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L'église Saint-Louis de Brest durant le Consulat

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Nous venons de voir combien la Révolution avait été désastreuse pour l'église de Saint-Louis. Mais nous avons en même temps constaté que, dès qu'elle fut rendue au culte catholique, un élan unanime entraîna la Municipalité et les habitants de Brest à réparer toutes ces ruines accumulées. 

L'église de Saint-Louis de Brest pendant le Consulat de l'Empire

Dons de Napoléon. — Pendant le Consulat et pendant l'Empire, comme nous l'avons déjà dit, Napoléon Ier, secondé en cela par les maires Pouliquen  (1800 à 1802) et Tourot (1802-1808), aida puissamment à la restauration de Saint-Louis.

Informé du désir qu'avaient des personnes pieuses de Brest de placer dans l'église deux nouvelles statues de Charlemagne et de saint Louis, le ministre des Cultes Portalis fit savoir, le 13 mai 1805, que l'empereur avait autorisé l'exécution de ce projet.

« Sa Majesté, écrivait-il, a décidé en ce qui concerne la statue de Charlemagne, qu'afin qu'elle soit digne de son objet et autant perfectionnée que possible, on emploierait pour cette statue seule les fonds recueillis pour les deux, qu'à l'égard de la statue de saint Louis, Sa Majesté s'en chargerait elle-même et donnerait des ordres pour la faire, élever à ses frais ».

Le sculpteur Collet. — M. Collet, sculpteur en chef au port de Brest, fut, en conséquence, chargé d'exécuter les ordres de l'empereur, et grâce au désintéressement du statuaire, ces deux belles statues ne revinrent qu'à 1.800 francs.

Du reste, depuis 1796, on avait beaucoup travaillé à Saint-Louis ; il avait fallu réparer et reconstituer tout ce que la Révolution avait détruit ou abîmé. On avait dû, entre autres choses, démolir le plancher qui séparait l'édifice en deux étages, enlever l'escalier tournant et dégager le maître-autel qu'il enveloppait. Napoléon en fit restaurer le tabernacle, qui avait été endommagé pendant la Terreur. Depuis, en 1835, on remplaça ce dernier par un nouveau, en bronze doré, grand et de style Louis-Philippe, et qui contraste fâcheusement avec les marbres de style Louis XV qui l'encadrent.

De tous côtés on imita la générosité de l'empereur. Il y eut des dons nombreux et d'importantes souscriptions, et même des restitutions secrètes, pour reconstituer le mobilier de l'église, pillé et dévasté de 1792 à 1795.

De plus, on attribua à Saint-Louis bien des objets ayant appartenu à d'autres temples chrétiens. C'est ainsi que lui arrivèrent le tableau de Bounieu, représentant le martyre de sainte Félicité et de ses sept enfants, qui ornait autrefois le maître-autel de l'église des Sept-Saints. Elle eut aussi de la même église une superbe réplique de L. Carrache, représentant la Nativité de Saint-Jean-Baptiste. L'église reçut également les stalles du choeur, en chêne sculpté, provenant de l'abbaye de Landévennec ; l'autel de la chapelle du Couvent des Dames de l'Union chrétienne ; le baldaquin du maître-autel de cette chapelle fut longtemps placé au-dessus des fonts baptismaux. Quant à ces fonts baptismaux, en marbre superbe, don du roi Louis XV, ils avaient été sauvés par miracle des hécatombes de la Terreur.

Malgré tout, il restait bien des ruines à réparer et la fabrique s'y dévoua sans compter ni sa peine ni sa dépense.

L'Ingénieur en chef Trouille. — Elle consacra 1.400 francs à la peinture du plafond. Elle confia à l'ingénieur-architecte Trouille, moyennant 2.000 fr., la réfection du banc-d'oeuvre. Le même architecte, conjointement avec le sculpteur Collet, fut chargé, en 1811, de dresser les plans d'une nouvelle chaire à prêcher. On ne pouvait songer à reconstituer l'oeuvre magnifique disparue en 1793, avec ses nombreuses statues, ses panneaux sculptés, ses riches médaillons, son dôme couvert de roses et la brillante Renommée qui la couronnait (Note : Trouille. ancien membre du Conseil des Cinq Cents, était Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, Directeur des Travaux maritimes à Brest). Le projet adopté ne pouvait être que beaucoup plus simple. Il était de style Empire et l'exécution n'en revint qu'à un peu plus de 6.000 francs.

Cette chaire ne manque pas d'originalité. Elle se compose d'un soubassement rectangulaire en menuiserie renfermant et cachant l'escalier. En avant est placé un demi fût antique formé des faisceaux de colonnettes reliées par trois bagues dorées portant les nuits : Foi, Espérance, Charité. Sur ce fût se dresse un aigle aux ailes déployées supportant la cuve formée d'une balustrade à jour demi cylindrique et gardée à droite et à gauche par deux anges assis, tenant les saints Evangiles et derrière lesquels s'élèvent deux palmiers soutenant l'abat-voix.

Au fond apparaissent les tables blanches de la loi portant, en lettres d'or, les inscriptions suivantes :

1° Qui habet mandata mea et servat ea, ille est qui diligit me ;

2° Si Ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethnicus et publicanus.

A droite et à gauche, à côté des anges assis, on lit :

1° Qui ex Deo est, verba Dei audit ;

2° Qui spernit me et non accipit verba mea, habet qui judicet eum !

Le plafond de l'abat-voix représente le Saint-Esprit planant au centre d'une gloire. A l'origine, la chaire se terminait au sommet du dôme par la couronne impériale de Charlemagne surmontée du globe à la croix d'or.

Tout le monde admira alors cette oeuvre dont la flatteuse allégorie était facile à comprendre. N'était-ce pas l'aigle impériale soutenant et protégeant la vérité et la religion chrétiennes.

Sous la Restauration, on remplaça la couronne par un archange jouant de la trompette sacrée. Toutes les statues, oeuvres de Collet, sont remarquables par leur grâce, leur élégance et le sentiment religieux qui les a inspirées.

Après, la chaire, M. Trouille eut encore à construire, en 1813 et en 1814, les deux autels qui garnissaient les extrémités du transept et dont la Révolution n'avait laissé que des ruines. Il leur donna l'aspect de la façade de deux temples antiques : l'un d'ordre ionique, l'autre d'ordre dorique, et dont le fronton, surmonté de la croix, est porté par quatre colonnes laissant au centre l'emplacement du retable surmontant l'autel. Ce retable est rempli par un tableau religieux couronné d'une gloire et entre les colonnes extrêmes se dressent deux statues.

Ces statues représentent : à l'autel de la Vierge, Marie et Jésus contemplant la croix ; à l'autel des saints Anges, Saint-Raphaël et Saint-Michel.

L'oeuvre de Trouille n'était pas encore terminée lorsque arriva la chute de Napoléon (1814-1815). A ce moment, Brest avait pour maire M. Charles-François Le Gros, qui dirigea la Municipalité de 1808 à 1816.

Dans cette même période, on vit, succéder à l'église Saint-Louis, après M. La Ligne, de 1790 à la fin de la Terreur, curé assermenté :

M. Vincent-Marie Bernicot (1804-1809) ;

M. Rolland-Michel-Marie Le Bescond de Coatpont (1809-1817), nommés curés en vertu du Concordat.

Pendant le Consulat et pendant l'Empire, l'église de Saint-Louis avait joui du calme le plus complet. Les cérémonies religieuses s'y étaient déroulées, suivies, régulières et imposantes, sans qu'aucun désordre ne vint jamais ni les troubler, ni les interrompre.

Il y eut même de belles fêtes. Napoléon, qui était Italien, aimait les pompes militaires et les pompes religieuses. Il les réunissait dans les cinq fêtes protocolaires et surtout à l'Assomption, devenue en même temps saint Napoléon. Les chants religieux et les orgues majestueuses avaient résonné dans de brillantes cérémonies pour célébrer successivement le couronnement de l'empereur, son mariage avec Marie-Louise et la naissance du roi de Rome. Les Te Deum avaient retenti pour répondre au canon victorieux d'Austerlitz, d'Iéna, de Friedland et de Wagram. Mais à la fin du règne, l'anxiété générale avait gagné l'église, les chants funèbres avaient trop souvent remplacé les chants de victoire, et l'on n'avait trouvé aucun élan pour fêter cette paix si désirée, mais qui voyait s'anéantir les fruits de tant de conquêtes, de tant de gloire et surtout de tant de sang versé.

A. DE LORME. Brest, le 18 juin 1911

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