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Sur une colline boisée dominant la Vilaine qui serpente dans de vastes marais, le château de Trégouët, en Béganne, est le type du vieux manoir fortifié breton avec son échauguette et ses meurtrières à arbalètes. Une fuie, bien conservée du XVème, se trouve au coin de la cour. En 1375, Roland de Saint-Martin, écuyer d'Olivier de Clisson y habite. Puis il passe par alliance aux familles de Chamballan, et de la Vallée, et enfin à Renée de Rieux, épouse de Pierre de Tournemine, tous deux protestants, qui le vendent en 1547 à Simon Apuril, constructeur du château actuel. La Cène protestante fut célébrée dans la chapelle. Le protestantisme avait été introduit dans la région de la Roche-Bernard par François de Coligny, dit d'Andelot, Seigneur de la Bretêche, sa femme Claude de Rieux et le Pasteur Loureau.

A Tregouët se succédèrent ensuite par alliance les familles de Forest, et de Champeaux, René de Champeaux, Conseiller au Parlement de Bretagne avec la Chalotais, vota l'expulsion des Jésuites : c'est lui qui fit la terrasse et planta les ifs.

A la Révolution, Madame de Sécillon, née Louise de Champeaux, sera arrêtée et guillotinée à Lorient pour avoir fait transporter et cacher des armes pour la Chouannerie. Sa fille qui avait 19 ans sera alors prisonnière à Blois. Le château fut mis sous séquestre et vendu nationalement à Toussaint Richard, de Nantes. La chapelle sera incendiée par les révolutionnaires de Le Batteux.

Richard fut assassiné sur la table de la cuisine par les anciens fermiers de Madame de Sécillon. Le château fut alors revendu par la femme du citoyen Richard, qui craignait pour sa vie, à Mlle de Sécillon, future Mme Rado du Matz. Il fut un centre de la Chouannerie avec le quartier général de Sol de Grisolles jusqu'en 1815. René de Sol était en effet le cousin de Mme de Sécillon. Rado du Matz, mari de Mlle de Sécillon, prisonnier ail fort Penthièvre lors du débarquement de Quiberon, s'évada grâce à un ancien camarade le Capitaine Cambronne [Note : Voir Louis Garros. La vie de Cambronne]. Après la famille Rado du Matz, Tregouët vint, toujours par alliance, aux le Mintier de Léhélec.

En février 1945, lors de la poche de St-Nazaire, le château était occupé par la 4ème Cie de fusiliers-marins (Lieutenant de Vaisseau Delage). Il fut bombardé par une batterie allemande et incendié totalement.

Le château, construit au XVIème siècle par Simon Apuril et qui servait de dépendances fût alors restauré en 1953 par M. Charron, architecte à Vannes. C'est celui que vous voyez aujourd'hui.

Il est dans la même famille par les femmes depuis 1547, c'est-à-dire depuis plus de 432 ans.

(Association bretonne - 1979).

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