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L'ÉGLISE DE BOURBRIAC et LE TOMBEAU DE SAINT BRIAC

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Dans la première moitié du VIème siècle, Déroch, roi de Domnonée, se trouvait dans un de ses châteaux au milieu des bois lorsque son cousin le moine Tugdual, nouvellement débarqué de Grande-Bretagne, vint le saluer, en compagnie de plusieurs autres religieux. Déroch essaya en vain de retenir saint Tugdual près de lui, mais il le décida à lui laisser au moins quelques-uns de ses pieux compagnons sous la conduite de Briac, le plus éminent de tous. Avec l'aide de Déroch, saint Briac bâtit, non loin du château royal, un petit monastère qui — des immunités que le prince lui accorda — fit prendre le nom de Minihy-Briac [Note : C'est-à-dire la maison des moines de Briac ; les minihys devinrent en Bretagne des lieux d'asile] au territoire qu'occupèrent ses moines.

Telle fut l'origine de Bourbriac (Boul-Briac, en breton), paroisse formée à l'ombre du monastère de Saint-Briac, près du château de Déroch, dont on aperçoit encore la motte fort considérable portant le nom d'Ar Castel.

Saint Briac gouverna pendant plusieurs années la communauté de religieux qu'il avait fondée ; mais il se retira ensuite plus avant dans la forêt, au lieu nommé depuis lors le Penity ou lieu de pénitence. Là s'élève encore aujourd'hui une chapelle appelée Notre-Dame du Penity, qui a un petit pardon sans importance. Saint Briac fit plus tard le voyage de Rome, séjourna en Provence au retour et vint finir ses jours au monastère même de Bourbriac, vers l'an 555 ; il fut inhumé dans l'église de son monastère ; mais celui-ci fut brûlé en 878 par les Normands. La tradition populaire conserve fidèlement le souvenir de saint Briac ; on désigne dans la paroisse de Bourbriac un champ où il ne pousse aucune fougère, parce que le saint moine l'a sarclé lui-même ; deux pierres entre Bourbriac et Coatdout sont signalées comme étant les sièges dont usaient saint Briac et saint Iltud quand ils conversaient ensemble des choses de Dieu. Enfin le tombeau et les reliques de saint Briac continuent d'être l'objet d'un culte très considérable et très édifiant.

Quand on approche de Bourbriac, on est de très-loin saisi par l'aspect de la tour monumentale de son église. C'est une masse carrée à trois étages, soutenue par de hauts contreforts sur lesquels se profilent des culs-de-lampe et des dais à ornements fuselés, terminée par une riche galerie de la Renaissance. Un personnage faisant saillie à sa base tient une banderolle sur laquelle on lit : En l'an mil Vcc XXXV (1535) le Xme jour de juing fut commancée ceste tour p. G. Cozic mestre de l'ouvrage d'icell. E. Dividolo. De 1845 à 1875, on a complété cette belle tour par une superbe flèche de pierre, accostée de quatre clochetons et de quatre lucarnes d'un excellent effet.

Sous cette tour s'ouvre un porche aussi riche qu'élégant ; au fond est une porte en ogive dont les pieds droits et les voussures sont remplis de feuillages en guirlandes.

A son trumeau s'attache un délicieux bénitier octogone au centre duquel s'élève un léger balustre soutenant un dais gothique. Une autre baie à double archivolte, bordée de festons trilobés, s'ouvre au-dessus, garnissant le tympan ; enfin douze niches, vides, hélas ! de leurs statues, ornementent ce joli porche.

Un second porche. ouvert au nord, plus heureux que le précédent, conserve ses douze apôtres placés sur des culs-de-lampe décorés de rinceaux et de feuillages, et ayant au-dessus de leur tête des dais en forme de tourelles. La porte est également géminée et ornementée de fines sculptures, et au-dessus se trouve une vieille madone, appelée Notre-Dame du Porche el toujours revêtue d'une belle robe de soie, ainsi que son petit Jésus.

A l'intérieur, l'église de Bourbriac a bien aussi ses beautés ; son intertransept est un grandiose spécimen de l'architecture romane au XIIème siècle ; les contreforts peu saillants qui soutiennent le chevet et le transept nord prouvent que ces parties de l'édifice appartiennent à la même époque ; on les a toutefois grandement modifiées au XVème siècle en y perçant de hautes et grandes fenêtres ; le transept méridional et sa magnifique baie à cinq meneaux prismatiques sont des constructions de la même période flamboyante. Des verrières modernes, dont une partie retrace la vie de S. Briac et le passage du Père Maunoir à Bourbriac, remplissent ces belles ogives.

« Bien que la crypte pratiquée sous le chevet ne puisse, ni par ses dimensions ni par son architecture, être comparée aux curieux monuments du même genre que possèdent les églises romanes de Quimperlé et de Lanmeur, la simplicité de formes qui la caractérise en fait un monument très intéressant pour l'histoire de l'art en Bretagne ». La voûte d'arête, construite en moëllon, s'appuie sur quatre lourds piliers disposés en carré. Les deux plus rapprochés de l'Orient sont cylindriques, sans chapiteau ni ornements d'aucune espèce ; les deux autres, l'un carré l'autre octogone, ont été reconstruits à une époque plus moderne.

« L'absence de tout motif d'ornementation et le manque de terme de comparaison ne nous permettent pas d'assigner à la partie ancienne une date précise, mais elle ne peut pas être plus moderne que les murailles romanes qui la surmontent » (De Kerauflec, Revue de Bretagne et de Vendée, I, 438).

Ce qui donne à cette crypte une physionomie tout à fait originale, c'est qu'elle est flanquée à droite et à gauche de deux autres chapelles basses, en guise de collatéraux, avec lesquelles elle communique à l'aide de deux portes sans caractère. Voûtées originairement l'une et l'autre en berceau fort simple, ces chapelles nous semblent contemporaines de la crypte elle-même ; mais elles ont été grandement remaniées aux XVème siècle et XVIème siècles, ce qui explique les portes gothiques et la fenêtre rayonnante qu'on y trouve.

Dans la crypte proprement dite, il n'y a pas d'autel, mais seulement une grande statue de saint Briac qui produit un singulier effet dans la pénombre. Dans la chapelle latérale, au nord, est une belle et vieille labe armoriée, dont le blason se retrouve sur l'autel voisin. On vient d'y placer la statue tumulaire de M. Pinson, recteur de Bourbriac, décédé en 1875 et inhumé là.

C'est dans la crypte centrale que devait vraisemblablement se trouver jadis le tombeau de saint Briac. Actuellement il est placé au bas du collatéral de la grande nef, dans l'église supérieure.

Le tombeau de saint Briac se compose de deux parties bien distinctes. Il y a d'abord un cercueil en granit, très large dans sa partie moyenne, avec l'emplacement de la tête indiqué par un rétrécissement de la cavité intérieure ; il est percé d'un trou central. Suivant la tradition, ce cercueil monolithe, qui peut remonter à l'époque mérovingienne, reçut la dépouille mortelle de saint Briac en 555. A côté s'élève un sarcophage relativement moderne, de forme très élancée ; la table est bordée d'une frise formée de feuillages et porte la statue du saint couché, en costume de moine, la tête recouverte du capuchon et appuyée sur un coussin, et les mains jointes, ayant un chien à ses pieds. Cette statue semble être tout ce qui reste du tombeau mentionné au XVIIème siècle par le P. Albert le Grand dans les termes suivants : « Au milieu de la nef (de l'église de Bourbriac), près des pilliers, du costé droit, est le tombeau (de saint Briac), qui est beau et élevé, basty d'une pierre blanche retirant à l'albastre, tout historié en relief des principales actions de sa vie, et sur la table du tombeau est son effigie couchée de son long, la mître abbatiale en teste et la crosse en main ; le tout cerné d'un cloison de fer, en forme de chapelle » (Vies des Saints de Bretagne, éd. de Kerdanet, 827).

C'est vers 1765 que la nef de l'église s'étant écroulée, le tombeau de saint Briac fut mutilé et déplacé.

On conserve à Bourbriac une relique insigne de saint Briac, et cela nous amène tout naturellement à parler des deux fêtes célébrées en son honneur dans la paroisse.

« Saint Briac, dit Albert le Grand, avoit de coustume de faire, tous les ans, une solennelle procession, le jour de l'Ascension, tout à l'entour des terres que le roy Déroch avoit données à son monastère, en actions de grâces de ce qu'à tel jour il l'avoit fondé ; cérémonie qu'on a depuis observée tous les ans, à pareil jour, en la paroisse de Boul-Briac. L'an 1591, on obmit à faire la procession accoustumée et porter les reliques du saint, à cause des compagnies de soldats qui tenoient la campagne [Note : La ville de Guingamp, voisine de Bourbriac, était alors assiégée par le prince de Dombes] : néanmoins, il se trouva un bon prestre, lequel, la vesprée du mesme jour, alla par dévotion, tout seul, faire la procession, et bien qu'il rencontrast des bandes de soldats, jamais aucun ne luy fit mal, mesme ne luy demandèrent qui vive ; et, ce qui est plus admirable, il trouva les fossés rompus et les champs ouverts, battus et frayez, comme si la procession y eust été à son ordinaire ; ce qu'ayant récité aux autres prestres, ils y allèrent et virent la mesme chose » (Vies des Saints de Bretagne, éd. de Kerdanet, 828).

Aujourd'hui encore a lieu, le jour de l'Ascension, cette grande procession autour de la paroisse ; on l'appelle Léodro ou la Lieue de tour, parce que son parcours est d'une forte lieue. Gomme au XVIème siècle, on la fait à travers champs, en suivant non pas les chemins ouverts, mais un sentier que la tradition seule trace au milieu des cultures et à travers les clôtures. Cette procession sort vers neuf heures et rentre pour chanter la grand'messe ; on y porte un buste de saint Briac qui est censé contenir le chef du Bienheureux, mais ne renferme que quelques reliques infimes. C'est aux conscrits de l'année qu'appartient l'honneur de porter ce buste ; au retour de la procession, ces jeunes gens s'arrêtent à la porte de l'église, élèvent à bout de bras le reliquaire et le soutiennent ainsi sur les têtes des assistants tant que dure le défilé du clergé et du peuple.

Mais le vrai Pardon de Bourbriac se célèbre le troisième dimanche de juillet. La veille, on va processionnellement allumer un feu de joie ; le jour même, on fait une grande procession avec les grandes reliques de saint Briac, et tous les pèlerins vont prier sur le tombeau du Bienheureux et boivent de l'eau de sa fontaine, qui avoisine l'église.

Le P. Albert le Grand nous dit que, de son temps, « Dieu manifestait la gloire et la sainteté de saint Briac par plusieurs miracles qui se sont faits et se font encore à son tombeau, spécialement en l'endroit des maniaques, insensez, phrénetiques et autres malades d'esprit, lesquels se trouvent souslagez et mesme entièrement guéris à la visite de son tombeau » (Vies des Saints de Bretagne, éd. de Kerdanet, 827).

Rien ne se conserve mieux que les traditions bretonnes : aujourd'hui encore, le jour du Pardon du saint, les mêmes infirmes se rendent à Bourbriac : on leur fait faire d'abord le tour de l'église à l'extérieur, puis on les introduit dans le temple, où un prêtre en étole les évangélise et leur met sur la tête les reliques de saint Briac. Quelques-uns de ces malades poussent alors des cris affreux ; mais une fois sortis, ils s'en retournent tranquilles chez eux, et ils ne ressentent, presque jamais d'attaque durant l'année qu'ils ont visité l'église de saint Briac. On prétend toutefois que, pour être complètement guéri de l'épilepsie par l'intercession du Bienheureux, il faut venir en pèlerinage à son tombeau pendant sept années consécutives. Une autre coutume originale est celle qu'ont certains malades de se frotter la tête contre celle de la statue tumulaire de saint Briac. Quant aux jeunes filles du pays, elles ont une touchante dévotion ; elles coupent leur chevelure et viennent la déposer près du tombeau du saint, afin qu'il daigne leur accorder du Ciel la santé du corps et le salut de l'âme.

Comme l'on voit, le culte de saint Briac est bien enraciné dans cette bonne population bretonne, si bien évangélisée par lui. C'est avec bonheur qu'à Bourbriac, où il mourut, nous retrouvons si vivace la dévotion envers un saint qui vint également sanctifier notre région.

La tradition conserve, en effet, dans le diocèse de Rennes, le souvenir des prédications qu'y fit saint Briac, en compagnie de son bienheureux maître saint Tugdual ; le village de la Chapelle, en la paroisse de Saint-Briac, tire même son nom d'un oratoire élevé, croit-on, là où prêchèrent les deux saints apôtres du VIème siècle. Aussi est-ce avec ferveur que nous avons récemment prié dans la belle église de Bourbriac, au pied du tombeau et devant les reliques de ce grand saint, gloire du diocèse de Rennes comme du pays breton.

(abbé Guillotin de Corson).

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