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LE COUVENT ET L'EGLISE DES CARMES

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Dès le commencement du XVIème siècle on voyait dans le faubourg de la ville de Brest, une petite église dédiée à Saint-Yves. L'Hospice ou Hôtel-Dieu, dont elle dépendait, était aussi placé sous l'invocation de ce saint Breton.

La rue où s'élevait cette église portait le nom de rue Saint-Yves, qu'elle a toujours conservé ; elle le devait sans nul doute à l'église et à l'hospice qui s'y trouvaient (Note : Cette rue était aussi quelquefois désignée sous le nom de rue du Château, avant le percement de la rue qui porte actuellement ce nom. Pendant la Révolution, lorsque les noms de toutes les rues de la ville furent changés ; on lui donna le nom de rue de la Liberté, qu'elle porta fort peu de temps).

Le faubourg de Brest ou du Château, qui devint plus tard la ville, ne se composait alors que des rues des Sept-Saints, de la rue Saint-Yves et de celle de Charronnière, ou de la Charronnière, qui prenait dans le bout, passant devant l'église de Saint-Yves, le nom de rue du Four (Note : En raison d'un four public qui se trouvait dans cette partie de la rue).

L'église du Château, dont la fondation remontait au XIème siècle, était encore, à cette époque, la paroisse de la ville proprement dite, qui se trouvait enfermée dans l'enceinte des murs du Château. En dehors de ces murailles, dans le faubourg, on voyait aussi l'église des Sept-Saints, qui n'était qu'un prieuré relevant de l'abbaye Saint-Mathieu.

A quelle époque l'église et l'hospice de Saint-Yves avaient-ils été construits ?... On ne pourrait le dire d'une manière positive ; mais il est fort probable qu'ils furent élevés dès que quelques maisons se trouvèrent agglomérées en dehors du Château : c'est-à-dire vers la fin du XIVème siècle ou le commencement du XVème, dans les dernières années du règne du duc Jean IV ou dans les premières années de celui de Jean V. Alors la Bretagne commença à jouir d'un peu de tranquillité, et les populations purent sortir des enceintes fortifiées, pour former des villes, qui restèrent encore pourtant sous la protection des forteresses. 

II

L'hospice et l'église de Saint-Yves existaient donc depuis plus de deux siècles, lorsque, en 1650, des religieux de l'ordre des Carmes déchaussés sollicitèrent l'autorisation de venir à Brest établir un couvent de leur ordre.

Le faubourg avait alors bien changé. L'église des Sept-Saints avait été érigée en paroisse ; le faubourg avait été élevé au titre de ville ; un maire était élu par les habitants, auxquels Henri IV avait accordé, en 1593, le droit de bourgeoisie ; enfin, Richelieu, voulant donner une marine à la France, avait choisi Brest pour en faire le premier port militaire du pays. Les travaux étaient commencés depuis 1631 ; la population s'était aussi accrue en proportion de l'importance que la ville avait prise.

Le chapitre de l'évêché de Saint-Pol-de-Léon et les habitants de Brest hésitèrent d'abord à accorder aux Carmes l'autorisation qu'ils demandaient ; mais le gouverneur du Château et de la Ville, M. de Castelneau, ayant manifesté le désir de voir s'établir à Brest un couvent de cet ordre, les difficultés se trouvèrent bientôt levées. Le gouverneur n'avait été que l'interprète des volontés du Roi.

III

Le 17 août 1651, les anciens maires, les gentilshommes et les nobles bourgeois de la ville s'assemblèrent, conformément au désir exprimé par le gouverneur, et autorisèrent les Carmes à fonder un couvent à Brest. Le maire était alors M. G. Le Bescon. On leur donna, pour former leur établissement, l'église et l'hôpital de Saint-Yves, avec tous leurs droits, dépendances et appartenances. A cette concession on mit pourtant quelques réserves, entr'autres : que la compagnie du Rosaire, établie dans l'église, pourrait continuer à s'y rassembler, et qu'elle recueillerait des aumônes, comme elle avait coutume de le faire, ou qu'elle se retirerait, à sa volonté. Les Pères Carmes devaient aussi respecter les prééminences, tombes et bancs qui se trouvaient dans l'église, et s'obligeaient à inhumer dans son enceinte, aux conditions précédemment existantes, les personnes dont les ancêtres y avaient leur sépulture. Il leur était permis d'inhumer dans l'église les habitants qui le désireraient, en s'accordant avec eux, comme ils le faisaient dans leurs autres maisons ; mais quant à la sépulture des pauvres, elle était obligatoire  « si tant est, dit le traité, que ceux à qui il appartient par leur charge de les inhumer, voulussent les refuser et les priver de ladite sépulture, sous prétexte de la seule pauvreté ».

Ces conditions furent acceptées par les RR. PP. Jérôme de Saint-Jacques et Hyacinthe de l'Assomption, religieux des Carmes déchaussés, commissaires du R. P. Ange, provincial de l'ordre.

L'acte fut passé au Château, en présence de M. de Courpois, lieutenant de Roi, qui le signa en l'absence du gouverneur (Note : Jacques de Castelneau Mauvissière, qui fut gouverneur de Brest de 1648 à 1658). L'année suivante quelques habitants ayant réclamé contre l'autorisation donnée aux Carmes, prétendant qu'on ne leur avait pas laissé toute la liberté requise en pareille circonstance, les maire, bourgeois et habitants se réunirent de nouveau, le 1er mai 1652, pour délibérer sur cette affaire ; on approuva la donation faite en 1651 ; mais les Carmes furent obligés de s'engager, en outre, à faire bâtir une chambre proche le couvent, pour servir d'hôpital aux pauvres et nécessiteux de la ville. Le 12 décembre de cette même année, ils prirent possession de l'église et de l'hospice, l'évêque de Léon, Henry Marie de Laval de Bois-Dauphin, ayant donné son approbation le 19 novembre précédent. Ce furent trois Carmes irlandais, chassés de leur pays par Cromwell, qui fondèrent le couvent, dit l'abbé Tresvaux.

Cette maison religieuse est la première qui se soit, établie à Brest.

En 1654, des lettres patentes du Roi Louis XIV leur furent délivrées, légalisant la fondation d'un couvent de cet ordre dans la ville. Elles furent ratifiées au Parlement de Bretagne, le 21 juillet 1659, et de nouveau le 31 juillet 1688.  

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IV

La chambre qui devait servir d'hôpital n'étant point encore bâtie, en 1655, ces religieux offrirent en échange, pour la création du nouvel hospice, deux petites maisons s'entrejoignant couvertes en ardoises avec cour et jardin, situées au haut bout oriental de la rue Neuve. Ces deux propriétés venaient de leur être données par honorable femme, Marie Pochard, veuve de François Jacolot, moyennant une rente de 24 livres pendant sa vie et de messes à perpétuité après son décès. D'après ces propositions, le maire, écuyer Michel de Roupiquet, sieur du Pin, qui avait pour échevins MM. David de Lalande et Gaspar Dagar, « fit par les hérauts de ville avertir les bourgeois et habitants de se trouver, le second jour de novembre, à l'issue des vêpres, en l'Eglise des Sept-Saints, au son de la cloche qui se fera entendre ».

Messire Charles Colas, seigneur de Cintré, était alors lieutenant de Roi de la Ville et du Château de Brest, où il commandait en l'absence de M. de Castelneau, toujours gouverneur.

Le 2 novembre 1655, conformément à la convocation du maire, les bourgeois et habitants de la ville se réunirent dans l'église des Septs-Saints après vêpres. « La réunion se composait de la plus grande et la plus saine partie des habitants ». Ce jour, après la lecture des propositions faites par les Carmes, qui avaient alors pour prieur le P. Louis de Saint-Joseph, et pour procureur le P. Clément de Saint-Georges, on nomma quelques membres de l'assemblée pour aller visiter les maisons, et comme il se faisait tard, on leva la séance. Le lendemain, 3 novembre, dès neuf heures du matin, on se réunissait chez le maire (il n'y avait point alors d'Hôtel-de-Ville), et sur le rapport des délégués, on acceptait à l'unanimité le soffres des PP. Carmes. En outre de ces deux maisons ils donnèrent encore « une somme de 75 livres en espèces de louis d'argent ». Ainsi, ils devinrent propriétaires de l'église et de l'hôpital de Saint-Yves ; mais ils ne restèrent pas moins dans l'obligation d'observer les autres conditions stipulées dans les premiers actes, laissant à l'hôpital nouveau, pour la subsistance des pauvres, toutes les rentes données et cédées à cet établissement (Note : Les deux maisons données en 1655, qui étaient situées au haut de la rue Neuve, vis-à-vis la plate-forme, vulgarisée le boulevart, furent vendues la somme de 36 livres de cens et rente par chacun an, à perpétuité, le 3 mars 1671, à un nommé Louis Landrin, maître chapelier. Elles n'étaient plus alors que de vieilles masures. Ce Landrin n'exécutant pas les conditions du contrat, en 1673, on l'évinça et on revendit ces maisons à un bourgeois de Brest, qui en offrit 33 livres aussi de cens et rente, par chacun an et à perpétuité, dont 2/3 pour la fabrique des Sept-Saints et 1/3 pour l'hospice).

Néanmoins, en 1676, les commandeurs de Saint-Lazare et du Mont-Carmel les assignèrent pour les faire se désister et départir des biens appartenant à l'hospice de Saint-Yves de Brest, ou en dépendant. Les RR. PP. les renvoyèrent devant les maire et échevins, qu'ils assignèrent de leur côté.

V

En 1686, les Carmes, que l'on trouve toujours empressés de se rendre utiles aux habitants, demandèrent l'autorisation d'établir à leurs frais et sans de nouvelles quêtes, un hôpital à Recouvrance, « sachant, disaient-ils dans leur requête, l'obligation qu'ils avaient de rendre service à toute la ville, en reconnaissance des bontés qu'on avait pour eux, et ne pouvant, vu les difficultés de passer l'eau la nuit, le passage étant fermé, porter secours aux habitants de Recouvrance ». La communauté de la ville accorda le 18 septembre, avec empressement, l'autorisation demandée. La requête avait été présentée par les RR. PP. Casimir de Saint-Hilarion, prieur ; Similien de Saint-Joseph, Théodore de Saint-André et Justinien de Sainte-Marie, procureur.

En 1691, ils sollicitèrent aussi du Roi la décharge du droit de 8 livres, qui se prélevait sur chaque tonneau de vin entrant en ville, pour celui qui se consommait dans leur couvent. La communauté de la ville donna son approbation à cette demande mais le syndic de la commune ayant « remontré » que depuis que ces religieux étaient établis à Brest, ils n'avaient donné aucune connaissance ni communication des titres, en vertu desquels ils avaient fondé un couvent, sommation leur fut faite de fournir des copies garanties des titres qu'ils possédaient, pour les déposer dans les archives de la ville.

L'année suivante, 1692, n'ayant probablement point obtempéré à l'injonction de la commune, le 31 mars, ils furent assignés, cette fois, par huissier, pour communiquer par originaux, au syndic de la ville, les actes titres, etc..., de leur établissement dans Brest et des fonds et édifices qu'ils avaient acquis depuis les quarante ans derniers. Ils communiquèrent très probablement les originaux au syndic, mais des copies ne furent point remises alors ; car celles qui existent aux archives, et dont nous avons extrait ce qui précède, ne portent que la date du 25 août 1695.

VI

L'église de Saint-Yves ou des Carmes étant fort ancienne, presque en ruines, et se trouvant d'ailleurs trop petite pour contenir tous les fidèles qui la fréquentaient, ainsi que la communauté qui était fort nombreuse, fut rebâtie en 1718, sur les dessins de M. Robelin, directeur des fortifications de Bretagne. A la même époque, une partie du couvent, celle qui fait face à la rue Charronnière, fut aussi réédifiée.

Expilly dit, dans son Dictionnaire de Géographie, article Brest, que cette église n'était pas grande, mais fort propre et bien éclairée. Le cloître était très petit et peu élégant. Sur une banquette en maçonnerie s'élevaient des portiques en charpente, supportant la toiture ; au milieu se trouvait un parterre ; dans un des angles existait un puits, qui fut abandonné en 1777, les Carmes ayant obtenu de la ville un filet d'eau suffisant pour les besoins de leur établissement.

Le couvent possédait une bibliothèque assez riche, dont malheureusement il ne reste que quelques volumes à la bibliothèque de la ville.

VII

Les Carmes furent toujours fort aimés dans Brest, et ils  méritaient de l'être, par le zèle qu'ils déployaient sans discontinuer pour se rendre utiles à toutes les classes de la population. Dans ces temps de foi et de pratique religieuse, où les jours de grandes fêtes plus de douze mille communiants se présentaient à la Sainte table, l'église paroissiale de Saint-Louis ne pouvait suffire, et le clergé, trop peu nombreux, se trouvait dans l'impossibilité de répondre à toutes les exigences de son, service ; ces religieux les suppléaient alors avec un zèle, une complaisance qui les faisaient aimer et estimer de tous les habitants, auxquels ils étaient entièrement dévoués. Quelques corporations d'ouvriers de la ville tenaient leurs séances dans la grande salle du couvent ; la communauté de la ville elle-même se réunissait quelquefois dans leur réfectoire, avant qu'on eût acheté, en 1757, l'hôtel de M. Chapizeau, pour en faire un Hôtel-de-Ville. Lors de l'épouvantable épidémie apportée à Brest par l'escadre de M. Du Bois de Lamotte, en 1757, épidémie qui décima une grande partie de la population, l'Eglise des Carmes fut mise à la disposition, de la ville pour en faire un hôpital ; aussi ne sera-t-on point surpris, quand nous dirons que des donations importantes leur étaient souvent faites par les diverses classes des habitants. Nous ne citerons qu'une de ces donations, c'est celle que leur fit par testament M. Hector Dandigné, chevalier de Grandfontaine, capitaine des vaisseaux du Roi, décédé à Brest en 1696. Elle consistait en une rente de 200 livres sur l'Hôtel-de-Ville de Paris. Elle était faite à la condition que M. Dandigné serait inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, dans l'église des Carmes ; que deux grand'messes seraient chantées à son intention, à perpétuité, chaque année, l'une la veille de l'Assomption de la Vierge, et l'autre la veille de la Conception.

Ces deux jours, les religieux, prêtres du couvent, devaient dire toutes leurs messes pour le repos de l'âme de M. Dandigné, « sous peine, aux dits religieux présents et à venir », s'ils manquaient de dire les messes et services à perpétuité, d'en répondre sur leurs consciences et de perdre la part des 200 livres qui leur revenait et qui serait alors donnée à l'hospice. Les Carmes acceptèrent ce legs, en présence de M. Desnos, chef d'escadre, exécuteur testamentaire de M. Dandigné.

Au moment où la Révolution éclata, ces Pères étaient fort riches. Leur établissement occupait alors presque tout l'îlot compris entre les rues Saint-Yves, Charronnière, des Sept-Saints et de Traverse : sur la rue Saint-Yves, les maisons d'habitation appartenaient au couvent et étaient louées à des particuliers ; sur la rue Charronnière, une partie des maisons d'habitation dépendaient aussi de la communauté ; mais celles qui se trouvaient dans les rues des Sept-Saints et de Traverse étaient des propriétés particulières. L'emplacement où s'élevait vers 1861 la Halle, était un superbe jardin à terrasses, avec un puits au milieu.

La superficie occupée par tout cet établissement était de 2,154 toises carrées.

En outre de ce vaste enclos, ces religieux possédaient aussi, sur la route de Brest à Guipavas, une fort belle maison de Campagne appelée le Mont-Carmel, qui existait encore vers 1860.

Toutes ces propriétés, le couvent, l'église, les maisons de ville, le jardin et la maison de campagne, furent évaluées, en 1790, par une commission dont faisait partie M. Trouille, ingénieur de la marine, à un capital de 120,166 livres 16 sols, et en revenu, au denier 22, à 5,462 livres 2 sols 6 deniers.

VIII

Liste des Prieurs du Couvent des Carmes.

1652. — Lors de la prise de possession, le 12 décembre 1652, de l'église et de l'hospice de Saint-Yves, ce furent, comme nous l'avons dit d'après l'abbé Tresvaux, trois Carmes irlandais qui dirigèrent la communauté.

1655. — Les PP. Louis de Saint-Joseph, prieur. Clément de Saint Georges, procureur.

1664 (mars). — Les PP. Marcel de Sainte-Geneviève, prieur. Jacques de Saint-François, sous-prieur. Joachim de Sainte-Marie, procureur.

1664 (octobre). — Les PP. Chérubin de Sainte-Marie, prieur.

1679. — Les PP. Bonaventure de Sainte-Thérèse, prieur. Salomon de Saint-Nicolas, sous prieur. Victor de Saint-Vincent, procureur.

1679 (octobre). — Les PP. Marion de Sainte-Apollinaire, prieur. Roch de Saint-Hyacinthe, sous-prieur. Jean de la Croix, procureur.

1683. — Les PP. Salomon de Saint-Nicolas, prieur. Timothée de la Nativité, sous-prieur. Jacques de Saint-François, procureur.

1685. — Les PP. Salomon de Saint-Nicolas, prieur. Timothée de la Nativité, sous-prieur. Jacques de Saint François, procureur.

1686. — Les PP. Casimir de Saint-Hilarion, prieur. Justinien de Sainte-Marie, procureur.

1691. — Les PP. Théodose de Saint-Ambroise, prieur.

1695. — Les PP. Casimir de Saint-Hilarion, prieur. Mélaine de Saint-Hilarion, procureur.

1696. Les PP. Casimir de Saint-Hilarion, prieur. Hyacinthe de l'Assomption, sous-prieur. Yves de Saint-Samson, procureur.

1785. — Les PP. F. Elisée de Saint-Paul, prieur.

1790. — Les PP. Elisée de Saint Paul, prieur. (Note : le P. Elisée de Saint-Paul était provincial de l'Ordre). Florent de Saint-Julien. Cyprien de Saint-François.

IX

A la Révolution, comme tous les autres établissements religieux, le couvent des Carmes fut confisqué au profit de la nation ; son église fut fermée et les Pères dispersés. Un seul, le sieur Ménourt, religieux Crand'Carme (Note : En 1790, cette maison qui était destinée pour 24 religieux, dont 12 Carmes déchaux ou déchaussés, et 12 Crand'Carmes, ne contenait plus que 12 religieux 10 RR. PP. et 2 frères convers), déclara adhérer entièrement à la constitution civile du clergé. Nous savons aussi que le frère Florentin émigra en Espagne, où il mourut probablement vers 1807. Ce frère mérite une mention toute particulière : c'est à lui que l'on doit les belles orgues de l'église Saint-Louis. Elles coûtèrent à la fabrique 80,000 livres en argent, plus une rente de 250 livres qui fut constituée au profit de ce Carme. En 1804, il réclama à la fabrique de Saint-Louis sa rente, qui ne lui avait point été payée depuis 1791 ; il était encore en Espagne. On s'empressa de lui faire passer les arrérages de la rente, qu'on continua de lui solder jusqu'en 1807, époque présumée de sa mort.

X

Les Carmes, avons-nous déjà dit, étaient fort aimés et estimés à Brest. Nous en trouvons de nouveau la preuve dans un rapport présenté, au mois d'octobre 1790, au conseil général de la commune, par une commission chargée de répondre à des questions adressées à ce conseil par le district, sur la nécessité de conserver où de supprimer les établissements religieux de la ville : « Il n'est pas un habitant, dit ce rapport, qui ne doive être et qui ne soit effectivement pénétré de la plus vive reconnaissance pour les services importants que cette communauté n'a cessé de rendre, la nuit et le jour, depuis son établissement dans cette ville, et, sous cet aspect, la commission aurait désiré de trouver des moyens efficaces pour la conserver ; mais forcée de céder à un motif d'utilité plus grand encore (celui de venir au secours des pauvres trop resserrés dans le local qu'ils occupent), elle a cru, mais avec le plus vif regret, que la suppression de cette communauté était indispensable ».

Les principales raisons que faisait valoir la commission étaient : la nécessité d'agrandir l'hôpital et de substituer à des salles malsaines, dans lesquelles on était obligé d'entasser les malades et les enfants, de nouveaux établissements plus spacieux et mieux aérés, dont la proximité rendait la réunion très facile, et aussi de supprimer l'hôpital de Recouvrance, qui tombait en ruines, ce qui épargnait les dépenses énormes d'une reconstruction et diminuait considérablement les frais d'administration (Note : L'hôpital que l'on voulait supprimer à Recouvrance n'était point celui créé par les Carmes en 1686 , mais un autre élevé, pour remplacer celui-là, sur un terrain situé en face de l'église Saint-Sauveur, donné en 1692 par M. et Mme Le Gac de l'Armorique, et dont le comte d'Estrées avait posé la première pierre le 30 mai 1696).

XI

Malgré les bonnes dispositions des habitants à leur égard, l'année suivante, 1791, le conseil général se trouva dans l'obligation de réclamer de l'Assemblée nationale le renvoi immédiat des Carmes. Dans sa requête, après avoir rappelé les motifs, sur lesquels la commission avait, en 1790, appuyé son opinion, il ajoutait encore : « Nous avons remarqué dans le temps que les Pères Carmes étaient d'une grande utilité à Brest, par le zèle avec lequel ils se sont toujours portés à administrer les secours spirituels dans une ville qui n'a, pour le côté de Brest, qu'une seule paroisse pour contenir tous les habitans (Note : « Cette considération, est-il dit dans une note ajoutée à la requête, ferait désirer que l’on fit de l’église des Carmes une succursale de la paroisse »). Nous nous sommes plu à leur rendre à cet égard la justice qui leur était due, et à manifester le regret d'être forcés par des considérations impérieuses à prononcer leur renvoi ; mais les temps sont bien changés !!! Les principes connus à ces religieux, opposés à la constitution civile du clergé, font de leur maison un asile où se rassemblent les prêtres réfractaires, dont les manoeuvres, qui ne tendent qu'à alarmer les consciences des âmes faibles et des femmes, et à les éloigner de leurs pasteurs constitutionnels et de leur paroisse, ont déjà produit des scènes scandaleuses. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans d'autres détails pour prouver qu'il vaut mieux prévenir les désordres que d'attendre que de plus grands délits soient commis, pour les punir.... etc.... etc.... On le voit donc que dans une ville aussi intéressante, où le terrain est précieux à ménager, ce serait un très grand abus de conserver les Carmes, quand même on pourrait les considérer comme isolés et ne vivant que pour eux mêmes ; mais que cet abus devient infiniment dangereux, du moment que leur présence, par la considération ancienne dont ils jouissaient, ne peut que troubler l'ordre public dans ce qui concerne le service du culte ».

Nous avons copié presqu'en entier cette requête à l'Assemblée nationale, parce qu'elle fait connaître non-seulement les motifs pour lesquels les Carmes ont été renvoyés de Brest ; qu'elle peint le regret qu'on avait d'être obligé de ne point les conserver après les services qu'ils avaient rendus à la ville, et l'estime qu'on avait pour eux ; mais encore la nécessité où, en raison de leur révolte contre les lois de l'Etat, ils mirent la municipalité, par mesure d'ordre et de sûreté publique, de réclamer leur expulsion immédiate, expulsion devenue d'autant plus nécessaire que l'ancienne considération dont ils jouissaient était plus grande. Cette adresse, dans laquelle on trouve le désir exprimé de voir l'église des Carmes devenir une succursale de l'église paroissiale de Saint-Louis, fut votée par le conseil dans la séance du 8 mai 1791. On arrêta qu'une copie en serait envoyée à l'évêque constitutionnel Expilly, à Quimper, et une autre au département. Le couvent fut fermé immédiatement.

XII

Le voeu émis, en 1790 , par le conseil général de la commune, de faire un hôpital du couvent, ne fut point mis à exécution. D'abord, il servit de prison : soixante et onze prêtres non assermentés ayant été envoyés à Brest, par arrêté du département, du 21 avril 1791, qui leur donnait la ville pour prison, ils furent, par mesure de prudence et de sûreté, enfermés au couvent des Carmes, sur l'ordre de la municipalité et du district. Ils n'y restèrent que quelques mois ; la loi d'amnistie du 14 septembre de la même année les fit mettre en liberté. Un membre du département ; le citoyen Veller, fut chargé de leur notifier l'acte d'amnistie. Le 27 septembre, accompagné des citoyens Brichet et Berthomme, officiers municipaux, il se rendit au couvent ; les détenus, réunis au son de la cloche, se rendirent à l'église où, du haut de la chaire, Veller leur donna connaissance de l'arrêté du département qui, tout en leur rendant leur liberté, ne leur permettait pas, par mesure d'ordre, de rentrer dans leurs anciennes paroisses.

Un vicaire de Saint-Louis remercia les commissaires au nom de ses collègues. Le lendemain, tous ces prêtres, rendus à la liberté, quittèrent le couvent des Carmes.

A peine s'étaient-ils retirés, qu'on transforma le couvent en caserne pour loger les défenseurs de la patrie. Les premiers soldats qui vinrent l'habiter, furent les volontaires nationaux, appelés pour former le premier bataillon des gardes nationaux volontaires, qui devait être organisé à Brest. Le 10 octobre de cette année, ils arrivèrent en foule ; la population les reçut avec enthousiasme ; un grand nombre furent logés chez les habitants, qui les réclamaient pour les fêter dans leurs familles ; on caserna les autres dans le couvent des Carmes.

Le bataillon de Brest et les deux autres que devaient fournir le département du Finistère, étant organisés vers la fin de l'année 1791, ils quittèrent la ville dans les premiers jours de janvier 1792.

XIII

Dès cette année 1792, les églises de Brest étant insuffisantes pour la population, on demanda l'autorisation de rouvrir celle des Carmes. Ce ne fut pourtant que le 2 février 1793, que sur le rapport du procureur de la commune, le conseil décida cette réouverture, qui ne devait pas être de longue durée. Il en donna avis au district, en lui faisant connaître que la municipalité se chargeait, « par inventaire, des ornements, des vases sacrés et autres objets nécessaires pour la déserte de l'Eglise ».

Bientôt on la ferma de nouveau et ce fut alors pour longtemps. D'abord, en l'an II (1793), le garde magasin des subsistances de la guerre la demanda pour y mettre ses approvisionnements. La municipalité refusa : « parce que la chapelle en question étant nécessaire pour les assemblées des sections, il n'était pas en son pouvoir de la consacrer à un autre usage ».

C'était à cette époque qu'on plaçait sur les églises de Saint-Louis et de Saint-Sauveur des enseignes portant les mots : Temple de la Raison.

En l'an III, les plus mauvais jours de la Révolution étant passés, et la loi du 11 prairial (30 juin 1795) ayant autorisé tous les cultes, le district prit, le 9 thermidor (27 juillet), un arrêté par lequel il mettait à la disposition de la municipalité, pour les exercices religieux, l'église des ci-devant Carmes. Cet arrêté avait été provoqué par une pétition des habitants, renvoyée au district par le conseil général de la commune, avec un avis favorable. Dans cette pétition les habitants demandaient « un lieu, à titre de location, ou autrement une église, pour l'exercice du culte ». La municipalité répondit au district, le 11 thermidor (29 juillet) : « qu'elle n'avait d'autre but que de déférer à ses arrêtés ; mais qu'elle était instruite que ladite église ne pouvait être évacuée, attendu les objets qu'elle contenait et les besoins du service ».

L'arrêté du district ne put donc être mis à exécution.

En l'an IV (1795), l'église fut livrée à la guerre pour exercer les troupes pendant la mauvaise saison, particulièrement les sapeurs qui ne pouvaient travailler aux fortifications pendant l'hiver. C'était au mois de frimaire (novembre) que cette remise avait lieu ; en nivôse (janvier 1796), on y emmagasinait des effets militaires ; en ventôse (février), un arrêté de l'administration départementale la mettait tout-à-fait à la disposition de la guerre, et le 8 germinal (28 mars), un procès-verbal constatant l'état de la chapelle et de ses dépendances, désormais destinées à servir de magasins, était dressé en présence d'un agent de l'autorité civile et du commissaire des guerres ; la chapelle, la sacristie, le cloître étaient dans un état de délabrement complet.

XIV

Cette même année, des propositions furent faites par des particuliers pour acheter le couvent. La municipalité s'opposa à la vente ; les raisons qu'elle fit valoir furent : l'importance, pour la guerre, de conserver la partie occupée comme magasin, « par les comestibles destinés aux défenseurs de la patrie » ; l'impossibilité de trouver un lieu plus convenable que le couvent pour le logement des troupes et la nécessité, peut-être prochaine, d'en faire un hôpital pour remplacer celui de Recouvrance, qui venait d'être évacué pour cause de vétusté ; « il serait, disait-elle, de la munificence nationale d'y attacher (à l'hospice de Brest) la maison des ci-devant Carmes, qui n'en est séparée que par la rue ».

Cette caserne était en effet indispensable aux nombreuses troupes qui venaient à Brest. En l'an IX, on y logea l'armée des Antilles, de l'expédition du général Le Clerc.

XV

A cette époque, l'église qui, depuis l'an IV, servait toujours de magasin, fut un moment rendue au culte ; on la mit à la disposition de l'armée espagnole commandée par le général Gravina, pour y célébrer le service divin. Quelques prêtres réfractaires furent autorisés à y officier ; mais bientôt elle fut fermée de nouveau par ordre du préfet, quoique le maire eût demandé que cette église, qui pouvait contenir mille personnes, fût laissée à la ville pour l'exercice du culte, après le départ de l'armée espagnole.

En l'an XI (1803), le génie militaire, qui en avait depuis plusieurs années la jouissance, la revendiqua comme sa propriété ; la municipalité réclama contre cette prétention, et prit aussitôt un arrêté dans lequel se trouve le considérant suivant : « Considérant que l'église des Carmes, par la circonscription prochaine des paroisses, devient nécessaire pour y établir une succursale, puisque la ville de Brest, par son étendue et sa grande population, exigera qu'il en soit érigé une, et que cette Eglise, par sa position et son éloignement de la métropole, est la seule église qui convient à cet objet.... etc.... Signé : Le maire, TOUROT ».

Ainsi, déjà en l'an XI (1803), on songeait à faire de l'Eglise des Carmes une succursale ou seconde paroisse. C'est à cette époque qu'elle fut remise au clergé de Saint-Louis.

Au mois de thermidor de l'an XII (juin 1804) les conseils municipaux ayant été convoqués pour donner leur avis sur les circonscriptions des succursales, le conseil de Brest répondit de nouveau : Qu'une église était insuffisante du côté de Brest, vu la grande population et l'état de la paroisse, et que celle des Carmes remplissait sous tous les rapports, les conditions pour une succursale, en lui affectant un arrondissement de territoire. En conséquence, il suppliait le préfet de solliciter du gouvernement la réalisation de ce voeu des habitants et de la municipalité.

Malgré cette pressante demande, ce voeu ne fut point sanctionné, et plus d'un demi-siècle devait s'écouler avant que le gouvernement accordât la création d'une nouvelle paroisse clans l'église des Carmes.

XVI

Cette église n'est point ancienne ; elle ne date, comme nous l'avons dit, que de 1718, et n'offre rien de remarquable dans son architecture.

D'après M. de Fréminville, on devrait y voir une pierre tombale qui recouvrait l'entrée du caveau de la famille Lars de Poulrinou, qui a donné à la Ville un de ses maires les plus capables : Jacques Lars, sieur de Poulrinou, décédé en 1733, qui fut maire de Brest de 1694 à 1718. C'est lui qui fit, en 1709, construire au bas de la Grand'Rue, l'Escalier-Neuf, comme le constate une plaque de Kersanton incrustée dans le mur donnant sur cette rue.

Quant à la pierre tombale, elle a été enlevée sans doute, car on ne la trouve plus.

Une seule chose mérite une mention toute particulière dans cette église : c'est un petit monument placé jadis au-dessus de la porte d'entrée, maintenant descendu dans un des bas-côtés, dans la travée à droite en entrant. Ce monument, beaucoup plus ancien que l'Eglise actuelle (il date du XVIème siècle) et qui provient, sans aucun doute, de l'antique chapelle de Saint-Yves, démolie en 1718, est une petite statue en pierre de Kersanton, représentant un saint assis dans un fauteuil. Il est vêtu d'une large robe à capuchon et grandes manches, serrée à la taille ; sur ses genoux se voit une bourse, dont il tient en mains les cordons. La tête est coiffée d'un bonnet de docteur ; malheureusement cette tête est moderne. La statue ayant été décapitée, probablement à la Révolution, il y a quelques années un sculpteur du pays en a refait une en tuffeau, à peu près sans doute, car il ne reste aucune tradition sur cette statue.

Sur les côtés du fauteuil se voient des écussons armoriés, portant un croissant surmonté d'une molette à six branches. La statue et le fauteuil sont supportés sur un cube en Kersanton. Au-dessous est une espèce de cul-de-lampe sculpté couvert d'ornements, sur le devant duquel, dans un cartouche, est gravée en creux l'inscription suivante :

P : QVILBIGNON
MIL: Vcc XXXIIII
FIST : FAIRE : LIMAGE.

P: Quilbignon

mil cinq-cent trente-quatre
fist faire l'image.

XVII

Cette statue représente très probablement Saint-Yves, dont P. de Quilbignon avait fait faire l'image, pour la placer dans l'église de l'hospice dédiée à ce saint.

La bourse, dont il tient en, main les cordons, signe de sa charité et des aumônes qu'il distribuait aux pauvres, ne semble laisser aucun doute à ce sujet. Il ne faut point s'occuper de la tête qui, comme nous l'avons dit, est moderne ; le bonnet de docteur dont elle est coiffée ne prouve donc absolument rien.

Les armoiries sculptées sur les côtés du fauteuil appartiennent, nous le pensons, à la famille des Quilbignon. Du reste, à qui pourrait-on les attribuer, si ce n'est à celui qui fist faire l'image ?

Les Quilbignon étaient du pays, ils habitaient la paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon et celle de Plouzané. Ils descendaient d'une ancienne famille bretonne, dont plusieurs membres sont mentionnés dans les preuves de l'Histoire de Bretagne, de Don Morice. Il n'est donc point étonnant qu'ils eussent de la dévotion pour l'Eglise de Saint-Yves, et qu'ils lui eussent fait don de cette statue. Il aurait été fort curieux de savoir à quelle occasion ?

D'après le Nobiliaire de Bretagne, de M. de Courcy, la famille de Quilbignon existait en 1427 ; elle eut encore des représentants à la montre de 1534 ; malheureusement cet ouvrage ne donne point les armoiries de cette maison.

Ce petit monument qui, la tête exceptée, est resté dans un état parfait de conservation, est dû à un artiste qui ne manquait point de talent. On a le regret de ne trouver son nom sur aucune des faces de la pierre.

Si nous nous sommes un peu étendu sur ce sujet, c'est que cette statue n'a jamais été décrite et que nous pensions qu'elle méritait de l'être, comme un des plus anciens monuments qui existent Brest. M. de Fréminville en a parlé, il est vrai, dans ses Antiquités du Finistère, mais il n'avait pu sans doute la bien examiner, car il dit qu'elle représente la Vierge tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux. L'inscription qu'il donne est aussi fautive ; quant à l'opinion qu'il émet, qu'elle provient, de l'église de Notre-Dame de Recouvrance, nous la croyons erronée.

XVIII

 En résumé, nous pensons que cette statue, représente Saint-Yves, qu'elle provient de l'ancienne église de l'hospice, dédiée à ce saint ; que c'est P. Quilbignon, l'un des descendants de cette ancienne famille de notre pays, probablement même celui qui figurait à la montre de 1534, qui l'avait fait faire par un artiste dont malheureusement le nom ne nous est point parvenu, Nous ajouterons que les armoiries des Quilbignon, que l'on ne connaissait point encore, il est probable, puisque le savant M. de Courcy ne les a pas données dans son Nobiliaire, pourraient être regardées, d'après les armes gravées sur les côtés du fauteuil, comme portant un croissant, surmonté d'une molette. Les émaux ou couleurs restent toujours un mystère, l'artiste ne les ayant point indiqués sur la pierre.

XIX

L'église des Carmes, dont nous venons de donner l'historique, a été enfin, par décret impérial du 31 décembre 1856, érigée en succursale de l'église paroissiale de Saint-Louis ; une circonscription de territoire lui a été affectée ; les lettres de l'Evêque de Quimper et Léon, Mgr Sergent, en date du 12 janvier 1857, l'ont élevée ensuite au titre de seconde paroisse de Brest, sous les noms et invocations de la Bienheureuse Vierge Marie des Carmes.

L'inauguration a eu lieu le 25 janvier de la même année. Le conseil municipal a voté, dans sa séance du 4 février suivant, une somme de 40,000 francs pour son installation ; sa population s'élève alors à peu près à 10,000 âmes.

Cette paroisse comprend l'ancienne ville tout entière et le Château ; elle se trouve presque circonscrite dans les murailles qui existaient en 1670. Elle est renfermée dans une ligne qui, partant de la porte du port, montant l'Escalier-Neuf, suivant la rue des Malchaussés, longeant toute la rue Traverse, franchissant la cour de la caserne des Douanes, coupant le Cours-Dajot à angle droit, ainsi que Porstrein, finit à la mer. Tout le côté droit de cette ligne, jusqu'à la Penfeld, fait partie de la paroisse de Notre-Dame des Carmes.

XX

Le voeu si souvent émis par les habitants de faire une paroisse de cette église, présenté d'abord en 1792, ensuite formulé par la municipalité en l'an XI (1803) et adressé par elle en l'an XII (1804), au gouvernement, est donc enfin réalisé après plus d'un demi-siècle.

E. Fleury

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