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RECOUVRANCE, UN QUARTIER HISTORIQUE DE BREST.

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** RECOUVRANCE **

 

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

Dès le XIVème siècle, une petite bourgade de pêcheurs se trouvait établie sur la rive droite de la Penfeld, en face du château féodal et à l'abri de la bastille de Quilbignon.

C'était le bourg Sainte-Catherine, ainsi appelé à cause de sa petite chapelle, très anciennement fondée par un seigneur du Châtel, sous le vocable de Sainte-Catherine d'Alexandrie.

Près de la chapelle s'élevait un hospice, où pèlerins et voyageurs trouvaient l'hospitalité. Cette maison, qui tombait en ruine en 1473, fut reconstruite en 1515 et servit d'hôpital jusqu'à la fin du XVIIème siècle.

Le vieil hôpital de Sainte-Catherine avait un cimetière qui, plus tard, fut désigné sous le nom de cimetière des Noyés, ayant été spécialement affecté à leur sépulture. Il était situé dans la rue de l'Église Notre-Dame (aujourd'hui rue de l'Église).

Une fontaine occupe actuellement une partie de l'ancien cimetière elle est surmontée d'un écusson martelé et de cette inscription : Si vestram Brestense — Sitim si consul — Lunven — Unda levat memori — Pectore munus habe, que M. Mauriès, ancien bibliothécaire-archiviste de la ville de Brest, a ainsi traduite : Si ta soif, Brestois, si ta soif, grâce au maire Lunven est apaissée par cette onde, gardes-en souvenir dans ton cœur reconnaissant.

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

LA TOUR DE LA MOTTE-TANGUY.

La bastille de Quilbignon, qui faisait partie d'un système général de défense de la Penfeld, fut construite vers la fin du XIVème siècle, très vraisemblablement dans le but de protéger ou d'empêcher, selon les circonstances, les communications d'une rive à l'autre.

Elle fut désignée sous le nom de la Motte-Tanguy, parce que les seigneurs Tanguy du Châtel en avaient fait le siège de leur justice féodale, transféré, en 1580, dans la maison rue de la Tour, n° 20, du côté de Recouvrance, maison où se voient encore leurs armoiries sculptées au-dessus de la porte.

Comprise dans la vente que le prince de Rohan-Guémené fit au roi, en 1786, du fief du Châtel dont il était alors propriétaire, la tour de la Motte-Tanguy fut vendue à la Révolution comme bien national et appelée la tour Cabon, du nom de son acquéreur.

Achetée, en 1862, par M. Barillé, architecte, elle a été restaurée et convertie en habitation particulière. L'antique bastille seigneuriale des du Châtel est aujourd'hui surmontée d'un kiosque coiffé d'un chapeau chinois.

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

RECOUVRANCE EN 1670.

Sur l'emplacement de la chapelle Sainte-Catherine, Olivier du Châtel fit bâtir, au XVème siècle, une église dédiée à Notre-Dame de Recouvrance. On venait y déposer beaucoup d'ex-veto pour l'heureux retour et la recouvrance des matelots et des navires partis en mer.

Le bourg de Sainte-Catherine prit alors le nom de Recouvrance, qu'il a toujours conservé.

En 1600, le bourg de Recouvrance, dit Ogée, était beaucoup plus grand que la ville de Brest.

Voici, d'ailleurs, la configuration de Recouvrance d'après un plan de 1670 :

Le Quay, habituellement désigné sous le nom de Quai de la Fosse, parce que, prés de la chapelle, dans un endroit largement découvert à marée basse, était la « Fosse » où le maître calfat recevait les navires à visiter, à réparer ou à radouber. La rue Notre-Dame, actuellement rue de l'Église, qui prenait naissance derrière la chapelle et se terminait à l'endroit où fut bâtie l'église Saint-Sauveur, en 1678.

La petite ruelle de l'Église et son prolongement la rue du Vieux-Hôpital, maintenant petite rue de l'Église et rue Traverse de l'Église.

La rue Ros-ar-Coat qui a formé le bas de la rue Neuve.

La rue de la Fontaine, dont la partie supérieure jusqu'à la rue de la Porte n'était pas encore bâtie.

La rue du Leuric-Bian, venelle très étroite, dont une portion existe encore dans la rue du Moulin.

Enfin, les rues Haute et Basse de Toul-al-Logoden, aujourd'hui rues de la Tour et Haute de la Tour, qui étaient « soutenues par des talus et murailles pour empêcher les accidents arrivés à toutes sortes de personnes de se rompre le col ».

Au-dessus de ces ruelles étroites, qui constituaient le bourg de Recouvrance, s'étageaient le village de Prat-ar-Cadran et sa fontaine miraculeuse, le bois de Kérébézom et le village de l'Armorique.

De la chapelle Notre-Dame, une grève s'étendait jusqu'à Ros-an-Avalou (tertre des pommiers) à présent « la Pointe ».

On rencontrait plus haut : les terres d'Olivier Filouze, sieur de la Nynon ; Kérangoff, propriété de Jeanne de Kéroullas, dame de Kerango ; en face, sur le chemin du Conquet, les métairies de Trimillot et de Prat-Ledant.

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

LE QUAI DE LA FOSSE.

Le quai de la Fosse — aujourd'hui quai Jean-Bart, enclavé dans le port militaire — était, il y a cent ans, l'une des voies la plus peuplée de Recouvrance et pittoresque était ce coin qu'un marché, tenu deux fois par semaine, et le voisinage de la cale du passage rendaient encore plus animé.

Le rez-de-chaussée de chaque maison du quai était occupé par une auberge ou une boutique dans laquelle se débitaient ces mille objets de gréement nécessaires à l'armement des navires. La plupart des auberges ajoutaient à leur enseigne les mots : « Place à la chaudière », c'est-à-dire que les cuisiniers des bateaux pouvaient y installer leur coquerie.

Une autre cause d'animation à certain jour de la semaine, était l'accostage du chaland chargé des copeaux et des résidus de bois, distribués gratuitement par la marine aux veuves de marins et d'ouvriers de l'arsenal.

En l'an II, le quai de la Fosse prit le nom de Pelletier, en souvenir du député à la Convention, Le Pelletier de Saint-Fargeau qui, le 20 janvier 1793, veille de l'exécution de Louis XVI, dont il avait voté la mort, fut assassiné par un garde du corps, chez un restaurateur du Palais-Royal.

Il fut appelé quai Jean-Bart en 1811.

LA CHAPELLE NOTRE-DAME.

La chapelle Notre-Dame, bâtie sur le quai, à l'ouverture de la Petite rue de l'Église, fut concédée en l'an II à la mairie, pour servir de magasin à grains et fut, plus tard, vendue comme bien national, La fabrique de Saint-Sauveur ayant exposé, en 1824, la nécessité d'une annexe à son église paroissiale, le conseil municipal émit le vœu que la chapelle fût rachetée par la ville. Ce vœu ayant été sanctionné l'année suivante, par ordonnance royale, la chapelle fut cédée par son propriétaire, M. Roujoux, pour la somme de 6 618 francs.

Reconstruite en 1829, cette église n'existe plus aujourd'hui ; le premier magasin des vivres de la marine a été édifié sur son emplacement, en 1884.

L'accroissement de la population déterminé à Brest par les travaux qui s'y exécutaient depuis 1667 avait eu pour conséquence de rendre insuffisante la chapelle Notre-Dame de Recouvrance.

L'ÉGLISE SAINT-SAUVEUR.

Une nouvelle église, dédiée à Saint-Sauveur, fut construite, en 1679, sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui l'église paroissiale, bâtie en 1749.

Près de l'église était le cimetière de Recouvrance qui fut ouvert en 1690. Il cessa de servir aux inhumations quand, pour se conformer aux lettres-patentes qui interdisaient d'inhumer dans l'intérieur des villes, la municipalité acheta, en 1780, pour 5 516 livres, deux champs en dehors de l'enceinte.

La place Saint-Sauveur, que l'on nomma pendant la Révolution place de la Montagne, occupe une partie de l'emplacement de cet ancien cimetière.

L'église Saint-Sauveur de Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

L'HÔPlTAL SAINT-SAUVEUR.

Vis-à-vis la chapelle Saint-Sauveur, à l'encoignure de la rue de l'Église et de la rue du Rempart, s'élevait autrefois l'hôpital de Recouvrance, qui fut édifié sur le terrain donné à la ville par M. Le Gac de l'Armorique, maire de Brest en 1692. La première pierre de cet édifice fut posée, le 30 mai 1696, par le maréchal d'Estrées, mais, faute de ressources, il ne put être achevé qu'en 1745.

L'hôpital tombait déjà en ruines en 1790, mais ce fut seulement en 1810 qu'un arrêté du préfet du Finistère ordonna d'évacuer les malades de Récouvrance sur l'hôpital de Brest. Il fut alors converti en atelier de charité, puis vendu, quelques années plus tard, à MM. Corre et Vignioboul pour la somme de 28 000 francs.

Le nom de M. Le Gac de l'Armorique fut donné par Vauban à l'une des rues de Recouvrance pour perpétuer le souvenir de cet excellent magistrat. L'arrêté du 5 messidor an II la nomma : rue du Dix-Août et son nom primitif lui fut restitué le 5 novembre 1851.

 

LES FORTIFICATIONS.

Les fortifications de Recouvrance, commencées en 1686, furent terminées avec la porte du Conquet, en 1692.

Les deux pentes appelées rue Haute et rue Basse qui y accédaient furent nivelées la même année et reçurent le nom de rue de la Porte.

L'ARC'HANTEL.

Près de la porte du Conquet, la maison de l'Arc’hantel, propriété de l'évêque de Léon, fut donnée, en 1723, aux Dames de Saint-Thomas de Villeneuve pour y établir un lieu de retraite et la caserne fut construite sur ce domaine en 1774.

LA CAYENNE.

Quelques années auparavant fut bâtie la Cayenne, ou caserne des marins. Ce premier nom aurait, dit-on, été donné à cette caserne, parce qu'on y aurait logé, vers 1768, pendant qu'on la construisait, des colons envoyés à Cayenne.

Le magnifique établissement qui porte aujourd'hui le nom de 2ème dépôt des équipages de la flotte fut exhaussé de deux étages, en 1842.

LE COUVENT DES CAPUCINS.

Les ateliers du plateau des Capucins, dans l'arsenal, construits de 1841 à 1864, occupent l'emplacement de l'ancien couvent des Capucins.

Les Capucins qui, depuis 1672, habitaient une maison particulière à Recouvrance, obtinrent en 1692, après maintes sollicitations jusqu'alors refusées par Colbert, l'autorisation d'établir à Brest un couvent de leur ordre sur un terrain « proche le moulin à vent », que leur avait donné M. Le Gac de l'Armorique.

La première pierre du convent fut posée par Vauban le 30 août 1695, et celle de l'église y attenant fut placée par Duguay-Trouin le 21 février 1712.

Ces terrains et édifices furent attribués à la marine par décret du 12 mars 1791.

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

LA MADELEINE OU REFUGE ROYAL.

Dès 1670, les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve établirent, dans une maison de la crique de Pontaniou, un asile destiné à loger les filles repenties, qui prit le nom de Madeleine ou Refuge royal.

LA PROSTITUTION.

La Communauté apporta toujours un soin particulier à sauvegarder l'apparence des bonnes mœurs, mais l'abondance des troupes à Brest favorisait l'industrie des filles de mauvaise vie.

Dès 1683, les juges royaux signalent au Parlement que « la prostitution est montée à un tel point en la ville de Brest et aux environs, et le nombre des filles et femmes débauchées si multiplié, qu'outre celles de la ville elles vont parmi les genêts qui couvrent la plupart des champs d'alentour et mettent des enseignes aux hayes, le long des chemins, pour se faire discerner à ceux qui les vont rechercher, pendant qu'elles sont cachées, dans leurs retraites, occupées à leurs débauches infâmes... ».

On les chasse de la ville, on les condamne au fouet, on les expose sous des écriteaux infamants, on les marque an fer rouge sur l'épaule, et l'on condamne ceux qui les hébergent à trois mois de prison, « leurs lits, paillasses et accoutrements jetés sur le pavé et ensuite bruslés par les sergents de police, sans autre formalité ».

Les juges royaux obtiennent même de la Cour un arrêt leur permettant de condamner au dernier supplice les prostituées qui n'ont pas gardé leur bannissement ou se trouvent en récidive, pour la troisième fois.

En entrant à la Madeleine, les femmes sont « rasées, châtiées sur-le-champ, par le fouest et le carcan », puis mises au travail de la manufacture de toiles à voiles, établie par Seignelay, dans ce lieu, en 1684.

Mais, quelques rigoureuses que fussent ces mesures, elles ne réussirent jamais à conjurer le mal et à en arrêter le retour.

En 1732, les dames de Saint-Thomas de Villeneuve qui dirigeaient le Refuge firent construire sur le terrain, occupé par la direction et les ateliers des travaux hydrauliques, un grand corps de bâtiment à deux étages, donnant sur la rue du Carpont.

Cet établissement était disposé de manière à servir à la fois, de maison de correction, de retraite, d'éducation et de dispensaire. Il fut entièrement consumé un dimanche gras, le 10 février 1782.

L'INCENDIE DU « REFUGE ».

Le feu fut mis, dit-on, par une détenue, nommée la belle Tamisier, bru du tambour de ville, que sa famille avait fait enfermer à la Madeleine, à cause de sa vie débauchée, et qui, à sa façon, voulait fêter le carnaval.

A huit heures du soir, les recluses, réunies dans la cour du Refuge, dansaient et chantaient le Port Mahon, chanson fort en vogue à cette époque. Surexcitées par la danse et leurs rires elles ne cessaient d'entonner d'un air provocateur : « Le Port Mahon est pris, il est pris, il est pris !... ». Et, en effet, le feu éclatait de toutes parts, réduisant bientôt en cendres l'établissement, les meubles et les vêtements de plus de cent pensionnaires.

Sur onze religieuses présentes, quatre périrent dans les flammes ; vingt-sept femmes y trouvèrent la mort et plusieurs travailleurs furent griévement blessés.

Après ce désastre, le personnel de la Madeleine fut transféré au lieu dit de l'Armorique, dans une maison proche de la Cayenne, au fond de l'anse de Pontaniou, et ce nouveau Refuge fut supprimé, au mois de septembre 1792, par application de la loi sur les maisons religieuses.

Quant aux filles débauchées, on les interna au château de Brest, où l'État payait leurs frais de traitement. Lorsqu'elles devenaient trop nombreuses, on en dirigeait sur l'hôpital de Rennes.

Il en fut ainsi jusqu'en 1790, époque à laquelle un arrêté du conseil municipal prescrivit de les recevoir à l'hôpital civil.

Recouvrance, un quartier historique de Brest (Bretagne).

(Louis Delourmel).

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