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Constructions, réparations et modifications du Château de Brest

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Nous allons terminer ce travail, un peu long peut-être, en citant les documents qui constatent les époques où des constructions, des réparations et des reconstructions ont été faites au château de Brest, pendant la longue période qui s'écoule entre 1341 et 1681, époque à laquelle Brest, le château, la ville et le port entrèrent dans une phase toute nouvelle.

Nous indiquerons aussi, pour la même période, les dates auxquelles des réparations et des modifications ont été probablement exécutées encore au château, appuyant nos citations sur les faits historiques qui s'y sont passés.

Pendant cet immense laps de temps compris entre 1341 et 1681, trois cent quarante ans, plus de trois siècles, le vieux château bâti par les Romains au IVème siècle, restauré par le duc Conan II du nom au XIème siècle, subit, on le comprend, de grandes et profondes modifications qui nécessitèrent des nombreux travaux. Ce sont les dates positives ou probables de ces travaux que nous allons indiquer maintenant, en nous appuyant sur les documents que nous avons pu recueillir. 

CHATEAU DE BREST

Brest (Bretagne) : château de Brest


1341. — Après le fameux siége qui rendit le comte de Montfort maître de Brest en 1341, siége qui dura plusieurs jours et pendant lequel des assauts répétés furent livrés à la forteresse, on peut supposer que l'on fut obligé d'y faire des réparations importantes, d'autant .plus que le comte, dit-on, employa tous les engins de guerre dont on se servait à cette époque pour battre en brèche les murailles. Nous pensons, par ces motifs, pouvoir inscrire la date de 1341 en tête de cette étude, comme une époque où des travaux furent exécutés au château, quoique nous soyons réduits à des conjectures seulement, n'ayant trouvé aucun document positif à cet égard. Mais en l'absence de documents, nous pourrons certes admettre que le comte, si désireux de posséder Brest, employa tous les moyens pour ne pas se le laisser reprendre.

On sait combien l'attaque et la défense de cette place, dans laquelle le brave et malheureux Clisson trouva une mort glorieuse, furent acharnées de part et d'autre.

 

1357. — Si nous n'avons aucun document pour 1341, il en est tout autrement pour 1357. A cette époque des réparations furent bien positivement faites au château de Brest. Tous les historiens bretons sont d'accord à ce sujet. Ce fut le duc de Lancastre qui les fit exécuter. Il commandait alors la Bretagne, et le château de Brest était occupé par les Anglais.

Depuis 1342, la duchesse de Bretagne, dont le mari était prisonnier en France, leur avait livré cette place, et c'était un capitaine anglais, nommé Gatesden, qui la commandait alors. Le roi d'Angleterre, Edouard III, l'avait nommé, le 20 novembre de cette année, capitaine de Brest et gouverneur du comté de Léon.

Quelles furent les réparations exécutées à cette date ? Les historiens ne les indiquent point.

 

1373. — Nous mentionnerons, pour mémoire seulement, le siége du château par Duguesclin, quoiqu'il dut, sans nul doute, mettre dans la nécessité de faire des réparations à quelques parties de la muraille extérieure.

 

1378. — Nous allons encore nous arrêter sur une date à laquelle aucune réparation, aucune construction, aucun changement dans le château n'est indiqué, ni par les historiens, ni par les documents qui nous sont connus, mais qui doit pourtant nous occuper quelques instants : c'est l'année 1378.

Les Anglais, nous l'avons dit, occupaient Brest depuis 1342, mais seulement comme alliés des Bretons. En 1378, ils devinrent possesseurs de cette place, par un traité en date du 5 avril de cette année, qui donnait au duc Jean IV de Bretagne, en échange de son château de Brest, le château de Rising, situé en Angleterre, dans le comté de Norfolk. Le duc Jean ne possédait plus guère alors en Bretagne que Brest, et pour obtenir des secours du roi d'Angleterre en vue de reconquérir son duché, il se trouva dans la fâcheuse nécessité de leur abandonner ce château, mais à la condition qu'il lui serait rendu à la paix.

En prévision de ce traité qui allait le rendre maître et possesseur de Brest, le roi d'Angleterre, Richard II, avait fait, le 16 mars précédent, un envoi considérable de munitions de guerre et autres objets, pour la défense et le ravitaillement de cette place. En tête de cet envoi figurent : Quatre canons, deux gros et deux petits.

L'ordre signé par le Roi est daté de Westminster, et écrit tout en latin ; nous en donnons un extrait : Rex universis et singulis vice comitibus, majoribus, baillivis, ministris et aliis fidelibus suis, tam infra libertates quam extra, ad quos, etc… salutem. Sciatis, quod assignavimus dilectum nobis Thomam Norwich ad emendum et providendum ad opus nostrum per supervisam dilecti nobis Thomœ Restwold in civitate nostra Londoniœ et alibi infra libertates et extra pro denariis nostris prompte in manu per manus dicti Thomœ solvendis, duo magna et duo minora ingenia, vocata CANONS, sexentas petras pro cisdem ingeniis et pro alliis ingeniis … etc… pro stauro et munitione castri nostri de Brest … etc … Teste Rege apud Westmonasterium decimo sexto die martii anno 1378. (Rymer, t. VII, p. 187) — (Dom Morice, Preuves tome II, col. 202).

A la suite de ces canons vient, sur cet ordre, une longue liste d'objets, tels que : 12 balistes (Note : Les balistes étaient des machines ou engins destinés à jeter des pierres), 100 arcs, 300 gerbes ou faisceaux de flèches, … 300 livres de salpêtre, 100 livres de soufre, un tonneau de vin, du charbon de saule, etc …. et enfin des comestibles pour le ravitaillement de la place, entre autres objets : de la morue, du porc salé … etc. ... etc… des planches, des clous, des scies, … etc.

Cet ordre donné dans les preuves de Dom Morice, sous le titre : Provisions pour le ravitaillement de la place de Brest, ne peut certes laisser aucune incertitude sur l'envoi de quatre canons à Brest, en 1378.

C'est un fait fort important pour l'histoire du Château, il nous semble, et qui doit être inscrit avec soin dans ses annales. Il n'a encore été signalé, que nous sachions, par aucun des historiens qui se sont occupés de notre ville. Aussi saisissons-nous cette occasion de le faire connaître, d'autant plus que l'envoi de ces canons dut entraîner des modifications dans le système des fortifications, et, par suite, être la cause de grands travaux et rentrer ainsi dans le sujet de cette étude.

Peut-on conclure de cet envoi de canons que l'artillerie à feu fut immédiatement employée à la défense du château des la fin du XIVème siècle ? C'est probable ; pourtant nous devons faire remarquer qu'il n'en est nullement question dans les relations des siéges qui ont eu lieu quelques années après 1378. Cependant, on peut admettre qu'on se servit de ces canons puisqu'on les avait à sa disposition.

Quoi qu'il en soit, c'est une date fort remarquable pour notre château ; car l'artillerie à feu ne fut employée en Europe, pour la première fois, qu'en 1346, à la bataille de Crécy ou au plus tôt en 1343, au siége d'Algésiras (Note : M. Loréden Larchey vient, par de nouvelles recherches, de fixer leur emploi, pour la première fois, en 1324, à Metz). En Bretagne elle ne figure, pour la première fois, qu'au siège de Bécherel, en 1373. Des canons ne furent employés à. la défense de Rennes qu'en 1430, et ils ne commencèrent à être en usage à Nantes qu'en 1473, sous le règne de François II. Le château de Brest aurait donc possédé des canons 35 ou 40 ans seulement au plus après qu'on les employa pour la première fois, cinq ans après leur apparition en Bretagne, et près d'un siècle avant qu'on s'en servit dans les deux plus grandes villes du duché, Rennes et Nantes. Il faut le dire avec orgueil pour notre château, c'est qu'au XIVème siècle il était regardé comme une des places les plus fortes, non-seulement du duché, mais même de la France, et que les Anglais attachaient une importance extrême à le garder en leur possession. Froissard le désigne comme le plus fort château du monde ; d'Argentré et les autres anciens historiens bretons en parlent tous de même.

A l'époque où ces quatre canons furent envoyés à Brest, les boulets de pierres étaient seuls employés ; aussi le roi d'Angleterre les fait-il accompagner de six cents pierres (boulets) pour ces engins et les autres (pour les balistes sans nul doute). Les boulets de pierre étaient confectionnés, en Bretagne, à Daoulas. Ils coûtaient d'un sol à 18 ou 20 deniers selon leur grosseur. La ville de Nantes tira de Daoulas, en 1474, 1800 boulets qu'elle paya 4 livres 14 sols 6 deniers le cent. Le 11 Mars 1476, elle traita pour 1000 autres pierres à canon, dont 500 à 2 sols et 20 deniers pièce, à lui fournir au 1er Mai suivant, sous peine de prison et d'excommunication de l'évêque en cas de retard. Plus tard, en 1487, les boulets de pierre furent abandonnés ; on en fit en plomb, que l'on appelait plombets ; ensuite on les confectionna en cuivre, vers 1500, et enfin, vers 1559, on commença à les couler en fer.

En 1844, lorsqu'on répara le quai Tourville, on y trouva 18 boulets en pierre. M. de Fréminville publia, dans la Revue Bretonne de cette année, une notice sur cette découverte. Il fit transporter ces boulets à l'Hôtel-de-Ville où on peut les voir encore en 1865. M. Bizet, maire de Brest, a bien voulu, sur notre demande, en donner un spécimen à notre musée archéologique. Les plus gros ont 24 centimètres de diamètre, les autres sont du calibre des boulets de 24 et de 30, les plus petits de celui de 18, ce qui fit remonter au XVème siècle, dit M. de Fréminville, et appartenir aux temps des grandes machines pierrières, les boulets du plus gros calibre.

De petits canons, un fauconneau et une arquebuse, ont aussi été trouvés en 1842, à l'entrée du port, sous le château, dans l'avant-port. Ces canons provenaient sans doute du château. Dans la note que M. de Fréminville fit insérer dans la Revue Bretonne de cette année, à ce sujet, il dit que sur un inventaire qu'il avait eu sous les yeux, il était mention de trente arquebuses à croc faisant partie de l'artillerie du château.

En 1572 environ, toute la vieille artillerie dut disparaître en Bretagne. A cette époque, Charles IX donna l'ordre d'enlever de toutes les forteresses de ce pays, pour les transporter à Paris, les pièces d'artillerie, hors calibre, éventées et de nul service qui s'y trouvaient. Jérôme de Carné, lieutenant de roi à Brest, reçut l'ordre de laisser enlever toute l'artillerie de la place. On lui promit de lui bailler, en échange, quelques couleuvrines, ainsi que de la poudre et des boulets, dont il avait besoin. Plus tard, sous Louis XIV, l'artillerie du château fut encore changée, on refondit alors tous les vieux canons.

Nous avons voulu, tout en signalant ce fait curieux de l'envoi de canons à Brest dans le XIVème siècle, fixer aussi une date probable de modifications dans le château ; car on fut obligé vraisemblablement d'approprier certaines parties des murailles pour recevoir cette artillerie à feu, et ainsi de changer les dispositions antérieures de quelques-unes des fortifications.

 

1392. — Vers la fin du XIVème siècle, entre 1387 et 1392, des travaux d'une grande importance furent encore exécutés au château par Jean Roche, capitaine anglais, qui commandait à Brest lorsque le duc de Bretagne vint faire, en 1386-1387, le siége de cette place, que les Anglais ne voulaient point lui rendre, malgré les conditions du traité de 1378 , dont nous avons parlé plus haut.

En 1392, les communes d'Angleterre sollicitèrent pour Jean Roche le paiement des sommes qu'il avait dépensées à Brest.

Voici le document précieux qui nous donne une connaissance certaine de cette affaire : « Suppliont les communes, que comme depuis que John Roche, vostre Bachelar feust oustey, de deins ses termes du chastel de Brest et que en temps qu'il fust enseigné et bastiste, il lui en conventist de tenir plus de soudjours que en autre temps et pour ceo que ledit Johan perfist une bastie à ses grantz coustages, lequel il conventist de tenir en sa savaction dudit lieu de Brest, en lequel il avait plusieurs soudjours …. etc. … ». Le roi renvoya à son conseil.

Les dépenses faites par Jean Roche, pendant son commandement, durent s'élever assez haut, en effet, puisqu'il avait eu sous ses ordres un plus grand nombre de soldats qu'on n'en avait d'habitude pour la garde du château, et qu'en outre il avait fait élever une bastie à grands frais. Le long siége qu'il avait eu à soutenir de 1386 à 1387, les assauts réitérés livrés à la place, entraînèrent encore sans doute de grandes réparations, si surtout, comme le dit Dom Lobineau, le duc de Bretagne en se retirant laissa des canons aux assiégeants pour battre la muraille. Nous ne connaissons point le chiffre des sommes demandées par les communes, ni la décision du conseil du roi, pas plus que les travaux qui furent exécutés.

La bastie qu'il fit à ses grants coustages, ne serait-elle point la bastille de Quilbignon du côté de Recouvrance, plus connue sous le nom de Motte Tanguy, parce que vers le XVème siècle les seigneurs du Chastel y placèrent le siége de leur baillage et qu'elle devint ainsi la motte seigneuriale de l'antique famille des Tanguy du Chastel ? Cette tour fut élevée, pense-t-on, pendant la domination anglaise, et peut-être pourrait-on attribuer sa construction à Jean Roche ; car si le donjon primitif fut bâti par les Anglais pendant leur séjour à Brest, il existait déjà à cette époque, du moins nous devons le croire, d'après les relations du siége de 1386.

De 1392 à 1405 on ne trouve aucune mention de nouveaux travaux exécutés à Brest. La fin du règne de Jean IV, il est vrai, fut employée exclusivement à des négociations avec les Anglais pour obtenir la restitution de son château de Brest, le sort des armes ne lui ayant point été favorable. Il est une date pourtant qui peut être signalée comme ayant été probablement marquée par quelques constructions ou au moins réparations, c'est celle de 1397, époque à laquelle le château fut enfin rendu au duc de Bretagne par les Anglais, conformément au traité de 1378. Mais aucun historien n'en parle et il n'existe non plus aucun document connu jusqu'à présent à ce sujet.

 

1405. — En 1405, sous le règne de Jean V et le commandement de Languevez, capitaine de Brest, commencèrent des travaux fort importants dans le château, travaux qui se prolongèrent pendant plusieurs années, comme nous allons le voir.

Cette année le marché d'une des pièces du château fut fait à 2,600 livres de premier fur (Note : Fur ou feur signifiait : prix, valeur..... devis, marché) sans les accroissements. Malheureusement le document dont a été extraite cette note, ne dit point quelles sont ces pièces du château [Note : 41ème feuillet des Registres de la Chancellerie de l'année 1405. — (Inventaire de Turnus Brutus, f° 279)].

 

1407. — Deux ans après, en 1407, toujours règne de Jean V, Eon Phelips étant capitaine de Brest, ordre était donné par lettre du 7 Avril, à Jehan Bailliff, miseur de l'œupvre du chastel de Brest, de meptre, emploier et advencer es reparacion dudit chastel et ville de Brest, la somme de VIIxx (140) livres, pour doupte des inconvénients qui en pourront entrevenir (Registre de la Chancellerie, 1407. f°6 , ou trés. des ch. de Bret., I. G. 460).

Le même jour, le capitaine de Brest, Eon Phelips, recevait aussi l'ordre de faire lever quatre ans durant, depuis la date des présentes, un devoir (impôt) de « seix deniers par livre sur les denrées qui seront vendues et achetées es chastellenies de Brest, de Lesneven et de Saint-Renan, pour estre le produit de ce devoir emploié es repparacions de Brest et de Lesneven, savoir : les deux parts à Brest et le tiers à Lesneven » (Registre de la Chancellerie, 1407, f° 6).

Ces documents authentiques ne laissent aucun doute sur l'exécution de grands travaux à Brest à cette époque ; mais lesquels et dans quelles parties du château furent-ils exécutés ? Nous ne pourrions le dire précisément. Il semblerait qu'on entreprit à cette date la reconstruction d'une grande partie du château, ou au moins l'appropriation de ce qui existait aux nouveaux moyens de défense employés alors.

 

1424. — En 1424, les travaux se poursuivaient toujours. La paix qui régnait sous la sage et prospère administration du duc Jean V, permettait de les continuer. Jean Dronyou, trésorier et receveur général de Bretagne, paya, cette année, d'après son compte, qui se trouve dans les preuves de Dom Morice, une somme de huit cents livres à un Guillaume Périer ou du Perrier, pour le marché d'une tour et autres oeuvres en la ville de Brest.

Nous avons déjà dit que la tour, dont il est ici question, était probablement celle de la Madeleine. Tanguy de Kermavan ou Carman, chevalier banneret de l'évêché de Léon, commandait alors à Brest.

 

1462. — Trente-huit ans se passent sans que nous trouvions rien quant aux travaux qui auraient pu se faire au château. Il est probable que durant cette période de temps, pendant laquelle la Bretagne vit mourir quatre ducs, on ne fit au château aucune construction nouvelle, ni même de travaux de quelque importance. Mais, dès les premières années du règne de François II, les travaux recommencèrent avec activité.

« Le 1er Juillet 1462, mandement fut adressé à Olivier Baud, trésorier des guerres et miseur des deniers ordonnez es euvres et reparacions des places de Bretaigne, que, sur les deniers luy assignez, il paye et baille, savoir à Goulven de la Boexière, à valoir sur le feur d'un boulevart qu'il a print à faire devant le chastel de Brest, la somme de 1800 livres » (Registre de la Chancellerie, 1426, f° 69).

Le ravelin en avant le portail, nous l'avons dit, nous semble avoir une telle analogie avec ce boulevard, que nous n'avons point hésité à les regarder comme une seule et même chose, et à placer la construction de ce ravelin en 1462. A cette époque, un grand personnage commandait la ville, le château et la forteresse de Brest. C'était Guyon de Quélénec, vicomte du Faou, conseiller et chambellan du duc et amiral de Bretagne.

 

1464. — En 1464, le duc François II donna aussi l'ordre, par mandement du 1er Mars, « de rabastre à Olivier Kerveat, fermier de l'impost en Léon, 475 livres, somme octroyée audit Kerveat par le conseil par marché et appointement fait entre ledit conseil et celui Kerveat, touchant l'édification du portal de Brest ; et lui estoit ladite somme deue par cause des mises que iceluy Kerveat avoit faites en l'édiffice dudit portal par avant ledit marché, etc. » (Registre de la Chancellerie, 1464, f° 30).

C'est bien le portail, la porte principale, qui existe encore vers 1865 avec ces deux tours, dont il est question dans ce mandement. Cela ne peut faire, il nous, l'objet d'un doute. Le portail est donc de la fin du XVème siècle.

Les travaux, malgré les embarras si grands du règne de Francois II, se continuaient toujours avec vigueur.

 

1481-1482. — Dans les années 1481 et 1482, une allocation de 1500 livres est accordée « au receveur ordinaire de Brest pour employer au paiement de la maczonnerie et charpenterie et couverture des édiffices et reparacions du chasteau dudit lieu de Brest, et aussi pour emploier au poiement des feurs qui ont esté faits, édiffices et reparacions dudit lieu » (Très. des ch. de Bretagne C.D.I.).

Cette somme de 1500 livres fut probablement employée en partie pour le portail et les tours et les édifices qui lui sont joints. C'est du moins ce que l'on peut supposer en raison de la maçonnerie, de la charpenterie et des couvertures dont il est question dans cette note. Le laps de temps qui existe entre 1464 et 1481, dix-sept ans, peut paraître un peu long, il est vrai ; mais au paiement de quels autres travaux pourrait-on attribuer cette somme ?

 

1487. — Le 26 Mars de l'année 1487, le trésorier général et les fermiers de la recette de Brest, reçoivent l'ordre de « faire sur le plus clair de cette recette, assignation de deniers pour les reparacions plus nécessaires estre faites au chasteau de Brest » (Registre de la Chancellerie, 1486-1487, f° 194).

 

1499. — D'autres travaux furent encore exécutés au château par les Français eux-mêmes. En 1489, après la prise de Brest par le roi de France, Charles VIII, le capitaine Carreau Guillaume, seigneur de Chiré et de Courge, capitaine de cinquante lances fournies des ordonnances du roi, fut nommé au commandement de Brest. Il y resta jusqu'en 1499, époque à laquelle Charles VIII étant mort, Anne de Bretagne rentra dans tous ses droits sur son Duché. Guillaume Carreau, avant de se retirer, pour céder, à son grand regret, la place à un capitaine breton, eut soin de faire dresser un mémoire exact des réparations et des ouvrages qu'il avait fait faire au château de Brest pendant qu'il y commandait, et de les faire estimer pour en être soldé. « Il en fit faire la prisée au commencement de 1499 par les officiers de justice du lieu, en présence de Brandelis de Champagne, chevalier ; de Jean Ros, seigneur de La Haie, trésorier des guerres de Bretagne, et de Jean de Montis et Jean de la Cigogne, hommes d'armes ».

Quels étaient ces travaux, nous n'en savons rien, nous ne possédons point le mémoire du capitaine Carreau.

Nous pourrons donc d'après les documents précieux que nous venons de citer, et qui sont dus aux recherches de M. de La Borderie, du moins ceux qui vont de 1405 à 1407 d'abord, et ensuite de 1462 à 1487, et en y joignant ceux intermédiaires ou postérieurs donnés par Dom Morice, rapporter au XVème siècle une grande partie des édifices et fortifications du château de Brest. Il est fâcheux que ces documents ne soient pas plus explicites et qu'ils ne nous désignent point les édifices réparés ou construits, comme le fait celui qui a rapport au portail, et nous laissent ainsi nous perdre dans des conjectures.

Nous allons donner, comme résumé de tous les travaux exécutés au château dans le XVème siècle, les noms des édifices que nous avons cru devoir attribuer à ce siècle, à la fin de la seconde partie de cette étude :

1° La tour de la Madelaine (ou Madeleine) ;

2° Le ravelin casematé ;

3° Le portail ;

4° Et peut-être la tour du Midi du donjon, quoique nous l'ayons placée au XIVème siècle.

 

1552. — Nous savons qu'à cette date de 1552, de Villegagnon apporta à Brest, lorsqu'il y fut envoyé, l'argent nécessaire pour y faire exécuter des travaux qui néanmoins regardaient plus particulièrement la Marine [Note : Nous eussions désiré donner ici la lettre si intéressante du commandeur de Villegagnon, mais elle est d'une telle longueur, que nous nous bornerons à indiquer le volume où elle se trouve pour les personnes curieuses de la lire. (Dom Morice et Taillandier, T. V, col. 1088)].

 

1556. — Tous les deniers pour les fortifications en Bretagne furent, en 1556, encore employés à Brest.

Au nombre des travaux qui furent alors exécutés au château, nous pensons qu'on doit placer la fortification avancée, comprise entre la porte et Porstrein, dont la nécessité avait été signalée par de Villegagnon, pour défendre le front du château du côté de la mer. On pourrait aussi peut-être placer à cette date la construction des grosses tours.

 

1560. — Maintenant, nous arrivons à une date certaine et exacte pour la construction d'un des beaux ouvrages du château, le Bastion Sourdéac.

« Après la muraille gallo-romaine, dit M. de La Borderie, dans le rapport déjà cité, la partie la plus intéressante du château de Brest est certainement le donjon ou vieux château tout enveloppé dans ce gros bastion de Sourdéac construit à la fin du XVIème siècle, en grand appareil, en matériaux magnifiques, dont la lourdeur elle-même est compensée par l'effet si pittoresque de ses guérites d'angle, qui a se détachent sur le ciel comme des sentinelles au port d'armes ».

Nous avons déjà fixé la date de sa construction par les lettres de l'ingénieur qui en posa les premiers fondements, et celles des rois sous lesquels il fut élevé. Nous renvoyons à ces documents donnés à l'article Bastion Sourdéac. Ce boulevard, nous l'avons dit, regardé comme nécessaire à la défense de la place, dont Carné réclamait l'achèvement avec tant d'instances, seize ans après que les fondements en avaient été posés, n'était point encore terminé et ne devait l'être que longtemps après.

 

1597. — Ce ne fut en effet qu'en 1597 qu'il fut fini, c'est-à-dire trente-sept ans après que l'ingénieur Pietro Frédans l'avait commencé. Sourdéac lui donna alors son nom, qu'il a conservé depuis : Bastion Sourdéac. Nous avons vu que ce même gouverneur fit construire, dans le château, la tour du donjon et la caserne de Plougastel. Il donna, dit-on, aussi plus de régularité aux fortifications et approfondit les fossés de la place.

 

1631-1648. — Nous arrivons à 1631, sans rien trouver sur le château de Brest. C'est après cette date que nous avons placé la construction de la partie de la fortification avancée, qui va de la porte à peu près au-devant du bastion Sourdéac. Cette construction, comme nous l'avons dit, ne peut être placée qu'entre 1631 et 1670, puisqu'elle ne se voit point sur le plan du château par Tassin, publié en 1631, et qu'elle se trouve sur un plan de la ville en 1670.

Château de Brest en 1636 de Tassin

Château de Brest en 1636 de Nicolas Tassin.

C'est Charles de Cambout, ou son fils César peut-être, qui le fit construire vraisemblablement, puisque jadis on voyait leurs armes sur l'angle saillant de cette fortification, entourées du cordon de Saint-Michel. Elles étaient surmontées de celles de France. Les pierres sur lesquelles elles étaient gravées existent encore ; mais les armoiries ont été martelées à la Révolution de 1793.

Les Cambout ayant été, le père et le fils, gouverneurs de Brest de 1631 à 1648, la date de construction de cette partie de la fortification extérieure doit être incontestablement placée dans cette période de dix-sept années.

Résumant la dernière partie de notre travail dans un court aperçu chronologique, nous aurons :

XIème siècle : Travaux ordonnés par Conan II.

XIVème siècle :

—     1311. Travaux faits probablement après la prise de Brest par Montfort.

—     1357. Travaux ordonnés par Lancastre.

—     1378. Canons envoyés à Brest par Richard II, roi d'Angleterre. — Travaux exécutés probablement pour approprier les murailles à cette artillerie.

—     1392. Jean Roche demande au roi par l'entremise des Communes d'Angleterre, de lui payer les travaux qu'il a fait exécuter à Brest.

XVème siècle :

—     1405-1407. Constructions et réparations et levée d'un impôt de six deniers pour les travaux à exécuter à Brest.

—     1424. Construction d'une Tour. — Somme de 800 livres payée à G. Périer pour cette tour et d'autres travaux.

—     1462. Construction d'un Boulevard en avant de la porte du Château, par de La Boixière, auquel on alloue une somme de 1800 livres à valoir sur son marché.

—     1464. Construction du Portail du Château.

—     1481-1482. Allocation de 1500 livres pour le paiement de la maçonnerie, de la charpente et couvertures des édifices et réparations.

—     1487. Le trésorier général et les fermiers de la recette, à Brest, reçoivent l'ordre de faire assignation de deniers pour les réparations du Château.

—     1499. Le capitaine Carreau ne se retire qu'après avoir fait faire l'estimation des travaux exécutés par ses ordres.

XVIème siècle :

—     1552. Projets de Villegagnon.

—     1553. Travaux exécutés par ordre du duc d'Etampes.

—     1556. Tous les deniers pour les fortifications de la Bretagne sont employés à Brest.

—     1560. Boulevard ou Bastion Sourdéac commencé par l'ingénieur Pietro Frédans.  

—     1597. Ce bastion est terminé par Sourdéac. Construction de la Tour du Donjon par Sourdéac et autres travaux exécutés par ses ordres, Caserne Plougastel, etc.

XVIIème siècle :

—    1631-1648. Fortifications avancées construites par Cambout.

Nous ne trouvons plus rien après jusqu'en 1681.

Nous arrêtons notre étude sur le château de Brest entre 1631 et 1681, époque à laquelle le château, la ville et le port entrent dans des phases toutes nouvelles. A cette date, se termine la première partie de notre histoire locale. Heureux si nous avons pu prouver, contrairement à des opinions émises naguère encore, que le château de Brest est un monument fort important et fort remarquable par son antiquité très reculée et par les diverses constructions qu'il renferme.

Nous rappellerons, en terminant, que si nous avons affecté aux diverses parties du château des dates que nous croyons découler des documents que nous avons cités et des divers systèmes de construction qu'on y voit, nous ne prétendons point donner ces dates comme positives et certaines. Nous avons rapporté les opinions émises par plusieurs auteurs sur les époques présumées où ces constructions ont été élevées ; nous nous sommes surtout appuyé sur les idées que M. de La Borderie a exprimées dans son rapport de l'excursion archéologique faite au château de Brest par les membres de la classe d'archéologie du Congrès breton, lors de sa réunion à Brest, en 1855, rapport inséré dans le Bulletin archéologique de l'Association bretonne, année 1856. Si nous avons commis quelques erreurs, nous en assumons pourtant seul toute la responsabilité.

E. Fleury - 1865

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