Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES ANCIENS SEIGNEURS DE BEAUBOIS EN BOURSEUL

  Retour page d'accueil       Retour "Ville de Bourseul"    

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

DE BEAUBOIS.

La famille de Beaubois (de pulchro nemore) était très ancienne. Le château d'où elle tirait son nom en Bourseul avait haute, moyenne et basse justice.

Geoffroi de Beaubois de Bourseul fut témoin, au XIIème siècle, dans une donation faite par Geoffroi du Plessis-Balisson à l'abbaye des Cisterciens de Saint-Aubin-des-Bois fondée à Plédéliac en 1137.

Jean de Beaubois se trouvait parmi les croisés de la septième croisade la première de saint Louis, assemblés à Limisso, dans l'île de Chypre, en avril 1249, et se disposant à passer à Damiette en Egypte. Nous pensons qu'il appartenait aux Beaubois de Bourseul, à cause de leurs secondes armes qui étaient : « de gueules à la croix guivrée d'or » ; mais, ce sont les premières : « de gueules à 3 étoiles d'argent 2 et 1 » qui figurent sur l'écusson sculpté en pierre dont nous avons parlé au début.

Raoul de Beaubois de Bourseul figure comme exécuteur testamentaire dans le testament de Geoffroi de Tournemine en 1267.

Les Beaubois de Bourseul paraissent encore dans les montres et réformations de 1448 à 1467.

Nous avons rencontré plusieurs fois le nom de Beaubois dans les livres d'histoire du duché de Bretagne. Nous n'ajouterons néanmoins, de crainte d'erreur, aucune citation aux précédentes, attendu que l'on ne distingue point dans ces ouvrages les Beaubois de Bourseul de leurs homonymes bas-bretons.

Il a existé, en effet, une autre famille de ce nom, également ancienne, mais portant des armoiries différentes « de gueules à neuf quatre feuilles d'or, » qui possédait les seigneuries de Beaubois en Drefféac, au diocèse de Nantes, et de la Ricardavs dans la paroisse de Rieux, évêché de Vannes. La commune de Drefféac qui faisait partie de l'ancien arrondissement de Savenay et qui se trouve aujourd'hui enclavée dans celui de Saint-Nazaire, canton de Saint-Gildas-des-Bois (Loire-Inférieure), possède encore un château du nom de Beaubois actuellement habité par le comte de Baudinière. Quant à celle de Rieux, elle est située dans le département du Morbihan à moins de quatre lieues au nord de la première, entre Redon et Saint-Gildas.

 

DE TREAL.

Nous ignorons la date précise à laquelle la seigneurie de Beaubois passa aux Tréal ; ce fut, comme nous l'avons vu, par une alliance entre ces deux maisons dans la seconde moitié du XVème siècle. Cette nouvelle famille avait eu pour principales illustrations : Tréal le Fier, l'un des trois rédacteurs, vers 1330, de la très ancienne coutume de Bretagne, qui fut imprimée quatre fois jusqu'à l'époque de sa première réformation en 1539,  et un évêque de Rennes, sacré en 1364, mort en 1383. Elle tirait son nom de la châtellenie d'ancienneté de Tréal, paroisse dudit, canton de la Gacilly, arrondissement de Vannes (Morbihan). Cette châtellenie passa par alliance, en 1500, dans la famille de Sévigné, bien connue par les Lettres de la célèbre marquise de ce nom. Les Tréal s'allièrent aussi aux Châteaubriand, aux Malestroit, aux Tournemine et aux Rohan, c'est-à-dire aux plus grandes maisons de la province.

Dans le diocèse d'Avranches et le comté de Mortain, les Tréal furent quelque temps seigneurs du fief de Barenton, par suite du mariage de l'un d'eux avec Jeanne d'Orenge, fille de Jeanne de Chasseguey dame de Barenton. Celle-ci avait épousé en premières noces messire Jean de Carbonnel, chevalier, et en secondes noces Jean d'Orenge. Jean de Tréal écuyer, seigneur de Ladventure, et ses frères, fils de Jeanne d'Orenge, vendirent ce fief de Barenton en 1478.

Dans son Histoire du capitaine Breil de Bretagne (1503-1583), époux de Jeanne de Tréal, le comte de Palys produit l'inventaire, dressé en 1567, des toilettes, des tentures et des tapisseries de leur belle-sœur, la dame Noël de Tréal de Beaubois, devenue veuve, inventaire qui donne une haute idée du luxe de la maison. Il mentionne aussi l'artillerie de Beaubois, apportée à Dinan pour y être vendue avec les armes et harnais de guerre du capitaine l'Adventure.

Du Breil, gouverneur de Granville de 1561 à 1568, organisant la défense de cette place contre les huguenots, assure par lettre le maréchal de Matignon qu'il peut compter tout autant sur ses beaux-frères et compagnons d'armes, les deux capitaines de l'Adventure, que sur lui. Il s'agit de Noël et de François de Tréal, fils de Briand de Tréal, seigneur de Beaubois l'Adventure, déjà cité, et de Françoise de Vendel. Noël mourut sans postérité. François épousa Adrienne Gautron du Plessis-Gautron, en Sévignac (canton de Broons).

Son fils Christophe, seigneur de Beaubois, épousa Françoise de Quélenec, et la fille unique de ce dernier s'unit à Jacques de Névet en qui s'est fondue cette famille.

Cette filiation est donnée par le comte de Palys dans l'ouvrage précité. Dans le Nobiliaire de Bretagne de P. de Courcy, on trouve encore Jacques de Tréal, seigneur de Beaubois, chevalier de Saint-Michel ou de l'ordre du Roi, en 1600.

 

DE NÉVET.

La baronnie de Névet, baronnie d'ancienneté, s'étendait principalement sur les cinq paroisses contigües de Plonévez-Porzay (anciennement Plounévet), Locronan, Plogonnec, Ploaré et Pouldergat [Note : Plonévez-Porzay et Locronan, canton et arrondissement de Châteaulin (Finistère ; Plogonnec, Ploaré et Pouldergat, canton de Douarnenez, arrondissement le Quimper (Finistère)]. Pouldavid, trève de Pouldergat, et l'île Tristan avec Douarnenez et Tréboul firent aussi partie du fief de Névet, dont le chef-lieu était en réalité dans la ville de Pouldavid, plus importante que le bourg de Douarnenez avant sa destruction, à la fin de 1597, par Guy Eder de Beaumanoir, dit La Fontenelle, ennemi capital des Névet, Cet abominable bandit, fléau de la Basse-Bretagne, déjà maître depuis deux ans de l'île Tristan, profita, pour exercer ses dévastations sur la terre ferme et ruiner autant que possible la maison de Névet, de la minorité et de l'éloignement de Jacques de Névet, qui venait de perdre presque en même temps son père et sa mère. C'est ce même Jacques qui devait, treize ans plus tard, devenir seigneur de Beaubois par son mariage.

Toutefois, la résidence des seigneurs de Névet fut au château de leur nom, situé à l'extrémité de Plogonnec, jusqu'à la fin du XIVème siècle, et que l'un d'eux, à la suite d'un différend avec l'évêque qui prétendait exiger le bail féodal, transporta pierre à pierre aux confins de Plonévez-Porzay, à Lézargant, qui prit dès lors le nom de Névet. De cette splendide demeure des temps passés, il ne reste que quelques murs d'enceinte encore très beaux, à la lisière de la forêt de Névet. Bois et ruines., sont aujourd'hui dans la paroisse de Kerlas, section distraite de la commune de Plonévez.

L'ermitage de saint Renan était situé dans la forêt de Névet, où il endura les persécutions de la mégère Kéban. A treize cents mètres au nord-est du bois, se trouve l'église de Locronan, qui contient le tombeau du saint et qui fut fondée au XVème siècle par les Nével, fondateurs aussi, au XVIème siècle, de celle de Plogonnec.

Dans ladite commune de Plonévez-Porzay, s'élève, sur le penchant d'une colline, à 600 mètres de l'anse de Tréfentec, dans la baie de Douarnenez, la chapelle de Sainte Anne-la-Palue, où a lieu, le dernier dimanche du mois d'août, l'un des plus célèbres pardons de Bretagne. Nous avons eu le bonheur, pendant notre résidence à Brest, de voir se dérouler dans ce site admirable la longue file des pèlerins revêtus de tous les costumés si variés et si pittoresques de la Cornouaille.

Le pardon septennal de Locronan, appelé la Grande-Troménie, n'est pas moins célèbre. La procession, qui a lieu le deuxième dimanche de juillet, parcourt les paroisses de Locronan, Plonévez-Porzay et Plogonnec, où les Névet ont laissé tant de pieux souvenirs. Les jours de fête, avant la grand'messe, la grosse cloche de Locronan tinte trente coups :
En l'honneur du seigneur de Névet,
Du seigneur de Névet béni,
Qui était le soutien des Bretons.

Ces vers se rapportent au dernier marquis de Névet, Malo, père des pauvres et providence des pèlerins, dont il sera parlé plus loin.

Jacques, baron de Névet, gendre d'Alain de Guengat, vice-amiral de Bretagne, — René et Claude de Névet, ses fils, furent gouverneurs de Quimper, de 1524 à 1588. René mourut sans postérité.

Claude avait été aussi gouverneur du Faou et de Douarnenez ; il eut d'Elisabeth d'Acigné de la Roche-Jagu, sa femme :

Jacques, chevalier de Saint-Michel, époux, en 1610, de Françoise de Tréal, héritière de Beaubois. Gouverneur du Faou, de Douarnenez et de l'île Tristan, dont il rétablit le fort en 1614, ce qui l'incommoda beaucoup, il reçut le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi. Le 28 octobre 1616. il fut assassiné à Rennes par Thomas de Guémadeuc, gouverneur de Fougères, à la suite d'une contestation durant la tenue des Etats. Guémadeuc fut exécuté l'année suivante, à la poursuite de la veuve, Françoise de Tréal, en quoi elle fit d'extrêmes dépenses. Elle mourut à Rennes et fut inhumée aux Carmes, le 7 février 1635. Sa fille, Claude, se remaria à Beaubois.

Jean, seigneur de Lézargant et de Beaubois, fils de Jacques, fut comme son père gentilhomme de la chambre et chevalier de l'ordre du Roi. Il mourut à Névet en 1646, à l'âge de 34 ans, après avoir eu de Bonaventure du Liscoët, sa compagne, une dizaine d'enfants dont quatre fils bientôt réduits à deux : René et Malo ; leur frère aîné, François, vint au monde à Beaubois. Parmi les filles de Jean, nous avons besoin de mentionner Bonne, ou Bonaventure, mariée à Louis du Breil, comte de Pontbriand ; dont il a été déjà parlé et dont nous reparlerons encore. Elle se maria à Beaubois ainsi que sa sœur aînée, Claude. Une autre sœur, Marguerite, naquit au même lieu.

René, colonel des ban et arrière-ban et garde des costes de Cornouailles, commandant pour le Roy, mourut également à Névet et à 34 ans, le 13 avril 1676. Il avait fait un brillant mariage en s'unissant à Anne de Goyon de Matignon, qui mourut à Beaubois en août 1699. Son coeur fut rapporté à Locronan et sur son épitaphe en cette église on a eu soin d'indiquer qu'elle était petite-fille de la princesse Léonore d'Orléans de Longueville, qui épousa le fils [Note : Ce fils était Charles, sire de Matignon et de Lesparre, comte de Torigny, de Gacé et de Selles, marquis de Lonrai, baron de la Marque, de Moyon, de Saint-Lo et de la Roche-Tesson, conseiller du Roi en ses conseils et chevalier de ses ordres, gouverneur de Granville, Cherbourg et Saint-Lô, et lieutenant général de la province de Normandie] du maréchal de Matignon, ce qui la faisait de son vivant cousine du roi régnant Louis XIV. Léonore d'Orléans de Longueville était, en effet, fille de Léonor d'Orléans, duc de Longueville, et de Marie de Bourbon, duchesse d'Estouteville, fille unique et héritière de François de Bourbon, comte de Saint-Paul, et cousine-germaine d'Antoine de Bourbon, père de Henri IV.

Quant à Malo (1645-1721), imitant l'exemple de saint Renan, il vivait en ermite à la Motte-Névet, en Locronan, où il s'était fait construire une maison souterraine entourée d'un mur circulaire. Un édifice joint à ce mur, et qui porte encore le nom d'hôpital, prouve qu'en s'isolant des hommes il n'avait pas renoncé à leur faire du bien. Mais, pour son propre compte, il se faisait un devoir de gagner sa frugale nourriture à la sueur de son front par son travail manuel dans le bois, qu'il accompagnait de prières courtes et ferventes. Le reste de son temps était consacré à l'adoration, à la lecture et à l'étude.

Henri, premier marquis de Névet, fils unique de René, était donc le seul espoir de la famille. Colonel du régiment de Royal-Vaisseaux et des ban et arrière-ban de l'évêché de Cornouailles et garde des costes général, il avait été obligé, pour cause de santé, de se retirer tout jeune du service, et il était venu mourir en son château de Beaubois, le 12 décembre 1699, sans alliance. Son cœur fut, comme celui de sa mère, rapporté à Locronan.

Cette mort fut pour le pieux solitaire de Locronan comme un coup de foudre. Héritier de son neveu, cédant d'ailleurs aux supplications de ses sœurs qui le conjuraient de ne point laisser éteindre le grand nom de Névet, il rentra dans le siècle et épousa Mlle de Gouzillon, du pays de Carhaix. Mais, au bout de dix années de mariage, l'espoir qu'il avait conçu de perpétuer sa race ne se réalisant point, il prit le parti, en 1710, d'adopter son filleul alors âgé de 11 ans : Malo du Breil de Pontbriand, petit-fils de sa sœur Bonaventure et cadet de famille. Sept ans après cette adoption, le 30 juin 1717, au château de Lézargant, la marquise de Névet donnait le jour à une fille.

Loin d'être accueillie avec joie, cette naissance dérangeait tous les plans du vieux marquis qui voulut quand même transmettre sa fortune avec son nom à son filleul et fils adoptif. Par une clause ajoutée à son testament, il exigea qu'après sa mort l'enfant fût mise au Calvaire de Quimper et n'en sortit qu'à l'âge de douze ans pour épouser Malo de Névet du Breil.

Le dernier marquis de Névet mourut le 1er avril 1721. Sa veuve s'empressa d'attaquer le testament et de quitter Lézargant, où elle n'avait jamais connu le bonheur, pour aller s'établir au château de Beaubois avec sa chère enfant.

Six années se sont écoulées ; nous sommes en 1727. La noble châtelaine se promenait un jour avec sa fille dans le parc de Beaubois, lorsqu'elle reçut la visite de quatre dames qu’un grand carrosse avait amenées. Deux de ces dames s'approchèrent pour amuser l'enfant pendant que les deux autres s'éloignaient insensiblement avec la mère. Lorsque la marquise fut assez loin pour ne rien entendre ou qu'elle eut disparu au tournant d'une allée, des hommes qui attendaient dans le parc, au nombre de douze, se montrant tout à coup, s'emparèrent de l'enfant, la jetèrent dans le carrosse, et la voiture partit au grand galop des chevaux.

Cette échauffourée, dont on se souvient encore dans la localité et dont nous empruntons les détails à M. de Carné [Note : M. Gaston de Carné, directeur de la Revue historique de l'Ouest, publiée à Nantes (année 1888 — 1ère livraison)], ne profita pas à du Breil, car l'affaire tenait du jugement des maréchaux de France et le maréchal d'Estrées le força de rendre Mlle de Névet à sa mère.

 

DE COIGNY.

Si la marquise de Névet s'était flattée de faire contracter à sa fille une alliance autrement brillante, elle ne fut point trompée dans son espoir, puisqu'elle réussit à lui faire épouser le comte de Coigny, favori de Louis XV, avec lequel il avait été pour ainsi dire élevé, et qui tenait déjà à la Bretagne par sa mère, Henriette de Montbourcher, et par ses deux aïeules nées de Goyon de Matignon et de Goyon de la Moussaye.

Né le 27 septembre 1702, Jean-Antoine-François de Franquetot, comte de Coigny, gouverneur et grand bailli de la ville et château de Caen, épousa, au mois de novembre 1729 [Note : Sur les registres paroissiaux de Bourseul, on trouve seulement la mention ci-dessous : « BAN. — J'ay fait le premier ban du futur mariage d'entre haut et puissant seigneur Messire Jan, François, Antoine, de Franquetot de Coigny, gouverneur et grand bailli de Caën, et haute et puissante damoiselle Théreze, Joseph, Corentine de Névet, ce 23 octobre 1729. Signé : Jn FAISANT, Rtr. ». Le contrat fut passé, à la même date ; devant M. de la Balle, notaire à Paris], Marie-Thérèse-Josèphe-Corentine [Note : La devise héraldique des Névet : Pérag (Pourquoi ?) figure dans l'un des cartouches du portail de la cathédrale de Quimper-Corentin. On sait que cette ville doit son surnom à son premier évêque, saint Corentin. Les Névet avaient aussi leur enfeu au lieu le plus éminent de ladite cathédrale, dans la chapelle même de saint Corentin ; mais, le chapitre le céda au chanoine du Marc'hallac'h, du vivant de Claude de Névet, calviniste, père de Jacques, seigneur de Beaubois. L'avant-dernier évêque de Quimper, Mgr Nouvel, a été inhumé dans cet enfeu], fille unique de feu Malo, marquis de Névet. Il fut fait colonel-général des dragons et maréchal de camp en 1734.

Son heureuse destinée se trouva fort prématurément tranchée par une mort tragique. Un jour, au jeu du Roi, où il jouait contre le prince de Dombes, fils du duc du Maine, bâtard de Louis XIV, comme il perdait beaucoup, il lui échappa de murmurer : « Il est plus heureux qu'un enfant légitime ». Le prince n'avait pas entendu ce propos ; mais des âmes charitables, (il s'en trouve toujours !) le lui rapportèrent. Il en résulta un duel, à nuit close, aux flambeaux, sur la route de Versailles, couverte de neige. Coigny fut tué sur place d'un coup d'épée à la gorge ; on le remit dans son carrosse qu'on fit verser dans un fossé et il passa à la cour pour être mort de la chute, étranglé par le cordon de la voiture. Il n'avait que 45 ans. Louis XV fut au désespoir de ce malheur. « Le Roi en a été à me faire peur », écrit la marquise de Pompadour. Sa Majesté ne connut d'ailleurs la vérité sur ce triste évènement qu'après la mort du prince de Dombes ; on a même prétendu qu'on la lui laissa toujours ignorer.

Frappé le 4 mars 1748, le comte de Coigny laissait trois enfants en bas âge. Sa veuve, dame de compagnie de Mesdames de France, décéda à Paris, sur la paroisse Saint-Roch, le 19 août 1778. Henri, l'aîné de leurs fils, qui était un modèle de beauté, de grâce et de politesse, en même temps qu'un officier distingué, fit partie de la société intime de la reine Marie-Antoinette et fut élevé à la pairie en 1787. Gouverneur et grand-bailli de Caen, la noblesse de ce pays le députa aux Etats-Généraux de 1789. Le couronnement de sa carrière militaire fut, sous la Restauration, le bâton de Maréchal de France et le gouvernement de l'Hôtel des Invalides, où il mourut en 1821, à l'âge de 84 ans. Ses deux frères parvinrent, l'un au grade de lieutenant-général, l'autre à celui de maréchal de camp.

Le célèbre maréchal, père du pauvre Coigny, avait été créé duc héréditaire pour descendants mâles, en février 1747. Le vieux château de Coigny, où il était né en 1670, existe encore en partie dans la commune de ce nom, canton de La Haye-du-Puits, arrondissement de Coutances. Le département de la Manche y a installé, en 1886, une Ecole pratique d'agriculture et de laiterie, sur la proposition de lord John Darlymple-Hamilton, comte de Stair, et de lord Pierrepont, comte de Manvers, tous deux pairs d'Angleterre et époux de demoiselles de Coigny, arrière-petites-filles du maréchal de la Restauration.

Le château actuel, situé à un kilomètre de l'ancien, fut bâti vers 1750, sur la terre de Franquetot, en Cretteville, pour recevoir la visite du rai Louis XV. Le dernier duc, considérant comme une anomalie d'avoir son château dans une paroisse voisine de celle dont il portait le nom, obtint une ordonnance d'annexion de Franquetot à Coigny, en 1840.

Les Guittone, ancêtres des Coigny, furent anoblis l'an 1545, en la personne d'un greffier de l'élection de Coutances dont le frère était aussi anobli par la même charte comme vicomte de Carentan. Thomas, ledit greffier, commua son nom en celui de Franquetot, d'un fief acheté aux d'Auxais. Le domaine de Coigny fut érigé successivement en comté, duché et pairie, dans Les années 1650. 1747 et 1787, pour jeter de plus en plus d'éclat sur les principales illustrations de cette grande famille des Franquetot qui ont donné des présidents à mortier au Parlement de Normandie, tandis que les Coigny, en particulier, ont produit neuf officiers généraux dont deux Maréchaux de France et quatre gouverneurs de Caen.

 

DERNIERS SEIGNEURS DE BEAUBOIS
DE BRUC ET DE GUÉHÉNEUC

Les familles de Bruc et de Guéhéneuc, qui ont eu la seigneurie de Beaubois en dernier lieu et peu de temps avant la Révolution, sont, l'une et l'autre, d'ancienne extraction. Elles comptent encore de nombreux représentants en Bretagne et en Anjou, tandis que les précédentes sont toutes éteintes dans les mâles, celle des Coigny étant tombée en quenouille, en Angleterre, l'an 1865, et le nom de Névet ayant disparu avec la postérité de Malo de Névet du Breil, en 1866, à Orgères, près de Rennes. La première tire son nom de la terre de Bruc en Guémené-Penfao, chef-lieu de canton du département de la Loire-Inférieure. Nous avons déjà indiqué la situation de la terre de Boishue dont les Guéhéneuc de la branche aînée portent le nom ; leur plus vieille seigneurie connue était celle de Villeneuve, localité qui se trouve maintenant dans les faubourgs de Rennes, sur la paroisse de Toussaints. Le chef de nom et d'armes réside à présent au château de la Guerche, en Saint-Hélen, près de Dinan.

 

Résumé très succinct de nos recherches sur les Seigneurs et Châtelains de Beaubois, dans les Registres paroissiaux de Bourseul.

Ces Registres ne commencent qu'aux années 1622 pour les baptêmes, 1640 pour les mariages et 1657 pour les sépultures ; ils présentent depuis quelques lacunes.

 

DE TRÉAL

En 1629 et 1633, Françoise de Tréal, baronne de Névet, tient des enfants de la paroisse sur les fonts baptismaux.

Le 7 décembre 1630, elle signe l'acte de baptême de François de Névet, son petit-fils. Il est à remarquer qu'elle signe toujours simplement son nom propre, sans jamais indiquer celui de son mari, comme le font aussi, le plus souvent, les dames qui suivent.

 

DE NÉVET

BAPTÊMES

7 Décembre 1630. — Baptême de François de Névet, fils de Jean, baron de Névet, et de Bonaventure du Liscoët.

30 Novembre 1639. — Baptême, en la chapelle du château de Beaubois, de Marguerite de Névet, née le 14 septembre, soeur de François qui précède.

En 1628-35-43, Jean, baron de Névet ; en 1634-36, Claude, sœur de Jean ; en 1647-48-56-57, René, fils de Jean ; en 1650, Claude, sœur de René ; en 1649-53-57-80, Bonne ou Bonaventure, sœur des précédents ; en 1659, Marie de Névet, autre sœur ; en 1664, Bonaventure du Liscoët, dame douairière et baronne de Névet ; en 1679-80, Henry-Anne, fils de René ; en 1707, Marie-Corentine de Gouzillon, marquise de Névet, tiennent en personne des enfants de la paroisse sur les fonts baptismaux.
En outre, Jean et Louis de Névet en 1630 ; François de Névet en 1639 ; Bonaventure du Liscoët, baronne de Névet, en 1653 ; Bonne de Névet en 1659-64-88 ; Claude et Marie de Névet en 1664, signent simplement différents actes de baptême.

7 Juillet 1688. — Second baptême, à Bourseul, d'Anne du Breil, fille de Mathurin du Breil, seigneur dudit lieu (paroisse d'Epiniac), née le 26 mai, à Dinan, sur la paroisse Saint-Sauveur.
MARRAINE : Marie-Anne de Matignon, marquise de Névet.
PARRAIN : Louis du Breil, comte de Pontbriand, subdélégué de Nosseigneurs messieurs les Maréchaux de France.

MARIAGES

8 Novembre 1646. — Mariage, en la chapelle du château de Beaubois, de Claude de Névet, fille de Jacques, dame baronne du Faouët, le Poulmic, le Plessis-Gautron, etc., avec Vincent du Parc, marquis de Locmaria et du Guérand, baron de Coëttrédez, etc. On ne dit point dans cet acte que Claude était veuve en premières noces de Gabriel de Goulaine, de qui elle tenait la baronnie du Faouët et le Poulmic.

28 Septembre 1656. — Mariage, dans la chapelle du château de Beaubois, de Claude de Névet, fille de Jean, avec Pierre Le Voyer, chevalier, seigneur et baron de Trégomar, La Haye-Paynel, Hocquigny, etc., demeurant en ladite paroisse de la Haye-Paynel ; la bénédiction nuptiale donnée par René du Louet, évêque de Cornouaille, assisté de François Visdelou, son coadjuteur, et de Julien Montier, curé de la Haye-Paynel.

Assistent encore à ce mariage : Bonaventure du Liscoët, veuve de Jean de Névet ; René, Bonne et Marie de Névet, frère et sœurs de la mariée, et beaucoup d'autres personnes de qualité.

2 Juin 1667. — Mariage, dans la chapelle du château de Beaubois, de Bonne de Névet avec Louis du Breil, comte de Pontbriand (paroisse de Pleurtuit), en présence de la dame baronne de Névet, du marquis de Névet, du marquis de Locmaria, du baron de Trégomar etc. C'est la première fois que René de Névet est qualifié marquis. Sur les actes qui précèdent, il a le titre de baron.

SÉPULTURES

12 Août 1699. — Inhumation, dans la chapelle du château de Beaubois, de Marie-Anne de Matignon, marquise de Névet.
C'est la seconde fois que nous voyons la veuve de René avec le titre de marquise sur les actes de l'église de Bourseul.
Henry, colonel du Royal-Vaisseaux, son fils, qui suit, est inscrit sur la pierre tombale de Locronan comme premier marquis de Névet.

13 Décembre 1699. — Inhumation, dans la chapelle du château de Beaubois, d'Henry, marquis de Névet. Il mourut à 29 ans !

6 et 8 Juillet 1757. — Décès à Beaubois et inhumation dans la chapelle du château de Marie-Corentine de Gouzillon, veuve de Malo de Névet, âgée d'environ 84 ans.

 

DE COIGNY

22 Octobre 1729. — Bannie du futur mariage entre le comte de Coigny et Marie-Thérèse de Névet.

11 Septembre 1739. — Marie-Antoine de Bédée de la Bouëtardaye, ayant été baptisé le 7 avril 1727, sans les cérémonies ordinaires de l'Eglise, elles sont suppléées, le 11 septembre 1739, en présence de Jean-François-Antoine de Franquetot de Coigny, gouverneur de Caen, maréchal des camps et armées du Roy, colonel-général des dragons, parrain, et de Marie-Thérèse-Corentine de Névet, dame de Coigny, marraine.

Le jeune de Bédée signe lui-même le présent acte. Cet intervalle de douze années entre sa naissance et son baptême définitif semble indiquer que le comte de Coigny est venu pour la première fois à Beaubois, dix ans après son mariage, et que celui-ci était arrêté dès 1727, ce qui décida sans doute Malo de Névet du Breil dans sa tentative désespérée.

L'acte de ce baptême solennel est aussi signé de la marquise de Névet et de beaucoup d'autres grands noms.

 

DE GUÉHÉNEUC

29 Février 1776. — Bénédiction d'une cloche, nommée Marie-Toussainte, par Toussaint-Marie de Guéhéneuc, chevalier de Boishue, capitaine au régiment de Picardie, seigneur de Beaubois et autres lieux, parrain, et Marie de Ginguené, épouse de Marie-Antoine de Bédée de la Bouëtardaye, marraine ; MM. de Guéhéneuc et de Bédée, tous les deux coseigneurs fondateurs de la paroisse de Bourseul.
Un Chateaubriand de Combourg signe l'acte de baptême. Dans ses souvenirs d'enfance, l'illustre écrivain de ce nom parle de « la jolie petite ville de Plancoët, » où il aimait tant à passer ses vacances chez son oncle de Bédée. La Bouëtardaye n'en est qu'à une demi-lieue.

 

DE TESSON

4 Octobre 1855. — Bénédiction des trois cloches de Bourseul, fondues à Villedieu chez M. Viel-Ozenne ; la grosse cloche nommée Laurence-Gabrielle, par M. Alfred-Gabriel de Tesson de Beaubois et par Mme de Rauville de la Bouëtardaye.

 

BLASONS ET DEVISES HÉRALDIQUES DES FAMILLES QUI ONT POSSÉDÉ BEAUBOIS.

DE BEAUBOIS. — De gueules à trois étoiles d'argent, 2 et 1.
DE TRÉAL. — De gueules au croissant burelé d'argent et d azur.
DE NÉVET. — D'or au léopard morné de gueules. — Devise : Pérag ? (Pourquoi ?)
DUCS DE COIGNY. — De gueules à la fasce d'or chargée de trois étoiles d'azur et accompagnée de trois croissants d'or. — Devise : Post prælia præmia.
DE BRUC. — D'argent à la rose de gueules boutonnée d'or. — Première devise : Flos florum, eques equitum. — Deuxième devise : Flos florum, Virgo Maria, in te confido. DE GUÉHÉNEUC DE BOISHUE. — D'azur au lion léopardé d'argent, accompagné en chef de deux fleurs de lys de même.
LE BRETON DE BLESSIN. — D'azur à trois fasces ondées d'argent, accompagnées en chef de deux étoiles et en pointe d'un croissant, le tout du même.
DE GUÉRÉNEUC DU PLESSIS. — Comme Boishue.
DE TESSON. — Fascé d'argent et de sinople de six pièces, les fasces d'argent chargées de douze mouchetures d'hermines posées 5, 4 et 3 ; les fasces de sinople chargées chacune d'une chaîne d'or. — Devise : Fidelitas, Honos,Virtus.

(Alfred de Tesson).

 © Copyright - Tous droits réservés.