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LA CHAPELLE SAINTE-ANNE-DES-BOIS

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SAINTE-ANNE-DES-BOIS.

Ste Anne est l'épouse de St Joachim et la mère de la Sainte Vierge. Il y a bien longtemps qu'elle est vénérée en Bretagne. Au mois de janvier de l'an 700 une chapelle qu'elle avait à Keranna fut détruite. En 1624 elle apparut à Nicolazic, un pieux laboureur de ce village et lui fit part de son désir de voir y rebâtir une chapelle en son honneur.

Chapelle Sainte-Anne de Berné (Bretagne).

Ste Anne apparut-elle aussi à Anne de Malestroit, dame de Pont Kallec pour lui demander de lui construire une chapelle dans son domaine ? On l'ignore comme on aurait sans doute ignoré les apparitions à Nicolazic si celui-ci avait eu les moyens d'élever lui-même la chapelle demandée. En tous cas un demi-siècle avant les évènements de Keranna, Anne de Malestroit, épouse de René Papin, entreprit dans son domaine de Pont Kallec la construction de la première chapelle de Sainte- Anne-des-Bois. A cause sans doute des désordres causés par les guerres dites « de Religion » elle ne fut achevée qu'à la fin du XVIIème siècle par sa petite-fille Marie Papin, épouse de Charles de Guer, seigneur de la Porte-Neuve et de Pont Kallec.

Le 17 juin 1643 Marie Papin fonda à la chapelle de Sainte-Anne une chapellerie en l'honneur de Notre-Dame. Le titulaire percevait par an cent livre de rente sur le moulin du duc au bourg de Bubry. Les chapelains de Pont Kallec habitaient probablement à Lieurvin.

C'est là du moins que mourut en 1783 l'abbé Le Goff, chapelain de Pont Kallec.

En plus de l'abbé Le Goff les archives de Berné mentionnent comme chapelains de Sainte-Anne les abbés de Pougeoise en 1700, Poulichet en 1707, Gérard de la Rousselière en 1735.

En janvier 1795 des soldats républicains pillèrent et incendièrent le château de Pont Kallec. La chapelle de Sainte-Anne ne fut pas épargnée. La justice du canton de Kernascléden députée pour constater les dégâts commis par les colonnes républicaines à Pont Kallec dit à propos de la chapelle : « Nous avons vu et fait voir au citoyen juge de paix qu'à l'endroit appelé la chapelle de Sainte-Anne, 299 pieds d'arbres sont coupés à hauteur d'appui presque tous... Examen fait de la chapelle nous avons vu et fait voir au citoyen juge de paix qu'elle est délabrée dans toutes ses parties, que non seulement les portes et fenêtres ont été enlevées, mais que les toits et les murs sont si fortement endommagés que cette chapelle est à reconstruire entièrement si on voulait l'employer à quelque usage ».

M. le Comte de Brissac a trouvé et acheté à Ploërdut un calice qui porte l'inscription « à N-D. de Pont Kallec ».

Sous le Directoire, le Consulat et l'Empire cette chapelle continua à se détériorer. Au temps de la Restauration la Société des Hauts Fourneaux et Forges de Pont Kallec lui donna le coup de grâce. Elle la démolit et employa ses pierres à construire ses usines.

On sait qu'à Keranna — Sainte-Anne-d'Auray — la grange construite en 1615 par les beaux-parents de Nicolazic avec les débris de la chapelle en ruine depuis l'an 700, fut brûlée en 1625 de façon mystérieuse : Sainte-Anne avait voulu reprendre ses pierres. La tradition populaire attribue également la ruine et l'insuccès des Forges de Pont Kallec à une punition de Sainte-Anne mécontente d'avoir vu démolir la chapelle élevée en son honneur.

De la Restauration jusqu'en 1865 plus de chapelle à Pont Kallec. La population de tous les environs ne laissa pas moins de se rendre en cet endroit et de prier à l'emplacement de la chapelle primitive. Actuellement une colonne en pierre s'y dresse surmontée de la première statue de Sainte-Anne. Il ne se passe guère de jour sans que des pèlerins y viennent et fassent brûler des cierges en l'honneur de la Reine des Bois patronne et protectrice de ces lieux.

C'est en 1865 que la famille de Cossé-Brissac, propriétaire de Pont Kallec depuis 1833, entreprit de bâtir dans son enclos une nouvelle chapelle en l'honneur de Sainte-Anne.
Pourquoi cette nouvelle chapelle ?

En 1864, Madame la comtesse de Brissac avait trois fils Louis, Charles et Robert. Désirant une fille elle fit à Sainte-Anne la promesse de lui élever une chapelle si elle exauçait sa prière. Le 8 juin de l'année suivante venait au monde Henriette-Anne-Marie de Cossé-Brissac. Quelques semaines plus tard la chapelle de Sainte-Anne-des-Bois était mise en chantier à une centaine de mètres de l'emplacement de l'ancienne.

Bâtie dans les limites du parc de Pont Kallec au point de rencontre des routes qui conduisent à Kernascléden, Plouay et Berné — en pleine forêt — cette chapelle vaut surtout par le cadre qui l'entoure : un château qui conserve et évoque tant de souvenirs, un parc admirable qui l'entoure, un étang qui s'endort voluptueusement à ses pieds, retient sans peine les pas du touriste en quête de belles choses, élève son âme vers le Créateur de tant de merveilles, puis le dirige instinctivement vers la chapelle offrir ses hommages à la Reine de ces lieux.

La façade, surmontée d'un joli clocheton en granit avec balcon présente, entre deux colonnes aux chapitaux sculptés, un portail unique donnant sur la forêt. L'architecture intérieure s'apparente au gothique. De chaque côté trois vitraux offrent aux regards l'image de St Michel, de la Sainte-Vierge, de St Pierre, de St François-Xavier, de St Joseph et de Ste Anne. L'autel est en granit et masque l'entrée d'une crypte destinée — à ce que l'on assure — à servir de caveau pour la sépulture des comtes de Brissac. Dans la verrière au-dessus sont représentés le Christ-Roi et St Louis, roi de France.

Les dimensions de la chapelle sont très réduites. Deux cents personnes tout au plus pourraient y trouver place. C'est qu'elle fut bâtie pour le service exclusif du château. Elle demeure encore une chapelle privée, et si dans la suite, elle est devenue un lieu de pèlerinage fréquenté, on le doit à la gracieuse autorisation des comtes de Brissac et de sa famille.

Des ex-votos et des béquilles accrochés ça et là prouvent que de nombreuses grâces y ont été obtenues. Il est regrettable que l'on n'ait pas songé à les relater. Voici cependant ce que disent des témoins dignes de foi au sujet de quelque guérisons obtenues à Saint-Anne de Pont Kallec.

Le Lay, charron à Guernalgout en Berné abattait un grand arbre qui lui tombe sur le corps. Son compagnon allait demander du secours au village voisin « Inutile, lui dit le malheureux, ne voyez-vous Sainte-Anne-des-Bois en face de vous ? Priez-la et elle vous aidera à soulever l'arbre et à me dégager ». Tous deux prient et le compagnon réussit à soulever l'arbre et à sortir indemne l'infortuné charron de sa fâcheuse position.

Une femme de Zinzec, M. A. Bichelot, était tombée paralysée en revenant d'Inguiniel. Pendant vingt ans elle ne marcha que péniblement et à l'aide de béquilles. Elle se rend à Sainte-Anne-des-Bois, invoque la sainte, recouvre l'usage de ses jambes et rentre chez elle laissant ses béquilles auprès de la statue comme témoignage de la guérison.

Une femme de Ploerdut, nous dit le cantique, n'avait pas marché depuis sept ans. Elle invoque Sainte-Anne-des-Bois. La prière est exaucée, elle recouvre l'usage de ses jambes.

Depuis 1866 les pélerins sont venus de plus en plus nombreux à Sainte-Anne-des-Bois. Dès 1889 l'affluence était telle que sa Grandeur Mgr Bécel donna l'autorisation de donner aux Vêpres la bénédiction du Saint-Sacrement.

Le 17 février 1893 madame la comtesse de Brissac fit don à la paroisse de Berné de reliques de Ste-Anne. Ces reliques sont, aux fêtes de Sainte Arme, exposées à la vénération des pélérins. Elles ont largement contribué à aviver la piété envers la sainte.

Depuis la guerre la facilité des communications a encore notablement augmenté le nombre des pèlerins et touristes. A Sainte-Anne-des-Bois, messe le 7 mars, le 26 Juillet, le 1er et 3ème dimanche de chaque mois. Vêpres le 3ème dimanche. La grande fête a lieu à la Pentecôte.

Rien de plus original et de plus beau que ce pardon. Dès le samedi Berné, Kernascléden et Plouay se dépeuplent littéralement. Les commerçants, — cabaretiers, charcutiers et boulangers surtout — y dressent leurs tentes, leurs étals et pour quarante-huit heures Pont Kallec reprend sa splendeur des siècles passés, il redevient le centre, le cœur, la vie du Kermenet-Heboi et du Kermenet-Guégan.

La fête religieuse commence le dimanche par une messe basse à midi. A quinze heures, devant la logia artistement décorée, vêpres suivies de la procession et de la vénération des reliques, C'est la journée des pélerins et des dévots de Ste Anne. Mais ils sont legion et arrivent de tous les environs : Guéméné, Plouay, Lorient.

Le lundi, messe basse à 6, 7 et 8 heures, grand-messe à 10 heures. Pendant la matinée la chapelle ne désemplit guère. On prie, on demande, on remercie aussi comme le montrent de nombreux cierges qui brûlent devant la statue de la Bonne mère.

A partir de midi, sans discontinuer, les cars déversent à Pont Kallec de véritables flots humains. La foule est si dense au carrefour que les gendarmes font de louables efforts pour la canaliser. Actuellement les costumes des hommes se ressemblent beaucoup. Mais quelle diversité dans la toilette des femmes : coiffes, les unes plantées comme une mitre sur des cheveux tirés et gommés, d'autres posées sur une toison frisée avec un ruban rose ou bleu. Ici elles pèsent, là elles volent, ailleurs elles forment comme une petite brouette ou un petit toit de chaumière. Le front et la nuque, tantôt ils sont couverts, et tantôt ils sont nus. Quelle richesse dans les robes de drap, de velours, de soie ou de satin noir. Et les tabliers brodés ! Quelle variété de couleurs : amarante, cuivre-rouge, bleu-de-ciel, bleu-paon, etc., etc. C'est beau et varié, beau et varié comme le demande le site.

En 1933 et 1934, Son Excellence Mgr de Durfort de Civrac de Lorge, ancien évêque de Poitiers, oncle de M. le duc, présida le pardon de Sainte-Anne-des-Bois. Nos populations bretonnes toujours avides de belles cérémonies vinrent à Pont Kallec encore en plus grand nombre. Pour les vêpres inutile de songer à les caser dans la chapelle. Même impossibilité de les rassembler devant la logia. A la grande satisfaction des pèlerins et des touristes M. le Duc de Lorge, propriétaire de la chapelle et du château de Pont Kallec, permit de chanter les vêpres dans son parc et d'y faire la procession.

Dans ce parc privé d'où trois gardes vigilants éloignent tout perturbateur combien sont impressionnantes des vêpres chantées sous la voûte de chênes contemporains du Grand Marquis ! Pendant la procession, dans ces allées de verdure où ne peut stationner aucun touriste, combien belle la longue théorie des pèlerins aux costumes infiniment variés. La vue et l'oreille sont également charmés et le gazouillement des oiseaux du ciel répond à l'écho des chants de plusieurs milliers de pèlerins. C'est vraiment un cortège digne de la Reine des Bois et cette Reine du haut de son trône fleuri ne peut que sourire à ses Bretons avec une légitime fierté, et répandre sur eux ses grâces de choix.

En 1937, en témoignage de satisfaction à la population de Berné pour son effort fourni en construisant en 1936 toute une cité scolaire et de gratitude à une noble famille qui a fourni à l'Église tant de princes et à la France tant de défenseurs, son Excellence Mgr Tréhiou, évêque de Vannes y chantera la messe et y a convoqué toutes les maîtrises du diocèse. Deux mille chanteurs ou chanteuses dont la voix sera renforcée par de puissants haut-parleurs ! Des milliers et des milliers de pèlerins aux toilettes variées, mais toujours riches et belles ! A l'ombre et sous la voûte de chênes séculaires ! Des chants très beaux parfaitement exécutés dans le site le plus évocateur, le plus émouvant et peut-être le plus beau du diocèse Peut-on espérer ou imaginer fête plus reposante, plus réconfortante pour l'âme humaine, plus glorieuse pour la Patronne de la Bretagne ! Mille et mille fois en Breton et en Français on lui redira de bénir les Bretons.

Mille et mille fois s'ouvrira le trésor des Cieux et la sainte répandra à profusion grâces et faveurs sur les pèlerins, les chanteurs et les chanteuses de Broèrec, de Cornouaille, du Porhoët et du Goélo, sur les organisateurs de la fête, sur les propriétaires de Sainte-Anne, et sur son évêque vénéré.

 

Berné (Bretagne) : cantique de Sainte-Anne-des-Bois (partie 1).

Berné (Bretagne) : cantique de Sainte-Anne-des-Bois (partie 2).

(L. Kervégant).

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