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L'ancien Hôtel Saint-Pierre

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Le Département de la Marine est propriétaire, par acte du 29 août 1751, de l'ancien Hôtel de M. de Saint-Pierre, situé rue de Siam, aujourd'hui la Préfecture maritime, et ce, depuis l'année 1771.  

L'HOTEL SAINT-PIERRE  

actuellement la Préfecture Maritime

Le sol de cet immeuble faisait autrefois partie de ce que l'on nommait Parc-Bras — le Grand Parc — et, à dater de l'année 1548, le Parc-Jacquès. C'était un vaste terrain relevant du lieu noble de Kéravel, près la ville de Brest.

Voici quelle était l'étendue de cette terre : Le lieu noble de Kéravel, sis lez la ville de Brest, était, en 1474, la propriété de la famille Le Dymoine. Il contenait 23 journaux et demi et un tiers de journal. Il commençait à l'endroit désigné dans la correspondance sous le nom de journal de terre (Lettres de l'Intendant de la Marine des 4 février 1684 et 28 Décembre 1685), proche Parc-an-Roue — le jardin du Roy — (Note : D'abord promenade des officiers ; puis, à partir de l'année 1686, séminaire royal des aumôniers des vaisseaux, dirigé par les jésuites ; en 1910, école des mécaniciens de la flotte, rue de la Mairie. L'arrière de ce terrain regardait le journal de terre) ; de l'autre côté, ce journal s'arrêtait à la berge de la Penfeld. La caserne de la gendarmerie maritime, située rue Fautras, a été édifiée sur ce journal de terre.

Un peu plus loin, le terrain (Note : Le 14 décembre 1750, Choquet de Lindu commença le travail de la clôture de l'arsenal, du Bivac à la Voûte. Le poste, dit Le Bivac, avait été établi en 1695, au bas de la rampe conduisant de l'ancien bagne au magasin général, et ce, pour empêcher les fraudes sur le tabac et l'alcool. Le 31 août 1752, Bedoy, avocat à Nantes, neveu de Daniel Bedoy, auquel le Roy avait cédé, en 1689, la vieille corderie de Kéravel, réclama le prix du terrain que l'on enclavait dans l'arsenal) surplombait un vallon dit de Troulan. On y apercevait une fontaine, un étang et un moulin ; devant, un sentier qui, en l'année 1640, était appelé le Grand Chemin de Brest. Il se terminait à la grande porte de ville, celle de Troulan, édifiée en 1595 et démolie en 1681.

Le long de ce chemin se dressait Ros ou Menes (montagne) de Trolan, Traoulan ou Troulan (Traonlan. — Val de la Lande), plus tard Roch-an-Escop, la montagne de l'évêque ; c'est-à-dire la hauteur de notre Escalier-Neuf, bâti en 1709, et qui se prolongeait jusqu'à la place des Médisants.

Derrière Ros ou Menes-Trolan, on se trouvait à Parc-Bras, contenant 3 journaux.

Parc-Bras longeait notre place Sadi-Carnot, terrain voisin de Parc-ar-Cornou, s'il n'en faisait même pas partie, et allait rejoindre ce que nous nommons la Rampe (Note : Nous avons conservé les anciennes dénominations des rues en engageant au besoin à recourir au tableau des noms nouveaux qui leur ont été affectés. Annuaire de Brest, année 1906, p. 338). En suivant la pente du terrain on arrivait au Plessis (Note : Maison de plaisance, de campagne) de Coat-an-Foennock (Note : Bois où se trouvait le fenil — grenier à foin — de la terre de Tronjoly joignant le Plessis), angle des rues Saint-Louis et Grande Rue. Ce terrain s'étendait jusque au sol d'une maison située beaucoup en arrière de celle qui, dans la Grande Rue, à droite en descendant, porte le numéro 57. Sur ce dernier terrain passait un chemin venant de Parc-an-Cornou, dont il a été question plus haut, traversant Parc-Bras et aboutissant, par le chemin dit des Malchaussées — rues Kléber et Suffren — à la maison sus-indiquée. Ce chemin se continuait jusques à Kérinou, à travers l'emplacement de l'église Saint-Louis.

Katherine Le Dymoine, au décès de son père, eut en partage le Parc-Bras. Elle épousa Olivier Le Mercier. Ils eurent pour fils Jacquès. Le Parc fut, dès lors, désigné sous ce nom. C'est ce qu'indique l'état de la Réformation du Domaine en l'année 1548.

Parc-Jacquès devint ensuite la propriété de la demoiselle de Keranfloch, dame douairière de Couateles. Il fut retiré, par Premesse (Ou Retrait lignager - Droit que les parents du vendeur pouvaient exercer pendant l'année et un jour), par Bertrand Le Chaussec, suivant acte du 12 janvier 1618.

Le 27 febvrier 1636, Guillaume de Mesnoallet, sieur de Keranlan, héritier bénéficiaire du sieur de Kéravel (enterré dans la chapelle Saint-Yves, annexe de l'Hôtel-Dieu de Brest), vendit au Roy, représenté par Philippe de Longvilliers, sieur de Poincy, cheff d'escadre des vaisseaux en Bretaigne, la terre de Kéravel et ses dépendances. Le prix d'achat fut de 1.200 livres prélevées sur celle de 4.151 livres tournois que le Trésorier général de la marine à Brest avait de bon entre ses mains, de proffict faict sur les victuailles des équipages des dits vaisseaux, en l'année 1635 (Voir Levot, I, p. 246).

Le propriétaire de Parc-Jacquès, Bertrand Le Chaussec, mourut en 1639 ; son fils, Jean, décéda en 1651. Enfin, Jacques, le dernier de cette famille, dont nous avons à nous occuper, vécut jusqu'en 1693.

Jacques Le Chaussec céda, dans Parc-Jacquès deux emplacements pour bâtir, à deux soeurs, nées à Recouvrance, filles de Nicolas Le Gac, sieur de Kerconstantin, et de Françoise de Leau, sa seconde femme. Elles se nommaient : l'une, Claude ; et l'autre, Jeanne.

Claude Le Gac, dame de Cheff du Bois, épousa à Brest, le 3 novembre 1677, messire Damieux de Rual, seigneur, baron d'Audenge, gouverneur et commandant des païs de Buch et lieux circonvoisins, entretenu dans la marine sur les vaisseaux du Roy, fils de Pierre Damieux, seigneur de Ruat, baron d'Audenge, seigneur des maisons et fiefs seigneuriaux d'Artigue et autres lieux et gouverneur des païs de Buch, et de dame Marye La Salle de Bordeaux, paroisse de Saint-Pierre. Il mourut le 25 avril 1688.

Jeanne, sa soeur, devint l'épouse de Gabriel de Kerven ou Querven, sieur dudit lieu et de Kerfilis, capitaine entretenu dans la marine le 28 novembre 1652, commandant l'un des vaisseaux du Roy (1661), l'un des cent chevaliers de son ordre, décédé à Brest le 4 novembre 1688.

Nous ignorons la date de la vente du terrain faite à Mme d'Audenge. Quant au contrat de Jeanne de Kerven, il fut signé le 13 octobre 1688. Le Chaussec cédait 54 pieds de face sur la rue de Siam et 102 en profondeur.

Chacune des deux maisons était grevée d'une rente de 3 livres perpétuelle et inaliénable, en faveur de la famille du Froutven.

Jeanne-Françoise de Kerven, fille de Jeanne Le Gac et de Gabriel de Kerven, née à Brest le 5 décembre 1670, épousa à Brest, le 29 avril 1688, Charles-Louis-Hyacinthe de Castel, seigneur de Saint-Pierre-Eglise, fils de Charles, seigneur baron de Saint-Pierre-Eglise (évêché de Coutances, en Normandie), et de Madeleine Gigault de Bellefonds, mariés en 1642.

C'était le frère de l'abbé Charles-Irénée de Castel, l'auteur du Projet de paix perpétuelle, publié en 1713.

La maison fut alors connue sous la dénomination de : Hôtel Saint-Pierre.

Le 15 août 1692, le lieutenant-général de Vauban tint, sur les fonts baptismaux, à l'église des Sept-Saints, Louis-Sébastien, fils de M. et de Mme de Saint-Pierre.

En 1694, Vauban commandait les troupes à Brest ; il avait pour aide-de-camp M. de Saint-Pierre, qui assista à la descente des Anglais à Camaret, le 18 juin 1694. Vauban logeait à l'hôtel Saint-Pierre.

Il revint à Brest, au commencement de 1695, avec une commission pour commander, non-seulement les troupes de terre, mais la marine. Il se crut en droit de réclamer les appointements d'officier général de mer, à compter du 1er mars. M. de Pontchartrain, par lettre du 14 août 1695 — Jal. Dict., p. 1232, col. 2 — lui répondit que le commandement de la marine ne lui avait été accordé que pour l'honneur, et pour empêcher les contestations qu'il aurait pu avoir avec les officiers de ce corps.

En mars 1695, Vauban fut obligé de se rendre à Roscanvel ; l'Intendant, en rendant compte au Ministre de ce déplacement, ajoutait : « Il ne trouvera pas en ce pays les agréments de la maison de Mme de Saint-Pierre » (30 mars 1695).

Le 21 mai 1695, Vauban donnait l'ordre à la Communauté de Ville de lui fournir, au-devant de son hôtel, un corps de garde garni de lits de camp pour un détachement de 15 soldats de la garnison du château (Note : Payé 62 livres, savoir : 36 pour loyer jusqu'à la Saint-Michel prochaine, d'une remise à calèche servant de corps de garde, et de 26 livres pour le bois qui a servi à faire les lits de camp. — Délibération de la Communauté de Ville du 1er juin 1695).

L'année suivante, M. de Saint-Pierre avait quitté Brest pour Versailles, ayant obtenu un emploi à la Cour.

La maison fut, à partir de ce moment, fréquemment utilisée par la Communauté de Ville, pour le logement des officiers généraux d'épée et de robe de la Province, que leur service appelait à Brest. C'était une lourde charge pour la Communauté, qui avait, en outre, à trouver des locaux pour la nombreuse suite de serviteurs accompagnant ces personnages.

Dès l'année 1692, la Communauté avait songé à choisir une maison commode et décente au caractère de ces personnages. Elle avait jeté les yeux sur la maison du chef d'escadre comte de Béthune. Le prix présumé était de 40.000 livres, que l'en aurait payées en trois ou quatre annuités imputables sur les deniers d'octroi. L'état des finances ne permit pas de donner suite à ce projet. Délibération de la Communauté de Ville du 10 juillet 1692. — Le fond de cette maison était celui de l'une des six maisons dites de Troulan. En l'année 1678 il y avait pénurie de logements du côté de la rive gauche de la Penfeld. La marine possédait six fours disséminés dans l'espace de la Grande Rue, compris entre les terrains de la Bibliothèque du port et le Commissariat général. Les fours avaient été remplacés par des constructions nouvelles faites à Ros-an-Avallou. — le tertre des pommiers — actuellement la Pointe ; les six fours avaient été cédés temporairement à divers officiers du port que leur service obligeait à résider sur la rive gauche de la Penfeld, les autres s'étant logés à Recouvrance. Les détenteurs devaient approprier les locaux à leurs frais ; à chaque mutation, le nouvel entrant versait entre les mains de son prédécesseur le montant de ses dépenses. Seignelay avait manifesté l'intention de faire faire sur l'emplacement de ces vieux fours et le terrain environnant, une grande place pour les évolutions des troupes de la marine. En 1686, le Ministre renonça à son projet et fit figurer les six maisons de Troulan au nombre des avantages accordés à Jean Guilloteau, premier entrepreneur des travaux de construction de la Corderie-Basse. Les difficultés de l'entreprise obligèrent Guilloteau à passer, en 1689, son marché à Daniel Bedoy. Ce dernier vendit les terrains à ceux qui les occupaient. Le chef d'escadre de Béthune fit édifier une grande et une petite maison ainsi qu'en témoigne un état des paroissiens de Brest, en 1694, publié dans l'Echo paroissial de Brest, à partir du n° 414. Le n° 422, du 22 avril 1906, porte : Petite maison à M. Bestuere (de Béthune), valeur locative, 600 livres ; la grande maison à M. Bestuere (de Béthune), valeur locative. 2.200 livres.

La maison de M. de Saint-Pierre fut destinée, en 1696, au logement du maréchal d'Estrées.

Le 23 avril, la Communauté de Ville, arrêta de louer les meubles et gens nécessaires au service de l'hôtel, qu'habitera, pendant le long séjour qu'il se propose de faire à Brest, M. le maréchal d'Estrées (Note : Le 13 novembre 1696, M. Kermeidic-Hubac, miseur, était autorisé à payer la somme de 691 livres pour quatre mois de location, à raison de 172 livres 16 sols par mois, des meubles de l'appartement qu'a occupé M. le maréchal d'Estrées. — Communauté de Ville).

En l'année 1697, le maréchal fit une nouvelle apparition à Brest.

Le 23 avril, la Communauté loua des meubles pour garnir l'hôtel de M. le maréchal, dont l'arrivée était annoncée pour le 8 ou 10 mai ; elle fit procéder à des réparations à la maison de M. de Saint-Pierre.

Le 14 décembre, le Maire déposa sur le bureau un état de 1.029 livres 16 sols 6 deniers pour ouvrages et réparations faits aux cuisines et commodités de la maison de M. de Saint-Pierre, ainsi qu'à l'écurie du Rocher, à la disposition du maréchal.

Jean d'Estrées, maréchal de France et amiral de Ponant, lieutenant général du Comité Nantais, et gouverneur particulier de Nantes depuis le mois de juillet 1701, informa la Communauté qu'il se rendrait prochainement à Brest. La Communauté lui donna avis qu'il serait logé chez Mme de Saint-Léger (Note : Catherine Lars, veuve de Pierre Sigurel, sieur de Saint-Léger ; né à Agen, marchand de vins et Maire de Brest en 1678. Il fut victime d'un guet-apens, ourdi par le négociant bordelais Estève. Il mourut le 23 décembre 1680 des suites des mauvais traitements subis le 31 juillet 1679. Sa veuve mourut le 5 mars 1731. — Annuaire de Brest, année 1904 : Tentative d'enlèvement d'un Maire de Brest, en 1679, L. Delourmel. — Le 21 avril 1698, Mme veuve de Saint-Léger vendit à Jacques Lars, sieur de Poulrinou, son frère, pour la somme de 2.600 livres, un emplacement entre la Grande maison de ladite dame de Saint-Léger et celle de François Duval la France et femme. Profondeur : depuis ladite rue jusqu'à la muraille de la petite cour de Mme de Saint-Léger. Plus 12 pieds de terrain dans la cour du 2ème étage. La conduite d'eau qui est sous terre commençant dans la petite cour et traversant ledit emplacement jusque dans la Grande Rue sera couvert, — Archives de M. Jourdan de la Passardière), maison qu'il avait déjà occupée lors d'un précédent séjour. Le 8 septembre, le maréchal écrivit, de Nantes, pour se plaindre de l'humidité de cette maison, attendu qu'il s'enrhumait facilement et ordonna de lui préparer la moitié de la maison de M. de Saint-Pierre. La maison de Mme de Saint-Léger venait d'être réparée : elle se composait de douze chambres meublées, dont quatre de plain-pied au rez-de-chaussée. Cette maison s'élevait sur le sol de celle portant en 1911 le numéro 52 dans la Grande Rue, à main gauche, en la descendant. Sa situation nous est révélée par un état d'impositions, établi en 1694, sur les maisons de la ville et reproduit au journal l'Echo paroissial de Brest.

Au numéro 421, du 22 avril 1906, on voit que la maison dépendant de la succession de défunt Saint-Léger était immédiatement suivie de celles de la duchesse de Portsmouth, occupée par M. Mestidreu (Note : René Le Clet de Mestidreux, Intendant général et spécial de haute et puissante dame, Madame la duchesse de Portsmouth), et de Mme Darteloire, qu'il y a lieu de lire de La Harteloyre. D'un autre côté, dans les anciens titres de propriété de la maison 61, située du côté droit de la rue, on lit cette mention : Cette maison est directement en face de celle de Mme de Ruis.

Le numéro 58 est en 1911 le terrain occupé autrefois par la maison des dames de Ruis et de La Harteloyre.

Les maisons n° 56 et 54, qui existaient en 1911, ont été élevés sur la propriété de la duchesse de Portsmouth.

52 est en 1911 la maison de Saint-Léger, propriétaire de plusieurs immeubles dans d'autres parties de la ville.

La maison Saint-Léger, comme les deux autres vraisemblablement, avait un jardin bordant le chemin qui, de la chapelle Saint-Yves — Notre-Dame des Carmes — menait à Kérinou. En sortant des dépendances du terrain de ladite chapelle, on franchissait l'extrémité de la longue montagne dite Menes-Trolan ou Roch-an-Escop — hauteur de l'escalier neuf — à l'endroit nommé les Malchaussées — Rues Kléber et Suffren — On descendait près la maison de Saint-Léger. La route se continuait par devant la maison Saupin — située beaucoup en arrière du numéro 57 en 1911 — elle traversait le terrain de l'église Saint-Louis et permettait d'arriver à Kérinou (Kerennou).

D'Estrées répondit à une nouvelle communication de la Communauté de ville, qu'il y avait lieu de lui choisir un autre logement, et surtout qu'il préférait la maison de Mme de Saint-Pierre.

En conséquence, l'Assemblée de Ville désigna deux de ses membres pour faire faire sans retard les meubles nécessaires au maréchal, à ses gentilshommes et à ses domestiques (Délibération du 15 septembre 1701).

Le 20 décembre 1701, Mme de Saint-Léger, et M. de Malef ou Maleffre, locataire dans la maison de Saint-Pierre, réclamaient : 

La première, une indemnité de 250 livres, pour avoir disposé le logement du maréchal d'Estrées, contremandé par lettre du 8 septembre ;

Le second, celle de 120 livres, pour avoir été obligé, deux mois et dix jours avant l'expiration de son bail, d'abandonner son logement meublé à M. le maréchal (Note : D'Estrées se trouvait à Brest, en 1689, lors de la présence du Roi d'Angleterre. Ils logeaient chez l'Intendant de la Marine, dans la maison du Roy, sur l'ancien quai. Le 1er mars 1689, M. Desclouzeaux écrivait à Seignelay : M. le maréchal occupe les deux-tiers de la maison du Roy ; il laisse la grande chambre pour le Roi d'Angleterre et une petite pour le premier gentilhomme de sa chambre), sur le désir duquel la Communauté loua pour trois ans, sur le pied de 900 livres par an, la maison de Mme la baronne d'Audenge, où il logera quand il viendra.

Le 5 mars 1704, la Communauté de Brest reçut une lettre de Jean-Baptiste-Henri du Trousset de Valincourt (Note : Né à Paris le 1er mars 1653, secrétaire général de la marine le 11 octobre 1688, mort à Saint-Cloud le 5 janvier 1730) lui prescrivant de préparer la maison de M. de Saint-Pierre pour y loger le gouverneur de Bretagne et amiral de France, Louis-Alexandre de Bourbon (Note : Est arrivé en ce port, hier, à 6 h. 1/2 du soir. J'allai au-devant de S. A. S. jusqu'à Lanvéoc où Elle s'est embarquée dans un canot. — Lettre de l'Intendant Robert, du 23 avril 1704) et sa suite, composée de 108 personnes.

Le 18 août 1704, se présenta à Brest le maréchal de Chateaurenault, gouverneur de Bretagne, en l'absence du comte de Toulouse (Note : François-Louis Rousselet, comte, puis marquis de Chateaurenault, vice-amiral et maréchal de France, né à Château-Renault, en Touraine, le 22 septembre 1641, mort à Paris le 15 novembre 1716. Sa femme mourut à Brest le 22 octobre 1696).

A ce moment, les deux maisons d'Audenge et de Kerven n'en faisaient plus qu'une seule. C'est ce qui résulte de la lecture de la délibération de la Communauté de Ville du 14 août 1704.

Sur l'ordre de l'Intendant de la province, il y avait à s'occuper du prix de la location de la maison pour le logement du comte de Toulouse et de M. de Chateaurenault. La Communauté déclarait que la somme de 2.400 livres était suffisante pour le loyer de la grande maison, appartenant aux dames de Kerven et d'Audenge, avec ses jardins, tant à fleurs que potager, pavillons et petites maisons donnant sur la rue de Siam ; cour devant et derrière, y compris une grande cuisine avec garde-manger, bâtie dans l'une de ces cours aux frais de la Communauté.

Par lettre du 27 août 1704, M. de Nointel fixa à 3.000 livres la location annuelle de la maison.

La Communauté fut informée, le 3 août 1712, que le maréchal de Chateaurenault avait décidé que la maison affectée à son logement serait meublée et réparée pour qu'elle puisse servir à M. le comte, son fils (Note : Capitaine de vaisseau en 1700, tué à la bataille de Malaga, faisant partie de l'état-major de l'amiral, 24 août 1704).

Nouvelle visite du comte, en 1713.

Le 11 août, le maire communiquait à l'assemblée de ville une lettre du maréchal ordonnant de loger et de recevoir, comme lui-même, son fils se rendant à Brest. Le Roi, l'a investi de la lieutenance générale. Pendant le peu de temps qu'il devait passer à Brest, il aurait à remplir les fonctions de capitaine de vaisseau. En ce qui concerne la province, il pourrait y donner partout des ordres, excepté dans l'évêché de Nantes.

L'Intendant de Ferrand, par lettre du 2 novembre 1714, donna avis à la Communauté que la maison de Kerven étant inutile au logement de MM. les Commandants de la Province, il lui serait donné congé pour le 1er avril 1715.

Nous ne trouvons plus de traces, jusqu'à l'année 1746, de la location, par la Communauté de Ville, de la maison qu'avait habitée M. de Saint-Pierre. A cette époque, le propriétaire en était son fils, Louis-Sébastien, marquis de Crèvecœur (ou Crève-Cœur).

La maison était alors appelée : L'HOTEL CREVECŒUR

L'hôtel — anciennement de Saint-Pierre — allait prochainement servir de logement à S. A. S. Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse et amiral de France, en survivance depuis le 1er janvier 1734 (Note : D'après Mazas, Histoire de l'Ordre de Saint-Louis. t. I, p. 320, le duc de Penthièvre serait venu à Brest en 1741 et y aurait procédé à la réception, dans l'ordre, de divers officiers dont il donne les noms).

Son arrivée avait été annoncée par lettre ci-dessous, non signée, émanant d'un personnage de son entourage : 

« 28 décembre 1746.

J'informe, Monsieur, M. le chevalier de Camilly (Note : Pierre de Blouet, chevalier de Camilly, commandant la marine à Brest. Né à Caen en 1666, fils d'Augustin, seigneur de Camilly, conseiller au Parlement de Rouen et de Catherine Grossin, chef d'escadre le 10 mars 1734. lieutenant général le 1er janvier 1745, vice-amiral le 17 mai 1751, décédé à Paris le 22 juillet 1753) que M. Duval-Soarez, sénéchal de Brest (Note : Jean-Joseph-Benoit Duval Soarez, sénéchal, délégué de l'Intendance à Brest de 1744 à 1759) à qui M. le duc de Penthièvre a fait remettre l'état général de sa maison et des logements qu'il lui faudra à Brest, où il compte se rendre après la tenue des Etats (convoqués à Rennes pour le 28 novembre), demande que les officiers de la marine qui occupent des maisons à portée de celle où M. le duc de Penthièvre sera logé, se prêtent aux arrangements qu'il y aura à prendre à cet égard.

Quoique je sois persuadé qu'il n'y en a pas parmi eux qui ne se prête volontiers à se gêner dans une pareille circonstance, je marque à M. de Camilly de leur recommander d'éviter de faire naître sur cela les moindres difficultés et vous prie aussi d'en parler à ceux des officiers qui vous sont subordonnés » (Note : Cette fin de lettre montre qu'elle était adressée à l'intendant).
La Communauté prenait les dispositions suivantes :
« S. A. S. Monseigneur le duc de Penthièvre ayant annoncé sa prochaine arrivée à Brest et recommandé de lui préparer un logement, il est arrêté qu'on empruntera ou louera les meubles nécessaires et que M. de Lestourmel [Note : L'orthographe est Destourmelles. — Derville des Tourmelles. Garde de la marine 1701, enseigne 1705, lieutenant de vaisseau 1712, chevalier de Saint-Louis 1718, capitaine de vaisseau 1738 ; retiré le 1er avril 1748 avec pension de 3.900 livres, mort le 20 novembre 1749. — Mazas, II, p. 115. — Avait probablement des provisions de chef d'escadre. Le chevalier Destourmel, garde 1707, enseigne 1709 (Annuaire Malassis, 1722) ; lieutenant de vaisseau 25 novembre 1712, capitaine de vaisseau 17 mars 1727, chef d'escadre 1er janvier 1745, retiré le 1er mars 1747. La marine sous Louis XV, p. 531, Lacour-Gayet], chef d'escadre, qui occupe l'hôtel Saint-Pierre, consentant à le céder à Son Altesse et loger lui-même dans la maison en face, la Communauté fera les diligences nécessaires pour en déloger les locataires ».

Puis l'on fit installer, dans la cheminée de la cuisine de l'hôtel, une rôtisserie de 18 pieds de long, afin que l'on puisse mettre deux rangs de broches avec deux petites élévations destinées à mettre à l'abri du feu ceux qui tourneront les broches (11 janvier 1747).

« Pour satisfaire aux demandes contenues dans la lettre du 6 de ce mois, adressée à la Communauté par M. de Balancour, l'un des officiers de Son Altesse Sérénissime M. le duc de Penthièvre, lit-on dans une délibération de la Communauté, du 12 juillet 1747, on fera un approvisionnement de 7 à 800 bottes de foin, du poids de 10 à 11 livres ; de la même quantité de paille ; de 50 à 60 boisseaux d'avoine, mesure de Goueznou. Ces fourrages seront remis dans des greniers. On louera, à proximité, des écuries pour ramasser 13 à 14 chaises et carosses et au moins 150 chevaux ».

Les hangars et les baraques établis pour les chaises à porteur et les chevaux s'alignaient le long du jardin potager de l'hôtel — la rue d'Aiguillon n'était pas ouverte à ce point — jusqu'au grand jardin des Pères Carmes — actuellement la place Carnot.

Le 2 août 1748, l'intendant rendait compte que les effets donnés des magasins pour le service intérieur de la maison de M. l'amiral avaient été réintégrés dans l'arsenal et que les réparations à y faire étaient de peu de conséquence. Quant aux planches ayant servi à la bâtisse des écuries et remises, l'intendant demanda qu'elles fussent données à l'hôpital, ce que le Ministre approuva le 9 août.

Ce fut à l'occasion de l'arrivée du duc de Penthièvre que des ordres furent donnés pour achever le percement de la rue de la Charonnière — rue Monge — depuis la rue Neuve des Malchaussées, au-dessus du grand Escalier-Neuf — portion de la rue Kléber, depuis la rampe de la rue Du Couëdic à l'escalier jusqu'à la rue Cariou — du Petit Moulin — et continuer de même jusqu'à celle des Sept-Saints — Amiral Linois — à l'embouchure de celle des Carmes — le reste de la rite Monge.

Ordre fut donné aux divers locataires de déménager à la fin de juillet pour permettre d'entreprendre les travaux de façon « que S. A. S. puisse traverser la rue si Elle le juge à propos » — Délibération de la Communauté de ville, du 17 juillet 1747.

Le 21 avril 1748, mourut à Paris, Louis-Hyacinthe Castel de Saint-Pierre, marquis de Crèvecœur et de Kerfilis, capitaine des vaisseaux du Roi, premier écuyer de la duchesse d'Orléans, chevalier de l'ordre de Saint-Louis depuis l'année 1715. 

Pourparlers avec Mme veuve de Crèvecœur pour la cession de son hôtel à la Communauté de ville.

Le 4 mars 1750, Mme de Crèvecœur offrit à la Communauté d'acheter l'ancien Hôtel Saint-Pierre au prix de 36.000 livres, dont l'intérêt serait payé au denier 20 jusqu'au remboursement, qui ne pourrait se faire qu'en un seul paiement.

La Communauté, dans sa séance du 16 du même mois, discutait la proposition, quand M. Guyot de Kermo (Note : Jacques Guyot, sieur de Kermo, conseiller du Roy, bailli et lieutenant-général civil et criminel au siège royal de Brest, fils de Damien Guyot, chirurgien de la marine et de demoiselle Laudren ; ce nom est porté par une rue de Brest en 1911), bailli de Brest et lieutenant-général du siège royal, fit la réflexion qu'en cas d'acquisition l'on pourrait louer le second étage. M. Lapeyre (Note : Directeur de la manufacture des toiles à voiles, trésorier de l'hôpital civil en 1741. Cessa ses fonctions sur l'observation de l'Intendant de la marine, attendu qu'il était employé dans la manufacture), avocat du Roy et de la Communauté, objecta qu'il ne convenait pas d'avoir des gens au-dessus de soi pour interrompre la Communauté. M. Duval-Soarez, sénéchal, interpella Lapeyre de déclarer ce qu'il entendait par le mot gens, et si, en l'employant, il ne tendait à apostropher Messieurs les juges parce qu'ils avaient proposé d'y établir l'auditoire pour l'exercice de leurs juridictions.

M. Lapeyre répondit qu'il n'avait point eu l'intention d'apostropher M. le sénéchal ; qu'il avait seulement entendu parler des locataires qui, habitant au-dessus de la Communauté, l'auraient troublée dans ses délibérations et assemblées, ce qu'il répéta à plusieurs fois.

Le sénéchal voulut à plusieurs reprises imposer silence à M. Lapeyre, parce qu'il prétendait lui manquer de respect. « Me connaissez-vous ? lui dit-il. Si vous ne me connaissez pas, je vous apprendrai à me connaître ».

Sensible à cette façon de lui, parler, M. Lapeyre répondit au sénéchal qu'il le connaissait pour M. Duval ; qu'il ne lui avait jamais manqué de respect et qu'il le priait de ne pas lui manquer de son côté.

Le bailli — Guyot-Kermo — se levant alors, et s'adressant au sénéchal, lui dit en montrant Lapeyre :

Ne voyez-vous pas à ses gestes qu'il continue à vous manquer ?

M. Jourdain, ancien maire, par commission, se leva à son tour et appuya les paroles du bailli. Leur intervention contribua à aigrir les esprits au point que le sénéchal menaça plusieurs fois M. Lapeyre de le faire coffrer pour lui apprendre à le reconnaître comme son supérieur, en ajoutant qu'il ne devrait point se trouver aux assemblées après son dîner.

— Quant aux menaces que vous faites de me faire coffrer, répartit Lapeyre, exécutez-les et vous verrez ce qui en résultera. Mon dîner ne m'a dérangé aucunement, et, depuis vingt ans que je suis à Brest, on ne m'a jamais vu dans le moindre dérangement.

Là-dessus, le sénéchal sortit et appela un archer, qu'il chargea d'aller chercher la garde pour mettre M. Lapeyre en prison.

Le maire et la Communauté lui représentèrent qu'il ne convenait pas qu'il fît venir la garde pour prendre un de ses membres et qu'il était très mauvais qu'il donnât de pareils ordres. Le maire fit tout ce qu'il put pour calmer les deux antagonistes et laisser la Communauté délibérer sur sa remontrance. - Délibération.

Le sénéchal et le bailli reprirent leur place, mais ils se retirèrent presque aussitôt, entraînant avec eux M. Jourdain, ancien maire et lieutenant-général du siège de l'amirauté.

La Communauté dressa procès-verbal de ces faits, sous la réserve de se pourvoir vers qui de droit pour avoir raison de l'insulte qui lui avait été faite dans la personne de M. Lapeyre, lequel, de son côté, demanda acte de ce qu'il n'est nullement pris de boisson.

Statuant ensuite sur l'exposé du maire, la Communauté déclara être d'avis de payer aux héritiers du marquis de Crèvecoeur ce qui est dû pour tout le temps que la Communauté a eu l'Hôtel Saint-Pierre à sa disposition (Note : L'Intendant fixe à 1.500 livres le prix de location de l'Hôtel Saint-Pierre pendant le temps que S. A. S. le comte de Toulouse y a logé. — Délibération du 9 octobre 1750).

A l'égard de l'acquisition proposée, bien que les fonds de la Communauté soient épuisés par les travaux publics qu'elle a exécutés ou qui restent à faire, comme M. l'Intendant paraît désirer qu'on fasse l'acquisition dont il s'agit, elle veut bien y consentir, afin de pouvoir loger MM. les généraux de la Province et les autres personnes auxquelles on est tenu de fournir un logement convenable, afin aussi d'avoir un Hôtel de Ville, et ce moyennant une rente annuelle de 1.800 livres, en principal de 36.000 livres remboursables en deux paiements égaux ou en un seul, parce qu'au moyen du paiement de la rente ou du capital, la Communauté sera déchargée de tous droits d'amortissement, indemnités, lods et ventes qui pourraient être dus au Roi pour le fait de cette acquisition (Note : Analyse de la délibération du 16 mars 1750, due à la plume de M. Levot. La Communauté termina la séance en décidant que désormais messieurs les Juges ne seraient plus convoqués aux assemblées de la Communauté, le Maire ayant seul le droit de les présider, suivant les déclarations du Roy et les arrêts de son Conseil).

Acquisition de la maison de Mme veuve Crèvecœur pour y établir les salles des Gardes du Pavillon-Amiral et de la Marine.

Mme de Crèvecœur, en même temps qu'elle s'adressait à la Communauté de ville, avait sondé également le Département de la marine.

Le 29 août 1751, le Ministre de la marine, M. de Rouillé, adressait au port la dépêche suivante : « Le Roi a approuvé l'acquisition qui lui a esté proposée de l'Hôtel de Saint-Pierre pour y établir les salles des Gardes de la marine, et celle de la maison de Serquigny pour loger le Commandant du port. Vous pouvez, dès à présent, passer le contrat pour le premier achat, et je compte que vous ferez en sorte d'avoir cet Hôtel au-dessous de 40.000 livres ; il sera, aussi, nécessaire que vous stipuliez que le montant de l'achat ne sera payé que dans les premiers mois de l'année prochaine. Quant à la maison de Serquigny, etc, etc .. ». Cette dernière maison est la même que la propriété, se composant de deux maisons, que le chef d'escadre de Béthune fit édifier sur l'emplacement d'un des six vieux fours de Troulan. Voici la situation de ces anciens fours :

1° emplacement. — Occupé par l'ingénieur Siméon Garangeau. Il commençait un peu avant le terrain de la Bibliothèque du port et se prolongeait jusqu'à l'angle formé par la Grande Rue et celle de la Voûte ; il faisait retour sur cette rue, non encore ouverte.

2° emplacement. — Concédé successivement aux deux frères de Massiac, ingénieurs : à Pierre, sieur de Sainte-Colombe, et, à son décès, le 11 novembre 1682, à Barthélémy, sieur de Kerebest. Il était à la suite du précédent terrain et se dirigeait vers l'arsenal. Sur la droite, à une certaine distance, on apercevait un jardin disparu lors de la construction du bureau de l'Inscription maritime, élevé sur l'emplacement de l'ancien bureau des Classes de 1681. Entre les deux points ci-dessus indiqués passait une rue longeant toute la corderie et permettant d'accéder à la tête de la forme ou bassin. Le reste du terrain est, en 1911, la maison numérotée 4 rue de la Voûte.

3° emplacement. — Accordé au Commissaire de la marine, François d'Orinville, révoqué de ses fonctions le 17 juin 1684 ; — puis au Commissaire de la marine Jean-Paul Courtin, qui en fit la vente à Claude Pocquelin, commis du Trésorier général de la marine, à Brest. Il était situé en face de la concession de Massiac, mais le terrain s'arrêtait bien avant l'alignement de notre Grande Rue.

4° emplacement. — Deux maisonnettes servant de bureau et de logement particulier à Louis de Lubert, Trésorier général de la marine, à Brest.

C'est en 1911 la maison 73 A, derrière celle numérotée 73 (Grande Rue).

5° emplacement. — Terrain de Claude Olivier, Commissaire et Médecin de l'hôpital, mort le 13 février 1722.

C'est le terrain en arrière de la maison numérotée 61 en 1911.

6° emplacement. — Sur cet emplacement s'élevaient la grande et la petite maison du chef d'escadre de Béthune. A une époque qui ne peut être indiquée, de Béthune céda sa propriété au chef d'escadre d'Aché de Serquigny, mort le 7 décembre 1713. La Marine en fit l'acquisition le 18 novembre 1751 et vendit la petite maison, le 8 octobre 1777, à M. Malassis, propriétaire voisin, qui la fit comprendre dans celle portant en 1911 le n° 63, dans la Grande Rue. Cette maison est séparée de l'hôtel Serquigny, en 1911 l'Intendance maritime, par un bâtiment connu sous le nom de Rotonde. C'était la chapelle de l'Intendant ; elle fut construite en 1787 ou 1788 par M. Trouille.

Les héritiers de Crèvecœur étaient :

La veuve Catherine Fargès, comtesse de Luzilbourg ;

Françoise, fille aînée, épouse de Charles-Claude de Brosses, comte de Tournay, baron de Montfalcon, seigneur de Preigny, président au Parlement de Bourgogne ;

Les deux filles mineures, Aglaé et Henriette.

La maison était grevée d'une rente de six livres, perpétuelle et inaliénable, en faveur de la famille du Froutven.

Le prix d'achat fut fixé à 40.000 livres.

L'état des lieux était le suivant :

1° Un grand corps de logis formé d'un rez-de-chaussée, deux étages et mansarde ; il avait 120 pieds de face et 33 de profondeur ;

2° Une cour située sur la rue de Siam ;

3° Une cuisine, une écurie et un pavillon ayant au bas une remise et au-dessus une chambre et deux petits cabinets. Ces bâtiments s'étendaient sur les ailes du corps de logis principal des deux côtés de la cour ;

4° De petites maisons situées au-devant de la basse cour, dans laquelle se trouvaient un appentis, une rôtisserie (Note : Celle qui fut installée lors de la venue du duc de Penthièvre, en 1747), les vestiges d'une glacière et un four ;

5° Un jardin ou terrasse, au midi de l'hôtel (286 pieds de longueur sur 120 de largeur) ;

6° Un jardin potager (180 pieds de long sur 65 de profondeur).

Le 20 juin 1752, M. de Bergevin [Note : François, ancien avocat, Procureur du Roi et subdélégué de l'Intendant de Bretagne pour l'évêché de Léon (1751)], procureur du Roi à la Sénéchaussée royale de Brest, demande au Ministre la cession de 40 toises de face du jardin potager de l'hôtel Saint-Pierre, soit en pur don, en considération des services que son état le met à même de rendre à la marine, soit en le chargeant de la rente foncière de tout le terrain, ou en payant suivant l'es­timation qui en serait faite par les ingénieurs.

Le 30 juillet, le Ministre accepta la cession, à la condition que Bergevin acquitterait à perpétuité la rente foncière dont le fonds de l'Hôtel était chargé envers le sieur du Froutven. « Vous pouvez, disait le Ministre, insérer cette clause dans le contrat d'acquisition, ainsi que vous le proposez ».

Les titres de propriété de l'Hôtel furent expédiés à Paris, le 10 décembre 1753, pour le dépôt en être fait à la Cour des Comptes.

L'état de prévision des dépenses du port, pour l'année 1754, comportait une somme de 40.000 livres pour travaux d'installation des Gardes de la marine. L'article fut, réduit à 20.000 livres. L'on avait déjà commencé la construction de l'aile en retour sur la rue de Siam : la continuation du travail fut autorisée par la dépêche qui suit :

« 24 juillet 1755.

Les éclaircissements qui m'ont été donnés au sujet de l'hôtel Saint-Pierre me suffisent, et je consens à ce que l'on continue l'aile commencée l'année dernière, avec l'observatoire (Note : Dans une lettre de M. Larcher, directeur des fortifications et adressée au duc d'Aiguillon, en date du 25 novembre 1764, on lit : « Est indispensable le changement de la couverture de l'observatoire de l'hôtel des Gardes de la marine, dont on ne peut faire usage à présent, à cause de la difficulté des manœuvres pour le faire tourner ». Un arrêté des Représentants du Peuple du 7 Ventôse an II — 25 février 1794 — prescrivit d'installer l'observatoire dans le jardin de l'ancienne Intendance — Maison de Serquigny — ; une tour de 12 pieds de diamètre sur 20 pieds de hauteur, avec un toit tournant) ; mais quant à la petite maison attenant au terrain de l'hôtel, on doit se restreindre seulement à l'achat de la partie du jardin qui fait face au bâtiment neuf et qui est marqué en jaune dans le plan qui m'a esté adressé. Vous pourrez aussi faire travailler au mur d'enceinte au bout de la terrasse, que vous jugez nécessaire pour enfermer le terrain appartenant au Roy, et dont la dépense ne doit monter qu'à 1.920 livres ».

Le 14 mai 1756, il fut procédé à l'achat d'un petit terrain en vue d'augmenter la place d'armes pour les évolutions des deux Compagnies de Gardes du pavillon-amiral et des Gardes de la marine.

La première de ces compagnies était commandée par le comte Cousages-Larochefoucault (Né à Aix, Garde de la marine en 1735, enseigne de vaisseau 1738, aide-major 1741, a opté lieutenant de vaisseau en 1746, capitaine de vaisseau 1747, commandant la Compagnie des Gardes du pavillon-amiral 1755, chef d'escadre 1764, lieutenant-général 1769, vice-amiral ès mers du Ponant 1782, mort le 7 mars 1784) et la seconde par M. de Chézac (Paul-Ozée Bide, chevalier, seigneur de Chézac, né à La Rochelle. Garde de la marine 12 décembre 1721, enseigne de vaisseau 1731, lieutenant de vaisseau 1741, capitaine de vaisseau 1751, mort à Brest le 23 mai 1764).

 (à suivre).

A. KERNEIS (1911)

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