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LES ORIGINES DU PRIEURÉ SAINT-JACQUES DE BÉCHEREL

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Alain de Dinan, fils de Geffroy Ier, seigneur de Dinan, peut être considéré comme le fondateur de l'ancienne forteresse de Bécherel qui primitivement faisait partie de la paroisse de Plouasne ; Alain mourut avant 1148 (Mél. hist. sur la Bretagne par M. de Barthélémy, III. 16).

Dès le commencement de ce XIIème siècle les religieux Bénédictins de Marmoutiers eurent à Bécherel un oratoire dédié à la Sainte Vierge. Nous voyons, en effet, qu'entre 1120 et 1129, Donoald, évêque d'Aleth, — dans le diocèse duquel se trouvait Plouasne, — confirma ces bons moines dans la possession de l'église de Plouasne et des chapelles existant dans cette paroisse : or parmi celles-ci est mentionnée la chapelle de Notre-Dame du château de Bécherel que Alain de Dinan, seigneur de Bécherel, avait donnée à Marmoutiers [Note : « Capellam Stœ Dei Genitricis in Becherello Castro sitam, rogatu et assensu illustris viri Alani Dinanensis fundi possessoris » (D. Morice, Preuves de Bretagne, I, 609)]. Il est encore fait mention de cette église, un peu plus tard, sous l'épiscopat de S. Jean de la Grille (1144-1163), dans une charte du légat Odon, qui enjoignit à cet évêque de laisser les religieux de Marmoutiers user en paix des droits dont ils jouissaient dans leur oratoire de Bécherel construit dans la paroisse de Plouasne [Note : « In oratorio de Becherel quod in parrochia de Ploasno constructum est » (Bibl. Nat. Bles Mx, XXXVI, p. 432)].

Rolland seigneur de Bécherel, fils d'Alain de Dinan, n'imita pas tout d'abord la pieuse conduite de son père, bienfaiteur des moines ; il s'empara violemment de l'église Notre-Dame de Bécherel ; toutefois, sur les représentations du grand prieur Etienne, il revint à de meilleurs sentiments et consentit à rendre ce bénéfice aux religieux de Marmoutiers. Ces derniers obtinrent même alors (1164) d'Albert, évêque de Saint-Malo, l'érection de Bécherel en paroisse, ce qu'approuva volontiers le seigneur du lieu. Telles sont les origines de l'église Notre-Dame de Bécherel, appelée parfois priorale, parce qu'elle était desservie à l'origine par des moines, mais en réalité simple oratoire de forteresse fondé au commencement du XIIème siècle et érigé dès 1164 en église paroissiale, lorsque le château de Bécherel eut acquis toute son importance. Nous avons jadis entretenu nos lecteurs de cet intéressant édifice et de son intelligente restauration.

Nous allons parler maintenant du véritable prieuré de Bécherel dédié à saint Jacques et dont la ruine a été consommée par la Révolution.

Rolland, seigneur de Bécherel, ne se contenta pas de rendre justice aux moines de Marmoutiers, en leur restituant Notre-Dame de Bécherel ; il voulut encore augmenter les libéralités que leur avait faites son père, et fonda en leur faveur un nouveau prieuré dans le voisinage de son château. Dom Morice date cet établissement de 1167, mais M. de Barthélémy croit qu'il fut fait en même temps que l'érection de Bécherel en paroisse distincte de Plouasne, c'est-à-dire dès 1164 (Mél. hist. sur la Bretagne, III. 22).

Vers cette époque donc, Rolland seigneur de Bécherel, voulant, dit-il, lui-même, imiter la conduite de son aïeul Geffroy et de son père Alain, l'un et l'autre bienfaiteurs de Marmoutiers, donna aux religieux de cette abbaye une terre, située près et à l'orient du château de Bécherel, pour y construire une église, un monastère et un bourg ; il y joignit le don de l'étang voisin et exempta cette terre de toute imposition féodale [Note : « Quamdam terram juxta castellum quod Becherel vocatur, a parte orientali ejusdem castri sitam, cum stagno ipsi terrœ adjacenti, ad ecclesiam et officinas monachis competentes œdificandas, burgumque ad faciendum aptam » (D. Morice, Preuves de Bretagne, I, 660)]. Le seigneur de Bécherel permit, en outre, aux moines de lever toutes les coutumes et impositions ordinaires sur les habitants de leur bourg, de quelque endroit qu'ils y vinssent, comme il les levait lui-même sur les habitants de son château et de sa ville ; il ne voulut pas toutefois que ces derniers quittassent Bécherel sans sa permission pour aller demeurer dans le bourg du prieuré. Mais il donna aux moines toute la dîme qu'il levait autour de son château, c'est-à-dire toute la dîme de Bécherel.

Cette fondation du prieuré de Bécherel fut faite solennellement en présence du prieur Bermund, et des seigneurs Hervé de Guitté, Robert de Beillac, Thomas Begasse et Olivier Godion [Note : « Quamdam terram juxta castellum quod Becherel vocatur, a parte orientali ejusdem castri sitam, cum stagno ipsi terrœ adjacenti, ad ecclesiam et officinas monachis competentes œdificandas, burgumque ad faciendum aptam » (D. Morice, Preuves de Bretagne, I, 660)].

Un peu plus tard, c'est-à-dire après 1173, ce même Rolland de Dinan, seigneur de Bécherel, du consentement d'Alain de Vitré son neveu et son héritier présomptif, donna aux religieux de Marmoutiers habitant le prieuré de Bécherel la huitième partie des dîmes de Plouasne. Il leur fit ce don dans la salle de son château de Bécherel et en investit le moine Pierre de Dinan, en lui remettant le couteau de son serviteur Jean Loisel ; parmi les assistants se trouvaient Raoul de Québriac, Hervé de Guitté et plusieurs autres seigneurs, Raoul, prieur de Bécherel, et Oger, chapelain du donateur.

Mais les Bénédictins ne jouirent pas en paix tout d'abord de ce nouveau bienfait. Des seigneurs nommés Rolland de Dinan vicomte du Poudouvre, Thomas de Bellac, Raoul d'Espinay, etc., qui jouissaient vraisemblablement du reste des dîmes de Plouasne, s'opposèrent à ce que Thébauld, prieur de Bécherel, recueillît sa huitième portion. Il fallut que Juhel de Mayenne, seigneur de Dinan, par sa femme Gervaise de Dinan, fit rendre justice à ce pauvre prieur : il intervint, en sa faveur, en 1218, et fit consentir tous ces seigneurs à céder aux moines de Bécherel une portion de dîme appelée Trogor (D. Morice, Pr. de Bret., I, 839).

Juhel de Mayenne et Gervaise de Dinan ne bornèrent pas là leurs bons offices envers les religieux de Bécherel : ils leur donnèrent, en effet, le moulin de Bécherel situé au bord de l'étang dont les avait précédemment gratifiés Rolland de Dinan (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 14. H. 1).

Avant de quitter le XIIème siècle n'oublions pas que, dès 1187, Pierre, évêque de Saint-Malo, confirma l'abbaye de Marmoutiers dans la possession de l'obédience ou prieuré de Bécherel, — de l'église paroissiale du même nom, — de l'église de Plouasne, — d'une partie des chapelles de Longaulnay et du Quiou situées en la paroisse de Plouasne, etc., le tout dépendant du prieuré de Bécherel. Cet acte épiscopal prouve l'importance qu'avait à cette époque, peu d'années après sa fondation, le prieuré dont nous nous occupons (Anciens Evêchés bret., IV. 362).

En 1250, Geffroy de Conan, abbé de Marmoutiers, céda la jouissance des revenus du prieuré de Bécherel à Durand Salomon, chapelain de Jean II, duc de Bretagne, et plus tard chantre de Rennes ; celui-ci ne devait en jouir qu'à sa vie durant, était tenu de maintenir en bon état les édifices du monastère et d'y entretenir constamment deux religieux de Marmoutiers. C'est un des premiers exemples de la commende introduite en Bretagne (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 3, H. 12).

Des moines habitaient encore le prieuré de Bécherel au XVIème siècle, car le livre des prieurés de Marmoutiers, rédigé en 1587, nous apprend qu'à cette époque « le prieur avec un compagnon » devaient y résider. Ce même livre nous dit aussi que le prieur de Bécherel devait 50 sols de rente à l'abbé et 28 sols aux officiers de Marmoutiers (Pouillé de la province de Tours, édité en 1648).

Le petit monastère de Bécherel se composait d'une église dédiée à saint Jacques et mentionnée dès l'an 1218 (« Ecclesia beati Jacobi de Becherel » - D. Morice, Pr. de Bret.. I, 839).

En 1639 cet édifice était ruiné, car il est dit dans la déclaration de cette année-là qu'il « y a apparence d'y avoir eu autrefois une grande église avec chapelles qui sont à présent en ruine et dont on a fait un retranchement ». Les prieurs construisirent, en conséquence, une nouvelle chapelle « qui est en bonne réparation », est-il encore dit en 1639, mais qui, en 1790, était « ruisnée et interdite depuis longtemps. » — A côté se trouvait en 1639 « un corps de logis couvert de tuiles rouges, en bonne réparation, et, fort proche dudit logis, une vieille masse de colombier et refuge à pigeons à présent presque tombée en ruine ». — On rencontrait ensuite un jardin, un verger, deux champs, deux prairies et un étang avec son moulin. En outre de ce petit domaine territorial le prieur de Bécherel possédait un fief appelé Baillage du Prieuré, de très-modique revenu, jouissant d'une juridiction seigneuriale avec haute justice et s'étendant en Bécherel, Miniac et autres paroisses voisines.

Le reste du revenu du prieuré consistait en dîmes ou rentes de grains levées dans les paroisses de Bécherel, Mégrit, Plouasne et Longaulnay ; celles de cette dernière paroisse « se baillaient au jour et feste de M. saint Lunaire, 1 juillet, en la chapelle dudit prieuré, à l'heure de dix heures du matin, après le son de la cloche de ladite chapelle, devant les juges et officiers du sieur prieur, et où sont tenus comparaître les seigneurs de Bécherel, de Beaumont en Longaulnay, de Launay-Bécherel, et le chapelain de la Boulaye » (Déclarations diverses des prieurs de Bécherel, de 1639 à 1790).

En 1657, Jacques Gousinot, prieur commendataire de Bécherel, affermait le tout de son prieuré environ 2.300 l. Mais en 1728, lorsqu'on dressa l'état des revenus de tous les bénéfices ecclésiastiques de l'évêché de Saint-Malo, le prieur Jean Le Bel déclara que Saint-Jacques de Bécherel ne lui rapporlait que 2.158 l. de rente, qu'il avait des charges évaluées 1349 l. 14 s. et que, par suite, son revenu net n'était que 808 l. 6 s. (Archiv. dép. d'Ille-et-Vilaine, 44, H. 1, etc.).

Voici en quoi consistaient ces charges qui diminuaient si notablement les revenus du prieuré de Bécherel ; elles nous expliquent cette vérité méconnue de nos jours, que la plupart des bénéfices ecclésiastiques n'enrichissaient point extraordinairement ceux qui en étaient pourvus. C'est ainsi que le prieur de Bécherel devait dire ou faire dire trois messes par semaine ; — payer la portion congrue, c'est-à-dire le traitement complet du recteur de Bécherel, et une partie des portions congrues des recteurs de Mégrit et de Longaulnay ; — acquitter les impôts appelés décimes et subventions ; — entretenir en bon état les chanceaux c'est-à-dire les chœurs des églises de Bécherel, Mégrit, Plouasne et Longaulnay ; — payer 100 l de rente au seigneur de la Bertaudière et 40 l. à celui de Bécherel ; — payer également 36 l. au chapelain de la Boulaye et autant à celui de Launay-Biheul ; — enfin secourir les pauvres de Longaulnay et de Bécherel, en distribuant chaque année seize boisseaux de grains à ceux de la première paroisse et deux boisseaux à ceux de la seconde.

Le dernier prieur de Saint-Jacques de Bécherel fut Jacques Le Maréchal, prêtre du diocèse de Paris ; il fut pourvu le 17 avril 1785 de ce bénéfice dont il ne prit possession que le 21 octobre 1786. Lorsqu'éclata la révolution française il affermait tous les biens de son prieuré au marquis de Caradeuc moyennant 2. 400 l.

Aujourd'hui il reste bien peu de choses du monastère bénédictin fondé au XIIème siècle par les seigneurs de Bécherel. Cependant, à une petite distance de la ville de ce nom, près du village de la Barre, on aperçoit encore, au bord de la grande route, quelques maisons posées sur le versant d'un vallon et dominant un ancien étang ; parmi ces constructions on distingue une vieille chapelle maintenant sécularisée : c'était jadis l'église priorale de Saint-Jacques et le village qui l'entoure s'appelle toujours le Prieuré. Tels sont les derniers débris rappelant à la génération présente l'antique établissement religieux de l'an 1164.

(abbé Guillotin de Corson).

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