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TENTATIVE D'ECHANGE DE BELLE-ILE-EN-MER |
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Tentative d'échange entre l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé et le duc Jean III au sujet de Belle-Isle-en-Mer.
(1328-1329).
En 1172, après de longs démêlés avec les abbés de Redon, les moines de l’abbaye de, Sainte-Croix-de-Quimperlé obtinrent définitivement gain de cause et purent jouir en toute sûreté des droits de propriété qu’ils n’avaient cessé de revendiquer sur Belle-Isle-en-Mer.
Admirablement située sur le passage des navires de commerce, auxquels elle servait de port de relâche, d’une fertilité incomparable, abondante en blé, en vin et en récoltes de toutes sortes, l’île exerça la convoitise de Jean III qui semble avoir toujours été en quête d’argent. Le duc prétexta près de Jean XXII qu’elle était devenue un repaire de pirates, de brigands et de malfaiteurs qui s’adonnaient à la course et tuaient les marchands tombés entre leurs mains. Sans égards pour les habitants du lieu, ils commettaient impunément le viol et l’adultère, incendiaient les maisons, massacraient les hommes, pillaient les biens de leurs victimes : en un mot, Belle-Isle n’était plus que « la fournaise et la caverne de tous les voleurs et de tous les malfaiteurs ». Ces gens sans aveu ne se contentaient pas de la dévaster ils portaient encore leurs ravages dans le diocèse voisin et dans tout le duché de Bretagne. A ce déplorable état de choses, les abbés de Quimperlé étaient incapables de remédier : bien plus, jaloux de leur pouvoir de juridiction temporelle, ils empêchaient qui que ce fût d’intervenir. Ne valait-il pas mieux que l’île appartint au duc de Bretagne qui serait vraisemblablement plus à même de réprimer les forfaits dont elle était le théâtre ?
Jean III pria donc le pape de s’entremettre entre lui et les moines de Quimperlé et de persuader ceux-ci, pour le bien du duché et du royaume de France, de consentir à un échange. Des prélats, que le Saint-Siège aurait l’obligeance de choisir, engageraient les pourparlers et mèneraient l’affaire à bonne fin.
Jean XXII se défia-t-il des intentions du duc ? Cela semble vraisemblable, car au lieu de confier l’enquête à des prélats bretons, comme on l’en avait sollicité, il en chargea les évêques du Mans, de Chartres et d'Angers.
Ces évêques devaient se transporter sur les lieux et entendre les témoins qu’ils jugeraient utile d’évoquer devant eux. Si les motifs allégués par le duc étaient conformes à la réalité, ils proposeraient une transaction aux moines et à l’abbé de Quimperlé dont avant tout ils s’efforceraient de favoriser les intérêts. D’une part, ils estimeraient séparément les biens que possédaient les moines dans l’île et les revenus qui leur provenaient de l’exercice de la juridiction temporelle ; de l’autre, ils établiraient le bilan des avantages qu’offrait le duc en retour de ceux-ci et de ceux-là. De l’enquête ainsi conduite, ils destineraient, sous pli scellé de leurs sceaux, le compte-rendu au Saint-Siège, qui se réservait la faculté de décider de l’opportunité de l’échange.
Les moines de Quimperlé représentèrent bientôt au pape combien l’échange proposé par Jean III leur était préjudiciable. Ne tiraient-ils pas de Belle-Isle la presque totalité de leurs revenus ? Cinq prieurés dont un conventuel et plusieurs églises paroissiales dépendaient d’eux. Ils ne reconnaissaient d’autre autorité au-dessus d’eux que celle du Saint-Siège, auquel ils payaient chaque année un cens aminci de deux marabotins d’or. De ces avantages précieux à tous égards, ils se refusaient à se départir : aussi suppliaient-ils Jean XXII de suspendre l’enquête déjà commencée.
Le pape se laissa persuader facilement, d’autant qu’il paraît avoir suspecté les désirs du duc de Bretagne : en même temps donc qu’il signifia ses volontés aux évêques du Mans, de Chartres et d'Angers, il écrivit une longue lettre à Jean III au terme de laquelle il l’avertit de n’avoir pas à s’étonner de sa nouvelle décision.
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