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L'église Saint-Louis de Brest, de 1840 à 1870

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Réfection et achèvement de l'église Saint-Louis. Visites impériales de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie à Brest. 

 L'église de 1840 à 1870

1- Réfection et achèvement de l'église.

L'abbé Mercier. — Son oeuvre. — Mgr Graveran eut pour successeur à la cure de Brest, son compatriote, son neveu et presque son élève, l'abbé Mercier, curé de Lannilis. Ce dernier prit pour exemple son illustre prédécesseur et il arriva comme lui, en conformant aux mêmes principes de tact, de prudence et de charité, à éviter les écueils, à surmonter les difficultés inévitables et à traverser sans incidents des temps souvent difficiles. Il conserva ainsi jusqu'à la fin de sa vie l'estime et la considération des autorités et des habitants de Brest et il obtint à sa mort les regrets unanimes de ses paroissiens.

C'est seulement le 23 août 1842, que M. l'abbé Joseph-Marie Mercier fut reconnu officiellement par la fabrique et nommé président du conseil. En cette qualité, il s'attacha particulièrement à parfaire l'ornementation de son église, à compléter les vides de son mobilier et à réparer et à renouveler les parties vieillies ou dégradées, et il déploya dans cette tâche un zèle et une activité incomparables.

Tout d'abord, il fit assurer l'église et son mobilier par la société la Bretagne, sur le prix de base de 512.155 francs, bien inférieur à la valeur réelle, les objets d'art restant en dehors de toute estimation.

Puis, en 1842, il fit refaire complètement le plafond qui menaçait de s'écrouler. La voûte et la nef entière furent repeintes et remises à neuf, travail énorme nécessitant un échafaudage des plus compliqués.

En 1843, le choeur fut doté de quatre très beaux vitraux représentant les quatre Evangélistes.

En même temps, l'église reçut en cadeau du roi Louis-Philippe, à la demande de M. Lacrosse, député de Brest, le tableau représentant le Martyre de saint Etienne qui orne en 1911 le bras gauche du transept.

En 1845, et moyennant 17.000 francs, M. Mercier fit réparer et considérablement augmenter les orgues, que l'on put citer, dès lors, parmi les plus belles de l'Europe.

Les cloches de Saint-Louis. Leur baptême. — Enfin, en 1850, la fabrique traita avec M. Besson, fondeur à Angers, qui s'engagea à fondre quatre nouvelles cloches, avec lesquelles trois des anciennes donnèrent les notes ut, fa, sol, la, si bémol, etc. ; la Ville subventionna cette dépense, qui, s'éleva à 7.500 francs.

Le baptême de ces cloches eut lieu en mars 1856, en présence d'un immense concours de fidèles. Il donna lieu à une imposante cérémonie, où l'abbé Kervoal, curé de Landerneau, dans un discours adapté à la circonstance, impressionna vivement son auditoire.

La plus grosse de ces cloches, le bourdon, pesant 3.500 kilogrammes, fut nommée Marie-Alexandrine, avec l'inscription : Vox Domini in magnificentia. Elle eut pour parrain M. Hyacinthe Bizet, maire de Brest, et pour marraine, Mme de Col.

La seconde, portant la même inscription que la précédente, et nommée Marie-Emma, eut pour parrain, M. de Col, sous-préfet de Brest, et pour marraine, Mme Gasson, fille du maréchal Bugeaud.

La troisième, pesant 600 kilogrammes, fut nommée Joséphine, avec l'inscription : Laudate eum in tympano. Le parrain et la marraine furent M. Baron de Montbel, président de la fabrique, et Mme Bizet.

Enfin, la quatrième, du nom de Félicité, pesant 500 kilogrammes, et portant pour inscription : In tympano psallant ei, eut pour parrain M. Morier, trésorier de la fabrique, et pour marraine Mme Félicité Perrot, née Pelletier.

En 1853, le curé de Saint-Louis obtint de la fabrique l'acquisition de quatre beaux vitraux coloriés, sortant des ateliers de M. Lobin, de Tours. Ces vitraux, placés dans le transept, sont d'un coloris éclatant. Ils représentent quatre épisodes importants de la vie de saint Louis.

C'est vers la même époque que MM. Lapierre et Tritschler sculptèrent les quatre élégants et riches confessionnaux, ornés d'écussons, d'angelots et de guirlandes supportant les vertus théologales (la foi, l'espérance, la charité et le Christ enseignant), qui décorent d'une façon si magistrale les quatre angles du transept.

Est-ce alors que l'église reçut du Gouvernement impérial la belle copie de Rubens représentant la Descente de Croix placée dans l'aile droite du transept? C'est probable, mais non certain, toute inscription ayant disparu.

Peu après, Mme de Kerros mère fit don à Saint-Louis de la belle statue de la Vierge, reine et mère, tenant son enfant, couronné comme elle. Ce beau groupe se dresse au maître-autel en arrière et au-dessus du tabernacle.

En même temps, M. Guérard, examinateur de la marine, donnait à l'église une remarquable copie du superbe saint Michel, de Raphaël. Ce tableau occupe en 1911 le retable de l'autel des Saint-Anges. L'original est, comme on le sait, un cadeau offert par Léon X à François Ier. Il est aujourd'hui au Musée du Louvre, classé parmi les chefs-d'oeuvre des grands maîtres.

La façade principale. — L'abbé Mercier voulut alors terminer son oeuvre en achevant la façade avec le concours et l'appui du Conseil municipal de Brest, heureux de s'associer par ses dons au zèle pieux de la fabrique.

C'est pourquoi il fit placer, en 1856, au-dessus de la porte principale, un cartouche sculpté, d'après les dessins de Frézier, par M. Poilleu, dans la pierre calcaire, et contenant cette inscription : Domus Dei et porta coeli

Ce cartouche remplace le magnifique trophée aux armes royales détruit par la Révolution, mais on distingue encore en 1911, par la nuance plus claire de la pierre de taille, l'emplacement de la décoration primitive, plus vaste et plus grandiose que celle de 1856.

Dans le tympan du fronton de l'église, le monogramme formé des lettres S et L entrelacées, et sculpté également par M. Poilleu, fut mis à la place des trophées et des armoiries enlevés en 1793. On remplaça aussi, dans deux des métopes de la frise, les écussons martelés jadis, de Brest et de la Bretagne ; enfin, M. Tritschler exécuta, Pour garnir les deux niches restées vides sur la façade, les deux grandes statues de saint Pierre et de saint Paul, que l'on y voit aujourd'hui.

Sur les désirs du curé et de la Municipalité, la fabrique fit alors placer à droite et à gauche de la principale porte d'entrée, sur deux plaques de marbre, deux inscriptions en lettres d'or, commémoratives du commencement et de l'achèvement de l'édifice.

Celle de gauche est ainsi conçue :    .

Ludovici XIV et urbis Bresti munificentia
Inceptum hoc aedificium
Anno MDCXCVII (1697)
Stetit imperfectum per multos annos

Voici l'inscription de droite :

Regnante Ludovico Napoleone III
Peractum in opus anno MDCCCLVI (1856)
Magistratum habente Hippolyto Bizet
Parocho Josepho-Maria Mercier, archip.

« Cet édifice, commencé en 1697 par la générosité de la Ville de Brest et de Louis XIV, est resté bien des années inachevé. Il a été terminé en 1856, sous le règne de Louis-Napoléon III, Hippolyte Bizet étant maire de Brest et l'archiprêtre Joseph-Marie Mercier, curé de la paroisse ».

 

2- Visites impériales à Saint-Louis, de Brest.

En août 1858, l'église Saint-Louis eut l'honneur de recevoir la visite de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, débarquant à Brest, sous l'escorte des flottes française et anglaise, pour faire le tour de la Bretagne.

C'était la première fois que des souverains pénétraient dans l'enceinte sacrée et on leur rendit les imposants honneurs prescrits par le rite catholique.

En mettant pied à terre dans le port militaire, l'un et l'autre déclarèrent qu'ils tenaient à ce que leur première visite fût pour l'église et pour Dieu. En conséquence, ils montèrent dans la calèche impériale et, brillamment escortés par des hussards verts et argent, ils se rendirent, suivis de toutes les autorités et d'un magnifique état-major, sur la place Saint-Louis. Là, au milieu d'un immense concours de spectateurs, étaient massés la musique, le drapeau, l'état-major et un bataillon d'infanterie rendant les honneurs.

Descendant de voiture, les souverains gravirent le perron de Saint-Louis au milieu des vivats et des acclamations. Sur le seuil, se tenait l'évêque de Quimper, Mgr Sergent, assisté de l'archiprêtre Mercier et de son vicaire général. Près de lui étaient deux diacres tenant, l'un l'encensoir d'or et l'autre la crosse épiscopale.

Après avoir encensé l'empereur et l'impératrice, le prélat s'approcha d'eux et leur adressa un émouvant discours.

Il débutait en ces termes :

« Sire, la Bretagne est heureuse et fière de l'honneur qu'elle reçoit. Cette noble province avait, depuis bien des siècles, fixé l'attention des souverains ; jamais, cependant, elle n'avait obtenu le témoignage d'estime et d'affection que Vos Majestés lui donnent aujourd'hui ».

La péroraison s'adressait principalement à l'impératrice. Elle était ainsi conçue :

« Madame, Votre gracieuse présence rappelle à ce pays sa chère duchesse, dont le royal époux était aussi le père du peuple. Une voix éloquente autant que respectée avait appris à la France que vous étiez catholique et pieuse ; vos bonnes oeuvres le lui redisent chaque jour. La vieille patrie de Jeanne de Penthièvre et de Jeanne de Montfort se connaît en courage et en dévouement. Elle a tressailli au récit de la fermeté que naguère vous avez déployée dans une douloureuse circonstance (Attentat d'Orsini en 1858). Elle priera Dieu de vous protéger toujours, de bénir l'empereur et de veiller sur votre fils bien-aimé, afin qu'il se rende, comme nous l'espérons, digne de ses grandes destinées ».

L'empereur répondit en quelques mots combien l'impératrice et lui étaient touchés de cet émouvant et grandiose accueil, combien ils appréciaient tous deux les nobles qualités du peuple breton, le patriotisme de la population de Brest, les vertus de cet admirable clergé du Finistère, prêt à tous les héroïsmes, à tous les dévouements et à toutes les charités et ne séparant jamais les deux mots gravés au fond du coeur de chacun de ses prêtres : Dieu et Patrie ! 

Leurs Majestés, placées sous le dais, porté par quatre prêtres aux chasubles d'or, s'avancèrent alors au son majestueux des grandes orgues, touchées par un maître, vers le choeur, où leur avait été préparé un riche prie-Dieu ; puis, avec l'aide de la maîtrise renforcée par d'éminents chanteurs, avec l'appui imposant des orgues, l'évêque entonna successivement un Te Deum solennel, le Domine salvum, et donna à toute l'assistance la bénédiction du Saint-Sacrement.
« Nous n'essaierons pas, écrivait à cette occasion un journal local, de rendre l'aspect magnifique de la solennité religieuse, ni de la bénédiction du ciel invoquée en faveur de notre souverain et de sa belle compagne. Tous les cœurs étaient profondément émus, et c'est avec foi et avec ferveur que les assistants mêlaient leurs prières à celles du vénérable prélat ! ».

Napoléon et Eugénie quittèrent l'église avec la même pompe et le même apparat. Alors, toutes les cloches s'ébranlèrent, les tambours et les fanfares éclatèrent, le canon des remparts tonna, les troupes présentèrent les armes et les aigles s'inclinant saluèrent les souverains qui montaient en voiture, à la fois radieux et émus.

L'impératrice devait revenir à Brest, le 18 juillet 1867. Venant d'Osborne sur le yacht la Reine-Hortense, elle visita son asile sainte Eugénie, les hôpitaux et les établissements de charité. Mais elle remplit ses devoirs religieux dans la chapelle de l'hôpital de la marine. Elle eut la délicatesse d'inviter le soir à dîner, à bord de la Reine-Hortense, et en même temps que les principales autorités de Brest, le vénérable curé de Saint-Louis.

Puis, le 18 avril 1868, ce fut le tour du prince impérial, accompagné du général Frossard, son gouverneur. Il visita les écoles et les collèges, ainsi que les asiles enfantins. A neuf heures, escorté par les élèves du lycée et des écoles de la Ville, filles et garçons, il se rendit avec eux à Saint-Louis, où, en son honneur, l'évêque célébra la messe, avec toute la pompe des grands jours.

Aucun d'eux ne devait plus revoir Brest.

En 1870, l'Empire s'effondra, l'empereur alla mourir en exil ; le prince impérial, deux ans après son père, succombait, sous un uniforme étranger, au fond de l'Afrique, dans un guet-apens mystérieux, et la vieille impératrice est encore réduite en 1911, veuve et sans enfant, à porter à tous les coins de l'Europe son veuvage et sa désolation. Et c'est ainsi que le ciel donne souvent aux, princes et aux peuples de la terre de grandes et de terribles leçons. 

A. DE LORME. Brest, le 18 juin 1911

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