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TOMBEAU DU DUC PIERRE Ier

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Pierre Ier de Dreux, dit Mauclerc. Maison capétienne de Dreux. Comte de Richemont et Baillistre de Bretagne de 1219 à 1235. Né vers 1187 à Dourdan. Fils de Robert II de Dreux et de Yolande de Coucy. Marié à Alix de Thouars et Marguerite de Montaigu. Décédé en mer le 6 juillet 1250. Enterré dans l'église Saint-Yved de Braine (en Picardie).

TOMBEAU DE PIERRE I

 

Du haut Seigneur de qui j'attends merci, 

Du haut Seigneur dont son tuit mi pensé... 

Dame dou ciel, qui portastes Jhesu, 

Par qui le mont fut tôt enluminé. 

Deffendez moi que je ne soie vaincu 

Par l'anemi qui est fol et desvé. 

de Pierre DE DREUX 

La tombe du premier duc de Bretagne de la maison de Dreux semble bien modeste si on la compare au somptueux mausolée de son dernier descendant, mais élevée dans les plus belles années de l'art français, elle a, dans sa simplicité même, une pureté de sentiment que l'on ne retrouve pas dans le chef-d'œuvre de Michel Colombe. 

Dans le demi-jour de la splendide église de Saint-Yved, reposait, la face tournée vers le ciel, un chevalier, les mains jointes pour l'éternelle prière. Comme le bon roi saint Louis, son suzerain et son ami, il a les cheveux coupés sur le front et retombant en boucles sur le cou ; guerrier, il est vêtu de sa cotte d'armes et une large épée est suspendue à sa ceinture ; poète, il garde sur les lèvres comme un sourire d'insouciante jeunesse ; prince du sang royal et duc de Bretagne, il porte à son bouclier l'écusson de Dreux et l'hermine bretonne ; chrétien, il repose au pied de l'autel du Christ, et deux anges protecteurs veillent à ses côtés. 

On dirait que, dans le silence du sanctuaire, il écoute au loin le bruit de la justice divine qui approche de jour en jour, prêt à se dresser à cet appel pour offrir au Souverain Juge, afin de relever la balance de ses fautes, l'épée qu'il a tant de fois tirée pour sa sainte cause. 

Pierre Ier, à qui le surnom de Mauclerc et ses démêlés avec les évêques ont laissé comme un renom de mauvais croyant, fut au contraire pendant trente années l'héroïque champion de la foi et paya de sa vie son dévouement à la sainte cause. 

Il accompagna le roi saint Louis à la septième croisade et fut grièvement blessé au combat de la Massoure. Joinville, qui le rencontra vers la fin de la bataille, nous le dépeint ainsi : « A nous vint le Comte Pierre de Bretagne qui venait tout droit de la Massoure et estait navré d'une espée parmi le visage, si que le sanc li chéait en la bouche. Sus un bas cheval bien fourni séait ; ses rênes avait getées sur l'arçon de sa selle et les tenait à deux mains pour ce que sa gent, qui estaient darières, qui moult le pressaient, ne le getassent du pas. Bien semblait qu'il les prisa pou ; car il crachait le sanc de sa bouche et disait : Voir pour le chief Dieu, avez veu a de ces ribeaus ! ». Après la délivrance du roi, « le samedi devant l'Ascension dit Joinville », le Comte de Flandres et le Comte de « Soissons en leur galies montèrent et s'en viendrent en France et en amenèrent avec eux le bon Comte Perron de Bretaigne, qui estait si malade qu'il ne vesqui puis que troiz semaines et mourut sur mer »

La date de sa mort, qui n'a point été indiquée plus exactement, peut être ainsi fixée aux derniers jours de mai de l'an 1250. 

Cette date a été donnée de bien des manières, mais aucune de ces variantes n'a une base aussi sûre que celle que nous trouvons dans le récit du sire de Joinville. 

Les historiens bretons ne nous ont laissé que peu ou point de renseignements sur les funérailles et le dernier asile de Pierre de Dreux à Saint-Yved de Braine, et c'est là, au pays de Soissons, que nous avons dû les aller chercher. 

Au XVIème siècle, un trésorier de l'église de Braine (Voir la Monographie de l'ancienne abbaye de Saint-Yved de Braine, par M. Stanislas Prioux, Paris, 1859), du nom de Mathieu Herbelin, composa une histoire généalogique de la maison de Braine, dont le manuscrit renferme de précieuses indications sur les tombes de Saint-Yved. Voici le passage relatif à Pierre de Dreux : « Je veuil demonstrer ou son corps est inhumé, lequel par son testament commanda et baillia charge à Jehan le Conte, surnommé le Roux, son filz aysné, de conduire et admener son corps après sa mort en l'abbaye Saint-Yved de Brayne et supplia aux exécuteurs [Note : Les exécuteurs de ce testament furent Renaud, archevêque de Paris, et Gautier, prieur du Val-Saint-Eloi-sous-Chaille ; le texte de l'interprétation de ce testament (manuscrit Baluse à la Bibliothèque du roy) montre que Pierre de Dreux fit don aux Croisés des sommes qui lui étaient dues par le roy de France] dudit testament estre mis au plus près de ses prochains parens, parquoy son corps fust honnestement ensepvely, embaulmé et mis en ung cercueil de plomb, avecques gros dueil pour l'aporter en France en la dicte église Saint-Yved de Braine, ausquel lieu gist et repose le dict Duc dessoulx une tombe de cuivre moyennement eslevée, en laquelle est emporctraiturée avecques son escusson dudict Dreux et quelques petites parties des herminettes de Bretaigne, comme on peult veoir en icelle sépulture. S'ensuit l'épitaphe qui est à l'entour de la tombe dudit Pierre de Dreux, duc de Bretaigne, dict Mauclerc : 

Petrus flos commitum Britonnum comes, hic monumentum 

Elegit positum juxta monumenta parentum 

Largus, magnanimus audendo magna probatus. 

Magnatum primus regali flore stirpe creatus 

In sancta regine Deo famulando moratus 

Vite sublatus rediens jacet hic tumulatus 

Celi militia gaudens de milite Christi 

Summa letitia comiti comes obtinet isti. 

Anno M CCXXXVIII 

(Note : il y a une erreur de douze ans, fidèlement reproduite par le traducteur). 

Aupres des monumens de ses nobles parens esleut icy sa sépulture la fleur des contes de Bretaigne ; c'estoit ung homme libéral, magnanime et de grandz entreprinses ; il fust premier Duc vassal de la couronne de France, lequel apres avoir longtemps demoure en saincte Religion pour mieulx servir à Dieu, après son retour du sainct voiage de Jherusalem, paya le deu de nature dont le corps gist icy. Dieu tout puissant qui se resjouit par la victoire de sa passion et de la convertion du pecheur le veuille mectre en gloire per-durable. Il trepassa l'an mil deux cent trente et huict, le cinquiesme jour de juillet » (Monographie de Saint-Yved, p. 64).

Le tombeau de Pierre I a été dessiné an XVIIème siècle par M. de Gaignières, cet admirable antiquaire qui, sous le règne de Louis XIV, parcourut nos provinces, sauvant de l'oubli et bientôt d'une disparition complète ces précieux souvenirs historiques dont beaucoup n'existent plus maintenant que dans son immense recueil. C'est là un service assez grand pour que la postérité lui en ait une impérissable reconnaissance, et toutes les sociétés archéologiques de France devraient s'unir dans un commun élan pour élever une statue à celui qui nous a conservé tant de précieux monuments de nos vieilles gloires nationales. 

Le dessin de M. de Gaignières (f° 90 de la Collection des Princes du sang, cabinet des Estampes, Bibliothèque nationale) est bien supérieur à la planche donnée dans dom Lobineau ; il reproduit l'épitaphe dont les caractères gothiques décoraient le bord de la tombe ; les détails de l'armure, les motifs qui entourent le gisant sont aussi beaucoup mieux traités [Note : Le dessin de M. de Gaignières, ou du moins le calque prie à la Bodléienne d'Oxford, porte cette annotation : « Tombe de cuivre en relief, à main droite dans la nef de l'église de l'abbaye de Saint-Yved en Braine. Elle est de Pierre de Dreux, dit Mauclerc, duc de Bretagne, mort le 22 juin 1250, et autour est écrit : Petrus, etc. » (Voir l'inscription donnée plus haut)]. 

Le monument de notre duc se composait d'un soubassement peu élevé supportant l'effigie du prince dans une arcature trilobée posée sur deux petites colonnes. Deux anges gracieusement inclinés, les ailes ouvertes et tenant des encensoirs, remplissent les écoinçons du trilobe qui encadre le gisant. Les pieds du duc sont chaussés de mailles et appuyés sur un chien dont la tête et les membres sont trop trapus pour appartenir à un lévrier. Tout ce travail est en cuivre à grand relief. 

Le bouclier posé sur l'épée est couvert des armes de Dreux, échiqueté d'or et d'azur, avec la bordure comme brisure ; le quart de l'écu est semé des hermines. 

Un curieux problème historique se rattache à cet écusson : les hermines étaient-elles les armes anciennes de Bretagne, ou est-ce Pierre de Dreux qui nous les a apportées dans une brisure de son écusson ? Nous croyons avoir démontré ailleurs que toutes les difficultés soulevées à ce sujet venaient de ce que l'on avait confondu le franc-quartier, qui est une pièce d'honneur servant à placer les armes en alliance et occupe, enserre tout le quart du blason, avec le canton qui est seulement du neuvième de l'écu et sert de brisure de juveigneur. 

Les princes de la maison de Dreux ont placé dans le franc-quartier de leur écusson les armes des maisons auxquelles ils se sont alliés : Limoges, Castille, Savoie. Pierre de Dreux a également pris le franc-quartier lors de son mariage avec la duchesse Alix, et ce sont indiscutablement les armes de l'héritière ou du fief de Bretagne que nous voyons représentées par les hermines. 

Elles sont donc purement bretonnes, ces jolies mouchetures qui disent si bien : Malo mori quam fœdari ; toutes les subtilités ne changeront rien à la tradition recueillie par nos plus vieux historiens, et aux documents tels que le Chronicon Briocense, qui dit, en parlant du petit-fils de Pierre Dreux : « Plena arma Britanniae, id est herminas plenas assumpsit ». Ce n'est point un prince français qui nous les a apportées dans une brisure de son écusson ; elles étaient nos armes avant lui et le seront toujours. 

Il y avait juste quatre cents ans que notre duc reposait sous les belles voûtes de l'abbaye de Saint-Yved de Braine, construites en 1180 par l'aïeul de Pierre Ier, lorsque l'armée espagnole, sous le commandement de l'archiduc Léopold, occupa le pays environnant. 

Le 28 août 1650, l'abbaye fut prise et saccagée ; on brisa une partie des tombes et le feu fut même mis aux bâtiments. 

Cet horrible pillage dura trois semaines ! 

Il est difficile maintenant de connaître toute l'étendue de ces dévastations ; un manuscrit du siècle dernier, contenant le récit des événements de 1650, nous aurait donné des détails précieux : il a malheureusement disparu. 

Cependant, même après ce désastre, l'abbaye possédait encore un grand nombre de ses riches mausolées et entre autres celui de Pierre de Dreux ; à la fin du XVIIème siècle, M. de Gaignières put y recueillir les dessins de ses tombes princières. Plus tard, vers 1730, dom B. de Montfaucon fit graver dans ses Monuments de la Monarchie française la série des tombes de la maison de Braine et de Roucy, ainsi que l'effigie de notre duc. 

La Révolution fut plus impitoyable que les brutes soudards espagnols : elle détruisit tout. 

Le 7 octobre 1792, nous apprend M. S. Prioux dans sa Monographie de Saint-Yved, le Conseil général de la commune autorisa la vente des métaux provenant des tombes de l'abbaye. Cette mesure ayant révolté les habitants, le Conseil dut prendre un nouvel arrêté. 

On vendit les trésors historiques et religieux du monastère, comme on le faisait alors, c'est-à-dire comme un voleur qui se défait à bas prix de ce qu'il vient de dérober. Une chaire fut vendue trente sous et la bibliothèque du couvent adjugée pour 20 livres ! 

Que de riches patrimoines ont passé au même taux dans les mains des soi-disant acquéreurs, honteux complices de ces spoliations, dont les descendants s'acquittent envers la noblesse en lui vouant une implacable haine ! 

Avec le retour de la monarchie, un temps vint où, plus soucieux de nos chefs-d'oeuvre, on songea à restaurer l'église Saint-Yved, devenue église paroissiale. M. l'abbé Beaucamp, curé-doyen de Braine, obtint du roi les fonds nécessaires pour commencer les travaux de restauration. La Révolution de 1830 vint tout arrêter. « Pour acquitter les dettes faites sous l'ancienne administration, l'architecte fit démolir une partie de la nef et le portail qui avaient fait l'admiration de tant de siècles et dont il ne reste plus aujourd'hui que les fondations » (Note : S. Prioux, Monographie de Saint-Yved de Braine). 

Lorsque je visitai l'abbaye de Saint-Yved de Braine, je fus frappé de ce désaccord entre la hauteur des voûtes et le peu de développement de la nef. Mais ce défaut, causé par les mutilations de nos modernes Vandales, s'oublie vite devant la rare pureté de ligne de cette belle nef. 

M. le curé de Saint-Yved, à qui j'avais exposé le but de mes recherches, me conduisit vers le transept, et là, à quelques pieds du premier pilier de la tour centrale, il me montra la place où gisent encore les restes mortels de Pierre de Dreux. — En effet, par une rencontre providentielle, les sépultures n'ont pas été détruites pendent la Révolution, et voici comment : Suivant l'usage du temps, on convertit l'église en écurie pour la cavalerie ; afin de préparer la place aux animaux, on enleva la base des tombes et les dalles, de sorte que rien n'indiquait plus aux violateurs l'endroit où elles se trouvaient. 

Plus tard, lors de la restauration de l'église Saint-Yved, des recherches faites avec un soin infini amenèrent la découverte des châsses et des sépultures ; le tout fut consigné dans un procès-verbal signé du recteur, du maire et de plusieurs témoins (Extrait du procès-verbal des fouilles de 1826 : « L'an 1826 — nous, curé de Braine... nous avons invité M. le maire de la ville de Braine à se transporter aussi sur les lieux pour constater avec nous les faits. Etant arrivée, nous avons scrupuleusement examiné les tombes et avons trouvé à huit ou dix pieds de distance la forme d'un corps ; on remarquait distinctement que les pieds avaient été mis du côté de l'autel et la tête vers les marches du sanctuaire. En poursuivant nos recherches, nous avons trouvé dans chaque tombe quelques parties du crâne, une partie de la mâchoire supérieure et inférieure, des côtes, une partie des fémurs et autres ossements dont il était facile de déterminer à quelle partie du corps ils appartenaient. De tout ce que ci-dessus, etc. Signé : Beaucamp, curé-doyen de Braine, Maczure, maire, etc. »). 

Ainsi, comme il en avait exprimé le désir sur le vaisseau qui le ramenait mourant de ses blessures reçues à la Massoure, Pierre Mauclerc repose là près de son frère Robert III, dont la tombe, placée devant le maître autel, est dans l'axe de la grande nef, à son point de naissance le plus près du transept ; celle de Pierre Ier, placée à droite, lui est parallèle et se trouve juste à trois mètres au nord du grand pilier sud-ouest qui supporte la coupole. 

En voyant cette place nue qui recouvre le corps de notre Pierre de Dreux, sans que rien ne rappelle son souvenir, je me demandais si la Bretagne ne songerait pas un jour à rendre plus d'honneur à ce duc qui, pendant vingt-cinq années, fut à la tête de notre pays. Il serait facile de faire tout au moins graver sur la pierre l'inscription qui entourait jadis son tombeau, et je suis certain qu'un jour ce voeu sera exaucé (P. de Lisle du Dréneuc).

Tombeau de Pierre Ier (Mauclerc), duc de Bretagne

Note : L'abbatiale Saint-Yved (XII-XII-XVème siècle) est aujourd'hui l'église Notre-Dame de Braine (Aisne, Picardie), nécropole des comtes de Dreux. Personnalités inhumées en l'abbaye : - Robert Ier de France, comte de Dreux († 1188) et Agnès de Baudement († 1204), son épouse. – Robert II de Dreux († 1218) et Yolande de Coucy († 1222), son épouse (fille aînée de Raoul Ier et d'Agnès de Hainaut) [Nota : suite à plusieurs mariages, Robert II laissa quatre fils : Robert, Pierre, Henri et Jean, et sept filles : Aliénor, Ysabeau, Alix, Philipote, Agnès, Yolande et Jeanne]. – Pierre Ier de Bretagne († 1250), duc de Bretagne [note : Pierre de Dreux naquit, ainsi que ses frères, au château de Braine. Il fut surnommé Mauclerc, à cause d'un travail qu'il fit conjointement avec Henri de Bourgogne, sur quelques réformes apportées à la juridiction ecclésiastique. Ce seigneur épousa Alix, héritière du duché de Bretagne, et reçu le titre de duc de cette province]. – Robert III de Dreux († 1234). – Robert IV de Dreux († 1282). – Cœur de Jean Ier de Dreux († 1249) et Marie de Bourbon-Dampierre († 1274), son épouse. – Robert de Dreux, vicomte de Beu et de Châteaudun († 1264) et Clémence de Châtaudun († 1259), son épouse. – Amé II de Sarrebruck-Commercy. – Robert II de Sarrebruck-Commercy. – Guillemette de Sarrebruck, comtesse de Braine, dame de Montagu, épouse de Robert III de La Marck de Bouillon. – Françoise de Brézé (1518-1574), fille de Diane de Poitiers, comtesse de Maulévrier, baronne de Mauny et de Sérignan. Epouse de Robert IV de La Marck, dit le Seigneur de Florange, duc de Bouillon, prince de Sedan, comte de Braine et de Maulévrier, mort empoisonné en 1556 sur ordre de l'empereur Charles-Quint (Voir Histoire de Braine, par Stanislas Prioux). 

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