il s'agissait du creux épigastrique (pertus, de pertuis, trou). Pour les campagnards des Côtes-du-Nord, inutile d'aller consulter un médecin « qui n'entend rien à ces choses ». Il vaut mieux se rendre chez la personne qui « relève la lèche » et ces personnes sont légion. Il y a plusieurs manières de relever la lèche. La plus simple consiste à frictionner le creux de l'estomac en disant trois Ave Maria ou en récitant les lithanies de sainte Anne. Il est possible encore de relever la lèche en saisissant au sommet du crâne du patient une mèche de cheveux, et en tirant fortement en haut. Certains se contentent de faire coucher le malade la tête plus bas que les pieds.

A Moncontour-de-Bretagne, quelques années avant la guerre, vivait un de ces guérisseurs spécialisés. Il avait une grosse clientèle et pourtant les moyens qu'il employait étaient plutôt violents. Lorsque le malade de l'estomac arrivait chez lui, après l'avoir regardé pendant quelques instants dans les yeux, il l'emmenait dans la cour de la maison et là, il le plaçait à l'une des extrémités en le faisant maintenir par deux hommes vigoureux. Puis prenant du « champ », il fonçait tête baissée dans l'estomac du malheureux patient. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, la plupart de ses clients s'en allaient, sinon guéris, du moins satisfaits [Dr Le Jeune - Esculape, numéro de janvier 1934, p. 20].

VERS INTESTINAUX.
En Bretagne, les remèdes contre les vers intestinaux sont légion : nous n'en citerons que les principaux, ceux qui nous ont paru les plus intéressants.

Pour guérir les enfants qui ont les vers, on leur mettra autour du cou un petit sachet de toile blanche contenant le mélange suivant : 9 gousses d'ail, du sel. de l'huile. Ou bien encore, ou leur mettra tout simplement un collier confectionné avec des gousses d'ail.

Il y a un autre remède très simple et peu coûteux il consiste à faire absorber aux enfants des pilules faites d'étoupe et de mie de pain. Les vers seront vite expulsés par ce remède bon marché [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

Maladie des membres.

DÉFORMATIONS.
A Plougastel-Daoulas (Finistère), on dit que les enfants nés les pieds les premiers, ont le pouvoir de guérir les déformations des rachitiques (en breton, Droug-Leach). Ils doivent attendre d'être devenus adultes pour utiliser ce pouvoir ; mais alors ils n'ont qu'à passer cinq fois leur pouce humecté de salive sur ces déformations pour qu'elles disparaissent rapidement [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

ENTORSES.
Voici un remède assez simple contre les entorses : prendre de la saumure de lard, des œufs (le blanc et le jaune), de l'eau-de-vie. Bien mêler le tout sur des cendres chaudes, bassiner l'endroit blessé et y mettre une compresse [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

GOUTTE.
Si vous avez lieu de craindre la goutte, faites-vous souvent saigner et purger, trempez votre vin et faites de la marche, particulièrement quand vous avez grand froid [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

Quand la goutte fait beaucoup souffrir, il faut appliquer sur le mal un sachet de sel qu'on aura fait bien chauffer dans une poêle, et, quand la douleur a diminué, frotter le même endroit avec du beurre du mois de mai et de la fleur de genêt [Kowalski - Ancien manuscrit breton] .

RHUMATISMES.
Ou emploie bien souvent contre les rhumatismes de la graisse de blaireau. On se sert encore du gras de lard, cuit avec du laurier : on se frotte sur l'articulation malade, et la guérison est rapide si l'on peut recouvrir l'articulation d'une peau de lièvre.

Dans la région de Beuzéc cap-Sizun, on guérit la goutte et les rhumatismes en scarifiant le palais du malade. Deux incisions seront faites en forme de V et le malade devra, avec ses doigts, arracher le lambeau de muqueuse ainsi séparé, sinon il gardera son mal. Au bout d'une heure ou deux, il se gargarisera le palais [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903] .

Contre les rhumatismes, vous ferez bien encore d'utiliser la panne de porc mâle : couvrez-la d'une feuille de papier gris, puis pressez dessus deux poignées d'avoine ; roulez le papier et mettez-y le feu ; recevez la graisse sur une assiette, soufflez la cendre et mettez l'assiette sur le feu. Il ne vous reste plus qu'à ajouter 2 cuillerées d'eau-de-vie et à frotter la partie malade devant un bon feu [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

Autre remède versez dans un pot et faites bouillir un litre d'huile d'olive. Mettez-y aussitôt 24 grenouilles vivantes et faites bouillir de nouveau pendant quatre heures. Passez le tout et ajouter 4 onces d'eau-de-vie. Remuez le nouveau mélange quelque temps. Pour se servir de ce remède, il faut le faire chauffer en frotter la partie malade et y appliquer une compresse imbibée de cette huile [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

Enfin, on guérit les rhumatismes en faisant prendre au malade un bain d'eau bien chaude, dans lequel on aura mis des graines de foin.

Un conseil maintenant pour se préserver des douleurs rhumatismales : il suffit de porter dans la poche de son pantalon des marrons d'Inde.

TRAUMATISME DU POIGNET.
Pour traiter un traumatisme du poignet ou de l'avant-bras, enrouler un fil de laine autour de la partie blessée.

Il est nécessaire que le fil de laine soit double, et qu'il fasse deux tours pour empècher les veines, les nerfs et les jointures de s'ouvrir [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1934].

Maladie de la peau.

Dans les maladies de la peau qui sont tenaces et rebelles, et principalement quand se produisent les formes squameuses, c'est encore à la sorcière ou à la femme douée du don de guérison que l'on a recours.

Celle-ci après un examen impressionnant, déclare que les squames sont dus au passage du ver à mille pattes (scolopendre) sur les parties malades, et elle commence ses manœuvres d'exorcisme. Avec son pouce humecté de salive, elle fait neuf fois le tour de la plaque en prononçant des paroles cabalistiques, et elle fait une croix ; puis elle recommence neuf fois les neuf tours. Le traitement doit être continué pendant neuf semaines, le même jour de chaque semaine à partir de la première opération [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

AFFECTIONS EXTERNES.
Les contusions se traitent par la saumure, contre les abcès, furoncles, anthrax, en un mot, toutes les affections de la peau, confectionner un emplâtre avec un jaune d'œuf, de l'huile, du miel et de la farine [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

ABCÉS.
La bouse de vache à une efficacité très remarquable dans le traitement des abcès, et particulièrement des abcès dentaires.

Le Dr Giffo, dans la thèse inaugurale, cite le cas suivant : « un confrère de Quimper appelé en ville près d'une dame la trouva la figure presque entièrement recouverte d'un énorme pansement, laissant à peine voir les yeux, et qui exalait une odeur sui generis. Et la malade de lui raconter alors, la larme à l'oeil qu'une voisine l'avait prise en pitié, et lui avait conseillé de se mettre sur la joue un cataplasme de bouse de vache chaude, en attendant le médecin. Une domestique était allée dans une étable recueillir, toute fumante, cette bouse, et elle l'avait rapportée en courant » [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

AMPOULES.
Mettre du charbon à bouillir dans de l'urine ; broyer le charbon, se frotter avec le liquide et appliquer le résidu sur l'ampoule [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

BRÛLURES.
Tremper un linge fin et bien blanc dans la saumure de beurre, le mettre sur la petite malade et arroser souvent le linge [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

Si vous avez ie malheur de vous brûler, vos brûlures seront vite guéries par l'emplâtre que vous aurez soin de confectionner en suivant le procédé que voici :

D'une part, faites griller de l'avoine : d'autre part, faites griller de la viande et recueillez-en le suif. Mettez l'avoine dans le suif fondu. Appliquez ce mélange à froid sur la brûlure, mais, précaution essentielle, en vous servant d'une plume de coq [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

Faites brûler dans une assiette un cornet de papier journal, vous recueillez un résidu jaunâtre et visqueux. Enduisez la partie brûlée avec cette « huile de papier ». Vos douleurs disparaîtrons et vos brûlures guériront rapidement.

Il convient d'ajouter que certaines personnes ont le pouvoir de faire disparaître les brûlures, ou tout au moins les douleurs causées par les brûlures, en soufflant sur la partie brûlée, La douleur disparaît instantanément.

Pour guérir les brûlures, on prend un morceau de lard de porc bien gras ; on le pique de graines d'avoine et de feuilles de laurier, et on le place au-dessus d'une flamme.

La graisse chaude fond en gouttelettes qui sont recueillies dans une soucoupe. Il suffit d'appliquer sur la plaie cette graisse fondue et tiède pour arrêter la douleur et guérir la brûlure [Danielou Charles - Finis terroe].

BUBON.
Pour guérir le bubon « ar gwerbl » et l'obliger à partir on récite la formule pour décompter le bubon (« diskower ar gwerbl »). L'énumération doit être répétée neuf fois et à chaque reprise le décompteur trace une croix sur la tumeur, avec son pouce gauche noirci contre un chaudron. Il récite alors la complainte suivante : « Le bubon a neuf filles ; de neuf elles viennent à huit ; de huit elles viennent à sept, etc,.., de une elle vient à rien, après s'être brisée le crâne et s'être jetée dans la mer » [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

DARTRES.
L'éclair est un remède contre les dartres sèches [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934]. Il y a aussi le procédé suivant : il consiste à prendre l'un après l'autre et sans les compter, 9 brins de paille sans nœuds, puis à faire tourner chaque brin de paille autour de la dartre et à souffler ensuite sur le mal, en prononçant contre lui la condamnation suivante : « Delhuiden seh, seh Neket emen ma hou seh Bar skvarn er pesk, e kreiz er mor Ema hou seh hag hou trézol-hui zelei bout ban tan e loskein. Pe bar mo e tenein. Rei ket poen d'ein anchi ». Ce qui peut se traduire comme il suit ; « Dartre sèche. sèche. Ce n'est pas ici qu'est votre place. Dans l'oreille d'un poisson, au milieu de la mer — est votre place et votre trésor — vous devriez être dans le feu à brûler ou dans la mer à vous noyer. Et je n'en aurai aucune peine » [Freucher - Nouvelliste du Morbihan].

ECROUELLES.
Quand les écrouelles ou les humeurs froides ne sont pas ouvertes, on se contente de les frotter souvent et de tenir dessus un linge imbibé d'huile. Cette huile doit être faite d'après le procédé suivant :

Prenez huit gros crapauds, ou douze s'ils ne sont pas bien gros, versez dessus deux litres d'huile d'olive, bouchez le pot avec un liège qui prenne bien. Mettez sur le pot une grosse pierre ou autre chose pour empêcher les crapauds de partir. Faites cuire cela pendant douze jours sur des cendres chaudes en prenant garde que le pot ne bouille ni ne perde sa chaleur qui doit être suffisante pendant les douze jours et les douze nuits. Passez l'huile à travers un linge et jetez les crapauds [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

ENGELURES.
Si vous voulez voir disparaître des engelures, trempez les pieds ou les mains qui en sont atteints dans l'eau où vous aurez fait macérer des feuilles de noyer. Frottez tous les jours et le plus chaud possible les parties malades, d'abord avec cette eau, puis avec de l'alcool ou de l'essence de térébenthine. Si après cela les engelures persistent, faites un trou dans un gros navet, remplissez-le d'huile jusqu'à ce qu'il devienne aussi épais que de la bouillie : brassez cette bouillie et mettez-en deux fois par jour sur vos engelures, ou bien maintenez pendant un quart d'heure vos mains ou vos pieds dans de l'eau provenant de la cuisson des choux [Paul Rioullan - Feiz Ha Breiz, numéro de l'an 1935].

ERYSIPÈLE.
A l'île de Groix, on traite l'érysipèle par des applications de bouillie de seigle.

FURONCLES.
Pour faire aboutir un furoncle, faire souvent des applications d'oignons.

Comme traitement vous prenez un ver de terre, vous le posez sur la plaie et vous invoquiez un saint (saint Eloi ou saint Claude). Si le ver tombe et meurt votre furoncle est guéri. Sinon vous recommencez avec un autre ver et un autre saint [Dr Le Gouas - Saints d'Armorique, Pratiques médicales populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux 1933].

Ou encore emplâtre avec : de la fécule de pomme de terre, de la farine de riz, de la mie de pain trempée dans du lait, un œuf frais.

Ou encore emplâtre avec : un œuf frais, une cuillerée de miel, une cuillerée d'huile, de la farine de froment.

Bien mélanger le tout avant de s'en servir [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

GANGLIONS.
C'est la sorcière qui guérit ce que les Bretons appellent « Ar Verbol », c'est-à-dire l'adénite des ganglions de l'aisselle, et « ar laich », l'adénite des ganglions de l'aine. Quand une tumeur s'est formée dans ces régions, elle sera suivie de huit autres. Si l'une aboutit, toutes aboutiront de même, à moins qu'on ne les fasse déguerpir ; pour cela il faut les compter en disant : « De une je vais à deux, de deux à trois... » et les décompter en disant : « De neuf à huit, de huit à sept... » jusqu'à dire « de une à rien ». Et il faut dire la formule trois fois sans respirer et sans se tromper [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

IMPETIGO.
Sainte Radegonde guérit de l'impetigo. On frotte les croûtes, en ayant soin de ne pas les écorcher, avec de tous petits coquillages [Dr Le Gouas - Saints d'Armorique, Pratiques médicales populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux 1933].

PANARIS.
On prend un oeuf très frais ; on le vide en le perçant de deux trous. On jette le blanc et on garde le jaune. On remplit la coquille de gros sel et on la fait noircir sous la cendre. Quand elle est bien noire. on la pulvérise et on la mélange avec le jaune. Faire trois parties de ce mélange. Une première application le soir avant le coucher ; le lendemain matin un bain de son. Le soir deuxième application, etc...

PLAIES DIVERSES.
Il serait trop long de dire les vertus attribuées à l'urine en Basse-Bretagne, dont une tradition toujours vivace fait une panacée pour la guérison des plaies diverses. Nous connaissons, dit le Dr Giffo dans sa thèse inaugurale, deux sœurs, l'une repasseuse, l'antre couturière, qui n'ont jamais ni gerçures ni engelures aux mains, depuis que, chaque hiver, elle les trempent chaque jour dans l'urine [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

TUMEURS.
Appliquer une bonne poignée de bouse de vache aussi fraîche que possible, après l'avoir d'abord fait tremper pendant douze heures dans du vin rouge [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

ULCÈRES.
La terre des cimetières, spécialement la terre recueillie sur les tombes des individus qui ont succombé à une mort violente (pendaison, noyade, etc.), est employée pour la guérison des ulcères invétérés ; elle sert à la confection de cataplasmes que l'on applique sur la région malade [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

VARIOLE.
A Saint-Briac, pour qu'une personne atteinte de variole puisse guérir sans conserver de cicatrices, on place un crapaud sous son oreiller. Le crapaud prend la variole et le malade guérit sans cicatrices.

Dans d'autres endroits des Côtes-du-Nord, on arrive au même résultat en lavant les pustules avec la graisse qui vient, à la surface de l'eau, lorsqu'on fait bouillir le lard fumé : dans les faubourgs de Brest, le lavage de la peau se fait encore avec du petit lait. Pour guérir les enfants de la rougeole, de la variole, de la scarlatine, il faut les envelopper de drap rouge [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

VERRUES.
Certains guérisseurs disent qu'il est excellent d'enterrer une pomme au pied d'un noyer ; à mesure que la pomme pourrit la verrue disparaît.

D'autres vous les comptent et vous donnent un nombre égal de petits pois, ils vous recommandent d'en jeter un vous-même tous les jours dans une bouteille contenant de l'eau ; à mesure que les pois pourrissent les verrues s'en vont une à une [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

Dans certaines régions de Bretagne, et en particulier à Ile de Groix (Morbihan), on traite les verrues de la façon suivante ; on les frotte soigneusement avec un oignon ou avec un petit morceau de lard que l'on enfouit ensuite dans le sol. Quand ils sont pourris les verrues ont disparu.

Si vous voulez guérir vos verrues, voici un autre moyen, infaillible : Entrez dans une église par une porte : plongez dans l'eau d'un bénitier votre main atteinte et sortez par la porte opposée, après avoir dit une prière [Dr Dujardin - Chronique médicale, juillet 1933].

Autre remède : on coupe une pomme en deux parties et l'on a soin d'en laisser une fixée à l'arbre. Après avoir frotté la verrue avec la partie détachée on la recolle à l'autre au moyen d'une cheville de bois, le fruit devenu blet, les fics s'évanouissent.

Autre remède encore : on frotte la verrue avec une limace vivante qu'on empale à l'épine d'un buisson et qu'on laisse sécher [Dr P. Delaunay - Médecine internationale illustrée, février 1930].

Enfin, voici un remède très simple : prendre une poignée de pois, les jeter dans un puis et s'éloigner aussi rapidement que possible. Si l'on n'entend pas les pois tomber dans l'eau les verrues disparaîtront [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

ZONA.
Ou guérit le zona en passant plusieurs fois la main sur la poitrine, à l'endroit malade, et en la déplaçant dans le sens du soleil, et l'on dit « Zona retire toi. Ce n'est pas ici ta place, ni ici ni ailleurs. Entre 9 mers et 9 montagnes là est ta place » [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

Un drap rouge imbibé de salive et frotté contre le fond d'une poêle à frire, guérit aussi le zona. L'opérateur doit être à jeun et faire tourner ses mains dans le même sens que le soleil [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Maladies diverses.

CANCER.
A Lascoüet, à Gaëel, et dans tout le pays de Saint-Méan, quand une personne est atteinte d'un cancer, on met un morceau de lard dans la plaie. Pendant que le cancer mange le lard, il ne dévore pas la chair du malade. La couënne de lard fait disparaître le cancer, car il est de croyance en Bretagne que : « Le cancer est une bête qui se nourrit de la chair du malade » [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Les guérisseurs de Pont-Croix, eux, soignent les cancers avec les carpes de l'étang de Poulguidou en Plouhinec.

Une carpe de cet étang, pêchée la nuit (condition essentielle), est coupée en deux dans sa longueur, et appliquée sur le sein cancéreux jusqu'à ce que l'odeur qui s'en dégage oblige le malade à s'en séparer. Le cancer, étant très friant de la chair des carpes de Poulguidou, abandonne le sein qu'il rongeait et mange de la carpe tant et si bien qu'il meurt [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

Pour guérir les cancers aux « mamelles », vous avez aussi ce procédé : prenez des carottes récentes, râpez-les et exprimez en le suc, avec la main seulement. Faites chauffer le marc sur une assiette ou dans une casserole de terre et appliquez-le bien épais en forme de cataplasme. S'il y a des trous, il faut les en remplir de façon que la substance des carottes touche les chairs dans tous leurs replis. On couvre le tout d'une serviette bien sèche et même un peu chaude. On renouvelle le pansement deux fois par vingt-quatre heures, soir et matin. Chaque fois, on enlève tout le vieux cataplasme, on lave et on nettoie l'ulcère avec un pinceau de charpie trempé dans une décoction chaude de ciguë. L'effet de ce remède est de calmer les douleurs et de dissiper en peu de jours l'odeur fétide que rend le cancer ; la suppuration diminue et la plaie ne rend plus bientôt qu'une matière ordinaire ; les bordures et les callosités de l'ulcère se ramollissent, la tumeur diminue et disparaît peu à peu. Enfin les chairs se régénèrent, la cicatrice se ferme et l'ulcère est guéri [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

DOULEURS.
Pour combattre la douleur provenant d'un effort, appliquez sur la partie malade un emplâtre de fiente de porc [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

FIÈVRES.
Le septième enfant d'une famille de 7 garçons passe pour guérir les fièvres tierces ou quartes ainsi que les écrouelles, pourvu qu'il ait jeûné trois ou neuf jours avant de toucher au malade. Cette superstition persiste à Riallé (L.-I.), mais le guérisseur ne jouit de son pouvoir que le Vendredi–saint et les jours de Quatre–Temps [Dr P. Delaunay - Médecine internationale illustrée, juillet 1930].

A Saint-Briac, pour couper les fièvres, on fend une pie en quatre morceaux que l'on applique tout chauds : deux morceaux sur les reins, deux morceaux sur la plante des pieds.

Pour guérir la fièvre, la personne qui opère doit être née un vendredi de mars (il faut que ce vendredi soit un jour impair) ; elle prononcera alors la formule suivante en Breton :

Quand bonne oeuvre je fais, - Par le signe de la croix je commence, - En rentrant dans votre maison, je dis : - In nomine Patris, et filiis, - Et alors, pour achever ma prière, - Et spiritui Sancti. Amen. - Malheureuse fièvre, fièvre amère, - Dans le pays que viens-tu faire?

puis l'opérateur frotte le corps du malade avec un bouquet d'absinthe. Après quoi, prenant le ton de menace, il s'écrie : « surs, sors, être maudit, va-t-en au désert avec tes amis et ne reviens plus au pays. Je t'en conjure par mon nom. Amen » [Dr Foll - Médecines et superstitions populaires en Bretagne. Thèse Bordeaux, 1903].

Dans un accès de fièvre. coiffez votre petit doigt avec la pellicule qui enveloppe le blanc d'œuf, et en vingt-quatre heures vous serez guéri [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

Un autre moyen de guérir la fièvre consiste à couper bien mince de la seconde peau de noyer. On la met le soir jusqu'au lendemain matin à infuser dans du vinaigre fort. On presse, et il suffit de faire deux applications en croix sur le pouls, avec la liqueur obtenue.

Un remède beaucoup plus simple vous est conseillé encore : faites boire un cheval dans un seau plein d'eau doutiez ez ensuite ce qui restera à boire au malade.

Enfin, voici un dernier conseil ; prenez un setier de lait doux, versez-y pour deux sols d'eau-de-vie de vin et buvez le tout au commencement du frisson ; mais attention, il ne faut mettre l'eau-de-vie dans le lait qu'à l'instant même où on veut le prendre [Kowalski - Ancien manuscrit breton].

REMARQUE SUR LA FIÈVRE.
Certaines personnes assimilent volontiers la fièvre au pouls et comme le pouls se trouve au poignet c'est à cet endroit précis que portent leurs efforts pour agir sur la température de l'organisme. On se servira de vésicatoires composés par exemple : avec 5 gousses d'ail, 5 racines de persil, un peu de suie de cheminée et une bonne pincée de gros sel (Cet emplâtre doit être appliqué pendant 9 jours) [Dr P. - Le râle. Bulletin des externes de Lyon, numéro de mars-avril 1931].

INCONTINENCE D'URINE.
Pour arrêter l'urine des enfants, essayez ce remède : au moment de mettre au four la pâte à faire le pain, prenez-en un morceau de la grosseur du poing, incorporez-y une petite cuillerée de graines d'ortie en poudre et pour sis sols de mastic pulvérisé. Trois jours de suite l'enfant doit manger, à jeun, le tiers de ce pain, puis se promener pendant une heure [Dr Dujardin - Chronique médicale, septembre 1934].

MAL CADUC OU ÉPILEPSIE.
Le mal caduc se guérit fort bien avec des excréments de souris en guise de pilules, ou encore par des cataplasmes de foie de grenouilles.

Autre remède : prenez des racines de grenouillettes (racines qui ressemblent à des truffes), liez-les sur la tête de celui qui est sujet à ce mal avec du fil rouge, durant le temps que la lune décroît et que le soleil est au signe du taureau ou du scorpion au premier degré : le malade guérit rapidement [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

MALADIES DE FEMMES.
Pour hâter la délivrance, le parturiente souffle dans la paume de ses mains réunies.

Autre procédé : la parturiente tient dans une main du gros sel et, dans l'autre main, elle tient une bouteille dans laquelle, elle souffle jusqu'à la délivrance.

0n fait passer le lait d'une femme qui vient de perdre son enfant en trempant les langes du bébé dans l'urine du mari ; on les applique ensuite sur les seins de la femme [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1933].

Un excellent remède, employé dans lem maladies de femmes consiste à mettre un peu de poudre de crapaud desséché dans un vase rempli d'eau chaude et à s'asseoir dessus. Ce remède est particulièrement efficace contre les règles douloureuses [Dr A. Giffo - Thèse médecine, Montpellier, 1913].

POUR GUÉRIR LA PEUR OU LA JALOUSIE.
Les enfants qui ont peur ou qui sont jaloux se reconnaissent à leur teint pâlot, à leurs yeux sans vie ; ils sont toujours tristes, l'anémie les ronge et ils s'éteignent de consomption si on les laisse dans cet état. Nous connaissons une brave bonne femme qui depuis longtemps a fait ses preuves en soignant ces petits malades. On ne compte plus les enfants qu'elle a ainsi tirés des griffes de la mort. Elle ne demande pas, d'ailleurs, de leur faire absorber quoi que ce soit ; pour obtenir la guérison, il suffit de leur pendre au cou des sachets de sa confection. Il n'est pas rare de voir arriver à l'école des bambins avec un collier de sachets sous les vêtements.

Ces petits sacs de toile contiennent une bouillie composée de saindoux et d'herbe-à-la-peur (louzenne en ènen) ou lierre-terrestre. Ce n'est donc pas sorcier, la confection de ces petits sacs ; mais le secret est de savoir à quelle heure du jour et à quelle phase de la lune, il faut cueillir la plante et connaître la formule récitée pendant la préparation .Et il y a des femmes qui savent garder un secret [Freucher - Nouvelliste du Morbihan].

PARASITES.
Les poux naissent spontanément sur la tête et le corps des personnes faibles ou disposées aux maladies de faiblesse. Ces parasites ont la crainte du beurre : on s'en débarrassera facilement en s'enduisant de beurre [Dr Dujardin - Chronique médicale, janvier 1934].

LA RAGE.
Le Dr Le Jeune, de Quintin, cite un remède regardé encore comme efficace coutre la rage : prenez, de la chaux provenant d'écailles d'huîtres, du cristal minéral, du sel, un gros de chaque matière et de plus, 10 grains de camphre. Mettez le tout dans un verre de vin blanc. Le malade prendra cette potion à jeun, pendant trois jours de suite : il ne doit ni manger, ni boire, ni sortir du lit que trois heures après avoir pris son remède ; mais ensuite, il faut qu'il prenne beaucoup d'exercice. Dès qu'on aura été mordu par un chien ou tout autre animal enragé, il faudra tremper une toile un peu forte dans du vin tiède et, frotter la plaie jusqu'au sang ; pendant ce temps, on fera rougir une poêle de fer ; on aura à part, quelques œufs auxquels on aura ôté les germes, un gros de racines de rosiers sauvages (dit églantier) en poudre et plein une coque d'huile de noix. On brouillera bien ces trois choses ensemble et on les fera cuire en omelette sur la poêle rougie. Le malade mangera cette omelette à jeun, sans boire ni prendre autre chose que seulement trois heures après. Le reste de l'omelette sera appliqué sur les plaies du malade, qui resteront bandées neuf jours de suite, Au bout de ces neuf jours on enlèvera les pansements et on lessivera les plaies avec du vin tiède [Dr Le Jeune - Chronique médicale, numéro d'août 1935].

POUR TIRER LES ÉPINES DU CORPS.
Prenez de la fiente d'oison mâle fraîchement faite ; mettez-en à l'opposé de l'endroit qui garde l'épine et celle-ci sortira [Dr Kerambrun - Les rebouteurs et guérisseurs. Croyances populaires. Thèse Bordeaux, 1898].

Paul Romieux.

© Copyright - Tous droits réservés.