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ETAT SPIRITUEL DE BELLE-ILE DE 1660 A 1754

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Etat du spirituel de Bel-île depuis 1666 jusqu’à 1754. — Différentes pièces conservées en original dans les archives de l'Evêché.

Nota : Nous laissons à ce travail le style de l'auteur.

Tels étaient les anciens privilèges de Bel-île, et tel était l’état du spirituel de cette île à la connaissance des évêques de Vannes, Pierre de Saint-Martin [Note : Pierre de Saint-Martin fut nommé à l’évêché de Vannes sous Charles IX, en 1572, mais il ne put obtenir l’agrément du Saint-Siège, ce qui l’obligea de céder le siège de Vannes à Jean de la Haye], Jean de la Haye [Note : Moine bénédictin. Il obtint les bulles d’évêque de Vannes en 1573. Il fut empoisonné en août 1574 par un garçon apothicaire], Louis de la Haye [Note : Frère du précédent, il lui succéda immédiatement. Il mourut an 1588], Georges d'Arradon [Note : Georges d'Aradon naquit en 1562. Elu par le chapitre comme évêque de Vannes en 1590, il prit possession de son évêché en 1593. Il mourut en 1596], Jacques Martin [Note : Jacques Martin fut élu évêque de Vannes n’ayant encore que 20 ans, en 1599 ; en 1622 il céda son évêché à Sébastien de Rosmadec et se retira à Paris, où il mourut en 1624], Sébastien de Rosmadec [Note : Il était Abbé commendataire de Paimpont lorsqu’il accepta l’évêché de Vannes, sur la résignation de Jacques Martin. Il mourut le 29 juillet 1646. Ce fut pendant son épiscopat qu’eut lieu la découverte miraculeuse de l’image de sainte Anne par Yves Nicolazic] et de son neveu [Note : Il était Abbé du Tronchet, diocèse de Dol, lorsqu’il fut nominé à l’évêché de Vannes, en 1647. Il fut transféré à Tours en 1671 et mourut en avril 1672] Charles lui-même, durant l’espace de 90 ans, depuis 1572 jusqu’à 1622 : lorsque ce dernier prélat dans la 14ème année de son épiscopat, entreprit de rentrer dans ses droits et d’anéantir par là le privilège local de Bel-île. Il tenta d’y faire sa première visite en 1662, sa Grandeur y trouva un clergé tout-à-fait opposé à son entreprise et bien résolu de soutenir son opposition par toutes les voies de droit : l'Evêque fit de son côté dans cette occasion toute la procédure qui convenait à la résistance de ce clergé. L’affaire fut directement évoquée au conseil, au bout de quatre ans, survînt un bref. Voicy la copie de l’original que l’on conserve dans les archives de l’évêché, et qui est la deuxième pièce du sac entre celles qui concernent Bel-île.

Extrait des registres du conseil d'Etat du Roi (en velin) :

« Le Roi étant en son conseil, aïant été informé du différend qui est entre l'Evêque de Vannes et les curés et ecclésiastiques de Bel-île, ledit Evêque prétendant que lesdits curés devaient le reconnaître pour leur prélat, et lesdits ecclésiastiques au contraire que, dépendans immédiatement du Saint-Siège, ils ne doivent point reconnaître la jurisdiction du sieur Evêque. Et sa Majesté, voulant pourvoir à ce que ce différent ne puisse produire un mauvais effet : sa Majesté étant en son conseil a ordonné, et ordonne que lesdits curés et ecclésiastiques de Bel-île représenteront incessamment par devant le sieur Fieubet, Maître des requêtes ordinaires de son Hôtel, les titres en vertu desquels ils prétendent être immédiatement dependans du Saint-Siège pour et à son rapport y être pourvu, ainsi qu’il appartiendra par raison. Et cependant par provision sans préjudice du droit des dites parties, a ordonné et ordonne que les dits curés et ecclésiastiques de Bel-île demeureront sous la jurisdiction du dit sieur évêque de Vannes, jusqu’à ce qu’autrement il en ait été ordonné. Fait au conseil d'Etat du Roi, sa Majesté y étant présent, tenu à Saint Germain-en-Laye, ce huitième jour de may, mille six cents soixante six. TELLIER ».

Arrêt :

« Pour faire représenter par devant M. Fieubet, par les curés et ecclésiastiques, de Bel-île les titres en vertu desquels ils, prétendent être immédiatement dépendans du Saint-Siège »

Mandement du Roi pour l’exécution du susdit arrêt, aussi en velin, attaché à cet arrêt, aussi en velin :

« Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre. Au premier nôtre huissier ou sergent sur ce requis, nous te mandons et commandons par ces présentes signées de notre main : que l'Arrêt ce jourd’hui donné en nôtre conseil d'Etat, nous y étant, dont l’extrait est cy attaché sous le contrescel de notre chancellerie, tu signifies à tous qu’il appartiendra, afin qu’ils n’en prétendent cause d’ignorance, et fasses au surplus pour l’entière exécution d’i celui tous exploits et autres Actes nécessaires, sans pour ce demander aucun congé, placet, visa ou paréatis [Note : Paréatis. Lettres de chancellerie par lesquelles le Roi ordonnait l’exécution d’un jugement, dans un lieu qui n’était pas du ressort de la juridiction où ce jugement avait été rendu (LITTRÉ)] : car tel est notre bon plaisir. Donné à Saint-Germain-en-Laye, ce huitième jour de may, l’an de grâce mille six cents soixante six et de notre règne le vingt troisième. Louis. Par le Roi, TELLIER ». (Cachet de cire jaune).

Voicy une copie de M. de Louvois à M. Charles de Rosmadec, qui n’est point insérée parmi les 12 pièces qui regardent Bel-île et que l’on conserve dans les archives de l’évêché ; mais qui se trouve dans les archives du presbytère de Bangor, au sujet de l'Arrêt cy-dessus dont copie fidèle et conforme à l’original s’y trouve aussi.

« A Monseigneur Charles de Rosmadec, Evêque de Vannes. Monsieur, j’ai vu par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 4 de ce mois, que vous vous proposiez d’envoïer bientôt à M. de Logerie l’arrêt du conseil expédié en commandement qui vous donne la jurisdiction spirituelle sur les habitants de Bel-île. Je suis persuadé qu’il le fera exécuter : mais pour prévenir toute sorte de différends et de difficultés, je lui écris par cet ordinaire et je lui marque qu’il doit tenir la main de sa part à ce qu’il ait son entier effet. Je suis véritablement, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur, DE LOUVOIS. A Fontainebleau, ce 17 juillet 1666 ».

Aussitôt cet Arrêt signifié au clergé de Bel-île de la part du Roi et maintenu par le commandant de l’ancien Fort, ce clergé s’en tînt à cet Arrêt sans poursuivre le procès pour obtenir du conseil un autre, définitif. Il est pourtant de tradition à Bel-île : que les curés et ecclésiastiques, en conformité du susdit arrêt, envoïèrent à M. Fieubet les titres originaux, en vertu desquels ils prétendaient être immédiatement dépendants du Saint-Siège ; non, pour soutenir de nouveau leur cause jusqu’à l'Arrêt définitif, puis qu’ils avaient déjà pris le parti de rentrer dans le droit commun, de demeurer désormais soumis à la jurisdiction de l’ordinaire et unis au clergé du diocèse : mais seulement pour faire voir au conseil d'Etat que leur prétention, loin d’être chimérique, était appuïée sur de solides fondements.

C’est une perte pour l’histoire de ce qu’ils ne retirèrent pas de ces originaux, avant de les envoïer, des copies légalisées ; et encore plus, de ce que de leur vivant, ils n’aient fait aucune démarche pour retirer des mains de ce maître des requêtes tous leurs titres : mais l’on entrevoit que, depuis cet envoi, ils ne les regardèrent apparemment que comme des pièces inutiles. J’ai fait une tentative pour les ravoir, j’écrivis pour cela au R. P. Dom Morice en lui envoïant une copie du susdit arrêt qu’il souhaitait avoir : et voicy la réponse dont il m’honora, en date de Paris du 10 mars 1749.

« MON RÉVÉREND PÈRE, Je vous suis sensiblement obligé des actes que vous avez eu la bonté de m’envoïer, et je vous en fais mes remercimens. Je souhaîterais en revanche avoir quelque pièce qui pût vous faire plaisir : mais j’ai donné au public tout ce que j’avais sur Bel-île. J’ai examiné tout ce que j’ai sur l'Eglise de Vannes, et je ne vois rien qui ait rapport à Bel-île. Pour ce qui est des actes que les recteurs de Bel-île ont produit au conseil pour leur indépendance des Evêques de Vannes, il y a bien de l’apparence qu’ils seront demeurés entre les mains du Rapporteur qui est mort il y a bien des années, où qu’ils auront été remis au greffe du conseil. S’ils sont restés entre les mains du Rapporteur on peut les regarder comme perdus ; s’ils ont été déposés au greffe du conseil, on peut les recouvrer : mais il en coûtera, pour faire la recherche dans un dépôt immense de papiers. Supposé que les recteurs veuillent recouvrer leurs papiers, il faut qu’ils donnent commission à un Avocat au conseil d’agir en leur nom ; cette découverte ne leur est pas nécessaire, dès-là qu’ils se sont accommodés avec l'Evêque : mais elle nous instruira de la conduite que les Recteurs ont tenue, lorsque l’échange s’est faite. Le plan, dont vous me parlez, est plus simple que le premier, plus facile à exécuter et suffisant pour la matière que vous avez à traiter. J’ai l’honneur d’être avec bien du respect, mon Révérend Père, Votre très humble serviteur, Dom MORICE, Moine Bénédictin ».

J’ai fort regretté ce sçavant bénédictin si versé dans l’histoire de notre Province et qui, par la bonté dont il m’honorait, m’aurait beaucoup aidé dans la suite de mon travail comme il l’a fait jusqu’à sa mort, pour les recherches dont j’ai eu besoin : c’est un tribut de reconnaissance que je dois à sa mémoire, qui est aussi précieuse à la Province qu’à son Ordre.

Mais revenons au clergé de L'Evêque fut si satisfait de la promptitude des recteurs et ecclésiastiques de cette île à accéder audit Arrêt et reconnaître sa jurisdiction, qu’il ne voulut en conséquence rien changer dans ce qui concerne l’officialité. Il leur conserva leurs anciens titres d'Official et de Promoteur ; ce que leur ont aussi conservé ses illustres successeurs, en leur accordant certains pouvoirs. Peu de tems après l’expédition de l'Arrêt cy-dessus, Charles de Rosmadec fut nommé par le Roi archevêque de Tours et lui donna pour successeur Louis de Vautor [Note : Louis de Vautor fut nommé en 1655 évêque de Lectoure. Après avoir occupé ce siège pendant 16 ans, il succéda en 1671 à Charles de Rosmadec comme évêque de Vannes. Il mourut le 27 décembre 1687]. C’est ès mains de ce dernier qu'André le Puhé se démit si secrètement de sa cure le 16 avril 1671, que le lendemain son successeur, Philippe Jouny, parût à Bel-île pour en prendre possession, aïant été nommé et reçu ses provisions de l'Evêque ad hoc.

Louis du Poulet sieur de Logerie, commandant de la place qui, sans aucun titre, voulait s’ériger en présentateur des bénéfices-cures de Bel-île, aïant manqué cette occasion de nommer le premier recteur du Palais depuis l’expédition de l'Arrêt : il fit parade de son prétendu droit de patronage à la vacance de la cure de Sauzon par la mort de Gildas Raoul qui en était recteur ; et voicy son acte de présentation en faveur d'Antoine le Cram, qui est conservé en original dans les archives de l’évêché.

« Louis du Poulet seigneur de Logerie, gouverneur pour le Roi de l’île et citadelle de Bel-île, Houat, Heydic et îles adjacentes, avons nommé et présenté, nommons et présentons à Monsieur l’illustrissime évêque de Vannes, collateur ordinaire des bénéfices de Bel-île ou à Messieurs les grands vicaires, Messire Antoine le Cram prêtre de la paroisse de Belz, diocèse du dit Vannes, pour être pourvu de la cure ou vicariat perpétuel de Sauzon, au dit Bel-île, vacant par le décès de Messire Gildas Raoul cy-devant son légitime et paisible possesseur, pour le dit Antoine le Cram en jouir et le poscéder aux droits et honneurs y attribués et ses dépendans à la charge de faire l’office et service divin annexé à la dite cure. Suppliant Monseigneur l’évêque de Vannes ou Messieurs ses grands vicaires de lui octroïer et faire délivrer les provisions sur ce nécessaires, l’en jugeant très digne et capable. Donné à Bel-île sous notre seing et le sceau de nos armes, ce 24 juillet 1671. DE LOGERIE ».

Ce qui occasionna cette usurpation de droit, ce fut sans doute la détention du surintendant des finances dans le donjon de Pignerol depuis environ 6 ans : ce commandant de la place crût pouvoir et devoir représenter ce seigneur de Bel-île comme il représentait le Roi ; mais en ce cas là même, c’eut été au nom de ce seigneur et non en son nom privé qu’il aurait dû nommer et présenter pour être pourvu des dites cures. Cependant quelque peu fondée que fut la prétention de M. de Logerie, elle eût tout son effet auprès du seigneur évêque de Vannes et de Messieurs ses grands vicaires, comme les Provisions suivantes pour Sauzon en 1671 et pour Bang or en 1672 en font foi. Et par là Louis du Poulet joua Louis Eudo et Louis de Vautor.

Collation de la cure de Sauzon à M. Antoine le Cram en 1671. 

« Leudovicus Eudo presbyter, illustrissimi D. D. Venetensis Episcopi Vicarius Generalis, dilecto nobis in Xristo Magistro Antonio Le Cram presbytero hujus diœcesis Salutem in Domino. Cum Parochialis Ecclesia seu perpetua vicaria Sancti Nicolaï, loci de Sauzon, in Bel-insulâ hujus diœcesis vacaverit et vacet ad praesens per obitum Magistri Gildasii Raoul, illius, dum viveret, ultimi possessoris pacifici ; cujus, dum vacat, praesentandi seu jus praesentandi ad clarissimum D. D. pro Rege gubernatorem in Bel-insula, aliisque insulis adjacentibus ; collatio vero, provisio et omnimoda alia dispositio ad praefatum D. D. Episcopum, ob causam episcopalis dignitatis, spectare et pertinere dignoscuntur. Nos meritorum tuorum intuitu, praedictam parochialem seu illius perpetuam vicariam sic vacantem cum omnibus suis juribus annexis et pertinentibus universis, tibi capaci et idoneo, auctoritate praedicti illustrissimi D. D. Episcopi, contulimus et donavimus, conferimus et donamus per praesentes ; quare omnibus et singulis Notariis Apostolicis et Ecclesiasticis et presbyteris nobis sub ditis mandamus, ut te vel tuum procuratorem tuo nomine in realem et actualem praedictae Parochialis Ecclesiae, ejusque jurium universorum possessionem ponant et inducant, seu ponat et inducat eorum unus super haec requisitus. In quorum fidem praesentes litteras manu nostra signavimus ac sigillo praedicti D. D. Episcopi Venetensis muniri, et per magistrum Ludovicum Le Becho Acolytum hac in parte secretarium nostrum, propter absentiam secretarii ordinarii praedicti D. D. Episcopi. Datum Veneti, die 12 Augusti, anno Domini 1671. Praesentibus magistris Joanne Moüelo et Dyonisio Benar diaconio hujus diœcesis testibus ad praemissa vocatis et subsignatis ».

C’est apparemment le même acte de présentation que M. de Logerie adressa l’année suivante 1672 au seigneur évêque Louis de Vautor, en y substituant seulement le nom de Charles Mahinet à celui d'Antoine le Cram, et le nom de Bangor à celui de Sauzon. Cet acte n’est que cité dans la pièce suivante et ne se trouve pas dans les archives de l’évêché.

Collation de la cure de Bangor à M. Charles Mahinet en 1572.

« Ludovicus Divina miseratione et Sanctae Sedis Apostolicae gratia Episcopus Venetensis, dilecto nobis in Christo Magistro Carolo Mahinet presbitero hujus-ce nostrae diœcesis Salutem in Domino. Cum cura seu Vicariatus perpetuus Ecclesiae parochialis de Bangor in Bel-insula hujus-ce nostrae diœcesis vacaverit et vacet ad praesens per obitum Magistri Joannis Dréan presbiteri, ultimi possessoris pacifici : cujus, dum vacat, praesentatio ad Dominum Ludovicum du Poulet Dominum temporalem de Logerie in Bel-insula Hoüat, Heydic, pro Rege Gubernatorem pro tempore existantem ; collatio vero, provisio seu quaevis alia dispositio ad nos ratione nostrae dignitatis Episcopalis spectare dignoscuntur. Nos, meritorum tuorum intuitu, specialem graciam facere volentes, praedictam curam de Bangor sic vacantem una cum suis juribus annexis et pertinentibus universis, tibi capaci et idoneo et litteratoriè praesentato, praestito prius per te juramento, emissaque in manibus nostris, juxta Lateranensis statuta concilii, catholicae fidei professionne, rejectaque, juxta summorum pontificum Innocentii X et Alexandri VII constitutiones, secta Janseniana, contulimus et donavimus, conferimus et donamus per praesentes. Quare omnibus et singulis presbiteris, notariis apostolicis et Ecclesiasticis, nobis subditis mandamus : quatenus te vel procuratorem tuum legitimum tuo nomine et pro te in corporalem et actualem possessionem praedictae curae de Bangor, ejusque jurium et pertinentium universorum, ponant et inducant, seu ponat et inducat eorum alter desuper primo requisitus, adhibitis solemnitatibus assuetis jureque nostro semper salvo. In quorum fidem praesentes sigillo nostro episcopali munitas signavimus et per secretarium nostrum subsignari fecimus et jussimus. Datum Veneti, in nostro episcopali Palatio die 28 mensis Maii 1672, praesentibus ibidem Magistro Guillelmo Bréat, Archipresbitero Ecclesiae cathedralis, Nicolao le Bel, presbiteris in hac civitate commorantibus, ad praemissa vocatis specialiter atque rogatis, subsignatis in originali penès me, secretario manente. Signatus in originali. LUDOVICUS, Ep. Venetensis. Et infra de mandato illust. Ep. Ven. NICOL. Sec. ».

Quelle joie secrète pour le sieur de Logerie, de voir son droit imaginaire de présentation devenir réel, reconnu par Louis Eudo grand vicaire, et confirmé par le seigneur évêque Louis de Vautor, en conférant la cure de Bangor à Messire Charles Mahinet litteratorie praesentato, que le dit gouverneur présentait par lettre à sa Grandeur ! Mais quoi de plus étonnant, que de voir dans ces deux collations, les cures de Sauzon et de Bangor être encore regardées par l'Evêque de Vannes et son grand vicaire comme des vicariats perpétuels, quoiqu’il n’y eut point de curés primitifs à Bel-île et que les pasteurs des 4 paroisses de cette île fussent recteurs en chef depuis cent ans, de 1572 à 1672 ! Je doute qu’il y ait aucun païs dans le monde chrétien, où l’on puisse produire un pareil exemple.

Monseigneur François d'Argouges [Note : Il fut nommé à l’évêché de Vannes en 1688 et ne put en prendre possession qu’en 1692. Il mourut le 15 mars 1716], successeur immédiat du seigneur évêque Louis de Vautor, aïant dessein de tirer de Sauzon Messire Antoine le Cram pour le pourvoir de la cure du Palais vacante par la mort de Philippe Jouny et de lui donner en même tems un successeur dans la cure de Sauzon et ne croïant pas que le commandant de la place dut avoir une ombre de droit à cette translation et à cette présentation : Sa Grandeur voulut se mettre au fait de tout ce qui regarde l’état du spirituel de Bel-île et s’en instruire à fond. Pour cela, elle s’informa de Messire Charles Iliaquer qui était recteur de Lomaria depuis 38 ans, en aïant été pourvu en 1654, quel était l’ancien usage du lieu sur cette matière. Ce vénérable vieillard envoïa à sa Grandeur une copie légalisée de la lettre que le sieur Boisdavy, gouverneur, lui avait écrite, lorsqu’il fut pourvu de sa cure : dont voicy la teneur.

« Monsieur, Je veux être le premier à vous annoncer la nouvelle, comme Monseigneur le duc de Retz et Madame vous donnent la place du défunt Louis le Portugal et qu’ils ordonnent à M. l'Official et à M. le Promoteur de vous établir vicaire de Lomaria ; et à moi, de tenir la main à ce que cela soit : c’est une commission qui m’est bien agréable et que j’ai toujours cru ne vous pouvoir manquer. Je m’en réjouis avec vous et suis avec vérité, Monsieur, votre très affectionné serviteur, BOISDAVY, Gouverneur. Au fort de Bel-île, ce 15 juin 1654. Conformément à ce que dessus, je délivre le contenu sans augmenter ni diminuer. Fait au dit Lomaria, ce 3 septembre 1691. Charles ILIAQUER, avec paraphe au bout du nom ».

Ce Dom Charles Iliaquer a été 12 ans recteur de Lomaria sous la dépendance immédiate des Papes Innocent X et Alexandre VII : il a vécu 37 ans sous la jurisdiction de l’ordinaire, de Charles de Rosmadec, de Louis de Vautor et de François d'Argouges. Ce dernier aïant vu par cette copie de lettre de M. Boisdavy, alors commandant de la place à Bel-île ; que le duc de Retz, Henri de Gondi était le premier et le seul de cette maison qui eût fait usage du droit de patronage et qu’il n’en avait fait usage que cette fois ; qu’il ne s’arrogea vraisemblablement ce droit, que parce que Bel île était encore soumise uniquement au Saint-Siège ; que le gouverneur Boisdavy n’y était pour rien, mais seulement pour y tenir la main et par commission : ce grand prélat fut instruit par là du peu de droit qu’avaient les commandans ou gouverneurs de présenter les bénéfices-cures de Bel-île, et se vit en état de traverser les prétentions du sieur Hervé de la Ferrière, alors commandant dans la place, qui voulait marcher sur les traces d’un de ses prédécesseurs, Louis du Poulet sieur de Logerie dont nous avons parlé cy-dessus. Et pour mettre fin une bonne foi à ces chimériques prétentions, cet Evêque exposa nüement le fait à M. de Torcy. Il n’y a ni original ni copie de cet exposé dans les archives de l'Evêché : mais la réponse de M. de Torcy s’y trouve en original dont voicy la copie :

« A Monsieur l'Evêque de Vannes, Monsieur, aïant rendu compte au Roi de la prétention que M. de la Ferrière avait de nommer aux bénéfices-cures de Bel-île : Sa Majesté l’a trouvée mal-fondée et s’est expliqué que c’était à vous seul que ce droit appartenait. J’ai été bien aise de vous donner moi-même cet avis et de vous informer que je suis, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur, DE TORCY. A Versailles, ce 15 mai 1693 ».

Suit la copie de lettre que M. de Torcy écrivait le même jour à M. de la Ferrière, de la part du roi Louis XIV.

« A Monsieur de la Ferrière, commandant à Bel-île, Monsieur, aïant fait mon rapport au Roi du contenu au procès-verbal de M. de Nointel, comme aussi de son avis touchant la prétention que vous avez de nommer aux bénéfices-cures de Bel-île : Sa Majesté s’est expliqué que vous y étiez mal fondé ; et elle m’a aussi commandé de vous faire sçavoir, que son intention est que vous ne troubliez pas M. l’évêque de Vannes dans ce droit qui lui appartient légitimement. Je suis, etc... DE TORCY ».

La lettre qui suit est du secrétaire de M. de Torcy sur l’envoi des deux précédentes au seigneur évêque de Vannes, datée aussi à Versailles ce 15 mai 1693.

« Vous verrez, Monseigneur, par la lettre que vous écrit Monseigneur de Torcy et par la copie cy-jointe, que je me donne l’honneur de vous envoïer, de celle qu’il écrit à M. de la Ferrière : que le Roi vous a rendu la justice qui vous était düe, Monseigneur, dont j’ai beaucoup de joie. Agréez, s’il vous plait, mon compliment sur le choix que Sa Majesté a fait de la ville de Vannes pour la tenue des Etats prochains, et que je vous supplie de me faire la justice de croire que je suis toujours avec autant de respect que de passion, Monseigneur, votre très humble serviteur, MIGNONET. Nous allons demain à Paris pour nous disposer à partir lundi pour suivre le Roi ».

En conséquence, le seigneur évêque François d'Argouges pourvût Messire Antoine le Cram de la paroisse du Palais : et sa Grandeur agît dans cette occasion comme présentateur et comme collateur de cette cure par provision du 3 septembre 1692, contre laquelle voulut protester le dit Gouverneur ; et sur quoi, comme nous venons de le voir, M. de Torcy lui fit connaître de la part du Roi la vanité de sa prétention.

Comme le Roi ne s’était expliqué que sur la prétention mal-fondée du Gouverneur de Bel-île de nommer aux bénéfices-cures : M. Fouquet, en qualité de marquis de cette île, crût pouvoir faire usage de ce droit le 14 juillet de 1718 en faveur de Messire Michel Jégo pour la cure de Lomaria. Jusques-là nul seigneur de cette maison n’avait tenté de marcher sur les traces du duc de Retz Henri de Gondi. Pour faire valoir ce prétendu droit de présentation, l’on saisit l’occasion de la minorité du roi Louis XV et de l’absence de Mgr le Fèvre de Caumartin [Note : Sacré évêque de Vannes le 17 juillet 1718, il succéda l’année suivante à M. de Berthier, comme évêque de Blois. Il mourut subitement à Blois le 30 août 1733, à l’âge de 65 ans] évêque de Vannes qui était aux Etats tenus à Dinan et qui n’avait point encore connaissance de la manière dont Louis XIV s’était expliqué sur le droit légitime de présentation et de collation des bénéfices-cures de Bel-île, comme appartenant au seul Evêque de Vannes. Ce mot exclusif (seul) anéantissait tout à la fois le droit du seigneur comme celui du gouverneur. Cependant à raison de cette ignorance de fait, ledit seigneur évêque De Caumartin « sur cette présentation fit expédier des provisions le 1er septembre 1718 et Messire Michel Jégo prit en conséquence possession de la cure de Lomaria le 15 janvier 1719 : et ces 3 pièces, sçavoir, la présentation, les provisions et possession furent insinuées le 25 du dit mois de janvier ».

Mais M. le Maréchal de Bel-île ne prit ce parti, que pour faire valoir les droits de la seigneurie de cette île dont l’échange se fit au Roi cette année là.

L’exemple que le marquis de Bel-île donna lors de l’échange, fit naître de nouvelles difficultés sur le droit de présentation des bénéfices-cures de Bel-île, depuis que ce marquisat était passé au domaine du Roi ; et l’on prétendit que le Roi, en qualité de marquis de cette île, avait droit de nommer aux dites cures, comme les précédents seigneurs de ce Marquisat Henri de Gondi et Louis-Charles-Auguste Fouquet.

Messire Antoine le Cram, recteur du Palais, étant mort le 1er avril 1721 ; et sa résignation à Pierre Melot n’aïant point eu son effet, n’étant datée que du 25 mars et insinuée au greffe des insinuations que le 28 du même mois : Mgr Fagon [Note : Nommé évêque de Lombez en 1711, il fut choisi comme évêque de Vannes en 1719. Il mourut en 1742, âgé de 77 ans] nomma et pourvût de cette cure du Palais Messire Jean le Moings le 16 avril 1721, qui ne l’occupa que jusqu’au mois de juillet suivant, parce que le Roi, par Brevet du 16 juin de la susdite année et insinué le 10 juillet suivant, avait présenté la paroisse du Palais au sieur Pierre Berthelot, vacante par le décès du sieur Antoine le Cram. Le dit Pierre Berthelot s’étant démis de cette cure au bout de 4 ans ès mains du Roi le 11 décembre 1725, comme en aïant été présenté par un brevet de Sa Majesté qui ne fut requis et obtenu que dans la minorité de notre Roi Louis XV ; le Roi, par autre brevet du 5 mars 1726 présenta la dite paroisse du Palais au sieur Claude Mallet, vacante par la démission du dit sieur Berthelot, sur lequel brevet le dit seigneur Fagon donna ses provisions le 26 juillet 1726 : mais le dit sieur Mallet n’imita pas le sieur Berthelot, il fit sa démission de la dite paroisse du Palais le 5 décembre 1733 ès mains du dit seigneur Fagon, persuadé que l’évêque en était le seul et vrai présentateur. Et sur cette démission, les provisions furent expédiées par ce prélat le 7 du dit mois d’octobre en faveur de Messire Jacques-Marie Choblet, actuel possesseur, et possession prise en conséquence le 21 du même mois, ces deux pièces insinuées le 5 novembre suivant.

Depuis que Bel-île avait passé au domaine du Roi, on ne troubla point Mgr. Fagon dans ce droit qui lui appartenait, légitimement de présenter et de collationner les cures de Bel-île, que pour la seule paroisse du Palais en 1721 et 1726. Depuis ce tems là les Evêques ont été seuls présentateurs des paroisses de l’île. Cependant comme on tenta encore, l’an 1745, de donner une nouvelle secousse au droit des susdits évêques, Mgr de Jumilhac, à qui l’on avait contesté le droit de présentation des dites cures, crût devoir s’en assurer du côté de la Cour. C’est dans cette vüe que, pour mettre fin une bonne fois et pour toujours à ces sortes de contestations, Sa Grandeur envoïa à Versailles, et la lettre de M. Boisdavy et les lettres de M. de Torcy et autres pièces dont nous avons parlé : sur quoi voicy la réponse de M. d'Hélyot, secrétaire de M. l’ancien évêque de Mirepoix fit de la part de M. de Boïer à M. de Jumilhac.

« Monseigneur, j’ai reçu et communiqué à M. de Mirepoix les lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser au sujet du droit de nomination aux cures situées dans le territoire de Bel-île. Elles forment un préjugé trop formel et trop décisif, pour qu’on ne doive pas s’en tenir à leur disposition. M. de Mirepoix, qui n’aime point les discussions et qui ne cherche que les moïens d’étouffer promptement celles qui sont inévitables, me charge de vous dire qu’il n’écoutera plus M.*** et que, s’il lui fait quelque réponse, ce ne sera que pour lui dire que l’affaire est déjà décidée et qu’il n’y a nulle nécessité de revenir à un nouvel examen. Je vous renvoie les lettres, parce que ce sont des pièces dont vous pourriez bien vous trouver en occasion de faire usage quelqu'autre fois. Je ne connais le sujet qui fut nommé par le Roi à la cure qui a fait le sujet de la contestation, que par les bons témoignages qui en furent rendus à M. de Mirepoix lors de la nomination ; mais je dois lui rendre cette justice, qu’il n’a montré aucun empressement pour le bénéfice et que M.*** est le seul qui s’est montré dans cette affaire. Je ne vous fais cette observation, qu’afin que toutes les démarches qui ont été faites à cette occasion, ne lui fâssent rien perdre de votre bienveillance et de vos bonnes grâces. — Je suis bien charmé que M. l’abbé Fumel jouïsse d’une meilleure santé : puisque vos affaires doivent vous appeler dans ce païs cy le mois prochain, je serai bien charmé de me joindre à vous pour ménager ses intérêts auprès de M. l’évêque de Mirepoix. J’ai l’honneur d’être, etc. D'HÉLY0T, secrétaire de M. l’évêque de Mirepoix. A Versailles, ce 13 may 1745 ».

Sur le témoignage de la susdite lettre, le droit de nomination et de présentation des bénéfices-cures de Bel-île étant reconnu de M. de Mirepoix comme une affaire décidée sur laquelle il n’y a plus à revenir : il est à croire qu’on n’opposera plus désormais le droit du Roi au droit légitime des évêques de Vannes pour la nomination des sujets et la présentation des dites cures. Il y a deux choses à remarquer icy : l’une que depuis que le clergé de Bel-île est rentré dans le droit commun en 1666, nul recteur n’a eu sa cure en cour de Rome ; l’autre que, depuis que les paroisses sont mises au concours dans les mois du Pape, aucune cure de Bel-île n’y a encore été mise jusqu’à cette présente année 1754.

C’est l’évêque seul qui a le droit de nommer un Official à Bel-île, d’étendre ou de rétrécir ses pouvoirs selon que sa Grandeur le juge à propos ou qu’elle les croit nécessaires et utiles aux habitants de l’île. L’on comprend aisément, que les officiaux de Bel-île n’ont pas aujourd’hui besoin de pouvoirs aussi étendus que l’étaient ceux des anciens officiaux de l’île sous la dépendance immédiate du Pape, par rapport à la nécessité où ils étaient de recourir à Rome ou au légat du Saint-Siège pour le fort contentieux, ou même aux Abbés Réguliers de Redon ou de Quimperlé.

Sous Mgr François d'Argouges, Messire Antoine le Cram, recteur du Palais et official de Bel-île, avait le pouvoir de donner des dispenses pour le mariage et de faire la visite dans toutes les paroisses de l’île, sans que ses confrères y trouvassent à redire : c’est ce qui est démontré par les registres des 4 paroisses. Un évêque diocésain peut de même, quand il lui plaira, charger un official délégué du soin de faire la visite dans les églises de l’île : parce qu’il peut arriver que les Grands-vicaires, l'Archidiacre et l'Evêque même auraient une extrême répugnance à passer la mer.

Mais quoique l’évêque puisse selon son bon plaisir se choisir un official dans l’une des 4 paroisses de l’île : cependant depuis qu’elles sont soumises à la jurisdiction de l’ordinaire, l’officialité à toujours été attachée jusqu’icy à la cure du Palais ; et quand un recteur du Palais pour des raisons particulières, n’était pas considéré de l'Evêque pour cet emploi, ce titre ne passait pourtant pas à aucun des autres recteurs et l’officialité restait vacante : c’est ce qui est arrivé depuis le 16 avril 1721 jusqu’à l’an 1727.

Il ne s’ensuit pas de là, que l’officialité de Bel-île soit dévolue de droit au Rectorat du Palais : mais c’est que tous les Evêques ont toujours regardé le Palais comme le chef-lieu de Bel-île, et qu’ils ont toujours eu en conséquence une attention particulière à y mettre un sujet qui représente et à qui ils pûssent se confier. C’est au recteur du Palais, qu’eu égard à la commodité du Port et des voitures, l’on adresse les Mandemens pour les faire tenir aux autres : c’est au Palais que tout ce qu’il y a de grand dans l’île fait sa résidence : c’est au Palais, que le soûfermier ou le Receveur du domaine fait sa demeure ordinaire et que tous les recteurs, aïant toujours quelque affaire à démêler avec lui ou pour eux ou pour leurs peuples, ils n’ont qu’à s’adresser à celui du Palais pour les terminer : c’est que d’ailleurs les pasteurs de la campagne ne doivent pas trouver mauvais que le pasteur du chef-lieu ait cette petite prééminence sur eux ; et qu’au contraire l’état-major et les principaux habitants du Palais souffriraient avec peine, qu’un Evêque transférât l’officialité à quelqu’une des autres paroisses. Comme ce transport ne s’est point fait, depuis que Bel-île est soumise à l’ordinaire, il est à présumer qu’il ne se fera pas dans la suite.

Le titre d’official de Bel-île n’a jamais été et n’est point encore de nos jours titulus sine re. Dans mes observations sur les deux suppliques de Messire Jean Piet à Urbain VIII et à Innocent X, l’on a vu de quelle extension étaient les pouvoirs des anciens officiaux de Bel-île ; et jusqu’où s’étendaient ceux que le grand prélat François d'Argouges accordait à Messire Antoine le Cram : nous allons voir quels sont les pouvoirs de l’official actuel. Voicy ceux que Monseigneur l’illustrissime Charles-Jean de Bertin évêque de Vannes, a accordés à Messire Jacques-Marie Choblet recteur du Palais, le 16 novembre 1747, dans ses lettres d’official de Bel-île.

« Carolus Joannes miseratione divina, sanctaeque sedis apostolicae gratia, Episcopus Venetensis, Regis ab omnibus consiliis, dilecto nostro et circumspecto viro Magistro Jacobo Mariae Choblet presbitero, Parochialis Ecclesiae du Palais de Bel-ile-en-mer nostrae diœcesis Rectori, Salutem in Domino.

Litterarum scientia, vitae et morum honestas, aliaque laudabilium virtutis et probitatis merita quibus te ornatum agnoscimus, nos inducunt ut te in partem sollicitudinis nobis a Deo creditae assumamus. Nos igitur, dictorum meritorum intuitu et matura deliberatione, te Officialem curiae nostrae Ecclesiasticae in praedicta insula harum serie litterarum fecimus et creavimus, facimusque et creamus, dantes tibi :

— 1° Facultatem absolvendi a casibus, censibus et irregularitatibus nobis reservatis.

— 2° Eamdemque potestatem caeteris confessariis in secretis casibus concedendi.

— 3° Expensorum rationem in parochiis dictae Bel-insulae à fabriciis admittendi, ea lege ut de ea processum verbalem nobis remittas.

— 4° Ecclesias et loca sacra reconciliandi.

— 5° Ecclesias, capellas, altaria, cœmeteria, cruces, imagines, sanctorum representationes, campanas, et alia omnia quae ad sacerdotalem et ecclesiasticum usum pertinen, nec non vasa consecrationem non requirentia, benedicendi.

— 6° insignia militaria in dicta insula benedicendi.

— 7° Depositiones tum partium tum testium in consanguinitatis aut affinitatis impedimentis recipiendi.

— 8° Quœrelas adversus clericos et presbiteros admittendi.

— 9° Processum judicialem instruendi usque definitivam sententiam exclusive, ea conditione ut dictum judicialem processum et informationes de impidimentis matrimonii ad officialem nostrum Venetensem remittas.

— 10° Sponsalia, modo de eis contentio non oriatur, dissolvandi.

— 11° Fundationes admittendi, cum clausula eas quamprimum nobis ut approbentur et confirmentur, praesentandi.

— 12° Matrimonia, vel per te, vel per alium de tuo consensu, temporibus Ecclesia prohibitis (id est una hora ante solis ortum) celebrandi.

— 13° Baptismi caeremonias, modo infra tres menses eaedem sufficiantur et testimonium nobis certum reddatur, remittendi. — In occultis impedimentis, matrimonia rehabilitandi.

— 15° Eamdemque facultatem caeteris confessariis in praedicta insula existentibus, si opus fuerit, concedendi.

— 16° Approbationes confessariorum, donec ad nos recurrere possint, ad sex menses prorogandi.

— 17° Paschalia ante Dominicam Palmarum incohandi.

— 18° Et post dominicam paschae remittendi. Mandantes omnibus et singulis nobis subditis, caeteros requirentes, quatenus tibi tanquam officiali nostro in dicta insula, pareant et efficaciter intendant, praesentibus ad beneplacitum valituris.

Datum in castello nostro de Kerango sub signo, sigilloque nostris ac secretarii nostri chirographo, anno Domini millesimo septengentesimo quadragesimo septimo, die vero decima sexta mensis novembris. t CAROLUS-JOANNES, Episcopus venetensis.

De mandato D. D. Episcopi, B. F. JARNO, secretarius.

Insinué au Greffe des insinuations ecclésiastiques du diocèse de Vannes au 13ème registre in-folio 205 verso ; et contrôlé au dit Vannes par moi soussigné commis, le 21 novembre 1747. RACOÜET, commis juré ».

Telle est la situation présente de l’état du spirituel de Bel-île, qui subsistera sans doute jusqu’à la fin des tems (R. P. François-Marie de Belle-Ile).

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