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LES ORIGINES PAROISSIALES DE BRAIN (ou LA CHAPELLE-DE-BRAIN)

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Il est certain que la paroisse de Brain portait au Vème siècle et au IXème siècle le nom de Plaz ou Place. L'Ancienne vie de saint Melaine, écrite, semble-t-il, par un contemporain, dit que ce grand évêque naquit, vers le milieu du Vème siècle, dans le diocèse de Vannes et fut élevé à Place [Note : « Fuit Melanius de parochia Venetensi, ex nobilissimis parentibus oriundus ; qui in fundo qui Placio vocatur nutritus » (Apud Bolland. Acta SS. I. 6 jan.)]. Elle ajoute qu'il fonda un oratoire sur son domaine paternel, à Place même, au bord de la Vilaine [Note : « Oratorium suum quod sibi construxerat in fundo qui vocatur Placio, quem ex parentum proprietate retinebat. — Erat autem hoc in Placio juxta fluvium Vicenoniœ »].

Mais saint Melaine ne se contenta pas d'un simple oratoire ; il construisit à Plaz un monastère où il réunit quelques moines [Note : « Veniens Melanius de monasterio suo quod propriis manibus fabricaverat in fundo qui vocatur Placio, in honorem Dei, cum paucis monachis » (Ibid.)], et l'église de ce couvent fut assez considérable pour que l'auteur de la Vie du Saint lui donnât le titre de basilique, disant que saint Mars trouva saint Melaine priant dans sa basilique de Plaz « in Placio, in sua basilica orantem » [Note : « Veniens Melanius de monasterio suo quod propriis manibus fabricaverat in fundo qui vocatur Placio, in honorem Dei, cum paucis monachis » (Ibid.) ].

Enfin, c'est dans ce monastère de Plaz, — où il aimait à se retirer pour se délasser des grands travaux de l'épiscopat, — que mourut saint Melaine, le 6 novembre, environ l'an 630 [Note : « Migravit ad Christum in loco qui vocatur Placio, ubi ipse, sicut jam diximus, propriis manibus ecclesiam construxerat et monachos ad servitium Dei faciendum congregaverat » (Ibid.)].

Si du VIème siècle nous descendons au IXème siècle, nous trouvons dans le Cartulaire de Redon, la paroisse de Plaz mentionnée plusieurs fois : en 836 « locellum qui nominatur Plaz » — vers 838 « Condita plebs Placitum super flumen Visnonie » — en 857 « plebicula que vocatur Plaz ; » enfin, en 854, 860 et 869 le Cartulaire parle de cette localité de Plaz et de l'île du même nom « insula Plaz, » et devant ce nom du IXème siècle les moines de Redon ajoutèrent en marge, au XVIème siècle « Brain, » pour faire connaître que ce lieu avait ainsi changé de nom. Au reste, l'une des frairies de la paroisse de Brain a toujours conservé le nom de Plaz ou Placet [Note : En 1580, l'aveu de l'abbé Scotti nous apprend que Brain était alors divisé en huit frairies nommées : le Bourg, — la Poulneraye, — Plaz, — Rangoulas, — Ganedel, — Lézin, — Trul — et Serf]. On retrouve le même nom dans une partie du village de la Blandinaye, limitrophe de cette frairie, et dans le long procès poursuivi pendant près de trois siècles par les habitants de Brain et de Macérac, au sujet des marais de la Vilaine, il est fait mention, en 1625, de l'île Placet, contestée par les parties.

La tradition n'est pas moins unanime à regarder Brain comme le séjour préféré de S. Melaine : devant les maisons de Placet, est un grand domaine baigné par la Vilaine, où se retrouvent beaucoup de briques gallo-romaines et où l'on désigne remplacement du monastère de Plaz ; de ce lieu part un sentier, appelé chemin de Saint-Melaine, et se dirigeant par Saint-Just vers la paroisse de Comblessac que le roi Eusèbe donna au saint évêque de Rennes. Enfin, une légende populaire explique à sa façon l'absence de tout genêt du territoire de Brain, alors que cet arbrisseau se trouve dans les paroisses voisines. Saint Melaine, étant enfant, dit-elle, gardait ses troupeaux dans les marais de Plaz ; il y creusa même la douve du Cerné pour mieux les protéger. Toutefois, s'étant absenté et étant allé étudier à Rennes, à l'école de Saint Amand, il fut, à son retour, fustigé d'une poignée de genêts par sa mère ; il ne se plaignit point, mais Dieu maudit les genêts de Brain, et l'on n'en voit plus de traces maintenant.

Il ne paraît pas que les moines de Saint Melaine aient longtemps conservé Plaz après la mort de leur Saint fondateur, car en 836 Saint Convoyon obtint de l'empereur Louis-le-Débonnaire la paroisse de ce nom. Cette donation fut confirmée à l'abbaye de Redon en 850 par Charles-le-Chauve, roi de France, et en 857 par Erispoë, roi de Bretagne.

A cette époque, Plaz était, comme Bains, une condita, mais ce n'était qu'une petite paroisse, « locellum, » « plebicula, » composée en partie d'îles situées dans la Vilaine ; c'est ce qu'exprime clairement la donation d'Erispoë « donavi plebiculam que vocatur Plaz et omnes insulas eidem plebicule adjacentes, sicut vetus Visnonicum cingit » (Cartul. Roton).

Ainsi dès 857, époque de cette donation, on distinguait à Brain l'ancien cours de la Vilaine, appelé au XVIème siècle Vieille-Mer ou Vieille-Rivière, du cours actuel de ce fleuve ; mais plusieurs îles formées par cet ancien cours ne faisaient pas partie de la paroisse de Plaz, quoiqu'elles appartinssent à l'abbaye de Redon. Toutes ces îles se trouvaient, en général, le long du fleuve, depuis un lieu nommé Cornou, inconnu maintenant, jusqu'au Port-Rolland, à l'embouchure de l'Oudon. Elles furent envahies par un ennemi des moines de Saint-Sauveur, Prigent, fils de Maeloc, qui fut obligé par le roi Salomon de les restituer à ces religieux en 869 (Cartul. Roton).

Il est encore à remarquer qu'à cette même date de 869, l'île de Plaz était nommée, par ses habitants, la Vénétie « insula que vocatur Plaz quam undique commanentes alio nomine Venezia appellant » (Cartul. Roton).

Ce nom ne rappelle-t-il pas les Vénètes que Saint Melaine trouva presque tous païens et qu'il convertit à Jésus-Christ, en ressuscitant un mort parmi eux ? (V. apud Bolland).

La paroisse de Plaz renfermait aussi le territoire d'Ambon « terram nuncupantem tigrann Ambonn sitam in pago nuncupante Broweroc, in condita plebe Placito, super flumen Visnoniœ. ». Ce territoire était une île « Insula Ambon, » dont il est encore fait mention en 1625. L'on est porté à croire que les deux terres de Vilar-Eblen et de Bot-Eblen faisaient également partie de la paroisse de Plaz. En 861, Ratuili vint trouver Saint Convoyon, dans l'île de Plaz, et lui donna cette première terre : « Venit Ratuili ad Conwoionum abbatem in insula Plaz et dedit illi Vilar-Eblen, ubi hortus monachorum est, cum silva et concisa ; » en ce moment, les moines de Redon possédaient déjà la terre de Bot-Eblen, sur laquelle Ratuili avait quelques prétentions ; une certaine femme, appelée Berte, satisfit Ratuili, en lui donnant sa métairie de Puzac, qui existe encore en Guémené.

La population de Plaz était bretonne comme celle des paroisses voisines : on y trouve mentionnés les prêtres Eudon, Arthwolon, Junwal, Alworet, Hinconan et Anauhoiarn. Ces deux-ci étaient, paraît-il, des personnages distingués ; ils figurent parmi les nobles en 860, et il est parlé de la maison du dernier en 854. On voit encore présent à Plaz le prêtre Drewallon appelé « magnificus vir ; » deux abbés, nommés Haeldetwid et Rismonoc, dont les monastères sont inconnus, le diacre Otto et le clerc Beatus.

En 860, voici quels étaient les nobles de Plaz : Anauhoiarn et Hinconan, prêtres, Lanfred, Hirdan, Wallonic, Wallon, Ratfred, Ratuili, Catlowen, Worwoion, Notolic, Wadin, Worocar, Renowart, Liosoc, Hincant, etc. (Cart. p. 126).

A la même époque, il est fait mention des colons de l'abbaye de Redon à Plaz : l'un d'eux, nommé Wobriant, fut tué par un certain Howen qui, en réparation de ce crime, donna à saint Convoyon une terre et le manant Woretmebin avec tonte sa postérité (Cart. p. 126).

Il nous est impossible de savoir pourquoi et en quel temps la paroisse de Plaz prit le nom de Brain ; cette dernière dénomination ne se trouve nulle part dans les chartes si nombreuses du IXème siècle, recueillies dans le Cartulaire de Redon, et il nous faut arriver à l'année 1238, pour trouver une mention du bailliage de Brain « ballivia de Brain » appartenant à l'abbaye de Redon.

Toutefois , depuis l'arrivée de S. Gonvoyon à Plaz jusqu'à la révolution française , il ne paraît pas que ce territoire de Plaz ou de Brain ait cessé d'être entre les mains des moines de Redon. L'abbé de ce monastère était curé primitif de la paroisse, et le vicaire perpétuel, qui l'administrait en son nom, devait chaque année conduire processionnellement les habitants de Brain à l'église abbatiale de Saint-Sauveur de Redon, le jour de l'Ascension, pour prendre part à la grande procession de cette fête (Histoire de Redon, par Jausions).

(abbé Guillotin de Corson).

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