Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES ANGUIPÈDES BRETONS.

  Retour page d'accueil       Retour "Ville de Plouaret"       Retour "Histoire de Bretagne"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Anguipèdes... Quel singulier mot ! — Il n'est pas de mon invention... Aimez-vous mieux qu'au lieu de parler Latin nous parlions grec, et que nous disions Ophiopodes. — Ophiopodes est plus sonore ; mais c'est toujours le même sens littéral : hommes à pieds de serpents, mais les serpents n'eurent jamais de pieds, même en sculpture. — Aussi par Anguipède et Ophiopode n'entend-t-on pas homme à pieds de serpents ; mais homme dont les jambes sont des serpents: ce qui n'est pas la même chose. C'est ce que vous allez voir.

I.

Le cavalier et l'anguipède. — Tel est le titre donné à de mystérieuses sculptures qui viennent de faire leur apparition dans le monde de la science. En 1879, 23 seulement étaient signalées ; en 1882, 31 ; en 1885, 41. A ce nombre, j'en ai ajouté 3, signalées en Basse-Bretagne. Nous voilà à 44 ; et, je l'espère bien, nous n'en resterons pas là.

Ces sculptures varient de dimension et sont plus ou moins parfaites d'exécution ; mais toutes comprennent un cavalier, un cheval, un géant anguipède, c'est-à-dire un monstre, par devant homme le plus souvent, femme quelquefois, rampant sous les pieds du cheval, et dont les cuisses se continuent en serpents. Je ne dis pas, remarquez-le, finissent en queues de serpents, comme la sirène finit en queue de poisson. Les serpents qui continuent les cuisses de l'anguipède se terminent d'ordinaire par deux têtes, en sorte que l'anguipède a trois têtes, la tête humaine en avant et par derrière deux têtes de serpents.

L'anguipède est donc l'assemblage d'un homme par devant et de deux serpents par derrière.

La plupart de ces sculptures étaient connues dans les lieux où nous les trouvons : on peut s'étonner qu'elles n'aient pas été depuis longtemps signalées, car leur étrangeté même aurait dû assurer leur notoriété ; mais, comme nous le verrons, les mutilations qu'elles ont subies sont telles que des yeux non avertis devaient presque fatalement méconnaître l'anguipède.

Si l'on veut prendre une idée générale de ces sculptures, on ne pourra mieux faire que de recourir aux documents suivants :

Le Monument de Merten, notice par M. Prost, président de la Société des Antiquaires de France. (Revue archéologique, 1879, p. 1 à 20, 65 à 83).

Le Monument de Portieux, notice par M. Voulot, conservateur du Musée d'Epinal. (Revue archéologique, 1880, p. 112 à 116, 291 à 298. 1881, p. 104 à 112) [Note : A la fin de ce troisième article, M. Voulut annonce une suite qui n'a pas paru].

Les Monuments de Merten et de Haddernheim, par M. Prost.

Ce Dernier travail a suivi et mentionne la description que j'ai donnée, en 1886, des trois groupes Bretons. Cette description a fait l'objet de deux mémoires publiés au Bulletin de la Société Archéologique du Finistère. Je ne me permets pas de recommander la lecture de ces mémoires. Au contraire, j'avertis qu'ils contiennent des inexactitudes que je corrigerai plus loin.

Les 41 monuments de ce genre, signalés avant 1886, étaient ainsi répartis : 19 sur les deux versants des Vosges, notamment à Merten (près de Metz), Hommert (Meurthe) et Portieux (Vosges). — Une vingtaine dans les vallées du Rhin et de ses affluents, un à Cussy, entre Autun et Beaune, un à la Jonchère, en Auvergne.

La plupart représentent le cavalier au quart ou au cinquième de la grandeur naturelle. Les plus grands sont ceux que j'ai nommés : celui de Portieux mesure 1m 07 de haut ; celui de Hommert, 1m 10 ; celui de Merten, 1m 50 ; celui de la Jonchère, 1m 60 de long.

La plupart reposent ou ont dû reposer sur des colonnes de diverses hauteurs, quelquefois très ornementées [Note : Il ne faut pas prendre le mot colonnes au sens propre. Il s'agit ici ou de soubassements composés en genéral de deux étages, quadrangulaires ou polygonaux (comme à Merten), ou de piliers très trapus portant une large stèle (comme à Portieux)]. C'est ainsi que le groupe de Merten, le plus artistique de tous, devait être élevé à plus de 11 mètres de terre.

 

II.

On pouvait croire ces monuments à peu près localisés dans la région du Rhin et de la Sarre, lorsque survint l'apparition simultanée de nos trois groupes bretons. Cette apparition « oblige, dit M. Prost, à modifier les conséquences qu'on avait tirées » de l'agglomération des groupes au voisinage du Rhin.

C'est en ce sens qu'elle fut « un événement ». Je puis répéter le mot sans scrupule, puisque l'honneur de la découverte ne me revient pas. Il est tout entier à mes trois confrères de la Société Archéologique du Finistère, MM. Guépin, Roussin, Luzel, archiviste du Finistère, vice-président de la Société, et conservateur du Musée archéologique du Finistère. Je ne suis que l'éditeur, le metteur en scène... à Saint-Pol, j'oserais presque dire le Bazvalan des groupes signalés par mes confrères.

Je ne diminuerai en rien la gratitude qui leur est due en disant que d'autres trouveurs vont les suivre. Je ne puis croire, en effet, que dans notre ancienne province, il n'y ait pas d'autres sculptures analogues ; et j'espère que, l'éveil une fois donné, on va les signaler, comme en quelques jours mes confrères m'en ont signalé trois : deux tout près de Quimper, et la troisième à Plouaret (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor).

Le premier groupe a été signalé au village de Guélen, commune de Briec, à neuf kilomètres de Quimper ;

Le second, devant les restes de l'abbaye royale de Kerlot [Note : Abbaye de Cisterciennes, fondée en 1626 par Pierre de Jégado, pour sa soeur Elisabeth, qui en fut la première abbesse : celle-ci mourut peu après, suivie de près par son frère ; et les héritiers collatéraux s'emparèrent des titres et des biens de l'abbaye, et envahirent les bâtiments. L'abbesse nommée après Elisabeth de Jégado acquit, en 1667, le manoir de l'Ile ou de Kerlot, sur le quai de Quimper, et s'y établit avec ses religieuses. Il faut lire ce curieux débat dans le mémoire publié par M. le chanoine Peyron. Bulletin de la Soc. Arch. du Finistère, 1889], aujourd'hui métairie, commune de Plomelin, à six kilomètres de la même ville ;

Le troisième, sur l'ancien placitre de la chapelle aujourd'hui ruinée de Saint-Mathieu, commune de Plouaret (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor).

On peut voir aujourd'hui le groupe de Guélen dans la cour du Musée départemental d'archéologie, à Quimper. J'ai été assez heureux pour l'acquérir et en faire don au Musée.

Le groupe de Kerlot a été apporté par son heureux propriétaire, M. Roussin, au château de Keraval (commune de Plomelin). Il fait très bonne figure sur son socle de granit brut, et ne dépare pas le beau parc de cette aimable demeure.

Enfin il ne dépendra pas de M. le Maire de Plouaret que le groupe de Saint-Mathieu, dressé un jour sur la place de cette ville, ne pose, comme le sphinx antique, des énigmes aux passants [Note : Vers 1888, il y a eu procès entre la commune et un habitant à propos du placitre de Saint-Mathieu].

Mais tout lecteur ne peut aller jusqu'à ces groupes. Qu'ils viennent donc jusqu'au lecteur. Essayons une description exacte et claire de chacun d'eux.

 

III.

A quoi tient une découverte archéologique !... Le groupe de Guélen était de temps immémorial au bord d'un chemin rural à l'entrée du village. Des milliers de personnes l'ont vu, pas une n'a songé à le signaler.

Par bonheur, au mois de juin 1885, notre compatriote M. Guépin, mon ami et mon confrère à la Société Archéologique du Finistère, va pour affaires à Guélen. Au moment du départ, il voit près d'un talus un rocher de forme bizarre, il approche, il reconnaît le débris d'une statue équestre renversée : le soir même, il m'avertit de sa trouvaille, et, le lendemain, nous sommes à Guélen.

Au premier coup d'oeil nous avons la même pensée : sauver ce débris qui, comme le reste, sera employé un jour au pavage du chemin. Comment ? En le déposant au Musée archéologique. La propriétaire de Guélen entre dans cette pensée ; et nous prenons sur nous de lui promettre qu'une inscription consacrera in perpetuum son titre de donatrice.

Cette personne est une paysanne fort intelligente et qui, sans y prétendre, mérite le titre de paléographe : elle lit l'écriture du XVIème siècle. Elle nous ouvre un tiroir où se trouve, dit-elle, un titre de cette époque mentionnant le cheval de pierre. Nous cherchons en vain le précieux parchemin : il a dû servir de couverture à un livre de classe. Mais nous trouvons une déclaration de 1698 qui nous apprend que Guélen relevait du marquisat de la Roche de Laz... Nous chercherons aux archives du Finistère.

Avant de rentrer chez moi je passe aux archives. Désappointement ! Les archives possèdent à peine une vingtaine de pièces du marquisat de la Roche... Il faudra chercher ailleurs.

M. Luzel écoute avec intérêt et non sans surprise la description du groupe de Guélen ; et, le lendemain, nous sommes au village. M. Luzel n'est pas moins frappé que nous du caractère étrange de la sculpture.

La propriétaire nous avait promis de rendre la statue à Quimper après les travaux de la fenaison. C'est trop longtemps attendre : le plus simple, et, comme vous verrez, le plus sûr, c'est d'aller la chercher. Je pars pour Guélen afin de surveiller l'enlèvement et le transport de notre statue.

Le bloc pèse plus de 1.200 kilogrammes ; mais des cultivateurs qui travaillent aux champs voisins nous viennent en aide. Ils le relèvent, non sans peine : encore quelques efforts et l'anguipède reposera sur le camion.

A ce moment, le mari de la propriétaire intervient : il ne se contente pas, comme sa femme, d'une inscription en lettres d'or... Ancien magistrat, je n'irai pas soutenir la validité du don fait par la femme. Je n'ai pas mission d'acheter pour la Société Archéologique... Reviendrai-je donc à Quimper sans la statue ? Assurément non ! — Le marché est bientôt conclu. La statue, désormais mienne, est poussée sur le camion, et quelques heures après, l'anguipède faisait son entrée à Quimper.

Le jour même, la statue était dressée dans la cour du Musée départemental d'archéologie ; et, le lendemain, on procédait à sa toilette.

Voici ce que nous avons appris à Guélen et ce que nous a révélé l'examen de la sculpture.

Ce groupe reposait autrefois sur une base formée de quelques quartiers de granit à peine dégrossis. Sauf le buste et les parties postérieures de l'anguipède, la queue et les jambes du cheval, le groupe était intact en 1830. Un peu après, un arbre abattu sans précaution jeta la sculpture sur le sol et la brisa. Les fragments détachés servirent à paver le chemin, et le reste demeura couché sur la terre où nous l'avons relevé.

Il manque aujourd'hui le buste entier du cavalier, la tête et le col du cheval ; c'est-à-dire presque la moitié. Diminué ainsi de poids et de dimensions, le fragment qui nous reste pèse, je l'ai dit, plus de 1.200 kilogrammes. Il mesure 1m 35 de haut, sur 1m 25 de long. Entier, il ne pouvait avoir moins de 2 mètres de haut, sur 1m 65 de long. C'est, je crois, le plus grand de tous les groupes signalés jusqu'ici.

Anguipède breton.

L'anguipède est masculin : il est brisé au-dessus des reins : il rampe sur les cuisses qui se terminent en deux serpents. Chacun d'eux forme une courbe régulière, qui supporte les pieds du cavalier et le ventre du cheval. Leurs extrémités se redressent et atteignaient sans doute les jambes de derrière du cheval.

Le cheval se cabre : il est presque assis sur sa queue. Il est soutenu sous le poitrail par une sorte de pilier. Les pieds de devant ne devaient pas comme ailleurs reposer sur les épaules ou sur la tête de l'anguipède.

Dans le derrière du cheval se voit une profonde mortaise, destinée sans doute à recevoir un crampon de fer qui retenait la queue.

Le cavalier a les jambes nues, bien que les doigts des pieds n'apparaissent plus ; derrière et sous les cuisses se voit un pan de vêtement. La hauteur de la main est indiquée par la bride figurée sur le cou du cheval ; elle est presque horizontale mais non tendue [Note : On peut se demander si l'espèce de renflement dans lequel j'ai cru voir la bride n'est pas un ornement en forme de collier].

L'auguipède se tourne vers la droite. Le cheval qu'il soutient de ses replis marche vers la droite ; et le cavalier portant la jambe gauche en avant de la jambe droite, range le cheval à droite.

Cette sculpture a un caractère artistique qui n'échappera à personne [Note : Le cheval est un peu court ; le corps de l'anguipède est trop plat ; l'artiste a été gêné par l'insuffisance du bloc qu'il taillait]. Le mouvement du cheval tournant à droite est très heureusement indiqué : les jambes du cavalier sont bien modelées. L'auteur de ce groupe savait tenir le ciseau.

Voilà ce que nous avons pu reconnaître, lorsqu'une première toilette eût débarrassé la statue de la mousse qui faisait au cheval comme un long poil d'hiver... Mais si nous pouvions voir le monument tel qu'il était avant 1830 ! Cherchons des témoins...

Il m'en est indiqué un et bien informé, le vénérable curé d'une paroisse voisine de Quimper, presque octogénaire et né dans un village limitrophe de Guélen [Note : Cette indication me fut donnée par Mgr Nouvel, évêque de Quimper, de sainte mémoire, qui prenait un vif intérêt à cette découverte. — Mgr Nouvel me disait : « Hâtez-vous, M. Penareun ne vous attendra pas longtemps ». Le respectable curé est mort en janvier 1886, avant que j'aie pu faire imprimer les renseignements qu'il m'avait donnés].

M. Penareun, dans ses jeux d'enfant, a souvent passé avec ses camarades à travers les replis des serpents [Note : L'évidement est de 43 centimètres en hauteur et 35 en largeur]. Mais quand je l'interroge sur l'homme serpent, il me répond tout surpris qu'il ne l'a jamais vu. Le monstre, sans buste et sans ses extrémités inférieures était, en effet, méconnaissable. Dans les replis des serpents les enfants ne voyaient qu'une figure analogue à un cerceau ou à un cor de chasse. — « Si nous avions vu là des serpents, dit M. Penareun, nous n'aurions pas osé passer à travers ».

M. Penareun ajoute ce qui suit : « Le cavalier était trapu, dans la force de l'âge. La tête était forte, barbue et nue ; le corps était nu ; mais les épaules étaient couvertes d'un petit manteau retombant par derrière jusque sur le dos du cheval ; le bras gauche était collé au corps, la main tenant la bride ».

J'appelle l'attention sur le bras droit. M. Penareun répond : « Si le bras avait été levé, comme pour frapper, je m'en souviendrais bien ; puisque je ne m'en souviens pas, il faut que le bras ait été rapproché du corps à peu près comme le bras gauche ».

De ce que M. Penareun ne se souvient pas d'avoir vu le bras droit levé, je tire une autre conclusion : c'est qu'il ne l'a pas vu du tout. — Nous verrons bientôt mes raisons.

 

IV.

Une double surprise m'attendait :

J'avais prié un de nos confrères, M. Roussin, peintre habile et fin connaisseur, de visiter le groupe installé au musée et de m'en dire son avis. Il vient ; il m'apprend qu'il possède à son domaine de Kerlot, un frère de mon Cavalier ; et il m'emmène à Kerlot.

Là, je vois un groupe qui est la copie ou l'imitation de celui de Guélen, bien qu'un peu moins grand et de moins fière tournure ; il est plus fruste que celui de Guélen ; mais heureusement moins mutilé.

Il manque la tête de l'anguipède, le cou, les jambes et la queue du cheval, la tête et le bras droit du cavalier. Tel qu'il est, ce second groupe nous permet de restituer plus d'une partie de celui de Guélen.

Anguipède breton.

Le groupe de Kerlot mesure 1m 39 de hauteur, de la base aux épaules du cavalier (la base étant de 15 centimètres d'épaisseur). Il mesure 1m 20 de la poitrine de l'anguipède à la croupe du cheval. Le cheval a 1m 20 de long. Le diamètre de l'ouverture des replis de l'anguipède est de 20 centimètres.

L'anguipède est-il masculin ou féminin ? Tout considéré, le corps semble celui d'un homme : on croit même reconnaître sous le cou quelques rugosités qui pourraient figurer la barbe. — Mais une particularité à remarquer et certaine, c'est que les extrémités inférieures de l'anguipède collées au ventre du cheval sont bifurquées comme la nageoire caudale des poissons, comme la queue des sirènes [Note : Une tête de serpent trouvée auprès du groupe avait été attribuée à ce groupe ; mais l'erreur est certaine : elle provient probablement d'une gargouille]. Les deux bras se portent en arrière  les avant-bras ne se voient plus. Les courbes des serpents servent de supports au cheval et d'étriers au cavalier.

Le cheval est cabré comme celui de Guélen. Ses pieds de devant ne reposaient pas sur les épaules de l'anguipède, puisque les sabots n'apparaissent pas sur ces épaules.

Le cavalier a le bras gauche collé au corps : la main tient la bride. L'épaule droite étant un peu plus relevée semble indiquer que le bras droit était levé. Les jambes sont lourdement sculptées : on les dirait ainsi que les pieds enfermés dans des bas. Sur le dos descend une sorte de manteau. Des côtés, il retombe en jupe sur les cuisses du cavalier ; par derrière il retombe sur le dos du cheval. Le cavalier range le cheval à droite, la jambe gauche étant de 10 centimètres en avant de la jambe droite.

L'anguipède, le cheval et le cavalier sont, comme à Guélen, tournés vers la droite.

Comme on le voit, cette inspection du groupe de Kerlot permet de dire que, dans le groupe de Guélen, les pieds du cheval ne reposaient pas sur les épaules de l'anguipède, et peut-être que le cavalier levait le bras droit qui aura été brisé, et que M. Penareun n'aura pas vu [Note : Je dis : peut-être. Il se peut, en effet, que le sculpteur en surélevant un peu l'épaule droite du cavalier, ait voulu marquer le mouvement de conversion à droite. — C'est pourquoi, dans la restitution, le bras droit a été figuré collé au corps].

 

V.

Ce n'est pas tout.
M. Luzel s'intéressait autant que personne à cette découverte. Au retour d'un court voyage dans l'arrondissement de Lannion, il me signala une sculpture informe, mais qu'il croyait analogue aux deux autres, au village de Saint-Mathieu, commune de Plouaret (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor) [Note : Vous chercheriez en vain Saint-Mathieu et sa chapelle en ruines sur la carte de l'Etat-Major. Ce village est situé sur l'ancienne route de Loguivy-Plougras à Lannion, à 500 mètres de l'angle que cette route forme avec l'ancienne route de Plounevez-Moëdec à Plouaret, dans le voisinage du château de Guernanchanay. En partant de Plouaret, il faut traverser la voie ferrée sur le passage à niveau un peu au-dessus de la gare. Saint-Mathieu est à environ trois kilomètres].

Nota : Le groupe du cavalier et de l'anguipède (le terme d'anguipède désigne un être mythologique mi-homme, mi-serpent) de l'époque gallo-romaine se trouve actuellement sur la façade de l'église Notre-Dame de Plouaret.

J’ai voulu et j’ai vu.

Anguipède breton.


Ce troisième groupe est de moindres dimensions que les deux premiers, et, comme eux, il est mutilé. Le cavalier est brisé au-dessus des reins. Le cheval n'a plus ni tête ni cou. L'anguipède est sans tête. Mais cette sculpture informe mérite cependant l'examen.

Ses dimensions principales sont de 1m 33 de longueur de la poitrine de l'anguipède à la queue du cheval ; et de 88 centimètres de la base aux reins du cavalier. Le groupe intact devait avoir environ 1m 38 de hauteur.

L'anguipède est certainement féminin. Les formes du torse bien développées et modelées avec plus d'art que le reste ne permettent pas le doute. Le monstre rampe sur les cuisses. Les bras sont rejetés en arrière, la main gauche saisit le pied du cavalier, la main droite l'épaule du cheval. Les serpents qui prolongent les cuisses soutiennent les pieds du cavalier, s'enroulent sous le cheval et semblent se terminer par deux petites têtes.

Le cheval, massif comme les deux précédents, ne se cabre pas, il galope ; les sabots de devant reposent sur les épaules de l'anguipède, le ventre sur les derniers replis des serpents. La queue n'est pas détachée de la croupe.

Les cuisses du cavalier sont cachées par un pan de vêtement. Un manteau tombant des épaules expliquerait ce détail. Les genoux sont nus. Les pieds sont chaussés de bottines ou caliges montant à mi-jambe.

Le mouvement à droite est bien nettement indiqué. L'anguipède et le cheval marchent vers la droite. Le cavalier range le cheval à droite ; la jambe droite est de 8 centimètres en arrière de la jambe gauche. C'est pourquoi, si la main gauche de l'anguipède peut soutenir le pied gauche, du cavalier, la main droite ne peut atteindre le pied droit.

J'insiste sur ce point. Le groupe de Guélen semble le modèle et celui de Kerlot la copie ou l'imitation. Mais celui de Saint-Mathieu est absolument différent : l'anguipède, le cheval ni le cavalier ne ressemblent à ceux de Guélen et Kerlot ; et pourtant, à Saint-Mathieu (Plouaret)comme à Guélen et à Kerlot, il y a accord sur ce point : le mouvement à droite.

 

VI.

Ces trois sculptures ont encore d'autres caractères communs.

1° L'anguipède est un géant : même quand il est femme, comme à Saint-Mathieu, il est notablement plus grand que le cavalier, c'est-à-dire d'une taille surhumaine.

2° Ces groupes sont nés à peu près sur place. A Guélen, il ne fait de doute pour personne que le bloc formant le groupe n'ait été pris sur les lieux mêmes : à deux champs de distance, une carrière fournit des blocs énormes de granit absolument semblable.

Kerlot est entouré de plusieurs carrières de granits divers. Un entrepreneur expert m'a indiqué la carrière d'où est venue la statue : cette carrière est à 1.200 mètres du village.

A Saint-Mathieu, le sol est semé de gros galets d'une roche analogue à celle que le sculpteur a employée ; et au besoin il aurait pu avoir recours à une des carrières voisines où se taillent des blocs bien plus grands.

3° Les trois groupes se trouvent aux abords de voies romaines. Aucun doute que la voie sortant de Quimper vers le nord ne se bifurquât au lieu dit le Penity, à deux kilomètres de Guélen. La branche de droite conduisait à Briec et Carhaix : la branche de gauche courait vers Pleyben en passant devant l'entrée actuelle de Guélen, à 200 mètres de la statue.

Non loin de Kerlot, au lieu de Bel-Air, était un établissement romain important. De ce point on pouvait suivre, il y a peu d'années, une vieille grande route que le plan cadastral figure, que la culture a coupée en plusieurs endroits, mais qui se reconnaît encore. On la nomme le chemin du roi Gradlon, expression qui en Cornouaille signale les voies romaines. Elle passe à 300 mètres de Kerlot.

Enfin, à peu de distance de Saint-Mathieu, au voisinage du château de Guernanchanay, pas un voyageur qui ne soit frappé de l'aspect presque monumental que garde la route aujourd'hui déclassée de Plouaret à Plonevez-Moëdec. C'est l'ancienne voie de Coz-Yeaudet à Carhaix. Elle passe à douze ou quinze cents mètres de Saint-Mathieu [Note : Cette voie a été relevée par M. Gaultier du Mottay, de savante mémoire. Un peu plus loin on la nomme encore aujourd'hui Pavé d'ir (pavé d'acier), nom significatif. Elle coupe au-delà de Plonevez la grande voie de Guingamp à Morlaix, que M. du Mottay a laissée à étudier. Aux parages où nous sommes l'étude sera facile et je la ferai. Les paysans appellent encore cette voie Hend Coz Roman (la vieille voie romaine). Son tracé est supérieur au tracé adopté au dernier siècle par le duc d'Aiguillon].

4° Il paraît que la plupart des sculptures analogues trouvées dans les provinces Rhénanes étaient non loin de fleuves ou de rivières, et à l'approche de gués. Il en est autrement de nos trois groupes bretons. Guélen et Kerlot sont sur des plateaux élevés, à trois kilomètres de l'Odet, qui passe à Quimper ; et le cours d'eau qui coule au fond de la vallée voisine de Saint-Mathieu ne mérite pas le nom de rivière [Note : Je dois dire que, d'après la tradition, la statue déplacée avec la chapelle de Saint-Mathieu il y a environ trois siècles, était auparavant presque au bord du ruisseau. — Il ne faut pas que la première syllabe du mot Guélen fasse illusion. Le mot semble employé pour Quelen ou Kelen (houx). Un aveu de 1681 écrit « Guellen autrefois Guellan », mot dont la décomposition donne Guel-lan (bonne lande).].

5° Le volume et le poids de ces trois groupes ne permettent pas de croire qu'ils aient autrefois été élevés sur des colonnes, quelques trapues qu'on les suppose.

 

VII.

Que représentent ces groupes ? Est-ce une lutte ? Est-ce un triomphe ?

M. Prost a pu reconstituer le groupe de Merten. Il a montré le cheval cabré, le cavalier élevant le bras droit dans un mouvement violent ; une des têtes postérieures de l'anguipède ouvrant une gueule menaçante qui contraste avec la résignation empreinte sur le visage humain de l'anguipède. Dans cette restitution le cavalier est un triomphateur, soit ! mais qui n'est pas assuré de sa victoire puisqu'il semble combattre encore ; l'anguipède est un vaincu ; mais un vaincu qui semble essayer une dernière résistance.

Dans nos trois groupes bretons rien de semblable. Nous ne pouvons voir en eux que ce que M. Voulot a vu à Portieux « un cavalier assis tranquillement, » sûr de son cheval auquel il rend les rênes, et sûr aussi de l'anguipède, dont les replis lui servent d'étriers.

 

Anguipède.

Si le cheval se cabre ce n'est pas qu'il résiste, puisqu'il obéit au mouvement qu'indique le cavalier ; nous ne voyons pas les têtes humaines des anguipèdes et nous ne savons pas si ces têtes exprimaient la résignation, comme à Portieux et à Merten. Mais ce que nous voyons dans nos trois groupes, c'est que les anguipèdes portent complaisamment le cheval et le cavalier ; à Kerlot et à Saint-Mathieu les serpents semblent exciter le cheval, comme à Portieux, mais ne les menacent pas, comme dans la restitution du groupe de Merten.

Ainsi l'anguipède est un vaincu et qui accepte la sujétion du vainqueur ! Entre eux deux l'entente est parfaite. La preuve, c'est le mouvement sur la droite auquel tous les deux coopèrent.

Je dis plus : c'est, semble-t-il, de l'anguipède que vient la direction. Il guide le cavalier. Voyez plutôt :

Le cavalier n'a d'action que sur le cheval. Il le range à droite. Mais le cheval, pris dans les replis de l'anguipède, ne peut obéir au cavalier, si l'anguipède ne rampe pas à droite. Le cavalier lui-même est porté en même temps par le cheval et par l'anguipède : il n'a pu indiquer à son cheval la conversion à droite que parce que l'anguipède rampe vers la droite.

Donc, la direction vient de l'anguipède. Il rampe vers la droite : il entraîne à droite tout ce qu'il porte, cheval et cavalier ; et le cavalier favorise le mouvement en rangeant son cheval à droite, soin superflu puisque le cheval porté par l'anguipède ne peut aller qu'à droite.

Chose curieuse ! Cet acte du cavalier semble aux différents sculpteurs indispensable à marquer. Les trois groupes de Guélen, Kerlot et Saint-Mathieu diffèrent par plus d'un détail ; ils s'accordent sur ce point : le cavalier rangeant le cheval à droite... Cette unanimité est-elle donc fortuite ? Nous reviendrons tout à l'heure sur ce point.

 

VIII.

Mais auparavant, quel est ce cavalier triomphateur et quel est son nom ? En Basse-Bretagne, il a trois noms que je puis vous dire.

A Guélen, le cavalier est nommé le Chevalier parce que de temps immémorial et jusqu'à 1789 la redevance féodale d'une terre voisine était déposée sur la croupe du cheval [Note : D'autres, ne voyant dans la statue que le cheval, nomment la sculpture le cheval de Guélen. Quand je ramenais à Quimper la statue désormais mienne, j'entendais des voix rieuses dire en breton ou en français: « Ah ! le cheval de Guélen qui s'en va à Quimper ! ». C'est la propriétaire de Guélen qui nous apprend le paiement de la rente féodale, une tranche de pain coupée dans la plus grande largeur de la tourte et dix-huit deniers, sur la croupe du cheval. L'abbé Penareun tenait ce renseignement de son père qui avait sans doute été témoin de ce paiement. Les aveux du marquis de la Roche au roi (cour des comptes de Bretagne) sont muets sur ce point. D'après la propriétaire de Guélen et l'abbé Penareun, le débiteur de la rente était un seigneur du voisinage auquel le marquis épargnait une partie de la route jusqu'à Quimper, résidence du receveur, ou jusqu'au château de Trévarez (commune de Saint-Goazec), chef-lieu du marquisat. Il faudrait interroger les aveux rendus au marquis par les vassaux. Mais les archives de Trévarez, plusieurs fois déplacées, auraient besoin d'être remises en ordre ; et, dans l'état, les recherches y seraient bien difficiles].

Au milieu des débris de l'ancienne abbaye de Kerlot, on voit dans le cavalier saint Georges terrassant le dragon de la Cappadoce.

Près de la chapelle ruinée de Saint-Mathieu, le cavalier est tout naturellement saint Mathieu, l'évangéliste : et si, avec moi, vous vous étonniez de voir saint Mathieu, à cheval, il vous serait dit ce que j'ai entendu : « Eh ! ne savez-vous pas, comme tout le monde, que saint Mathieu, avant de suivre le Seigneur, était commis à cheval des contributions indirectes ? ».

Mais ces désignations ne peuvent être transportées aux cavaliers trouvés dans la région rhénane. Les savants en ont cherché d'autres : et c'est ici qu'il faut lire et relire les instructifs mémoires de MM. Prost et Voulot.

Ces deux savants sont d'accord sur un point : c'est que ces sculptures appartiennent aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Mais sur le reste ils diffèrent d'opinions.

Dans son premier mémoire, M. Prost, avec la modestie et la réserve de la science doutant d'elle-même, ne se prononce pas : il propose des hypothèses.

L'anguipède est, dans l'iconographie mythologique, comme le serpent dans l'iconographie chrétienne, la personnification du révolté, de l'ennemi, du mal vaincu. Le cavalier et l'anguipède représentent-ils la victoire du bien, du juste, sur le mal ?

Ce cavalier vainqueur serait-il, non un dieu de l'Olympe grec ou romain (les grands dieux ne sont pas représentés à cheval), mais un dieu local appartenant au panthéon gaulois ?

Serait-ce simplement un chef romain vainqueur dans quelque invasion barbare ?

Après l'apparition de nos groupes bretons, M. Prost semble incliner à cette conclusion : « Ces groupes seraient une image allégorique, non d'une victoire spéciale et déterminée, mais en général du triomphe des armes romaines, image employée dans les Gaules avec des applications diverses selon les temps et les lieux ».

Je remarque que M. Prost ne semble aucunement se préoccuper du détour sur la droite ; au contraire M. Voulot insiste très vivement sur ce point et je crois qu'il a raison. M. Voulot m'écrivait récemment : « Je connais trente-sept groupes plus ou moins complets. Il n'en est pas un seul qui marque une conversion à gauche ; et, dans tous ceux dont l'état de conservation permet de reconnaître la conversion, cette conversion est marquée à droite ».

Cette, circonstance est-elle fortuite ? M. Voulot ne peut le croire ; et elle fournit, selon lui, la solution du problème.

M. Voulot n'admet aucune des hypothèses proposées par M. Prost. Pour lui, les groupes anguipèdes sont la représentation d'un mythe solaire « dont la caractéristique est justement le détour sur la droite ». Pour M. Voulot, le cavalier serait un dieu soleil, non pas Apollon représenté sur un char ou sous la forme d'un beau jeune homme à pied ; mais un dieu gaulois ou asiatique. L'anguipède amphibie représenterait la Terre et l'Eau ; et nous aurions dans ces groupes des images du « Soleil traversant en maître la Terre et l'Onde ».

A l'appui de cette thèse, M. Voulot décrit et dessine une curieuse sculpture trouvée au fond d'un puits antique à Grand (Vosges). Elle représente un jeune homme, la jambe gauche en avant, franchissant d'un bond un anguipède ayant un buste de femme, et, au lieu de jambes, deux serpents terminés par deux têtes. L'anguipède accroupi, appuyé sur une main, lève les yeux au ciel avec une expression de résignation ou de prière. Cet anguipède se tourne aussi vers la droite.

De plus, M. Voulot rappelle qu'en février 1880, M. de Witthe présentait à l'Académie le dessin d'un miroir étrusque représentant un jeune cavalier et auprès de lui un dauphin. Deux inscriptions placées au-dessous nomment le cavalier Hercle, et le cheval Laksta (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1880, p. 6). A ce propos, M. de Withe rappelait l'assimilation que les Grecs faisaient de leur héros Heraclès (Hercule) au dieu Melgarth des Phéniciens. Le nom de Hercle répond à celui de Melgarth ; or, Melgarth, pour les Phéniciens, est le dieu Soleil. D'un autre côté, le dauphin considéré par les anciens comme amphibie, peut, selon M. Voulot, représenter la Terre et l'Eau.

L'analogie d'intention entre ces figures, notamment entre celle du jeune homme de Grand et les groupes anguipèdes, n'est-elle qu'apparente ? Si elle est réelle, comment trouver dans ce jeune homme l'image allégorique du triomphe des armes romaines ? En second lieu, comment, dans cette hypothèse, expliquer le détour sur la droite indiqué dans tous ces groupes, quelque différents qu'ils soient d'ailleurs ?

Me sera-t-il permis d'ajouter que, pour les Gaulois comme pour les Phéniciens, le Soleil était Hercule, symbole de la force. Le cavalier de Portieux, qui seul nous a été conservé entier, représente bien un Hercule ; or, le cavalier de Guélen qu'avait vu le témoin interrogé par moi ressemblait par sa tête barbue, sa largeur d'épaules, son torse ramassé et trapu, au cavalier de Portieux.

Pour finir, citons l'opinion d'un autre savant.

M. Quicherat a présenté au comité historique un rapport sur le monument de Portieux [Note : OEuvres posthumes. Mélange d'archéologie et d'histoire. Rapport au Comité historique sur le groupe de Portieux]. C'était en 1875, avant la découverte du monument de Merten et de nos groupes bretons. L'opinion de M. Quicherat se rapproche de celle de M. Voulot : il semble disposé à voir dans ces sculptures la représentation d'un mythe germanique introduit en Gaule et porté jusqu'en Auvergne ; nous pouvons dire aujourd'hui jusqu'au fond de l'Armorique.

 

IX.

En voilà. Assez…

Ce n'est pas moi qui aurai l'audace de me prononcer entre les savants que j'ai cités ; je ne suis qu'un curieux, contant ce qu'il a vu, essayant de redire ce que d'autres lui ont appris.

Le seul but que je me propose c'est de populariser la recherche, la manifestation de ces sculptures connues mais non remarquées jusqu'ici dans l'ouest de la France.

Je m'adresse surtout aux hommes éclairés qui habitent la campagne et qui visitent les points les plus reculés, par plaisir comme les chasseurs, par devoir comme les prêtres. Les premiers apôtres chrétiens avaient horreur de ces monstrueuses figures représentant la nature humaine unie à la brute. Ils en ont brisé les têtes pour les rendre méconnaissables ; et ils ont eu raison, puisque c'était le moyen de mettre un terme à des pratiques idolâtriques. Que les ecclésiastiques nous signalent aujourd'hui ce qui reste de ces figures. Ils peuvent le faire sans scrupule. L'idolâtrie n'est plus à craindre et les anguipèdes ne peuvent plus être qu'un objet de curiosité.

Sans avoir la peine de chercher, on trouvera. Des groupes anguipèdes sont connus de beaucoup en tant que statues comme étaient connus ceux de Guélen, de Kerlot et de Saint-Mathieu ; mais on n'a pas su y démêler l'anguipède. Voilà l'anguipède décrit et dessiné ! Voilà son signalement donné ! Les yeux désormais verront mieux. Les groupes nouveaux seront étudiés, comparés entre eux ; et quelque jour, il faut l'espérer, le cavalier mystérieux laissera échapper le secret de son nom.

C'est dans cet espoir que j'ai pris la liberté de vous entretenir des anguipèdes bretons.

(M. J. Trévédy).

 © Copyright - Tous droits réservés.