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L'EGLISE SAINT-GUENOLE DE BATZ-SUR-MER.

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Bien que ses « Ornements et Joyaux d'or et d'argent », signalés dans nos anciens Inventaires, aient depuis longtemps disparu, — la tradition locale affirme qu'ils sont enfouis « à l'ombre de la tour, à l'heure de... ?? », mais l'histoire authentique dit qu'ils « furent envoyés à la Monnoye » pour solder les frais de guerre du temps de la Régence, — cette très remarquable église renferme encore assez de beautés de premier ordre, de souvenirs et de curiosités artistiques, pour que vous ne manquiez pas, si elle vous est offerte, l'occasion de la visiter en détail et méthodiquement.

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

Avec celle du Mûrier, sa voisine, elle reste elle-même, sinon un pur bijou, du moins, l'un des plus étonnants spécimens d'architecture flamboyante du XVème, dont les anciens ducs de Bretagne aient doté leur province.

Sept choses en elle, ou plutôt sept groupes d'objets, attirent spécialement l'attention des connaisseurs. Examinez-les dans l'ordre suivant :

I. — Le Porche du Garnal.

II. — L'Inclinato capite.

III. — Les clefs de voûtes.

IV. — Les retables des autels.

V. — Le trésor de la Sacristie.

VI. — Les portes sculptées.

VII. — La nef des Chouans.

 

I. — Le Porche du Garnal.

Le grand portail occidental n'étant jamais ouvert, les visiteurs n'accèdent à l'église que par la place du Garnal (mot breton qui signifie cimetière). C'est de là, d'ailleurs, qu'on a la plus belle vue d'ensemble sur l'extérieur du monument, qu'on peut le mieux admirer ses vastes proportions, la richesse de ses matériaux, ses grands airs de cathédrale et sa tour romane, d'une incomparable majesté.

Au trumeau de la porte d'entrée, sous son dais gothique de pierres sculptées et de guirlandes de granit, remarquez la singulière Vierge en bois, assise, tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux. Quoique très ancienne et assez fruste, elle est de date postérieure à l'église elle-même. Le socle qui la supporte est, en effet, trop étroit pour la statue, et la chevelure ébouriffée indique une oeuvre de la Renaissance (XVIème ou XVIIème siècle). Dans un geste de bénédiction, Marie étend la main droite vers ceux qui vont franchir le seuil. De la main gauche, elle presse le coeur de son Fils, et, de ce coeur, on voit sortir du sang qui tombe dans un calice. Cette attitude symbolique n'est pas assez remarquée. Non seulement, en donnant un corps au Fils de Dieu fait Homme, la Sainte Vierge a fourni la matière du premier sacrifice, au Calvaire ; elle la fournit encore au sacrifice continué de l'autel.

Entrez, et, vous souvenant qu'une église n'est pas un musée, vos devoirs rendus au Maître de céans, ne fût-ce que par un acte de foi en sa présence au tabernacle et un hommage extérieur se traduisant par une génuflexion, rendez-vous directement, par le milieu, sous la tribune des grandes orgues (muettes, hélas !). Un étrange spectacle vous y attend :

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

II. — L'Inclinato capite.

Tout le monde sait que la plupart de nos églises ont la forme d'une croix latine, dont la nef représente le pied, dont le choeur figure le sommet, et le transept les bras.

Quitte à rompre avec les règles de l'art, certains artistes du Moyen-Age, se souvenant que le divin Crucifié, avant de rendre l'âme, « inclina la tête », ont fait, volontairement, dévier l'axe des temples qu'ils construisaient: Ainsi en est-il ici. La déviation est très, disons-le sans crainte, est trop accentuée pour que l'architecte ait voulu simplement faire du symbolisme. Il eut, sans doute, soit à respecter des chemins déjà existants, soit à faire le raccord du tout avec une partie plus ancienne de l'édifice, et dut utiliser, peut-être à contrecoeur, la ligne brisée, qui donne du cachet, mais au détriment de la beauté.

Une autre particularité vous frappera : le dallage forme, à son tour, un plan incliné. Il descend graduellement, d'abord du grand portail vers la balustrade du chœur, et, de là, s'affaisse de façon plus accentuée encore, vers la gauche ; de sorte que le bas de l'église se trouve être près des autels latéraux, et le haut sous le clocher, à côté des fonts baptismaux. C'est d'ailleurs ainsi qu'on s'exprime couramment au bourg de Batz.

Remarquez tout de suite un troisième caractère d'originalité : le mélange du bois et de la pierre dans la construction des voûtes. La grande nef (sauf le milieu du transept), le sanctuaire et la chapelle Saint-François sont simplement lambrissés. Le reste est en pierres blanches, avec de remarquables pendentifs sculptés.

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

III. — Les clefs de voûtes.

Sans en excepter la grande nef elle-même, le collatéral gauche est, d'emblée, la partie la plus intéressante de l'église. Avant de vous y rendre, admirez les puissantes assises, avec leurs arceaux plein cintre, qui servent de base à la tour Saint-Guénolé... Les trois premiers vitraux qu'on est en train de placer rappelleront quelques unes des « dévotions spécialement en honneur à Batz » au cours des siècles passés.

Si les culs-de-lampe qui servent de support aux arêtes des voûtes appellent déjà l'attention du visiteur, par la variété et le fini de leur exécution : tête de mort grimaçante, lion rugissant, animaux de toutes sortes, anges dans des attitudes diverses, sirène avec son corps de femme terminé en queue de poisson : « desinit in piscem mulier formosa superne », — combien plus chacune des clefs de voûtes mérite-t-elle un examen approfondi.

Faut-il voir, dans la première, comme quelques-uns le prétendent, une Sainte Barbe dont le culte était autrefois si répandu ? (Vous verrez sa statue au pilier en face de la chaire), Sainte Barbe emprisonnée dans sa tour, et portant la palme du martyre ? ou bien, symbolisée par une jeune fille, l'âme chrétienne arrivant en paradis, dans cette Jérusalem céleste, la « ville forte » par excellence ? — Dans cette première travée, plus large que les autres, les nervures sont doubles : 8 au lieu de 4.

C'est ensuite la Sainte Face de Notre-Seigneur, dessinée en relief, sur un voile que quatre anges soutiennent respectueusement ! Encore une dévotion du Moyen-Age, naguère remise en honneur par le vénérable M. Dupont, de Tours.

Et voici le chef-d'oeuvre par excellence : Les 7 Péchés Capitaux, ou, plus exactement, l'Ame humaine aux prises avec les mauvaises passions. Sept monstres, plus hideux les uns que les autres, portent à la fois, ou leurs gueules ou leurs griffes, sur la tête et les membres de leur victime, la serrent comme dans un étau, l'immobilisent en la torturant. Celui-ci arrache violemment la langue du patient ; celui-là lui perce le flanc d'un glaive pour en faire « l'homme sans coeur » dont parle Saint Paul ; cet autre, qu'on devine être la luxure, lui arrache les entrailles ... Très instructif sermon, dans le langage cru des tiges de foi.

La quatrième clef de voûte représente, au milieu d'une couronne où l'on distingue des grappes de raisin, et vraisemblablement des épis de blé, une image en pied du Bon Pasteur, tenant d'une main la Croix. Certains, à cause de la forme du vêtement, croient y voir une représentation de Saint Jean au désert. Il ne faut pas oublier que, partout, l'éclairage est défectueux, et surtout, que la patine de cinq siècles s'est appesantie sur ces pierres.

Le pendentif suivant, moderne, rappelle (mais des yeux de lynx ne le devineraient point) un trait connu de la vie de Saint Guénolé : le Miracle de l'oie.

Pénétrant maintenant dans la chapelle qui s'ouvre à votre gauche, et commence une quatrième nef, vous verrez, les yeux toujours en haut, que, aux Hermines de Bretagne ne se mêlent point encore les fleurs de lys de France, parce que la Bonne Duchesse qui fut deux fois reine, par son double mariage avec Charles VIII et Louis XII Anne, qui aima ce pays au point, par lettres patentes, d'anoblir le Marais Salant et ceux qui le cultivent, n'était pas née, quand, grâce aux largesses de ses ancêtres, fut élevée cette partie du monument ... Le reste de l'édifice : choeur, sanctuaire et bas côté nord, était depuis longtemps déjà propriété exclusive des Moines.

Un peu plus bas que les armes de Bretagne, dans une nervure, vous ne serez pas peu surpris d'apercevoir, lui aussi bien détérioré par les morsures du temps, un « cochon qui joue du biniou ». Il y a quelque années, un de Tréméac, passant ici, aurait dit : Ce sont les armes parlantes de ma famille. Toujours est-il que les Le Pourceau (de Tréméac) étaient originaires de Batz, et signent aux registres dès le XVème siècle.

La chapelle suivante, anciennement consacrée à Saint Nicolas, et qui fut jadis séparée de celle du fond par un mur plein, et de l'église elle-même par une balustrade, (la présence d'un bénitier armorié sur l'une des colonnes en est la preuve), renferme l'Enfeu des Prieurs de Batz, religieux bénédictins venus de Landévennec, au diocèse de Quimper, et qui, par suite d'une donation d'Alain Barbe-Torte, desservirent la paroisse, de l'an 945 à 1660. Les derniers restèrent au pays jusqu'à la Révolution ; mais ceux-ci plutôt pour percevoir des revenus, distribuer des aumônes, et travailler manuellement : « in cruce et aratro » par la Croix et la charrue, disait la devise inscrite encore au XVIIIème siècle, au-dessus de la grande porte du Prieuré.

Ne quittez pas ce coin de l'église sans y remarquer certains traits caractéristiques : irrégularité des ogives, des piliers, présence de chapiteaux qui n'existent nulle part ailleurs et indiquent des vestiges certains d'une église du XIIème siècle. Nous sommes donc ici dans la partie la plus ancienne du vénérable monument ... Un peu plus loin, un second Enfeu:  celui des Sieurs de Kerbouchard. Le plus illustre de la famille fut Alain Bouchard, amiral et premier annaliste de Bretagne ; et la dernière du nom, Renée Groys de Kerbouchard. ne dut qu'à son retour au giron de l'église, l'honneur de reposer en ce lieu, tandis que son époux, Aubin de Trémonday, demeuré protestant, fut enterré « dans un coin de son jardin », où le hasard, après plus de deux siècles, nous a fait découvrir ses ossements et des restes de son cercueil, en avril 1921.

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

IV. — Les retables des autels (XVIIème siècle).

Ne discutons pas la question de savoir si ces retables sont à leur vraie place ; s'ils ne sont pas, aux fenêtres du chevet plat de l'église, ce que la cataracte est au yeux ; si le transfert, plus à gauche, de l'un d'eux, et la remise en son état primitif de la fenêtre qu'il obstrue, n'apporterait pas, avec de la lumière, un regain de beauté à cette partie de l'édifice, éclairée aujourd'hui comme la Prison Mammertine. Admirons seulement combien, à la fois, imposant dans son ensemble, et gracieux dans ses détails, se présente l'Autel majeur.

I. — Supporté par 6 colonnes de marbres de différentes couleurs, avec bases et chapiteaux corinthiens dorés, encadrant les statues de Saint Guénolé, Saint Paul, Saint Michel et Saint Jean l'Evangéliste, le grand retable nous offre, dans son couronnement, une saisissante représentation du calvaire, avec sa Croix massive et son Christ majestueux s'immolant pour le salut du monde. En dessous, l'autel proprement dit (1763) avec ses bas-reliefs dorés, ses deux tabernacles superposés, surmontés eux-même d'une tour que domine un Christ triomphant. Quelle richesse dans cette incroyable profusion de petites colonnes sculptées, de balustres, de statuettes d'anges présentant les instruments de la passion, de saints aimés de nos aïeux, et surtout dans ses larges panneaux-reliquaires où s'épanouit, parmi les guirlandes de feuillages, toute la flore de notre presqu'île : liserons, paquerettes et roses, acanthes et chardons bleus. Derrière le petit retable et en partie dissimulé par lui, un tableau représentant l'Assomption de la Sainte Vierge, lui-même non dénué de mérite.

II. — Redescendez à gauche. Au-dessus de l'autel (celui-ci provisoire) du Rosaire, se trouve appendue une remarquable toile : « Reconnaissance des stigmates de Saint François » malheureusement détériorée, peu éclairée et non signée. Il est évident que ce tableau n'est pas à sa place première et qu'il ornait, à l'origine, la chapelle d'à côté qui est précisément celle de

III. — Saint François d'Assise. Avant de vous y rendre, jetez un coup d'oeil sur le vitrail qui représente les ruines du Mûrier, la tour de l'église, la chapelle de Kervalet et les anciens costumes du Bourg de Batz.

Importée par les R. P. Capucins qui eurent longtemps une résidence au Croisic, la dévotion au Séraphique Père fut, ici, très en vogue. Chose singulière, son autel occupe une place d'honneur, celle qu'on réservait d'ordinaire à la Très Sainte Vierge. Longtemps aussi, il fut l'autel privilégié où se célébraient les messes pour les défunts. Conformément aux usages romains, l'autel n'a pas de tabernacle, et, suivant la coutume franciscaine, les chandeliers sont de bois. Dans la niche de droite, l'ancienne statue connue sous le nom de Notre Dame de la Clarté.

IV. — Derrière vous, accolée au pilier massif où se trouve la statue de Saint Antoine, une moitié de peinture sur bois, représentant le Père Eternel et le Saint Esprit entourés d'anges. La partie inférieure, disparue, devait représenter le Fils en croix, et le tout former le fond de l'autel dédié à la Très Sainte Trinité, dont il est question dans nos archives.

V. — Franchissez les deux marches qui vous séparent de la balustrade, et pénétrez dans l'oratoire public placé derrière le grand autel. Ancienne sacristie transformée en chapelle, Sous le vocable de Notre Dame du Perpétuel Secours .... Dans son enthousiasme, quelqu'un a dit, en parlant de cette chapelle : « C'est le Panthéon du Bourg de Batz ». Et de fait, c'est « à ses enfants morts pour la Patrie que la Paroisse reconnaissante » a élevé ce monument. Ce sont les médailles et les croix teintes du sang de ses héros que vous voyez encadrées de chaque côté de l'autel. A leur tour, les deux panonceaux latéraux rappellent, en attendant les autres, les pacifiques victoires du stade, remportées par nos jeunes. Ce sont des mains de chez nous qui ont brodé le merveilleux tableau de l'autel, véritable peinture à l'aiguille, tapisserie « sortie, dirait-on, d'un atelier des Gobelins ». Les deux colonnes torses qui l'encadrent proviennent, ainsi que certains panneaux sculptés, d'autels depuis longtemps disparus. Les autres boiseries sont modernes. Le vitrail du fond rappelle que, avant de l'être à Saint Guénolé, la première église de Batz était dédiée à Saint Cyr et à Sainte Julitte.

Avant de continuer votre pélerinage dans l'église elle-même, visitez, à gauche

V. — Le trésor de la Sacristie.

I. — Le grand christ en bois, grandeur naturelle, qui domine le vestiaire, ornait autrefois le Calvaire de la Grande-Rue. Le Registre de Paroisse dit qu'il « vient de Suisse » et que, à ses pieds, à la fin de la Mission de 1846, « 800 hommes s'engagèrent à respecter le Saint Nom de Dieu et à sanctifier le Dimanche ». Qu'ils aient beaucoup d'imitateurs.

II. — De chaque côté du Christ, statues du XVIIème siècle représentant, selon toute vraisemblance, les Saintes Femmes se rendant au calvaire, puisqu'elles étaient anciennement placées sur le grand retable de l'autel, en retrait de celles de la Vierge et de Saint Jean, à quelques mètres de la Croix. L'une d'elles tient à la main un objet qu'il convient de prendre pour un coffret à parfums ; et l'autre, un voile qui doit être celui de Véronique. La naïveté de l'expression, la roideur de la pose, et leur état de vétusté ne font qu'ajouter un charme de plus à leur mérite très réel.

III. — En face, une statue de la Sainte Vierge (XIXème siècle) également en bois, mieux conservée, mais d'un moindre cachet artistique que les deux précédentes.

IV. — Deux peintures : Ecce Homo et Mater dolorosa, qu'un inventaire de 1810 désigne déjà comme « très vieux tableaux ».

V. — Deux grands Reliquaires, de forme ancienne, avec leurs nombreuses reliques, auxquelles il ne manque que l'« authentique » pour constituer les principales pièces du « trésor de Monsieur Saint Guignolays ».

VI. — Trois médaillons dorés (ceux-ci dûment authentiqués) qui contiennent des parcelles d'ossements de notre Patron, et de plusieurs autres saints bretons.

VII. — Photographie d'une Bulle de 1496, dont l'original est conservé au presbytère.

VIII. — Une signature d'Anne, Royne de France et Duchesse de Bretaigne. — Une autre de Henri IV.

IX. — Enfin, et surtout, la fameuse statue en pierre, du plus pur XVème, récemment découverte dans l'antique chapelle Notre Dame du Mûrier, au fond d'un tombeau.

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

VI. — Les Portes sculptées.

On pourrait dire d'elles, ce que Michel Ange disait des portes du Baptistère de Florence : « elles mériteraient de servir d'entrée au Paradis lui-même ». C'est la plantureuse Renaissance dans ce qu'elle a de plus achevé et de plus beau. Ayant sur celles des voûtes l'avantage d'être à la portée de tous les yeux, et sur les sculptures des autels celui d'avoir conservé leur teinte naturelle vieux bois et d'être suffisamment éclairées, elles n'ont pas souffert des injures du temps. Elles sont néanmoins contemporaines de Louis XIV. On prétend même que les figurines qui ornent la partie supérieure représentent, l'une le Grand Roy et l'autre la Reine Marie-Thérèse. Œuvre d'un artisan du pays, (Le Croisic ou Trescallan), nommé Huppel, elles furent placées, — ainsi que le grand Autel, dont elles font d'ailleurs partie intégrante, — de même encore que le buffet des grandes orgues, la chaire, les retables et la monumentale balustrade, — par les soins d'un homme dont le nom mérite de passer à la postérité : Jean Guilloré, de Kerlan. En toute confiance, à l'heure de la mort, il put redire le mot de l'Ecriture : « Seigneur, j'ai aimé la beauté de votre maison et du lieu où vous habitez ici-bas. Recevez-moi dans vos tabernacles éternels ». Il fut enterré « aux Capucins du Croisic », dont il était aussi le bienfaiteur.

Batz-sur-Mer : église saint Guénolé (Bretagne).

VII. — La nef des Chouans.

C'est le singulier nom que porte le collatéral sud (côté de l'Epitre), celui où vous entrez en quittant l'Oratoire du Perpétuel Secours. D'où vient ce nom ? Certains prétendent qu'il est péjoratif. Quand, anciennement, les hommes assistaient à l'office dans cette partie de l'église d'où l'on ne voit point l'autel, il y avait parfois un peu de houle, voire même du chahut (chat-huant, chouans) dans le quartier, surtout si le sermon se prolongeait. Quoi qu'il en soit, avant de vous y rendre, vous remarquerez d'abord :

I. — Les harmonieuses proportions de l'autel Saint-Jean et le bon goût de sa polychromie.

II. — Le ferme regard et le geste impérieux de la statue de Sainte Anne. Assurément l'artiste a voulu représenter la Femme forte, plutôt que la « Bonne Mère », et il devait être rigoriste en matière d'éducation.

III. — Les amateurs de légende découvriront, dans le vitrail d'ut côté : (Saint Félix, VIme siècle, à l'Isle de Batz), nos prétendues origines chrétiennes. — Qu'il ait baptisé des Saxons fixés, après les invasions, à l'embouchure de la Loire ? Oui ; — que les Saxons soient nos ancêtres ? Peut-être. — Qu'il les ait baptisés à Batz, au Croisic ou au Crucifix ? Non ; dût notre chauvinisme en souffrir. On ne baptisait solennellement que dans les cathédrales ; et Clovis lui-même ne crut pas s'abaisser en allant trouver Saint Rémi.

IV. — Au tympan de la même fenêtre : un trait allégorique d'histoire locale : la haute tour Saint-Guénolé étendant son ombre protectrice sur Notre-Dame-de-Pitié (Le Croisic), et sur Saint-Nicolas (Le Pouliguen) blottis à ses pieds, pour rappeler que, longtemps, l'un et l'autre ne furent que de modestes succursales du Bourg.

V. — Aux voûtes, des restes de peintures anciennes ; et, dans la travée du milieu, le blason (crosse et mitre) d'un Abbé de Landevennec, curé primitif de cette église ; deux autres écussons indéchiffrables ; et tout un système d'architecture irrégulière et savante.

VI. — « Devant l'autel Saint-Jean, proche la balustrade » se trouve la tombe, toujours vénérée, bien qu'invisible, de M. Georges Hervé, sieur Dupuyt, chapelain du Pouliguën, « mort en odeur de sainteté » le 13 octobre 1724 et à qui, de son vivant comme après sa mort, la confiance populaire attribua des grâces signalées, surtout en faveur des enfants.

Plus loin, dans le transept, une large et belle verrière représente, dans la rosace, Jeanne d'Arc écoutant ses voix, et, en dessous, la sainte allant trouver le Roi à Chinon, 8 Mars 1428. Se rappelant que notre église avait été consacrée, le 2 Juillet de la même année, un Curé de Batz a voulu, dans une inscription, rapprocher ces deux dates, ce qui donne parfois lieu à des méprises : « Est-ce que Jeanne d'Arc est venue à Batz ? »« Non ». — « Sont-ce les anciens costumes du pays ? »« Ce sont ceux des dames et des seigneurs de la cour, au temps de Charles VII ».

Cette fenêtre, ainsi que la muraille où elle se trouve placée est d'ailleurs de reconstruction récente, de même que les voûtes de toute cette partie du bas-côté, jusqu'aux fonts baptismaux.

Si les voûtes sont neuves, il n'en va pas de même du mur et des piliers sur lesquels elles s'appuient. Vous constaterez que leurs arêtes, des deux côtés, reposent invariablement sur un bloc de granit ayant la forme d'un écusson, et que tous les blasons, sauf un seul, ont été grattés.

Mais, en ce temps-là, les moines du Prieuré adjacent, en franchissant le seuil de cette porte dont vous apercevez les vestiges dans l'épaisseur du mur, pouvaient, se rendant à l'office, répandre une prière pour les bienfaiteurs, morts et vivants, de l'église qu'ils desservaient, et dont les noms, inscrits en langue héraldique, se rencontraient sur leur passage. La Révolution a tout nivelé. Elle n'a laissé qu'un mot, lui-même modernisé. Du lieu où, vraisemblablement, la noblesse du pays avait ses droits de bancs ou de sépulture, elle a fait, par métonymie : la nef des chouans.

Un peu plus loin, remarquez encore l'emplacement d'une jolie crédence, entièrement bouchée. Sans aucun doute, elle servait à la garde des saintes huiles du baptistère voisin.

Mais, dans l'épaisseur d'un pilastre, ajouté en 1656, pour servir de soutènement à la massive tour de granit qui allait remplacer le clocher d'ardoises détruit par un incendie, la présence d'un bénitier de marbre nous rend perplexes. On ne voit guère, à cette place, à quel usage il était destiné. A moins que les dévots à « Notre Dame de Bonne Nouvelle, patronne des affligés et des marins, 1671 », vénérée dans la niche voisine, n'aient senti le besoin de se prémunir d'eau bénite, avant de Lui présenter leurs requêtes. — A leur exemple, finissez par une prière votre pélerinage à Saint Guénolé de Batz : Si l'amour de Marie - Dans ton cœur est gravé, - En passant, ne t'oublie - De lui dire un Ave. (Paroles du B. P. de Montfort) (S. F.).

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