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Construction de l'église Saint-Louis de Brest

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En 1680, la ville de Brest, malgré son accroissement, et malgré les efforts de Richelieu et de Colbert, restait concentrée autour du Château, et même réunie à Recouvrance, ne comptait pas plus de 10.000 habitants, dont 3.500 ouvriers. Elle se limitait, sur la rive gauche de la Penfeld, à la rue devenue depuis rue du Couëdic. 

Comment fut décidée la construction de l'église Saint-Louis et fixé son emplacement ?  

Louis XIV, désireux de voir se développer et s’accroître le premier arsenal du royaume, rendit plusieurs édits pour faire venir sur les travaux de nombreux ouvriers et pour attirer des habitants dans la ville.

Dans ce but, il favorisa la délivrance des lettres de bourgeoisie, et, par suite, beaucoup de bourgeois, de maîtres des arts et de notables commerçants des provinces voisines, particulièrement de la Normandie, obéirent aux appels du Roi. D’autre part, il fit venir de Hollande et même de Suède, en 1689, 2.000 charpentiers, voiliers, maîtres des constructions navales et autres gens de métier, avec leurs familles, pour peupler l’arsenal et donner aux travaux une plus vive et plus parfaite impulsion.

En 1683, l’illustre Vauban, reprenant et complétant l’oeuvre de Sainte-Colombe, dressait un plan d’agrandissement de la ville et un projet de défense et de fortifications pour l’arsenal.

Presqu'en même temps, s’édifiaient la machine à mâter (1684), la corderie basse (1686), l’hôpital Saint-Louis (1685). Tout le personnel attiré par ces nombreux travaux réunis au développement de la nouvelle enceinte qui empiétait sur la paroisse de Lambézellec, amena, en quelques années, une augmentation de population notable et le tracé de nouvelles rues et de nouveaux quartiers.

A cette époque, la ville de Brest n’avait pour toute paroisse que la petite église des Sept-Saints, qui datait du XIVème siècle. Etroite et incommode, elle ne pouvait contenir que 400 personnes. Il y avait aussi la chapelle Saint-Yves, encore plus insuffisante et destinée à disparaître, et la chapelle du Château, réservée à la garnison.

C’est pourquoi le fils de l’illustre Colbert, le marquis de Seignelay, dans les inspections qu’il fit à Brest en 1681 et 1685, reconnut qu’il était urgent de construire une nouvelle église. Il invita, en conséquence, les habitants, au nom du Roi, à rechercher les moyens de se procurer jusqu’à 75.000 livres, les fonds nécessaires à sa construction, et il s’engagea, au nom de sa Majesté le roi Louis XIV, à faire les frais de l’excédent.

La Communauté, d’accord avec le Ministre, adopta le mode d’imposition nécessaire et s’entendit, à ce sujet, avec l’intendant Desclouzeaux, chargé d’en diriger l’exécution. Ce dernier évaluait à 90.000 livres, au moins, le chiffre de la dépense, et il trouva un adjudicataire, M. Dupaille, manutentionnaire général de la marine ; qui offrit d’avancer en deux ans la somme de 72.000 livres, nécessaire pour donner aux travaux une plus grande rapidité, sauf remboursement annuel, par la ville, en capital et intérêts.

Brest : église de Saint-Louis à Brest

En même temps, le corps municipal de la ville de Brest obtenait de l’évêque de Léon la réunion, en une seule paroisse, de l’ancien vicariat des Sept-Saints et de la portion de la paroisse de Lambézellec enclavée dans l’enceinte de Vauban, à la charge, pour le recteur de Brest, de payer à celui de Lambézellec une indemnité annuelle de 200 livres. Il fut, en outre, convenu, sur le désir des habitants et le voeu de la marine, que la nouvelle église serait dédiée à saint Louis, illustre patron du grand roi Louis XIV.

Vauban désigna comme emplacement du saint édifice, l’endroit où, dans le quartier Kéravel, on construisit plus tard des halles, et l’architecte de Garangeau fut chargé d’en dresser les plans. La construction en fut adjugée, le 2 juin 1687, à l’entrepreneur Perrot, avec ordre de presser l’exécution des travaux, pour assurer au plus vite l’exercice du culte au gré des habitants.

Cependant, à la même époque, l’ordre des Jésuites, fondé un siècle et demi plus tôt, fut appelé à Brest, par lettres patentes du roi Louis XIV, pour y établir un séminaire chargé de fournir des aumôniers aux vaisseaux du roi. La collégiale du Folgoat fut même unie au séminaire de Brest, à la condition que les Pères Jésuites desserviraient l’église et en acquitteraient les fondations. Et, six ans plus tard, le 6 avril 1692, Louis XIV devait même leur accorder un nouveau « brevet du Roy pour l’union de l’abbaie de Daoulas au séminaire de Brest ».

En 1686, le séminaire de Brest fut élevé aux frais de l'Etat, sur l’emplacement de l'Ecole des Mécaniciens (NDLR : situation en 1911). Pour compléter cet établissement, il fallait le doter d’une chapelle assez importante. C’était une seconde église à construire à côté de la paroisse de Brest.

Sollicité par les Jésuites et par la marine, l’intendant Desclouzeaux fit remarquer au marquis de Seignelay qu’on pourrait s’épargner les frais de la construction de cette seconde église, en édifiant la paroisse sur le terrain attenant au séminaire. La chapelle des aumôniers se trouverait ainsi réunie à la cure de la ville, dans un seul et même édifice, dont on pourrait augmenter l’importance et la décoration, sans qu’il en coutât plus à sa Majesté.

Du reste, l’emplacement se trouvait fort commodément choisi pour tout le monde, et il y avait avantage à donner aux Jésuites le moyen de former les aumôniers de la marine en leur faisant faire leur apprentissage dans le service complet d’une église paroissiale.

Il serait même peut-être bon, ajoutait M. Desclouzeaux, de donner aux Jésuites la paroisse que le roi fait bâtir.

Cette proposition était évidemment contraire aux lois ecclésiastiques, contraire au règlement de l'Institut des Pères Jésuites, qui ne peuvent canoniquement être chargés de paroisses, et elle avait la grave et injuste conséquence de faire payer par la ville une partie d’une église qui ne lui appartenait pas exclusivement, et de compliquer singulièrement le service du culte dans cette église. C’était au moins une maladresse, grosse de périls. L’avenir le fit bien voir.

La procédure marcha avec une rapidité extrême. Vauban, qui tenait à l’emplacement qu’il avait choisi, l’abbé Roignant, recteur des Sept-Saints, devenu recteur de la nouvelle paroisse, et la Communauté, appuyée par la population, s’opposèrent vainement à ce projet nouveau.

Les idées de l’intendant étaient soutenues, par l’évêque de Léon, Monseigneur Leneboux de la Brosse.

Ce prélat fit un voyage à Versailles, et dans une entrevue avec le Monarque, il enleva le consentement du roi Louis XIV, auquel il garantit la bonne volonté des habitants.

Du reste, on était si bien disposé, en haut lieu, à passer outre, que sans attendre l’issue de l’enquête faite par l’évêque, Seignelay, comme s’il eût tenu à prouver sa volonté d’écarter tout obstacle à l’union, s’empressa, dès le 9 février 1688, d’ordonner de démolir ce qui avait été déjà fait de la première église, dont les murs s’élevaient alors à cinq ou six pieds au-dessus du sol. Il fit même dresser le mémoire mis à la charge de la ville, de ce qu’il y aurait à payer tant pour les travaux inutilement exécutés que pour les dédommagements dus à l’entrepreneur.

Après donc une enquête légale de pure forme, Monseigneur de la Brosse alla solennellement, le lundi 10 mars 1688, à la pointe du jour, en compagnie de l’intendant, de l’architecte Garangeau, de l’abbé Roignant et de son clergé ; du maire, de plusieurs conseillers de la ville et de deux archers, poser la première pierre de l’église et placer dans une fondation ébauchée l’inscription suivante, gravée sur une plaque de cuivre : « Sanctis Ludovicio et Xaverio, Ludovicius Magnus paroccialem hanc ecclésiam consacratam voluit, ac Patribus societatis Jesu Regandam una cum seminario brestense commisit, illustrissimus Episcopus et comes Leoneusis Dominus Petrus de la Brosse, regui administro marchione Domino de Seignelay, rei maritime, Domino Desclouzeau, totum opus dirigente architecto, Domino de Garangeau ». C’est à dire : « Louis-le-Grand a voulu consacrer cette église paroissiale à saint Louis et à saint Xavier, et l’illustre évêque et comte de Léon, seigneur Pierre de la Brosse, en a confié la direction réunie à celle du séminaire de Brest, aux révérends pères de la société de Jésus, sous l’administration, au nom du roi, du marquis seigneur de Seignelay ; de l’inspecteur maritime, seigneur Desclouzeaux ; l’oeuvre étant conçue et dirigée par l’architecte, seigneur de Garangeau ».

Dans cette inscription, il n’était nullement question de la ville et du clergé de Brest. Ils ne s’en aperçurent même pas.

La construction de l’église, commencée immédiatement après la bénédiction épiscopale, fut d’abord poussée avec la plus grande activité, et pour mieux en surveiller les travaux, l’architecte de Garangeau reçut, comme conducteur et contrôleur royal, l’ingénieur des ponts et chaussées Mollart, attaché à la ville de Brest, et par qui sont signés la plupart des plans qui servirent à l’exécution de l’église Saint-Louis.

Mais bientôt surgirent mille difficultés financières, dues à l’énormité de la dépense, qui dépassait de beaucoup les prévisions primitives et donnait à la ville des charges beaucoup plus fortes que celles sur lesquelles elle comptait.

Le 5 novembre 1688, on n’avait pas encore construit une portion de l’église suffisante au culte provisoire et les dépenses s’élevaient déjà à 84.797 livres ; le manque de fonds força alors à suspendre les travaux. Seignelay donna même l’ordre d’interrompre toute construction et de se borner à couvrir de paille les murs commencés pour en empêcher la destruction. Ce qui existait de la nef servit de magasin à fourrages au maréchal d'Estrées et aux divers officiers généraux employés à Brest.

Les travaux furent suspendus pendant trois ans ; cependant, comme le fermier, continuait à toucher les droits d’octroi prévus pour la construction, la ville demanda, le 18 juin 1690, la résiliation de cette ferme qui, depuis plus de quatre ans, avait produit 130.000 livres non utilisées et tournant au profit exclusif du fermier. Le contrat primitif fut cassé et un nouveau bail fut adjugé au mois de février 1696, à raison de 13.200 livres par an, au sieur Gounier. Ce dernier s’engagea à verser immédiatement, sur ses recettes futures, la somme de 20.000 livres, qui seraient employées à la reprise des constructions de l’église.

Or, dès le 9 septembre 1695, Garangeau avait envoyé de Saint-Malo, où il avait des travaux, un nouveau plan comprenant des chapelles latérales et des caveaux voûtés, non prévus dans le projet primitif. Parvenue à obtenir communication de ce nouveau plan, la Communauté consentit à la construction des chapelles, qui donnaient plus d’espace pour les cérémonies intérieures, mais elle refusa absolument les caveaux qui entraîneraient un surcroît de dépenses de 30.000 livres et paraissaient inutiles. (C’était une véritable crypte contenant 600 personnes).

Ce projet de Garangeau est à peu près ce qui a été réalisé dans la construction de l’église actuelle de Saint-Louis. On en a modifié dans l’exécution que la façade principale, considérablement simplifiée ; le Maître-Autel, mis au centre du choeur, à la place de celui que l’architecte voulait adosser à l’abside, et l’on a supprimé les huit chapelles latérales projetées le long des collatéraux de la nef principale.

Pour le reste, on y retrouve exactement et avec les mêmes dimensions, l’ossature de l’église actuelle, à savoir : Un vaisseau central en berceau, percé de chaque côté de quatre arcades circulaires surbaissées, s’appuyant sur des pilastres à bases et à chapiteaux doriques ; au-dessus de chaque arcade s’élève verticalement une grande croisée rectangulaire, dont le linteau supérieur est légèrement cintré, le tout couronné par une corniche de même ordre régnant tout le long de l’édifice et sur laquelle s’appuie une voûte surbaissée.

Cette nef aboutit à un transept de même nature, et se prolonge au delà en une abside circulaire formant le choeur, abside percée de sept arcades semblables à celles de la nef et éclairée par quatre croisées, deux de chaque côté.

Le long de la nef et de l’abside courent extérieurement des collatéraux, ouverts par les arcades du vaisseau central, auxquelles y correspondent autant de croisées ; quatre chapelles latérales extérieures, deux de chaque côté, remplacent ces croisées à droite et à gauche du choeur et font saillie en dehors de l’église. En arrière, et du côté de l’épître, sont les portes des sacristies. Il y avait, dans le projet de Garangeau, deux porches latéraux aux angles extérieurs du transept.

Comme l’église des Sept-Saints restait de plus en plus insuffisante pour la paroisse de Brest, dont la population augmentait tous les jours, Garangeau comptait pour permettre plus rapidement l’exercice du culte édifier Saint-Louis par fragments.

En premier lieu, il voulait pousser les travaux de la nef antérieure au transept, de manière à en faire le plus vite possible une chapelle provisoire, avec un autel et des clôtures de fortune, destinées à disparaître. Il voulait construire ensuite les collatéraux, le transept, l’abside et les sacristies avec leurs communications donnant accès au séminaire des Jésuites, et il réservait l’édification de la façade et du clocher pour la fin de l'oeuvre.

La façade, comme le reste de l’édifice, s’inspirait des églises de Saint-Roch et des Invalides. C’est aussi bien que la nef du pur style Louis XIV. Il y alors de la part des artistes un parti-pris bien arrêté de ne rien paraître emprunter aux vieilles écoles françaises ; aussi, à l’extérieur, ils modifient l’aspect des voûtes réelles ou simulées ; à l’extérieur, ils substituent aux arcs-boutants quand ils sont nécessaires, d’immenses volutes renversées ou ailerons, dont l’aspect manque souvent de grâce. Enfin, on retrouve partout les ordres, les entablements et les corniches de la Rome des Empereurs.

C’est en vertu de ces lois nouvelles, que Garangeau avait établi sa façade, sans aucune correspondance architecturale avec la structure de l’intérieur de l’église. Cette façade se dressait en deux étages, sur un perron monumental. L’étage inférieur, d’ordre dorique, était percé d’une grande porte centrale, ornée d’un riche cartouche aux armes du Roi, et de deux portes latérales de même style. Elle était soutenue par huit pilastres saillants aux chapiteaux doriques encadrant deux niches cylindro-sphériques.

Ces pilastres portaient un entablement dorique complet qui se couronnait par un attique décoré de dés, de piédestaux, de balustres, de rinceaux et de guirlandes sculptées. Sur les piédestaux extrêmes se dressaient deux statues d’anges aux ailes éployées et, plus loin, deux urnes monumentales.

Au centre, s’élevait le second étage ionique, consolidé latéralement par des contreforts en volute et garni de quatre pilastres du même ordre encadrant une riche fenêtre centrale, ornée d’une balustrade et portant l’horloge. Entre les deux pilastres de chaque côté étaient deux niches destinées à des statues.

Le tout s’amortissait par un fronton triangulaire ionique, dont le tympan était rempli par un superbe trophée aux armes royales, formé d’attributs guerriers et religieux. Au-dessus, sur un double piédestal élancé, se dressait la croix, et aux deux angles du fronton, à son raccordement avec les contreforts, étaient placées deux urnes élégantes, richement moulurées.

Dans son édifice, Garangeau employait comme pierre de taille du calcaire de Caen et du calcaire des Charentes, pierres faciles et favorables à la sculpture. Il est vraisemblable que cette façade si riche en moulures et en bas-reliefs devait être formée des mêmes matériaux, le granit qui leur fut substitué n’aurait pas permis une pareille décoration.

Il n’y avait pas de clocher ou de tour centrale. Le clocher projeté était latéral, à droite, un peu en arrière de la façade, élevé d’environ 21 toises (41 mètres) et couronné par un dôme ovoïde surmonté d’une sphère portant la croix.

Plus tard, vers 1750, l’architecte Frézier, choqué par cette absence de symétrie, demanda un second clocher, à gauche, faisant pendant au premier, ce qui est le privilège des cathédrales.

On renonça, à cause de la dépense, à cette combinaison et finalement on adopta la tour unique proposée plus tard encore par M. Besnard, surmontant l’axe de la façade, telle que nous la voyons vers 1911, privée du dôme ovoïde et de la croix qui devaient la couronner.

Elle était considérable, l’église projetée par Garangeau. Cet architecte avait prévu le grand accroissement de la ville de Brest et il avait dressé un plan en surface de l'église paroissiale qui permettait d’y renfermer plus de 4.000 assistants. Par son ampleur et sa disposition, elle se prêtait admirablement à la majesté et à l’éclat des cérémonies religieuses.

L’éloquence des chiffres le prouvera. En effet, la longueur de la nef, depuis le pied des orgues jusqu’à l’autel principal est de 57 mètres. Celle de l’édifice, du pied du perron au sommet du post-collatéral absidial est de 74m50. La façade a 24 mètres de large, l’intérieur de la nef 14 mètres, les bas-côtés mesurent 5m50 de large, ce qui, avec les murs, donne pour largeur totale du vaisseau 28 mètres. La largeur du transept atteint 44 mètres.

La place de l’édifice s’inscrit dans un rectangle de 3.256 mètres carrés, représentant vers 1911 un terrain valant plus de 300.000 francs.

Pour les hauteurs, la corniche de la nef atteint 15m40 au-dessus du sol intérieur de l’église, la voûte surbaissée du plafond s’élève à 18 mètres, la crête des faîtages règne à 29m25 et la tour dépasse 40 mètres au-dessus du seuil des parvis.

L’arrivée de l’architecte de Garangeau, à Brest, avait suivi de près l’expédition de ses nouveaux plans et l’artiste comptait se mettre à l'oeuvre au plus vite. Mais comme tout était resté en suspens depuis longtemps, il lui fallut régler le compte de l’entrepreneur Perrot. En mesurant l’ouvrage accompli par lui, il en fixa la valeur à 61.000 livres et après l’avoir déchargé de 4.000 livres, à titre de dédommagement des pertes que lui avait causées la longue interruption du travail, il le déclara débiteur d’une somme de 2.958 livres pour trop perçu.

Assigné devant M. de Vointel en reprise des travaux, Perrot éleva des prétentions excessives qui amenèrent la ville à chercher des offres meilleures. Celles-ci provoquèrent une nouvelle adjudication définitive. Elle eut lieu le 31 mars 1697, en faveur de Perrot et de plusieurs autres entrepreneurs.

Les travaux étaient enfin repris sur les plans approuvés par M. de Pontchartrain (juin 1698) et tout semblait marcher à souhait, lorsque surgirent tout à coup les plus graves difficultés qui allaient tout entraver et ralentir de nouveau.

En effet, la Communauté municipale de la ville, confiante dans les garanties et les promesses royales, avait négligé de remarquer que dans la plaque de fondation de l’église, posée par Monseigneur de la Brosse, le nom de saint François-Xavier avait été ajouté à celui de saint Louis. Or, c’est à saint Louis que la ville voulait dédier uniquement sa paroisse. Le nom de Xavier indiquait clairement que dans la pensée de ceux qui poursuivaient l’union de cette église au séminaire des jésuites, elle était accomplie de fait, en attendant qu’elle le fut de droit par la sentence épiscopale du 25 juin 1688.

Cette sentence concédait bien à la Communauté et à l’abbé Roignant leurs inoffensives réserves ; mais elle statuait qu’après le décès de ce dernier, très avancé en âge, le titre de la cure de Brest serait supprimé et qu’elle serait convertie en vicariat amovible, uni au séminaire des jésuites et desservi par celui des aumôniers qu’instituerait l’évêque, sur la présentation du supérieur. Ce dernier gardait même la faculté de révoquer à volonté le desservant.

Sanctionnée par les lettres patentes du mois de septembre suivant, enregistrée au Parlement de Rennes le 16 mai 1689, la sentence de l’évêque ne fut pas alors signifiée aux parties intéressées comme elle aurait dû l’être, pour devenir exécutoire entre elles. Les jésuites en furent bien informés, mais ils ne virent aucun inconvénient à en remettre la notification à l’époque où l’achèvement de l’église leur permettrait de faire valoir leurs droits, ajournés, du reste, tant que vivrait l’abbé Roignant. Mais la Communauté, non avertie, resta dans l’ignorance et laissa faire, muette pendant neuf ans.

Par suite, la municipalité et les habitants, confiants dans les garanties des lois ecclésiastiques et dans les promesses du Roi, ne songèrent pas un seul instant que la propriété de l’église pour laquelle ils dépensaient tant d’argent pût leur être contestée.

Le jour où ils craignirent sérieusement de perdre le fruit de leurs sacrifices, ils s’indignèrent et ils protestèrent. Il en résulta un long procès et une longue lutte, dont nous développerons dans un second article les émouvantes péripéties. 

A. DE LORME. Brest, le 18 juin 1911

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