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LE 6ème CORPS d'ARMEE PRUSSIEN EN BRETAGNE EN 1815

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DÉTAIL ET MARCHES DU 6ème CORPS PRUSSIEN EN BRETAGNE. — PREMIÈRES DIFFICULTÉS. — ÉTENDUE DÉFINITIVE DE L'OCCUPATION. — DISPOSITIONS GÉNÉRALES PRISES A RENNES ET A SAINT-MALO. — PROCLAMATION DU GÉNÉRAL VON TAUENTZIEN.

Le 6ème corps de l'armée prussienne, commandant von Tauentzien, entrant par Fougères et Vitré, devait d'abord observer l'ordre de marche ci-après :

Les deux colonnes de la 23ème brigade (général de Horn), 8,000 hommes, 1,400 chevaux, devaient arriver dans les deux villes susdites le 5 septembre, et atteindre leurs centres de cantonnements respectifs, l'une, les 9, 10 et 1.19 à Nort, Ancenis et Nantes ; l'autre, les 12 et 13, à Blain et à la Roche-Bernard.

Les deux colonnes de la 21ème brigade (général Larische), 6,000 hommes, 800 chevaux, arrivées à Fougères et à Vitré le 6, en repartiraient le 7, pour parvenir, l'une le 9 à Bain et à Châteaubriant, l'autre le 12 à Ploërmel et à Redon.

La 22ème brigade (général de Lobenthal), 8,500 hommes, 1,800 chevaux, devait être à Fougères le 9, et le 10 à Rennes, centre de ses cantonnements.

La cavalerie de réserve, 3,000 hommes, 3,000 chevaux, serait, le 9, partie à Fougères, partie à Vitré ; le 11, sa première colonne se cantonnerait dans le pays de Saint-Aubin-du-Cormier ; le 14, la seconde arriverait à Blain.

La 24ème brigade (général de Wrangel), 8,000 hommes, 800 chevaux, à Fougères le 10, serait en partie à Dol le 13, en partie à Broons et à Lamballe le 14.

Ainsi 33,500 hommes et 7,800 chevaux, environ, entrèrent en Bretagne. Mais les autorités d'Ille-et-Vilaine ne l'apprirent que le 20 septembre [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 350 ; Itinéraire du 6ème corps de l'armée prussienne [pour sa sortie de Bretagne], reçu de M. le colonel prussien Rothenburg le 20 septembre 1815]. Quant à l'ordre de marche et aux cantonnements définitifs, ils ne furent pas très conformes à l'itinéraire signé du commissaire général prussien [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348 ; pièce non datée, signé : Helme, commissaire général]. Le 7 septembre, le préfet d'Ille-et-Vilaine écrivait à ses sous-préfets : « .... L'effectif réel des colonnes prussiennes n'étant pas connu, non plus que leur route vraie, ni le jour précis de leur arrivée, » etc. [Note : Arch. d' Ille-et-Vilaine, 10 R 1].

On peut croire que les chefs étrangers, en ne donnant pas aux fonctionnaires français d'informations exactes, avaient pour but de rendre l'occupation plus pénible de toutes manières, — leurs troupes arrivant, par exemple, dans une petite ville, dans un simple bourg, en nombre plus considérable qu'on ne le croyait, ou sans y être attendus, ou plutôt qu'on ne le pensait. — Le 7 septembre, M. d'Allonville écrit au sous-préfet de Saint-Malo « Il résulte d'une nouvelle répartition des troupes prussiennes, dont M. le Commissaire ordonnateur en chef de cette armée vient de me donner
connaissance, que 2,000 hommes et 300 chevaux, environ, se rendront à Dol, »
pour 8 à 10 jours (pas plus, j'espère) [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine Z 348].

Le 8, M. de Trebra, officier de l'état-major du corps d'occupation, fait transmettre l'ordre que voici : Les préfets et sous-préfets qui ont à loger des troupes prussiennes sont invités à se présenter, le 12, à midi précis, à M. de Wrangel, à Antrain, « pour recevoir de lui les destinations faites en égard de [sic] l'alimentation des troupes, par moyen des magasins ». Veuillez envoyer de suite le relevé de la population des communes [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348].

Répondant à M. de Trebra, M. du Petit-Thouars lui disait (10 septembre) « ... Je suis fâché que vous ne m'ayez pas fait connaître... la force en hommes et en chevaux de la 24e brigade, eu égard à la préparation des vivres nécessaires…  » [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348].

Les 10, 11 et 12, « beaucoup d'hommes isolés » (sans doute des avant-gardes) arrivent dans l'arrondissement de Saint-Malo, sans avoir été officiellement annoncés [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348 ; Le sous-préfet de Saint-Malo au maire de Dol, 23 septembre ; le maire de Dol au sous-préfet de Saint-Malo, 6 octobre].

Le 18, le sous-préfet de Saint-Malo reçoit du maire du petit bourg de Trans, une lettre de lamentations bien explicables : « … A trois heures ce matin, trois fourriers de l'armée prussiennes m'ont apporté l'ordre de loger, dans la matinée, 200 hommes, de leur fournir les vivres et de préparer les fourrages, pour le même temps, à 200 chevaux. Je n'ai ni farine, ni pain, ni avoine ; ma commune est épuisée par le premier passage ; aucun fournisseur ne se présente ici ; je ne suis jamais prévenu qu'au moment de l'arrivée... Trans est pauvre... On ne considère que sa situation sur la grande route... Le bruit se répand que demain et après-demain il doit loger ici de nouveaux détachements » [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348. Cf. lettres du sous-préfet de Saint-Malo aux maires de Trans et de Pleine-Fougères, 23 septembre, Z 349].

On a vu précédemment qu'une partie du Morbihan, — l'arrondissement de Ploërmel, — devait être occupé par une colonne prussienne. Le préfet de ce département lança cette proclamation :

HABITANTS DU DÉPARTEMENT... Ces troupes viennent comme alliées, nous les recevrons comme amies. La malveillance seule pourrait faire naître des craintes sur la conduite que ces troupes tiendront parmi nous. C'est pour nous délivrer du joug affreux sous lequel nous gémissions [il s'agit du régime impérial des Cent-Jours] que les Prussiens ont quitté leurs pays ; c'est pour consolider notre tranquillité qu'ils restent parmi nous...

« ... Il ne sera dû que le logement et les rations fixées. Partout où l'on a pourvu à ces besoins indispensables avec exactitude et célérité, les troupes prussiennes se sont conduites avec modération… » [Note : Cette affirmation est un des nombreux mensonges officiels de l'époque. Quant au texte de la proclamation, il est dans le Moniteur du 17 septembre, année 1815, page 1025, 3ème colonne].

Sur l'itinéraire de retraite de ces troupes [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 348 ; pièce communiquée à M. d'Allonville par le colonel Rothenburg ; déjà cité], il n'est fait mention ni de Ploërmel ni d'aucune autre localité du Morbihan. Ce département et le Finistère, furent exempts de l'occupation étrangère [Note : Voir Appendice].

Du côté de la Manche, les étrangers ne dépassèrent pas l'arrondissement de Dinan [Note : Moniteur du 18 septembre, année 1815, p. 1031, 2ème colonne ; nouvelle officielle de Saint-Brieuc (12 septembre)].

Donc : Ille- et- Vilaine en entier [Note : Moins la partie septentrionale de l'arrondissement de Saint-Malo, comme nous le verrons plus loin] ; arrondissements de Nantes, Ancenis, Châteaubriant (Loire-Inférieure) ; arrondissement de Dinan (Côtes-du-Nord), — telle fut l'étendue des pays bretons occupés par les Prussiens.

Tandis qu'ils s'ébranlaient et commençaient leurs marches envahissantes, on prenait, à Rennes et à Saint-Malo, de nouvelles dispositions générales pour les recevoir.

M. d'Allonville rendit (3 septembre) un arrêté dont voici les points saillants :
LE PRÉFET D'ILLE—ET—VILAINE,
« Considérant que plusieurs maisons de la ville de Rennes et d'autres villes ou bourgs du département d'Ille-et-Vilaine sont restées absolument vides ; que pourtant l'arrivée des troupes alliées qui doivent être stationnées [sic] dans le département exige que chaque habitant se trouve à son domicile ou y fasse trouver quelqu'un pour recevoir les militaires qui y seront envoyés ; qu'il y a urgence, puisqu'il importe de ne pas laisser retomber sur les seuls citoyens restés dans leurs maisons, la charge du logement des gens de guerre...

ARRÊTE :
ART. I : Tout habitant qui serait absent de son domicile lors de l'arrivée des troupes alliées, devra laisser quelqu'un dans son logement pour montrer à ces militaires les chambres qu'ils doivent occuper.
ART. II : Dans le cas où des militaires envoyés dans des logements n'y trouveraient personne pour les recevoir, ils seront établis dans une auberge, aux frais des propriétaires des logements inhabités… »
[Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 348].

Le 5, dut être affiché un important avis de M. de la Villebrune, maire de Rennes (par intérim) :

« LE MAIRE DE RENNES prévient ses concitoyens que les 8, 9 et 10 de ce mois, il passera dans cette ville des troupes prussiennes et que la dernière colonne doit rester ici. Pendant ce passage, l'administration ne pouvant établir de distributions de vivres, les militaires seront nourris par leurs hôtes, qui devront fournir pour chaque homme :

2 livres de pain, [Note : « Bien manipulé. » (Lettre du préfet au sous-préfet de Saint-Malo, 2 septembre 1815. Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348)],
1 D° de viande, [Note : « Sans tête, ni cœur, ni foie, ni langue. » (Même lettre que ci-dessus)],
3 onces de beurre, [Note : L'once de Paris étant la 16ème partie de la livre, en comptant d'après la livre de 500 grammes, 3 onces faisaient en poids décimal : 93 gr. 75],
3 D° de riz, fèves, pois ou des pommes de terre,
1 décilitre d'eau-de-vie,
1 bouteille de cidre, [Note : A Alençon, on donnait 1 litre de vin à chaque officier. (Même lettre que ci-dessus)],
1 once de tabac à fumer, [Note : Les Prussiens trouvèrent sans doute cette ration insuffisante, car on y ajouta 1 once de pain, 1 de viande et 1/2 litre de vin. (État des rations dressé par le sous-préfet de Saint-Malo, 9 septembre. Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 350)].

« L'administration donnera des ordres pour que la halle soit abondamment approvisionnée de pain et de viande… Les habitants pourront se procurer au magasin des Jacobins, chez Derouadaine, le pain de 4 livres à 11 sous, et l'eau-de-vie à 1 fr. 50. — MM. Texiers, bouchers, chargés de la fourniture, s'engagent à vendre le bœuf, pendant le passage des troupes, à raison de 7 sous la livre. — Les fourrages seront fournis par les magasins de la ville. — Les vivres devront être préparés dans chaque logement, afin que, les militaires y trouvant tout ce qui leur est nécessaire, toute occasion de rixe puisse être évitée.

Le maire recommande aux citoyens tous les égards que méritent des troupes alliées [Note : Il s'agit de nos excellents « alliés » de Leipzig et de Waterloo, qui, au mois d'avril précédent, annonçaient leur dessein de se partager la France et déclaraient qu'il fallait « ANÉANTIR LES FRANÇAIS COMME PEUPLE. » (Mercure du Rhin, et Proclamation de Grünner ; voir ces textes dans l'ouvrage déjà cité de M. de Vaulabelle) ; il s'agit aussi de leurs chefs, par exemple du sapeur du pont d'Iéna : « … Ce cher Ce cher M. Blücher !... Aussi ... Viv'nt nos amis Nos amis les enn'mis ! » (Béranger : Chansons. S. D., Paris, Garnier, gr. in-8° j., p. 118). L'avis de M. de la Villebrune est imprimé (Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348), dans le numéro du Journal d’Ille-et-Vilaine précédemment cité], et l'administration municipale est en permanence pour recevoir les plaintes qui pourraient être faites, les porter à la connaissance de MM. les Chefs prussiens et en obtenir justice. M. le Préfet a reçu l'assurance que la discipline la plus exacte était observée par le corps d'armée qui arrive...

Tous les habitants vont recevoir des avertissements [pour le payement de la contribution extraordinaire] ; on les conjure, au nom de leur propre sûreté et du bien général de la commune, d'acquitter sans délai le montant de leur taxe, « imposition à laquelle est assujetti le département entier, » etc.

Deux jours plus tard, M. de Hüttel, aide de camp de « Son Altesse Sérénissime le maréchal prince Blücher de Wahlstadt, » envoyait à M. d'Allonville un tarif des rations à fournir, prescrivant pour la nourriture des chevaux : un boisseau et un quart d'avoine, 9 livres de foin, 2 de paille ; ou : un boisseau d'avoine, 6 livres de foin et 6 de paille [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine Z 348. L'ancien boisseau valait 13 lit.,01].

On comptait pour les rations, d'après M. du Petit-Thouars : 1 fr. 90 par homme et par jour. 1 fr. 70 par cheval et par jour [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 350 ; lettre au maire de Miniac, 11 octobre].

Von Tauentzien, arrivé à Rennes le 9, fit afficher le surlendemain cette proclamation :

PROCLAMATION
Des Generals der Infanterie Grafen von TAUENTZIEN, kommandirenden General des 6ten Kœnigl Preuss Armee Corps, ? An Die Bewohner der departements de la Loire-Inférieure, de l'Ille-et-Vilaine, du Morbihan, des Côtes-du-Nord et de la Manche.

Le 6ème corps des armées de Sa Majesté le roi de Prusse, mon auguste Souverain, va arriver dans vos contrées pour y prendre des cantonnements sous mes ordres.

Ce n'est pas comme ennemis que nous entrons chez vous... Vos familles, vos biens seront respectés ; vous n'aurez à pourvoir qu'à la subsistance et à l'entretien de mes troupes. S'il arrivait quelques rixes entre vous et le soldat, occasionnées peut-être par la différence de la langue et par les différentes habitudes de chaque nation, venez chez moi ou chez les généraux commandant sous mes ordres ; nous rendrons justice sans délai et sans connaître d'autre différence que celle du coupable et de l'innocent. BRETONS, je compte sur vous. Vous répondrez à mes soins par votre loyauté, par votre empressement à recevoir mes troupes en les traitant comme amis, supportant le fardeau que les circonstances imposent. Si vous montrez de la bonne volonté pour le soldat, ce fardeau s'allégera sensiblement.
Autant il me sera doux de voir régner la bonne intelligence entre mes troupes et vous, autant il me serait pénible de punir le mauvais traitement que le soldat en éprouverait. Je serai inexorable, l'intérêt de mon armée et celui des habitants me le commandent également.
Le comte TAUENTZIEN
[Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 348 ; grande affiche imprimée (à Rennes, chez Cousin-Danelle, imprimeur de la Préfecture) sur deux colonnes (d'un côté le texte allemand, de l'autre la traduction française). Sans date (11 septembre)].

Ce général avait amené avec lui un état-major imposant : un ; chef d'état-major, un aide de camp, 3 majors, 10 capitaines, 100 sous-officiers et soldats, 250 chevaux [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 429 ; pièce non datée ni signée].

Le gros des troupes destinées à Rennes porta la garnison de cette ville à 3,500 hommes environ. Le 13 septembre, le Journal d'Ille-et-Vilaine imprimait : « Nous avons ici 3,000 à 4,000 hommes de garnison. Toutes ces troupes sont logées chez le bourgeois, parce que nous n'avons que des casernes trop petites et trop incommodes... » [Note : Moniteur, 19 septembre, année 1815, p. 1035, 1ère colonne].

L'arrondissement de Saint-Malo fut occupé à peu près en même temps que celui de Rennes, et là aussi on prit, pour recevoir les Prussiens, des dispositions générales qui se trouvèrent insuffisantes.

Un arrêté du sous-préfet (en date du 4 septembre) au sujet du passage à Dol des Prussiens qui allaient dans les Côtes-du-Nord, passage annoncé pour le 13 du même mois, portait 1° Il sera établi un tarif pour le rôle de la contribution foncière de 1815, de 7 centimes pour francs, formant la somme d'environ 27,000 francs, jugée suffisante pour les premiers besoins [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 350].

Autre arrêté même date « 1° M. le Maire de Dol est autorisé à passer les marchés nécessaires aux différentes fournitures… — 2° Ces marchés seront passés en présence de deux membres du Conseil municipal. — 3° Lesdites fournitures seront payées, à la caisse de l'arrondissement, aux entrepreneurs, dans le mois de leur exécution, par récépissés en règle, visés par les maires des lieux de séjour des troupes et sur les fonds de répartition établis par arrêté de ce jour, et sans que les entrepreneurs, qui devront fournir caution, puissent prétendre à aucune indemnité du plus comme du moins fourni » [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 350].

Sur une nouvelle demande du maire de Dol, M. du Petit-Thouars lui donne l'autorisation de réquisitionner chevaux, voitures, guides à pied et à cheval, lui envoie 30 réquisitions en blanc, lui recommande d'en employer une seule par commune (le maire devant y faire sa répartition), de noter les réquisitions et de renvoyer à la sous-préfecture les feuilles inutiles [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 350].

De la mairie de Combourg arrive au même sous-préfet une lettre de supplications presque désespérées, auxquelles il ne pouvait répondre que par un appel à la résignation. — Votre lettre d'hier (9 septembre) disait le maire de cette localité, « a été pour moi un coup de foudre » [Cette lettre l'informait que son canton allait avoir à loger et à entretenir, pendant 8 à 10 jours, 1,200 hommes et 150 chevaux].

« Notre bicoque compté à peine 60 à 80 individus qui puissent fournir un lit, même plusieurs en découchant. Les étangs de nos environs sont à sec, nous aurons beaucoup de peine à nous procurer de la farine, tous nos environs éprouvant les mêmes charges et les mêmes embarras.

Ces Messieurs voudront-ils être répartis dans les communes voisines, dont quelques-unes sont éloignées de trois lieues et dont les bourgs sont extrêmement petits ?

Je trouve le contingent qui nous est assigné extraordinaire. Nous ne pouvons entrer en parallèle avec Dol qui est deux fois plus conséquent [sic]. S'il était possible de le réduire, vous m'obligeriez beaucoup et tous mes administrés.

J'ai fait prévenir tous les maires du canton de se trouver ici à 3 heures après-midi, heure à laquelle j'ai fixé l'adjudication des fournitures, et pour la répartition des Prussiens. Je vais mettre en réquisition le moulin de Combourg, le seul qui puisse encore moudre... » [Note : Arch. d’Ille-et-vilaine, Z 350].

Malgré les lamentations du maire de Combourg, son canton fut occupé, naturellement, ainsi que le reste de l'arrondissement dont il fait partie. On réserva seulement le territoire dit du Clos-Poulet ; de Châteauneuf [Note : Au S.-E. de Saint-Servan, à 3 kilom. environ de la Rance] inclus à Château-Richeux [Note : Au sud de Cancale, sur la baie du Mont-Saint-Michel. Batterie] inclus : « Le sous-préfet de Saint-Malo fait savoir aux habitants de son arrondissement, à MM. les Militaires de la légion départementale qui s'organise dans cet arrondissement, qu'aucun garde national ni militaire ne doivent sortir en armes hors le territoire réservé dit du Clos-Poulet [Note : La seconde partie de l'expression Clos-Poulet a pour origine l'expression Pagus alethensis], ni traverser le pays occupé par les troupes prussiennes.

M. le général commandant les troupes prussiennes entend aussi qu'aucun soldat ou sous-officier [prussien] ne pourront traverser le territoire sus réservé, — et, afin d'éviter toute méprise, il fera établir deux postes de garde nationale, l'un à Château-Richeux,… l'autre à Châteauneuf..., — dont le principal objet et la consigne sera de faire reprendre à chaque militaire armé la route de son cantonnement.

MM. les officiers ne sont en rien sujets à la présente consigne. DE WRANGEL.

Chevalier du Petit-Thouars, sous-préfet,
« Au quartier général de Dol, le 13 septembre 1815.

Le sous-préfet de Saint-Malo fait observer que MM. Les gendarmes ne sont point compris à la présente consigne, leur service devant se faire comme d'habitude dans leurs arrondissements respectifs. Chevalier Du PETIT-THOUARS » [Note : Arch. d'Ille-et-Vilaine, Z 350. La garde nationale avait été dissoute pour cause politique et on en formait une nouvelle. De Wrangel n'eut son quartier-général à Dol qu'en passant ; il le fixa à Dinan durant l'occupation].

Plusieurs jours avant son arrivée à Dol, de Wrangel avait écrit à du Petit-Thouars une lettre (datée de Hauteville [Note : Hauteville-la-Guichard (Manche) est à 15 kilom. N.E. de Coutances], 6 septembre) dans laquelle je relève le passage suivant, à rapprocher de la proclamation Tauentzien : « ... Les hostilités ayant cessé entre les alliés et la nation française, j'ai pris les mesures les plus rigoureuses pour empêcher, autant qu'il est possible, tout excès qui pourrait être commis par mes troupes. Mais en protégeant [sic] les habitants contre toute vexation du soldat, je vous prie, M. le sous-préfet, de leur recommander de bien recevoir ce dernier, de le traiter avec honnêteté et complaisance [sic] et de lui accorder tous les avantages auxquels il peut prétendre raisonnablement... » [Note : Arch. d’Ille-et-Vilaine, Z 348].

Nous verrons plus loin si les généraux prussiens furent fidèles à leurs engagements vis-à-vis des populations bretonnes.

(Léon Vignols).

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