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L'HOPITAL DE BELLE-ILE-EN-MER

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Etablissement d'un hôpital militaire à Bel-île.

On a fait au Palais un établissement qui serait bien avantageux, s’il était destiné pour l’habitant comme pour le militaire : c’est la fondation de l’hôpital royal de Saint-Louis, qui n’est pas un des moindres ornements de ce Bourg, ni un des moindres morceaux de Bel-île. Nicolas Fouquet qui en est le fondateur, sollicita dès 1659 saint Vincent de Paul instituteur de la congrégation des filles de la charité, d’envoyer de ces soeurs pour desservir cet Hôtel-Dieu. Après être convenus entre eux des conditions durables à perpétuité : le saint instituteur, l’année même de sa mort en 1660, tira de la communauté d'Angers la soeur Mathurine Guérin avec une compagne et leur ordonna de passer à Bel-île. Le fond assigné sur les rentes de Bel-île pour la subsistance des deux soeurs seulement, était peu considérable : cependant cette première supérieure, digne du choix du bienheureux Vincent pour une telle entreprise, se donna à tous les mouvements qui convenaient dans le berceau d’un établissement.

Mais deux évènements inattendus déconcertèrent tous ces projets. C’est du saint fondateur de sa congrégation qu’elle attendait de grandes lumières, et c’est du fondateur de cet hôpital qu’elle espérait de puissants secours ; et ces deux appuis lui manquèrent tout à coup. A peine fut-elle arrivée à Bel-île en 1660, qu’on lui manda de Paris la mort de son saint instituteur ; et l’année suivante 1661, elle apprit tout à la fois la disgrâce et la détention du surintendant des finances et eût la douleur de voir en même temps congédier de l’île tous ceux qu’il avait mis dans la place et qu’il entretenait à ses dépens, commandant, major, officiers et soldats de la garnison. Etonnée d’une si étrange catastrophe, elle crût voir tous ses projets échoués et fut tentée d’abandonner son entreprise et d’écrire à sa générale pour demander son retour à Angers ou du moins sa sortie de Bel-île : mais le chevalier de Chevigny, successeur de la Haie dans le commandement de la place, releva son courage, ranima son zèle, réveilla ses espérances, par les promesses qu’il lui fit et par les mouvements qu’il se donna en effet pour faire agir la cour en faveur de cet hôpital naissant. Elle fut rappelée à Paris vers l’an 1664.

L’établissement d’un chirurgien major, pour le service de cet hôpital, n’est pas aussi ancien que celui des soeurs ; mais il est de beaucoup antérieur à celui de l’aumônier. Cet hôpital resta sans aumônier plus de 40 ans, le Roi et Nicolas Fouquet n’avaient pourvu jusque là qu’à la subsistance des soeurs. Il fallait, dans les premières années de leur établissement, qu’elles allassent tour à tour, les jours ouvriers comme les fêtes et dimanche, entendre la messe à l’église paroissiale : ce qui était pour elles d’une grande incommodité, surtout du temps que l’ancienne église subsistait encore dans la haute Boulogne. C’était l’aumônier de la citadelle, qui administrait alors les sacrements aux soldats et aux officiers malades à l’hôpital ; et dans les cas pressants un des prêtres de la paroisse y suppléait la nuit. Ce n’est que vers le commencement de ce siècle que, pour la commodité des soeurs et pour l’assistance spirituelle du militaire malade, la cour jugea à propos d’établir un aumônier de l’hôpital qui, comme celui de la citadelle, a 300 francs d'appointement : et c’est messire Gabriel L’Espaher natif du Palais, qui en fut le premier aumônier.

Cet hôpital était très peu de chose dans son principe : mais on en a augmenté par degré le terrain et les bâtiments. Ce fut le 11 décembre 1661 qu’on posa la première pierre de la chapelle dédiée à Dieu sous l’invocation de Notre Dame de Miséricorde.

Soeur Madeleine Rapporte y a été la première enterrée, elle était la seconde supérieure ; et sœur Marguerite Landais la 3ème supérieure y été aussi inhumée. Soeur Marie Robart, qui lui succéda, contribua beaucoup à décorer le sanctuaire de cette chapelle et à garnir la sacristie d’ornements fort propres : c’est encore de son temps qu’on éleva, ce grand corps de bâtiment où sont les salles des malades ; au bout de 28 ans, elle fut transférée à Sablée dans le Maine. On n’entreprit rien durant la supériorité de soeur Catherine Lanvia qui, après 22 ans de demeure à Bel-île, y mourut supérieure. Nous parlerons de soeur Anne Hangard qui lui succéda et qui au bout de quelques années fut transférée à Rennes. Soeur Perrine Blier lui fut substituée, mais au bout de 18 mois elle y mourut. Soeur Marie-Anne Savary, tirée de la communauté de Vannes, resta peu d’années supérieure à Bel-île, on la transféra à Ploüars en Saint-Malo, où elle renonça peu de temps après à la supériorité et revint à sa première demeure. On fit revenir alors de Rennes l’an 1748, soeur Anne Hangard pour la remplacer, à la satisfaction du Roi, du Public et de ses propres Soeurs.

C’est sous ces dernières supérieures, surtout depuis 1746, qu’on augmenta considérablement les terrains et les bâtiments de cet hôpital ; et il est à présumer qu’il deviendra dans la suite un des plus considérables de la province, comme il est un des plus anciens qu’aient eu ces soeurs dans le royaume. Tout y est d’une grande propreté dans la chapelle, la sacristie, les salles, la lingerie, la pharmacie, la cuisine, le réfectoire, la chambre où elles tiennent l’école ; en un mot dans tous les appartements ; et c’est dans tous les pais où elles sont établies, qu’elles se distinguent par cette propreté qui est aussi salutaire aux sains qu’aux malades.

Nous avons vu qu’au commencement elles n’étaient que deux soeurs, on y ajouta, ensuite deux autres : ce nombre de quatre a subsisté longtemps. Mais comme on augmenta la garnison de la place en 1746, on fut obligé d’augmenter le nombre de ces soeurs ; en sorte qu’elles étaient six de communauté cette année-là : ce qui ne suffisait pas encore pour le grand nombre de malades qu’il y eut dans les campagnes de 1746 à 1749 ; et ce qui arrivera toujours en temps de guerre, où l’on est obligé d’augmenter considérablement les troupes pour renforcer les garnisons. Cette communauté a été accrue d’une 7ème soeur en 1753. On verra dans la suite si ce nombre est compétent. Le Roi a augmenté le fond pour leur subsistance à proportion de leur accroissement.

C’est dans les archives de leur maison à Paris, que ces soeurs conservent toutes les pièces originales qui concernent leurs établissements respectifs dans les différents endroits où elles ont été appelées, et elles n’en ont que des copies dans ces maisons particulières. Et comme elles ont requis de nouvelles patentes du Roi Louis XV qui confirment leur établissement dans l’hôpital de Bel-île-en-mer : voici la copie qu’elles m’en communiquèrent en 1753 :

«  Louis, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, SALUT. Les Filles de la charité de Bel-île-en-mer nous aïant très humblement représenté : que le feu Roi notre très honoré Seigneur et Bisaïeul par ses lettres patentes et düement enregistrées a reçu, approuvé et confirmé l’établissement de la confrérie, communauté et société, sous titre de Servantes des pauvres malades de la charité, instituée par Vincent de Paul, supérieur général de la congrégation de la Mission : que par ces mêmes lettres, il est permis aux filles de la charité et veuves qui auraient été ou seraient admises ou reçues à la dite société et confrérie, d’aller, avec l’approbation du dit Vincent de Paul et après lui de ses successeurs Généraux de la dite Congrégation et de la Soeur supérieure, en tous lieux, villes, bourgs et villages du roïaume où elles seraient appellées pour y établir et exercer la charité, même envers les pauvres orphelins et pauvres malades des maisons, hôpitaux et hôtels-Dieu où elles seraient jugées nécessaires : que sur ce principe, le sieur Fouquet surintendant des finances, aïant obtenu en 1660 l’agrément du dit Vincent de Paul d’établir trois filles de la charité à Bel-île, elles y furent logées et meublées dans une maison de louage, en attendant qu’on fit bâtir un hôpital, et il leur fut donné par le Roi 300 l. de pension annuelle pour leur entretien : que par la suite, aïant été jugé à propos d’y envoïer une 4ème soeur, les exposantes furent emploïées sur l’état des pensions pour 400 l. de pension annuelle pour leur entretien : qu’en 1695 la Dame Fouquet leur donna 200 l. de rente annuelle et perpétuelle et un tonneau de froment à prendre sur les revenus du marquisat de Bel-île, pour être les dits 200 l. distribués aux pauvres mendians ou honteux ; laquelle donation a été approuvée et confirmée par l’arrêt du conseil d'Etat du 22 avril 1720 : que depuis elles ont acquis, moïennant la somme de 200 l. un petit pré joignant au dit hôpital pour y être uni de manière qu’il y aurait actuellement 30 lits qui servent uniquement pour les officiers et soldats de la garnison. Quoique les exposantes aient été établies par le feu Roi, que l’hôpital ait été bâti à ses frais et dépens, et qu’elles soient approuvées par l'Evêque diocésain : néanmoins comme elles appréhendent d’être inquiétées sous prétexte qu’elles n’ont point obtenu de lettres patentes et de confirmation, elles nous ont fait très humblement supplier de leur accorder celles sur ce nécessaire.

A CES CAUSES et autres à ce nous nous mouvantes, après avoir fait examiner en notre conseil les dites lettres patentes cy-dessus mentionnées, la donation de 200 l. de rente faite par la dite dame Fouquet le 20 novembre 1695 et d’un tonneau de froment en leur faveur, confirmée par arrêt du conseil d'Etat du 22 avril 1720, avec l’approbation du dit seigneur évêque de Vannes du 8 juillet 1724 cy-dessus attachée sous le contrescel de notre chancellerie : de nôtre grâce spéciale, pleine puissance et Autorité Roïale, nous avons approuvé, confirmé et autorisé, et par ces présentes signées de nôtre main, approuvons, autôrisons et confirmons l'établissement des dîtes soeurs de la charité dans l’hôpital de Bel-île-en-mer.

Voulons qu’elles y continuent leur demeure ainsi qu’elles ont fait jusqu’à présent, pour y exercer la charité envers les pauvres malades et qu’elles jouissent de tous les biens qu’elles ont acquis ou pourront acquérir par donation, fondation ou autrement. Si donnons en mandement à nos amés et féaux conseillers gens tenant nôtre cour de Parlement de Bretagne et chambre des comptes des finances à Nantes et à tous autres nos justiciers qu’il appartiendra, que ces présentes il fasse enregistrer ; et de leur contenu jouir et user les dites Sœurs de la Charité de Bel-île, cessant et faisant cesser tout trouble et empêchement à ce contraires : car tel est notre bon plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre nôtre scel à ces dites, sans faire autre chose, nôtre droit et l’autrui en tout.

Donné à Fontainebleau, au mois de septembre, l’an de grâce 1724 et de notre Règne le Xème. Par le Roi, PHÉLIPPEAUX.

Enregistré au greffe civil de la cour, aux fins d'Arrêt du 18 janvier 1752 » [Note : L’hôpital de Bel-île sera desservi plus tard par les Sœurs de la Sagesse].

 

Acte de fondation pour une mission.

L’acte de fondation de Madame Fouquet pour une mission par les R. P. Jésuites à Bel-île l’an 1695, m’a paru trop long pour être rapporté ici : je me borne à en donner l’extrait, comme il suit :

Extrait de l’acte de fondation par lequel Mme Fouquet, marquise de Bel-île, établit les R. P. Jésuites missionnaires de cette île en 1695.

1° Le nombre des missionnaires n’était d’abord que cinq : sçavoir, 3 jésuites et 2 ecclésiastiques ; et 120 l. de rente païable au collège de Vannes pour chacun an à la Saint-Jean-Bâtiste.

2° La dite dame requît ensuite un plus grand nombre de missionnaires, 15 ou 16, sçavoir, 7 ecclésiastiques et 8 jésuites, et ajouta 130 l. à la somme de 120 l. ; somme païable à perpétuité au dit collège par le receveur des rentes du marquisat de Bel-île le jour de Saint-Jean-Bâtiste.

3° Cette mission doit se faire de 5 en 5 ans : mais s’il arrive qu’elle ne puisse être faite à chaque 5ème année à raison de guerre, peste ou autres accidents, on doit s’adresser au T. R. P. général de la Société, pour le prier d’ordonner au recteur du collège de Vannes de faire la mission l’année suivante ; et à faute de la faire, ils seront privés des arrérages de la dite rente pendant ces deux années seulement.

4° Mais on ne peut priver les Jésuites des arrérages susdits que, lorsqu'après deux sommations qui leur auront été faites, ils ne se seront pas acquittés de la mission au tems prescrit et fait refus de s’en acquitter.

5° Et ces arrérages de la dite rente, dont les Jésuites seront privés comme dessus, seront reçus par les soeurs de la charité pour être distribués aux pauvres de l’île ; et s’il n’y a aucune soeur de la charité, la dite rente sera donnée à l’hôpital ; et s’il n’y en a point, les sieurs curés des paroisses s’assembleront avec les officiers du marquisat pour faire cette distribution aux fins marquées cy-dessus.

6° En cas que la mission ne puisse se faire dans l’intervalle de Pâques à la Pentecôte, les jésuites conjointement avec les curés et officiers du marquisat, doivent faire choix de telle autre saison de l’année qu’ils jugeront ensemble de concert être plus convenable au peuple.

7° En cas que les jésuites se trouvassent hors d’état de faire la susdite mission, les curés et officiers du Marquisat s’adresseront à l'Evêque et de concert conviendront d’une autre congrégation pour acquitter la dite mission et la subroger, au lieu des jésuites, aux mêmes clauses et conditions stipulées dans l’acte de cette fondation.

8° Selon l’acte de cette fondation, les 7 ou 8 missionnaires ecclésiastiques devaient être du choix, qu’en devait faire le recteur du collège des jésuites de Vannes ; mais Mgr François d'Argouges lors Evêque, fit reformer cet article, en exigeant que les missionnaires ecclésiastiques lui seraient présentés et à ses successeurs après lui par le dit recteur, comme appartenant à lui et à eux de juger par eux-mêmes de la piété, prudence et capacité de ceux qui seront destinés à cet emploi et présentés, par le susdit recteur, à lui et à ses successeurs après lui, pour leur donner, si les Evêques les en jugent capables et dignes, leurs lettres d’approbation avec tous les pouvoirs et facultés nécessaires en pareille occasion, sous laquelle condition le dit seigneur évêque consentît que la fondation sortît son plein et entier effet. Cette correction signée de sa Grandeur, fut ajoutée au susdit acte en 1696 ; et suivant la teneur des dits titres et pour sureté de son exécution, voulut que copie diceux dûement collationnés avec autant des présentes fut déposée en son secrétariat pour y avoir recours quand et par qui il appartiendra.

Donné en son palais épiscopal le 30ème jour de novembre 1695. — Collationné le 17 août 1696. Controllé à Vannes le 23 août 1696 (R. P. François-Marie de Belle-Ile).

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