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La ville de Derval était autrefois très-bien fortifiée, et fort renommée par deux batailles sanglantes qui se donnèrent dans la lande de Conquereux, tout auprès de Derval, l'une en 990, entre Conan le Tors, comte de Rennes, et Guérech, comte de Nantes, contre Geoffroy Grise-Gonelle, comte d'Anjou, et la seconde en 992, entre Conan et Foulques, fils de Grise-Gonelle ; Conan y fut tué. Derval ayant été confisqué, plusieurs années après, au profit du duc de Bretagne, ce dernier en fit présent à Robert Knolle, chevalier anglais, pour en jouir, lui et ses descendants. Les seigneurs bretons, voyant les anglais si fort en faveur auprès du duc Jean IV, se liguèrent avec le roi de France, qui leur envoya une armée considérable qui fit de grands progrès et beaucoup de ravages en Bretagne. Le duc se crut si peu en sûreté, qu'il passa en Angleterre pour demander du secours, et laissa le gouvernement de la Bretagne à Robert Knolle, qui fit de Derval une place forte. Cette ville essuya alors plusieurs siéges et divers événements tragiques, dont l'histoire serait trop longue pour ce recueil : les François furent obligés de lever le siége, qui avait duré plusieurs mois. En 1468, sous le duc François II, le roi de France s'empara de plusieurs places considérables qu'il fit démanteler, et, après avoir confisqué toutes les terres et biens de la dame de Villequier, ci-devant favorite de François II, duc de Bretagne, il en disposa en faveur de Taneguy du Châtel, ainsi que des terres et seigneuries de Derval et de Malestroit. Derval ne nous offre plus aujourd'hui aucunes traces anciennes de ville, de château, de remparts et fortifications.

Baron, le duc de Bourbon, à Paris.

(P. I. Brun, 1765).

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