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CAHIER DE DOLÉANCES DE BRÉAL-SOUS-MONTFORT EN 1789

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GROUPE DE BRÉAL.
(Paroisses de Bréal, Lassy et Goven).

Louis-Julien Filly du Perray, sénéchal de la baronnie de Bréal, a présidé, le 1er avril, l'assemblée de Bréal, et sans doute l'assemblée de Lassy, dont le procès-verbal ne nous est pas parvenu, mais dont il a signé le cahier. Ainsi s'explique l'identité presque complète de ces deux cahiers. Filly du Perray présida aussi, le 2 avril, l'assemblée de Goven ; mais celle-ci se sépara sans avoir pu aboutir, car les habitants ne voulurent pas accepter le cahier que leur présentait Filly, et qui était sans doute analogue aux cahiers de Bréal et de Lassy (1), et le sénéchal, de son côté, refusa de donner lecture d'un cahier que M. de Miniac avait rédigé pour les comparants. Les habitants se réunirent de nouveau le 5 avril et signèrent un troisième cahier (2) qui offre les plus grandes analogies avec les cahiers de Bruz et d'Orgères (Voy. ci-dessus, t. I, pp. 618-636), émanant tous d'eux d'assemblées qui ont été présidées par Pierre-Joseph Besnard, procureur fiscal de la baronnie d'Orgères.

 

BRÉAL (aujourd'hui BRÉAL-SOUS-MONTFORT).

Subdélégation de Plélan. — Dép. d'Ille-et-Vilaine, arr. de Montfort, canton de Plélan.
POPULATION. — En 1793, 2.180 hab. (Arch. Nat., D IV bis 51) ou 2.117 hab. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série L).
CAPITATION. — Total en 1770, 2.244 l. 11 a. 7 d., se décomposant ainsi : capitation, 1.504 l. 10 s. ; 21 d. p. l. de la capitation, 131 l. 12 s. 11 d. ; milice, 200 l. 5 s. 9 d. ; casernement, 367 l. 2 s. 11 d. (Ibid., C 3981). — En 1778, 517 articles (Ibid., C 3982).
VINGTIÈMES. — En 1787, 3.611 l.
FOUAGES. — 41 feux 1/8 1/16. — Fouagea extraordinaires, 791 l. 17 s. 10 d.
OGÉE. — A 14 lieues 1/2 au S. de Saint-Malo ; à 3 lieues de Rennes et à 3 lieues 3/4 de Plélan. — 2.000 communiants. — Il y a un marché tous les mercredis. On voit dans ce territoire quelques bonnes terres, beaucoup d'arbres, dont on emploie les fruits à faire du cidre, quelques prairies et des landes.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 1er avril 1789, au lieu ordinaire des délibérations, sous la présidence de Louis-Julien Filly du Perray, avocat et sénéchal de la juridiction et baronnie de Bréal, — Comparants : Garnier de Trevalon, procureur fiscal de Bréal ; Jamyot Duportail ; Duquererou ; Guicheteau ; François Duguest, recteur ; Laigle, syndic ; Boursin, maître en chirurgie ; Jean Jehanin ; René Jehanin ; Pierre Macé ; Pierre Sellier ; Gilles Hüe ; Louis Guillou ; Pierre Thomas ; François Renaudin ; Pierre Texé ; Jean Macé ; Jean Roussel ; Jacques Gruel ; Jean Detoc ; Henry Jouault ; Guillaume Maignan ; Joseph Poirier ; François Droguet ; Henry Lecroc ; Joseph Elie. — Députés : Joseph Duquererou, demeurant à Chauny ; Joseph Rocour, demeurant au lieu de la Blanchardais, paroissiens de Bréal.

 

Cahier des doléances, plaintes et remontrances des membres composant le général et commune de la paroisse de Bréal, diocèse de Saint-Malo, en Bretagne, des habitants et propriétaires âgés de vingt-cinq ans, compris dans les rôles des impositions de cette paroisse, composée de quarante-un feux [Note : Les passages imprimés en italique sont empruntés aux Charges d'un bon citoyen de campagne.].

SIRE,

[1] Nous, vos fidèles sujets du Tiers Etat de la paroisse de Bréal, demandons qu'il vous plaise supprimer les francs-flefs droits si onéreux pour votre peuple.

[2] Nous vous demandons la suppression des ordres mendiants, ou du moins qu’il vous plaise les doter sur le superflu des biens des moines rentés, et que toutes quêtes dans les campagnes leur soient interdites.

[3] Qu’il soit défendu au Clergé d’exiger aucun casuel ; qu’il en soit indemnisé sur le produit des dîmes, seul impôt représentatif de tous les droits et besoins du Clergé (voir la note qui suit).

Note : Les deux tiers des dîmes de Bréal appartenaient à l’évêque de Saint-Malo, et l’autre tiers (traits de Gossac et Bossac), au recteur ; celui-ci jouissait aussi du dîmereau de Coërlan, qui lui tenait lieu de novales (Arch. d’Ille-et-Vilaine, série G. Pouillé manuscrit de l’évêché de Saint-Malo ; Ibid., titres de la baronnie de Beignon). En 1790, le recteur déclarait que ce tiers lui rapportait 2.000 l. (Ibid., série Q. Déclarations du district de Montfort). Le prieuré de la Magdeleine, dépendant de l’abbaye de Paimpont, possédait à Bréal un petit dîmereau (Ibid., série H, Registre rentier de l’abbaye de Paimpont, p. 65).

[4] Que les pensions et les établissements faits par les Etats de Bretagne au détriment du Tiers soient supprimés, sauf à chaque ordre à faire sur ses propres fonds les pensions et les établissements qu'il jugera à propos.

[5] Que les membres du Tiers Etat soient admis dans toutes les charges et emplois, soit dans l'Eglise ou dans la robe, soit dans le militaire de terre ou de mer, et que les ecclésiastiques les plus vertueux, sans égard au rang ni à la naissance, soient nommés évêques et admis dans tous les ordres de la hiérarchie.

[6] Que les presbytères, ainsi que les chanceaux, soient à la charge des décimateurs (voir la note qui suit).

Note : En 1790, le recteur déclara qu’il payait annuellement 150 l. pour les réparations du presbytère et du chanceau (Ibid., série Q, déclarations du district de Montfort).

[7] Que les fuies, colombiers et garennes soient détruits (voir la note qui suit).

Note : La principale seigneurie de la paroisse était la baronnie de Bréal, qui appartenait, en 1789, à M. de la Bourdonnaye, seigneur de Blossac (GUILLOTIN DE CORSON, Grandes seigneuries, 1ère série, pp. 87 et sqq.).

[8] Que les lois qui distinguent à raison de la naissance les peines pour les crimes de même nature soient supprimées.

[9] Que nous puissions conserver les droits de citoyens et être admis à nous faire représenter à toute assemblée nationale.

[10] § 10 des Charges d'un bon citoyen de campagne.

[11] Que nos représentants soient pris dans notre ordre sans pouvoir être ni nobles, ni anoblis, ni ecclésiastiques.

[12] Que les milices et tous enrôlements forcés soient supprimés, sauf à les remplacer par les enrôlements à prix d'argent et aux frais de tous les ordres (voir la note qui suit).

Note : Dans la période 1781-1786, Bréal a fourni 5 miliciens : un dans chacune des années 1781, 1782, 1783, 1784 et 1785. En 1781, sur 151 jeunes gens appelés au tirage, 119 furent exemptés ou réformés ; en 1784, sur 153, 119 (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4704).

[13] Que tous impôts soient supportés également et par chacun en proportion de sa fortune, sans distinction d'ordre ; qu'il n'y ait qu'un seul rôle pour tous, et qu'on supprime tous impôts particuliers (voir la note qui suit).

Note : Par arrêt du Parlement du 6 août 1759, le général de Bréal avait été condamné à payer, solidairement avec plusieurs particuliers, 17.588 l. au sieur Hindré, avocat au Parlement, et à sa mère, veuve du procureur fiscal de la seigneurie d'Artois ; il fut reconnu que le général avait inscrit indûment ces personnes sur le rôle de fouages, et que, pour prouver qu'elles étaient contribuables à l'imposition, il avait fait fabriquer de fausses quittances (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 1197).

[14] Que l'ouverture et l'entretien des grandes routes ne soient plus à notre charge, mais que la dépense en soit faite aux frais des trois ordres (voir la note qui suit).

Note : La tâche de Bréal, sur la route de Rennes à Plélan, était de 1.749 toises, et son centre se trouvait à une demi-lieue du clocher (Ibid., C 4883). Il s'était formé, en 1788, de telles ornières sur la route, à la montagne de Bellevue, que le carrosse public avait dû cesser son service ; les corvoyeurs de Bréal s'étaient contentés alors d'employer cinq ou six charretées de pierres, telles qu'on les avait tirées de la carrière, et de les jeter dans les ornières, sans toucher à la fondrière qui était au milieu du chemin. Le bureau diocésain de Saint-Malo ordonna, le 11 avril 1788, aux corvoyeurs de harnois de Bréal de transporter, à tour de rôle, 10 toises cubes de pierres de la carrière de la Châteignerage ; les corvoyeurs de bras devront « bien arranger à la main » ces pierres, « avec une dernière recharge de pierres réduites à la grosseur d'un œuf.... le tout dans ladite fondrière et lesdites ornières, après qu'ils les auront exactement dégraissées » (Ibid., C 4888).

[15] Que le tiers du revenu de tous les biens ecclésiastiques soit versé dans une caisse établie dans chaque diocèse pour le soulagement des pauvres (voir la note qui suit).

Note : Sur la paroisse de Bréal, se trouvait le prieuré de la Magdeleine, dépendant de l'abbaye de Paimpont. Ce prieuré comprenait un jardin, « situé au haut de la ville de Bréal », les revenus d'un petit fief et deux dîmereaux, dont un en Goven ; le greffe de la juridiction fut affermé, en 1780, au prix de 150 l. ; le bail de 1772 n'était que de 120 l. La chapelle du prieuré était chargée de deux messes par semaine d’où une dépense de 30 l. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série H, Registre rentier de l'abbaye de Paimpont, pp. 65 et 203). — Les états de 1770 et 1774 ne mentionnent aucun établissement d'assistance à Bréal ; ils ne mentionnent comme fondation que le prieuré de la Magdeleine (Ibid., C 1293).

[16] Qu'il soit fait dans la province une mesure uniforme pour l'achat et la vente des grains.

[17] Qu'il nous soit permis de faire moudre nos blés noirs aux meules à bras dans l'intérieur de nos maisons, sans être assujettis à aucune redevance envers les propriétaires des moulins.

[18] Nous adoptons au surplus en général tous les articles qui seront contenus dans le cahier de la ville de Rennes et qui n'auraient pas été prévus dans le présent.

[27 signatures, dont celle du président Filly].

(H. E. Sée).

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