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L'église Saint-Louis de Brest, de 1870 à 1911

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Restaurations (nef, orgue, ...) et état de l'église Saint-Louis en 1911. 

L'église Saint-Louis de 1870 à 1911

Le maréchal Mac-Mahon à Brest. — En 1873, l'Assemblée nationale décida que tous les ans, le jour de l'ouverture des Chambres, des prières publiques seraient dites dans toutes les églises de France. Il en fut ainsi à Saint-Louis, de Brest, jusqu'au jour où ces prières furent supprimées par le Gouvernement de M. Jules Grévy, président de la République française.

Dans l'intervalle, l'évêque avait présidé à la visite à Saint-Louis du maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta. L'évêque lui fit un accueil analogue à celui accordé jadis à Napoléon III, mais avec infiniment moins de pompe et d'éclat (26 août 1874).

Depuis, l'église Saint-Louis n'a plus reçu de visite retentissante.

En 1873, mourait l'abbé Mercier, curé de Saint-Louis depuis 1840. Il eut pour successeur, de 1873 à 1893, l'abbé Hervé-Marie Cloarec, remplacé depuis sa mort par l'abbé François-Marie Roull, le très apprécié principal du collège de Lesneven. Son départ du collège motiva, au Conseil académique de Rennes, les plus éloquents regrets du recteur, M. Jarry.

A la mairie, après M. Joseph-Marie de Kerros fils, maire de 1865 à 1870, avaient siégé successivement MM. Lemonnier (1870-1871), Auguste Penquer (1871-1880), Jean Bellamy (1880-1884), Fallier (1884), Delobeau (1884-1900), Berger (1900-1904), Aubert (1904-1908) et enfin de nouveau le sénateur Delobeau.

Restauration de la nef par M. Jourdan de la Passardière. — En 1880, des restaurations importantes, d'après les plans et sous l'habile direction de M. Jourdan de la Passardière, ancien ingénieur en chef de la Ville de Brest, ont été entreprises à Saint-Louis. Une décoration du style Louis XIV et d'une grande unité de conception a revêtu l'église d'une nouvelle parure. Une riche console couronnant chaque pilastre de l'arcade inférieure supporte un second pilastre élancé, d'ordre corinthien. Le chapiteau de ce pilastre élégamment fouillé et surmonté de son entablement, sert de point de départ aux armatures de la voûte. Celle-ci consiste en un riche plafond de style Louis XIV, divisé en caissons aux reliefs imposants, qui, au croisement de la nef et du transept, forment une rosace centrale du plus bel effet. Des consoles élégantes et fleuries surmontent les croisées, portant des cartouches armoriés, décorés des armes de Brest, de la Bretagne ou des initiales de saint Louis. Ces écussons brillent également aux chapiteaux des arcades et le long des murs. Au-dessus des croisées de la grande nef, sous les panneaux rectangulaires qui les supportent, se déroulent des festons de guirlandes aux roses épanouies, soutenues par des têtes d'anges. Les collatéraux ont une décoration de même style et de même sentiment.

Restauration des orgues. — Cette restauration était à peine terminée, que l'on fit à nouveau réparer, en 1887, les grandes orgues par MM. Stoltz, de Paris. L'instrument, dont le magnifique buffet a été seul conservé, se compose exclusivement de 45 jeux réels, 3 claviers en mains, 1 pédalier complet, 16 pédales de combinaisons, 2.672 tuyaux.

Monument du commandant Fleuriot de Langle. — Puis, le 25 juin 1889, eut lieu le transport dans l'église de Saint-Louis des restes du commandant Fleuriot de Langle, un des compagnons de Lapérouse.

On plaça ces reliques dans le collatéral absidial, à côté de la porte de la sacristie et presque vis-à-vis de la tombe de du Couëdic.

Le monument qui leur est consacré est l'exacte reproduction du tombeau du commandant de la Surveillante. Il porte, surmontés d'une croix, les blasons accolés des Fleuriot et des Kerouartz, timbrés d'une couronne de comte et au-dessous règne l'inscription suivante :

Ici reposent les restes du chevalier.
Paul-Antoine-Marie de Fleuriot de Langle,
Epoux de dame Georgette de Kerouartz,
né le 1er août 1744
au château de Kerlouet, évêché de Tréguier,
Capitaine des vaisseaux du Roy
Chevalier de l'ordre Royal et Militaire
de saint Louis,
Chevalier de l'ordre de Cincinnatus
des Etats-Unis
Membre de l'Académie royale de la Marine de Brest,
Commandant la frégate l'Astrolabe
Dans l'expédition de circumnavigation
aux ordres de l'illustre Lapérouse.
Tué le 11 décembre 1787, par les insulaires de Samoa.

Dans le soubassement on lit :

Mgr Vidal, évêque d'Abydos,
Alors missionnaire, y retrouva ses restes
S. E. le Ministre de la Marine,
Vice-amiral Krantz, les rapatria.
La Ville de Brest les recueillit, en l'église Saint-Louis,
Le 25 juin 1889.
Ses petits-enfants érigèrent ce monument.

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Réfection des vitraux et des chapelles latérales. — Les fenêtres de la nef et celles des bas-côtés ont été garnies de vitraux en 1899. Ceux de la nef retracent la vie miraculeuse de Jésus. Ceux des collatéraux représentent les principaux saints de la Bretagne Armorique. Ce sont, en descendant l'église, du côté de l'Evangile : saint Corentin, saint Judicaël, saint Guénolé et saint Médard. Du côté de l'Epître se trouvent saint Pol Aurélien, la bienheureuse. Françoise d'Amboise, saint Yves et saint Trémeur.

Vers la même époque, on restaura l'autel de Notre-Dame des Victoires, situé à droite en entrant, à l'extrémité du bas-côté et orné du grand tableau dû à Louis XVIII, et l'on refit également l'autel de sainte Philomène au sommet de l'abside encadré par deux vitraux représentant sainte Philomène et sainte Barbe. A côté se trouve une curieuse statue de Notre-Dame du Folgoët, datant du XVII siècle.

On procéda ensuite à la réfection totale des autels latéraux de l'abside.

Le premier, du côté de l'Epître, après l'autel des Saints-Anges, a été offert par Mme Bontoux. Il est dédié au Sacré-Coeur de Jésus. Le vitrail qui l'éclaire représente l'apparition du Sacré-Coeur de Jésus. Cet autel est du néo-bysantin moderne, il est en marbre blanc, son retable est doré et fleuri, son tabernacle est surmonté d'une très belle statue de Jésus enseignant en ouvrant son coeur.

Sur le seuil, on lit dans le dallage, l'inscription suivante, formant mosaïque.

Discite a me quia mitis suie et humilis corde 

Jugum meum suave est, et onus meum est leve.

L'autel suivant a été offert à l'église par la famille B. de Kerros. Il est dédié à saint Joseph. Le vitrail qui l'éclaire représente ce saint. C'est un autel moderne polychrome, au rétable peint, décoré de lis et d'hermines d'or. Un groupe de même style, représentant Joseph guidant l'enfant Jésus, en couronne le tabernacle.

De l'autre côté du choeur, près du vitrail de saint Vincent de Paul, on a remplacé l'ancien autel de Notre-Dame de la Pitié par l'autel de Notre-Dame de Lourdes, offert par la famille de Coatpont. C'est un autel Renaissance moderne ; au rétable doré et fleuri, orné de bas-reliefs polychromés et surmonté d'une niche contenant la statue de Marie foulant aux pieds le serpent. Le vitrail représente la Vierge au pied de la croix.

L'autel adjacent, neuf également, a été donné à l'église par le chanoine Guillard. C'est encore de la Renaissance moderne en marbre blanc, orné de colonnes en marbre rouge veiné. Le retable est décoré d'hermines d'or et des lettres S et A en or, entrelacées. Sur le tabernacle est érigé un très joli groupe en marbre blanc représentant sainte Anne enseignant Marie enfant. Quant au vitrail, il est consacré à saint Joachim, époux de sainte Anne.

Les lampadaires. — Peu après, de superbes et hauts lampadaires, en bronze doré, posés sur la balustrade qui court entre les piliers de la nef, ont terminé la somptueuse décoration de l'église. Récemment, on y a ajouté une croix au fût élancé de Kersanton, portant un Christ en marbre blanc, souvenir de la Mission de 1909 et, vis-à-vis, la blanche statue de Jeanne d'Arc tenant son étendard et invoquant Dieu avant de combattre.

La deuxième sacristie. — Mentionnons la seconde sacristie, construite dans l'abside du côté de l'Evangile, éclairée par un plafond lumineux, représentant l'Assomption et décorée des écussons armoriés de Léon XIII, de Pie X et de Mgr Duparc. Au plafond on retrouve les armoiries de Léon XIII et celles de Mgr de la Marche.

Tombeau de Gilles de Texue. — Le 11 juillet 1898, lors des travaux de réfection du pavage de l'église, des ouvriers découvrirent derrière le maître-autel une pierre tumulaire dont la face avait été renversée contre le sol. La dalle de Kersanton retournée laissa voir un sujet sculptural parfaitement conservé. Un chevalier, tête nue, le visage rasé, est couché, les mains jointes sur la poitrine ; deux anges soutiennent un voile sur lequel repose sa tête. Ses pieds s'appuient sur un lion tenant un écu.

L'examen de l'écu, qui est seulement chargé d'un chef et les détails précis du costume, permirent à M. Jourdan de la Passardière d'identifier le personnage ainsi représenté.

Ce serait, d'après lui, Gilles de Texue, gouverneur de Brest en 1500, et dont la famille s'est éteinte au XVIème siècle.

Service pour les victimes du cuirassé Liberté.

Il y a quelques jours à peine, le 11 octobre 1911, la Ville de Brest, en deuil, célébrait les funérailles des victimes du cuirassé Liberté.

Ce jour-là, les portes de l'église Saint-Louis s'ouvrirent, dès le matin, à une foule émue et recueillie venant s'associer à ses prières et pieusement assister à la messe solennelle chantée pour appeler la miséricorde divine sur ces héros morts pour la Patrie.

L'église était comble. Elle avait revêtu sa parure des grands jours de deuil national.

Sur ses pilastres, sur ses arcades, sur ses murs et sur ses autels, les trois Couleurs françaises se mariaient aux tentures noires bordées et lamées d'argent. Le choeur était éblouissant de lumières.  

Mgr Duparc, évêque de Quimper et de Léon, présidait, assisté par les chanoines Roull et Martin, curés de Saint-Louis et du Mont-Carmel, entourés d'un nombreux clergé ; le chanoine Cogneau, grand vicaire, officiait.

Dans la nef, à côté des familles éplorées, se tenaient l'amiral de Marolles, préfet maritime ; le sénateur-maire Delobeau, des sénateurs, des amiraux, des généraux, le Conseil municipal, les autorités civiles et militaires, toutes les sociétés patriotiques, un très grand nombre d'officiers des armées de terre et de mer et une foule compacte d'habitants et d'étrangers.

Aux prières du prêtre se mêlaient les chants douloureux et émouvants de la maîtrise et, dans les intervalles, l'orgue retentissait de ses accents les plus déchirants.

Ces chants, ces prières, ces larmes semblaient évoquer les âmes en deuil de la Bretagne et de la France, planant au-dessus de l'auditoire prosterné.

Après l'Evangile, l'évêque monta en chaire et dans une superbe envolée inspirée par ce que l'éloquence chrétienne a de plus élevé et de plus consolant, il prononça l'allocution suivante, dont nous extrayons les lignes les plus importantes :

Mes frères,

La Marine et la Ville de Brest font aujourd'hui à leurs morts un accueil grandiose.

L'Eglise veut joindre ses prières à leurs hommages. Si elle intervient ici, ce n'est pas pour supplanter la Patrie en accaparant les victimes qui ont su si bien mourir à son service, mais pour achever son oeuvre, en donnant à ses regrets une valeur religieuse, en enveloppant son deuil d'immortelles espérances, et en ajoutant aux honneurs de ce monde les pieux suffrages qui hâtent dans l'autre vie la délivrance des âmes et leur procurent ainsi la seule gloire qui soit durable, car elle déborde nos horizons pour atteindre ceux du Ciel.

C'est à cette intention que nous vous avons convoqués ce matin au pied des saints autels.....

Cette messe a pour nous tous une poignante éloquence, mes frères.

Toutes les messes sont éloquentes, puisqu'elles expriment à Dieu l'adoration, le repentir, la reconnaissance et l'espérance de la pauvre humanité. Et c'est par Notre-Seigneur Jésus-Christ mort en croix et renouvelant sur l'autel son sacrifice que ces sentiments et ces pensées sont portés au Père qui est dans les cieux.

Mais toutes les messes ne sont pas dites pour tant de morts rassemblés, pour tant de jeunesse fauchée en même temps, pour tant de bravoure unie à tant de sang-froid, pour tant de coeurs meurtris, pour tant de familles affligées et pour un peuple tout entier plongé dans le deuil ........

Et, puisque chaque messe parle un langage divin, auquel s'associent ceux pour qui la messe est dite, il me semble que dans cette adoration, ce repentir, cette reconnaissance, cette prière qui vont être religieusement traduits par le prêtre à l'autel, nos morts, dans le silence de leur tombe entr'ouverte, nous parlent eux-mêmes en union avec N.-S. Jésus-Christ.

Ecoutons-les, mes frères... Laissez-moi vous dire aujourd'hui comment nos morts parlent à Dieu. Leurs paroles seront pour nous réconfortantes .......

Et dans un magnifique langage, l'évêque développe alors cette triple pensée :

La première parole des morts est une parole d'adoration, la seconde une parole d'expiation, et la troisième, la plus forte, une parole de reconnaissance et d'espoir, et il conclut en ces termes : ...... L'avenir, les intéresse encore plus que le présent ; et c'est pourquoi, tandis que nous prions ici pour eux, ils prient eux-mêmes, pour vous sans doute d'abord, parents chrétiens, mais aussi pour la France qu'ils ont aimée et servie. Ils réclament pour elle toutes les bénédictions qui font les peuples sages, celles de l'ordre naturel et celles de l'ordre surnaturel, les bénédictions en temps de paix, et, s'il le fallait, hélas ! les bénédictions en temps de guerre, l'honneur dans la pratique du devoir, l'harmonie des classes sociales dans l'intelligence des lois chrétiennes et la fidélité au Dieu qui lui fut toujours fidèle ! 

Voilà peut-être, parmi toutes les paroles que traduit cette messe, celle qui leur tient le plus au coeur et qu'ils répéteront le plus fréquemment dans l'autre vie.

En retour, nous continuerons à porter devant Dieu leur souvenir. Ce ne sera pas la prière d'un jour. Leurs funérailles vont s'achever après quinze longues journées d'attente. Mais le deuil ne sera pas fini. Nous serons fidèles à leur mémoire.

Si nous pouvions l'oublier, il nous suffirait de voir la marine et l'armée toujours actives et prêtes au devoir, pour penser, aux morts en même temps qu'à leurs frères d'armes, et pour unir dans nos sentiments ceux qui ne sont plus et ceux qui continuent leur oeuvre avec une vaillance admirée de la France entière et bénie de Dieu.

CONCLUSION

Ici s'arrête l'histoire de l'église Saint Louis.

Plusieurs siècle se sont écoulés depuis le jour où l'évêque de la Brosse en posa la première pierre.

Dans ce long intervalle, que de vicissitudes, que de difficultés, que de dévastations et que de ruines pour l'église et pour les fidèles. Mais le dévouement, la persévérance, la foi des générations successives ont surmonté tous les obstacles et tous les périls.

Chacune de ces générations a construit son assise et, pour cela, chaque habitant de Brest a dû porter son obole. De riches donateurs, la marine, des souverains ont contribué à embellir l'oeuvre populaire et, en 1911, l'église presque achevée, se dresse complète et triomphante.

Certes, nous ne pouvons la comparer aux splendides cathédrales qui ornent le sol de la France d'une si éblouissante parure ; cependant, contemplons la avec émotion et avec fierté ; car cette noble église est pour nous riche de grands souvenirs et de hautes pensées.

Ses murailles sacrées ont vibré à toutes les émotions de la Cité, ses voûtes ont retenti de l'écho de toutes les gloires et de tous les malheurs de la France.

La s'y sont sanctifiées, tour à tour, la Naissance, la Vie et la Mort.

Les milliers de chrétiens qui ont vécu à Brest depuis le règne de Louis XIV y ont donc connu les plus pures et les plus pieuses joies, les plus divines et les plus fortifiantes consolations et aussi les plus radieuses et les plus célestes espérances.

APPENDICE

Une visite à l'église Saint-Louis vers 1911

En pénétrant par le grand portail dans l'église Saint-Louis, de Brest, on aperçoit tout d'abord l'ensemble imposant de la nef. A l'extrémité se dresse le maître-autel avec ses quatre colonnes antiques et son riche baldaquin.  

La nef. — Nous avons déjà décrit la nef, ses vitraux, ses balustrades, sa chaire et ses lampadaires. Cependant, en avançant, on pourra jeter un coup d'oeil sur la statue de Jeanne d'Arc adossée au deuxième pilier de gauche et faisant vis-à-vis à la croix de Mission.

Sur les piliers suivants se font vis-à-vis le beau tableau de sainte Félicité et de ses sept enfants martyrs, et une copie de la sainte Famille, dite de François Ier, par Raphaël, donnée par l'auteur, M. de Vimont.

Quant aux huit candélabres qui complètent d'une façon si heureuse la décoration de la nef centrale, et reposent sur les galeries de clôture de cette nef, ils y ont été placés en 1900.

Les modèles des maquettes imposées par le style des deux grands chandeliers du choeur ont été dessinés par M. Ely-Labastire, fournisseur, et exécutés par la plus grande fabrique de bronzes d'église de Lyon.

Chaque candélabre mesure 2m50 de hauteur sur un mètre de diamètre et est composé d'une tige centrale reposant sur un pied à trois branches en bronze massif, surmonté d'une forte lampe et de trois grands rinceaux richement découpés et supportant également une lampe du même calibre.

Chacun de ces candélabres porte la signature de son auteur et la date de son exécution.

Le banc-d'oeuvre a perdu, en 1830, une partie de sa décoration primitive exécutée sous Charles X et revêtue de fleurs de lis d'or et des armoiries du roi.

Cependant, il faut remarquer le beau crucifix et les chandeliers qui le décorent. Ces chandeliers sont une réduction de ceux du maître-autel.

En arrière, on a remplacé le rétable sculpté et fleurdelisé par un beau tableau qui reproduit une des belles oeuvres de L. Carrache, représentant la naissance, de saint Jean-Baptiste.

Ce tableau, restauré en 1833, provient de l'ancienne église des Sept-Saints.

Le choeur. — On peut, avant de pénétrer dans le choeur, examiner les deux belles statues de Collet, représentant saint Louis et Charlemagne, offertes pour moitié par l'empereur Napoléon Ier. Ces deux statues, dont le style s'associe majestueusement à celui de l'église, sont placées à gauche et à droite des marches qui accèdent à la grille de communion.

Cette dernière porte encore, dépouillées de leurs fleurs de lis d'or en 1830, deux croix de saint Louis rappelant la donation, par les chevaliers de saint Louis, en 1759, de la grille primitive détruite sous la Terreur.

Il faut admirer le somptueux maître-autel en marbre rouge si merveilleusement encadré par les colonnes grecques de la Cyrénaïque antique, et le riche baldaquin de Frézier. On remarquera forcément les belles incrustations en bronze doré qui ornent le maître-autel, les angelots et les fleurons d'angle et au centre le superbe médaillon montrant saint Louis prosterné devant la couronne d'épines.

Nous avons déjà parlé des grands chandeliers, des deux candélabres et de la croix en vermeil qui complètent ce bel ensemble. Sur le socle de la croix on aperçoit en bas-relief : le Christ et les disciples d'Emmaüs. Sur les plus grands chandeliers sont des médaillons en ronde-bosse montrant saint Louis adorant la couronne d'épines et un Agnus Dei.

Citons ici la superbe lampe du sanctuaire en bronze doré ; trois angelots, merveilleux de fini et d'élégance, en soutiennent les chaînes de suspension et la cuve porte trois médaillons représentant la couronne d'épines, saint Dominique et sainte Thérèse ; tout autour courent des guirlandes de roses et de fleurs d'une perfection achevée.

Tous ces bronzes sont signés : Lecler, fondeur du roi, rue de la Féronnerie (1759).

Aux deux extrémités de la grille de communion sont deux élégantes crédences en forme de consoles de bois doré : l'une, Louis XV, du côté de l'Epître, enrichie de guirlandes de roses et surmontée d'un plateau en marbre brèche ; l'autre, du côté de l'Evangile, de style Louis XIV, orné d'un marbre analogue et décorée de superbes mascarons.

Que dire du lutrin, signé lui aussi Lecler (1759), oeuvre magnifique en bronze doré. Son soubassement, aux courbes élégantes, s'épanouit par trois pieds en volutes, sur lesquels sont assis trois, enfants nus jouant des instruments de musique.

Dans chacun des panneaux était enchâssé un médaillon. Un seul subsiste en 1911, nous montrant encore une fois l'image de roi saint Louis portant la couronne d'épines ; les deux autres, enlevés en 1793, ont été remplacés par des disques unis. Tout autour se déroulent des fleurons, des rinceaux, des guirlandes de fleurs. Au-dessus s'élève le corps de même forme, mais aminci, enrichi également de fleurons, et de guirlandes, s'évasant en chapiteau ionique à triple volute et couronné par l'aigle symbolique. C'est une pièce de choix, véritable chef-d'oeuvre inestimable.

En arrière, à droite et à gauche, sont les stalles de Landévennec, et au fond, les petites orgues encadrant la croix de Mission.

Deux tableaux décorent le choeur : l'un, donné en 1837 par l'auteur, et d'après le Corrège, représente la Vierge soutenant le cadavre de son divin fils ; l'autre, signé Perrot, est consacré au Sacré-Cœur de Jésus.

La sacristie. — Si l'on quitte le choeur pour pénétrer dans la sacristie, on sera vivement intéressé par les magnifiques lambris qui tapissent les murs de cette pièce, oeuvre du plus pur et du plus élégant style Louis XV, remarquable par un magnifique Christ enchâssé et les angelots qui planent dans les nuées au-dessus de la tête du divin crucifié.

Les collatéraux. — Derrière le choeur, dans le collatéral absidial se trouve l'autel de sainte Philomène, dont la statue, couchée, est placée au-dessous de la table de l'autel dans une châsse vitrée. Sur cette table est placé un Christ curieux et légendaire, en avant duquel se dresse l'originale statue de saint Expédit. A côté sont sur des consoles les statues de saint Roch, de sainte Elisabeth de Hongrie, de saint François, et un peu à gauche la vieille statue de Notre-Dame du Folgoët, datant du XVIIème siècle. Enfin, dans une niche creusée au-dessus de l'autel est placée la statue de Notre-Dame du Sacré-Coeur.

C'est dans cette partie de l'église que se trouvent les tombeaux de Mgr Graveran, du commandant du Couëdic et du chevalier Fleuriot de Langle.

Si l'on descend le collatéral absidial du côté de l'Evangile, on rencontre les chapelles déjà décrites de l'Immaculée Conception et de sainte Anne : près d'elle, dans le bas-côté se trouvent une statue polychromée de saint Antoine de Padoue, une statue de saint Joseph et un très curieux Ecce homo datant du XVIIème siècle.

L'autel de la Vierge est orné d'une lampe de sanctuaire et de chandeliers qui sont des répliques réduites de ceux du maître-autel. Il est complété par les statues de la Vierge et de saint Jean. Son retable est rempli par un très beau tableau de Marie soutenant le cadavre du Sauveur et les deux superbes confessionnaux qui l'avoisinent portent, entourées de Petits anges, deux statues de grandeur naturelle symbolisant la Foi et l'Espérance.

Au bas du collatéral sont placés les fonds baptismaux, en marbre rouge, donnés par Louis XV. Ils sont encadrés par une colonnade circulaire et la chapelle est décorée par un tableau du XVIIIème siècle représentant le baptême de Jésus-Christ.

Dans le collatéral absidial de l'Epître on rencontre, en quittant la sacristie et à côté des autels de saint Joseph et du Sacré-Coeur de Jésus, les statues de saint Labre, du curé d'Ars, de saint Antoine de Padoue et une très belle sainte Marguerite du XVIIème siècle. Près d'elle est un tableau offert par Mme Sénard, le 18 août 1870, en mémoire de son mari, et représentant, d'après Vien, un évêque exhortant saint Laurent au martyre.

L'autel des Saints-Anges est dans l'ordre dorique la reproduction de l'autel de la Vierge. Les lampes du sanctuaire, les chandeliers sont semblables. A côté de la superbe toile de saint Michel, d'après Raphaël, qui orne le retable, se dressent les groupes de saint Raphaël et de saint Michel-Archange. Les deux confessionnaux voisins sont surmontés par les statues de la Charité et par celle du Christ enseignant.

Au bas du collatéral droit est la chapelle de Notre-Dame de Toute-Joie avec le grand et beau tableau de Louis XVIII, la statue de la Vierge ornée de la couronne royale et les deux statues de saint Louis de Gonzague, et de saint Joseph.

Les orgues et la tour. — Il ne reste plus, avant de sortir de l'église, qu'à visiter les grandes orgues et leur superbe buffet et à gravir le rude escalier de la tour pour contempler de la terrasse supérieure, un magnifique panorama de Brest, de son port, de sa rade et de ses environs.

0n peut même, de cette hauteur, évoquer par la pensée le cadre primitif des événements à travers lesquels s'est déroulée l'histoire du grand port militaire et de son église.

On peut y faire renaître le Brest d'il y a plusieurs siècles. Au premier plan des champs, des vergers, des jardins, des bois, la campagne. Ça et là des manoirs, les uns rustiques, les autres seigneuriaux ; le castel de Kéravel, au bout de la rue de ce nom ; celui de Tronjoly à la place de la chapelle de la Marine, les manoirs de Kérabécam, de Kerneguès à l'entrée de la rue de Paris ; puis Kéroriou, puis l'église ; le cimetière et les restes de la bastille de saint Sébastien à la sortie actuelle des glacis de la porte Foy, qui a été démolie à son tour. 

Au lieu de la rue Louis Pasteur (Grand'Rue), mettez un ravin escarpé, riant et boisé, reflétant ses verdures dans un étang placé où est actuellement la place Marcellin Berthelot ou Médisance. Il en échappait vers le bas l'impétueux ruisseau de Kerneguès se jetant dans la Penfeld.

L'ancien Brest n'apparaîtrait alors qu'au second plan, rompant déjà son enceinte trop étroite de murailles à tourelles et mâchicoulis, triangle partant du Château, sa base, pour s'arrêter aux Carmes et s'infléchir ensuite jusqu'à l'entrée moderne de l'arsenal.

Et ce vieux Brest transformé dépasse actuellement de beaucoup la nouvelle enceinte de Vauban, qu'il a escaladée pour atteindre de nos jours les hauteurs au delà de Saint-Martin.

Quels développements, quelle grandeur, quels progrès réalisés ! Combien de monuments nouveaux ! Combien d'églises nouvelles ! La vieille, étroite et sombre Cité qu'embellissait péniblement Louis XIV est devenue la grande ville, accumulation imposante d'édifices et de maisons.

Il y reste tout au loin, comme autrefois, la rade ensoleillée, admirable à voir, puis en se tournant vers le Nord, on découvre l'immense arsenal, la tête des marais de Saint-Renan ; Guilers, Bohars, leurs flèches, leurs bois et leurs châteaux ; puis, sur la droite, la flèche élancée et les pittoresques hauteurs de Lambézellec qui se perdent dans les bleus horizons.

Un tel panorama vaut bien l'ascension d'un escalier de 200 marches. Il complète d'une façon attrayante autant que pittoresque une visite de l'église Saint-Louis de Brest.

A. DE LORME. Brest, le 18 juin 1911

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